2025-01-14T07:00:00+01:00
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2025-01-13T20:33:32+01:00
Nouveau spectacle de Norah HAMZAWI
Ma #lundioeuvredart, je l'ai choisie dans le registre des arts vivants.
J'ai opté pour le dernier spectacle de Norah HAMZAWI, son troisième, et croyez moi, elle est bien vivante !
La quadra était au Centre des Congrès Jean Monnier d'Angers samedi soir (merci petit Papa Noël !), de quoi faire salle comble.
On a tous beaucoup ri, les hommes, un peu, les femmes, à la folie.
Norah HAMZAWI raconte sa vie le temps d'une soirée, 1h20 quasiment sans respirer.
Les anecdotes sont croustillantes.
Tout y passe, depuis les névroses jusqu'à la baisse de libido en passant par la vie à deux, en cuisine, devant la télé, sur son smartphone, bref, la vie quotidienne est ce terrain de jeu dans lequel beaucoup d'entre nous nous sommes reconnu.e.s., certains, certaines, plus que d'autres !!!
Le ton est décomplexé, le débit de parole ahurissant, la portée des mots jubilatoire.
Dans la morosité ambiante, elle (sur)vit grâce aux "bulles de joie" de son quotidien, ces petits plaisirs qui font qu'on trouve subitement la vie belle. J'aime bien la formule, je crois que je vais l'adopter.
Si vous ne l'avez pas encore vue, c'est le moment de vous déplacer (ou si vous êtes comme son mec, peut-être opterez vous pour un podcast !), l'entrée en matière est si prometteuse que vous vous surprendrez bientôt à chercher la représentation de son one-woman-show près de chez vous, j'en suis persuadée.
2025-01-09T06:00:00+01:00
Les braises de Patagonie de Delphine GROUÈS
Premier coup de de l'année 2025 : "Les braises de Patagonie" de Delphine GROUÈS.
Que de chaudes larmes ont coulé une fois le roman refermé. Cette lecture m'a transportée, elle m'a profondément émue, elle m'a étreint le coeur.
Tout commence avec une scène cataclysmique, la Patagonie, terre des ancêtres de Valentina, n'a jamais paru aussi hostile à l'être humain. Mais Valentina ne lâchera rien. Elle fait partie de ces femmes qu'une tradition patriarcale ne saurait arrêter. À la vie à la mort ! D'origine Mapuche, Valentina, médecin à Santiago, est en mission pour La Croix Rouge auprès des travailleurs de la Société d'exploitation de la Terre de Feu. Nous sommes en 1950. Elle va de site en site, à cheval. Elle est accompagnée dans son périple de Tcefayek, une Kawésqar, une survivante du peuple indien, désormais cantonné dans une réserve. Et puis, il y a Luis. Le jeune homme de 24 ans vient d'enterrer sa mère, une femme d'une cinquantaine d'années, Il vivait au Havre avec elle, sa seule famille. Avec le règlement de la succession, le notaire lui dévoile que sa mère s'était mariée en 1973 à Talca au Chili. Nous sommes en 1998. Il décide de tout quitter à destination de l'Amérique du Sud en quête de ses origines, sa mère ne lui avait jamais rien révélé de sa vie d'avant. Sous la plume vertigineuse de Delphine GROUÈS, ces destins partageront quelque chose en commun, une histoire familiale des plus rocambolesques avec, en toile de fond, la dictature chilienne.
Vous le savez peut-être, les coups de coeur sont pour moi les plus difficiles à présenter, tellement les émotions sont fortes. Je n'ai qu'une envie, vous voir le lire !
Je vais toutefois essayer de vous en résumer les grandes lignes.
D'abord, ce roman, c'est une ode à la nature, personnage à part entière. Elle peut être aussi apaisante que tempétueuse. Vous allez ressentir le toucher soyeux de la robe d'un poulain, la force du vent aussi. Et puis, il y a la présence de l'eau. Elle est partout, sur la côte, dans les lagunes, les torrents, les cascades. Sous la plume de Delphine GROUÈS, elle fait l'objet de descriptions sublimes.
Le lac chanta avant de se laisser apercevoir. Son clapotis résonnait. Les vagues de cristal les accueillirent. Les galets bruns et dorés étincelaient, ballottés par les courants des fonds. Les ibis à tête noire se laissaient bercer par les houles aériennes. P. 114
Et puis, ce roman, c'est aussi une galerie de femmes puissantes, des portraits tous aussi glorieux les uns que les autrse !
Il y a Valentina bien sûr, cette femme médecin qui affronte le climat comme le genre humain pour soigner les plaies des corps. Il y a Tcefayek aussi, cette femme meurtrie par l'extermination de son peuple indien qui perpétue ses traditions avec des bains dans les eaux tortueuses de la côte chilienne, au contact des animaux marins. Il y a la mère de Luis, aussi, une femme au parcours torturé. Il y a Sara BRAUN, encore, l'une des fondatrices de la Société d'exploitation de la Terre de Feu faisant d'elle l'un des plus grands employeurs du Chili. Elle aussi connaissait l'ignominie des hommes, poussée à l'exil depuis la Russie en raison de ses origines juives. Elle décède à l'âge de 93 ans, en 1955. Il y a encore Gabriela MISTRAL, féministe, poétesse chilienne sacrée par le Prix Nobel de Littérature en 1945, elle qui a vécu enfant dans la pauvreté mais à qui l'école permettra d'accéder à la profession d'enseignante. Elle décède à l'âge de 68 ans en 1957.
Qu'elles soient de fiction ou bien réelles, faisant l'actualité de tout un pays, Delphine GROUÈS leur rend un vibrant hommage pour leur force, leur courage, leur bravoure et leur audace.
Quelle plus belle illustration que la naissance de Rosa... la scène d'une éblouissante sororité !
Tcefayek aida la jeune femme à s'accroupir contre la charpente tandis que Valentina lui soutenait le dos. Les braises craquaient dans la cheminée et dessinaient des danses affolées sur leurs visages. Tcefayek chantait des notes qui résonnaient comme des cuivres. Juana se tordit en un hurlement, Tcefayek chanta encore plus fort, Valentina pétrit le ventre tiraillé, calma la mère d'encouragements chuchotés, Tcefayek posa sa main sur celle de Valentina, les vibrations la firent frémir, le bébé tapait des pieds in utero tel un nageur englué dans des algues sous-marines, le ventre roula, le chant s'adoucit, Juana gémit, la dernière poussée, la dernière, Valentina reçut le nouveau-né entre ses mains, première respiration, c'était une petite fille, premiers pleurs. P. 39-40
Les femmes donnent la vie !
Face à elles, il y a des hommes, avides de pouvoir et de richesse, dont la sauvagerie et la barbarie sont sans limite.
Ils voulaient engloutir des territoires entiers, les territoires des ancêtres, pour produire de l'énergie, encore de l'énergie, toujours plus d'énergie. Et les terres enlisées, les fleuves détournés, les villageois expulsés, et pour quoi ? P. 159
L'histoire de l'Amérique du Sud, et du Chili en particulier, témoigne de tragédies humaines.
Dans ce roman, l'écrivaine relate de grands événements, de révolution et de rébellion.
Il est aussi question de leur rayonnement sur les générations suivantes, comme un flux toxique empruntant la voie des vaisseaux sanguins.
J'ai bien sûr été captivée par le personnage de Luis, le gringo dont les traits du visage témoignent d'un lien de parenté avec le peuple chilien. J'ai aimé partir à la découverte de la Cordillère, j'ai aimé aussi ces moments de révélation, loin du bruit du monde.
Les secrets les mieux gardés ne sauraient résister à l'irrépressible besoin des descendants de connaître les détails de l'existence meurtrie de leurs ancêtres.
Celui de Tcefayek m'a bouleversée. Delphine GROUÈS aborde ainsi le registre des âmes blessées à travers le regard d'une femme qui a tout vu.
Elle cherchait les souvenirs, les galets foulés avec sa famille, la baie où s'était échouée une baleine, le dernier festin avant que tout ne s'écroule. Une quête vouée au désespoir. Rien sur son visage ne laissait percevoir sa détresse. Uniquement les épaules qui se courbaient vers la poitrine, comme si elles tentaient de protéger le cœur. P. 106
2025-01-07T07:00:00+01:00
Le Bouquiniste Mendel de Stefan ZWEIG
Si les livres ont ce pouvoir d'évasion sur le bouquiniste Mendel, il y a une autre finalité que veut traiter Stefan ZWEIG, celle de la postérité.
A quoi bon vivre, si le vent sur nos talons efface toute trace de notre passage ? P. 38
J'étais agacé, comme nous le sommes toujours à chaque fois qu'une quelconque défaillance nous fait constater l'insuffisance et l'imperfection de nos capacités mentales. Mais je ne renonçais pas à l'espoir de pouvoir encore reconquérir ce souvenir. Je le savais bien, il me suffisait de trouver un minuscule hameçon, car ma mémoire est si étrange, bonne et mauvaise à la foi, têtue, capricieuse, puis à nouveau incroyablement fidèle ! P. 19
2025-01-04T12:50:53+01:00
Deux femmes et un jardin d'Anne GUGLIELMETTI
1ère de couverture du livre associée à une jolie carte illustrée de https://piponino.com/, un cadeau de qui se reconnaîtra !
En revanche elle savait que les mots que cette maison lui inspirait ne lui avaient jamais été familiers. Qui, au cours de son existence, lui avait parlé de délicatesse et de beauté, qui ou quoi les avait incarnées, et où et quand leur mystérieuse force agissante aurait-elle pu la subjuguer comme elle l'était ce soir-là ? P. 54
Si Mariette arrive en Normandie en automne, sous la pluie, c'est bien au printemps qu'elle s'enivrera de l'éclosion des fleurs. Les descriptions d'un environnement bucolique sont sublimes, à l'image de celle des coquelicots, l'occasion d'un petit clin d'œil à Alexandra KOSZELYK...
Tous avaient une légèreté incomparable. Tous s'entendaient à danser dans l'herbe sous le moindre souffle du vent. [...] Aux derniers jours de mai, le jardin célébrait la plus éphémère, la plus champêtre, la plus modeste des floraisons : quatre pétales rouge feu, noués à une mince tige par une mouche de velours noir, et qui, une fois tombés, découvraient une petite capsule finement côtelée, pour l'heure hermétiquement close, semblable à celle du pavot." P. 80
[...] préférât vivre comme elle vivait, donnant le temps et les forces qui lui restaient à un jardin, à une maison, dans lesquels elle prenait aussi le temps de contempler, d'admirer, de goûter ce qui lui était offert en retour, et qui était beaucoup plus que ce qu'elle avait jamais reçu ou espéré recevoir, si bien qu'elle n'avait besoin de rien d'autre que ce qu'elle avait déjà... P. 108-109
2025-01-03T07:00:00+01:00
Mauvais œil d'Etaf RUM
Mais notre histoire coule dans nos veines. Cela au moins, ils n'arriveront jamais à nous en déposséder. Tant que nous continuerons à nous raconter nos vies, notre histoire vivra dans les mémoires. P. 253
Mais ce roman, plus que tout, c'est un personnage, celui de Yara, une femme blessée, une femme victime de croyances, une femme moderne, une femme puissante aussi. Ce roman, c'est un parcours initiatique, porté par une formidable amitié, c'est le parcours d'un personnage de fiction, à moins que ça ne soit celui de l'écrivaine elle-même. Etaf RUM, dont je découvre la beauté de la plume, semble s'être largement inspirée de son itinéraire pour tracer la voie de Yara, une voie qui souffle comme un vent d'espoir en faveur d'un épanouissement personnel, largement empreint du pouvoir des arts.
Mais d'autres jours, son ancienne douleur bouillonnait à la surface pour des raisons qui n'étaient pas toujours très claires. À ces moments, elle s'asseyait, seule, et se réfugiait en elle-même. Puis elle s'en sortait par l'écriture, se servant des mots pour se recoudre, point après point. Son carnet était l'ancre qui l'empêchait de dériver quand la tempête se levait. P. 402
2025-01-02T07:00:00+01:00
Le Regard d'Aurea d'Isaac AZANCOT
2025-01-01T07:00:00+01:00
Belle année 2025
A chaque nouvelle année, l'émergence d'un coeur.
Il y a eu celui de
Cristina SAMPAIO en 2024
Aleksandra SOBOL en 2023
Botero Pop en 2022
Marie MONRIBOT en 2021
Banksy en 2020
Nicolas PICHON en 2019...
En 2025, il y aura celui découvert au gré d'une promenade au Clos Lucé d'Amboise, la dernière demeure de Léonard DE VINCI que j'ai eu le bonheur de visiter en juillet dernier.
C'est donc un coeur végétal qui ornera mes coups de coeur de l'année, une création que l'on doit j'imagine aux jardiniers du site.
Derrière cette photographie, il y a la symbolique de la nature, du vivant... de ce qui m'attire tout particulièrement, comme vous peut-être aussi.
Confucius disait :
La nature fait les hommes semblables, la vie les rend différents.
Je vous souhaite une très belle année 2025 !
2024-12-24T07:00:00+01:00
Le Bal de Diane PEYLIN
Ce roman familial, un cadeau de la maison d'édition, dormait depuis quelques temps déjà dans la bibliothèque et puis là, à la veille de partir en vacances, je l'ai choisi, c'est une pépite.
Rosa vit dans la Villa des Ronces près d'Aubenas en Ardèche. Elle reçoit pour l'été l'un de ses fils, Robin, avec sa femme, Suzanne, et leur fille Jeanne. Chaque été depuis 17 ans, ils fêtent l'anniversaire d'Alexandre, le mari de Rosa. Cet anniversaire est un peu particulier puisqu'Alexandre n'est pas là. Il avait assuré à Rosa qu'il était immortel alors la famille continue d'honorer l'homme fantasque qu'il était, clown de profession, mais cette année pourrait être celle de trop. En pleine canicule, les esprits s'échauffent, le verbe est haut... toutes les conditions sont réunies pour que les mots soient enfin prononcés, des mots explosifs, pour le pire... à moins que ça ne soit pour le meilleur !
Je ne connaissais pas encore la plume de Diane PEYLIN, elle est juste sublime. L'écrivaine a ce talent d'aborder la vie avec poésie.
Dans le huis-clos de cette villa transmise de mère en fille depuis quatre générations, c'est Rosa qui est aux commandes. Cette femme de 70 ans passés rayonne. Elle est à la fois mère, belle-mère, grand-mère. J'ai aimé ce personnage généreux, à l'écoute de chacun, disponible. Dans sa cuisine, dans son jardin, elle incarne une certaine forme de plénitude.
Ce qu'elle recherche Rosa, c'est une paix intérieure. Sans attente particulière si ce n'est une sensation d'harmonie, une connexion immédiate et dénuée d'intérêt avec l'univers. Rien de prétentieux. Rien de vain. Une simple disponibilité. Non contrainte. Un état. Être là. Dans ce parfum de verdure discret, dans cette lumière derrière les nuages, dans ces racines sous les feuilles, dans ces rivières souterraines. Être là, dans ce souffle d'air imperceptible, respiration de ceux qui ne respirent plus. P. 75-76
Face à elle, un microcosme familial en souffrance. Je ne vous en dirai pas beaucoup plus pour ne pas déflorer l'histoire.
Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est le présent, cette manière d'aborder la vie en se délectant du moment. Le fil de la vie se tisse au ralenti comme une bouffée d'air dans nos existences chahutées par un rythme effréné.
Fixer ces instants. Les regarder avec insistance et non pas vouloir les maintenir. Seulement être là. Avec eux. Ne pas passer à côté. Ne pas les banaliser. Faire de ces petites choses des événements extraordinaires. P. 92
Diane PEYLIN excelle dans les descriptions éminemment sensorielles. J'ai touché, vu, entendu, senti, goûté. Les scènes ont défilé sous mes yeux, elles se sont imprimées dans mon esprit. J'ai savouré cette lecture et le contact tout particulier à la nature.
Après "L'art de l'esprit joyeux" d'Alexandre JOLIEN et Laurent JOUVET, puis "Smoothie" de Stéphanie GLASSEY, "Le bal" s'inscrit dans la lignée d'une sage philosophie, savourer chaque instant. Quelle plus belle manière d'aborder une nouvelle année...
Retrouvez toutes les chroniques des livres des éditions Héloïse d'ORMESSON présents sur la photo :
2024-12-20T07:00:00+01:00
Smoothie de Stéphanie GLASSEY
OKA'poche Uppercut
Ce roman, offert par la maison d'édition, que je remercie, est une belle découverte.
Découverte d'une plume d'abord. Je ne connaissais pas l'écriture de Stéphanie GLASSEY, c'est chose faite avec un roman court, savoureux... comme un "Smoothie" mais ne vous y trompez pas, derrière le breuvage sirupeux se cachent quelques gouttes d'acidité.
La narratrice vivait depuis 8 ans avec Adrian. Il vient de la quitter. Comme un instinct de survie, elle se connecte sur Tinder, le site de rencontre à la mode. Premier rendez-vous organisé dans un bar à smoothie. Rien ne va se passer comme prévu, enfin, la rencontre si, mais elle sera de courte durée et sans lendemain. Lui voue à son corps un culte sans faille, tout est paramétré, orchestré, performé, alors qu'elle souhaite se laisser aller. Sa vie va prendre un tout autre chemin...
Ce roman c'est d'abord un portrait de notre société du XXIème siècle. C'est amusant, caustique aussi. Vous allez rire... jaune !
C'est encore la quête d'une jeune femme du bien-être, d'un épanouissement personnel. Comme j'ai aimé l'accompagner dans cette découverte du yoga, d'une certaine forme de yoga, celle qui lui convient.
On pourrait presque parler d'un roman d'apprentissage. Si la narratrice est à l'âge adulte, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un cheminement vers quelque chose de spirituel.
Découverte d'une nouvelle collection aussi. Ma rencontre avec les éditions Okawa remontent au roman de Catherine ROLLAND, "La dormeuse", un bijou.
Là il s'agit du nouveau format poche avec une charte graphique distincte sur fond blanc. Je souhaite que de bonnes fées se penchent sur son berceau. Ce premier roman est prometteur !
2024-12-17T07:00:00+01:00
Les yeux de Mona de Thomas SCHLESSER
Coup de pour ce roman de Thomas SCHLESSER, historien de l'art, la découverte d'une nouvelle plume qui n'en est pas à son coup d'essai. Merveilleuse nouvelle, je vais pouvoir me délecter d'autres ouvrages, des romans comme "Les yeux de Mona", des essais aussi.
Cette publication, c'est aussi l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'illustratrice, Cristina SAMPAIO.
Mais revenons à ce qui m'a séduit.
Une enfant, Mona, de l'âge de 10 ans, est victime d'une cécité, aussi brève qu'intense. Sa mère, Camille, la quarantaine, l'emmène consulter un ophtalmologue chez qui des visites régulières seront programmées. Le père, Paul, accueille Mona dans sa brocante, un véritable coffre à trésors que la petite fille s'évertue à découvrir. Lorsque des séances chez un pédopsychiatre sont envisagées, le grand-père maternel de Mona se propose de prendre en charge l'enfant, sous réserve que les parents ne l'interrogent jamais sur les séances en question. Alors commence une vie clandestine, le grand-père substitue à la visite du thérapeute l'exploration, chaque mercredi après-midi, d'une oeuvre d'art. Il en a prévu 52 pour couvrir une année entière, de quoi s'offrir quelques séances de médiation culturelle hors du commun.
Dans ce roman, il y a tout ce que j'aime.
D'abord, l'art. Au fil de 52 créations, je me suis délectée des enseignements du grand-père de Mona pour revisiter certains mouvements et explorer des oeuvres que je ne connaissais pas encore, ou si peu. Quelle plus séduisante initiative que de proposer à sa petite-fille d'apprécier la beauté !
Sur la forme, vous aurez bien sûr reconnu le regard de "La jeune fille à la perle" de VERMEER sur la première de couverture. Vous aurez tout le loisir de l'ouvrir et la déplier pour y découvrir les 52 oeuvres d'art, principalement des toiles mais aussi des sculptures. Ingénieux !
Toujours sur la forme, le roman est construit en trois parties pour représenter trois grandes périodes de l'Histoire de l'art incarnées par trois sites, trois musées : Le Louvre, Orsay et Beaubourg.
Et puis, il y a une histoire familiale avec quelques failles et un terrible secret. Les personnages sont profondément attachants. Ils pourraient être vous, moi, nous. Je me suis surprise à mille et une reprises à m'identifier à ce grand-père dans ce qu'il a de profondément généreux. La transmission par la voie de la grand-parentalité est absolument fascinante. Comme j'ai aimé tous ces passages de très grande complicité partagés avec sa petite-fille.
Et encore, l'approche du regard, cette capacité à observer, contempler, analyser. Si la vie d'aujourd'hui nous amène à vivre tout vite et intensément, cette lecture nous invite à prendre le temps, celui de regarder une oeuvre d'art pendant une vingtaine de minutes, s'abstenant de tout commentaire, pour s'en imprégner, pour voir tout simplement. C'est une très belle leçon de vie qui peut être déclinée dans d'autres registres que l'art.
Le suspense enfin. Mona a bien compris que l'accès à l'information lui était interdit à propos de sa grand-mère. Elle va en faire son cheval de bataille, ce qui va rythmer le roman, tout comme les séances chez l'ophtalmo dont on ne peut présumer de l'issue. Il y a une urgence à dénouer les fils de ces deux existences.
Bref, ce roman est absolument parfait. C'est mon #mardiconseil.
J'ai déjà hâte de retrouver la plume de Thomas SCHLESSER !
2024-12-03T07:44:13+01:00
Je suis Iranienne de Mona JAFARIAN
Cette lecture m'a été proposée par les éditions de L'Observatoire que je tiens à remercier tout particulièrement.
"Je suis Iranienne" relève d'une action militante de Mona JAFARIAN, elle-même Franco-Iranienne et co-fondatrice du collectif Femme Azadi à la suite de la mort de Mahsa AMINI, cette jeune femme, étudiante de 22 ans décédée à Téhéran quelques jours après son arrestation par la Police des Moeurs pour le port de vêtements inappropriés.
Quelques cheveux dépassant d'un voile ne sauraient engendrer un tel déferlement de violence de la part des mollahs, les gardiens du régime de Khameini. Cette fois, c'en est trop. Les femmes descendent dans la rue, les hommes ne tarderont pas à suivre, pour manifester contre cette dictature.
Cette lecture intervient quelques jours après avoir lu dans la presse que les mollahs interdisent désormais aux femmes de parler entre elles. Ils détruisent ainsi le terreau de toute démocratie. Il ne leur restait plus que cette liberté-là !
Comme je viens de l'évoquer, habituellement, les informations nous parviennent grâce aux journaux. On y parle des femmes. L'initiative de Mona JAFARIAN est troublante, avec Parissa, Mina, Sepideh, Mahnaz, Farahnaz, Elham, Sarah, Marjane, Azadeh, Baran, Ghazal et Kamelia, elle incarne le mouvement.
Pourquoi les citer chacune ?
✊ Parce que ce sont des héroïnes du quotidien que le régime ne saurait faire taire.
✊ Parce que ce sont des femmes qui descendent dans la rue pour faire tomber le régime.
✊ Parce qu'elles se savent les cibles des mollahs mais décident pourtant de se battre, à la vie à la mort. Elles risquent d'être arrêtées à chaque instant, violées, torturées, tuées.
Avec ce livre, Mona JAFARIAN personnifie le combat et ça change tout. Là, plus aucune frontière entre nous !
Les témoignages de ces 12 femmes sont des trésors... de guerre, des propos tenus dans la clandestinité pour informer le monde entier des violences qu'elles subissent. Violences, le mot, même au pluriel, n'est rien à côté de ce qu'elles endurent de la part des hommes. Des hommes, comment pourrions-nous imaginer les appeler encore des hommes ?
Ces récits de vie sont absolument effarants, quel déchaînement de haine !
Mais là où la force se dégage, c'est dans le courage, l'abnégation de Parissa, Mina, Sepideh, Mahnaz, Farahnaz, Elham, Sarah, Marjane, Azadeh, Baran, Ghazal et Kamelia.
Cette jeunesse iranienne est un phare dans l'obscurantisme qui gangrène le monde. P. 91
Parce qu'elles ont besoin de nous pour continuer de RÉSISTER, ce livre devient une arme à portée de nos mains.
Je vous invite à le lire pour les mettre dans la lumière, leur assurer notre soutien. Affaire de sororité ? Qui sait ? Elles scandent ce slogan "Femme Vie Liberté". Je plaiderai plutôt en la faveur d'une affaire d'humanité .
C'est mon #Mardiconseil.
2024-11-20T07:00:00+01:00
Lee MILLER par Kate WINSLET
Lee MILLER, vous la connaissez ?
A défaut d'avoir mémorisé son nom, peut-être vous souvenez-vous de cette photo ?
Personnellement, j'ai découvert cette femme avec Sébastien SPITZER et son premier roman : "Ces rêves qu'on piétine" aux éditions de l'Observatoire, l'occasion d'un petit clin d'oeil aux 68 Premières fois.
Et puis, il y a eu ce coup de coeur, le roman "L'âge de la lumière" de Whitney SCHARER, toujours aux éditions de l'Observatoire, entièrement consacré à la biographie de cette artiste, photographe, et bien plus encore.
Et bien Kate WINSLET en personne s'est intéressée à la carrière de cette femme. Après 8 ans de recherche, elle a choisi de retenir une courte période de sa vie. Kate WINSLET produit ainsi son premier film.
Réalisé par Ellen KURAS, Kate WINSLET y joue le rôle principal.
Synopsis :
L'incroyable vie de Lee Miller, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray devenue l'une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.
Mon avis :
C'est un excellent film, vraiment.
D'abord, il y a l'objet même du film, honorer la mémoire d'une femme, d'une artiste, d'une photographe. Le travail de Lee MILLER était méconnu jusqu'à ce film qui, sans nul doute, fera rayonner son oeuvre et lui assurera la postérité.
Et puis, il y a le jeu de Kate WINSLET, une actrice hors pair pour incarner une femme qui ne l'est pas moins, une femme déterminée que rien ne saurait arrêter, pas même son mari, surtout pas lui oserai-je dire ! Elle joue magnifiquement cette femme savourant les plaisirs de la fin des années 1930, la libération des corps au coeur d'un microcosme d'artistes logé dans une cité balnéaire. Et puis, il y a ce qui occupe la quasi totalité du film, cette période de sa vie où Lee MILLER devient photographe de guerre. L'actrice y est prodigieuse, magnifiée par les gros plans de la mise en scène. Elle qui en réalisait tant, elle s'était fait remarquer par des portraits singuliers.
Comme j'ai aimé aussi le personnage de David SCHERMAN interprété par Andy SAMBERG avec qui Kate WINSLET forme un duo truculent.
C'est un film à voir absolument ! Accessoirement, vous y découvrirez l'origine du cliché !
2024-11-19T20:56:30+01:00
L'art de l'esprit joyeux d'Alexandre JOLIEN et Laurent JOUVET
Ce livre a sa petite histoire. Je m'en suis saisie dans le labyrinthe de la Librairie LHERIAU menant à la dédicace d'Alice ZENITER pour son dernier roman, "Frapper l'épopée". Quelle belle idée !
J'aurais pu choisir un roman de la rentrée littéraire mais Alexandre JOLLIEN me fascine.
J'ai lu de lui "Eloge de la faiblesse" et puis chaque fois que je pense à lui, c'est dans la première et la dernière scènes du film dans lequel il joue avec Bernard CAMPAN, "Presque", elles donnent à voir une telle liberté, une telle insouciance et un tel lâcher prise. Pour autant, ne croyez pas que ça soit plus facile pour lui que pour les autres !
D'ailleurs, c'est après avoir traversé l'une des périodes les plus noires, hanté par ses peurs, qu'Alexandre JOLLIEN s'est mis à converser avec Laurent JOUVET. Il faut dire que ces derniers temps, sa femme Corinne avait choisi de lui lire les sermons de maître ECKHART, un moine dominicain allemand, ceux-là mêmes traduits par Laurent JOUVET.
S'ils ont été pour lui une sorte de bouée de sauvetage pour ce qu'ils recouvraient de spiritualité, il n'en demeurait pas moins que certains de leurs contours demeuraient pour lui encore mystérieux.
C'est l'objet même de ce livre, le croisement du regard d'un philosophe avec celui d'un mystique sur ces textes rédigés au XIIIème siècle.
Structuré comme une conversation, le livre donne lieu à des échanges sur les différences entre la spiritualité et la religion par exemple, ou encore la pitié et la compassion...
...] mais il y a Spinoza qui distingue deux trucs : la pitié et la compassion. Dans la pitié, ce qui est premier, c'est la tristesse. On a de la tristesse de voir l'autre souffrir et on tombe dans la pitié. La compassion, au contraire, ce qui est premier, c'est l'amour, l'amour comme moteur. P. 178
À travers de nombreuses références et citations littéraires, les deux hommes nous donnent les clés de compréhension de ce qu'est cet art de l'esprit joyeux.
Si la spiritualité est universelle et accessible à tous d'après Laurent JOUVET, elle relève toutefois d'un effort individuel pour se désidentifier, se débarrasser de tout ce qui nous conditionne, tout ce qui nous détermine. Au panier la mauvaise conscience, la honte et la culpabilité, il s'agit s'obstacles à surmonter pour atteindre le fond du fond.
Ce livre est passionnant. Le ton est fin et délicat, bienveillant et attentionné, plein d'humour et lumineux, de quoi vous mettre en joie !
Ce #mardiconseil, c'est l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'un des followers assidus du blog, il suffit parfois d'une rencontre pour se (re)connecter !
2024-11-12T09:02:51+01:00
Point de vue de Sandra COURLIVANT
Si vous êtes en ce moment sur Angers, faites un crochet par la Tour Saint-Aubin, rue des Lices.
Deux artistes y exposent actuellement, Sandra COURLIVANT et Alexandre LAMOTTE, respectivement sculptrice et peintre.
J'ai choisi ma #lundioeuvredart parmi les sculptures exposées.
Dans un panel d'oeuvres réalisées pour interpréter la médiation et l'esprit zen, l'une d'entre elles m'a tout de suite inspirée, il s'agit de "Point de vue".
Si j'ai du mal avec des êtres qui semblent ligotés dans un vêtement, yeux fermés, visages formatés, dans une posture que j'interprète de soumission (le tout pourtant réalisé dans une démarche artistique d'une sublime finesse), "Point de vue" permet de donner une autre perspective.
Là, les bras sont tendus, les doigts joliment assemblés en longue vue, les yeux ouverts pour embrasser la réalité et porter son regard sur l'environnement. Cette création est singularisée jusque dans l'organisation de l'exposition. Elle est seule à être accueillie dans une niche de tuffeau auréolée d'un magnifique vitrail, un écrin formidable qui fait rayonner les disciplines artistiques entre elles.
J'aime profondément cette manière d'humaniser les hommes et les femmes sculptés dans l'action.
D'un "Point de vue" philosophique aussi, cette sculpture m'inspire.
Dans une foule de gens manipulés par le pouvoir, il suffit d'un individu pour RESISTER.
Cette sculpture résonne pour moi avec cette jeune étudiante iranienne postée en maillot de bain dans une société de femmes couvertes de la tête au pied, muselées, interdites de se parler entre elles, dont la photo a largement circulé sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Si la jeune femme risque de mourir, assassinée pour cet acte d'insubordination, l'art n'est pas moins là pour éveiller les esprits.
"Point de vue" est une oeuvre de l'exposition déjà vendue, quel plus beau choix !
Vous pouvez toutefois admirer sa beauté, son esthétisme, son élan, jusqu'au samedi 16 novembre prochain, inclus. Alors, n'hésitez plus, allez découvrir les créations de Sandra COURLIVANT et on en reparle !
2024-11-08T09:00:00+01:00
Les règles du mikado d'Erri DE LUCA
Traduit de l'italien par Danièle VALIN
Erri DE LUCA nous revient avec un roman, "Les règles du mikado" aux Editions Gallimard.
Un vieil horloger campe à la frontière entre l'Italie et La Slovénie. L'homme se délecte de sa solitude jusqu'au jour où une femme, une gitane, s'introduit dans sa toile de tente. Elle fuit la communauté, elle qui était promise à un mariage arrangé. Il lui offre l'hospitalité. Dans un espace contraint, les deux êtres vont lentement faire connaissance, s'apprivoiser, partager "Les règles du mikado".
Comme moi, vous avez peut-être lu "Le poids du papillon", "La nature exposée" ou encore "Le jour avant le bonheur". Dans ce cas, nul doute que vous avez hâte de retrouver la plume de l'écrivain napolitain au grand coeur.
Vous avez déjà entendu quelqu'un dire : "Nul ne ressemble à un autre, pas même des jumeaux homozygotes" ? Lui le dit ! Cet homme, humble, profondément humaniste, nous offre une très belle leçon de vie, celle d'accueillir l'autre, peu importe sa condition.
Près est pour moi le point le plus haut de l'intimité. P. 141
L'écrivain est un habitué des romans courts. En seulement 154 pages, il réussit à nous captiver avec l'itinéraire d'une migrante et la part de mystère qui entoure l'existence d'un horloger.
Erri DE LUCA joue avec les mots, les métaphores... tout en délicatesse pour traiter des frontières. Il y a celles au sens propre qui délimitent les territoires, il y a celles au sens figuré, celles de l'âme, qui empêchent d'apprécier l'autre dans ce qu'il a de plus beau.
J'ai beaucoup aimé son rapport au temps aussi. Quand la gitane pointe la différence d'âge entre eux, lui montre l'époque dans laquelle tous les deux vivent... Bien vu !
Je ne fais aucune différence d'âge. Tu me traites de vieux, d'accord, mais j'ai le même âge que toi, je vis à la même époque. Les générations n'existent pas pour moi. Tant que nous vivons, nous sommes contemporains. Nous sommes deux personnes. P. 72Je ne fais aucune différence d'âge. Tu me traites de vieux, d'accord, mais j'ai le même âge que toi, je vis à la même époque. Les générations n'existent pas pour moi. Tant que nous vivons, nous sommes contemporains. Nous sommes deux personnes. P. 72
N'est-ce pas le moyen de réunir toutes les générations vers un dessein commun ?
Erri DE LUCA peint un portrait de femme haut en couleur.
Ce nouveau roman est une pépite. L'écriture est belle, puissante, parfaitement orchestrée... comme une partie de mikado.
2024-11-06T07:00:00+01:00
Bleu comme une banane de Delphine CHEDRU
Nouvel album jeunesse en souvenir d'une semaine de vacances passée avec mon petit-fils.
Plus grand que "De maman en maman" d'Émilie VAST, il avait tout pour attirer notre regard lors d'un passage en Bibliothèques Municipales, à commencer par sa couleur, jaune. Pour celles et ceux qui me connaissent, il s'agit de ma couleur préférée.
Et puis, en première de couverture, il y a cette banane... bleue. Improbable, non ? Il n'en fallait pas plus pour susciter notre curiosité.
À chaque page, une couleur, voire plusieurs, histoire de donner un peu de piquant au jeu qui s'offre à l'enfant, celui de trouver l'intrus. Delphine CHEDRU a eu l'idée ingénieuse de lier le livre au jeu, mobilisant l'enfant pour le rendre acteur de ce moment de complicité. À lui de regarder... et trouver ce qui n'est pas naturel.
Si mon petit-fils de 16 mois au moment des vacances se fichait bien de l'intrus, lui tournait les pages jusqu'à trouver son insecte préféré, le papillon. Page indigo, ils sont même deux, de quoi le ravir !
Là les pages sont fines, exigeant un peu plus de soin de la part de leurs lecteurs. Elles sont plus nombreuses aussi, l'opportunité de faire durer le plaisir.
Delphine CHEDRU est autrice et illustratrice. Elle compte une soixantaine d'albums jeunesse à son actif. "Bleu comme une banane" est sorti en janvier 2023. Peut-être en avez-vous lu d'autres...
2024-10-30T07:00:00+01:00
Le tirailleur de Piero MACOLA et Alain BUJAK
Alain BUJAK est chargé de photographier une résidence Adoma en 2008-2009 à Dreux.
C'est là qu'il rencontre Abdesslem.
Entre eux s'établit une relation axée sur la transmission, celle de l'Histoire de France et le rôle joué par les hommes des colonies françaises pendant la guerre.
Ce n'est pas Alice ZENITER qui me démentira, nous ignorons des pans entiers de notre Histoire, elle concourt d'ailleurs elle-même à combler nos lacunes dans le domaine.
Alain BUJAK assure lui aussi la mémoire d'hommes au service de... la France. Le sort des tirailleurs marocains nécessite d'être appris aux jeunes générations.
Parce qu'Alain BUJAK refuse que l'histoire d'Abdesslem tombe dans l'oubli, il confie son scénario à Piero MACOLA pour le dessiner. Quelle plus belle idée ?
Les illustrations sont parfaitement réussies. Elles traduisent la tristesse d'un homme désabusé, d'un homme isolé de sa famille, exilé de sa terre qui "sent si bon que tu as envie d'en manger !".
J'ai beaucoup aimé la dernière partie qui donne l'authenticité nécessaire à cette histoire, des photographies d'Abdesslem dans son pays, avec ses proches. Elle traduit aussi ce qu'est devenue la relation d'Alain BUJAK et Abdesslem, la force des liens qui se sont établis entre les deux hommes au fil du partage des souvenirs.
Cette BD, je la conseille à tous, ados, adultes. Nul doute qu'elle va contribuer, à sa mesure, à lever le voile sur des faits historiques que tous ont à connaître. Le 9e art permet de se les approprier, qu'il en soit remercié.
2024-10-30T07:00:00+01:00
All we imagine as light de
Après le Prix du Jury et Prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes en 2024, "Emilia Perez" de Jacques AUDIARD, une pépite, je me suis intéressée au Grand Prix du Festival, celui décerné au film "All we imagine as light" de Payal KAPADIA, un prix largement mérité.
Synopsis :
Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d'une liberté nouvelle.
Mon avis :
Dans ce film, ce qui m'a d'abord attirée, c'est son titre qui pourrait être traduit par "Tout ce que nous imaginons comme lumière".
Et puis, il y avait ces histoires de femmes, des parcours de gens ordinaires. Payal KAPADIA restitue les conditions de vie quotidiennes de quelques femmes qu'elle met joliment sous ses projecteurs. J'avais lu un article sur ces hommes qui, en Inde, épousent des femmes pour leur dot, puis disparaissent ou demandent le divorce en conservant les biens offerts par leurs belles-familles, laissant des femmes dont la virginité s'est envolée lors de la nuit de noces et sans le sous, jugées indignes par leurs familles. Dans une forme romancée, le propos est toutefois filmé comme un documentaire.
C'est un propos militant bien sûr, un propos qui dénonce une société moderne (Mumbai pourrait être Paris ou n'importe quelle autre ville européenne avec son métro, ses gratte-ciels...) dans laquelle les droits des femmes restent bannis.
Si certaines acceptent ce destin par respect des traditions comme Prabha, d'autres résistent à l'image d'Anu qui transgressent les lois pour vivre un amour interdit.
Et puis, il y a le personnage de Parvaty qui illustre le droit de propriété, là aussi, bafoué. Son mari est décédé, elle doit quitter son logement.
Il y a encore cette formidable solidarité qui lie des femmes dans l'affrontement du quotidien, cette forme de sororité pleine d'espoir en un avenir meilleur.
Et quel plus bel espoir que de voir une femme de 38 ans, réalisatrice du cinéma indien remporter le Grand Prix du Jury !
2024-10-30T07:00:00+01:00
De maman en maman d'Emilie VAST
Ce livre d'enfant emprunté aux Bibliothèques Municipales d'Angers se décline comme des poupées gigognes.
À chaque page sa matriochka, symbole de la maternité, d'une taille de plus en plus petite au fil de la lecture pour représenter la descendance de "la maman de la maman de la maman de ma maman".
À chaque page ses motifs naïfs largement inspirés de l'art populaire. Le vivant y occupe une place de choix, depuis le végétal jusqu'aux animaux en passant par les insectes.
À chaque page sa couleur, d'abord le rouge, puis le orange, le jaune, le vert, le bleu, le violet, et enfin le rose, suivant le nuancier du cercle chromatique orchestré dans le sens des aiguilles d'une montre.
Ce livre d'un petit format est particulièrement facile à manipuler pour les petites mains. Cartonné, il permet au plus jeune âge de s'en emparer.
Je ne connaissais pas encore le talent d'Émilie VAST, autrice mais aussi illustratrice et plasticienne. La jeune artiste fait du dessin d'enfant son objet de travail, elle le fait si bien !
Elle compte plus d'une trentaine d'albums à son actif. Le premier date de 2005. Le dernier est "de maman en maman" édité en 2023.
Ce livre jeunesse, je l'aime beaucoup enfin pour ce qu'il nous dit de la transmission entre les générations, de la filiation établie entre les femmes. Et quand on est mamie, ça nous parle un peu 😉
Ce livre, il a tendu les bras à mon petit fils. Souvenir d'une semaine de vacances en sa compagnie 🥰