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2019-02-26T13:31:24+01:00

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

Publié par Tlivres
Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

Il y a des romans porteurs d’une renaissance. « Piano ostinato » de Ségolène Dargnies publié chez Mercure de France fait assurément partie de ceux-là.

En 89 pages, l’ecrivaine, une première plume, réussit à orchestrer une descente aux enfers et la lente (re)construction d’un homme, un pianiste.

Il est tout petit mais il a tout d’un grand !

C’est mon #mardiconseil 🤗

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-02-25T23:15:53+01:00

Instant mode en hommage à Karl LAGERFELD

Publié par Tlivres
Instant mode en hommage à Karl LAGERFELD

Ma #lundioeuvredart est une création de Karl LAGERFELD, ce styliste visionnaire qui a révolutionné l'univers de la mode et qui vient de s'éteindre à l'âge de 85 ans.

Il jouait avec l'alternance du noir et du blanc, découpait des vêtements aux lignes épurées, parfaites et distinguées, pour lui comme pour ses modèles.

Il savait aussi s'affranchir des codes et proposer des défilés plein de fantaisie. 

Il a accompagné la femme dans l'évolution de sa condition ces 50 dernières années, de quoi laisser derrière lui un patrimoine absolument fantastique.

Assurément un très grand homme, sa créativité et son originalité nous manquent déjà !

 

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2019-02-22T07:00:00+01:00

Quand une écrivaine se livre... Portrait de Caroline CAUGANT

Publié par Tlivres
Caroline Caugant ┬® Astrid di Crollalanza

Caroline Caugant ┬® Astrid di Crollalanza

Après Caroline LAURENT, éditrice, je vous propose de découvrir Caroline CAUGANT, auteure du roman "Les heures solaires" de la rentrée littéraire de janvier 2019, mon premier coup de coeur de l'année !

Votre roman « Les heures solaires » sort dans la toute nouvelle collection Arpège des
éditions Stock. Parlez-nous de votre relation avec votre éditrice, Caroline Laurent ?

C’est avant tout une relation de grande confiance. Et c’est aussi un lien affectif, de la
complicité, de l’amitié. Il y a un regard singulier posé sur le texte, des conseils, beaucoup de
partage, d’écoute, d’échanges, entre travail et rires, et au bout, le livre dont on accouche
grâce à cette énergie commune. Et l’éditrice est là aussi pour accompagner l’auteur, le
soutenir, l’aider à grandir. Son rôle est essentiel. J’ai beaucoup de chance d’avoir pour
éditrice Caroline LAURENT car, au-delà de son talent, elle est la bienveillance incarnée ! Ce
jour de juillet 2017 où je lui ai envoyé mon manuscrit, je sais que ma bonne étoile était à
l’œuvre.

Dans ce roman, une place prépondérante est donnée à un élément naturel, la rivière.
Pourquoi ? Que vous inspire-t-elle ?

J’ai depuis toujours un rapport viscéral à l’eau, presque sentimental. Peut-être est-ce dû à
mes racines bretonnes ou aux récits de mon père, ancien officier de marine ; sûrement la
somme des deux ! Je vis à Paris et je ressens le besoin de plus en plus pressant de
retrouver régulièrement la mer. Dans Les heures solaires, l’eau est un élément sensoriel
prégnant, une sorte d’aimant magique dans le cadre écrasant d’un Sud caniculaire. Les trois
héroïnes, Billie, Louise et Adèle, sont tour à tour attirées par la rivière de V. Elles s’y
prélassent, viennent s’y ressourcer, y chercher un apaisement, parfois même une forme de
purification. La rivière berce ces femmes, leur offre un espace où se libérer. Elle les menace
aussi, se déchaîne parfois, les enchaîne et peut devenir un cercueil. C’est un élément
protéiforme, rivière des heures solaires et d’heures plus sombres, qui abrite des secrets et
parcourt tout le roman, comme un ruban de la mémoire, traçant une courbe silencieuse entre
ces trois femmes.

Vous évoquez un village du sud de la France que vous nommez V. Pourquoi cette manière de parler d’un lieu ? Est-ce que ce village existe vraiment ?
Je voulais que le lecteur puisse se projeter dans n’importe quel village de l’arrière-pays
provençal, qu’il puisse se le représenter à sa manière, que l’histoire puisse être transposée.
Cette universalité me paraissait essentielle car le roman traite des secrets de famille, un
thème qui touche beaucoup de familles. L’héroïne, Billie, a quitté V. vingt ans auparavant.
Ce qu’il lui en reste, ce sont des souvenirs d’enfance, des sensations et un attachement
profond, ancré, à cette terre d’origine qu’elle a pourtant fuie. C’est cette vision de V. que je
voulais écrire : celle d’une enfant du pays. Peu importe pour elle le nom de ce pays. Et je me
suis inspirée d’un lieu qui existe, un village où j’ai passé beaucoup de temps, enfant, à côté
duquel coule une rivière…

Le personnage de Billie est artiste, dessinatrice. La jeune femme travaille au fusain dans les premières pages de votre roman. Que représente pour vous cette discipline ?
Je suis fascinée par la technique du fusain dans ce qu’elle a à la fois de basique et de
complexe : avec un simple morceau de charbon et une gomme, l’artiste créé tout un éventail
de textures, des variations de dégradés et d’incroyables rendus de lumière. C’est aussi une
technique qui a quelque chose de précaire et demande une certaine vigilance : les traits
s’estompent, la poudre du carbone est volatile. Lorsque le roman s’ouvre, Billie prépare sa
prochaine exposition, une galerie de portraits au fusain, des visages aux traits anguleux et 
sombres. Depuis des mois, elle est immergée dans cette démarche créative. Je trouvais que
le travail sur le fusain correspondait bien à son état d’esprit à cet instant de sa vie, avec la
prédominance du noir, les reliefs prenant forme à travers les jeux d’ombres, la nervosité du
trait, le bruit sec du fusain sur la toile… La patte de Billie et ses sources d’inspiration
évolueront en même temps que sa démarche de remonter sur les traces de son passé et de
sortir du déni dans lequel elle s’est enfermée. Son univers créatif en sera totalement
bouleversé.

Très vite, vous dévoilez un passé mystérieux et douloureux, un départ sans retour, et puis, la mémoire comme un fil tendu entre les générations. Pourquoi ce thème ?
Je voulais parler de l’impact des secrets de famille sur les héritiers. Les mémoires familiales
inconscientes sont d’autant plus puissantes qu’elles sont tues. Elles se perpétuent de
génération en génération et poursuivent leur œuvre en silence, formant cette immense toile
qu’on appelle liens trangénérationnels. Les héritiers de ces secrets portent en eux des
fantômes familiaux. C’est ce que vit Billie, sans en être consciente. Elle pressent le secret
d’Adèle, sa grand-mère, elle le sent comme s’il était gravé dans sa chair. La mémoire
inconsciente est à l’œuvre. On touche là aussi à la mémoire du corps, contre laquelle
l’héroïne ne peut opposer aucune forme de déni. En même temps qu’elle remonte le fil des
générations, jusqu’aux racines du mal, elle renoue avec sa propre histoire, tout ce qu’elle a
laissé derrière elle et tenté d’oublier. En retournant dans le village de son enfance, les
sensations affluent. Le Sud se prêtait bien à cela : avec ses étés caniculaires, ses pluies
diluviennes, ses senteurs et ses couleurs vives, c’est une région qui décuple les sens et
laisse une empreinte forte sur le corps.

Plus généralement, quelles sont vos sources d’inspiration pour écrire ?
Certains voyages que j’ai faits, des lieux où j’aime retourner, d’autres qui m’ont marquée,
d’autres encore où j’ai grandi. D’une certaine manière, les lieux nous forgent. Ils peuvent
nous manquer, continuer de nous hanter, alors j’aime écrire sur les sensations qu’ils ont
laissées. Le quotidien aussi est une source d’inspiration, les plus petites choses peuvent
parfois être le début d’une histoire, comme une tomette cassée ! Et puis il y a bien sûr les
livres que je lis, les auteurs, leurs mots qui m’inspirent…

Parlez-nous de l’écriture, que représente-t-elle pour vous ?
L’écriture est essentielle pour moi, c’est un besoin. Du plus loin que je m’en souvienne, j’ai
toujours voulu écrire. J’ai commencé par des textes courts, des poèmes, des contes, des
nouvelles… Ecrire un roman était intimidant. Je me suis lancée à un moment où j’ai eu du
temps devant moi, quelques semaines pendant lesquelles je me suis jetée dans l’écriture.
Ensuite cela ne m’a plus lâché.

Avec le succès que rencontre votre roman « Les heures solaires », j’imagine que vous êtes au travail pour le suivant ! Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Oui, j’avance sur un troisième roman depuis quelques mois. J’aime ces périodes d’écriture, à
la fois intenses et soumises au vide, qui oscillent entre moments de creux, beaux élans,
doutes, blocages, clés que l’on déverrouille. Je me demande où cette écriture me mènera.
Pour l’instant, je ne sais pas !

Et la lecture ? Entre vos activités de graphiste et d’écrivaine, trouvez-vous encore un peu de temps pour lire ? Que représentent les livres pour vous ?
Je trouve toujours du temps pour lire, et j’ai des piles de livres qui ont tendance à ne pas
diminuer ! Les livres sont pour moi des compagnons, depuis l’enfance. Petite, j’ai adoré me
plonger dans la bibliothèque rose. Lorsque j’ai un coup de cœur pour un auteur, j’ai tendance
à lire tous ses livres. Et je choisis mes lectures en fonction des périodes, des moments
traversés. Souvent il n’y a pas de hasard : les livres tombent dans nos mains au bon
moment. C’est mystérieux et magique.

Pouvez-vous nous parler de votre dernier coup de cœur ?
J’ai adoré Dans la forêt de Jean Hegland. Je l’ai lu il y a quelques mois et il m’a laissé une
foule d’impressions. Dans un monde qui s’effondre, deux sœurs, Nell et Eva, apprennent à
survivre, en autarcie, au cœur de la forêt. Ce roman apocalyptique nous parle d’humilité et
d’espoir. C’est un récit à la fois intimiste, philosophique et atmosphérique, empreint de
poésie et d’images saisissantes comme cette jeune fille qui danse dans un monde privé de
musique, au seul son d’un métronome.

Quel livre lisez-vous actuellement ?
Je lis Le lambeau de Philippe Lançon.

Pouvez-vous nous citer trois livres de votre pile à lire ?
Des hommes couleur de ciel d’Anaïs Llobet, La goûteuse d'Hitler de Rosella Postorino, Une
sirène à Paris de Mathias Malzieu.

Cette interview est réalisée dans le cadre du partenariat avec Page des libraires ! Quel lien entretenez-vous avec les librairies ? Quel est le style de librairies que vous fréquentez ? Quelles sont, pour vous, les qualités d’un(e) libraire ? Une adresse à nous recommander ?
J’adore aller flâner dans les librairies. C’est important d’avoir une librairie de quartier, de
pouvoir échanger avec les libraires, de leur demander conseil. De partager, tout
simplement ! Lorsque je voyage, je m’arrête toujours dans les librairies que je trouve sur mon
chemin, et je suis souvent repartie avec des trésors !

Je vous recommande la jolie librairie Comme une orange, rue Bayen, dans le 17 ème
arrondissement parisien. Il y a une belle sélection de livres, pour petits et grands, et Corinne
est une libraire passionnée qui parle des livres avec sensibilité et enthousiasme.

Je la visiterai, c'est certain, lors de l'un de mes prochains passages à Paris ! Merci infiniment, Caroline, d'avoir accepté de répondre à mes questions. Je vous souhaite un formidable succès avec "Les heures solaires", tout juste sélectionné par les fées des 68 Premières fois, bravo ! Mon petit doigt me dit que nos chemins se croiseront de nouveau dans les mois à venir, pour mon plus grand plaisir bien sûr !

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2019-02-22T07:00:00+01:00

Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Publié par Tlivres
Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Gallimard

Dans la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019, place à un roman historique foisonnant avec "Maîtres et esclaves".

Xi Yan porte une palanche avec des seaux de grain. Elle est en fin de grossesse et la naissance du bébé est imminente. La violence de la douleur lui coupe la respiration. Elle s'écroule par terre, tétanisée par les pas des soldats qui arrivent. Ils la repèrent et s'approchent. Ils décident d'aller prévenir son mari pour qu'il la soutienne. Tian Yongmin est un paysan, pauvre, il est peintre à ses heures. C'est la risée du village avec son oisiveté de lettrés. Avec sa femme, ils vivent dans le Sichuan, au pied de l'Himalaya. Le bébé est un garçon du signe du Tigre. Ses parents l'appelleront Kewei. Nous sommes en 1950 en pleine collectivisation, le peuple est affamé, c'est la misère. Comme le veut la tradition, un banquet de naissance est pourtant organisé. Le Chef du parti prend place parmi les amis. Tian Yongmin ne cache pas sa position à l'égard du régime en place, plongeant l'assistance dans un silence assourdissant. A un an, et bien que l'ordre ait été donné de cacher tous les pinceaux, Kewei réussit toutefois à prendre un morceau de bois pour en faire un crayon de fortune. La malédiction touche la famille. Kewei grandira tout comme sa passion pour la peinture, c'est avec son entrée aux Beaux Arts de Pékin que sa vie basculera !
Ce roman compose une grande fresque historique des années 1950 jusqu'à aujourd'hui. 

L'écrivain prend appui sur un personnage de fiction, un peintre né dans une famille pauvre, pour aborder la grande Histoire de la Chine. 

Il s'ouvre sur une scène absolument magistrale. Dès les premières lignes, j'ai été captivée par le destin de cette famille. Mon intérêt s'est quelque peu émoussé avec les descriptions de scènes de la vie courante composées de mille et un détails. Au crédit de Paul GREVEILLAC toutefois, le lecteur est baigné dans un univers dont toutes les composantes lui sont contées. L'auteur s'attache à décrire les traditions, la manière qu'a la famille de s'y soumettre. J'ai beaucoup aimé lire les passages sur la place des femmes. 

Et puis, l'auteur aborde l'art dans un régime totalitaire. Il donne à voir la manipulation des oeuvres, leur instrumentalisation par le pouvoir. Kewei travaillera pour le Grand Timonier, de quoi nous faire rêver de liberté artistique, d'émancipation. Nous en sommes à cent mille lieues.

Avec l'âge, Kewei évolue, pas aussi vite que le régime toutefois. Passé d'esclave à maître, de pauvre à riche, l'homme montre ses limites dans sa capacité d'adaptation. Là aussi, les réflexions vont bon train. Les régimes dictatoriaux marquent-ils à jamais l'esprit des hommes de leur empreinte idéologique ? A maintes reprises, j'aurais aimé qu'il prenne une autre voie mais non, Kewei est tout à son parti, enfin, celui d'hier, pour lequel il continue de travailler comme si rien n'avait changé. Le personnage est impressionnant dans ce qu'il a de plus pervers et laisse en bouche une saveur douce amère. 

Ce livre est une épopée éminemment romanesque. Paul GREVEILLAC, dont je découvre la plume, a ce talent de donner à des personnages suffisamment d'étoffe pour qu'on aime à les suivre sur plusieurs générations. Avec une petite centaine de pages en moins, toutefois, je crois qu'il aurait été parfait.

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2019-02-21T07:52:25+01:00

37, étoiles filantes de Jérôme ATTAL

Publié par Tlivres
37, étoiles filantes de Jérôme ATTAL

Parce que les questions autour de la liberté sont récurrentes, en littérature mais aussi dans nos vies quotidiennes, j'ai choisi une citation de Jérôme ATTAL extraite de son tout dernier roman "37, étoiles filantes". La philosophie incarnée par l'auteur, un poète, je la  trouve concise et juste, non ?

 

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2019-02-19T12:40:00+01:00

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Publié par Tlivres
Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Editions Stock

Sur les conseils d'Antigone, j'avais découvert en 2016 la plume de Laurence TARDIEU avec "A la fin le silence", un roman que j'avais découvert avec beaucoup de plaisir mais qui avait laissé en moi, une empreinte indélébile, je m'en rends compte aujourd'hui !  En ouvrant "Nous aurons été vivants", le tout dernier roman de l'écrivaine, c'est comme une déflagration, une bombe, un coup de coeur.

Il n'aura suffit que d'un flash, une vision fugace, de l'autre côté de la rue, sur le trottoir, avant le passage en décalé de deux bus, pour qu'Hannah soit de nouveau déchirée par l'absence de sa fille, Lorette, partie il y a 7 ans sans laisser la moindre adresse, le moindre petit mot. Cette femme en "imperméable beige, sac vert en bandoulière, bottes noires" était-elle sa fille ? L'a-t-elle réellement vue ? S'agit-il d'une chimère ? Hantée par le fantôme de sa fille, Hannah ploie sous le choc de l'image. Tous les souvenirs resurgissent alors. Le fil de sa vie se déroule lentement. Elle vivait le grand amour avec Philippe, elle était artiste peintre. Hannah a 60 ans maintenant. Tout ceci est à conjuguer au passé, le château de cartes de sa vie s'est écroulé le jour où Lorette a tout quitté. Mettre des mots sur ses souffrances est si difficile, elle qui depuis sa tendre enfance vit dans la peur, de qui ? de quoi ? Mais sur ce banc, là, avec la rencontre d'un jeune homme, musicien, les choses se dénouent. Il n'aura suffit que de quelques paroles pour...
Laurence TARDIEU a cet immense talent de planter un décor, créer une ambiance, dès les premières lignes de ses romans. Je me suis vue, moi, à côté d'Hannah, dans ce petit matin parisien, brumeux, envahi par les bruits de la ville. Mais elle a aussi et surtout, cette capacité à passer du dehors, l'environnement, le cadre de vie, au dedans, l'intimité, le corps, la chair. Parce qu'il s'agit bien de cela, l'absence de Lorette mortifie sa mère, la meurtrit dans ses viscères, ce ventre qui l'a nourri pendant 9 mois, ses entrailles qui se sont ouvertes pour lui donner naissance, ce corps qui a ressenti au plus profond de lui toutes les joies mais aussi les peines de sa fille. Il y a cet indicible lien entre une mère et son enfant, la plénitude, la force de la maternité dans ce qu'elle a de plus physique et naturel. J'avais adoré "Une longue impatience", cette manière qu'avait Gaëlle JOSSE de décrire les soubresauts du corps torturé par l'absence d'un fils, je suis littéralement tombée sous le charme de ce qu'écrit Laurence TARDIEU. Ces deux auteures, des femmes, tiennent un propos prodigieux marqué par la minutie et la justesse des mots. Chacun résonne avec un effet décuplé, c'est une explosion d'émotions.


[...] la disparition de Lorette agit sur nous tel un fantôme qui nous poursuit tous, Lorette absente vit encore parmi nous par les questions sans réponse qu’elle nous a laissées et nous sommes tous, depuis sa fuite dans une forme d’errance à laquelle nous ne pouvons pas mettre un terme. P. 99

Mais le roman ne saurait se contenter d'explorer cette relation mère-fille. Laurence TARDIEU aborde aussi le sujet de l'amitié, des liens qui se nouent avec d'autres qui ne font pas partie de la famille et pourtant ! Hannah a rencontré Lydie lors du vernissage de l'une de ses expositions, la simple présence de la femme à ses côtés sans qu'elle sache qui elle était, ce qu'elle représentait, ce qui la faisait vibrer, a suffit à l'électriser. Il y a quelque chose de presque surnaturel à ressentir l'énergie d'une présence, l'intensité d'un regard, d'un corps, d'une posture. 


Depuis, Lydie et elle avaient partagé d’innombrables moments, et ces moments constituaient une sorte de palette de toutes les nuances du sentiment humain, une variation de tout ce qui peut exister entre la joie et le désespoir. P. 250

Cette relation établie entre les deux femmes est foncièrement bonne et généreuse. Elle donne la capacité à Hannah d'affronter chaque jour, elle qui souffre à en mourir et qui pourtant, trouve la force de (sur)vivre. Dans "Nous aurons été vivants", il y a la richesse, le contentement, la plénitude des sentiments. 

Et puis, il y a la présence de l'art comme un fil conducteur dans toute cette oeuvre. Hannah est peintre, c'est une artiste. Dans son rapport à la création, il y a l'exaltation, l'enivrement, l'étourdissement. Il y a la solitude aussi. Elle se souvient de ce tiraillement qui s'exerçait sur elle, partagée qu'elle était entre l'amour porté à sa fille, enfant, et la nécessité absolue d'assouvir le plaisir de peintre pour être elle-même, affirmer sa propre personnalité, son identité.  


Elle avait besoin de beaucoup de solitude pour peindre, et se disait parfois qu’elle ne parvenait plus à trouver la joie autrement que dans la solitude - les moments passés à peindre, ou à contempler les arbres de sa fenêtre, ou le ciel, ou juste être là, sans rien faire, à se sentir simplement exister. P. 205

Enfin (et je vais m'arrêter là parce que moi aussi je pourrais en faire tout un roman !!!), il y a l'Histoire. Présente dans la famille, une page sombre, tapie dans le silence, un secret qui avec les générations devient de plus en plus lourd à porter. Les hommes sont mortels, je ne vous apprend rien, et avec l'âge le risque de ne jamais savoir prend une toute autre dimension. Il y a un autre volet de la grande Histoire, celle qui a envahi les écrans de télévision en novembre 1989, la chute du mur de Berlin. Avec elle, c'était l'euphorie, le rêve enfin d'une Europe libre. Qu'est-elle devenue aujourd'hui ? Les capitales ne sont-elles par parcourues par ces militaires armés pour assurer la sécurité ? Ne sombrent-elles pas dans la peur des attentats ? Ne sont-elles par envahies par la montée des populismes ? Ce ne sont pas les événements de ces derniers jours à Paris qui viendront malheureusement démontrer le contraire. Laurence TARDIEU embrasse ces trente dernières années d'une Europe qui vieillit, elle aussi !

Ce roman, vous l'aurez compris, il m'a littéralement subjuguée, il a résonné dans ce que j'ai de plus intime. Mais je crois qu'il convient de le partager à l'envi. Vous aussi pourriez bien tomber sous le charme de la plume de Laurence TARDIEU, profondément sensuelle. Quant à la philosophie qu'elle nous livre, je vous laisse la méditer, tout simplement !

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

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Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-02-18T07:37:53+01:00

Conseil de révision de Céline CLERON

Publié par Tlivres
Conseil de révision de Céline CLERON

Ce matin, je suis d'humeur maussade. L'actualité me rend triste, m'indigne, me révolte. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Peut-être parce que "L'homme est un animal" comme le dit Stephan EICHER dans sa chanson "Déjeuner en paix".

Une artiste en a fait récemment l'objet de sa création "Conseil de révision" exposée au Musée Joseph DENAIS de Beaufort-en-Vallée. Cette oeuvre composée d'une succession de toises fait référence bien sûr à la mesure des conscrits et écoliers du XXème siècle, mais plus que tout, ce qui me fascine ce sont les squelettes de crânes d'animaux qui sont utilisés au sommet.

Céline CLERON choisit de mettre physiquement l'animal au-dessus de l'Homme. Si lui est le seul animal a pouvoir se tenir debout, ne montre-il pas aujourd'hui à quel point il revêt des dimensions bestiales et instinctives ? Une jolie façon de nous inviter à méditer... 

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2019-02-16T08:56:24+01:00

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Publié par Tlivres
Médée chérie de Yasmine CHAMI

Actes Sud

Je vous livre quelques mots de l'histoire :

Médée et son mari Ismaïl sont en escale dans un aéroport parisien. Ils s'apprêtent à s'envoler pour Sydney. Il est chirurgien, elle l'accompagne à un séminaire, bien malgré elle. Il lui dit de patienter quelques minutes près du kiosque à journaux, il va aux toilettes. Mais en réalité, il ne reviendra pas. Cette femme, ce sont deux de ses enfants, Aya et Adam qui la retrouveront pour lui annoncer qu'Ismaïl est parti à jamais. Elle s'est trompée sur les sentiments de son mari avec qui est vit depuis une trentaine d'année. Sculptrice, elle avait préféré le toit de la maison au jardin pour y créer son atelier. Elle y travaillait la pierre, des créations exigeantes physiquement qu'elle s'évertuait, une fois réalisées, à emmailloter avec du fil, des câbles, des morceaux de tissu, tout ce qu'elle pouvait trouver, un peu comme si elle voulait assurer leur protection. Alors que tout s'écroule autour d'elle, saura-t-elle se protéger, elle ? Retrouvera-t-elle un jour la voie de l'art ?

Yasmine CHAMI dresse un portrait de femme d'une infinie patience auprès de ses trois enfants, deux filles et un garçon, leur prodiguant tout son amour, une femme qui a toujours vécu dans l'ombre de son mari, aussi. Lui répare les vies, elle ne fait que modeler la pierre. Cultivant elle-même son infériorité, elle s'est construit un refuge à l'abri des regards et a dédié toute son existence au sacro-saint chef de famille.

Elle a fait de sa vie une dévotion. Alors, se retrouver là, au milieu de nulle part, dans une zone de  transit où les passagers sont à destination de... Médée, où en est-elle, elle ? Vers où va-t-elle ? Il faudrait déjà qu'elle puisse comprendre ce qui lui arrive. Paralysée par la violence foudroyante de la séparation, torturée par la déchirure fulgurante de la trahison, Médée choisit, dans l'urgence, de se retirer dans une chambre d'hôtel, tout ce qu'il y a de plus neutre et aseptisé. Alors qu'elle s'apprêtait à s'envoler, elle choisit de se terrer et d'explorer le vide abyssal qui l'habite maintenant. 

Yasmine CHAMI est audacieuse dans son projet littéraire. Elle procède à une mise à nu complète de Médée, cette femme anéantie par le sentiment d'abandon. Elle fait le choix de l'isoler, du monde dans quelques mètres carrés totalement insignifiants, des siens aussi. Malgré la douleur qui l'assaille, elle pousse ses enfants à la laisser là, choir, seule, pour écouter son corps, le laisser guider ses pas.


Médée, son corps sait ce que sa pensée ne conçoit pas encore, elle est comme ces personnages arrêtés, piégés dans une matière plus lourde que le mouvement qu’ils tentent. P. 15

L'écrivaine explore le destin de cette femme par la voie de la chair. Elle évoque la maternité et ce lien indéfectible qui lit une mère à ses enfants, le fruit de ses entrailles. C'est avec son corps aussi qu'elle sculpte :


[…] ses mains aux ongles coupés très courts, calleuses par endroits malgré l'usage répété de la pierre ponce pour attendrir la chair durcie par le maniement des outils : marteaux, burins, gradines, pointes, gouges, ciseaux, scies, mais aussi râpes, limes... P. 18

Médée est à la croisée des chemins, elle réalise sa mue, se libère progressivement des peaux mortes laissées par l'infidélité. Yasmine CHAMI décrit la métamorphose d'une femme forte, puissante, courageuse, en quête de nouveaux repères, d'un nouvel ancrage. Outre cette rencontre fabuleuse avec Tanya qui va panser ses plaies, lui donner du baume au coeur, c'est dans l'art aussi qu'elle imagine pouvoir lui donner une nouvelle vie, lui offrir la voie de la résilience. 

Les premières pages relatent une scène fracassante, le moment fugace où le château de cartes s'écroule. L'écrivaine va dédier son roman, "Médée chérie", à la (re)construction, lente, apathique, d'une femme. Dans une plume charnelle, médicale, presque chirurgicale, elle nous offre un condensé de sensibilité, de délicatesse et de générosité, elle nous livre un propos profondément humain, éclatant, plein d'espoir.

Ce roman, c'est un hymne à la vie, la consécration du pouvoir des femmes aussi. A la lâcheté d'un homme, elle oppose l'ardeur, l'énergie, la volonté, le ressort... des femmes. Sublime !

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-02-14T07:59:56+01:00

Où vivre de Carole ZALBERG

Publié par Tlivres
Où vivre de Carole ZALBERG

Au regard de l'actualité, certaines lectures peuvent paraître essentielles.

"Où vivre", le dernier roman de Carole ZALBERG publié chez Grasset fait partie de ceux-là.

En seulement 135 pages, l''écrivaine réussit à vous faire embrasser l'Histoire des juifs et à toucher du doigt cet indéfectible lien qui unit une communauté dans toute sa diversité.

J'en extrais aujourd'hui ma #citationdujeudi.

Un roman à lire de toute urgence !

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2019-02-14T07:55:54+01:00

La Vraie Vie d'Adeline DIEUDONNE

Publié par Tlivres
La Vraie Vie d'Adeline DIEUDONNE

Je participe au Prix du roman Cezam Inter-CE 2019, l’occasion de revenir sur un premier roman qui m’a profondément troublée : « La Vraie Vie » d’Adeline DIEUDONNE publié aux Éditions de L'Iconoclaste. C’est un roman qui laisse un goût de je ne sais quoi en bouche quand votre coeur a repris son rythme cardiaque ordinaire !

Il entre dans mon top 3 de la sélection pour l’atmosphère oppressante, la maîtrise de l’histoire et la chute, magistrale.  

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2019-02-12T07:00:00+01:00

Le grand livre de la gemmothérapie de Laurine PINEAU

Publié par Tlivres
Le grand livre de la gemmothérapie de Laurine PINEAU

Editions Leduc

 

Aujourd’hui, pas de roman, pas de récit de vie, pas de document, non place à un guide complet pour se soigner.

 

La gemmothérapie, qu’est-ce que c’est ? Une thérapie naturelle comme la phytothérapie, l’aromathérapie, l’homéopathie...

 

Elle se base sur les bourgeons des arbres et arbustes, ces embryons végétaux qui sont très bons pour notre santé.

 

Ils ont des caractéristiques spécifiques qui permettent une régénération des tissus et une régulation des organes. 

 

La sérotonine, ça vous dit quelque chose, non ? Bien sûr, c’est le dernier roman de Michel HOUELLEBECQ mais encore, il s’agit du messager nerveux de la joie ! Elle est contenue dans le bourgeon du figuier qui peut agir sur votre système nerveux et votre intestin, le deuxième cerveau. 

 

Vous savez que vous pouvez lutter activement contre le vieillissement ? Là, affaire de genre oblige, chacun ses bourgeons, ceux du séquoia pour les hommes, ceux des airelles pour les femmes !

 

Avec « Le grand livre de la gemmothérapie », vous apprendrez à connaître leurs vertus et, à partir du fonctionnement de nos organes, à repérer ceux qui sont adaptés.

 

Je vous rassure tout de suite, pas besoin d’un bac scientifique pour comprendre le propos de Laurine PINEAU qui montre tout l’intérêt de la gemmothérapie, en toute simplicité. 

 

Elle a cette capacité à rendre accessibles les principes de Dame Nature. Finalement, entre les arbres et le corps humain, il n’y a pas tant de différences. Nous vivons tous au rythme des saisons. Nos besoins évoluent de façon cyclique. Vous y trouverez mille et un conseils pour bien anticiper les mois à venir !

 

Bien sûr, je ne l’ai pas lu dans sa globalité, mais je me suis déjà surprise à le survoler régulièrement et à y prendre goût. Moi qui n’aimais pas particulièrement les cours de SVT (oui, je sais, ça date un peu !) à l’école, j’ai l’impression aujourd’hui de comprendre les mécanismes qui sont à l’œuvre dans notre corps, une affaire d’âge peut-être, une affaire de pédagogie certainement.

 

Je ne suis pas peu fière de rédiger cette chronique un peu spéciale aujourd’hui. Laurine est ma nièce et j’avoue qu’elle m’épate par tant de connaissances et sa manière de vous expliquer les choses de la vie, tout naturellement. Naturopathe de formation, elle nous offre « Le grand livre de la gemmothérapie » qui sort aujourd’hui en librairie, c’est le premier en son genre et c’est mon #mardiconseil. 

 

Un immense bravo à toi Laurine ! Nul doute que tu sauras trouver ton public, n’est-ce pas les blogueurs ?

 

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2019-02-11T07:56:18+01:00

Une œuvre de Buenos Aires

Publié par Tlivres
Une œuvre de Buenos Aires

Ma #lundioeuvredart est extraite de l’album photo d’un globe-trotter particulièrement sympathique. Mathieu Merlino fait le tour de l’Amérique du Sud. Rencontré au Pérou avec une bande d’autres joyeux voyageurs, il a publié la photo d’une sculpture d’un homme supportant la branche d’un arbre, un ficus elastica très surprenant.

Cette création artistique, qui se trouve dans la région de la Plaza Francia à Buenos Aires en Argentine, je l’aime pour le message qu’elle véhicule. Voir l’homme soutenir Dame Nature, elle à qui il cause tant de dégâts, avouons que ça donne un peu de baume au coeur.

Cette sculpture montre ô combien la tâche est rude. Elle fait apparaître un homme avec une musculature particulièrement développée. 

Merci à toi Mathieu !

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2019-02-07T08:00:21+01:00

La Folie Elisa de Gwenaëlle AUBRY

Publié par Tlivres
La Folie Elisa de Gwenaëlle AUBRY

Ma #citationdujeudi est extraite du tout dernier roman de Gwenaëlle AUBRY, "La Folie Elisa, chez Mercure de France, un coup de coeur.

J'ai adoré retrouver la plume de l'écrivaine, une plume sensible qui explore des corps de femmes, déroule le fil de leurs existences pour trouver les causes de leurs blessures.

Avec la métaphore des murs et du bâti, Gwenaëlle AUBRY trouve l'appui nécessaire pour visiter les âmes et inspecter les fondations des corps de femmes.

Ce roman subtil est délicat, profondément humain. Je vous le conseille absolument !

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2019-02-06T07:00:00+01:00

Personne n’a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDÉ

Publié par Tlivres
Personne n’a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDÉ

 

Flammarion

Véronique OVALDÉ est une conteuse remarquable. Elle nous avait habitués à des récits exotiques dans des contrées imaginaires, là elle prend son lecteur par surprise et lui sert un thriller psychologique parfaitement maîtrisé.

Quelques mots de l’histoire :

Gloria Marcaggi boucle les valises pour un voyage sans retour. Elle monte en voiture et passe à l’école chercher ses deux filles, Loulou et Stella. Elle brade sa Côte d’Azur pour l’Alsace. Sa mère a hérité d’une maison de famille en forêt de Kayserheim. Inhabitée, elle s’y installe. Au fur et à mesure qu’elle y prend ses marques, elle déroule le fil de son existence. Elle n’avait que 16 ans quand son père est décédé d’un cancer. Sa mère était partie depuis quelques temps avec son dentiste. Gloria a alors décidé de quitter le lycée pour s’assumer. Elle a d’abord travaillé au bar « La Traînée ». Tonton Gio qui était l’associé de son père dans l’affaire veillait sur elle. Et puis il y a eu cette histoire d’amour avec Samuel, un garçon séduisant mais qui vivait de trafics en tous genres.  Avec la naissance de Stella, elle a décidé d’arrêter de travailler. C’est alors qu’a commencé pour elle une nouvelle vie, à ses risques et périls.

Je ne vous en dirai pas beaucoup plus si ce n’est que ce roman m’a littéralement happée. Une fois les premières pages découvertes, vous ne pourrez plus le lâcher. Vous voilà prévenu(e)s !

Véronique OVALDÉ focalise son récit sur l’histoire rocambolesque et chahutée de Gloria, une jeune femme étrange et mystérieuse qui s’est construite au gré de circonstances dramatiques. Reconnue pour sa force de caractère, son courage et sa ténacité, elle est confrontée aux affres de l’amour :


Je ne cesserai jamais de m’étonner de la manière dont on perçoit l’autre la première fois, l’autre qu’on aimera plus que tout, l’autre qu’on aimera imprudemment, totalement, tragiquement [...]. P. 26

 

Isolée du monde, elle trace sa voie. Il y a quelque chose d’animal dans le comportement de cette mère vis-à-vis de ses filles qu’elle entend protéger. De qui ? De quoi ? Échappera-t-elle à la malédiction des générations de femmes qui l’ont précédée ? N’est-elle pas elle-même à l'origine d’une prise de risque pour Loulou et Stella ?

Autant de questions qui vous prendront à la gorge et vous tiendront en haleine. La première scène est absolument magistrale, le processus verrouillé, la tension à son paroxysme, ce ne sont que dans les toutes dernières pages que l’écrivaine acceptera de lever le doute.

La respiration est saccadée, elle évolue au rythme irrégulier de la narration avec des chapitres tantôt de quelques pages, tantôt de quelques lignes. Au coeur d’un paysage naturel, il y a cette urgence à vivre !

Dans un style tout à fait inattendu, Véronique OVALDÉ s’invite dans cette rentrée littéraire de façon fracassante. Elle fait d'ailleurs partie des cinq finalistes pour le Grand Prix RTL/Lire 2019 !

L'écrivaine a cette capacité à pouvoir naviguer entre différents genres littéraires. N’est-ce pas là la preuve d’un immense talent ?

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

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Médée chérie de Yasmine CHAMI

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Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

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2019-02-05T07:00:00+01:00

Le Rituel des dunes de Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS

Publié par Tlivres
Le Rituel des dunes de Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS

Zulma
 

La plume de Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS, je ne la connaissais pas. Faute avouée à demi pardonnée, non ? Indiscutablement, c'est un formidable conteur.

Quelques mots de l'histoire, que dis-je, des histoires :

Roetgen, un brin déprimé, vient de terminer l'écriture d'un manuscrit pour partie inspiré de sa propre vie. Il a partagé son logement un temps avec Warren, un américain, homosexuel, enseignant à l’institut de langues de Tientsin. Et puis, il a côtoyé Beverly, une femme rejetée par ses parents de Détroit dans les années 1963/1964. Elle a sombré dans la grande pauvreté. Et puis, elle a connu une ascension sociale fulgurante. Elle aurait pu savourer le confort de sa nouvelle vie, mais non, elle a préféré abandonner cent millions de dollars pour tracer sa voie. Il y a Hugo aussi, un Allemand dont la mère est morte précocement et le père discret sur sa vie passée en Chine. C'est là-bas qu'il partira en quête de ses origines. Enfin, il y a Lafitte, un Canadien, la quarantaine, enseignant en mathématiques à Montréal. Il vit depuis cinq ans en Chine populaire. Son défi, passer une nuit dans un chaudron de la Cité Interdite.

"Le Rituel des dunes", c'est une histoire, imbriquée dans une autre histoire, elle-même enchâssée dans une énième et ainsi de suite. C'est un roman à tiroirs dans lequel Jean-Marie BLAS DE ROBLES dresse une galerie de portraits, tous aussi singuliers les uns que les autres. L'écrivain s'attache à en décrire minutieusement la psychologie :


Chacune de ces biographies était un sol jonché de cendres froides : où était le volcan, la source éruptive de ces traînées de lave ? P. 23-24

Il déroule le fil de l'existence de chacun et explore l'intime, le coeur des personnages.
J'ai particulièrement aimé celui d'Hugo qui va assouvir le besoin irrépressible de connaître le passé de son père. Mais plus que tout, c'est le personnage de Beverly qui illumine ce roman. Personnage fantasque, extravagant, excentrique, elle donne un côté moderne à un livre qui a été écrit par Jean-Marie BLAS DE ROBLES en 1980. C'est elle qui donne la clé de lecture de ce roman. Ce n'est pas moi qui le dit mais Laure LEROY, l'éditrice de Zulma que j'ai eue la chance de rencontrer samedi à Angers à la Librairie Richer. J'étais sortie de cette découverte, un brin frustrée, elle aura suffit par son propos à me libérer, à déverrouiller la porte qui m'empêchait d'apprécier pleinement la plume de l'auteur.

Parlons de l'écriture de Jean-Marie BLAS DE ROBLES justement ! Elle est charmante à l'envi et donne au roman ses lettres de noblesse. Je l'ai dit en introduction, c'est un conteur. Il va vous offrir un voyage, vous faire découvrir la Chine dans ses plus pures traditions. J'ai adoré le passage dédié à l'art chinois de la gravure sur ivoire de citations illisibles à l’œil nu, c'est un véritable condensé de minutie et de raffinement. J'en profite pour faire un petit clin d'oeil à Etienne qui propose actuellement un thé vert : "Secret de l'empereur", avouez que le mariage était bien trouvé !

Avec cette lecture, vous serez bercé(e) d'illusions. N'est-ce pas aussi ça la vocation de la littérature ?

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2019-02-04T21:57:47+01:00

Un graff de Seth

Publié par Tlivres
Un graff de Seth

Ma #lundioeuvredart est une fresque découverte dans le 13ème arrondissement il y a quelques années déjà mais que j'aime tout particulièrement.

Seth est un street-artiste qui met en scène des enfants, plutôt de dos, se laissant porter par le rêve d'un autre monde, coloré celui-là, une manière de dénoncer la grisaille, montrer l'envers du décor, nous inviter à un voyage à portée de main, enfantine, bercée par l'innocence et la candeur.

Je suis profondément sensible à la beauté de ses graffs et ne résiste par à les partager. Vous aimez ?

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2019-02-03T10:46:42+01:00

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

Publié par Tlivres
Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

Albin Michel

Delphine BERTHOLON, je ne vous la présente plus ! C'est l'auteure de l'indéfinissable "Coeur-Naufrage", énorme coup de coeur, de "Grâce" aussi, et puis "Les corps inutiles", ou encore "L'effet Larsen". 

Elle nous revient en cette rentrée littéraire de janvier avec un roman jeunesse, avouons que je n'ai pas boudé mon plaisir de rajeunir de quelques  ( dizaines d')années.

D'ailleurs, je crois que je pourrais tout lire d'elle. Delphine BERTHOLON écrit avec une plume remarquable. Dès les premières lignes, vous êtes pris à la gorge. Vous ne lâcherez prise que dans les toutes dernières lignes du roman, et là, je dois dire qu'il n'y a pas d'âge !

Quelques mots de l'histoire :

Malo a 15 ans quand son père, prof de guitare, obtient la mutation de sa vie, il intègre le Conservatoire de Nîmes. Toute la famille, Sophie, la nouvelle compagne de son père, Jeanne, sa petite soeur de 5 ans, quittent Paris. Ils emménagent dans une maison au milieu des bois, éloignée du village de quelques kilomètres. Alors Malo, pour s'occuper, prend son vélo et part à la découverte des lieux. Il tombe sur une ruine qui dès les premiers instants le captive. Il croit y voir une ombre, prend ses jambes à son coup et rentre à la maison, là où Jeanne commence à avoir des comportements étranges. Seul Malo semble en être perturbé. Bientôt l'angoisse commence à se faire une place dans le coeur de l'adolescent, ses nuits sont ponctuées d'insomnies aggravées le jour par l'immense solitude qui le tenaille, il est hanté par le fantôme de sa mère... Le jeune garçon est bien décidé à découvrir le secret qui l'obsède... à tout prix !

Delphine BERTHOLON nous livre un thriller fantastique tenu par une main de maître, l'énigme est entretenue tout au long du roman dans lequel règne une atmosphère mystérieuse. Le jeune garçon, particulièrement attentionné pour sa soeur, porte sur ses frêles épaules un fardeau parfois trop lourd, il devient hypersensible à son environnement.

Le journal intime marche à tous les coups. C'est effectivement par cette voie que l'écrivaine décide de dérouler le fil de la vie du jeune homme. Elle nous révèle une histoire familiale douloureuse qui ne manque, pas à l'adolescence, de resurgir dans toute sa puissance.

J'ai été bluffée une nouvelle fois par l'écriture de Delphine BERTHOLON, chapeau.

Et même si, à l'ouverture de chaque chapitre, quelque chose me rappelait qu'il s'agissait d'un roman jeunesse...

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

j'ai plongé et me suis délectée à suivre l'aventure du jeune homme. 

Un petit mot pour la première de couverture, juste magnifique et tellement évocatrice de ce qui vous attend... ce roman, vous pouvez le conseiller à tous !

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2019-02-03T10:34:54+01:00

Quand un mois laisse sa place à un autre...

Publié par Tlivres

Le mois de janvier a été riche de découvertes artistiques, littéraires... de belles rencontres aussi 🥰 

Retour en 🌁 et en 🎶 sur 31 jours formidables 😊 

Que février entre maintenant dans la danse 💃 

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2019-02-02T07:00:00+01:00

La nuit se lève d’Elisabeth QUIN

Publié par Tlivres
La nuit se lève d’Elisabeth QUIN

Grasset
 

Elisabeth QUIN, vous la connaissez peut-être, il s'agit de la présentatrice de l'émission "28 minutes" sur Arte.

Cette femme joyeuse, drôle, règne en chef d'orchestre sur une équipe décomplexée aux manières atypiques d'interviewer les invités. S'ils sont réunis autour d'une table, rien de plus banal, il y a une singularité de ton, empreint d'humour, de bienveillance, mais aussi d'espièglerie dans l'approche de l'humain. Alors, quoi de plus naturel que de s'intéresser, à notre tour, au destin d'Elisabeth QUIN ? Elle souffre depuis 2008 d’un glaucome, une hypertonie oculaire qui détruit lentement mais irréversiblement son nerf optique. C'est un legs de son père comme elle aime à le dire. Dans ce récit de vie, elle nous relate son combat de tous les jours, sa terreur du diagnostic, son besoin de simuler l'aveugle pour se préparer à sa cécité parce que "La nuit se lève", ses tentatives tous azimuts pour stopper l'évolution de la maladie (sa consommation boulimique de confiture de myrtille en référence à la légende des pilotes de la Royal Air Force qui auraient ainsi amélioré leur vision nocturne, ses pèlerinages à Notre Dame de Lisieux bien que non-croyante, ses consultations de l'ethnopsychiatre Tobie NATHAN...). Elle égratigne le monde médical, inhumain, froid, elle remercie les professionnels qui lui ont manifesté une attention particulière, chaleureuse, rassurante. Elle parle de sa  relation aux autres, ses proches, son compagnon, sa fille adoptive. Si elle nous confie l'objectif de son livre dans les toutes dernières pages, ironie du sort,  elle nous pose aussi cette question, à nous les personnes qui voyons encore : "Assumes-tu d’être un peu voyeur ?"

Je vais répondre tout de suite à la question de l'auteure. Ce récit de vie, de prime abord, a attiré mon attention parce que j'apprécie profondément la personnalité d'Elisabeth QUIN, ce qu'elle dégage dans ses émissions de bonne humeur et de chaleur humaine. Mais je ne suis pas une adepte de la presse people et ce qui m'intéressait beaucoup c'était sa façon à elle d'aborder la maladie, une certaine philosophie de vie, et là, j'avoue être pleinement conquise.

D'abord, Elisabeth QUIN n'a pas écrit ce récit pour que l'on s'apitoie sur son sort, ce n'est pas le genre. Elle profite au contraire de "La nuit se lève" pour donner quelques éléments statistiques méconnus du grand public. 1,7 million de personnes en France sont aujourd'hui atteintes d’un trouble de la vision, la proportion grandissant inlassablement au fur et à mesure de l'allongement de notre espérance de vie. Loin d'être un cas isolé, elle met au contraire le doigt sur un mal qui ronge notre société.
Elisabeth QUIN est érudite, c'est une intellectuelle, une femme cultivée qui va puiser dans ses connaissances historiques, littéraires, artistiques... pour traiter le sujet de sa maladie. Elle cite à l'infini des artistes, des auteurs, souffrant de la même pathologie, mais qui suscitent le beau comme la voie de l'épanouissement personnel.

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce récit de vie c'est l'humour implacable d'Elisabeth QUIN à l'image de cette citation :


Un arbitrage s’opère à la bourse des valeurs sensorielles : l’audition est en hausse, future valeur refuge, tandis que la vue plonge dans le rouge. P. 47

Vous vous surprendrez peut-être à rire en lisant les premières pages du livre où elle explique la guerre qu'elle mène contre une pilosité incroyablement développée, effet secondaire des traitements médicamenteux. Elle se présente comme une femme à barbe, une Mère Noël. 

C'est aussi sa manière de poser des questions éminemment philosophiques sur le sens de l'existence. La cécité à venir peut-elle le faire évoluer. Elle parle aussi du désir, sexuel. Est-ce que la vue suscite le désir ? Qu'en sera-t-il une fois la nuit levée ?

Et si nous devions faire nôtre du brin de sagesse qui guide les pas d'Elisabeth QUIN, je retiendrai personnellement cette phrase : 


Et se battre avec amour, un authentique amour de soi et de la vie. P. 42

Ce que j'aime plus que tout dans la littérature, c'est ce qu'elle offre comme champ des possibles, les romans par la fiction qu'ils entretiennent, les récits de vie par la réalité qu'ils véhiculent aussi. Je me dis que si un jour, moi ou mes proches, étions atteints d'une maladie semblable, j'aurais le réflexe de (re)lire ou faire lire "La nuit se lève" parce que le parcours d'Elisabeth QUIN est lumineux, il est plein d'espoir et montre à quel point, prendre de la distance peut permettre de conserver son insouciance. Le plume est fluide, émouvante, ponctuée de mille et une anecdotes donnant à voir la richesse de la vie.

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2019-02-01T07:00:00+01:00

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Publié par Tlivres
Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Actes Sud

La plume de Corinne ROYER, je ne la connaissais pas. Je me suis laissée guider par le conseil de Gaëlle NOHANT, auteure de la "Légende d'un dormeur éveillé" et j'ai très bien fait.

Ce roman, c'est l'histoire de deux femmes. Il y a Louisa. Son père, Nicolas Gorki est peintre. Il a épousé une soprano, Elena Paredes, partie un jour sans retour. Louisa prépare une thèse de doctorat sur la génétique. Elle étudie le syndrome de Down. Elle entretient une relation singulière avec son maître de thèse, un professeur en fauteuil roulant qui porte sur ses épaules un lourd fardeau. C'est lui qui la met sur la voie d'une autre femme, Marthe GAUTIER. En 2016, elle a 92 ans. Elle est surnommée la Découvreuse oubliée. Cette femme a mis en évidence le chromosome surnuméraire de la trisomie 21 en 1958. Elle a été élevée à Ocquerre dans la vallée de l’Ourcq. Elle habitait la Maison des trois cheminées. Sa soeur aînée, Paulette, suivait des études de médecine. Elle l'a aidée à tracer sa voie malheureusement, son mentor décède jeune d'une balle perdue. Elle passe l'année 1955 à Harvard dans le cadre d'une bourse d’étude. A son retour d’Amérique, elle est recrutée par le Professeur TURPIN de l’hôpital Trousseau. Elle est la première à créer un laboratoire de cultures cellulaires en  France. Sur le point de diffuser les résultats de ses recherches, elle se fait spolier sa découverte par un membre de l'équipe. 

Ce roman résonne comme une réparation. Corinne ROYER rend hommage à une chercheure bafouée par l'un de ses proches collègues. Nous étions en 1958, les femmes peinaient à se faire une place dans le monde scientifique. Quoi de plus naturel que de s'approprier le fruit du travail de celle qui sera, toute sa vie durant, considérée comme une contributrice. Marthe GAUTIER est victime de l'effet Matilda, ce déni ou cette minimisation du travail des femmes scientifiques. Inutile de vous dire que je n'ai pas décoléré de toute cette lecture. Comment supporter qu'une femme se voit ainsi dépossédée ? J'ai été profondément touchée par les textes écrits de Marthe GAUTIER elle-même dans son petit cahier gris et qui en dit long sur son amertume.


Autrefois je l’ai ressentie, cette mécanique implacable qui fait que l’on se sent dépossédé. P. 77

Je me suis laissée attendrir par l'itinéraire de Marthe GAUTIER, j'ai beaucoup aimé découvrir cette femme, passionnée de botanique, aquarelliste, qui se plaît à citer George SAND écrivant à Flaubert :


Je prends des bains de botanique, je me porte comme un charme. P. 37

Si la littérature d'aujourd'hui évoque souvent un retour difficile dans son village d'enfance, je pense notamment au roman de Caroline CAUGANT "Les heures solaires" ou encore celui de Gautier BATTISTELA "Ce que l'homme a cru voir", Marthe GAUTIER, elle, choisit, à la retraite, un retour aux sources pour soigner ses plaies.


Et ce qui m'importe à présent, et ce qui surtout me conforte dans la décision de retourner à Ocquerre, n'est rien d'autre qu'une manière de rendre la dépossession habitable, de conjoindre sous mes pas ses fragments épars, de marcher calmement dans la nuit, une horde de fantômes en haie d'honneur. P. 79

J'ai beaucoup aimé ce roman. Il y a les confessions de la vieille dame bien sûr, infiniment émouvantes, mais il y a aussi la qualité de la plume. Dès les premières lignes, j'ai été séduite par le côté poétique de l'écriture. Les métaphores sont autant de manières de sublimer le propos. 


Tout, des murs aux planchers, exsude ses humeurs tel un joyeux salpêtre aux efflorescences blanchâtres, un sel de pierres qui gagne chaque jour sa part de luminescence sur la noirceur du monde. P. 86

Corinne ROYER nous offre un roman intimiste qui mêle subtilement deux registres, la fiction incarnée par le personnage de Louisa, la réalité avec celui de Marthe GAUTIER. Il y a une certaine ingéniosité à enchevêtrer deux parcours de femmes, toutes les deux intervenant dans le domaine de la médecine, toutes les deux investies dans la recherche, mais vivant leur carrière à une cinquantaine d'années d'écart. Avec le portrait de Louisa, Corinne ROYER réussit à donner une touche de modernité à un livre qui pourrait presque être qualifié d'historique.

Elle assure la mémoire d'une Découvreuse tout en beauté, qu'elle en soit remerciée !

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