Romain GARY, je m'en souviens, je l'avais lu au collège mais il ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable.
Romain GARY, je m'en souviens aussi pour le tabac fait l'année dernière autour du 100ème anniversaire de sa naissance. Et pourtant, j'avais résisté à l'appel de toutes les rééditions de ces romans pour l'événement !
Il aura donc fallu que ma grande fille décide de se laisser séduire par ce classique et qu'elle soit interpellée par une femme, initiée semble-t-il, dans le métro parisien lui déclarant qu'elle avait beaucoup de chance de lire ce très beau livre, pour que je me décide enfin à le re-lire...
Et c'est un véritable coup de coeur, je dois bien l'avouer.
La promesse de l'aube est en réalité un récit autobiographique de l'écrivain qui commence à ses 13 ans. Il vit seul avec sa mère qui voue pour son fils un amour incommensurable. Elle est prête à tous les sacrifices pour lui permettre de manger, chaque midi, un bifteck. Ce plat est toute sa fierté. Fille d'un horloger juif de la steppe russe, mariée à 16 ans, divorcée, remariée, redivorcée, elle rivalise d'ingéniosité en affaires pour assurer leur survie à tous les 2. Elle rêve son fils artiste, d'abord violoniste, ensuite danseur.
Ses propres ambitions artistiques ne s'étaient jamais accomplies et elle comptait sur moi pour les réaliser. P. 27
Elle va le détourner de la peinture, pas assez bien pour lui.
La maladie frappera pourtant cet être prometteur et là, un voyage à destination de la France s'imposera. Leur installation à Nice sera un nouveau départ. Sa mère décrochera un marché immobilier inespéré qui lui assurera un travail. Romain fera des études de droit. Parallèlement, il mènera son apprentissage dans les services militaires, de quoi lui assurer des missions dans le cadre de la seconde guerre mondiale. Quand il rentrera, une surprise incroyable l'attendra !
C'est un très beau récit, je l'ai lu avec beaucoup d'enthousiasme. La vie de cet homme m'a émue. C'est une très belle re-découverte. En fait, je me pose vraiment la question de l'intérêt de proposer ce type de lecture à des pré-adolescents ou adolescents. Non pas, qu'ils ne soient pas capables de lire un tel récit mais je crois, comme l'indique son auteur, qu'avec le recul de la vie, les épreuves de cette classe d'âge prennent un sens tout particulier.
Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençais à comprendre. P. 38
Quand on est mère d'un grand garçon (aussi !), ce récit résonne tout particulièrement même si dans ce cas précis, il n'y a aucune "concurrence" de quiconque, ni mari, ni autre enfant... ce qui donne à ce parcours initiatique une certaine singularité.
Pour autant, je m'interroge. Une mère n'a peut-être pas toujours conscience des conséquences de son amour sur la construction de son fils justement...
Il n'est pas bon d'être tellement aimé si jeune, si tôt. ça vous donne de mauvaises habitudes. [...] Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. [...] Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cr, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. P. 38
J'ai été très sensible à la démarche artistique de Romain GARY depuis sa quête d'un pseudonyme jusqu'à l'écriture. Tout au long de ce récit, il décrit sa manière très personnelle d'appréhender la création littéraire et il en parle très bien...
Un artiste véritable ne se laisse pas vaincre par son matériau, il cherche à imposer son inspiration à la matière brute, essaye de donner au magma une forme, un sens, une expression. P. 366
Merci à ma grande fille pour cette très belle référence. Elle connaît bien sa mère !!!