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2022-04-30T06:00:00+02:00

Les confluents de Anne-Lise AVRIL

Publié par Tlivres
Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Après :

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

place au premier roman de Anne-Lise AVRIL "Les confluents" aux éditions Julliard, une invitation au voyage.

Jaya quitte son île indonésienne. Nous sommes en 2040. Il souffle un air d’apocalypse sur ce petit coin de paradis. Les tortues qui nageaient au pied des pilotis des maisons ont disparu. L’océan continue d’envahir les terres. La température est caniculaire. Jaya quitte aussi son frère, Aslam, qui, lui, continue d’avoir la foi en son territoire, sa planète. Il plante incessamment des palétuviers dans la mangrove. Liouba et Talal, eux, embarquaient, s’envolaient, quittaient leur terre pour le travail. Nous sommes en 2009. Elle est née à Moscou d’un père français, botaniste, et d’une mère de Sibérie, journaliste, tous deux récemment disparus. Elle, dans les pas de sa mère, se destine à l’écriture. Elle a choisi de parler d’un homme qui plante des arbres pour reconstituer une forêt native dans le désert. Elle voudrait faire rayonner la technique zaï venue du Sahel et qui permet aux végétaux de pousser grâce à l’action des termites. Lui vit à Berlin et parcourt le monde. Il est photographe. Un jour, ils se croisent, se parlent, c’est là que leur histoire commence… et que tous les destins vont se croiser !
 
Ce roman, c’est celui du mouvement, celui de la terre qui tourne sur elle-même, celui de la terre qui tourne autour du soleil. A l'image de cette forme de révolution, des êtres sont sur le départ. Ils quittent leur pays, par la voie de l’eau ou des airs, en quête d'une terre d'asile.


L’être humain a toujours été une espèce migratrice, mais ce mouvement s’accentue aujourd’hui au fil des changements climatiques, de la montée des eaux, des conflits croissants. P. 43

Il y a la menace des grands mouvements de populations, ceux guidés par le besoin irrépressible de sauver sa vie contre vents et marées, ce proverbe n'a jamais été aussi vrai. Il y a là un réflexe presque animal, un instinct de survie qui poussent les réfugiés climatiques à partir.

Si Anne-Lise AVRIL porte un regard désenchanté sur cette réalité, le compte à rebours de la destruction de l'environnement définitivement lancé, il n'en demeure pas moins qu'elle donne à voir le sursaut de certains hommes. Il y a urgence à agir, là contre la fin des espèces, là contre la disparition de la biodiversité. Quel plus bel acte de rébellion que celui d'Aslam. Avec ce personnage de fiction, l'autrice donne de l'espoir, celui de croire en un possible renouveau, une résurrection.

Ce roman, c’est aussi celui de rencontres, d’une certaine forme de fraternité…


Ils souriaient, liés par cette intimité qui ne peut se créer qu’en voyage, cette communion de deux êtres éloignés de chez eux, liés par l’illusion d’un présent éternel. P. 80

qui naît quand les êtres sont un brin vulnérables, fragilisés par une certaine forme de solitude, et qui trouvent là comme une évidence de se lier.
 
Outre les relations d'amitié qui peuvent trouver naissance là où on les imaginait perdues, il y a aussi d'autres sentiments qui peuvent voir le jour, des sentiments plus forts, des sentiments qui pourraient faire changer la trajectoire du monde.
 
Ce roman c’est celui du désir ardent, celui d’une passion amoureuse, celui de l’attirance des corps, celui des pulsions charnelles. 


A distance, ils avaient continué à s’envoyer des messages qui ne contenaient que des chansons. C’était leur façon de faire l’amour, au sens littéral de le créer, de le bâtir, de le consumer. P. 114

Il y a cette relation entretenue par des instants éphémères, aussi précieux qu’ils sont rares. Quelle plus belle image que celle de la retenue, à moins que ça ne soit simplement de la tenue !

Anne-Lise AVRIL nous livre un premier roman envoûtant dans un climat de fin du monde. Elle laisse une trace dans la littérature contemporaine de la jeune génération, celle qui a 20 ans en 2020, qui ne se fait plus aucune illusion sur l’avenir de l’humanité mais elle ne saurait se résigner pour autant à mourir. Il y a ici ou là des hommes et des femmes assez fous pour rêver encore, RESISTER.

Anne-Lise AVRIL nous livre un premier roman d'une très grande maîtrise où les métaphores riment avec la couleur des sentiments. Les mots sont tendres et déchirants, la plume rythmée par les événements, le propos militant.

Impossible de vous abandonner sans quelques notes de musique. Calogero, lui aussi, parle de "La Fin de la fin du monde".

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/04/la-fin-de-la-fin-du-monde-de-calogero.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/04/la-fin-de-la-fin-du-monde-de-calogero.html

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2022-04-28T22:38:24+02:00

Furies de Julie RUOCCO

Publié par Tlivres
Furies de Julie RUOCCO

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur une lecture conseillée par le Book club, mais aussi de la #selection2022 des 68 Premières fois et tout juste récompensée par le Prix Saint-Georges de la Librairie Gibier de Pithiviers. Toutes mes félicitations à Julie RUOCCO pour son #premierroman, "Furies", publié chez Actes Sud.

Bérénice est archéologue de formation. Elle part en mission. Elle a pris l’habitude de faire l’aller-retour. Elle recèle des antiquités. Mais arrivée à Kilis, une ville turque à la frontière avec la Syrie, au moment où elle doit choisir les bijoux qu’elle rapportera en France, une voiture explose. C’est un attentat suicide. Sonnée, elle s’enfuie avec le sac ensanglanté. Elle trouve refuge chez sa logeuse. Lors d’une sortie, près du grillage de la frontière, une mère lui confie son enfant. Une petite fille. Bérénice dont la vie est en danger assume cette nouvelle responsabilité. Elle doit rentrer en France avec elle mais pour ça, un passeport est nécessaire. Elle s’adresse à un homme qui fait de faux papiers. Il fait revivre tous ceux de son village, assassinés, en transmettant leurs noms à ceux qui cherchent encore à sauver leur vie. Avec lui et l’enfant, Bérénice va laisser s’étirer le temps, à la vie, à la mort.

Ce roman, c’est une claque, un roman puissant qui parle de la guerre. Alors que celle de l’Ukraine a envahi depuis un mois les médias, qu’elle détruit tout sur son passage, qu’elle pousse les femmes et les enfants hors des frontières, qu’elle garde en son sein des hommes condamnés à mourir… au nom de la démocratie, comment rester indifférent à la guerre en Syrie, une guerre civile engagée depuis 2011. Souvenez-vous, soufflait alors l’élan du Printemps arabe !

Julie RUOCCO revisite les événements à travers des personnages de fiction.

Il y a cette femme, Bérénice, cette étrangère qui se retrouve en terre inconnue, en guerre.

Et puis, il y a Asim, un homme né en Syrie. Il y avait sa famille, connaissait ses voisins, il les a tous vus mourir. Dans les ruines des bâtiments et la fosse commune, il continue à chercher ce qu’il y a encore de vivant. Mais autour de lui, tout n’est que décombre et désolation.

Julie RUOCCO fait de la guerre un objet littéraire, une tragédie. Dans un récit rythmé par les explosions, elle a cette capacité à faire émerger de la torpeur et l’hébétude des instants de grâce, des moments aussi précieux que fulgurants comme autant de ponts dressés entre les hommes que plus rien ne retient !

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2022-04-26T12:29:06+02:00

Une bête au Paradis de Céline COULON

Publié par Tlivres
Une bête au Paradis de Céline COULON
Cécile COULON, je l’ai découverte il y a très longtemps maintenant avec "Le roi n'a pas sommeil".
 
Et puis, il y a eu toutes ces années, sans, honte sur moi. Heureusement, le Bon club est là et Gwen me l’a tendu, tout droit, elle a très bien fait.
 
Le Paradis, c’est la ferme où vit la famille Émard. Il y a Émilienne, cette personne âgée de 80 ans, la patronne. Et puis, il y a Blanche, sa petite fille qui vit sa première expérience amoureuse avec Alexandre, un jeune garçon. Il y a Gabriel, le frère de Blanche. Il y a Louis aussi, lui, il est maltraité par son père. Émilienne l’a accueilli sur ses terres. Il est commis. Cette ferme porterait bien son nom s’il n’y avait eu le décès accidentel d’Etienne et Marianne, les parents de Blanche et Gabriel. Et puis aussi, le départ d’Alexandre pour aller faire ses études, abandonnant Blanche à son triste sort. Et Gabriel, dont le corps frêle ploie sous le poids de la douleur de l’absence de ses parents. Que d’être meurtris qui, bon an, mal an, se tuent aux tâches agricoles, les poules, les canards, les pintades, les cochons. Ils vouent leur vie à la terre, du lever au coucher du soleil. Mais cet équilibre ne saurait durer sans quelques bouleversements, là commence une nouvelle histoire.
 
Il y a le rapport à la terre qu’entretiennent les paysans et la valeur travail. Dans le genre, il y a bien sûr Serge JONCOUR qui excelle dans l'approche du monde agricole, ses valeurs, ses codes, ses rouages. Plus récemment, j'ai été happée par le destin de "La fille de la grêle" de Delphine SAUBABER.
 
Ce qui m'a frappée dans la prose de Céline COULON, c'est le rapport aux animaux, de ceux qui sont élevés pour nourrir les hommes dans un circuit court, depuis la production jusqu'à la consommation. Elle met ainsi le doigt sur le modèle économique mis en place avec une certaine autarcie dans la satisfaction des besoins physiologiques de la pyramide de Maslow, les besoins primaires des hommes et des femmes, manger, boire, dormir.
 
Dans les toutes premières lignes, l'autrice décrit le rituel de tuer le cochon, cet événement qui vient rythmer la vie des agriculteurs. Dans cette scène, j'ai été frappée par la présence du sang qui irrigue le corps et répond lui aussi aux besoins vitaux des êtres. Mais il y a aussi l'image des liens du sang. J'ai lu personnellement dans le propos de Céline COULON la filiation, le lien établi entre les générations dans la succession des exploitations. Pérenniser l'outil de travail devient une responsabilité qui incombe, presque naturellement, aux descendants. Là, Emilienne montre à quel point certains s'inscrivent dans une abnégation totale au profit de la ferme, la pierre et les terres.


Émilienne avait toujours été une vieille femme. Pas une vieille dame, une vieille femme. De celles qui continuent, sans relâche, à consolider leur petit empire, à la seule force de leur âme, qui est si grande, habitée de miracles et d’horreurs, si grande. P. 43

Comme une prédisposition des femmes au Paradis, c'est Blanche qui s'inscrit dans ses pas.
 
Et puis, il y a le parcours initiatique d’une jeune femme dont la transmission est assurée par la voie de la grand-maternité, deux portraits de femmes complexes, oscillant entre le courage, la force, et les fragilités.
 
Il y a encore la narration. Des verbes à l’infinitif pour marquer l’action et le rythme effréné du roman. Une tension exercée dès les premières pages. Un mystère incroyable est entretenu tout au long du livre avec la bombe qui explose, une déflagration aux milles éclats, le tout servi par une plume éminemment poétique.


Elle l’avait laissé dehors pour qu’il se vide de ses larmes, de sa colère, de ses coups, oubliant que larmes, colères et coups sont des fleurs qui poussent en toute saison, même dans des yeux secs, même dans des corps aimés, même dans des cœurs réparés. P. 83

L'écart si savamment entretenu tout au long du roman entre l'approche un brin rustique de la vie agricole et la délicatesse des mots employés ne fait que décupler les effets. Ce roman, je ne l’oublierais pas tellement le sujet est puissant, d’ordre sociétal mais impossible de vous en dire plus.

Ce roman, quelle claque ! Encore une puissante référence du Book club... vous vous souvenez des autres lectures bien sûr !

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

"Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de Paul LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2022-04-25T20:44:20+02:00

Farewell Waltz de Chopin par Silllda

Publié par Tlivres
https://www.instagram.com/silllllllllllll.da/

https://www.instagram.com/silllllllllllll.da/

En naviguant sur Instagram, il m'arrive de découvrir de jolis trésors. Le compte de Strike.art en regorge, je vous le conseille absolument.

Je vous propose aujourd'hui une oeuvre peinte par l'artiste Coréenne, Silllda, "La valse de l'adieu" de Chopin revisitée, c'est ma #lundioeuvredart. Le registre artistique de Silllda est tout à fait singulier, certains peuvent y voir des images d'horreur, j'y vois personnellement plutôt un regard original porté sur le monde. Les mariages réalisés sont tellement improbables. L'artiste se joue des codes et nous livre des oeuvres inoubliables.

Sur cette toile, une partition musicale et puis, les touches d'un piano dont certaines s'étirent pour prendre l'apparence de deux mains, blanches. Elles s'agrippent aux mains vertes, parées d'un vernis à ongle rouge, que l'on soupçonne être celles d'une pianiste.

Ce qui a retenu mon attention au premier regard, c'est la fantaisie de la situation, l'incongruité de la scène.

Et puis, en écoutant Sofiane PAMART au micro d'Augustin TRAPENARD mercredi 20 avril dernier, j'ai imaginé la complicité entretenue entre le musicien et son piano, cette relation passionnée qui jour après jour, au fil des apprentissages, prend corps.

Il y a encore le titre, tellement à propos, "La Valse de l'adieu". Il y a quelque chose dans cette étreinte des mains qui semble relever d'un cri d'au secours, un peu comme deux amoureux déchirés par une séparation à venir. 

Cette toile, je la trouve belle pour ce qu'elle représente d'humain et fraternel mais aussi pour ce qui pourrait être un dernier acte de résistance, vous ne trouvez pas ?

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2022-04-24T06:00:00+02:00

La Fin de la fin du monde de Calogero

Publié par Tlivres
La Fin de la fin du monde de Calogero

Calogero s'invite une nouvelle fois dans le bal des 68 Premières fois, cette fois avec le titre "La Fin de la fin du monde" pour accompagner un premier roman dont je vous dirai tout samedi prochain.

Après "Liberté chérie", j'ai trouvé dans "L'embellie", album sorti en 2009, ma #chansondudimanche.

Avec cette chanson, il y a les paroles et cette évocation du péril environnemental, du réchauffement climatique et de tous les dérèglements induits, il y a "La Fin de la fin du monde".

Et puis, il y a la pochette de l'album, deux êtres qui semblent seuls sur la Terre. Si le ciel est bleu, le paysage n'en paraît pas moins hostile.

Et encore, le rythme de la musique, du pop-rock. A l'écouter, j'ai envie de valser, tourner, tourner, m'enivrer... jusqu'à tomber.

Enfin, il y a la voix du chanteur, musicien, compositeur, interprète. Calogero est un immense artiste que j'apprécie profondément.

Allez, maintenant, assez parlé, musique ! 

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2022-04-23T06:00:00+02:00

Saint Jacques de Bénédicte BELPOIS

Publié par Tlivres
Saint Jacques de Bénédicte BELPOIS
Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Après :

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

place à "Saint Jacques", le second roman de Bénédicte BELPOIS aux éditions Gallimard.

Tout commence avec cet appel téléphonique. Françoise, la sœur cadette, ne pouvait être que porteuse d’une mauvaise nouvelle. « Maman est morte ». Il y a eu les funérailles et puis le passage chez le notaire. Là, un testament avec les dernières volontés, la répartition des biens. Françoise gardera l’appartement de Sète dans lequel elle vivait avec sa mère, Paloma, elle, aura la maison des Cévennes de Camille où elle pourra lire un cahier laissé à son attention.
 
Quel plaisir de retrouver la plume de Bénédicte BELPOIS découverte avec les 68 Premières fois il y a quelques années.
 
Le roman entretient le mystère tout au long de l’histoire. Cette maison de montagne regorge de secrets si bien gardés. Une nouvelle fois, j’ai été marquée par le souvenir des murs


Je pourrais dire que la maison a pris la parole en premier, qu’elle m’a raconté, ce matin-là, sa solitude insupportable, ses petits maux et ses grandes douleurs. Je l’ai écoutée gémir, subjuguée, interdite. P. 29

Bénédicte BELPOIS nous immerge dans une famille fracassée dès l’adolescence des filles. Il y a cette prédisposition à se voir confrontée aux blessures, à la douleur, à l’absence, un peu comme si la malédiction se transmettait de génération en génération, comme si les mères n’avaient que ce modeste baluchon à offrir à leurs filles. Le propos est foudroyant. Il y est question de sexualité, de maternité, de déni, d’abandon… mais aussi de fraternité, d’amour. Il y est évoqué la condition de femme, sa place aux côtés, avec et pour l’homme, l’être décliné au masculin.


Ce sont les hommes qui nous font femmes Paloma. Nous avons besoin d’amour pour croître, pour nous sentir merveilleuses, pour exister. P. 105

Il y a les interactions entretenues, l’équilibre et l’évolution des règles du jeu dans une société en mutation.
 
Ce roman c’est aussi une ode à la montagne, la beauté de la nature, sa capacité à reconstruire celles et ceux qui ont eu à vivre des tragédies. Il y a des descriptions sublimes du lever du soleil dans les Cévennes.


Ce n’était plus la grande conversation de la nuit, celle qu’elle s’autorise quand les hommes dorment, c’était le murmure sibyllin du matin, fait de mille chuchotements : feuilles qui frémissent, becs qui chantent, herbes qui dansent. P. 127

Il y a bien sûr les rats des villes et les rats des champs. Dans une prose parfaitement orchestrée, le roman présente une alternative à la vie à la mode citadine. Il y est question de la vraie vie, non pas que l’autre soit fausse, mais il s’agit d’une vie empreinte d’authenticité, une vie faite de tous ces petits gestes solidaires et bienveillants, de l'altruisme à l'état pur.


En silence c’était celui des gens de la terre où l’on sent mieux qu’on ne parle. P. 115

La plume est belle, les messages denses et puissants. J’ai aimé la force des sentiments qui porte des personnages à la vie complexe. C’est un beau plaidoyer en faveur de l’acceptation de l’autre, de ses différences comme autant de richesses à découvrir.

Je ne peux décemment pas vous laisser sans quelques notes de musiques, choisies par l'autrice s'il vous plaît...

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/04/cucurrucucu-paloma-de-caetano-veloso.html

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2022-04-21T20:49:02+02:00

Les envolés de Etienne KERN

Publié par Tlivres
Les envolés de Etienne KERN

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un premier roman parfaitement réussi : "Les envolés" de Etienne KERN aux éditions Gallimard.

Franz REICHELT est originaire de Prague. Son père le destinait à la relève de l’entreprise de cordonnier familiale, il choisira pourtant la mode. Ce destin le guidera jusqu’à Paris où, après quelques expériences professionnelles, il créera son atelier. Nous sommes dans les toutes premières années du XXeme siècle, les années folles, celles des inventions, des pionniers de l’aviation. L’homme rêve alors de voler… à ses risques et périls.
 
Dès les premières pages, je me suis laisser envoûter par la plume d’Etienne KERN, une plume éminemment romanesque qui décrit à l’envi le Paris de la création. Quelles plus jolies pages que celles dédiées à la Tour Eiffel ! Et puis, on y parle de couture, de mode, de tissus, de broderies, de chapeaux, rien n’est trop beau pour briller dans les salons.
 
La période est propice à la création, à l'innovation, à la jouissance. L'homme rêve de voler.
 
Le roman historique devient roman d’aventure quand il relate le destin d’hommes portés par la fougue de l’invention, celui des femmes souvent moins séduisant, veuves prématurément. Comme j’ai aimé découvrir la quête de Franz REICHELT, l’histoire vraie de cet homme à la démarche si humaniste de sauver ses compatriotes lors d’un vol hasardeux, ou totalement fou.

Et puis, il y a la narration, l’alternance de chapitres, ceux en lettres romaines pour relater l’histoire des pionniers de l’aviation, ceux en lettres italiques pour évoquer le destin d’une disparue de 33 ans, Muriel BASSOU. Le roman « Les envolés » lui rend hommage. Muriel BASSOU était écrivaine. Elle était l’autrice du livre « Devenir Stendhal, Amitié et formation littéraire » aux éditions Classiques Garnier.

La plume est belle, éminemment romantique, jubilatoire et euphorique. "Les envolés", c'est un magnifique roman. D'ailleurs, l'Académie ne s'y est pas trompée, il est en lice pour le Goncourt du Premier Roman. Souhaitons lui bonne chance !

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2022-04-19T06:58:08+02:00

Sidérations de Richard POWERS

Publié par Tlivres
Sidérations de Richard POWERS
 
Traduit de l’anglais par Serge CHAUVIN
 
Un roman fascinant, un énorme coup de coeur. Vous avez effectivement bien reconnu "Love" de Botero Pop, l'oeuvre d'art qui accompagne chacun de mes coups de coeur de l'année 2022. 
 
Tout commence avec cette escapade dans Les Appalaches, un séjour dans les Smoky Mountains d’un père, Théodore Byrne, astrobiologiste, avec son fils, Robin de 9 ans, dont on devine une hypersensibilité et des troubles du comportement qui lui valent des exclusions scolaires. Après une nuit à dormir à la belle étoile et s’émerveiller de la beauté de la Voie lactée, ils partent randonner, franchissent un col installent leur campement tout prêt d’un torrent. Ils se baignent et savourent l’extase des bains bouillonnants naturels, cette même expérience que lors du voyage de noces de Théo et Alyssa. Elle est décédée il y a 2 ans et hante leurs vies, jours et nuits. A leur retour, la situation de Robin s’aggrave encore à l’école, l’Etat risque de prendre de sanctionner le père qu’il soupçonne d’incompétence dans l’éducation de son enfant. C’est là qu’une nouvelle expérience commence.
 
Ce roman, c’est 398 pages d’une intensité foudroyante.
 
Il y a la monoparentalité déclinée au masculin, l’immense amour d’un père porté à son fils, l’attention de tous les jours avec cette éternelle question qui traverse l’ensemble du roman. Qu’est-ce qu’être un bon parent ? Il y a mes moments de doute, les prises de décision, et le sentiment de culpabilité devant l’échec.


Elles ont beaucoup en commun, l’astronomie et l’enfance. Toutes deux sont des odyssées à travers des immensités. Toutes deux en quête de faits hors de portée. P. 96

Et puis il y a le deuil, décliné en deux dimensions, celle d’un mari et celle d’un enfant. Tous deux entretiennent le souvenir d’une femme et d’une mère éblouissante, militante, aimée de tous. Ils sont en admiration devant cet être… parti trop tôt.
 
Il y a encore le rapport à la nature, des plus exaltants. Il y a des pages entières de descriptions sublimes.


Dans une clairière en forme de cuvette aux abords du chemin, surgissant du tapis de feuilles mortes, se dressait le champignon le plus ouvragé que j’aie jamais vu. Il se déployait en un hémisphère couleur crème plus gros que mes deux mains réunies. Un ruban cannelé et fongique ondoyait sur lui-même pour former une surface aussi alambiquée qu’une collerette élisabéthaine. P. 33

Mais rien ne saurait être d’actualité sans la mise en danger de l’environnement et de l’humanité condamnée à trouver une autre planète où s’installer. Il en va de sa survie. Mais encore faudrait-il que l’Homme s’assagisse…


Des morceaux de banquise se détachaient de l’Antarctique. Des chefs d’Etat éprouvaient les limites ultimes de la crédulité collective. Des petites guerres éclataient un peu partout. P. 39

Il y a aussi et surtout l’approche de la pathologie de Robin, la quête d’un traitement qui ne soit pas médicamenteux pour lui apporter la sérénité et le bien-être.


[…] il n’y avait pas un « Robin », pas de pèlerin unique dans cette procession de visages pour qu’il reste jamais le même que toute cette farandole kaléidoscopique, qui paradait dans l’espace et le temps, était en elle-même un chantier permanent. P. 159

Comme j’ai aimé l’apprentissage des neurosciences à travers le filtre de la typologie de Plutchik et les 8 émotions de base, un décryptage fascinant de la terreur, le chagrin, l’aversion, l’étonnement, la rage, la vigilance, l’admiration, et l’extase. Il y a encore le prometteur feedback décodé et tout ce qu’il permet d’espérer.
 
Ce roman est servi par une plume profondément émouvante. Richard POWERS nous livre un roman d’une richesse éblouissante sur les objets de « Sidérations ». Je salue la qualité de la traduction de Serge CHAUVIN.
 
Impossible de vous quitter sans cette citation dans laquelle vous vous reconnaîtrez toutes et tous, j’en suis persuadée :


Mon fils adorait la bibliothèque. […] Il adorait la bienveillance des rayonnages, leur cartographie du monde connu. Il adorait le buffet à volonté d’emprunt. Il adorait la chronique des prêts tamponnée sur la page de garde, ce registre des inconnus qui avaient emprunté le même livre avant lui. P. 114

Énorme coup de cœur, une nouvelle référence du Book club (merci Ingrid) dont je vous rappelle quelques lectures précédentes :

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

"Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2022-04-18T19:54:52+02:00

Le rêve lucide revisité par Johnson TSANG

Publié par Tlivres
Le rêve lucide revisité par Johnson TSANG

Il y a des oeuvres d'art qui vous interpellent au premier regard comme la sculpture en céramique de l'artiste Johnson TSANG, extraite d'une série intitulée "Lucid dream II". En Français, il s'agit du rêve lucide.

Si l'interprétation des rêves de Freud est relativement connue, je ne connaissais personnellement pas celle Frederik VAN AEDEN, un néerlandais qui, en 1913, a identifié sept types de rêves dont le rêve lucide. En réalité, le sujet daterait de l'Antiquité. Il s'agit d'un rêve au cours duquel le rêveur a conscience de rêver. Les sciences s'y sont intéressées, de même que la recherche psychologique.

Personnellement, cette sculpture où l'on découvre un visage, la bouche légèrement ouverte laissant apparaître quelques dents, les yeux fermés, en céramique blanche, une partie du craneest brisée et laisse apparaître l'intérieur de la tête représenté par des cloisons grises pour partie en ruines.

Cette oeuvre me fait immédiatement penser aux traumatismes que vivent actuellement les réfugiés ukrainiens, obligés de quitter leur maison, leur pays, leurs racines, tout ce qui constitue leur identité, au plus profond de leur chair et de leur esprit. Ils fuient un pays en guerre.

Passionnée d'urbanisme et d'architecture, j'ai toujours été fascinée par ce que les hommes laissent d'empreinte sur les murs de leurs logements et inversement. Il y a un lien très fort entre la construction, l'abri, le refuge, et ceux qui l'habitent, en font leur lieu de vie.

Et ce ne sont pas mes lectures qui me démentiront. Je pense tout particulièrement au dernier roman d'Anaïs LLOBET "Au café de la ville perdue" et encore celui de Gwenaëlle AUBRY "La Folie Elisa". Deux coups de coeur, vous comprenez pourquoi cette sculpture ne me laisse pas indifférente !

En fait, je crois que c’est le registre artistique tout entier de Johnson TSANG qui me fait vibrer. Je ne peux que vous inviter à visiter son site. Ses œuvres m’évoquent tout un tas de situations dans lesquelles elles pourraient devenir des illustrations. L’homme représente les émotions avec une infinie précision. Ses sculptures inspirent un immense bonheur, des moments de joie intense, mais aussi la tragédie, des moments d’une profonde tristesse. A découvrir absolument !

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2022-04-18T18:00:58+02:00

Cucurrucucu Paloma de Caetano VELOSO

Publié par Tlivres
Cucurrucucu Paloma de Caetano VELOSO

Ma #chansondudimanche s'inscrit dans le registre des musiques du monde.

Tout droit venu du Brésil, Cucurrucucu Paloma est un titre interprété par Caetano VELOSO, l'un des musiciens brésiliens les plus connus.

C'est une autrice de la #selection2022 des 68 Premières fois qui m'a mise sur la voie, vous en saurez plus samedi prochain.

Mais en attendant, quelques mots de cette chanson au rythme très lent qui traduit le mal d'amour à travers le chant d'une colombe en deuil. Le texte original est de Tomás MENDEZ, auteur-compositeur mexicain, et date de 1954. Il a connu ses heures de gloire avec une comédie musicale, puis un film, et enfin de nombreuses reprises.

Je vous laisse maintenant l'écouter...

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2022-04-16T06:00:00+02:00

Blizzard de Marie VINGTRAS

Publié par Tlivres

Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Après :

 

"Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

 

place à "Blizzard" de Marie VINGTRAS, un roman choral poignant.

 

Les premières lignes sont saisissantes...

 

 

Blizzard de Marie VINGTRAS


Je l'ai perdu. J'ai lâché sa main pour refaire mes lacets et je l'ai perdu.

Dès lors, tout peut arriver. Dans un climat hostile, deux êtres, dont on ne sait rien, qui, il y a encore une seconde, étaient solidaires dans leur destinée, se retrouvent seuls. Bess, une femme raconte son effroi, la culpabilité qui la tenaille déjà. Et puis, vient Benedict, un homme. Quand il découvre la maison ouverte et personne à l'intérieur, il s'inquiète, il peste. Lui sait que dans son pays, le simple fait de lâcher une main se fait au péril de la vie. Il est né là, en Alaska. Et encore, Freeman, un retraité noir. Et enfin, Cole. Dans la situation présente, il y a urgence à agir, à la vie à la mort.

Marie VINGTRAS nous livre un thriller psychologique haletant. Je peux bien l'avouer, une fois commencé, je n'ai pas pu le lâcher, moi !

Il y a d'abord les personnages qui un à un se saisissent d'une réalité et improvisent dans la prise de décision. L'autrice nous livre une galerie aussi mystérieuse qu'hétéroclite. Tous, dans leurs conditions, ne sont pas armés à égalité. Quand un homme ou une femme est exposé.e à des conditions climatiques extrêmes, il y a des choses à faire (ou ne pas faire), il y a des réflexes à adopter, mais encore faut-il les avoir appris, les maîtriser aussi.


C’est quelque chose qui ne s’invente pas, savoir survivre. P. 16

En parlant de personnages, il en est qui n'a pas de chapitres à son nom mais tout le titre du roman. Le "blizzard" transcende le roman. Il est celui qui confronte, celui qui épuise, celui qui rend fragile et vulnérable, celui qui donne du sens à la vie, celui qui teste les capacités à résister. Le phénomène météorologique joue avec la ténacité des êtres, il se lie aux paysages et les rend hostiles. 

Dans l'adversité, il y a des moments de désolation, de ceux que l'on redoute pour leur gravité, des moments que l'on sait fragiles, une seule seconde et tout peut basculer.


Il vaudrait mieux rester à cet instant précis, juste avant de savoir, lorsque l’on est encore dans l’ignorance, même si tout cela n’est qu’une illusion. P. 82

Comme j'ai aimé ce roman pour ce qu'il véhicule de puissance, pour ce qu'il génère chez les êtres humains qui imaginent la fin de leur vie imminente et ont cette envie irrésistible d'en dérouler le fil.

Comme j'ai aimé passer des moments d'intimité avec des personnages en introspection, seuls avec eux-mêmes, seuls confrontés à leur propre sort.

Comme j'ai aimé la narration, arriver à chaque fin de chapitre, court pour donner encore plus de vitalité au propos, et découvrir la petite phrase qui va encore faire monter d'un cran l'intensité.

Comme j'ai aimé la chute, prodigieuse. 

Comme j'ai aimé ce premier roman exceptionnel dans une plume presque cinématographique. Je crois que je vais garder très longtemps en mémoire les images que Marie VINGTRAS a fait naître dans mon esprit.

Pour rester dans le ton, je vous propose de danser maintenant...

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/04/blizzard-de-fauve.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/04/blizzard-de-fauve.html

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #jamaissansmon68 #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #blizzard #marievingtras

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2022-04-14T20:52:07+02:00

La décision de Karine TUIL

Publié par Tlivres
La décision de Karine TUIL

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur une lecture récente, "La décision" de Karine TUIL aux éditions Gallimard, un véritable uppercut.

Alma Revel, la narratrice, a 47 ans. Alma est née dans une famille aux origines communistes. Son père s'est notamment investi dans la guérilla vénézuélienne en 1968. Il a été incarcéré pendant 11 ans avant de mourir. Sa mère est partie pour le sud, elle s'est remariée et vit dans les montagnes du Valgaudemar. Alma est mariée avec Ezra Halevi, écrivain juif pratiquant, depuis 25 ans. Ils sont en procédure de divorce. Elle est mère de trois enfants, Milena, Marie et Elie (des jumeaux). Dans la vie professionnelle, elle est juge anti terroriste au Palais de Justice de Paris. Elle encadre 11 magistrats et coordonne l'action des policiers. Comme une philosophie, dans son bureau est affichée une phrase de Marie CURIE : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. » C'est ce qu'Alma s'attache à faire notamment quand elle reçoit dans son bureau des personnes emprisonnées de retour de Syrie dont elle va devoir décider, soit du maintien en prison, soit d'une libération sous contrôle judiciaire. Dans sa vie personnelle comme sa vie professionnelle, elle est à la croisée des chemins, pour le meilleur comme pour le pire !

Commence alors un roman haletant raconté à la première personne du singulier, ce qui renforce intensément le lien établi, par la voie de la lecture, avec cette femme en prise aux doutes.

Alma, je l'ai accompagnée dans sa vie quotidienne à un rythme effréné, largement inspiré d'histoires vraies. Elle est joignable sur son téléphone portable 24h sur 24h, 7j sur 7. 

Karine TUIL nous livre un roman poignant, tout en tension. La plume est nerveuse, le suspens à son comble, l'intrigue parfaitement maîtrisée jusqu'à cette chute... effroyable. Elle nous fait une nouvelle fois la  démonstration de son immense talent d'écrivaine. 

Vous aimerez peut-être aussi : "L'insouciance" dans la même veine. 

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2022-04-12T18:30:00+02:00

Le Maître de l'Océan de Diane DUCRET

Publié par Tlivres
Le Maître de l'Océan de Diane DUCRET

Editions Flammarion

Si les lectures de ces dernières semaines pouvaient être éprouvantes par la gravité des sujets, l'intensité des histoires, la nervosité des plumes, il en est une qui s'est invitée dans mon quotidien comme une parenthèse providentielle. "Le Maître de l'Océan" de Diane DUCRET est un conte philosophique.

Le narrateur est un jeune garçon né à Hubei en Chine. Sa mère, Yunhe, « nuages de paix », s'est vue imposée la tradition des pieds bandés pour permettre aux filles de séduire des hommes de la haute société et ainsi fuir les travaux de la terre. Yunhe vivra pourtant une toute autre destinée. Elle fera la rencontre d'un homme dans la forêt. De cette liaison, naîtra un bébé. Abandonnée par le père, Yunhe sera une fille mère, de ces femmes sur qui repose la vie toute entière de leur progéniture. Pourtant, sa vie à elle ne sera que de courte durée, elle décèdera effectivement quand l'adolescent aura 13 ans. Il deviendra un disciple du Temple d’Or de la montagne Sacrée de Wudang mais c'est sans compter son attirance irrépressible pour l'océan. Là commencera une toute nouvelle histoire...

Quel plaisir de retrouver la plume de Diane DUCRET après :

Les indésirables, un énorme coup de coeur
La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose,

et de découvrir qu'elle puisse s'inviter dans tous les registres littéraires avec talent.

Les contes philosophiques, je les aime pour les messages qu'ils véhiculent, l'occasion d'un petit clin d'oeil à "L'homme qui n'aimait plus les chats" d'Isabelle AUPY, découvert avec les 68 Premières fois.

Là, à travers le parcours initiatique d'une adolescent, l'écrivaine donne à voir la capacité de chacun à prendre son destin à bras le corps, repousser les limites, s'ouvrir au monde.

Le jeune homme est en quête de l'océan, cet élément naturel fantasmé qu'il se fixe comme objectif d'atteindre. Il va ainsi naviguer sur le fleuve Yang Tsé, atteindre Shanghai, monter à bord d'un navire à destination de la Mer Méditerranée pour arriver en France.

Le chemin est semé de belles rencontres. Cette fable, c'est aussi le moyen de se réconcilier avec l'Homme. En pleine Guerre d'Ukraine, qu'il est bon d'imaginer encore pouvoir compter sur de belles âmes.

Mais là où Diane DUCRET excelle, c'est dans le rapport à l'eau, le flux et le reflux, les vagues. Comme j'ai aimé ces passages où l'écrivaine décrit l'apprentissage de l'océan par un adolescent qui a encore tout à apprendre, y compris dans sa confrontation avec Dame Nature. 


Le seul endroit encore insondé , que les hommes n’ont pas délimité, enfermé, mesuré et possédé est l’océan. Lui seul leur donne le sentiment d’infini et d’éternité nécessaire à la foi. […] La foi nous pousse à croire en ce que l’on ne voit pas, ce que ni nos sens ni notre esprit ne peuvent embrasser et contenir. P. 191

La métaphore était trop belle avec le coeur de ce récit, la découverte de soi.

Dans une prose un brin mystique traversée par la sagesse maoïste, Diane DUCRET nous fait réfléchir sur notre rapport u monde, notre relation singulière aux autres, la force et la puissance qui en découlent.
 


Il existe pour un homme deux types de silence. Le silence noble et le silence craintif. Le premier marque la maîtrise de ses pulsions et de ses émotions, la tempérance. Le second est la marque d’une inhibition, d’une peur du jugement. Le premier a la force d’un éléphant, le second a celle du rat. P. 58

La plume est éminemment poétique, tendre et délicate. 

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2022-04-11T20:29:29+02:00

Qui m'aime me suive de Kathlyn SWEENY

Publié par Tlivres
Qui m'aime me suive de Kathlyn SWEENY

Il y a des moments où on a besoin, plus que d'autres, de s'évader, prendre de la hauteur, s'offrir d'autres horizons. Aujourd'hui fait partie de ceux-là.

J'ai trouvé, sur Kazoart, chaussure à mon pied dans les créations de Kathlyn SWEENY, une artiste qui affectionne le travail du bronze. Je vous avais proposé "Joie" il y a quelques temps déjà.

Médecin pendant une trentaine d'années, elle excelle dans l'approche du corps. Elle réalise beaucoup de nus qu'elle décline toujours en mouvement.

L'acrobate en tenue d'artiste sur son monocycle semble prendre le large, c'est une invitation à quitter le bas monde, une manière de fuir la cacophonie ambiante.

Et puis, il y a le titre de la sculpture. "Qui m'aime me suive", c'est ma #lundioeuvredart. Avouons que pour celles et ceux qui rêvent d'un ailleurs, se laisser porter par un élan d'amour a quelque chose de tout à fait séduisant, n'est-ce pas ?

J'aime cette manière, très élégante et fantaisiste, qu'a Kathlyn SWEENY de nous proposer un autre possible...

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2022-04-10T17:25:43+02:00

Blizzard de Fauve

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Blizzard de Fauve

Le bal des 68 se poursuit.

 

Après 

"Jolene" de Dolly PARTON pour "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Fear of the dark" d'Iron Maiden pour "Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Civil War" de Guns N'Roses pour "Furies" de Julie RIOCCO,

 "Sublime et silence" de Julien DORE pour « Ubasute » d’Isabel GUTIERREZ,

"Voler de nuit" de Calogero pour "Les envolés" d'Etienne KERN,

 

place aujourd'hui à quelques notes de rock acoustique avec "Blizzard" de Fauve  , un groupe d'artistes français lancé dans les années 2013, devenu depuis Magenta.

 

C'est avec "Blizzard", ma #chansondudimanche, que les artistes rencontrent un véritable succès.

 

Leurs textes sont porteurs d'espoir. J'aime cette distinction , qui représente leur approche de l'humain, chacun dans sa singularité, tous dans leurs différences.

 

Et puis "Blizzard", je ne vais pas pouvoir bien longtemps me cacher derrière mon petit doigt, c'est aussi le titre d'un livre, le premier roman de Marie VINGTRAS. Je vous le présenterai samedi prochain mais en attendant, juste vous dire que j'ai trouvé dans les textes quelques résonnances. Je ne vous en dis pas plus.

 

Maintenant, musique !

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2022-04-09T06:00:00+02:00

Les envolés de Étienne KERN

Publié par Tlivres
Les envolés de Étienne KERN

Editions Gallimard

Nouvelle lecture des 68 Premières fois, un roman historique éblouissant
 
Franz REICHELT est originaire de Prague. Son père le destinait à la relève de l’entreprise de cordonnier familiale, il choisira pourtant la mode. Ce destin le guidera jusqu’à Paris où, après quelques expériences professionnelles, il créera son atelier. Nous sommes dans les toutes premières années du XXeme siècle, les années folles, celles des inventions, des pionniers de l’aviation. L’homme rêve alors de voler… à ses risques et périls.
 
Dès les premières pages, je me suis laisser envoûter par la plume d’Etienne KERN, une plume éminemment romanesque qui décrit à l’envi le Paris de la création. Quelles plus jolies pages que celles dédiées à la Tour Eiffel ! Et puis, on y parle de couture, de mode, de tissus, de broderies, de chapeaux, rien n’est trop beau pour briller dans les salons.
 
Et puis, il y a le mystère de cette robe exposée dont l’origine sera progressivement dévoilée, de quoi aiguiser la curiosité et donner le ton de la prose.
 
Le roman historique devient roman d’aventure quand il relate le destin d’hommes portés par la fougue de l’invention, celui des femmes souvent moins séduisant, veuves prématurément. Comme j’ai aimé découvrir la quête de Franz REICHELT, l’histoire vraie de cet homme à la démarche si humaniste de sauver ses compatriotes lors d’un vol hasardeux, ou totalement fou.


Cette vérité si troublante : l’expérience du vertige n’est pas la peur de tomber mais le désir de sauter. P. 59

Les instants de vol, de lâcher prise, deviennent à s’y méprendre les affres folle de la passion amoureuse, des moments d'ivresse.


Et en pensant à elle, il revivait l’instant, cet abandon total, ce moment à nul autre pareil durant lequel il s’était senti à mi-chemin du ciel et de la terre. P. 92

Et puis, il y a la narration, l’alternance de chapitres, ceux en lettres romaines pour relater l’histoire des pionniers de l’aviation, ceux en lettres italiques pour évoquer le destin d’une disparue de 33 ans, Muriel BASSOU. Le roman « Les envolés » lui rend hommage. Muriel BASSOU était écrivaine. Elle était l’autrice du livre « Devenir Stendhal, Amitié et formation littéraire » aux éditions Classiques Garnier.

La plume est belle, éminemment romantique, jubilatoire et euphorique. "Les envolés", c'est un magnifique roman. D'ailleurs, l'Académie ne s'y est pas trompée, il est en lice pour le Goncourt du Premier Roman. Souhaitons lui bonne chance !

Je ne peux décemment pas vous quitter sans quelques notes de musique sans quoi le bal ne serait pas un bal. Vous prendrez bien quelques notes de pop rock...

http://tlivrestarts.over-blog.com/voler-de-nuit.html

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#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #jamaissansmon68 #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #lesenvoles #etiennekern

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2022-04-08T06:00:00+02:00

La décision de Karine TUIL

Publié par Tlivres
La décision de Karine TUIL

Karine TUIL nous revient dans cette rentrée littéraire de janvier 2022 avec "La décision", un roman vertigineux publié aux éditions GALLIMARD.

Je me souvenais de l'uppercut de "L'insouciance", ce gros pavé découvert avec l'équipe de PriceMinister Rakuten dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire. Je m'en souviens comme à la première heure, c'est dire si l'histoire comme la plume m'avaient scotchée.

Et puis, il y a eu les Entretiens Littéraires organisés à la Collégiale Saint-Martin d'Angers par le Département de Maine-et-Loire, et cette rencontre dédicace avec l'autrice, un moment inoubliable avec une femme d'une profonde humilité.

J'ai rechuté. Bien m'en a pris. Ce roman, c'est un tour de force, un thriller psychologique de haute volée.

Alma Revel, la narratrice, a 47 ans. Alma est née dans une famille aux origines communistes. Son père s'est notamment investi dans la guérilla vénézuélienne en 1968. Il a été incarcéré pendant 11 ans avant de mourir. Sa mère est partie pour le sud, elle s'est remariée et vit dans les montagnes du Valgaudemar. Alma est mariée avec Ezra Halevi, écrivain juif pratiquant, depuis 25 ans. Ils sont en procédure de divorce. Elle est mère de trois enfants, Milena, Marie et Elie (des jumeaux). Dans la vie professionnelle, elle est juge anti terroriste au Palais de Justice de Paris. Elle encadre 11 magistrats et coordonne l'action des policiers. Comme une philosophie, dans son bureau est affichée une phrase de Marie CURIE : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. » C'est ce qu'Alma s'attache à faire notamment quand elle reçoit dans son bureau des personnes emprisonnées de retour de Syrie dont elle va devoir décider, soit du maintien en prison, soit d'une libération sous contrôle judiciaire. Dans sa vie personnelle comme sa vie professionnelle, elle est à la croisée des chemins, pour le meilleur comme pour le pire !

Commence alors un roman haletant raconté à la première personne du singulier, ce qui renforce intensément le lien établi, par la voie de la lecture, avec cette femme en prise aux doutes.

Alma, je l'ai accompagnée dans sa vie quotidienne à un rythme effréné, largement inspiré d'histoires vraies. Elle est joignable sur son téléphone portable 24h sur 24h, 7j sur 7. Elle ne se déconnecte jamais des réalités professionnelles à la portée nationale, voire pire encore. Tout ce qu'elle décide, comme le sort d'Abdeljalil Kacem, peut être lourd de conséquences. Au-delà de la justice, ses décisions sont à coloration idéologique, elles révèlent une adhésion à certaines valeurs.


Juger est aussi un acte politique. P. 25

Le procédé narratif est ingénieux. Karine TUIL alterne les chapitres avec les interrogatoires du jeune homme. Peut-il gagner sa confiance ? A-t-il le droit à une deuxième chance ? J'ai vécu les séances de confrontation la peur au ventre. 


Souvent, j’ai eu peur ; mais au bout d’un certain temps, la peur, on finit par la dominer. P. 23

Ce roman, c’est une prise de conscience du poids qui pèse sur les épaules d’individus en prise directe avec la menace djihadiste en France et qui veillent incessamment sur notre sécurité.

Alma a accédé à un poste des plus hautes responsabilités, c’est une femme aussi, tiraillée entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Entre les deux s’exercent des jeux de pouvoir. Alma le sait, les relations qu'elle entretient avec un avocat pénaliste très médiatisé risquent de la fragiliser. Quand lui joue la carte de la défense...


Plaider c’est convaincre et, pour convaincre il faut être éloquent, c’est-à-dire plaire et émouvoir. P. 94

elle se surexpose. Karine TUIL l'avait évoqué lors de sa venue à Angers, elle aime particulièrement explorer les moments de fracture, de perte de contrôle. Alma, c'est un personnage de fiction que la passion amoureuse rend vulnérable. Il y a la femme publique, il y a la femme de l'intimité, deux faces d'un être pluriel que l’on ne saurait juger, encore moins condamner.

Et puis, il y a le rapport à la religion. J'ai beaucoup aimé le fil savamment tissé autour de la judéité, la transmission entre les générations par la voie des mères, le sursaut de la foi à des moments que nul ne peut anticiper, les ressentiments avec les musulmans...

Karine TUIL nous livre un roman poignant, tout en tension. La plume est nerveuse, le suspens à son comble, l'intrigue parfaitement maîtrisée jusqu'à cette chute... effroyable. Elle nous fait une nouvelle fois la  démonstration de son immense talent d'écrivaine. Chapeau !

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2022-04-07T06:00:00+02:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un coup de coeur de la #selection2022 des 68 Premières fois : "Ubasute" d'Isabel GUTIERREZ aux éditions La Fosse aux ours.

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

Il y a tout un tas de manières d’imaginer sa fin de vie.

Aux Etats-Unis, les gens font appel à une doula, cette personne qui va tout prendre en charge, se substituant aux enfants souvent occupés à vivre leur vie, loin, comme l'évoque si tendrement Jodi PICOULT dans son dernier roman, "Le Livre des deux chemins". Cette pratique arrive depuis peu en France.

Au Japon, il y aurait une tradition, l'ubasute, qui consisterait à demander à quelqu’un de nous porter sur son dos pour l'ascension d’une montagne, là où l’on rendrait notre dernier souffle.

C'est dans cette pratique, ou légende, qu'Isabel GUTIERREZ puise l'inspiration de son premier roman.

S’il est question de faire de la mort son alliée, ce roman n’en est pas moins profondément lumineux. Le portrait de femme de Marie est fascinant. En attendant le grand jour, Marie revisite sa vie et, dans une narration qui alterne la première et la troisième personnes du singulier, elle nous livre ses confidences. Outre cette décision, tellement courageuse, du choix du moment et des modalités de sa fin de vie, elle est en quête d’une paix intérieure, une libération, une certaine forme de pardon.

Ce roman, c’est une ode à la vie. La prose est tendre et délicate, les mots sont beaux. « Ubasute », c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir. Ce roman je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

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2022-04-06T06:00:00+02:00

En corps avec Marion BARBEAU réalisé par Cédric KLAPISCH et Santiago AMIGORENA

Publié par Tlivres
En corps avec Marion BARBEAU réalisé par Cédric KLAPISCH et Santiago AMIGORENA

Coup de coeur pour ce film, "En corps" !

Avec les livres, si vous lisez la quatrième de couverture, c'est une partie du charme de l'histoire qui s'envole.

Avec les films, c'est un peu la même chose. Si vous parcourez le synopsis avant de réserver votre place, vous risquez fort de passer à côté de la substantifique moëlle du spectacle. C'est clairement le cas avec "En corps". Un conseil, lisez-moi !

Elise est une jeune femme de 26 ans. Elle est danseuse classique et se blesse lors d'un ballet. Cette blessure est la troisième sur sa cheville. A minima, une période de repos de trois mois lui est prescrite avec le risque d'une opération chirurgicale et de deux ans d'arrêt total de toute activité sportive. A 26 ans, Elise a la vie devant elle mais c'est sans compter sur une carrière courte des danseurs étoile. Elle traverse un moment stratégique de sa carrière professionnelle qui fait rejaillir les blessures de sa vie personnelle. L'opportunité d'un départ pour la Bretagne pourrait être la chance de sa vie...

Le corps, c'est le personnage principal du film.

Il est magnifiquement incarné par Marion BARBEAU dont c'est le premier film. Dans la vraie vie, elle est première danseuse du Ballet de l'Opéra de Paris. Avec "En corps", elle navigue entre fiction et réalité, entre cinéma et ballet, entre 7ème et 6ème art et ça lui va à merveille.

Marion Barbeau, première danseuse de l'Opéra de Paris et actrice principale du nouveau film de Cédric Klapisch. (© Emmanuelle Jacobson Roques)

Marion Barbeau, première danseuse de l'Opéra de Paris et actrice principale du nouveau film de Cédric Klapisch. (© Emmanuelle Jacobson Roques)

Avec ce film, vous allez vous immerger dans le monde de la danse, spectacle vivant par excellence, et la diversité de ses registres. Il y a la danse classique, il y a aussi la danse contemporaine, les deux sont régis par des codes, des canons, les deux forment un tout avec les notes de musique qui les accompagnent, les rythmes, les tonalités. 

Les danseurs sont des artistes. Leur corps devient le siège de l'expression. Ses déplacements dans l'espace, ses mouvements, sa gestuelle, seul ou en groupe, il est savamment orchestré pour devenir émouvant et esthétique. 

"En corps" de Cédric Klapisch (2022). (Emmanuelle Jacobson-Roques – CQMM)

"En corps" de Cédric Klapisch (2022). (Emmanuelle Jacobson-Roques – CQMM)

Les danseurs, ce sont aussi des athlètes de haut niveau, des sportifs qui exploitent les capacités de leur corps, la résistance de leurs muscles, leur force physique, leur énergie, leur potentiel cardiaque... aux fins d'une performance, la révélation. Leur corps, c'est leur outil de travail. Il nécessite d'entraînements physiques assidus pour tendre vers l'exploit. Alors, quand il se blesse, c'est un peu comme une machine cassée, sauf que chez les hommes, c'est toute leur identité sociale qui s'écroule. 

Cédric KLAPISCH excelle dans la réalisation des images, quelques plans larges comme celui de tous ces danseurs en bord de mer, en lutte contre les éléments, en proie au souffle du vent, les pieds bien ancrés dans le sol, au sommet de la Terre dont il est impossible, alors, de soupçonner qu'elle ne soit ronde !

Il y a ces images tournées au 104, un lieu dans lequel je vais systématiquement flâner à chaque passage sur Paris. Une formidable ambiance !

Cédric KAPLISCH nous émerveille aussi et surtout avec des gros plans. Tantôt sur cette cheville blessée, ce pied dont on mesure toutes les articulations dans les mouvements de rééducation, tantôt sur les visages. Comme j'ai aimé m'approcher tout près de ceux de Marion BARBEAU, Souheila YACOUB, Muriel ROBIN, Denis PODALYDES, Mehdi BAKI... j'aurais presque pu les embrasser !

 Ce film, Cédric KLAPISCH le réalise avec Santiago AMIGORENA avec qui il collabore dans le cinéma depuis 2006. Perso, je le connaissais pour ses livres, notamment "Le ghetto intérieur". 

Tous deux nous offrent un film sublime, un hymne à la danse émouvant et lumineux, des images d’une ivresse intense, d’une profonde allégresse, d’une joie communicative, d’une immense beauté avec le clou du spectacle dans les dernières scènes, une fin juste prodigieuse . Je l'ai aimé... à la folie.

Si je n'ai pas réussi à vous convaincre d'y courir, à défaut de lire le synopsis, vous pouvez toujours regarder la bande annonce !!!

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2022-04-04T19:40:25+02:00

Le corps des femmes et l'Eglise selon Elena (María OSPINA)

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Le corps des femmes et l'Eglise selon Elena (María OSPINA)

Si l'exposition Cartooning for women qui était installée sur les grilles du Musée Pincé et du Jardin des Plantes d'Angers vient d'être démontée, il est un dessin de presse que je souhaitais déconnecter de l'égalité femmes hommes, le débat est ailleurs me semble-t-il.

Elena est une artiste internationale. Peintre, illustratrice, dessinatrice de presse, elle oeuvre notamment au sein du Collectif Cartooning for Peace.

Sur cette création, Elena représente une partie des organes génitaux féminins, l'utérus, les trompes de Fallope, les ovaires. En leur sommet, se trouve un édifice religieux que l'on reconnaît à sa forme architecturale et ses croix.

L'artiste évoque ainsi le poids de la religion dans la vie des femmes, dans ce qu'elles ont de plus intime. 

Si les femmes françaises ont acquis le droit de disposer de leur corps avec la loi Veil dépénalisant l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) le 17 janvier 1975, il est un pouvoir suprême qui s'impose encore à de nombreuses d'entre elles, celui de l'Eglise, farouchement opposée à l'avortement.

Ce dessin c'est aussi l'occasion de montrer que toutes les femmes ne sont pas à égalité dans le monde. Elena est d'origine colombienne. Dans son pays, la quasi totalité de la population est catholique. Ce n'est qu'en février 2022, c'est-à-dire en tout début de cette année, que ces concitoyennes ont obtenu le droit d'avorter pour n'importe quel motif. Préalablement, il était réservé pour des cas très particuliers (viol, mise en danger de la vie de la mère, malformation du foetus). 

Manifestantes pour le droit à l’avortement devant la Cour constitutionnelle colombienne, à Bogota, le 21 février 2022. FERNANDO VERGARA / AP

Manifestantes pour le droit à l’avortement devant la Cour constitutionnelle colombienne, à Bogota, le 21 février 2022. FERNANDO VERGARA / AP

Ce dessin, que j'imagine avoir été réalisé il y a quelques temps déjà, prend une dimension militante.  Elena, avec ses armes, s'engageait ainsi dans le débat public.

Je suis de plus en plus admirative du travail des illustrateur.rice.s qui ont ce talent fou de faire, avec quelques coups de crayon, la synthèse d'un sujet. Elena fait partie de ces artistes-là. Son dessin de presse est ma #lundioeuvredart.

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