Parce qu'il est des livres qui sont de vrais bijoux, et quand ils vous sont offerts par ceux qui vous aiment le plus au monde, ils deviennent on ne peut plus précieux !
Ma #vendredilecture fait partie de ceux-là.
Peut-être connaissez-vous "Le Sel de la vie" de Françoise HERITIER, cette femme que j'avais honorée dans le cadre de l'opération #marsaufeminin.
Françoise HERITIER s'est éteinte en novembre 2017. Elle est pour moi une voix que j'aime écouter inlassablement. Je vous conseille tout particulièrement l'interview d'Augustin TRAPENARD réalisée quelques semaines avant sa disparition. Elle est la voix d'une femme qui aimait la vie, d'une femme qui souriait à la vie.
De la à écrire "Le Sel de la vie", il n'y avait qu'un pas que cette grande Dame de l'anthropologie a aisément franchi.
Ce livre, c'est une compilation de listes de mille et un petits plaisirs savourés au fil du temps. Tout a commencé avec la réponse à une lettre d'un ami, et puis, elle s'est prise au jeu !
Ce livre, c'est un peu comme un arrêt sur image, une introspection de Françoise HERITIER. Elle disait elle-même que c'était une "fantaisie".
Plus que ça, ce livre est une philosophie de la vie, une sage philosophie. Lire ses plaisirs à elle nous permet de nous interroger sur les nôtres, les mesurer, s'en délecter. Mais le sel, c'est aussi tous les petits cailloux dans la chaussure, toutes ces petites choses qui nous agacent au quotidien, qui nous font pester, qui réussiraient presque à nous mettre en colère. Franchement, sous la plume de Françoise HERITIER, s'ils existent bien, ils deviennent de pures bagatelles. Si ça ce n'est pas du plaisir !
Personnellement, ce petit livre très court, je crois que je vais m'y replonger régulièrement.
Quant à la première de couverture, elle est juste magnifique. Les Editions Odile Jacob ont soigné ce petit bijou jusque dans le papier gaufré et le design singulier. J'adore.
Ma #lundioeuvredart, c’est Le Petit Prince revisité par Botero Pop, cet artiste angevin que j’ai eu la chance d’interviewer la semaine dernière.
Pour faire connaissance avec son univers, retrouvez l’entretien.
Si vous êtes sur Angers ou les environs, rendez-vous à La Galerie Arte Veritas. Vous pourrez y découvrir plus de 400 spécimens, tous plus originaux les uns que les autres et surtout, tous des Ambassadeurs de la Pop Culture !
Botero Pop, bonjour, merci de m'accorder un peu de ton temps précieux en pleine exposition à la Galerie In Arte Veritas d'Angers.
Botero Pop, c'est bien ton nom, n'est-ce pas ?
C'est tout à fait ça. Pendant les cours, au lycée, je m'ennuyais, un peu, comme beaucoup, je dessinais dans les marges de mes cahiers. J'avais inventé un petit personnage comme celui-là mais dont le chapeau ressemblait plus à un sombrero, le corps était un poncho, il avait un côté très sud-américain. J'aimais par ailleurs beaucoup Fernando Botero, et donc, je l'avais nommé "Botero". Il avait des bras et des jambes tout fins, il se distinguait donc très nettement des personnages du grand Fernando Botero. 20 ans après, quand j'ai repris le dessin, j'ai gardé "Botero" et j'ai ajouté "Pop", un univers culturel qui me passionne de longue date.
Et tes personnages, comment s'appellent-ils ?
Des "Botero Pop" ! Même si je me rends compte, à l'usage, que les gens les appellent "Botero".
Alors, depuis vos années de lycée, que s'est-il passé ?
Quand les études sont devenues un peu plus complexes, je m'embêtais moins. J'ai abandonné mes dessins, je n'avais plus le temps de m'y consacrer. Et puis, un soir, lors d'une discussion avec une amie, on évoque nos dessins respectifs. Je prends un crayon et je me remets à en dessiner un. Cette copine le trouve très rigolo et très intéressant. Elle a l'idée d'en faire une bande dessinée. Pourquoi pas ? Je commence à le redessiner plusieurs fois mais je me rends compte qu'il est très statique. Pour l'animer dans une BD, ça relevait de l'impossible. Je me force un peu, parce que je suis un peu entêté ! Je lui mets un foulard rouge sur les yeux (enfin, là où habituellement sont les yeux !), et là, il ressemble à Raphaël des Tortues Ninja. Je me dis, tiens, c'est rigolo. J'en reprends un deuxième et je lui fais l'éclair de Ziggy Stardust. Je me rends compte que, quand je lui rajoute un accessoire, on devine tout de suite qui c'est. J'en enchaîne une dizaine. J'ouvre un compte Instagram, le 21 janvier 2019, pour me marrer, j'ai des "Like". Je trouve ça drôle. Je continue pour voir si c'est le fait du hasard. Je prends la décision, bienheureuse au final, d'en publier un par jour. J'en avais 10 sous le coude, je me suis dit, ça va être facile mais, derrière l'apparente simplicité, Botero Pop est pétri de contraintes. Il n'a pas de visage, pas de vêtement, pas d'expression, il est statique ou avec très peu de mouvement. Trouver ce qui fait sens pour deviner qui il est, ça devient très compliqué. La solution, c'est de me mettre dans l'idée que je vais à une soirée déguisée mais que je ne veux pas qu'on me reproche de ne pas m'être déguisé. Si tu mets une cape rouge, tu ressembles tout de suite à Superman. Il faut donc trouver l'accessoire qui permet d'identifier le personnage mais attention, sans identifier une autre personne d'autre non plus ! Résultat, le terrain de jeu pourrait paraître immense, il est en réalité très restreint.
Alors, Botero Pop, en dehors de ton compte Instagram, de la Galerie In Arte Veritas jusqu'au 25 juillet, où pouvons-nous découvrir des Botero Pop ?
Dans la rue !
Pour rigoler, un jour, j'en ai découpé un, l'idée était d'aller le coller en ville. Je m'en souviens très bien, c'était Saillor Moon et je voulais la coller sur la gouttière d'Azu Manga rue de la Roë. Je devais y aller le samedi mais je n'y arrivais pas. J'ai quasiment passé une nuit blanche et puis, le dimanche matin, à 6h pour qu'il n'y ait personne, je suis allé collé mon Botero Pop de 10 cm. Il n'y avait personne à 200 mètres à la ronde et pourtant, j'avais le palpitant à 15 000. J'ai réussi ! J'ai commencé comme ça et puis, assez rapidement, il y a eu des remontées sur Instagram avec des publications de gens qui l'avaient vu. J'ai trouvé ça drôle et j'ai continué.
A Angers, mais pas que ?
C'est vrai. Il y en a à Tours. Le 4 mai pour la fête internationale de Star Wars, pour le Star Tours, j'ai collé une cinquantaine de Botero Pop. Il y en a aussi à Paris, Montpellier, Nantes, et ça va continuer.
Et tu as tes Ambassadeurs maintenant ?
ça aussi c'est drôle.Tout est parti de la blagounette d'en coller à Aix-en-Provence, deux sont sur La Patrouille de France. Des copains m'en demandent pour les coller là où ils vont. Il y en a à Miami par exemple dans le quartier des arts de rue. J'ai réalisé 5-6 carreaux. Il y a des copains, mais pas que. Je suis sollicité par des gens qui trouvent les personnages sympas et ont envie de les partager. A chaque fois, je travaille sur la destination. Par exemple, à Miami, c'est "Deux flics à Miami", il y a les Dolphins parce que c'est l'équipe de foot, il ya Fidel Castro, Dexter... Bientôt, des Botero Pop devraient investir Bruxelles, Rennes... Certains Botero Pop sont en modèle unique. Ils ne seront, au départ, visibles qu'une fois dans une seule ville. Après, ils seront peut-être diffusés sur Instagram par des gens qui les posteront mais moi, je ne le ferai pas. Ce qui est sympa aussi, c'est que les gens sont très contents d'avoir jouer au rebelle et d'avoir collé eux-mêmes, des Botero Pop. C'est une sorte de mouvement, une communauté. La diffusion est participative.
Mais il me semble que la création peut aussi être participative, non ?
Oui, c'est vrai, dans le cadre du confinement, j'ai lancé un concours. Tout a commencé avec des enfants qui, sur des murs, à la craie, pendant leur heure d'autorisation de sortie, ont commencé à dessiner un Botero Pop. Super drôle. L'idée est venue de lancer un appel à Botero Pop. Il y a eu une centaine de participations, d'enfants, d'adultes. Il y a eu des créations avec tout un tas de matériaux, un l'a fait à la soudure, un autre avec une imprimante 3D, d'autres encore avec des concombres, des chaussettes. Les gens ne se sont pas mis de barrière, ils ne se sont pas freinés dans la démarche artistique. Quand c'est un dessin, certains sont faits au bic, d'autres au crayon de couleur ou encore avec Photoshop. Bref, il y a une grande diversité de réalisations et puis, avec certains, il y a des messages, parfois forts ou poétiques. Finalement, chacun peut le faire évoluer de tout un tas de façons différentes. Pendant le confinement, ce que j'ai trouvé de génial c'était d'avoir permis de cogiter le Botero Pop parfois toute une journée, de retrouver le sourire... de dire "je ne suis pas dessinateur, je ne le trouve pas beau" mais d'avoir trouvé le courage de le diffuser. Se rendre compte que la forme est moins importante que le fonds, c'est l'essentiel.
Côté message, tu n'es pas mal non plus ?
En fait, en tant que personne, j'ai plein de choses à dire sur la société. Je profite donc des Botero Pop aussi pour dire ce que j'ai à dire à l'image de ce que l'on a fait sur le féminicide avec le collage de "Nous toutes". C'est Hera qui est représentée, la femme de Zeus, cocufiée, martyrisée un nombre incalculable de fois.
Parfois, il y a un message, parfois pas, à l'image des Super-héros pendant le confinement. C'est alors aux gens de comprendre.
Pour revenir à ton public, les enfants sont particulièrement friands de Botero Pop, n'est-ce pas ?
C'est vrai. Il m'est arrivé de travailler avec des enfants dans le cadre d'accueils de loisirs. J'ai commencé avec les Dieux. J'ai dessiné un Botero avec 3 éclairs dans la main, ils ont tout de suite identifié Zeus. Avec eux, je me suis rendu compte que les accessoires des Dieux sont très "boterisables" en fait. Un simple accessoire peut réussir à les définir.
J'ai animé des ateliers avec des enfants tout petits. Je commence toujours par un blind test dans un univers culturel qui leur convient. Ils ont une créativité folle et une capacité à les découvrir à une vitesse déconcertante. Ensuite, je fais un atelier dessin. Les enfants choisissent l'accessoire et réalisent leur Botero Pop. A la fin, on les assemble pour faire une fresque. J'en sors toujours émerveillé.
Parfois, les choses se passent sans moi. Des enseignants me disent avoir organisé des ateliers Botero Pop, je trouve ça génial. Pour moi, ce qui est important c'est de voir les enfants s'approprier l'art. L'avantage, c'est qu'ils ne se posent pas de question. Ils n'ont pas besoin de voir un visage, et tout ce qui caractérise habituellement un personnage. Un seul accessoire suffit ! Et puis, on n'a pas besoin d'avoir toute une éducation pour le comprendre. On n'a pas besoin d'avoir une connaissance des codes de l'art contemporain pour se l'approprier et l'apprécier. Dans le cadre de l'exposition à la Galerie In Arte Veritas, les premières réactions des parents c'est de dire que c'est très bien parce que c'est la première visite en galerie sans que les enfants s'embêtent. On peut faire de l'art facilement, on peut s'y mettre, on peut l'apprécier, c'est plutôt un bon combat je trouve !
Pendant les Arts au Couvent, ils étaient particulièrement présents, les enfants ?
Oui, et puis, il y a eu un autre public aussi, leurs grands-parents ! Avec eux, j'ai partagé ma culture Pop, l'un de mes autres combats. Beaucoup de grands-parents disaient ne pas avoir de culture Pop, qu'ils confondaient d'ailleurs avec culture Geek. A l'exemple du Petit Prince...
Les grands-parents le connaissent généralement bien. S'ils le regardent, ils ne le comprennent pas. Par contre, si je leur dis qu'il a une écharpe jaune, un renard, une rose, une étoile et une petite lune, là, ils tiltent. Une fois qu'ils ont compris le concept, ils en trouvent plein, dans la musique, le cinéma... En ville, ça fait la même chose. Dans la rue, ils sont collés pour avoir du sens. Mickaël Jordan est collé près de Foot locker, le punk anglais est collé sur La Bibliothèque Anglophone, Saint-Pierre est rue Chaussée Saint-Pierre, Robin des Bois est chez les Frères Toque. Quand ils comprennent, ça devient tout de suite vachement plus rigolo ! Ma plus belle récompense, c'est quand des gens me disent "J'en ai vu un dans la rue et il m'a fait rire", ou bien "Je ne le connaissais pas et je suis allé chercher qui il était". La culture Pop est bien plus intelligente qu'elle veut le faire croire. Tous les grands textes classiques ont leur pendant en culture Pop, avec un côté un peu plus funky, plus abordable.
Que dit Botero Pop de notre rapport à la société ?
Ce que j'aime dans ce personnage, c'est surtout qu'on ne voit pas sa tête, en gros, on ne sait pas si c'est un homme ou une femme. En prenant les accessoires, on choisit les attributs et une femme peut devenir Superman. On s'en fout. Il n'est pas lié non plus à une couleur. Ses vêtements sont noirs et blancs, on ne sait pas qui est derrière. Botero Pop, ça peut être toi, moi, n'importe qui. Il est on ne peut plus universel. Ensuite, selon l'accessoire, il devient n'importe quel Super-héros. Pas de catégorie, il devient ce que moi je décide d'être. Tout le monde et n'importe qui ! J'aime bien le concept. Tintin, par exemple, j'ai eu beaucoup de mal à le représenter parce que je ne pouvais pas faire la houppette, son pull et son pantalon de golf. Et puis un jour, j'ai croisé quelqu'un avec un chien de la race de Milou. J'ai dessiné le chien et là, il se passe quelque chose d'assez merveilleux dans le cerveau, on voit un chien qui ressemble à Milou, visuellement, dans notre tête on voit Tintin alors qu'il n'est pas dessiné. Si on arrive à se détacher de la représentation, on accède à un autre niveau de lecture !
Quelles sont tes sources d'inspiration ?
J'ai un cerveau qui ne s'arrête jamais... j'accumule tout. Dès que je me promène dans la rue, je trouve des idées. Sur mon smartphone, je fais des listes, des listes, des listes... je note tout. Parfois, j'en dessine un par jour, d'autres fois c'est une grosse série, je fais une nuit blanche. Pour Games of throne, par exemple, j'en ai fait 25 et je les ai diffusés heure par heure comme un décompte. Pour les sacrifiés, pendant le confinement, je les ai tous fait les uns après les autres jusqu'à épuisement. J'en ai toujours quelques uns d'avance au cas où. C'est une logistique intellectuelle un peu permanente. Le défi de la publication d'un par jour, c'est fini, et honnêtement, ça me fait du bien de me poser un peu. J'ai envie de garder le plaisir de diffuser quand j'en ai envie. J'ai une grosse série qui va arriver, elle sera peut-être publiée en une seule fois...
Comment te qualifies-tu ?
Certains m'appellent artiste, je ne sais pas ce que ça veut dire. Je préfère "créatif". Parfois, je fais du collage... je dessine sur de la faïence, j'ai aussi fait de la bombe. Street artiste, oui, parce que j'investie un peu la rue. Quand l'occasion se présente de faire une mosaïque, je veux me laisser cette liberté de faire une mosaïque. En galerie, je ne suis pas du tout street. Je suis plutôt polymorphe de mes envies !
Quels sont les événements à venir ?
Je donne rendez-vous au Château d'Angers à partir du 14 juillet. Je dessine des Botero Pop pour expliquer la tapisserie de l'Apocalypse... Je travaille à partir de la tapisserie bien sûr, mais aussi des scènes de film. L'ensemble est très "boterisable" ! Je vais continuer à faire mes "bêtises"...
Pour notre plus grand plaisir, Botero Pop. Merci pour cet entretien.
En attendant le 14 juillet, allez, tous à la Galerie In Arte Veritas ! Le 18 juin dernier, sa publication "Love" sonnait comme un appel. Il rêvait alors...
Si on pouvait avoir une pandémie mondiale, ça serrait bien.
Si vous avez envie, vous aussi, de tomber malade... Botero Pop met à notre disposition plus de 400 virus, en culture ! Alors, précipitez-vous, du mardi au samedi, de 11h30 à 19h, rendez-vous 16 rue des Lices !
Retrouver la plume de Catherine ROLLAND était pour moi un réel plaisir. Vous vous souvenez peut-être de son premier roman "Le Cas singulier de Benjamin T", une pure merveille !
Elle revient donc avec "La Dormeuse".
Je vous dis quelques mots de l'histoire :
Sofia Loison est en entretien d'embauche pour un poste d’aide-ménagère. La posture et les échanges avec son recruteur, Léo, l'interpellent. Sofia découvrira qu'il s'agit du neveu de Marie Montès et son mari, Tiago, vivant dans une maison troglodyte de Touraine, et chez qui l'aide-ménagère est censée intervenir. Sofia n'est pas au bout de ses surprises. Elle comprend très vite que bon nombre de personnes se sont déjà collées à la mission mais n'ont pas résisté à la forte personnalité de Marie. La voilà prévenue. Quant à la mission réelle, elle est un brin en décalage avec celle annoncée ! Parallèlement, une enfant disparaît lors d'un séjour familial à Pompéi, l'enfant de 6 ans a quitté la caravane. Elle sera retrouvée quelques années plus tard dans des conditions aussi mystérieuses que sa disparition. Devenue adulte, elle décide de partir en quête de souvenirs. Pompéi, il fut un temps où la cité n'était pas encore ensevelie. En août 79, les hommes et les femmes y vivaient sereinement. Ils ne savaient pas encore que leur temps était compté.
Vous avez, là, les petites graines savamment semées par une écrivaine à l'imagination débordante. Une nouvelle fois, elle m'a conquise.
Je suis d'abord tombée sous le charme de ses personnages, tous plus attendrissants les uns que les autres. J'ai adoré me glisser, comme une petite souris, dans cette maison troglodyte tourangelle à deux pas de chez moi et y découvrir un couple malicieux de personnes âgées. Il y a Marie bien sûr mais Tiago mérite que l'on s'y attarde quelque peu. Cet homme, qui a certainement toujours vécu dans l'ombre de son épouse, n'en est pas moins extravagant. Si la démence lui fait parfois "perdre les pédales", ce n'est que pour le rendre encore plus bouleversant. Il apporte la touche de fantaisie au roman.
Et puis, il y a ce bain dans l'Histoire. Retrouver le temps d'une lecture le quotidien des habitants de la cité antique avant qu'elle ne soit ensevelie lors d'une éruption du Vésuve, avouons que l'invitation est alléchante. Catherine ROLLAND a fait un travail formidable pour coller au plus près de ce que pouvait être la vie d'hommes et de femmes quelques années après Jésus Christ. C'est une réussite.
Où les autres visiteurs ne voyaient que des ruines, des pierres amoncelées que la végétation recouvrait, lui me décrivait la vie de ceux qui vivaient là, avec autant de réalisme que s’il les avait connus. P. 171
Les descriptions précises contribuent à nourrir une plume presque cinématographique d'une période révolue, qui la revendiquerait. Nous sommes au temps des esclaves, ceux qui ont le pouvoir ont droit de vie et de mort sur les leurs.
L’espèce humaine, lorsqu’elle avait peur, était parfois capable des pires folies et des violences les plus ineptes. P. 137
Parce que le défi des tempos était trop simple à relever, l'autrice a imaginé le projet fou d'écrire un livre dans un livre. "La Dormeuse" est un roman dicté à un scribe des temps modernes, l'occasion d'explorer ce champ que Catherine ROLLAND débroussaille elle-même en nous livrant son sixième roman. Si dans la fiction, la question du maintien du suspens est régulièrement posée, qu'elle se rassure, elle en maîtrise parfaitement les rouages.
Mais là où le talent est exceptionnel, c'est dans la construction de l'édifice. Le jeu des narrations est prodigieusement orchestré. Trois histoires s'entrecroisent à deux mille ans d'intervalle sans qu'à aucun moment vous ne perdiez pied, le tout dans une rythme frénétique. Je n'ai pas vu les 480 pages passer et encore, j'en redemande !
Ce roman de Catherine ROLLAND, le deuxième pour moi, vient confirmer ses qualités d'écriture. Je crains fort d'en devenir une inconditionnelle !