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2016-10-31T19:26:22+01:00

De nos frères blessés de Joseph ANDRAS

Publié par Tlivres

Il est des livres qui nécessitent une certaine maturité. Leur lecture terminée, ils doivent reposer, se laisser lentement apprivoiser pour ensuite être partagés.

 

"De nos frères blessés" de Joseph ANDRAS fait partie de ceux-là.

 

Il faut dire que je l'ai lu cet été avec, comme actualité de fond, le terrible acte terroriste de Nice du 14 juillet 2016 !

 

Et puis, il y a eu "Ma part de Gaulois" de Magyd CHERFI, et là, les vannes se sont ouvertes, les mots se sont délivrés et j'ai pu enfin rédiger ma chronique.

De nos frères blessés de Joseph ANDRAS

Nous sommes en Algérie en 1956. Fernand IVETON est un militant communiste. Il lutte pour l'indépendance de sa terre. Il est l'auteur d'un acte de sabotage dans l'entreprise où il travaille. Il a posé deux bombes dans le dépôt de fond de cour, une seule explose. Il a  été repéré. Il est emprisonné, torturé, et jugé dans le cadre d'un procès singulier.

 

Joseph ANDRAS réalise avec ce 1er roman une biographie d'un homme qui s'est battu pour préserver sa terre. Nous sommes bien dans le registre du roman et donc de la fiction. Roman historique, il l'est, puisqu'il relate des événements de l'Histoire de l'Algérie, cette colonie française devenue indépendante en 1962.

 

Il évoque l'idéologie du FLN :


[...] le FLN revendique sans l'ombre d'une hésitation l'action menée par le camarade Fernand IVETON, courageux patriote s'il en est - l'Algérie de demain est son pays, celle où le colonialisme ne sera plus qu'un mauvais souvenir, une parenthèse funeste dans le récit de l'exploitation de l'homme par l'homme, celle où les Arabes n'auront plus à courber l'échine, celle où l'Etat sera souverain et indépendant de la France. P. 36

Il parle aussi du passé, de ce qui a pu inciter les hommes à se battre pour sauver leur terre, sauver leur peau, comme ces massacres perpétrés par les Colons :


Oui, donc, le jour où la France était en fête après la victoire contre les Allemands, je sais pas combien de musulmans, des milliers, pas moins, ont été massacrés au pays, à Sétif, à Guelma, ça doit rien vous dire ces noms-là, c'est à trois cents et cinq cents bornes d'Alger. P. 60

Il aborde les conséquences de l'humiliation sur l'être humain et l'avenir :


La mort, c'est une chose, mais l'humiliation ça rentre en dedans, sous la peau, ça pose ses petites graines de colère et vous bousille des générations entières [...]. P. 61


et nous offre une formidable opportunité à méditer...

 

Et puis, il y a cette même référence partagée avec Magyd CHERFI au passé de François MITTERRAND, alors Ministre de la Justice. C'est là que j'ai eu un déclic !

 

L'auteur aborde l'homme dans son intégralité. Avant d'être "terroriste", le mot est lâché puisque Fernand IVETON est jugé comme tel, cet homme a eu une vie. Enfant d'un père de l'Assistance Publique et d'une mère d'origine italienne, enceinte à 17 ans, décédée quand il n'avait que 2 ans. Il a été élevé par une belle-mère qui avait déjà 2 autres enfants d'un autre homme. Sa jeunesse a été difficile. Et puis, il y a eu cette maladie, la tuberculose. Il va être 6 mois en arrêt de travail et va devoir partir pour Paris pour se  soigner. C'est là qu'il va rencontrer Hélène, cette jeune  femme née en Pologne d'une famille aisée. Il va en tomber amoureux.


Fernand la regarde comme d'autres contemplent une statue ou une toile : il lui manque la précision du langage pour le formaliser mais il regarde les volumes et les ombres sur la peau, les reflets, les pores plus ou moins sûrs d'eau, les mains (tout semble se concentrer en ce seul point, ces mains qui se donnent ou giflent, que l'on prend ou qui s'en vont : les mains d'une femme aimée, ou désirée, portent la même charge déchirante, la même fièvre sacrée que la bouche qui, un jour, sans toujours s'annoncer, s'approche ou se refuse à jamais), ce sourire étranger et ces yeux qu'un mauvais poète comparerait sitôt à la mer sans craindre de l'offenser (Hélène n'a pas droit aux lieux communs, aux chromos de rimailleurs). P. 45

Quand il repart en Algérie, elle le suit. Elle va découvrir une autre culture, elle va aimer certaines choses, d'autres non.


[...] elle aima entendre cette langue inconnue, arabe lancé des fenêtres, des marchés et des cafés, roulant d'amples tissus en bouches sombres ; elle aima les interférences et les carambolages d'une ville entre deux mondes, immeubles haussmanniens et mosquées mauresques, étrange tête-à-tête de couleurs et de cultures.
Elle n'aima pas, en revanche l'arrogance quotidienne qu'elle décelait, ou plutôt constatait tant rien n'était et n'est caché, des Européens à l'égard des musulmans (elle ne tarda pas entrevoir l'inventivité verbale que les humains pour décrire ceux qu'ils n'admettent pas en leur sein : crouilles, ratons, melons, bicots, bougnoules). P. 111

Si je devais résumer ce roman, je dirais qu'il contribue au devoir de mémoire pour la grande Histoire et qu'il offre une certaine "réparation" à l'homme, Fernand IVETON.

 

Mais n'oublions pas de parler de l'écriture...

 

Au gré des différentes citations, peut-être avez-vous commencé à apprécier la qualité de la prose de Joseph ANDRAS... ces phrases longues, avec des parenthèses comme autant de prolongations du propos. Je dois dire que je l'ai beaucoup aimée et même si, le fond l'emporte avec cette terrible résonnance avec les faits que vit aujourd'hui la France, la "métropole", la forme n'en demeure pas moins la garantie d'un très grand moment de littérature ! Une plume à suivre assurément...

De nos frères blessés de Joseph ANDRAS

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2016-10-28T19:51:23+02:00

Lucie ou la vocation de Maëlle GUILLAUD

Publié par Tlivres

Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois

Face à une société qui va mal, qui agresse les individus, les adolescents cherchent leur voie.

Certains souffrent de pathologies mentales, vont parfois jusqu’à la mise en danger de leur vie avec la volonté d’y mettre fin, c’est l’option explorée par les romans d’Alexandra FRITZ « Branques » et plus récemment de Loulou ROBERT « Bianca ».

D’autres choisissent la voie de la religion, c’est celle explorée par le 1er roman de Maëlle GUILLAUD.

 

Vous pensez immédiatement à l’actualité, à l’islam, au djihad... et bien, changement d’optique avec cette fois, l’approche contemporaine de l’univers de la religion catholique !

Lucie est une adolescente brillante à l’école. Elle a 18 ans. Bachelière, elle suit les cours de Khâgne, prépa littéraire. Elle mesure le niveau d’exigence des études supérieures. Par ailleurs, côté familial, la pression est forte. Sa mère, veuve depuis la plus tendre enfance de Lucie, pèse sur la vie de la jeune fille. Au retour d’un séjour à Taizé, Lucie s’intéresse de très près à une possible entrée au couvent. Au coeur de Paris, elle va trouver un établissement qui lui ouvre de nouveaux horizons, peut-être pour le meilleur, et pour le pire...

Ce 1er roman de Maëlle GUILLAUD nous dévoile la vie d’une communauté religieuse, féminine, du XXIème siècle. On a tous en tête quelques images d’antan. Je me souviens personnellement d’une visite théâtralisée de l’Abbaye de Fontevraud qui donnait à voir les lieux de vie, de prière, et les règles imposées aux novices.

J’étais loin d’imaginer qu’elles se perpétuaient encore aujourd’hui !

Lucie prend conscience du mode de vie des religieuses et tente de se les approprier :


Ce monde est régi par des lois qui ne lui sont pas encore familières. [...] Pendant l'entretien avec la mère supérieure, elles avaient évoqué la particularité de la congrégation, son aspect monastique, par ses exigences de retrait du monde et de silence, et la dimension apostolique du sanctuaire. P. 38/39

Mais force est de constater que les règles de vie en communauté, précisément dans ce couvent, exigent jusqu’à « l’abnégation » des femmes.

Après une certaine approche de la solitude avec les romans de Serge JONCOUR « Repose toi sur moi » et de Loulou ROBERT « Bianca », c’est une autre dimension qui est abordée par Maëlle GUILLAUD :


Jamais personne ne la soulage de son chagrin. La solitude est asphyxiante. P. 105

J’avoue avoir ressenti de l’empathie pour cette jeune femme. Comment soupçonner un tel modèle d’existence aujourd’hui ? Et face à tous les maux qui assaillent notre jeunesse, n’était-il finalement pas le moindre ?

Ce roman a l’atout de nous interroger sur la place de la religion aujourd’hui, sur cette abnégation exigée des individus. Je n’y trouve pas la dimension de la solidarité, de la générosité, du bien... étrange, non ?

Je me serai peut-être ennuyée à sa lecture, mais c’était sans compter sur le talent de cette jeune écrivaine (une petite quarantaine d’année, c’est jeune !) et son ingéniosité pour faire tourner l’existence de Lucie et de toute la communauté autour d’un mystère. Je crois que l’on peut le qualifier de thriller. 

Alors, ça y est, vous êtes tenté(e). Et bien, lisez-le et on en reparle sur la toile !

Lucie ou la vocation de Maëlle GUILLAUD

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2016-10-26T06:23:33+02:00

Bianca de Loulou ROBERT

Publié par Tlivres
Bianca, c'est le 1er roman de Loulou ROBERT, mannequin. Il fait partie de la sélection des 68 premières fois 2016.
 
Bianca est une jeune fille de 16 ans. Elle a fait une tentative de suicide. Elle est désormais internée dans l'établissement "Les Primevères", hôpital psychiatrique. Bianca va faire un bout de chemin avec Simon, Clara, Sam, Raphaël...  Tous sont malheureux dans leur vie, certains réussiront à y mettre fin comme Juliette. Il ne lui aura fallu qu'une opportunité pour réaliser son oeuvre. Et puis il y a Jeff, ce vieillard, arrivé de nulle part, fumant sa cigarette en peignoir blanc sur le banc du jardin. Bianca va lentement s'en approcher, l'apprivoiser jusqu'à partager avec lui une profonde intimité.
 
Ce roman m'a rappelé "Branques" d'Alexandra FRITZ, également découvert dans cette sélection.

 

Il y est question de la notion du temps, qui ne passe pas ! de ces journées interminables...
 
 


Les heures et les jours ne se comptent plus. Quand j'ai été internée, je ne faisais que regarder ma montre. L'obsession du temps, allez, plus vite. P. 68

Et puis du silence, qui occupe une place prépondérante alors que, paradoxalement, les êtres vivent en collectivité. Il y est appréhendé dans différentes dimensions qui ne manquent pas de nous inviter à méditer !


Le silence rapproche quand on le comprend. P. 10

Le silence embarrasse, il cache la tempête. P. 14

Le silence angoisse, le son des voix rassure. P. 181

Chacun de ces adolescents a eu un parcours chaotique, chahuté par les autres, des adultes, qui ont laissé des traces indélébiles au plus profond de leur être. Comment réussir alors à surmonter ses blessures ? Comment panser ses peines ? Comment se raccrocher à la vie ? Ce sont toutes ces questions que Bianca se pose. Elle les partage avec le lecteur, la lectrice, que nous sommes.
 
Elle fait prendre conscience de ces tout petits riens qui constituent notre vie quotidienne mais dont on ne mesure la véritable valeur que lorsque l'on en est privé. Un simple parfum peut faire resurgir des souvenirs depuis longtemps oubliés.  
 


Je sens l'odeur de chewing-gum à la chlorophylle, la même depuis dix-sept ans. Il y a des odeurs comme ça qui vous suivent toute votre vie. P. 149

Mais le plus important semble bien reposer sur la reconnaissance, celle que procure les autres et qui donne un sens à votre vie.


Quand tu n'existes pas aux yeux des autres, tu finis par ne plus exister. P. 181

Le sujet est profondément triste et une nouvelle fois, j'ai été très émue devant le chemin de croix de ces êtres marqués par des histoires familiales ou affectés par la maladie. C'est un portrait terriblement déchirant qui est brossé de notre société, d'une génération de notre société, celle qui dit-on a toute la vie devant elle. Ironie du sort ! Qu'avons-nous fait, ou pas, pour en arriver à ce tel état de tristesse, de détresse humaine ?


Et puis parfois, il y a des raisons, connues ou non. Traumatismes, hérédité, maladie... Le magasin des peines est rempli. Il n'y a qu'à choisir. P. 190

Quand la source des maux peut être diagnostiquée, quand la cause des troubles peut être identifiée, les professionnels, l'environnement familial, amical... les patients eux-mêmes peuvent commencer à soigner pour nourrir une reconstruction, mais quand les raisons sont inconnues...


Pourquoi vouloir toujours chercher une raison à la tristesse. Justement, ce qui est triste, vraiment triste avec elle, c'est quand elle ne vient de nulle part. P. 278

Un petit clin d'oeil à Serge JONCOUR et son tout dernier roman "Repose toi sur moi". Loulou ROBERT fait le même constat : 
 


C'est dans les grandes villes que la solitude est la plus importante. Une solitude meurtrière. P. 181

Heureusement, Loulou ROBERT a su rendre lumineux ce roman avec la singularité du personnage de Jeff, la complicité établie avec Bianca et leurs regards croisés sur la vie.
 
J'ai également été très sensible à la qualité de l'écriture de cette jeune femme connue dans le mannequinat, une écriture qui peut prendre une dimension très poétique :


Adossée contre la porte, je ressors le livre. Je caresse sa couverture, et sens son odeur. Le parfum d'une vie, de ses années. Tu sens le temps, mon ami. Les livres détiennent le secret de l'éternité. A bout de souffle, vers une nouvelle vie : tu avances. Les pages se tournent. Tu ne dors jamais. Les mots ne dorment pas. Leurs sens te gardent en éveil, tu accomplis ton devoir. Stoïques, uniques, multiples. Les mots restent, seuls les maux changent. P. 94

C'est une nouvelle fois une très belle découverte, bravo à nos fées !
 
Bianca de Loulou ROBERT

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2016-10-20T12:14:26+02:00

Repose toi sur moi de Serge JONCOUR

Publié par Tlivres

Serge JONCOUR, c'est une longue histoire. Cet écrivain, je l'ai découvert avec "Vu" et "U.V.", j'avais alors été captivée par l'esprit décalé de l'homme.
 
Et puis, plus récemment, j'ai lu "L'amour sans le faire", un excellent roman.
 
Alors, quand dans ma bibliothèque préférée, j'ai découvert que son dernier roman était là, sur le présentoir, et qu'il m'attendait, c'est avec une frénésie à peine dissimulée que je m’en suis emparée !
 
Mais, impossible de le lire par bribes, non, un roman de Serge JONCOUR se lit d'une traite. J'ai attendu jusqu'au dimanche pour le faire.

 

Repose toi sur moi de Serge JONCOUR

J'ai laissé passer les chroniques de quelques lectrices passionnées : 

Sabine

Joëlle

Virginie

L'irrégulière...
 


Et j'ai bien fait. Je vous explique :

Ludovic visite une vieille dame. Elle est endettée. Il doit étudier avec elle les modalités du remboursement des 700 euros qui ont servi à payer la bague du mariage de sa petite-fille, depuis séparée. Des situations comme celle-ci, il en a des dizaines. En fait, c’est son métier. Une quarantaine d'années, après le décès de sa femme, il a décidé de quitter l'exploitation familiale pour laisser sa soeur, et son mari, assurer la continuité de l’activité agricole des parents. Lui, il a pris la direction de Paris.
 
Et puis, il y a Aurore. Elle vit avec Richard, elle est mère de 2 enfants, Iris et Noé, des jumeaux. Leur famille accueille Victor, le fils de Richard, pré-adolescent. Elle est styliste et chef d'entreprise. Elle s’est associée avec un ami, Fabian. Mais voilà, depuis quelques temps, toute sa vie se dérègle. Elle soupçonne son associé de vouloir transférer leur chaîne de production dans un pays émergent, ça l’inquiète. Et puis, il y a ces corbeaux ! Leur logement, elle l’a choisi avec goût. Elle voulait de la végétation pour s’offrir une respiration en plein Paris. La cour, ça avait été un coup de coeur. Mais depuis quelques temps, le couple de tourterelles qui animait le site avec ses roucoulements a disparu, d’horribles oiseaux noirs se sont accaparés le territoire. Elle les craint. Elle n’ose même plus allumer la lumière le soir dans les parties communes tellement elle redoute leur croassement.

Alors que tout oppose Ludovic et Aurore, ils vont finir par se rencontrer. C’est une toute nouvelle page de leur vie qui va commencer pour ne s'arrêter qu'à la 427ème page de cet excellent roman de Serge JONCOUR ! 
 
Comme dans « L’amour sans le faire », ce roman tourne autour de 2 personnages, cabossés par la vie, malmenés dans des domaines professionnels exigeants.


On y retrouve le portrait du monde rural d'aujourd'hui, les difficultés des agriculteurs à survivre dans un environnement mondialisé qui ne leur permet pas de vivre de leur activité et cette solidarité intrafamiliale qui ne tient qu’à un fil...
 


Une famille, c'est une embarcation fragile, surtout dans une ferme isolée où les générations se côtoient, il faut bien qu'il y en ait un qui, mine de rien, tempère et répartisse les charges, qui garde un peu de recul, sans quoi chacun y va de son avis et on ne s'en sort plus. P. 58/59


On y aborde aussi le monde de l'entreprise contemporain, tiraillé entre une production locale, limitée mais maîtrisée, qualitative, et puis celle rendue possible dans des pays où le droit du travail y est bafoué, voire inexistant, la voie royale pour des profits décuplés.


J’ai personnellement beaucoup aimé l’approche de l’urbanisme et de ses conséquences sur la vie des hommes et des femmes, de la pression de la capitale avec l’exiguïté des lieux :
 


Vivre en ville distille ce genre d'angoisse dans les veines, le stress d'être bloqué au milieu des autres, de devoir gérer sa frustration, de se contenir en maudissant tous ceux qui sont autour... P. 291


Il fait une place belle à la Seine, ce fleuve sur qui repose le devoir de ressources les êtres :
 


A partir de maintenant il se raccroche à un objectif, retourner vers le fleuve, parce qu'il est complètement paumé dans cette métropole à laquelle il ne comprend rien, la Seine c'est son seul repère, l'unique faisceau de nature libre, et elle-même n'en finit pas de quitter Paris. P. 40


C’est un peu la même chose à la campagne d’ailleurs :
 


En ville, le fleuve, tout part de lui et tout y retourne, comme une rivière à la campagne, c'est l'origine même des lieux de vie. P. 41


Serge JONCOUR va encore plus loin. Il nous dépeint deux classes sociales qui occupent chacune un bâtiment donnant sur une cour commune. Il y a Ludovic qui côtoie la misère, qui vit lui-même dans un 2 pièces sans confort particulier, l’escalier pour l’atteindre est dans un piteux état, impossible d’ouvrir les fenêtres sous peine de risquer de ne pouvoir les refermer... et puis il y a Aurore qui occupe un logement de haut standing à l’image du milieu social dans lequel elle vit. Et dans tout ça, les gens se croisent, ni plus ni moins. Alors que...
 


La cour vue sous cet angle était tout autre, bien différente de celle qu'on voyait depuis chez elle, un simple changement de perspective et tout s'en trouve métamorphosé. P. 127


Et puis il arrive au sujet, la solitude, ce mal qui ronge notre société. Alors qu’en ville, nombreux sont les hommes et les femmes qui vivent les uns à côté des autres, on pourrait imaginer qu’ils échangent, se mélangent, font des choses ensembles. Et bien, c’est là que la solitude est la plus prégnante, la plus douloureuse aussi avec des effets dévastateurs sur les êtres.
 


En ville la solitude a un écho démesuré. Il aurait cru que ce serait le contraire, qu'en ville, vivre seul serait un genre de bienfait, une bénédiction, la compensation de toutes ces heures occupées à évoluer au milieu du monde, à être sans cesse entouré. En fait non. P. 348


Vous me direz, 427 pages sur ces sujets, ça n'est pas bien réjouissant... mais là, c'est sans compter sur le talent de Monsieur JONCOUR, un grand Monsieur de la littérature qui nous fait vivre une aventure haletante. Ce roman, il a finalement tout d'un thriller.

 

Alors, quand en plus, il fait la une de Décapage, moi, je craque !  

Repose toi sur moi de Serge JONCOUR

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2016-10-13T05:11:19+02:00

A l'orée du verger de Tracy CHEVALIER

Publié par Tlivres
A l'orée du verger de Tracy CHEVALIER

J'ai récemment fait une petite infidélité aux 68 premières fois avec "Ma part de Gaulois" de Magyd CHERFI, petite parce qu'il s'agit d'une nouveauté de la rentrée littéraire de septembre 2016 !

Et bien, je réitère, c'est vrai, mais impossible de résister à l'attrait du dernier roman de Tracy CHEVALIER, surtout quand il s'agit d'une délicate attention qui vous l'offre, elle ne peut que vous vouloir du bien, c'est certain !

Commencer un roman de Tracy CHEVALIER, c'est déjà toute une histoire, histoire avec un petit h mais aussi et surtout un grand H. Nous voilà transporté(e)s aux Etats-Unis, à Black Swamp dans l'Ohio, au printemps 1838. James et Sadie Goodenough ont 10 enfants. Ils doivent planter une cinquantaine d'arbres pour montrer qu'ils sont des colons qui souhaitent s'installer définitivement sur ce territoire. Mais entre les pommes de table, à manger, et les pommes à cidre, à boire, leurs coeurs balancent ! C'est sur cette subtilité que commence le tout nouveau roman de Tracy CHEVALIER.

Outre le fait de découvrir une page de l'Histoire américaine, le lecteur se trouve aussi immergé dans un domaine, celui de la botanique. Et comme d'habitude, Tracy CHEVALIER ne fait pas les choses à moité. Elle va l'explorer dans les moindres détails, la greffe n'aura bientôt plus de secret pour vous. Et ça, sans jamais vous ennuyer, c'est là tout le talent de cette écrivaine !

L'Histoire et la Géographie sont généralement associées dans les programmes scolaires. Impossible pour Tracy CHEVALIER de ne pas nous faire voyager à travers le monde, et plus particulièrement entre les Etats-Unis et l'Angleterre au rythme des exportations de plants de séquoias, de pins et autres essences qui font aujourd'hui le plaisir des touristes de ces grands parcs.


Plutôt que de laisser la végétation pousser à sa guise, ils répartissent les arbres de manière qu'ils composent les oeuvres d'art. En ce moment, ils réclament des conifères : ils adorent les arbres exotiques qui restent verts toute l'année. P. 129

Impossible de soupçonner la minutie avec laquelle il convenait de traiter les pépins et autres cônes séchés qui naviguaient quelques semaines durant sur des embarcations aléatoires pour rejoindre leur destination, sauf à se laisser porter par la plume de Tracy CHEVALIER. Ce livre est un véritable roman d'aventure.

La botanique n'est rien sans la passion. A l'image de la peinture dans "La jeune fille à la perle", de la tapisserie dans "La Dame à la licorne", Tracy CHEVALIER nous en dresse un magnifique portrait grâce à une plume exceptionnelle.

Chaque livre de Tracy CHEVALIER est une véritable épopée romanesque. De quoi passer de très agréables moments !

Pour accompagner cette découverte, si vous hésitez entre un thé et un jus de pomme, choisissez peut-être la 2ème proposition... ce n'est pas moi qui le dit mais John PARKINSON, et ça ne date pas d'hier mais de 1629 !

"Le jus de pomme, qu'il provienne des reinettes ou des permaines, est très utile dans le traitement des maladies mélancoliques, car il aide à apporter de la gaieté, et à chasser la tristesse." Extrait de Paradisi in Sole Paradisius Terrestris.

Alors, santé !

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2016-10-12T21:05:12+02:00

Vivre près des tilleuls de l'AJAR

Publié par Tlivres
Vivre près des tilleuls de l'AJAR

"Vivre près des tilleuls", c'est un 1er roman qui fait partie de la sélection des 68 premières fois

Encore un petit bijou !

Attention, le sujet est douloureux. Le lecteur découvre très vite qu'Esther Montandon est une mère endeuillée, sa fille, Louise, est décédée accidentellement alors qu'elle n'avait que 3 ans.

Celui, ou celle qui tient la plume de ce roman bouleversant, présente le contexte dans un avant-propos : "Lorsque Esther Montandon m'a laissé la responsabilité de ses archives, en 1997, je me suis trouvé face à une masse de documents divers : cartes postales, pièces administratives, courriers, coupures de journaux... A quoi s'ajoutait le lot commun de tous les écrivains dont la recherche fait son miel : brouillons griffonnés épars, pages dactylographiées avec ou sans annotations autographes, et trois carnets de notes." P. 7

Il n'en faudra pas plus à la lectrice passionnée que je suis pour être appâtée !

Ce roman retrace les souvenirs de cette femme, depuis la conception de cet enfant, presque inespéré au regard de toutes les tentatives mises en oeuvre avec Jacques, l'homme de sa vie.

On y découvre le plaisir de mettre au monde un enfant et ce qui fait immédiatement la différence avec un lien maternel :


Mon corps portait seul les traces de cette naissance, de ce miracle et, alors qu'il en rejetait encore les restes, j'ai vu l'amour faire son apparition. P. 18

Et puis, il y a le décès de cette petite fille et la douleur d'une mère, le chagrin sur lequel l'auteur essaie de mettre des mots :


Le chagrin est moins un état qu'une action. Les heures d'insomnie, puis le sommeil en plomb fondu sur les paupières, la prostration dans le noir, la faim qui distrait la douleur, les larmes qu'on ne sent plus couler : le chagrin est un engagement de tout l'être, et je m'y suis jetée. [...] Le chagrin est tout ce que je suis capable de faire. P. 53

Après avoir porté un enfant dans son ventre, voilà qu'un vide incommensurable y prend place avec une résonance extrême dans tout le corps :


Personne ne m'avait expliqué le vide au creux des entrailles, le vrombissement dans le cerveau, le tremblement des mains. P. 81

Et puis il y a cette terreur devant l'oubli. Comment préserver les souvenirs de cet enfant ? Comment conserver son parfum ? Comment mémoriser à jamais le timbre de sa voix ? Autant de questions que se pose une mère qui voit peu à peu les images de sa fille s'étioler avec le temps :


Et j'oublierai Louise. Je ne garderai d'elle que les souvenirs que ma vieille mémoire refusera d'effacer, ces quelques feuillets désordonnés. Je me raccrocherai à eux comme à un rocher suspendu au-dessus du vide. Et je saurai, tout au fond de moi, que ce n'est plus Louise. Que Louise est partie, peu à peu, à pas de loup, comme elle savait si bien le faire. P. 117

J'ai été bouleversée par l'émotion de cette lecture, la justesse des mots employés, la sensibilité avec laquelle est abordé le sujet du deuil.

La petite étincelle de ce roman réside dans le porteur de la plume, une singularité suffisamment rare pour être remarquée.

Impossible toutefois de la dévoiler, il s'agit là d'une partie du charme de cette oeuvre ! Je crois qu'il ne vous reste plus qu'à la lire...

Encore un très beau coup de chapeau à la joyeuse équipe de fées qui présélectionne des 1ers romans de la rentrée littéraire 2016 pour notre plus grand plaisir.

Vivre près des tilleuls de l'AJAR

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2016-10-10T21:38:14+02:00

Ma part de Gaulois de Magyd CHERFI

Publié par Tlivres
Ma part de Gaulois de Magyd CHERFI

Il y a des romans, il y a des BD, et puis il y a aussi des récits. Pas n'importe lequel, celui de Magyd CHERFI, cet homme qui fut le parolier du groupe Zebda.

Avec "Ma part de Gaulois", l'auteur revient sur son enfance, son adolescence, dans un quartier nord de Toulouse.

Il y raconte les codes de la cité et de la nécessité d'être en échec scolaire pour ressembler à ses pairs.


Mes copains bloquaient face à tout ce qui s'apparente à l'école, à l'apprentissage des phrases - à construire dans un sens ou dans un autre. Leur révolte trouvait un sens à contre-courant du sensé, leurs mots devaient exprimer l'état du moment qui était rarement paisible. P. 27

Gare à celui qui travaille bien à l'école comme Magyd, il est promis à une pluie de coups ! Mais Magyd n'en a que faire, il faut dire qu'il a une mère particulièrement présente et qui attache beaucoup d'importance à la réussite scolaire de son fils.



C'en était trop, mais comment faire face à cette femme sans âge, sans sexe et sans mémoire qui voulait tout reconstruire à travers moi comme un premier jour du monde ? Elle n'avait pas été, il lui fallait être et c'est moi qui devais couper le cordon, lui donner vie, la faire renaître. Comment faire face à cette femme qu'avait vendu le paradis pour un diplôme ? P. 84

Lui était un garçon, il se devait d'affronter sa mère. Les filles, elles, attirées par le savoir, la culture, la connaissance, elles étaient agressées par un père, un frère... à l'image de Bija, cette fille de la cité tabassée pour avoir été découverte avec le roman de Stefan ZWEIG dans les mains : "Vingt-quatre heures de la vie d'une femme".

Magyd ne supporte pas cette violence


J'ai maudit cette illusion de croire qu'un livre vous sauve, un livre quartier nord ça vous écourte le passage sur terre. P. 47


Magyd essaie de sortir du quartier pour s'émanciper de ses références, mais là, c'est un tout autre combat qui s'offre à lui, celui du regard des autres sur l'enfant de la cité, fils d'étrangers :


Vos parents sont algériens je crois, vous les féliciterez de ma part pour votre parfaite intégration.
Dommage, que je me suis pensé, il était bien parti. P. 66

Face à ce type de propos, que de questionnements...


On en était là même avec les proches. Chez nous, chez vous, barbouillés du cerveau jusqu'à aujourd'hui dans quel "nous" est-ce que je m'intègre, moi, et à quel "vous" j'appartiens. Où m'inclure, où m'exclure ? Ai-je donné un accord pour appartenir à l'un ou à l'autre ? P. 181


Certains optaient alors pour la revendication pointant du doigt l'acte raciste à chaque opportunité :


C'était son argument favori, raciste ! Quel prof ne se l'était pas entendu proférer par Momo ? Susceptible comme un prédateur de nuit, il en ratait pas une et ça avait fini par sérieusement nous gonfler. P. 171

D'autres encore, les filles en particulier, optaient pour le repli, l'enfermement :


Elle s'était construit un monastère de voiles dans lequel elle s'était retirée au compte-goutte, laissant un ultime espoir à rien mais le suppliant tout autant de la rattraper avant fermeture définitive. Le doute l'avait séquestrée au plus profond. C'était l'amour total ou rien, et devant ça j'avais pris mes jambes à mon coup. P. 174

Magyd, lui, était amoureux des mots, de la culture. Son arme à lui, c'était la connaissance, le savoir. Mais même avec l'obtention du bac il s'est vu renvoyer une certaine condition :


Agnès me regardait avec admiration, elle accordait à mon bac un intérêt supérieur, comme si le sien n'était qu'une formalité administrative. Je vivais ça comme un racisme à l'envers. Pourquoi ce bac n'était qu'une anecdote pour elle et pour moi un exploit ? P. 203

Quant à la politique, alors là, c'est encore une autre histoire, avec un grand H s'il vous plaît ! Il suffit de remonter aux années Mitterrand pour s'en convaincre. Et là, vous n'êtes pas au bout de vos découvertes. Depuis la guerre d'Algérie jusqu'à son arrivée au pouvoir en 1981, il n'y a qu'un pas avec des traces laissées pour des générations et des générations. Mais il n'a pas été le seul, c'est tout un mouvement qui a voulu s'emparer du sujet au risque de le dénaturer...


En attendant, de partout surgissaient comme des rats échappés des égouts de jeunes banlieusards épris de danse, de hip-hop, de mode et de poésie. Tous les arts étaient travestis à la mode multicolore. La gauche allait bientôt se gargariser du mot "beur". Elle entamait le travestissement de notre identité et d'une revendication qui était la nôtre et qui jamais ne verrait le jour : l'égalité des droits. P. 144


Que d'amertume devant le chemin parcouru ! Magyd CHERFI l'exprime pourtant avec une plume ô combien poétique :


Je voulais prouver qu'on pouvait être fils du pauvre sans que ça traduise l'obscurité faite maison, je n'avais fait qu'éclairer la grotte à la bougie. P. 231


Ma part de Gaulois de Magyd CHERFI

Des phrases comme celles-là, et plein d'autres qui suscitent la réflexion, je les ai repérées avec de petits adhésifs de couleur. Et au final, ça donne ça... un livre hérisson !

Il est beau, non ? Je plains surtout celle qui trépigne de le lire et à qui je vais le prêter, elle ne se doute sûrement pas de l'effort qu'elle va avoir à faire pour pouvoir découvrir ce très beau récit, mais la fin justifie les moyens !!!

Je ne suis pas la seule à avoir repéré la qualité de la prose de Magyd CHERFI, ce récit faisait effectivement partie de la 1ère sélection des 16 ouvrages en lice pour le Goncourt.

J'ai maintenant hâte qu'il écrive sur sa vie d'adulte pour comprendre comment il a réussi à s'affranchir du poids de la cité pour devenir l'homme qu'il est aujourd'hui. Né en 1962, il offre le recul de toute une génération qui a vécu dès son plus jeune âge en quartier prioritaire.

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2016-10-03T19:56:20+02:00

Garde-corps de Virginie MARTIN

Publié par Tlivres
Garde-corps de Virginie MARTIN

Tout commence comme ça :

"Suce la, tu vas la sucer, j'te dis !

Bouge pas, je vais baisser mon jeans et tu vas la sucer... me branler et me faire jouir ok ? Compris ? Je suis sûr que t'as compris ! Je défais mon pantalon ok ? Comme ça..." P. 11

Sans aucun préambule, le lecteur se retrouve face à une scène de viol. Un garçon de 16 ans oblige une collégienne de 11 ans à lui faire une fellation. Il lui avait donné rendez-vous dans cette maison en ruine qui borde le stade du collège, un lieu où les jeunes ont l'habitude de se retrouver. Mais là, c'est le piège, le guet-apens.

Et puis, il y a cette femme, Ministre du Travail, qui mène sa vie politique où le pouvoir est roi. Elle mène une vie trépidante, exténuante, faite aussi parfois de plaisirs.


Le jour, je bosse dur, la nuit je virevolte et je recommence à pétiller. P. 103

Voilà, je ne vous en dis pas plus. Il y a bien sûr un lien entre ces 2 personnages, je vous laisse le découvrir.

Cette lecture, je l'ai laissée maturer. Au début, je me disais qu'il n'en resterait rien, et puis finalement, je crois qu'elle a laissé quelques traces dans ma mémoire.

Pourquoi ?

D'abord je crois, parce que cette lecture m'agresse.

Elle m'agresse dans la forme, l'écriture est cinglante, à la hauteur de la violence des faits.

Elle m'agresse aussi sur le fond, en tant que femme, en tant que mère. Je n'ai jamais trouvé plus cruelle injustice que de s'en prendre aux filles, aux femmes, par la voie du sexe. Les agressions sexuelles ont ces dernières années été requalifiées et c'est, pour moi, une très grande avancée féministe qui n'est peut-être pas encore assez saluée. Mais un long chemin reste encore à parcourir pour que les victimes osent en parler et que la justice puisse réaliser son travail. Le roman de Virginie MARTIN expose à quel point il est difficile d'en parler, de se confier, et puis à qui ? à ses parents ? aux copains et copines d'école ? mais qui pourrait vous croire ? La chape de plomb existe bien encore !

Ce qui m'a interpellée aussi, c'est le sens qu'un être blessé au plus profond de lui-même puisse donner à sa vie. Que deviennent les jeunes filles agressées de la sorte ? Les romans sont là pour en donner une illustration. Il y a le parcours de Clémence dans "Les corps inutiles" de Delphine BERHOLON

et puis il y a celui de Gabrielle dans "Garde-corps" de Virginie MARTIN.

Ces 2 romans ont beaucoup de points communs. Outre le titre qui fait la place belle au corps, il y a cette vengeance qui devient le fil rouge d'une existence. Tout n'est orchestré que dans cette perspective, les relations amicales, professionnelles, la vie quotidienne, ces petits gestes qui n'ont l'air de rien mais qui sont au service d'une stratégie bien huilée.


Je la tiens ma vengeance, ma vengeance sur tous ceux qui m'ont trouvée bizarre, parfois trop différente, parfois trop délurée, parfois trop insaisissable, parfois trop hautaine... P. 103

Ces femmes n'ont plus qu'un seul but : se faire justice elles-mêmes, au péril des hommes ! Ce qui diffère, ce sont les modalités et là, je dois bien dire que Delphine BERTHOLON comme Virginie MARTIN ont de l'imagination.

Qu'il s'agisse de Clémence comme de Gabrielle, ces deux personnages nous montrent à quel point les femmes ont une force de caractère, une pugnacité pour atteindre leur objectif. C'est peut-être ce qui fait finalement peur aux hommes...

Garde-corps de Virginie MARTIN

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