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2018-07-31T06:00:00+02:00

La beauté des jours de Claudie GALLAY

Publié par Tlivres
La beauté des jours de Claudie GALLAY

Actes Sud

L'été, il y a la préparation de la rentrée littéraire bien sûr et tous ces secrets bien gardés jusqu'à la sortie, en librairie, de nouveaux romans, mais il y a aussi ces rendez-vous avec des auteurs à qui je voue une fidélité inconditionnelle.

Après Yoko OGAWA et ses « Instantanés d’Ambre », place à Claudie GALLAY avec « La beauté des jours », c'est un coup de coeur ! 

Je vous dis quelques mots de l'histoire.

Jeanne et Rémy s’aiment profondément. Ils sont mariés depuis une vingtaine d'années, ils ont deux filles, jumelles, étudiantes, Chloé et Elsa. Leur vie est on ne peut plus rangée. Elle travaille à la Poste, lui chez Auchan, leur vie est réglée comme du papier à musique.  Mais si Rémy peut se contenter d'entretenir le jardin, réaliser des travaux dans la maison et entraîner les jeunes du village au football, Jeanne, elle, court après quelque chose qui vienne pimenter son existence, lui donner un peu de fantaisie et lui procurer des surprises. Le temps du déjeuner, elle se laisse porter, parfois, par les pas d'un homme, d'une femme, qui la guident dans la cité, quelques instants. Elle imagine leur vie, se plait à écrire une page de leur destin, jusqu'au jour où le soi-disant inconnu se retourne et l'appelle par son prénom. Là commence une toute nouvelle histoire !

Le personnage de Jeanne est absolument fascinant.

Elle est joyeuse, d’un naturel optimiste et jouit de cette capacité à s’émerveiller de la beauté. Elle la trouve dans les gens, son mari, ses filles, Suzanne sa meilleure amie, ses parents, sa grand-mère... c’est une femme attentionnée aux autres. Fine observatrice, à son guichet, à La Poste, elle regarde les mains de ses clients et s’essaye à deviner leur visage. Au passage du train de 18h01, elle suit celui des voyageurs et leur invente une histoire. Comme le dit Suzanne, Jeanne est une grande sentimentale, rien d’étonnant donc à ce que, dans ce roman familial, elle soit celle qui décrypte les faits et gestes de tel ou tel, cherche à dévoiler le passé et l’interpréter. J’ai adoré sa gentillesse avec la petite Zoé, la fille de sa soeur, sa filleule aussi, la plus jeune d’une fratrie de trois filles, une enfant différente qui, à la ferme, dans un milieu de labeur et de taiseux, peine à trouver sa place.

Mais Jeanne, c'est beaucoup plus que ça. Elle voue, depuis son adolescence, une passion à Marina ABRAMOVIC. Un jour qu'elle rentre du jardin, elle découvre dans le couloir un cadre tombé au sol, la vitre est brisée, les coquillages qui le décoraient se sont décollés, la photo qu'elle retrouve sous le canapé représente l'artiste serbe. Alors qu’elle faisait partie du décor familial de longue date, elle va bientôt resurgir dans la vie de Jeanne. Claudie GALLAY va ainsi creuser le sillon de Marina ABRAMOVIC pour ponctuer l’itinéraire du personnage principal de son roman par des recherches,  des découvertes... et ainsi mener Jeanne subtilement sur la voie d’une quête intérieure.

Marina ABRAMOVIC est une artiste contemporaine qui a puisé son inspiration dans ses peurs personnelles. Elle s’est singularisée avec des performances physiques et mentales. Elle s’est inscrite dans le mouvement de l’art corporel et a fait, de son propre corps, un champ d’expérimentation. Personnellement je ne la connaissais pas mais grâce aux ponctuations données avec ses citations régulièrement recopiées par Jeanne dans son carnet qui fait office de journal intime, je me suis familiarisée avec l’univers de cette artiste. Sous la plume de Claudie GALLAY, le portrait brossé de l’artiste prend une dimension tout à fait particulière. Elle enrichit ainsi les soirées de Jeanne passées sur l’ordinateur avec toutes ces citations minutieusement recopiées dans son carnet qui fait office de journal intime et rend un très bel hommage à une femme qui n’a pas hésité à mettre sa vie en danger pour réaliser ses projets artistiques. J’ai été personnellement très touchée par la puissance libératrice de l'art qui permet, tant à celui qui crée, qu'à celui qui admire, de s'émanciper, repousser les limites et ouvrir le champ des possibles.

La beauté artistique, Claudie GALLAY en fait un leitmotiv. Elle va ainsi offrir à Jeanne la contemplation de peintures d’une chapelle en cours de rénovation. Les descriptions de Claudie GALLAY en font un art à part entière :


Il a voulu lui expliquer les différentes étapes de ce travail, les pigments, la peinture, l'écaillement, la cristallisation des sels, l'altération, l'humidité qui circule, qui entraîne cette lèpre. P. 144

Une très jolie manière, s'il en était nécessaire, d'aborder la subtilité de l'appréciation du beau, déconnecté de toute croyance religieuse. Vous pouvez entrer dans une église sans être catholique, une mosquée sans être musulman, une synagogue sans être juif... et même si l’on conçoit que certaines parties des édifices soient réservées pour l’exercice du culte, accéder à des richesses patrimoniales absolument remarquables.

Il y a des références littéraires aussi. Jean GIONO, KAKUZO... sont invités à prendre leur place. Et enfin, l’évocation sublime du travail de Christian BOLTANSKI, cet artiste plasticien, avec « Les archives des coeurs » installées sur l’île japonaise de Teshima.

Claudie GALLAY, vous l’aurez compris, nous livre un roman audacieux, une nouvelle fois très réussi. C’est un coup de coeur. J’ai tellement aimé retrouver les qualités de sa plume, poétique, délicate et sensible, au service d’une très belle philosophie du bonheur :


Le bonheur, ça ne se commande pas, c'est un état au dedans, pas une question de vouloir ou de mérite [...]. P. 253

Vous avez peut-être lu et aimé : « Les déferlantes », « L’amour est une île » ou bien encore « Une part de ciel ». Si tel est le cas, vous aimerez « La beauté des jours », je puis vous l’assurer !

A défaut, c'est une écrivaine à découvrir absolument. Je ne peux que vous inciter à vous rendre chez votre libraire préféré(e) de toute urgence.

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2018-07-30T16:57:23+02:00

Elsa mon amour de Simonetta GREGGIO

Publié par Tlivres
Elsa mon amour de Simonetta GREGGIO

« Vis ma vie » d’#Explolecteurs avec Lecteurs.com 😉

 

J’ai quitté Paris et me suis envolée pour Rome, je me suis éloignée de Giacometti pour me laisser séduire par Elsa Morante, j’ai pris de la distance avec la plume de Jérôme ATTAL (ce n’est que temporaire bien sûr 😉) pour adopter celle de Simonetta GREGGIO !

 

Je vous livre ainsi mes premières impressions à la page 100 du roman « Elsa mon amour » publié chez Flammarion.

 

Trop hâte de poursuivre cette lecture 😍

 

Vous pouvez retrouver également mon avis sur :

* 37, étoiles filantes de Jérôme ATTAL

* Onzième roman, livre dix-huit de Dag SOLSTAD. 

 

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2018-07-30T06:00:00+02:00

Les sculptures de Laure DUQUESNE dans le cadre des Echappées d'art à Angers

Publié par Tlivres
Les sculptures de Laure DUQUESNE dans le cadre des Echappées d'art à Angers

Cette année, c'est la 3ème édition des Echappées d'art. La première tentative en 2016 avait été éphémères, les copies monumentales d'oeuvres d'art collées sur les murs des façades n'avait malheureusement pas résisté aux aléas climatiques. 

L'année 2017 a permis à des street artistes de renom d'explorer des murs angevins. C'est ainsi que Vhils a marqué de son empreinte un pignon délabré et l'a magnifié avec le visage d'une femme longuement sculpté dans la pierre, une oeuvre d'une très grande sensibilité, c'est ma préférée, je peux bien l'avouer.

En 2018, la nouveauté, ce sont des sculptures, huit oeuvres à l'effigie de femmes réalisées par une artiste locale, Laure DUQUESNE. L'exposition sur l'espace public n'aura été que de courte durée, certaines ont été effectivement vandalisées. Restaurées, elles sont désormais sous haute protection. Ainsi, Pétronille de Chemillé (dame bleue), Germaine CANONNE (dame pétillante, noire et bulles dorées), Marie TALET (dame grise argent) trônent-elles Cour de l'hôtel Pincé, rue Lenepveu.

Ma #lundioeuvredart, c'est aujourd'hui le trio composé de ces "Dames d'Anjou".

Je me suis laissée dire que les autres ont trouvé refuge au Château d’Angers et dans la Cour du Logis Barrault. Souhaitons que là où elles sont ces femmes ne connaissent plus les affronts de personnes mal intentionnées. 

Je les trouve jolies ces sculptures, moi, elles ont des formes généreuses, à l'image des "Nanas" de Niki de SAINT-PHALLE. D'une seule couleur, voire de deux, elles posent, assises, et donnent l'impression de regarder le monde, après l'avoir marqué de leur empreinte, chacune dans leur domaine. Pétronille de Chemillé fut la première abbesse de Fontevraud, Marie TALET, elle, était une résistante. Quant à Germaine CANONNE, ce fut la première femme élue de Maine et Loire.

Non seulement, elles sont belles ces sculptures, mais elles témoignent aussi de notre histoire. Respect !

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2018-07-27T06:53:50+02:00

Instantanés d’Ambre de Yôko OGAWA

Publié par Tlivres
Instantanés d’Ambre de Yôko OGAWA

Actes Sud


Traduit du japonais par Rose-Marie MAKINO-FAYOLLE


Renouer avec l'univers littéraire de Yoko OGAWA, c'est assurément s'envoler pour un voyage merveilleux bercé par le registre onirique, j'avoue, je suis une inconditionnelle de cette plume. 

Je vous dis quelques mots de l'histoire :

Une famille est frappée par un terrible drame, la mort d'une enfant alors qu'elle n'avait que trois ans. Jouant au jardin public, un chien lui a léché le visage. Le lendemain, une forte fièvre se déclare et emporte la toute petite fille. Le père travaille dans une maison d'édition spécialisée dans les encyclopédies illustrées. La mère, douloureusement affectée par cette disparition, décide de tout quitter et d'emmener ses trois autres enfants dans une propriété familiale, cernée de hauts murs. Là, elle leur offre une nouvelle forme d'éducation, à l'abri des regards. Elle leur intime l'ordre de ne pas franchir les murs, le chien maléfique pouvant revenir à tout moment. Pour accompagner leur mutation, elle leur donne de nouveaux prénoms inspirés de l'univers minéral, Opale, Ambre et Agate. Elle trouve un travail auprès des thermes du village. Pendant son absence, les enfants se cultivent au gré de leurs découvertes dans les encyclopédies de leur père et de leur exploration du vaste jardin qui leur est offert jusqu'au jour où un homme sonne à la porte, Joe, marchand ambulant. Là commence, pour eux, une toute nouvelle existence.

Derrière cet enfermement, d’aucuns pourraient y voir un emprisonnement, une privation de la liberté de mouvement, une séquestration, la double peine en quelque sorte, j’y ai personnellement vu une immense preuve d’amour, comme un baume offert par cette mère à ses enfants pour panser leurs plaies. Il y a une question de survie dans l’urgence à agir, proposer une alternative à la vie d’avant empreinte de cette tragédie, et une perspective de résilience aussi.

Et puis, en dehors du fait de devoir se conformer à l’interdiction de sortir, les enfants baignent dans un bonheur préservé du mal de nôtres société. Ils apprennent par eux-mêmes, font des expériences, se confrontent avec la nature. J’ai été particulièrement sensible aux liens qui unissent cette fratrie, la solidarité mise en place et leur force pour surmonter l’indicible. 


Chaque membre de la fratrie endure la tristesse expérimentée par l’ensemble. P. 38

Elle pratique au quotidien une certaine éducation loin des formats académiques, elle cultive avec eux cette nécessité de regarder, d'approfondir, d'analyser par soi-même. 


En réalité, il a sa manière bien à lui d’observer le monde, différente de celle des autres. Il ne se contente pas de regarder le point qui se trouve présentement devant ses yeux : il accueille aussi la continuité des instants passés et à venir. P. 28

Et puis, avec Yôko OGAWA, nous sombrons dans la féerie. Que ça soit avec la danse par exemple, la passion d’Opale, une discipline artistique qui prend, sous la plume de l’écrivaine, ses plus beaux costumes. Les descriptions sont tout en délicatesse, raffinement et sensualité. 


Chaque fois que ses jambes parfaitement tendues dispersaient les feuilles mortes, que l'extrémité de ses doigts allait saisir un point dans l'espace, sa colonne vertébrale ployant pour dessiner une courbe élégante, l'une après l'autre les cavités dissimulées au fond de l'obscurité prenaient du relief. P. 14

Enfin, ce qui me séduit toujours avec cette auteure, c’est sa capacité à décrire le monde, sans sa plus profonde sensibilité. Tous les sens sont en éveil.

Une nouvelle fois, ce roman de Yôko OGAWA est un petit bijou de la littérature, tout comme Amours en margeLa marche de MinaCristallisation secrète... et beaucoup d'autres m'attendent encore ! 

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2018-07-26T06:25:53+02:00

37, étoiles filantes de Jérôme ATTAL

Publié par Tlivres
37, étoiles filantes de Jérôme ATTAL

Retrouvez mon avis sur Lecteurs.com à la page 100 du dernier roman de Jérôme ATTAL publié chez Robert Laffont et qui sortira prochainement dans toutes les bonnes librairies.

Vous ne connaissez pas encore le principe des #explolecteurs ?

Je vous dis tout dans ce billet.

Je vous quitte pour poursuivre ma lecture, elle est jubilatoire !

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2018-07-24T17:00:00+02:00

L'Art de perdre d'Alice ZENITER

Publié par Tlivres
L'Art de perdre d'Alice ZENITER
 
Il est des romans qui nous aident à aborder l'Histoire de notre pays et nous offrent des clés de compréhension sur notre société contemporaine. Incontestablement, l'excellent roman d'Alice ZENITER entre dans cette catégorie.
 
Naïma est une jeune femme, elle travaille dans une galerie d'art parisienne. Ses origines, elle ne les connaît pas plus que ça. Femme libérée, elle boit, elle fume, elle est la maîtresse de son patron. Mais régulièrement, dans son quotidien, l'histoire de sa famille lui est rappelée par de menus indices sans jamais être explorée de fond en comble. Le fantôme de l'Algérie hante ses journées, ses nuits aussi, jusqu'à devenir un incontournable de son itinéraire personnel. La perspective d'une exposition dédiée à Lalla, un peintre kabyle, met Naïma sur la voie. Là commence une toute nouvelle histoire.
 
Ce roman, je dois bien l'avouer, m'a profondément intéressée. D'abord, je crois, parce qu'il aborde une page de l'Histoire de la France très méconnue, celle de l'Algérie, depuis sa colonisation jusqu'à la guerre d'indépendance avec tout ce que cela peut encore générer aujourd'hui en termes de résonnances. La littérature, avec quelques générations de recul, commence à lever le voile sur des événements des XIXème et XXème siècles.


C’est pour cela aussi que la fiction tout comme les recherches sont nécessaires, parce qu’elles sont tout ce qui reste pour combler les silences transmis entre les vignettes d’une génération à l’autre. P. 19

Valérie ZENATTI, Colombe SCHNECK, Joseph ANDRAS, Kaouther ADIMI, Anne PLANTAGENET, Magyd CHERFI... pour ne citer qu'eux, s'y sont déjà essayés mais Alice ZENITER va plus loin. En un peu plus de 500 pages, elle brosse un portrait complet d'un territoire largement impacté par des stratégies politiques. Depuis 1830, la conquête de l'Algérie par l'armée française, jusqu'en 1962, la signature des accords d'Evian, l'écrivaine reconstitue méticuleusement la chronologie des événements. Que son travail de recherche et de restitution soit ici largement salué.
 
Mais ce roman, c'est aussi une formidable épopée romanesque, un livre qui vous immerge au sein d'une famille française, mettant des noms sur des êtres, avant tout, humains. C'est ainsi que l'on découvre Ali, un jeune garçon qui va faire fortune grâce à un don du ciel. Alors qu'il se baignait dans un torrent et risquait sa vie avec ses copains, un pressoir transporté par les eaux lui est offert. Il n'en faudra pas plus pour qu'Ali lance une vaste entreprise de production d'olives. Marié à l'âge de 19 ans à une cousine, il aura deux filles qui ne sauraient le satisfaire. Il renie sa première épouse et en choisit une deuxième, Yema n'a que 14 ans quand elle vient vivre à ses côtés. Hamid naîtra en 1953, l'honneur de la famille est sauf. Parallèlement, Ali voit sa trajectoire affectée par le destin de son pays. en 1940, il s'engage dans l'armée française et combat avec les alliés, c'est la première pierre posée à l'édifice, Ali fera partie des harkis, ces hommes qui prirent le parti de la France au moment de la guerre d'indépendance.
 
Avec le parcours de cette famille, Alice ZENITER embrasse trois générations, une bonne soixantaine d'année, qui marquent de leur empreinte celui de Naïma. J'ai été profondément émue par la sensibilité croissante de cette femme à l'histoire de la terre de ses ancêtres et ses origines familiales.
 
L'écrivaine nous offre un très beau portrait de femme, émancipée, libre dans ses pensées et ses actes. Dans la littérature, force est de constater que le filtre de lecture est souvent masculin. Là, Alice ZENITER donne un caractère original à son roman. Elle fait ainsi tomber le cliché selon lequel seuls les garçons pourraient être marqués, à vie, par l'histoire de leur père. Les filles, elles aussi, issues de l'immigration, sont psychologiquement chahutées par un passé particulièrement lourd à porter. Et si, au début, Naïma semble n'y porter qu'une faible attention, l'Algérie est bien présente :


Pourtant, si l’on croit Naïma, l’Algérie a toujours été là, quelque part. C’était une sorte de composante : son prénom, sa peau brune, ses cheveux noirs, les dimanches chez Yema. P. 12

et deviendra, au fil du livre, le sens même de son existence.
 
Outre l'approche du sujet de l'immigration, de l'intégration, des questions linguistiques, il y a aussi quelque chose d'important dans "L'Art de perdre", c'est l'exploration du logement et de ses déterminants sur la vie de celles et ceux qui l'occupent. Alice ZENITER tient un propos engagé vis-à-vis de l'urbanisme des années 1960, toutes ces barres d'immeubles existant encore dans le patrimoine architectural français, censées répondre à une demande d'habitat, considéré comme modernes à l'époque, mais qui rapidement se sont révélées inadaptées à la façon même de vivre de leurs résidents.



Malgré toute leur bonne volonté, Ali et Yema n’habitent pas l’appartement, ils l’occupent. P. 192

Outre un certain regard posé sur nos banlieues, l'écrivaine focalise sur le statut des migrants et les solutions d'urgence offertes. Entre les camps Joffre et Jouques, dits aussi respectivement "Rivesaltes" et "Cité du Logis d'Anne", des années 1960 et ceux d'aujourd'hui, il n'y a qu'un pas.
 
J'ai eu une réelle prise de conscience à la lecture de ces lignes :
 


La porte leur donne l’illusion qu’ils peuvent préserver à l’intérieur de la tente une intimité encombrée qui leur appartient, qu’ils peuvent choisir d’ouvrir ou de fermer leur domaine, qu’ils en sont maîtres. P. 154

Une révélation de ce que peut représenter un cocon familial, fermé, protégé des regards, pour des populations qui ont tout perdu, ou presque, leur dignité en dépend.
 
Vous l'aurez compris, j'ai été complètement captivée par ce roman dans une plume que je ne connaissais pas au préalable. Elle est agréable à lire, fluide, précise aussi, percutante, et profondément humaine, un excellent livre lauréat du Prix Goncourt des Lycéens.

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2018-07-22T07:59:39+02:00

Et si le dimanche, on s'offrait une leçon de philosophie...

Publié par Tlivres
Et si le dimanche, on s'offrait une leçon de philosophie...

Chaque dimanche de l'été, Raphaël ENTHOVEN nous offre une leçon de philosophie sur Europe 1 entre 13h et 14h.

L'émission s'appelle "Qui vive ?".

Mais, au fond, qu'est ce que la philosophie ? à quoi sert la philosophie ? 

Pour le savoir, je vous invite à podcaster l'émission du 8 juillet dernier, c'est un véritable jubilé de citations, de références à l'histoire, au cinéma, à l'art... tout un programme !

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2018-07-21T11:22:58+02:00

C'est parti pour l'aventure des Explorateurs de Lecteurs.com !

Publié par Tlivres

 

Cet été, j'ai l'immense chance de faire partie des 50 explorateurs de la rentrée littéraire 2018, jury organisé par les Lecteurs.com.

La Poste avait pris l'initiative de garder bien précieusement mon colis en mon absence, histoire de faire durer le suspense encore plus longtemps à mon retour.

Mais, ça y est, les quatre romans qui ont été minutieusement choisis par Dominique et Karine sont bien là ! Que de belles perspectives de lectures à venir.

 

 

C'est parti pour l'aventure des Explorateurs de Lecteurs.com !

Comme vous le savez, je ne lis plus jamais les 4èmes de couverture, alors, je vais me laisser séduire,

tantôt par les maisons d'édition, quatre sont représentées :

* Robert Laffont,

* Notabilia, 

* Grasset,

* Flammarion,

tantôt par les auteurs, mais là, oh, surprise, je ne connais aucune de ces plumes,

je vais donc partir à la découverte de celle de :

* Jérôme ATTAL,

* Dag SOLSTAD,

* Gilles MARTIN-CHAUFFIER,

* Simonetta GREGGIO,

trois hommes, une femme,

tantôt par les titres : 

* 37, étoiles filantes

* Onzième roman, livre dix-huit,

* L'ère des suspects,

* Elsa mon amour,

tantôt par les 1ères de couvertures :

C'est parti pour l'aventure des Explorateurs de Lecteurs.com !

tantôt encore par les incipits :

* une citation d'Alberto GIACOMETTI : "Toute la démarche des artistes modernes est dans cette volonté de saisir, de posséder quelque chose qui fuit constamment", 

* une préface d'Haruki MURAKAMI,

* une citation de François MAURIAC extraite du livre "Le désert de l'amour" : "Que les morts seraient embarrassants s'ils revenaient.",

* une citation d'Umberto SABA extraite de "La Gatta" : "A mes yeux elle est, comme toi, parfaite, ta chatte sauvage, mais comme toi, jeune fille amoureuse, qui toujours était en quête, errant sans pais de-ci de-là, et tous disaient, "elle est folle". Jeune fille, elle est comme toi."

Tous me promettent un joli programme, j'avoue que j'hésite encore sur le premier que je vais lire...

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2018-07-19T15:33:37+02:00

Le Lac de Gaube via le « Sentier des cascades » et le »Pont d’Espagne »

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Le Lac de Gaube via le « Sentier des cascades » et le »Pont d’Espagne »

Aujourd’hui, de nouveau grand soleil avec un risque de pluie en fin de journée, on prend notre petit déjeuner et hop, c’est parti pour le Lac de Gaube.

L’itinéraire via le « Sentier des cascades » et le « Pont d’Espagne » jusqu’au lac fait partie du GR10. Nous sommes dans le Parc National des Pyrénées.

Le Lac de Gaube via le « Sentier des cascades » et le »Pont d’Espagne »

Après trois jours, le « Sentier des cascades » reste un incontournable de Cauterets. C’est une heure trente de pur bonheur. Mais, pour celles et ceux qui ne peuvent pas, ou ne souhaitent pas, randonner, j’ai fait quelques vidéos...

Arrivés au Lac de Gaube, pause pique-nique. Nous sommes à 1 725 m d’altitude. Le site est absolument magnifique, les reflets colorés sont sublimes. 

Le Lac de Gaube via le « Sentier des cascades » et le »Pont d’Espagne »

Sous nos yeux, des fleurs de carottes sauvages se laissent butiner par des abeilles.

Le Lac de Gaube via le « Sentier des cascades » et le »Pont d’Espagne »

Des fleurs, toujours des fleurs !

Le Lac de Gaube via le « Sentier des cascades » et le »Pont d’Espagne »

Retour au « Pont d’Espagne » pour une pause goûter, gâteau basque et tartelette myrtilles (c’est la meilleure jaimais savourée en trois jours 😉).

Le Lac de Gaube via le « Sentier des cascades » et le »Pont d’Espagne »

Il ne nous reste plus qu’a rejoindre « La Raillère », l’occasion d’aller voir « La cascade du Lutour », accessible en 15 minutes depuis le parking. Un petit effort et vous vous retrouvez sur un pont, suspendu(e)s dans le vide, et vous en prenez plein les yeux et les oreilles, la cascade est là et grandiose.

Le Lac de Gaube via le « Sentier des cascades » et le »Pont d’Espagne »

Encore une très belle journée passée dans Les Pyrénées.

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2018-07-18T15:42:35+02:00

Le Col du Riou

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Le Col du Riou

Ce matin, nous sommes réveillés par le cri des marmottes, c’est nettement plus agréable que les informations nationales  qui nous annoncent « la dernière hécatombe » 😉

Il fait soleil mais attention, dans l’après-midi, des averses orageuses sont prévues. On revoit notre programme à la baisse et optons pour le Col de Riou.

La rando se fait pour partie en sous bois, le sol est souple et l’itinéraire très agréable. Pour finir, nous transitons dans les pâturages et arrivons à 1 949 m et là, quelle vue !

Le Col du Riou

Le troupeau savoure aussi... il a choisi sa place, au sommet !

Le Col du Riou

Quelques ruines peaufinent le décor 😉

Le Col du Riou

Les fleurs sont toujours bien présentes.

Le Col du Riou

Le retour se fait au pas de course, le tonnerre gronde !

On arrive au village juste à temps et à l’heure du goûter, l’occasion de déguster une tartelette aux myrtilles de chez Gillou, un délice 😋

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2018-07-18T12:51:50+02:00

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

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Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

Lundi, journée pluvieuse, nous la passons à l’espace balnéo de Cauterets, les Bains du Rocher, bassin intérieur, bassin extérieur, hammam, sauna (avouez qu’il y’a pire comme occupation 😆).

Hier, grand soleil, il va falloir en profiter, la météo est annoncée capricieuse cette semaine. Nous partons de La Raillière. Le chemin des cascades démarre à l’arrière du restaurant. Ensuite, c’est parti pour 1h30 de chemin en sous bois ponctué de chutes d’eau absolument remarquables, il suffit de suivre le pictogramme.

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

Nous sommes dans le Parc National des Pyrénées, sur l’itinéraire du GR10.

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne
Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne
La cascade du Ceriset

La cascade du Ceriset

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne
Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

Une fois arrivés au Pont d’Espagne, on s’engace pour le circuit des lacs. On monte en altitude par un chemin nettement plus physique mais quel spectacle 🤗 Se succèdent le lac de l’Embarrat, le lac du Pourtet et le lac de Nère.

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne
Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

On fait une boucle en passant par le refuge de Wallon-Marcadeau, une petite pause est la bienvenue et le site est magnifique.

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

Et des fleurs, toujours des fleurs...

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

Retour au Pont d’Espagne, on reprend le chemin des cascades, mais on ne se lasse pas du spectacle.

Pour la nuit, on opte pour le site de La Fruitière, en pleine nature, le long du torrent, un petit coin de paradis. Voici la vue au coucher du soleil !

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

Pour la nuit, on opte pour le site de La Fruitière, en pleine nature, le long du torrent, un petit coin de paradis. Voici la vue au coucher du soleil !

Le circuit des lacs en passant par le chemin des cascades et le Pont d’Espagne

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2018-07-15T14:39:14+02:00

Bienvenue à Cauterets dans les Pyrénées

Publié par Tlivres
Bienvenue à Cauterets dans les Pyrénées

Après les Alpes, nous voilà arrivés dans les Pyrénées pour une semaine de vacances.

Aujourd’hui, promenade de santé, match de coupe du monde 🇫🇷🇭🇷 oblige 😉

Nous sommes allés en voiture jusqu’au parking de La Fruitière, et là, top départ pour le Lac d’Estom à 1 804 m d’altitude.

Le sentier est ponctué de jolies chutes d’eau... j’❤️

Bienvenue à Cauterets dans les Pyrénées

L’itinéraire est très agréable, le dénivelé peu important, il est d’ailleurs suivi par les familles.

Les enfants s’aventurent à mettre les pieds dans l’eau, mais là, aïe, l’eau est très froide. Rien de tel qu’une pause pique-nique à s’émerveiller des paysages... c’est le pied, non ?

Bienvenue à Cauterets dans les Pyrénées

Je crois que l’on va se plaire ici (aussi 😉).

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2018-07-12T06:00:00+02:00

Les vérités provisoires de Arnaud DUDEK

Publié par Tlivres
Les vérités provisoires de Arnaud DUDEK

La plume de Arnaud DUDEK, je l'ai découverte avec "Les vérités provisoires" l'été dernier.

Si vous aimez les romans dont vous pouvez imaginer l'issue, ce roman publié chez Alma éditeur est pour vous.

Toute l'histoire tourne autour de la disparition d'une jeune fille dont le frère va mener, à sa manière, l'enquête, l'occasion de découvrir les liens qui unissent cette fratrie.

Assurément, un très beau souvenir de lecture que j'ai plaisir à partager avec vous. 

Il a depuis écrit "Tant bien que mal", là, attention, ça frappe très fort, une lecture coup de poing. Finalement, vous en avez deux pour le prix d'un !

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2018-07-10T11:35:00+02:00

La rose de Saragosse de Raphaël JERUSALMY

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La rose de Saragosse de Raphaël JERUSALMY

Actes Sud

 

Raphaël JERUSALMY, je ne le connaissais pas avant cette rencontre organisée le 26 mai sur Angers par la Librairie Richer dans la cadre des 40 ans d’Actes Sud, un sacré personnage !

 

Pas de rencontre sans dédicace bien sûr, j’ai donc choisi son tout dernier roman : « La rose de Saragosse ». Si vous aimez les romans historiques, celui-là est fait pour vous.

 

Nous sommes en 1485 en Espagne. Arbuès, le Grand Inquisiteur de Saragosse et du royaume d’Aragon, vient d’être assassiné. Tomas de Torquemada, le Grand Inquisiteur de Castille, décide de le venger. Il devient la risée de tout un peuple, son portrait caricaturé est placardé dans la ville. Sur chaque affiche, la même signature, une rose. Cette gravure, mystérieuse, suscite bien des convoitises.

 

Avec « La rose de Saragosse », Raphaël JERUSALMY nous livre un roman court mais dense, haletant, rythmé par la quête des artistes à l’origine de cette campagne de communication. Il nous plonge dans l'univers de la toute fin du Moyen-Age, en Espagne, en pleine Inquisition. Ses descriptions, hautement détaillées, font que le lecteur, dès les premières lignes, est immergé.

 

Il va le tenir en haleine au gré des pérégrinations de la famille de Ménassé de Montesa, juif récemment converti en possession de l'une des plus grande collection de gravures de  toute l'Espagne, et de sa fille Léa, dont Angel de la Cruz est littéralement tombé sous le charme.

 

J'ai beaucoup aimé l'approche artistique que fait l'auteur de la gravure, cette discipline considérée à l'époque comme seconde par rapport à la peinture. Raphaël de JERUSALMY lui redonne ses lettres de noblesse avec des descriptions minutieuses de pratiques ancestrales modernisées sur le modèle de ce qui est réalisé à Venise et Florence, là où se fait ce qu'il y a de plus beau !

 

Il montre aussi à quel point la gravure, bien plus que l'écriture, revêt un caractère subversif. Accessible à tous, petits et grands, lettrés et analphabètes, elle s'offre au premier regard et se déploie dans des dimensions décuplées.

 

Raphaël JERUSALMY en profite pour nous livrer son approche de l'art et de l'influence du spectateur sur son rayonnement :


Ce n’est pas dans ce que tu regardes que réside la magie de ce que je viens de graver. Mais dans la perception que tu en as et qui est elle-même illusoire car cette rose n’a d’autre âme que la tienne. P. 140

Sur fond de contexte historique, l'auteur élève au rang d'universel le sujet de la liberté. Il évoque bien sûr l'emprise de la religion sur elle et des risques grands de la voir manipulée, à la vie à la mort. Et puis, il y a ce très beau personnage de femme, celui de Léa. Elevée par son père, elle trace sa voie et entend bien l'affirmer. Une jolie manière de l'incarner.

 

L'écrivain nous offre un très bon roman historique, une épopée éminemment romanesque lue d'une traite. Pas de fioriture mais une plume efficace tout simplement.

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2018-07-09T06:29:52+02:00

Une sculpture de René BROISSAND à Annecy

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Une sculpture de René BROISSAND à Annecy

Ma #lundioeuvredart, je l’ai découverte à Annecy, au bord du lac. Inaugurée le 13 juillet 2012, c’est une création de René BROISSAND, sculpteur né en Tunisie en 1928. Elle illustre parfaitement son travail autour des oiseaux dans une matière qu’il brosse, martèle, polit... ici en version brillante. 

J’aime beaucoup l’effet de mouvement et la légèreté qu’elle inspire.

Sa beauté est renforcée par le jeu des transparences.

Sur fond bleu, qu’il s’agisse du ciel comme de l’eau, et vert, le pied dans les roseaux, je trouve qu’elle s’intègre à merveille dans cet espace naturel, une jolie manière d’aborder cette nouvelle semaine qui commence.
 

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2018-07-08T08:00:00+02:00

Le livre que je ne voulais pas écrire de Erwan LAHRER

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Le livre que je ne voulais pas écrire de Erwan LAHRER

Il y a des souvenirs que l'on aime ressasser, indéfiniment, la rencontre avec Erwan LAHRER sur les Journées Nationales du livre et du vin de Saumur font partie de ceux-là !

Si vous n'avez pas encore lu "Le livre que je ne voulais pas écrire", je crois qu'il convient de le faire entrer dans votre PAL et à une place de choix s'il vous plaît, c'est un pur bijou, le propos d'un homme profondément humaniste.

En toile de fond, les événements du 13 novembre 2015. Il était au Bataclan ce soir-là.

Blessé, il a fait du sujet un objet littéraire. Incité par ses proches à l'écrire ce livre, il les convoque et nous offre un roman à 30 mains, un exercice littéraire audacieux parfaitement maîtrisé.

Il pourrait être glauque, il n'en est rien. Erwan LAHRER sait prendre de la distance, il se regarde et se traite avec auto-dérision. Sa plume est singulière, lumineuse, empreinte d'une éblouissante générosité.

Sincèrement, ne passez pas à côté.

Santé !

 

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2018-07-06T18:27:49+02:00

Maria de Angélique VILLENEUVE

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Maria de Angélique VILLENEUVE

Grasset éditions

On dirait que les livres se sont donnés rendez-vous pour m’émouvoir profondément en ce moment, à moins que ça soit moi qui soit à fleur de peau...

Après la lecture du roman de Erwan LAHRER « Le livre que je ne voulais pas écrire », inoubliable s’il en est un, je puis vous avouer ô combien j’ai vibré avec « Maria » de Angélique VILLENEUVE, l’opportunité de découvrir une nouvelle plume, remarquable elle aussi. Je vous dis tout, ou presque !

Maria et William offrent un foyer recomposé à Céline. Elle n’avait que 4 ans quand son père, atteint d’un cancer, s’est tué accidentellement en moto. Depuis elle a bien grandi, elle est aujourd’hui mère d’un petit garçon, Marcus. La naissance du deuxième enfant est attendue. Malheureusement, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu. L’accouchement, planifié à la maison, comme pour le premier, aura finalement lieu en clinique. Rien de grave finalement, la maman et le bébé se portent bien, oui mais…

Il y a un "mais" que je ne saurais vous dévoiler parce qu’il alimente une partie du suspens entretenu dans ce roman, haletant, et qu’il n’est lui-même dévoilé qu’après un certain nombre de pages parcourues. J’en entretiendrai donc le secret !

Pour autant, il me paraît inconcevable de vous laisser quitter cette page du blog sans vous dire à quel point j’ai aimé ce roman.

J’ai, personnellement, été très sensible à la beauté du lien qui unit Maria, la grand-mère, à Marcus, son petit-fils. Les premières pages sont dédiées à l’étroitesse et la richesse de l’union de ce duo, qu’elle plaise ou non à William d’ailleurs. Maria assume totalement sa disponibilité pour l’enfant, malgré son activité professionnelle, et le fait qu’elle entretienne une relation fusionnelle avec l’enfant et tout ce que cela peut induire pour Marcus dans sa construction personnelle, il le lui rend bien d’ailleurs :


Marcus n’est pas seulement heureux de la voir. Elle le fait se transformer elle aussi. Chaque fois. Chaque fois ils se mêlent, ne forment qu’un seul. P. 17

Angélique VILLENEUVE dresse un très beau portrait de la grand-parentalité, ce phénomène de société qui prend, au XXIème siècle, une dimension toute particulière avec cette génération de grands-parents, actifs et dynamiques, jouant un rôle décuplé dans l’éducation de la nouvelle génération.

Cette relation ne manque pas bien sûr de mettre les autres à l’épreuve. J’ai déjà dit un mot de celle de Maria et William, grand-mère et grand-père pouvant se distinguer dans l’acceptable et l’inacceptable, de la part de leur petits-enfants, comme de leurs enfants, mais il en est une, déjà largement appréhendée en littérature, je pense à la liaison mère/fille évidemment, qui revêt ici un caractère singulier.

Si certains châteaux de cartes familiaux paraissent bien fragiles à la sortie de l’adolescence de nos chères têtes blondes, quoi de plus normal que de voir les cartes totalement rebattues avec la naissance d’un premier enfant ! Vous me direz, l’évolution est de taille et c’est un fait, qu’une mère devienne grand-mère et qu’une fille devienne mère à son tour ne présentent rien d’anodin. Là, tout commence dans l’harmonie et la compréhension mutuelle, Maria et Céline nourrissant une certaine proximité entre elles, l’une préservant à l’autre une place de choix dans cette mutation.

J’avoue avoir versé une petite larme à la lecture du passage où Angelique VILLENEUVE évoque l'accouchement, dans la maison familiale, avec une (future) grand-mère présente dans la chambre d’à coté, totalement transie par les épreuves physiques affrontées par sa fille.  Gaëlle JOSSE décrit dans « Une longue impatience » la dimension viscérale qui unit une mère à son fils. Avec « Maria », Angélique VILLENEUVE renouvelle, tout en beauté, cette approche des vibrations du corps de la mère pour son enfant, qu'il soit petit ou grand, finalement peu semble importer. Qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille, aussi ?

En quoi le genre pourrait-il être un facteur déterminant dans la relation établie entre une mère et son enfant ? qui plus est, entre une grand-mère et son petit-enfant ? La question mérite d’être posée, à Maria bien sûr, à vous aussi ! Par la forme narrative à la 3ème personne du singulier, Angélique VILLENEUVE convoque le lecteur en qualité  d'observateur de l'évolution de ce cocon familial et l'interpelle par un jeu de questions qui ne manqueront pas d'alimenter sa réflexion. C'est là une bien belle vocation de la littérature, non ?

Si certains commencent à se trémousser sur leur chaise, surtout, ne prenez pas peur, faites confiance à la plume délicate, sensible, profondément humaine de Angélique VILLENEUVE pour vous prendre par la main et vous accompagner dans votre cheminement intellectuel, je puis vous assurer qu’elle assure ce rôle avec beaucoup de bienveillance et d’amabilité, une révélation pour moi.

Et pour finir cette chronique, je vous propose une note pigmentée. Il faut dire que Angélique VILLENEUVE pose la cerise sur le gâteau. Outre une approche psychologique particulièrement ciselée de chacun des personnages, elle invite les couleurs dans le jeu des rapports humains. A l’image de ce que véhicule Michel PASTOUREAU, l’auteure nous fait prendre conscience de la puissance des couleurs dans l’approche que nous pouvons faire de notre l’environnement, les dimensions sont multiples et variées (historique, urbaine, sociale… ) comme autant d’éléments révélant notre propre personnalité et notre attachement aux autres, une jolie prouesse.

Angélique VILLENEUVE ressemble un brin à Yoko OGAWA dans son écriture, sa sensibilité et sa poésie, j'ai aimé cette référence commune au parfum :


Son tee-shirt, celui avec les flammes, sent l’odeur de Céline. Dans son trouble Maria s’étonne, non de la trouver là, cette odeur, mais que dans sa mémoire elle soit demeurée à ce point douce et intacte, riche de tant de sentiers, de panoramas minuscules. P. 44

Je me rends compte que je ne vous ai encore rien dit de la place des oiseaux, c’est pourtant presque un roman en tant que tel ! Mais, là, stop, j’ai déjà été très longue.

Un seul conseil, LISEZ ce roman, c’est un petit bijou !

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2018-07-05T06:26:15+02:00

Fugitive parce que reine de Violaine HUISMAN

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Fugitive parce que reine de Violaine HUISMAN

Parce que ce livre continue de me hanter quelques mois après sa lecture, je vous communique ma #citationdujeudi extraite du premier roman de Violaine HUISMAN publié chez Gallimard "Fugitive parce que reine". 

Ce roman, je l'ai découvert avec les 68 Premières fois et le Prix du livre France bleu_Page des Libraires.

Violaine HUISMAN déroule le fil de son enfance aux côtés de sa soeur, en permanence sous tension d'une mère souffrant d'une maladie mentale, une mère de l'excès, y compris en amour !

La troisième partie est d'une profonde sensibilité.

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2018-07-04T06:58:57+02:00

Chanson douce de Leïla SLIMANI en poche !

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Chanson douce de Leïla SLIMANI en poche !

"Chanson douce" de Leïla SLIMANI, roman lauréat du Prix Goncourt 2016, initialement publié chez Gallimard, existe aujourd'hui en poche chez Folio.

Ce thriller psychologique est parfaitement maîtrisé, les premières pièces du puzzle ajustées, il ne reste plus qu'à combler les quelques emplacements restés libres pour que l'ensemble compose un terrible tableau. Ne passez plus à côté !
 

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2018-07-03T12:25:31+02:00

Le livre que je ne voulais pas écrire de Erwan LARHER

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Le livre que je ne voulais pas écrire de Erwan LARHER

Quidam éditeur
 

Ce roman, je peux bien l'avouer, je ne voulais pas le lire. La toile de fond des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan m'angoissait terriblement. 

Je me souviens encore parfaitement de cette soirée passée à regarder, à la télévision, des images en boucle des événements, que dis-je, des images d'un périmètre de sécurité posé autour d'un équipement et du ballet des véhicules de secours élancés dans une danse macabre, une soirée passée aussi à imaginer l'indicible. On a tous des souvenirs de concerts, de ces moments où la foule en liesse est portée par une transe communicative dans une promiscuité qui pourrait paraître indécente mais qui, justement, là, témoigne d'une même passion, d'une identité culturelle... Projeter sur ces instants de jouissance le filtre d'une scène d'attentat relève juste de l'imaginable et pourtant.

Je me souviens aussi particulièrement de la journée du lendemain passée à pleurer toutes les larmes de mon corps. Personne de ma famille, de mes amis, de mes proches n'y était, je n'étais pas le moins du monde affectée individuellement et pourtant, je vivais profondément les émotions d'un drame collectif. Pour fuir les médias qui, inlassablement, écrivaient notre histoire contemporaine, moi, j'essayais de me concentrer sur ma lecture en cours, le roman de Delphine BERTHOLON : "L'effet larsen", qui ne faisait que donner une résonance encore décuplée à notre triste réalité. Je tiens d'ailleurs à présenter toutes mes excuses auprès de l'équipe de ma plus fidèle Médiathèque, je l'ai rendu totalement gondolé. Ce roman, introduit par la citation de David LYNCH extraite de "Blue Velvet" : "It's a strange world, isn't it ?", était tout à fait d'actualité. Cette question nous taraudait toutes et tous ce jour-là. 


Lire un roman sur les événements, c'était quelque chose que je redoutais. Pourtant, de passage chez Marie à Chalonnes-sur-Loire à la Librairie du Renard qui lit, je m'en suis saisie. Il figurait dans la liste des sélectionnés pour le Prix Libr'à nous mais j'était incapable d'aller plus loin. Il m'a fait de l'oeil pendant plus d'un an. Il me narguait du haut de ma PAL mais impossible de l'ouvrir. Et puis, il y a eu ce projet de participer bénévolement aux Journées Nationales du livre et du vin de Saumur. L'auteur serait là, je ne pouvais décemment plus reculer, il fallait me lancer, et quelle surprise !

Ce roman, il a fini par devenir celui que je ne voulais pas terminer, une sensation totalement incroyable. Alors que généralement c'est avec une gourmandise à peine dissimulée que je dévore les dernières pages d'un livre, là, non, je ne voulais pas le laisser filer, je l'avais adopté ! Je me suis, dans un premier temps, promise d'attendre cette rencontre pour parcourir la quinzaine de pages qu'il me restait, j'ai encore différé le moment. Il serait précieux, je le savais. J'ai choisi les premiers instants qui ont suivi mon Tour du Mont Blanc, ceux où vous appréciez sans commune mesure de vous déchausser (comme un clin d'oeil à la première de couverture), de mettre vos orteils en éventail, de les glisser dans l'herbe fraîche et de savourer, tout simplement.


Et puis, un instant, ce roman est devenu celui que je ne voulais pas chroniquer. Comment, moi, modeste blogueuse, allais-je réussir à mettre des mots sur ce que je venais de découvrir, de ressentir ? Comment pourrais-je le synthétiser.  J'ai fini par me lancer, je savais, avant même de commencer, que ma prose ne respecterait aucune des formes habituelles, elle sera à l'image de celui qui a signé cet OVNI littéraire !

Dans ce roman, Erwan LAHRER s'interpelle lui-même par le jeu de la narration à la deuxième personne du singulier, un peu comme s'il se regardait dans un miroir et qu'il conversait avec son lui intérieur. Il nous déroule ainsi le fil de sa jeunesse, sa découverte de la musique et sa passion grandissante pour le rock. Habitué des salles de concert, il ne s'est posé aucune question lorsqu'il a acheté sa place pour aller voir Eagles of Death Metal le vendredi 13 novembre 2015 au Bataclan. 

Bien sûr, il ne savait pas qu'il y serait blessé, une balle de kalachnikov dans les fesses (lui qui finalisait justement son roman "Marguerite n'aimait pas ses fesses", avouez que ça pouvait être drôle si ce n'était si grave !), qu'il serait peut-être sauvé par cette "mauvaise bière", bue à son arrivée et qui le maintiendrait en dehors de la fosse, à moins que ça ne soit lié au fait qu'il n'avait pas de portable sur lui. Ce tout petit accessoire qui a envahi nos vie était présent en de multiples exemplaires dans la salle de spectacles ce soir-là, tous aussi convulsés par de fulgurantes vibrations et éclairés par des flashs incessants qui, bientôt, deviendraient, après les hommes, les cibles des auteurs des attentas, épris de silence et de nuit qu'ils étaient.

Erwan LAHRER a vécu les événements de l'intérieur, dans sa chair même, il a ressenti d'effroyables douleurs, il s'est battu aussi dans sa rééducation, mais de cela, il ne voulait pas en devenir un héros. Non, les héros, ce soir-là, et les jours suivants, c'était les soignants, ces professionnels et ces bénévoles d'un jour à qui il rend un vibrant hommage.

Non, Erwan LAHRER, s'il n'y avait eu la pression de ses amis, il ne l'aurait jamais écrit ce livre.

Et d'un coup, c'est la construction d'un roman, la réalisation d'un projet d'écriture qui devient le sujet même du livre, un exercice littéraire à 30 mains, les 28 d'amis  (ils n'allaient quand même pas s'en tirer à de si bons comptes !), de proches aussi, et les siennes, toutes associées dans un même objectif, celui de faire de ces événements un objet littéraire. 

Impossible pour lui de rédiger un témoignage, ni un récit de vie, que serait-il alors ? Un livre tout simplement inoubliable, un livre qui laissera dans votre mémoire une empreinte indélébile comme la cicatrice que l'auteur portera à tout jamais. Ce roman, c'est une leçon de vie, c'est le propos d'un homme profondément humaniste, il aime les gens, alors, lui demander d'en haïr quelques uns sous prétexte qu'ils mènent un projet fou, ne comptez pas sur lui. 

Cet homme est un "hyper sensible", ce sont ses amis bienveillants qui le qualifient ainsi !

Erwan LAHRER fait partie de ceux qui ne font qu'un avec les autres, il suffit de le regarder se déplacer sur le salon du livre de Saumur pour s'en rendre compte, son pas est assuré, dynamique, rapide, rien ne peut l'arrêter, pas même de vous analyser dès les premières secondes et de vous livrer une dédicace qui en dit long sur votre personnalité. 

Dans une plume joyeuse, généreuse, lumineuse, Erwan LAHRER, qui dépasse d'une bonne tête l'ensemble de nos concitoyens, nous livre une philosophie de vie à sa dimension, EXTRAordinaire ! 
 

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