La rentrée littéraire est pleine de surprises, elle nous réserve des lectures inattendues et c'est pour ça qu'on l'aime !
Côté genre, rien à voir avec tout ce que j'ai lu ces derniers temps, nous voilà happés, dès les premières lignes, par un suspens intense. Je vous dis tout, ou presque !
Le narrateur, Jeff Valdera, reçoit une carte postale énigmatique. Nous sommes le 3 février. Aucune signature et un message pour le moins sibyllin : "ça vous rappelle queqchose ?". La carte date de plusieurs années, voire plus. Au recto, 2 représentations d'un paysage de montagne et 2 vues d'un hôtel de Davos. Si Jeff Valdera reconnaît l'Hôtel Waldheim où il a séjourné plusieurs étés avec sa tante Judith, quand il avait 15 ou 16 ans, il ne voit pas qui pourrait bien lui écrire aujourd'hui. Arrivent une deuxième carte postale, puis une troisième, qui ne manquent pas d'interpeller Jeff Valdera au point de piquer sérieusement sa curiosité. Il n'en peut plus. Il décide de répondre à son interlocuteur sur la base des quelques coordonnées laissées. Une rencontre est fixée dans un musée, un lieu neutre. Là, ce n'est pas un homme, comme il s'y attendait, mais une femme qu'il rencontre. Et ça ne sera pas sa seule surprise !
Si vous aimez les romans haletants, celui-là est pour vous.
Dès la première page, François VALLEJO, dont je ne connaissais pas la plume, vous captive. Il donne quelques éléments de la vie quotidienne de Jeff Valdera pour mieux la torpiller avec la tourmente irrépressible qui va l'envahir. Bientôt, l'homme n'aura plus aucun repère et naviguera à vue au gré de ce que voudra bien lui dévoiler cette inconnue, un rapport homme/femme redoutable. Jeff Valdera est pris dans ses griffes comme le lecteur de celles de l'écrivain.
J'ai beaucoup aimé ce roman largement imprégné d'un volet historique. François VALLEJO remonte le temps et nous emmène en Allemagne, quand la RDA et la RFA se faisaient front. Le mur de Berlin constituait alors la frontière des territoires, une frontière que certains s'évertuaient coûte que coûte à franchir, à la vie à la mort. Pour ceux qui réussissaient à arriver sains et saufs de l'autre côté, parfois commençait alors une nouvelle vie, y compris familiale. Et je m'arrêterais là bien sûr, ne croyez pas que je vous en dise plus...
Ce roman est foisonnant d'indices qui vous permettront, aux côtés de Jeff Valdera, de lentement découvrir tout un pan de l'Histoire et d'en assurer la mémoire. Dans un climat géopolitique on ne peut plus tendu de la Guerre Froide, ce sont aussi les tribulations d'une famille qui trouvent une réponse à sa quête d'identité avec l'accès rendu public des Archives de la Stasi.
La plume de François VALLEJO est fascinante. La narration à la première personne du singulier renforce la proximité avec le narrateur, le lecteur se sent comme directement concerné par ce qu'il lit, un jeu d'écriture audacieux parfaitement réussi.
"Hôtel Waldheim" est un roman captivant, bravo.
Ce roman concourt au Challenge 1% rentrée littéraire organisé par Délivrer des livres,
tout comme :
- "Cette maison est la tienne" de Fatima FARHEEN MIRZA, *****
- "Chien-loup" de Serge JONCOUR, coup de coeur
- "L'hiver du mécontentement" de Thomas B. REVERDY, *****
- "Lèvres de pierre" de Nancy HUSTON, coup de coeur
- "Les exilés meurent aussi d'amour" d'Abnousse SHALMANI, ******
- "Quand Dieu boxait en amateur" de Guy BOLEY, *****