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2021-06-29T06:00:00+02:00

Baisers de collection de Annabelle COMBES

Publié par Tlivres
Baisers de collection de Annabelle COMBES

Les éditions Editions Héloïse d’Ormesson me fascinent, elles me font vibrer et j'adore ça !

Jean, le narrateur, est auteur de polars. Après 11 romans, il vit la panne d’inspiration. Sullivan, son éditeur, le sollicite mais il est stérile, un peu à l’image de sa femme, Tosca, dans un autre registre. Tosca vient de le quitter après 10 ans de mariage. Artiste aussi, elle est photographe. Depuis plusieurs années, les tentatives d’avoir un enfant se sont soldées par une fausse couche. Jade, Philémon et Cassandre s’en sont allés. Tosca n’en peut plus de ce couple. Elle a besoin de prendre le large. Elle s’envole pour Catane, elle voulait le sud, il restait des places. C’est dans l’avion qu’elle rencontre Ferdinand, un vieux monsieur qui lui propose une destination improbable, Modica Bassa en Sicile. Jean, lui, aussi fait ses valises. Il a une idée. Il pourrait écrire sur les baisers, les collectionner. Pour se mettre en condition, il repart à Saint-Lunaire, là où il a embrassé la première fille de sa vie. Il avait 17 ans. Il était serveur aux Deux Sardines. Elle s’appelait Livia. Nul sait où ces destinations mèneront Jean et Tosca. Peut-être y trouveront ils la voie d’une re-naissance…

Dans les romans, j’aime vivre un instant de rupture, le moment où le champ des possibles s’ouvre. Avec Annabelle COMBES, vous n’attendrez pas très longtemps pour découvrir la séparation de deux êtres qui s’aiment mais qui semblent au bout de quelque chose. Ils ont besoin d’un nouveau départ, d’un rebond. Chacun va trouver, non pas un mentor mais plutôt un guide, Tosca dans la personne de Ferdinand et Jean dans celle d’Ezéchias. Il y a quelque chose de très beau dans les relations nourries, de la tendresse, de la délicatesse, de l’attention.

Et puis, il y a pour tous les deux l’art comme un tremplin vers des émotions. Annabelle COMBES écrit des pages sublimes sur la puissance de l’art sur les êtres, cette capacité à permettre à chacun d’aller toujours plus loin, toujours plus haut...


Et en chacun, il y avait ce besoin identique de cohérence, de structuration dans l’acte créatif : s’appuyer sur l’art pour évacuer des peurs, ses failles, les utiliser, les articuler, les faire disparaître, les retrouver à nouveau à don corps défendant, les extirper par la traque d’une démesure : tenir sa ligne d’exploration, n’offrir que ce qui était abouti et transcendant. P. 179

Pour Jean c’est l’écriture et ce projet, un roman inspiré des baisers. 


On pourrait discourir sur tous les types de baisers. En vain. Le baiser est un art à lui tout seul. Savoir le donner, savoir le recevoir, savoir l’oublier, l’imposer, savoir l’inventer, le détester, l’amplifier, le graver, le détruire. P. 347

Annabelle COMBES va ponctuer les réflexions de Jean par l'insertion d'oeuvres d'artistes inspirées du baiser :

Idylle de PICABIA 1927
Le baiser de Néfertiti à sa fille
Le Baiser - Un homme et son enfant dd Honoré DAUMIER
Psyché ranimée par le baiser de l’Amour de Antonio CANOVA
La tempête (ou La Fiancée du vent) de Oskar KOKOSCHKA
L’Anniversaire de CHAGALL

Il y a différents disciplines artistiques, des toiles et une sculpture, différentes époques, l’une date de 3000 ans quand d’autres s’égrènent au fil des 300 dernières années, différentes nationalités aussi, française, italienne, russe, autrichienne… il souffle comme un brin d’universalité sur le sujet !

Pour Tosca, c'est la photographie. Avec elle, Annabelle COMBES nous invite à naviguer entre ombre et lumière. Le travail artistique de Tosca est largement inspiré des créations de Lucien CLERGUE.

Avec les deux personnages, Jean et Tosca, l'écrivaine décrit la puissance de l'enfantement créatif, sans oublier la beauté des sentiments. Si chacun vit dans la bulle de sa discipline, il n'en demeure pas moins que les personnages sont empreints d'humanité et de sensibilité. J'en frissonne rien que de les évoquer.


Je dis seulement qu’un des remèdes pour alléger la désolation dans une existence où les paillettes se débinent, c’est d’aller les chercher là où elles sont, tout en haut ! P. 172-173

Ce livre est original à plus d'un titre.
 
Annabelle COMBES, à l’image de Jean, son personnage de fiction, fait un pas de côté pour s’affranchir du cadre habituel. De là à dire que Héloïse d’Ormesson pourrait être Sullivan, il n’y a qu’un pas que je ne m’autoriserai pas à franchir… quoique !!!
 
Les mots sont orchestrés dans une partition plurielle, tantôt dans des paragraphes encadrés de marges régulières, un texte « justifié » pour la trame du roman, tantôt dans des phrases courtes composant des courbes comme autant de mouvements de l’âmes, là sont les poèmes, sublimant la prose, en version longue ou bien en haïkus. J’aurais pu en citer beaucoup, je choisis de partager celui-là :
 
"Sur le chevalet,
La lune en éteignoir
éclaire mes derniers mots."
 
Le tout est ponctué de respirations facilement repérables avec leur police de caractères singulière pour citer les œuvres d’art comme autant de preuves de ce qu’inspire un baiser. 
 
Ce roman, c’est un jubilé d’infinis servi par une plume d'une grâce prodigieuse. Je ne connaissais pas encore le talent d'Annabelle COMBES, merci aux Editions Héloïse d’Ormesson de m'avoir mise sur sa voie !
 
A bien y regarder, « T Livres ? T Arts ? » aussi collectionne les baisers, l’occasion d’un petit clin d’oeil à des artistes contemporains qui s’en sont inspirés :
 
 
Et le tout dernier découvert il y a un mois, offert à mon amoureux...
 
 
Mais la boucle ne serait pas bouclée sans quelques notes de musique, Alain SOUCHON aussi chante « Le baiser ». C’est tellement bon !

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2021-06-27T17:34:50+02:00

La vie ne vaut rien d'Alain SOUCHON

Publié par Tlivres
La vie ne vaut rien d'Alain SOUCHON

Aujourd'hui, c'est jour de pluie, l'occasion de cocooner, se laisser bercer par quelques notes de musique tout en douceur et je crois que dans le registre, Alain SOUCHON sait y faire !

Difficile de choisir tant l'homme a d'albums à son actif mais il semble qu'un titre soit d'actualité... je vous propose "La vie ne vaut rien".

D'abord, il y a la couverture du single. Du blanc, du noir... et puis du rouge, la couleur de l'amour, sans oublier l'oeil coquin de l'artiste, à peine caché !

Et puis, il y a le texte, magnifique...

"Il a tourné sa vie dans tous les sens
Pour savoir si ça avait un sens l'existence
Il a demandé leur avis à des tas de gens ravis
Ravis, de donner leur avis sur la vie
Il a traversé les vapeurs des derviches tourneurs
Des haschich fumeurs et il a dit

La vie ne vaut rien, rien, la vie ne vaut rien
Mais moi quand je tiens, tiens, mais moi quand je tiens
Là dans mes deux mains éblouies,
Les deux jolis petits seins de mon amie,
Là je dis rien, rien, rien, rien ne vaut la vie."

Enfin, il y a les notes de musique, là, plus de mots, juste écouter, à vous de jouer !

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2021-06-14T21:50:18+02:00

Nu zébré de Lucien CLERGUE

Publié par Tlivres
Nu zébré de Lucien CLERGUE

Je poursuis le teasing.

Après "Idylle" de Francis PICABIA , une toile peinte en 1927, voici un "nu zébré" de Lucien CLERGUE réalisé 70 ans plus tard. C'est effectivement en 1997 que l'artiste réalise une photographie d'une femme avec un store vénitien. Sa première exposition a un succès fou. L'artiste en réalisera une série, des clichés tous aussi improbables que vertigineux. 

Je ne connaissais pas le photographe Lucien CLERGUE, c'est Annabelle COMBES qui m'a mise sur la voie. Il y a une phrase de son tout dernier roman qui illustre parfaitement, je crois, la recherche esthétique de l'artiste :

 


Seule l'ombre révèle la lumière.


Si j'aime profondément la couleur, j'apprécie beaucoup aussi ces clichés qui subliment les corps.

L'artiste français est décédé en 2014. Peut-être connaissiez-vous son "Corps mémorable" publié en 1957, une composition tout à fait originale faite de photographies illustrant des poèmes de Paul ELUARD. La couverture est réalisée par son ami, PICASSO.

Si vous ne connaissez pas encore, je crois que mon #Mardiconseil vous ravira. Alors, à demain !

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2021-06-08T06:00:00+02:00

Ma double vie avec Chagall de Caroline GRIMM

Publié par Tlivres
Ma double vie avec Chagall de Caroline GRIMM
 
Il y a plusieurs manières de découvrir l’œuvre d’un artiste peintre : visiter les musées (en s’y déplaçant ou bien à distance), lire des ouvrages spécialisés, regarder des documentaires... Caroline GRIMM, elle, nous propose avec la maison d'édition de partir sur la voie de Chagall, cet artiste russe, avec un roman.
 
Chagall, c’est le peintre du plafond de l’Opéra Garnier, une commande qui lui est confiée par Malraux, Ministre de la culture. Il y rend hommage à quatorze compositeurs. Chagall a alors 77 ans. Il travaille gratuitement comme un cadeau fait à la France qui lui a tout donné. C’est le pays qui l’a accueilli, lui, Moïche Zakharovitch Chagalov, quand il a quitté son shtetl, son petit village biélorusse de Vitebsk pour se vouer à la peinture, faire fortune et rentrer demander la main de Bella ROSENFELD, la femme dont il est fou amoureux. Quand il arrive dans la capitale, il est accueilli par Victor MEKLER. Il a tout à apprendre. Il trouve de nouveaux maîtres, John SINGER SARGENT et Ignacio ZULOAGA. Il se nourrit des richesses parisiennes. Il s’installe dans un atelier rue de Vaugirard, la Ruche. Il se lie d’amitié avec Blaise CENDRARS sur fond de cubisme. Si les Français ne montrent pas d’intérêt particulier pour son art, les Allemands, eux, y sont sensibles. Il rentre chez lui, retrouve ses racines et Bella, elle qui croît en sa réussite et impose le mariage à sa famille bourgeoise. Malheureusement, leur vie amoureuse commence avec la guerre. Les frontières se ferment. Ainsi commence la vie de l’artiste qui va cumuler les rendez-vous manqués, avec le public, avec son pays...
 
Caroline GRIMM réussit la prouesse de relater une vie ponctuée de mille et une tribulations, tout en beauté. Chagall et Bella sont éminemment romanesques. En rupture avec leurs familles, ils vivent leur passion amoureuse et leur passion de l’art, contre tous. Ils sont beaux, ils sont fous, ils sont portés par l'allégresse des sentiments, des émotions, de tout ce qui fait vibrer deux coeurs à l'unisson. L'écrivaine s'est largement documentée pour restituer tout le piment d'une existence hors du commun.
 
J’ai beaucoup aimé aussi, j'avoue, les relations que nourrit Chagall avec d’autres artistes. Le couple des DELAUNAY est très présent dans la vie du peintre russe. « La femme enceinte », cette oeuvre réalisée en 1912-1913, est inspirée de la maternité de Sonia DELAUNAY.
 
Ce roman, c’est encore une formidable fresque historique sur une cinquantaine d’année, ancrant la vie de Chagall dans la grande Histoire avec la seconde guerre mondiale qui gronde et stoppe en plein vol le jeune fougueux.
 
Et puis, ce roman c’est un voyage à travers le monde. Vous allez vivre au rythme des étapes de l’itinéraire de Chagall, entre la Russie, le vieux continent et le nouveau monde. Le récit est foisonnant.
 
Quant au rythme, c'est de la pure folie, il est endiablé.
 
Cerise sur le gâteau : l’autrice égrène les chapitres comme autant d’œuvres d’art dont elle assure une prodigieuse médiation. Elle place la toile dans son contexte, explore chaque détail pour nous en délivrer les secrets. Faites-lui une petite place sur votre table de salon... quand vous n’aurez que quelques minutes, vous savourerez le plaisir de vous évader avec « Vue de la fenêtre », « Solitude », « La maison brûle », et bien d’autres encore... autant d'oeuvres d'art qui assurent la postérité de l'artiste !


La magie d’une œuvre d’art, c’est qu’elle agit sur nous comme la lumière venue des étoiles, elle nous éclaire encore bien des années après que l’astre est mort. P. 60

Un petit mot sur celle qui figure en première de couverture : « Double portrait au verre de vin » qui orne parfaitement le roman intitulé "Ma double vie avec Chagall", un titre que je ne décrypterai pas parce qu'il est le symbole d'une autres histoire... juste vous dire qu'il est annonciateur d'un procédé narratif audacieux tout à fait réussi. Bravo !

Ce roman, c'est un coup de ❤️. Vous avez reconnu bien sûr la sculpture de Marie MONRIBOT qui accompagne tous ceux qui, en 2021, m'ont foudroyée.

La plume de Caroline GRIMM, je la connaissais pour l'avoir découverte en 2014 avec la lecture de "Churchill m'a menti". Je me plais à parcourir ma chronique de l'époque... alors que "T Livres ? T Arts ?" n'existait pas encore. Imaginez, nous étions encore à l'époque de "L'Antre des Mots" ! Et devinez quoi... c'était déjà un coup de ❤️ !

Alors, comme le proverbe le dit si bien, jamais 2 sans 3, j'aimerais bien succomber une nouvelle fois. Vous me conseillez quoi : Vue sur mère ? Moi, Olympe de Gouges ? La Nuit Caroline ?

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2021-06-07T07:32:19+02:00

Idylle de Francis PICABIA

Publié par Tlivres
Photo © Musée de Grenoble

Photo © Musée de Grenoble

Vous savez ô combien mon coeur balance entre la littérature et l'art... et bien aujourd'hui, j'ai la chance de lire un livre que je vous dévoilerai prochainement (j'adore le teasing !) et qui lie admirablement les deux.

"Idylle", cette huile sur toile de Francis PICABIA de 1927 est citée par l'autrice. Par les yeux du narrateur, elle nous en donne une certaine interprétation :


Ce double regard masculin-féminin sur la scène. Baisers démultipliés, deux bouches l'une sur l'autre, deux paires d'yeux l'une sur l'autre, sur une unique face, celle de la femme.

Francis PICABIA, j'ai découvert son oeuvre et la place de sa femme, "Gabriële" BUFFET avec ce roman jubilatoire signé des mains de Claire et Anne BEREST aux éditions Stock, maintenant chez Le livre de poche. C'est un coup de coeur, je vous le conseille absolument.

Je ne me souvenais pas y avoir lu quelque chose de particulier sur cette oeuvre mais j'avoue qu'elle me touche profondément.

Il y a d'abord les couleurs, et notamment ce bleu cyan qui envahit la toile, un bleu chaud (et oui, ça existe !) et lumineux, du bleu qui fait penser à l'océan sur lequel voguerait le voilier, en arrière plan.

Et puis, il y a les bustes de deux êtres, un homme, une femme, enlacés dont les mains se touchent à peine, un peu comme si quelque chose les empêchait d'aller plus loin, de se libérer, et de vivre pleinement leur amour.

Mais ce que j'aime plus que tout, c'est le surréalisme qui traverse ce tableau, les images qui donnent à voir ce que pourrait avoir l'homme en tête, un village. Du côté de la femme, elle est représentée avec plusieurs bouches, plusieurs yeux en inversé. Francis PICABIA a puisé son inspiration dans la photographie réalisée par Man RAY en 1922 de la marquise CASATI. 

Je trouve l'ensemble prodigieux.

 

 

Idylle de Francis PICABIA

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2021-06-06T18:27:21+02:00

Mrs Robinson de Simon and Garfunkel

Publié par Tlivres
Mrs Robinson de Simon and Garfunkel

J'ai envie de music folk pour terminer ce week-end en beauté... 

Ma #chansondudimanche, c'est un titre de Simon and Garfunkel, ces deux Américains maîtres dans l'art.

Petit retour en arrière, nous sommes dans les années 1960.

Les premières notes de musique suffisent à faire chambouler mon petit coeur, pas vous ?

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2021-06-04T18:36:02+02:00

Le message de Andrée CHEDID

Publié par Tlivres
Le message de Andrée CHEDID

Depuis quelques temps, je fréquente des lectrices passionnées dans un book club. Elles regorgent de pépites, juste de la folie. Elle m’offrent ce petit pas de côté que j’aime tant en littérature. Merci 🙏

Donc, après,

« L’ami » de Tiffany TAVERNIER

« Il n’est pire aveugle » de John BOYNE,

« Les mouches bleues » de Jean-Michel RIOU,

« Il fallait que je vous le dise » de Aude MERMILLIOD, une BD,

Je vous propose « Le message » de Andrée CHEDID, publié initialement chez Flammarion et maintenant édité chez J’ai lu.

Tout commence avec cette lettre d’amour, un rendez-vous posé comme un ultimatum. Marie, reporter, photographe, est en chemin. Elle retrouvera l’homme de sa vie, qu’elle aime malgré leurs différends, leurs conflits. Cette fois, ils mettront un terme à leurs disputes intestines. Mais si Marie en est convaincue, le destin en décidera autrement. La balle d’un franc-tireur l’atteindra pour se loger dans son dos. Elle est stoppée dans son élan vers Steph, archéologue. Il doit savoir qu’elle se rendait à leur rendez-vous. Elle interpelle un vieux couple, Anya et Anton. Lui est médecin. Elle, va rapidement se lancer dans une course contre la montre pour retrouver cet homme au pull bleu et lui transmettre « Le message »...

Ce roman de Andrée CHEDID se lit en apnée totale.

Il y a cette euphorie du rendez-vous amoureux, cet élan vers un avenir qu’il reste à écrire, cette bouffée d’espoir dans un pays en guerre.


« Vivre », elle a toujours aimé ce mot, elle l’aime toujours en cette seconde comme un élan, une fontaine surgie des ombres. P. 28

Et puis, il y a cette balle perdue, l’instant de rupture...


Sur cette parcelle du vaste monde, sur ce minuscule îlot de bitume, sur cette scène se joue, une fois de plus, une fois de trop, le théâtre barbare de nos haines et de nos combats. P. 61

J’ai adoré les personnages d’Anton et Anya, capables d’autant de sagesse que de fougue. Ce ne sont pas leurs 80 ans qui les arrêteront parce que l’amour, ils savent ce que c’est, ils s’en délectent.

Et puis, il y a cette relation aux livres...

A parcourir tous ces livres, il éprouvait un plaisir neuf, intense. Son oeil avide détectait les mots qui pouvaient lui servir. Il en tirait rapidement le suc ou un rayon de lumière, ou bien une chaude proximité. À travers sa totale liberté et ces soudaines découvertes, il lui semblait vivre. Vivre comme jamais. P. 78

Ce roman, dont la couverture de Pierre MORNET fait penser au conte de fées « Les Aventures d'Alice au pays des merveilles » de Lewis CARROLL, est un bijou, un trésor d’humanité. Il est court mais d'une profonde intensité, laissez-vous séduire !

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2021-06-03T20:08:37+02:00

Dahlia de Delphine BERTHOLON

Publié par Tlivres
Dahlia de Delphine BERTHOLON

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur le tout dernier de Delphine BERTHOLON qui fait son entrée chez Flammarion.

Après

"Coeur Naufrage",

"Grâce",

"Celle qui marche la nuit",

"Les corps inutiles" et

"L'effet larsen",

place à

"Dahlia".

Laetitia, Lettie pour les intimes, est une jeune maman. Sa fille de trois ans, Mina, est partie en vacances avec son papa au Botswana en Afrique. Elle se souvient de ses années collèges. Elle vivait alors dans un mobile home avec sa mère, infirmière à domicile. En 1989, elle était en 5ème. Elle était dans la classe de Dahlia, une élève originale arrivée du Havre, surnommée par la bande de copains copines Ortie Gazoil. Son père était chauffeur routier. Lettie aimait beaucoup sa mère Francesca. Et puis, Dahlia avait deux frères, des jumeaux, Gianni et Angelo. Elle se plaignait beaucoup de sa famille qu'elle jugeait trop envahissante et enviait terriblement celle de Lettie. Elles passaient du temps ensemble jusqu'au jour où Dahlia confia un secret à Lettie, un secret qui fait chavirer les existences des deux adolescentes, mais là commence une nouvelle histoire !

Une nouvelle fois, Delphine BERTHOLON confirme son terrain de jeu, celui de l'adolescence, cette période à hauts risques qui marque parfois de son empreinte toute une vie.

Dans ce roman et comme chaque fois avec l'écrivaine, je peux bien l'avouer, la magie a opéré. Je me suis laissée prendre au garrot et puis ma gorge s'est serrée, mon pouls accéléré, jusqu'à la révélation...

Coup de maître !

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2021-06-02T20:42:10+02:00

Il fallait que je vous le dise de Aude MERMILLIOD

Publié par Tlivres
Il fallait que je vous le dise de Aude MERMILLIOD

Il y a des sujets éminemment sensibles à aborder. Celui de l'avortement en est un que Aude MERMILLIOD se propose d'explorer dans une BD éditée chez Casterman : "Il fallait que je vous le dise".

La scénariste et illustratrice s'inspire de son expérience personnelle. Elle a 24 ans quand elle découvre qu'elle enceinte. Elle décide d'avorter. C'est son choix. Elle ne l'a jamais regretté mais elle fait part de sa grande solitude face aux émotions à ce moment précis de sa vie. Il y avait comme une incompréhension avec son entourage, ses ami.e.s, dont les réflexions lui paraissaient totalement décalées avec ce qu'elle vivait.

Sa volonté : témoigner pour être utile et rassurer celles qui ont à vivre cette douloureuse expérience. 

Le coup de crayon de la jeune femme, je ne le connaissais pas. Il est très expressif. Les planches sont réalisées dans un nuancier de couleurs pastel, plutôt chaleureuses, qui donnent un caractère profondément humain au sujet. Il s'en dégage un côté bienveillant et soutenant. C'est frais et naturel, clair et sincère.

Il fallait que je vous le dise de Aude MERMILLIOD

Et puis, il y a l'histoire, enfin, les histoires. Aude MERMILLIOD a ce coup de génie de faire se croiser deux itinéraires, le sien, en tant que femme, enceinte, inscrite dans une démarche d'interruption volontaire de grossesse, et puis, celui de Martin WINCKLER, médecin, auteur du livre "Le choeur des femmes".

Il fallait que je vous le dise de Aude MERMILLIOD

Son père, à lui, pratiquait des I.V.G. clandestines. Il a donc été bercé par la démarche. Pour autant, lorsqu'il a été amené à remplacer une amie au Planning familial, il a mesuré tout le travail à réaliser pour accompagner dignement les femmes dans ce qu'elles vivaient de terrifiant. L'homme qui, aujourd'hui, a 66 ans, est humble et modeste. ll revient sur son itinéraire avec une profonde humilité. Il a pourtant fait de l'écoute des femmes, et des hommes aussi, une pratique quotidienne au point d'en nourrir le coeur de ses écrits. L'homme est bon et généreux. Il est dans la compréhension de chaque situation.

Le procédé est judicieux et parfaitement réussi. Le regard croisé est très éclairant. Le propos est délicat et sonne juste. J'aime quand l'artiste dit :


Essayer de mettre des mots dessus, et si ça ne peut pas se dire, peut-être que ça peut se dessiner.

Bravo à Aude MERMILLIOD pour cet acte qui, s'il n'est pas militant, contribue à lever l'omerta sur l'avortement et à nourrir le pouvoir d'émancipation des femmes.

Merci à Laëtitia du book club. Cette BD est une pépite !

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2021-06-01T21:08:18+02:00

Les mouches bleues de Jean-Michel RIOU

Publié par Tlivres
Les mouches bleues de Jean-Michel RIOU

Plon éditions 

 

Définitivement, je crois que mon nouveau book club va être le lieu de profondes émotions. Après « L’ami » de Tiffany TAVERNIER, « Il n’est de pire aveugle » de John BOYNE, place maintenant à un roman historique : « Les mouches bleues » de Jean-Michel RIOU. 

 

Tout commence dans un train. Aleksander KULISIEWICZ, musicien, opposant politique, militant à l’Union de la jeunesse démocratique polonaise, fait partie du convoi à destination du camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen géré par le SS Oberführer Hans Loritz. Dès son arrivée, il est confronté à l’ignominie. Mais, de ce lieu maléfique, Aleksander KULISIEWICZ va décider d’en faire un lieu subversif. Quoi de mieux que la musique pour résister ?

 

 

Bien sûr, vous vous dites qu’il s’agit d’un énième roman sur un sujet qui vous répugne. Mais celui-là est différent !

 

Tout le propos de Jean-Michel RIOU tend à honorer la personne d’Aleksander KULISIEWICZ, un être exceptionnel, un homme qui a vécu de 1918 à 1982, qui a réellement été transféré sur le camp de Sachsenhausen et qui, par la chanson, a offert aux autres déportés des parenthèses heureuses. L’oeuvre de Jean-Michel RIOU sublime la musique, le 4ème art, capable de faire oublier, le temps de la pratique, la misère humaine.


La musique peut-elle nous sauver ? Avec Rosebery d’Arguto, je n’en doute plus. Elle est bien un combat. P. 146

Et puis, comme le disait Germaine TILLION : « Au terme de mon parcours, je me rends compte combien l’homme est fragile et malléable. Rien n’est jamais acquis. Notre devoir de vigilance doit être absolu. Le mal peut revenir à tout moment, il couve partout et nous devons agir au moment où il est encore temps d’empêcher le pire. »


L’ogre ordinaire. Voilà le danger. P. 166

Ce roman, c’est aussi l’assurance de concourir à la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont été torturés et tués au profit d’une idéologie. Parce qu’un seul homme peut prendre le pouvoir et mener tout un peuple à la guerre, Jean-Michel RIOU revient sur cette page de l’Histoire qu’il ne faudra pour rien au monde oublier.

Et si vous vous interrogez encore sur le titre du roman, sur la métaphore des mouches bleues, l'auteur nous éclaire sur le sujet...


[...] peu d’espèces partagent la boulimie des fanatiques hitlériens pour la mort. C’est en cela qu’ils ressemblent aux mouches bleues. Les deux espèces cèdent à la même frénésie pour le sang et la chair fétide. P. 185

La narration à plusieurs voix est parfaitement réussie. Le « je » d’Aleksander KULISIEWICZ est ponctué par la prise de paroles de compagnons de route, ceux avec qui des liens indéfectibles se créent, Piotr, Nowak, le Cardinal, et puis, celle du camp d’Hitler, Baumkötter... Le jeu de l’écriture est tout à fait exceptionnel. Cerise sur le gâteau : les textes des chansons écrites par Aleksander KULISIEWICZ.

 

Les mots sont d’une éprouvante tendresse, la plume est délicate, empreinte de poésie, une certaine manière de RÉSISTER devant le tyran.

 

Ce roman est d’une profonde beauté. Merci Gwen de m'avoir mise sur sa voie !

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