il est de bon ton d'accorder quelques instants à toutes les découvertes récemment réalisées, de les savourer encore, avant de s'engager sur la voie d'autres toujours plus belles, plus grandes, plus intenses...
En décembre, il y a eu ce jubilé de coups de coeur ! Pendant que certains égrenaient avec gourmandise leur calendrier de l'Avent, moi, je décorais, petit à petit, un sapin imaginaire avec des boules de Noël bien singulières !
Un simple clic sur l'image, l'ensemble s'anime, et en musique s'il vous plaît !
Mais il y a eu aussi quelques surprises... de très belles surprises !
"Les huit montagnes" de Paolo COGNETTI, un hymne à la nature et aux relations humaines dans tout ce qu'elles ont de plus subtil, un grand moment de littérature !
"L'enfant-mouche" de Philippe POLLET-VILLARD, une épopée romanesque sur fond de seconde guerre mondiale.
Et puis, il y a eu des visites dans les Musées parisiens, et là, j'avoue que j'ai vécu de grands moments.
J'ai d'abord visité l'exposition "Degas Danse Dessin" au Musée d'Orsay. Il faut dire que la lecture du roman de Camille LAURENS "La petite danseuse de quatorze ans" m'avait ouvert l'appétit, j'ai dévoré, jusqu'à satiété, les oeuvres du peintre, sculpteur, elles sont d'une très grande beauté !
Il y a 100 ans, Degas mourrait, mais 1917, c'est aussi l'année de naissance d'Irving PENN, ce grand photographe américain connu notamment pour ces clichés en couverture du magazine Vogue.
Sa carrière ne saurait, toutefois, se résumer à cette notoriété, bien d'autres photographies ont fait le tour du monde pour leur singularité.
Au Grand Palais, je me suis délectée. J'en garderai d'autant plus la mémoire que mes amours ont eu la très bonne idée de m'offrir le livre de l'exposition, un cadeau tout à fait extraordinaire.
Et bien, parce qu'une année laisse aussi sa place à une autre,
je vous souhaite de très belles fêtes,
seul(e)s ou accompagné(e)s,
faites-en ce que vous voulez,
on se retrouve en 2018 pour de toutes nouvelles aventures !
Un 1er roman éblouissant qui retrace l'itinéraire hors du commun d'Evelyne PISIER.
Un exercice littéraire réalisé à 4 mains, parfaitement maîtrisé, salué par le
Prix Première plume
et le
Prix Marguerite Duras.
C'est un roman qui, autour de duos de femmes en résonance, dresse le portrait du féminisme à la française de ces 60 dernières années.
Quelle évolution et quelles fragilités aussi ! Un très beau regard posé par Caroline LAURENT, la nouvelle génération, sur le chemin parcouru, un trésor à préserver...
Retrouvez ma chronique, un simple clic, c'est ici !
Edouard Bresson est humoriste. Il est au sommet de sa gloire. Il vient d'enchaîner plus de 200 représentations et termine avec le Stade de France où 50 000 spectateurs l'attendent. Petit, il bégayait. Il était le bouc-émissaire de la classe. Harcelé par d'autres enfants de son âge, raillé par tous, humilié, blessé. Un jour, il est poussé à relever un défi lancé par la bande de Ludovic. Sa vie, comme celle de son frère cadet, Jonathan, en seront marquées pour toujours. Derrière cette façade de l'homme du spectacle, il y a un homme tout court, un homme profondément seul, rongé par la culpabilité, empoisonné par le non-dit. Et son fils, Arthur, comment vit-il, lui ? Devenu adulte, son père lui offre une formidable opportunité d'accéder à sa véritable personnalité. S'il s'agissait d'un mal pour un bien ?
Ce roman d'Amélie ANTOINE, c'est Joëlle qui m'a mise sur sa voie et je tiens à l'en remercier, j'ai passé un merveilleux moment d'intimité avec Edouard et Arthur, deux personnages profondément attachants.
D'abord, il y Edouard bien sûr, l'artiste, celui dont le métier a offert la possibilité d'être un jour reconnu, plébiscité, adulé. Les fans sont au rendez-vous, ils l'adorent. A travers ce parcours, Amélie ANTOINE fait la part belle à l'art du spectacle, à cette voie ouverte aux êtres repliés sur eux-mêmes, introvertis.. qui, par un jeu de rôle, peuvent s'offrir une revanche sur la société.
Parce que depuis le début, il n'y a que sur scène que l'angoisse est totalement vaincue, il n'y a que sur scène qu'il a le sentiment d'être véritablement qui il est supposé être. P. 22
L'art comme thérapie, le champs des possibles.
Mais Edouard n'est pas seulement un artiste, il est, aussi, un homme comme tout le monde avec peut-être, des fragilités un peu plus fortes. Il a été élevé dans un univers ouvrier, aux côtés d'un père syndicaliste, blasé par le monde professionnel, et la vie toute entière. Il a bien essayé de s'en sortir, lui, mais, sa première tentative, il la garderait en mémoire toute sa vie. Alors, difficile ensuite de se construire, d'envisager une famille. Et pourtant, il y a eu l'amour, la naissance d'un enfant, Arthur. Mais la glace peine à se rompre jusqu'au jour où...
Et puis, par le jeu de l'écriture, Arthur entre "en scène". A son tour de dire "je", d'exprimer son ressenti d'un père toujours absent, avec qui la relation est difficile, voire inexistante. Mais c'est sans compter sur l'ingéniosité de l'écrivaine qui va trouver un moyen hors du commun pour mettre ce fils sur la voie de son père. La chasse aux trésors est engagée !
Cette deuxième partie du roman est profondément humaine, empreinte de sensibilité. J'ai adoré découvrir tous ces témoignages apportés par celles et ceux qui avaient quelque chose à dire d'Edouard Bresson et la découverte, par son fils, d'une autre facette de la personnalité de son père.
Celui de Yoann, son partenaire dans les interventions de l'association à l'hôpital auprès des enfants malades, m'a bouleversée. Ils leur offraient des bulles de savon comme des bulles de rêves et leur permettait ainsi une parenthèse.
Il y a aussi le personnage de Zita, cette concierge qui remplissait à la perfection sa mission, son portrait est tout en tendresse.
Ce roman, il montre, s'il en était nécessaire, à quel point on ne connaît jamais vraiment ceux qui nous entourent, ceux qui nous sont proches.
Partagé entre l'impression de découvrir une toute nouvelle facette de mon père, une facette généreuse, altruiste, sensible, et l'impossibilité de ne pas me demander comment il a pu être cet homme apparemment dévoué tout en négligeant son propre fils. P. 183
L'itinéraire qu'Amélie ANTOINE offre à Arthur est d'une très grande beauté. Elle lui permet d'accéder à la sérénité, de mettre fin à ses tourments, ses peines et ses chagrins. Elle lui offre la possibilité, avec tous ces petits trésors accumulés, de porter un regard attendrissant sur son père. Assurément, une très belle conclusion :
C'est la première fois que je parviens à harponner un souvenir de la famille qu'on formait tous les trois, cette famille qui m'avait toujours semblé n'avoir qu'un mythe, une légende urbaine qui n'avait jamais eu la moindre consistance réelle. P. 264
La découverte de la plume d'Amélie ANTOINE est une véritable révélation. Elle m'a émue à l'envi. Je n'ai qu'une idée, rechuter !
Un petit mot aussi pour la qualité de la 1ère de couverture. A elle-seule, c'est déjà une oeuvre d'art !
Le Prix Libr'à nous rassemble pas moins de 250 libraires.
En 2017, il avait couronné "Une bouche sans personne" de Gilles MARCHAND, un immense coup de coeur.
Je trouve qu'ils ont bon goût ces libraires. A bien y regarder, sur les 10 romans présélectionnés dans la catégorie littérature francophone, j'en ai déjà lu 5, 3 sont des coups de coeur et 2 sont des romans 5 ***** :
Nos richessesde Kaouther Adimi (Seuil), lauréat du Prix du Style et du Prix Renaudot des Lycéens
Tout commence au Maroc, Anne-Angèle, une jeune femme, française, y est infirmière. Alors qu’elle soigne un patient, elle apprend par télégramme que sa soeur, Mathilde, est dans le coma suite à un accident. Il profite de ce moment de désarroi pour la mordre. Il est malade de la syphilis, une maladie du sang. Mathilde décède. Marie-Angèle découvre à Paris les secrets de sa cadette, notamment un contrat passé pour l’accueil d’une enfant, Marie, de l'Assistance Publique. Elle décide de prendre la relève de sa soeur et de l’honorer, coûte que coûte. Elle abandonne son pays d’adoption et voue toute son attention à la petite, tout ça sur fond de seconde guerre mondiale. Alors que l’histoire aurait pu rester banale, elle devient une épopée romanesque pleine de rebondissements.
Ce roman est inspiré de l’histoire familiale de l’auteur, Philippe POLLET-VILLARD, il retrace la vie d'une enfant qui va devoir prendre son destin en main pour assurer sa survie et celle de sa mère adoptive. Dans l'impossibilité de vivre plus longtemps dans la capitale, elles quittent Paris pour la Champagne et s'installent dans le petit village de Courcy. Marie va devoir prendre très vite des responsabilités en temps normal dédiées aux adultes, elle va vivre de péripétie en aventure jusqu'à flirter avec le camp allemand. C'est un véritable page-turner. Il évoque les expatriés en terre colonisée, le sort des hommes et des femmes vivant sous la pression Française, et puis, subitement, les camps sont inversés, la France est occupée et là, c'est au tour de l'occupant de fixer les règles du jeu.
Philippe POLLET-VILLARD fait la part belle aux femmes dans ce roman, des femmes qui n'ont eu qu'elles sur qui se reposer, des femmes éprises de liberté qui souhaitent choisir de leur sort, quitte à en payer le prix fort. Marie évolue entre une femme de principe et une "pute".
C'est ça, la liberté pour une femme, selon Toinette, de pouvoir dire oui ou non. P. 305
Quant aux hommes, ils jouent avec le pouvoir, c'est à celui qui sera le plus fort et en de conflit, paradoxalement, les risques sont plus élevés :
Elle se souvient des paroles de Toinette à propos du danger de fréquenter les hommes lorsque les guerres tirent à leur fin. Cette manie qu'ils ont de vouloir prendre une place héroïque, de rêver leurs initiales fondues dans du bronze, leurs vertèbres dans un coffret au Panthéon. P. 351
Je ne connaissais pas encore l’écriture de Philippe POLLET-VILLARD. Il nous livre un roman empreint d’humanité, fluide et dont j’ai tourné les pages avec avidité, j’avais très envie d’en connaître le dénouement. Il semble que la chronologie des événements historiques tels que rapportés soit chahutée, ce n'est dans tous les cas pas ce que je retiendrais. Nous sommes loin du roman de Valérie TONG CUONG "Par amour", à titre d'exemple, qui, lui, entre de plein fouet dans le registre des romans historiques.
Ce 1er roman est lauréat du Prix Médicis étranger 2017, mais c'est aussi un coup de coeur de Jackie de la Librairie Richer, assurément un très bon conseil de lecture.
Je vous emmène à Grana dans le Val d'Aoste où les sommets culminent à plus de 4000. Deux amoureux fous, un brin originaux, s'y marièrent en 1962. Rejetés par leurs familles, ils étaient 4, le nombre minimum pour célébrer une union. Rien de plus naturel donc que de fuire la ville au moment des vacances pour aller s'y ressourcer. De cette union, naîtra un garçon, Pietro. Très vite, il est initié aux plaisirs de la randonnée. Le père et le fils y réalisent de nombreuses escapades, de quoi tisser le fil de la complicité. Vient parfois se glisser dans cette intimité, Bruno, cet enfant des montagnes. Lui les regarde d'un tout autre oeil. Elles ne représentent pas ses vacances mais sa vie quotidienne, il y est né, il y mourra aussi. Entre les deux garçons du même âge, le jeu de la concurrence et le sentiment de jalousie viennent parfois troubler les relations. Les année passent et puis un jour, un drame vient assombrir le tableau, les cartes sont rebattues et commence alors une autre vie...
Ce roman d'apprentissage est d'une exquise beauté. Il montre tout ce dont les enfants ont besoin pour se construire et puis, cette nécessité, un jour, de s'affranchir de l'éducation de ses parents pour s'affirmer, décider de son propre chemin. Il y a de formidables passages sur la relation père-fils, si peu décrite dans la littérature en général, les femmes (mères-filles) y occupant une très grande place il faut bien l'avouer. Heureusement, Paolo COGNETTI est là pour réduire un peu cette inégalité de traitement et il le fait avec beaucoup de talent.
Il évoque avec une infinie précision la relation de l'homme à la nature, et à la montagne plus encore.
Peut-être ma mère avait-elle raison, chacun en montagne a une altitude de prédilection, un paysage qui lui ressemble et dans lequel il se sent bien. P. 53
Les descriptions des panoramas m'ont évoqué avec ravissement ce trek réalisé au Pérou. Il y a quelque chose de singulier, d'unique dans la découverte, la surprise :
Ce qui est beau, avec les lacs alpins, c'est que l'on ne s'attend jamais à les trouver si on ne sait pas qu'ils sont là, on ne les voit pas tant que l'on n'a pas fait le dernier pas, on dépasse la berge et là, sous les yeux, c'est un paysage nouveau qui s'ouvre. Le bassin n'était que pierraille côté soleil, et plus nous regardions vers l'ombre, plus il se couvrait de saules et de rhododendrons, d'abord, puis de forêt. Au milieu il y avait ce lac. P. 88
Et comme à chacun à son altitude, à chacun sa manière de s'approprier la montagne. Avec elle, c'est tout un panel de disciplines qui s'offre à qui veut bien la conquérir :
La grimpe, c'était le plaisir d'être ensemble, d'être libre et de faire des expériences, aussi un rocher de deux mètres au bord d'un fleuve valait-il autant qu'un huit mille. Ça n'avait rien à voir avec le culte de l'effort et la conquête de sommets. P. 107
Mais il ne faudrait pas réduire ce roman à cette seule dimension. Dans "Les huit montagnes", il y a aussi un brin d'interculturalité,. J'ai beaucoup aimé la confrontation des univers des jeunes garçons et les mots attachés à chaque environnement social et urbain :
Et il disait : c'est bien un mot de la ville, ça, la nature. Vous en avez une idée si abstraite que même son nom l'est. Nous, ici, on parle de bois, de pré, de torrent, de roche. Autant de choses qu'on peut montrer du doigt. Qu'on peut utiliser. Les choses qu'on ne peut pas utiliser, nous, on ne s'embête pas à leur chercher un nom, parce qu'elles ne servent à rien. P. 210
Enfin, il explore les relations humaines. Comme pour les montagnes, à chacun sa manière de les apprécier. Il y a celles et ceux qui, à l'image de la mère de Pietro, ont besoin d'y baigner et en font le sens de leur existence :
Du côté de ma mère, je voyais les fruits d'une vie passée à cultiver les relations, à les soigner comme les plantes de son balcon. Je me demandais si on pouvait acquérir un don pareil, ou si on naissait avec [...] P. 160
Et puis il y a les autres qui ont besoin de distance et d'isolement pour être soi-même :
Ce que je tenais à protéger, c'était ma capacité à rester seul. Il m'avait fallu du temps pour m'habituer à la solitude, en faire un lieu où je pouvais me laisser aller et me sentir bien, mais je sentais que notre rapport était toujours aussi compliqué. P. 229
La plume de Paolo COGNETTI est absolument remarquable, elle est empreinte de sensibilité et d'humanité. Dans "Les huit montagnes", il fait de la nature sa toile de fond pour examiner en profondeur ce qui compose chacun, ses origines, ses souvenirs, sa manière très personnelle et subjective d'apprécier la vie à sa juste valeur.
Un très beau roman initiatique.
Impossible de vous quitter sans cette chanson de Jean FERRAT "Que la montagne est belle", elle est à propos je crois !
je vous offre un jubilé de coups de coeur, une sélection de livres qui m'ont faire rêver, rire et pleurer, qui m'ont bouleversée, transportée, chamboulée, bref, qui ont fait de cette année 2017 une très belle année de découvertes littéraires.
J'avais envie de terminer tout en beauté la série des 24 coups de coeur du mois de décembre et je crois que j'ai trouvé.
La plume de Gilles MARCHAND, je l'ai découverte avec les 68 Premières fois et ce fut une révélation ! Elle est pleine de fantaisie, de tendresse et de poésie.
"Une bouche sans personne" est un roman dense, il repose sur une magnifique relation d'amitié dans laquelle va s'immiscer la grande Histoire. C'est aussi le sujet de la différence qui est subtilement abordé, un fil rouge conforté récemment par l'écrivain dans "Un funambule sur le sable", lui aussi, un bijou.
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Ce coup de coeur est un peu particulier. C'est mon tout 1er roman découvert avec les 68 Premières fois, cette association dont je partage et savoure les découvertes depuis bientôt 2 ans maintenant.
"De ce pas" est un roman qui parle d'exil, de migration, de filiation et de danse, tous ces sujets évoqués à travers l'itinéraire de Justine, une jeune femme avec qui j'ai beaucoup aimé de partager 2h30 de lecture qui m'ont laissées, en mémoire, des souvenirs à vie.
La plume de Caroline Broué est belle, délicate, grâce et raffinée.
A bien y regarder, je trouve que ce roman porte très bien le costume de coup de coeur.
Vous voulez en savoir plus, un simple clic sur l'image et vous accéderez à ma chronique.
Après avoir célébré comme il se doit le 100ème anniversaire de la mort de Edgar DEGAS jeudi soir au Musée d’Orsay avec la visite de l’exposition temporaire Degas Danse Dessin, j’ai fêté un autre anniversaire, avec 100 bougies toujours, mais pour honorer la naissance d’un grand artiste, américain celui-là, photographe, Irving PENN.
Comme vous, j’avais quelques clichés en mémoire, mais j’étais loin d’avoir connaissance de l’ensemble de son parcours artistique et j’avoue que la visite guidée organisée au Grand Palais vendredi dernier a été un grand moment de bonheur, je sais tout maintenant (ou presque !), et je vais assouvir mon envie de partager avec vous toutes mes découvertes.
Cet homme est donc né en 1917. Il a acheté son Rolleiflex en 1938, il l’accompagnera toute sa carrière. Il va faire ses débuts au Harper’s Bazaar. Remarqué par le magazine Vogue, il va commencer sa carrière avec des natures mortes. Peut-être vous imaginez-vous déjà des images classiques, traditionnelles, où rien ne dénote, détrompez-vous, Irving PENN donne de la vie à ses clichés, il prend non seulement les objets mais aussi tout ce qui a pu témoigner du passage de l’homme (ex : une trace de café laissée sur le bord d’une tasse, une tâche sur la nappe, un mégot de cigarette...).
Il va se lancer ensuite dans la réalisation de portraits d’hommes et de femmes célèbres. Mais, là aussi, Irving PENN va se démarquer de la photographie habituelle, il va choisir de mettre ses modèles dans des situations inattendues. Il va les soumettre par exemple à l’exiguïté d’un angle de mur. Certains joueront les "gros bras" pour s'approprier l'espace, comme Salvador DALI...
Il va aussi proposer des clichés avec un tapis tout ragoûtant, informe.
Il veut montrer la vraie personnalité de celles et ceux qu’il photographie. Pour ses modèles, il s’agit là d’un véritable affront, d’une épreuve. Le Corbusier, l'Architecte, lui, se demande ce qu'il fait là. Mais peu importe, Irving PENN sait se faire respecter. Le modèle lui appartient le temps des prises de vue, il les dirige, y compris dans des situations inconfortables.
Irving PENN a réalisé une mission au Pérou, à Cusco plus précisément, pour le compte du magazine Vogue. Il y photographie des hommes et des femmes de la rue.
Irving PENN a réalisé une mission au Pérou pour le compte du magazine Vogue. Il y photographie des hommes et des femmes de la rue. Accompagné de Jean PATCHETT, il réalise de nombreux clichés de la star mais non satisfait de ses prises, il immortalise un instant d'abandon du top model...
De retour en France, il improvise un élément de décor qu’il gardera tout au long de sa vie professionnelle, un rideau de théâtre devant lequel il fera poser ses modèles. Il cassera les lignes droites en créant des courbes là où le tissu se plie. Beaucoup poseront ainsi, y compris celle qui deviendra son épouse, Lisa FONSSAGRIVES.
Irving PENN c’est le photographe de l’après-guerre, il joue, il s’amuse, il montre le côté glamour de l’Amérique, la coquetterie des femmes. Il est photographe de mode et verra ses clichés largement diffusés en couverture du magazine Vogue.
Mais Irving PENN n’a pas photographié que des grands du monde, il a aussi mis son art à la disposition des petits métiers, il va sublimer ces êtres de la vie quotidienne de Paris sans qui la vie ne pourrait pas être ce qu’elle est. Ainsi, il va faire venir dans son studio de la rue Vaugirard la vendeuse de ballon... Il réalisera des clichés de ce type aussi à Londres et New-York.
Très imprégné de l’histoire de l’art, Irving PENN puise dans ses références artistiques pour réaliser des clichés qui valorisent les plus faibles, leur donnant ainsi, le temps d'une pose, l'allure des grands du monde. Ne trouvez-vous pas que ce charbonnier photographié à Londres ressemble, à s'y méprendre, à Dante peint par BOTTICELLI ?
Il est très attaché à donner de la dignité aux plus fragiles. C’est le cas de ces petits artisans, mais il l’a prouvé aussi avec ce cliché de Colette, quelques années avant sa mort. La maladie la ronge mais il va réussir à la photographier en lui préservant une part de beauté.
Irving PENN est le premier aussi à réaliser des clichés sur fond blanc. Il ne se focalise que sur son modèle et l’isole de son environnement. Il n’est donc pas un ethnographe mais plutôt à l’origine d’un observatoire de ce qui est amené à disparaître.
A partir de 1960, il va affiner encore la qualité de ses clichés en travaillant sur platinium, un matériau qui donne une lumière diffuse.
Irving PENN va aborder aussi le nu. Là encore, il va trouver sa voie, quitte à se mettre à dos les critiques de l’art de l’époque. C’est ainsi que ses nus à la végétation pubienne jugée trop développée ont été rejetés comme ceux montrant des corps disgracieux dans des figures tout autant surprenantes. Il est très attaché à la vie réelle des hommes et des femmes et assume ses clichés hors du commun. Il faudra attendre une cinquantaine d’années pour qu’en 2002 le Metropolitan Museum of Art de New York daigne les exposer et reconnaître leur valeur artistique.
L’exposition se clôture avec des clichés de mégots de cigarettes. Son mentor, Brodovitch est mort d’un cancer, son père aussi. La cigarette devenue déchet de l’homme est explorée sous toutes ses coutures, sur le trottoir, dans le caniveau, avec une taille décuplée. Là aussi, ses clichés ont été rejetés. Trop avant-gardistes, trop indignes.
Personnellement, j’ai adoré cette visite. J’ai adoré cette exposition, la découverte de l’ensemble de la carrière de l’artiste et des différentes dimensions de son art.
De nombreux clichés sont entrés dans ma mémoire et ne sont pas prêts d’en sortir.
Je tiens à féliciter le travail de la médiatrice qui nous a accompagnés pendant 1H30 dans cette découverte.
Ce 1er roman de Sébastien SPITZER se passe sur fond de 2de guerre mondiale, certes, mais il est différent de tous les autres :
- d'abord parce qu'il se passe au moment de la libération, cette période singulière au cours de laquelle les cartes sont rebattues,
- ensuite parce qu'il se déroule en Allemagne, un territoire peu exploré par la littérature française,
- enfin parce qu'il dresse des portraits de femmes hors du commun, Magda Goebbels bien sûr, mais aussi Lee Miller, cette photographe américaine qui a été contrainte d'attester de la fiabilité de ses clichés, à tel point ils montraient l'indicible.
Ce roman fait partie de la sélection des 68 Premières fois et j'ai eu l'immense bonheur de faire connaissance de son auteur vendredi dernier, assurément une belle rencontre.
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Vous avez envie de rire, de pleurer, de vous laisser porter par de beaux sentiments, ce roman est pour vous.
Marie-Sabine ROGER, c'est l'auteure de "La tête en friche". Si vous aviez aimé sa plume dans ce roman qui a depuis été porté au cinéma, vous apprécierez de la retrouver dans ce coup de coeur.
Pour en savoir plus sur l'itinéraire de Prune et Merlin, un simple clic sur l'image suffit !
Je vous conseille "Les arbres voyagent la nuit" de Aude LE CORFF publié par les éditions Stock et en version poche chez Pocket.
Quand un livre devient l'objet de relations intergénérationnelles et offre de nouveaux horizons... je ne vous en dis pas plus, sauf qu'il s'agit d'un incontournable !
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Pour célébrer le 100ème anniversaire de la mort de l'artiste Edgar DEGAS, le Musée d'Orsay présente, jusqu'au 25 février 2018, une exposition qui retrace l'oeuvre du peintre, sculpteur...
L'inspiration est puisée dans l'hommage rendu par Paul VALERY, l'un de ses amis proches, dans l'ouvrage "Degas Danse Dessin" publié en 1937.
Dès les premières toiles de l'exposition, j'ai été captivée par la beauté du trait, sa délicatesse et l'émotion qui s'en dégage. D'ailleurs, à ce titre, une vidéo diffusée sur le site du Musée me semble très bien restituer ce ressenti. Je ne résiste pas à la partager avec vous !
Degas est qualifié de fou de dessin, il faut dire que ses esquisses réalisées en amont des toiles peintes sont ô combien expressives alors même que dès ses 30 ans, l'artiste souffrait de troubles oculaires.
J'avoue avoir une sensibilité toute particulière pour ses croquis, à l'image de cette "Etude d'après l'Artémis du Parthénon". Je suis subjuguée par la finesse du drapé, sa grâce, son raffinement...
L'artiste, lui-même, en avait une subtile perception...
Les toiles, même si aux yeux de l'artiste elles demeuraient imparfaites et qu'il aimait à les retravailler indéfiniment (quitte à ne jamais les restituer à ses acquéreurs !), sont d'une très grande beauté.
En petit format, elles resplendissent par leur éclat comme ses "Danseuses bleues".
Degas était aussi l'artiste du mouvement.
Toutes ses oeuvres, qu'elles soient dessinées, peintes ou encore sculptées, sont imprégnées de l'élan, la vitalité, le bouillonnement... et quel domaine aurait-il pu le séduire plus que la danse ?
Ce registre artistique a été l'objet de toutes ses convoitises. Il fréquentait ardemment l'Opéra Garnier pour en apprécier la qualité de ses ballets, mais aussi en découvrir la face cachée de ses coulisses. Il a ainsi peint cette toile "La classe de danse" entre 1973 et 1976 pour représenter les auditions des petits rats.
J'ai été particulièrement impressionnée par la beauté des danseuses sculptées, plusieurs sont ainsi présentées dans des figures EXTRA-ordinaires.
Construites à partir d'une tige métallique, l'artiste en modelait les formes pour en assurer l'équilibre.
Degas, vous l'avez compris, était un artiste dans tout ce qu'il pouvait incarner du genre. Il était celui qui aimait faire un pas de côté, surprendre, créer tout simplement.
J'ai beaucoup apprécié notamment qu'il ait glissé dans ses représentations les petits gestes de la vie quotidienne, sans lesquels les êtres ne seraient pas ce qu'ils sont, à l'image de sa "Danseuse se grattant le dos".
Il révélait ainsi une dimension profondément humaine et laissait place à une certaine espièglerie, digne de l'âge des modèles.
Quelle émotion en la découvrant, certes en copie, mais tout de même !
Après avoir lu très récemment l'essai éponyme de Camille LAURENS, j'avais hâte de la découvrir, elle !
Il faut replacer l'oeuvre dans son contexte de création pour mesurer tout l'avant-gardisme de l'homme. Cette sculpture a été réalisée entre 1875 et 1880. A l'origine, elle était faite en cire, ce matériau qui permettait de la retoucher à l'envi et dans une couleur qui permettait de représenter au plus près la couleur de la peau.
Pour la première fois en France, une sculpture était dotée d'une perruque avec de vrais cheveux. Elle était aussi vêtue, en l'occurrence d'un bustier et d'un tutu en tulle. Elle portait de véritables chaussons de danse.
Cette sculpture avait d'autres originalités encore qui ont emporté la polémique des critiques d'art de la fin du XIXème siècle. Mais là, vous comprendrez que je vous invite à lire le livre qui lui est dédié ! Camille LAURENS a réalisé un travail de fourmi pour reconstituer l'oeuvre toute entière de l'artiste, je vous laisse en savourer sa qualité !
L'exposition est visible jusqu'au 25 février 2018, pas de quoi se presser mais veillez à ne pas l'oublier !
En 2017, j'ai découvert une plume qui m'a bouleversée, transportée, tenue en apnée totale, et ce, à deux reprises, il s'agit de celle de Mathieu MENEGAUX. Vous comprendrez qu'elle soit donc mise à l'honneur à deux reprises dans ce sapin en cours d'élaboration !
Ce 1er roman, je l'ai découvert une nouvelle fois grâce aux 68 Premières fois, coup de coeur !
Désorientale va vous transporter dans le temps et dans l'espace. Il retrace l'histoire d'un pays, l'Iran, depuis la révolution à la fin des années 1970. C'est l'histoire aussi d'une famille exilée.
Il est d'une densité incroyable, ce roman est à lire absolument.
Il y a un an tout juste se déroulait la soirée des 68 Premières fois. Lenka HORNAKOVA-CIVADE était présente pour son 1er roman publié aux éditions Alma Editeur.
Ce roman historique construit autour de l'itinéraire de quatre générations de femme sur fond de construction de la République Tchèque m'a littéralement transportée. Il fait honneur à des femmes qui vont jusqu'au bout de leurs convictions, qui assument leurs choix, notamment en matière de maternité, des femmes qui sacrifieraient tout au nom de la liberté.
La plume est sensible, concise, une vraie révélation.
Je me suis laissée dire qu'un 2ème roman sortirait en février 2018. En attendant, je ne peux que vous inviter à découvrir "Giboulées de soleil".