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2022-02-28T20:14:55+01:00

Hommage à l'Ukraine par Seth

Publié par Tlivres
©Facebook / Jérôme Coumet

©Facebook / Jérôme Coumet

A chacun ses armes devant un dictateur. Seth, le street-artiste parisien utilise, lui, ses bombes de peinture et les met au service d'un message militant éminemment poétique.

Dans le 13ème arrondissement de Paris, Seth n'a pas mis longtemps à se mobiliser pour rendre hommage au peuple ukrainien.

En partie basse du mur, des chars de guerre pour représenter les russes qui sont entrés sur le territoire ukrainien à partir du jeudi  24 février 2022.

Pour les arrêter dans leur élan, pas de soldats, non, une fillette qui brandit un drapeau et piétine les armes de guerre du Président Poutine.

Seth aurait pu choisir un garçon pour représenter tous les hommes de plus de 18 ans investis pour porter les armes et protéger leur nation, à l'image du plus jeune député ukrainien mobilisé pour sauver sa démocratie. 

Mais Seth a choisi une fillette. Dans tous conflits armés, les femmes constituent les premières armes de guerre, violées, torturées, pour faire plier les hommes, les soldats. Là, en Ukraine, les femmes résistent à l'image de cette femme dont une vidéo a été largement diffusée sur les réseaux sociaux, cette femme qui invite les soldats russes à mettre des graines de tournesol dans leurs poches pour, une fois morts, fleurir l'Ukraine.

La petite fille brandit un drapeau ukrainien. Un drapeau, ce n'est pas n'importe quel objet, c'est un symbole de l'Etat, il véhicule une large charge émotionnelle dans les contextes dans lesquels il est brandi. Il matérialise la résistance du peuple fasse à l'assaillant.

Parce qu'il faut garder un brin de candeur devant l'horreur, Seth l'a fait, bravo. Cette fresque est ma #lundioeuvredart, ma manière à moi de soutenir le peuple ukrainien.

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2022-02-21T21:12:50+01:00

Introspection de Luca IZZO

Publié par Tlivres
Introspection de Luca IZZO

Ma #lundioeuvredart, je l'ai découverte une nouvelle fois sur le site Kazoart que je vous recommande sans modération.

De plus en plus attirée par la sculpture, je me suis émerveillée de la création "Introspection" de Luca IZZO, cet artiste italien qui vit et travaille en France depuis une dizaine d'années maintenant.

Elle est en résine.

Avec le roman de Jeanne BENAMEUR, "La patience des traces", et ma lecture du moment, "Voyage thérapeutique", impossible de passer à côté de cette interprétation artistique de la démarche psychologique d'observation et d'analyse de soi, de l'esprit critique porté sur ses propres forces et faiblesses.

Avouons que se regarder en face de cette manière ne peut qu'être source de révélations !

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2022-02-20T22:58:18+01:00

Lili Marlene par Mathias MALZIEU

Publié par Tlivres
Lili Marlene par Mathias MALZIEU

Ma #chansondudimanche est une jolie manière de célébrer le talent de Mathias MALZIEU, chanteur du groupe Dionysos. 

 

Vendredi dernier, dans le cadre des Entretiens Littéraires organisés par le Conseil Départemental de Maine-et-Loire,

 


Il a, avec son ami fidèle, Michaël PONTON, envoûté le public présent.

 

Dès les premières minutes du spectacle, quelques notes de guitare résonnent dans la Collégiale Saint-Martin. Et puis, au détour d’un pilier, surgit l’artiste, jouant de l’harmonica. Le ton est donné, la soirée promet d’être belle. 

 

Mathias MALZIEU a écrit quelques romans, « La Mécanique du cœur », "Métamorphose en bord de ciel", « Une sirène à Paris »… l’essai « Journal d’un vampire en pyjama », lauréat du 48ème Grand Prix des Lectrices Elle, et dans lequel il nous lance une merveilleuse invitation…

 

 


Savourer les sensations minuscules avec l'appétit épique d'une traversée du Grand Canyon. P. 221

Il a animé la soirée de ses mots, des extraits de son dernier roman : « Le guerrier de porcelaine », l’histoire de son père sur fond de seconde guerre mondiale.

 

Et puis, il y a eu ce moment hors du temps. Il a « fait son Brassens » pour interpréter Lili Marlene, une chanson d’amour inspirée du poème de l’allemand Hans LEIP. Il faut dire qu’il entretient avec le peuple allemand une relation toute particulière. Ses parents ont vécu dans une région tantôt française tantôt allemande. Et puis il y a eu cette guérison grâce au sang de deux femmes allemandes, de quoi largement justifier que son cœur balancé entre Lili et Marlene !

 

Émouvant, drôle, sympathique, l’écrivain s’est plié au jeu des questions d’Antoine BOUSSIN avant de consacrer à chacun, chacune, un regard appuyé, une attention délicate, avant de signer une dédicace personnalisée.

 

Une soirée fabuleuse. Maintenant, musique 🎶

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2022-02-17T07:00:00+01:00

La patience des traces de Jeanne BENAMEUR

Publié par Tlivres
La patience des traces de Jeanne BENAMEUR

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un roman qui continue de m'habiter quelques semaines après sa lecture : "La patience des traces" de Jeanne BENAMEUR" chez Actes Sud.

Tout commence avec la chute de ce bol bleu, un matin. Ce bol, il accompagnait Simon dans sa vie depuis longtemps, c’était un cadeau précieux. C’était avec lui qu’il commençait sa journée, avec lui qu’il buvait le premier café avant de se consacrer à ses patients. Simon est psychanalyste. Il habite en bord de mer. Il vit seul. Il sent que ce bol brisé est bien plus que deux morceaux de porcelaine séparés, il est la révélation d’un appel vers le lointain, un dépaysement pour mieux se retrouver.
 
Jeanne BENAMEUR a cette capacité, en quelques phrases, à planter le décor, focaliser son objectif sur son personnage, inviter à la concentration.
 
Le personnage principal de ce roman, un homme, est psychanalyste. Si l'on imagine qu'il est en fin d'activité, avec lui, Jeanne BENAMEUR va explorer son registre d'expertise. Pour coller au plus près de la réalité, l'écrivaine s'est inspirée de sa propre expérience et de celle de professionnels remerciés à la fin du roman.
 
J'ai personnellement beaucoup appris des questionnements autour des postures professionnelles, c'est subtil, tellement humain.
 
De Jeanne BENAMEUR je n'ai pas encore tout lu. Vous vous souvenez peut-être de
 
« Profanes »
 
Avec "La patience des traces", j'ai une nouvelle fois succombé au charme de la plume, la puissance des mots. C'est un excellent roman de cette rentrée littéraire d'hiver 2022.

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2022-02-16T21:33:09+01:00

Une jeune fille qui va bien de Sandrine KIBERLAIN

Publié par Tlivres
Une jeune fille qui va bien de Sandrine KIBERLAIN
Après
 
Place à Sandrine KIBERLAIN pour une première expérience derrière la caméra. Elle nous offre un long métrage :
"Une jeune fille qui va bien"
 
Irène, jeune fille juive, vit l'élan de ses 19 ans à Paris, l'été 1942. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre… Irène veut devenir actrice et ses journées s'enchaînent dans l'insouciance de sa jeunesse.
 
Dans ce premier film, Sandrine KIBERLAIN a mis beaucoup d'elle. Il y a d'abord sa passion pour le théâtre
 


En faisant du théâtre, j'ai découvert ma vie qui commençait, j'ai compris qui je voulais être, ce que j'aimais, ce qui m'intéressait. Je me suis trouvée.

Boomerang sur France Inter, interrogée par Augustin TRAPENARD le 14 juin 2021

Le personnage d'Irène est parfaitement incarné par Rebecca MARDER de la Comédie Française, une jeune femme pétillante qui voue sa vie au théâtre. Elle prépare le concours pour le Conservatoire et nous fait toucher du doigt les exigences de l'interprétation.

Et puis, il y a le scénario, largement inspiré de la vie personnelle de la réalisatrice, jeune fille juive d'origine polonaise...


Je suis passée derrière la caméra parce que je ressentais un besoin vital de m'exprimer autrement, de diriger l'affaire. Mais je ne me sentais légitime à le faire qu'en racontant ma propre histoire, celle de ma famille

Boomerang sur France Inter, interrogée par Augustin TRAPENARD le 14 juin 2021

Avec ce premier film, Sandrine KIBERLAIN concourt à la mémoire de la grande Histoire venue détruire des destins personnels. C'est une démarche qu'elle revendique, un acte militant.

J'ai été frappée par la solitude d'Irène. Quand elle est dans l'espace public, elle est seule. En famille, elle dénote, son énergie débordante, sa fougue... font d'elle un être à part. Quand elle est au théâtre, elle est de nouveau seule... avec son étoile jaune cousue sur sa veste.

Mais rien ne saurait la freiner dans son projet. Son insouciance, sa candeur, sa fraîcheur... sont autant de qualités qui l'aident à poursuivre son chemin. Elle lutte, elle RESISTE.

Plus encore, j'ai vu dans la manière de tourner la marque personnelle de Sandrine KIBERLAIN, celle qu'elle incarne régulièrement dans des films réalisés notamment par Stéphane BRIZE, "Mademoiselle Chambon", . Il y a ces gros plans sur le visage. Il y a aussi la place donnée au non verbal, l'expression des yeux, de la bouche... par laquelle transparaissent les émotions, il y a aussi ces silences assourdissants.

C'est un film au sujet grave parfaitement traité, un beau film. Quant à la dernière image... 

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2022-02-13T07:00:00+01:00

The Way That I Love You de Passenger

Publié par Tlivres
The Way That I Love You de Passenger

A la veille de la Saint-Valentin, impossible de ne pas faire de l'amour la une du blog !

Ma #Chansondudimanche, c'est un titre de Passenger : "The Way That I Love You", des paroles qui invitent à la confiance en soi, être soi même et croire en les autres.

En plus, la vidéo tournée dans les lieux typiques de Paris n'est pas pour me déplaire.

Quant aux notes de musique, tout en douceur, qu'il est bon de se laisser bercer par le jeu du guitariste.

La voix de l'auteur, compositeur, interprète folk britannique, que l'on pourrait confondre allègrement avec celle de James BLUNT est envoûtante, tout ce qu'il faut pour se délecter. Allez, musique !

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2022-02-12T19:57:22+01:00

Histoires de la nuit de Laurent MAUVIGNIER

Publié par Tlivres
Histoires de la nuit de Laurent MAUVIGNIER

La rentrée littéraire d'hiver se passe aussi en poche, l'occasion de revenir sur des romans qui m'ont troublée.

Après

Ces orages-là de Sandrine COLLETTE

Nature humaine de Serge JONCOUR

place à

Histoires de la nuit de Laurent MAUVIGNIER

aujourd'hui disponible dans la collection Minuit Double.

Tout commence avec un passage à la gendarmerie. Patrice a emmené sa voisine faire une déposition. Depuis quelques jours, elle reçoit des lettres anonymes, la dernière avec menace. Christine, d’origine parisienne, peintre à la retraite, a choisi de quitter la ville pour la campagne. Elle vit dans le hameau de La Brassée. Il y a trois maisons. Celle de Patrice, fermier, qui vit avec sa femme Marion et leur fille Ida. Celle de Christine. Elle y vit seule avec son chien Radjah. La troisième est vide, elle est en vente. C’est d’ailleurs la brèche qu’utilise un visiteur un peu trop curieux pour être honnête quand il se présente dans la cour du hameau. Comme fait exprès, l’homme choisit le jour de l’anniversaire de Marion. Alors que Patrice passe tout son temps à la ferme, aujourd’hui, il n’est pas là. Il est parti en ville acheter son cadeau. Avant de partir, il a pris le temps de servir la table et décorer la maison. Christine est chargée de réaliser les gâteaux. Mais rien ne va finalement se passer comme prévu.

J’avais lu « Continuer » de Laurent MAUVIGNIER, un roman d’une très grande puissance. La relation d’une force inouïe entre une mère et son fils était sublimée par les grands espaces du Kirghizistan.
 
Là, l’espace y est contraint. Tout va se jouer entre quelques maisons isolées en rase campagne.
 
Le temps y est aussi compté. Vous ne vivrez à La Brassée que 24 heures.
 
La tension exercée est pourtant terrifiante. Âmes sensibles, s’abstenir.
 
Le coup de maître repose dans la peur que l’écrivain va réussir à transmettre au lecteur. Une fois, la graine semée, à l’image d’un fervent jardinier, il va l’arroser. Petit à petit, le plant va grandir jusqu’à envahir vos jours, et puis, vos nuits. Défi relevé !
 
Dans des phrases étirées à l’envi, l’auteur exerce une tension haletante. Le talent de Laurent MAUVIGNIER est terriblement sensationnel.

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2022-02-12T07:00:00+01:00

Quand une écrivaine se livre... Portrait d'Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
©Patrice Normand/Robert Laffont

©Patrice Normand/Robert Laffont

Chère Alexandra, merci infiniment d’avoir accepté de répondre à mes questions. Après la lecture de ton troisième roman, "Le sanctuaire d'Emona", cet entretien s’est imposé de lui même. Mais revenons à nos débuts, ils datent maintenant !

Tout a commencé, enfin l’écriture je veux dire, avec un blog de chroniques littéraires, Bric à book, tiens, tiens, tu nous racontes ?

Oui ! Certains diraient que c'était il y a fort fort longtemps... Nous étions en 2006, je venais d'arriver en région parisienne. Je ne connaissais alors personne ou presque, je lisais énormément, sans pouvoir partager cette passion avec mon entourage... 
Après une virée en librairie, je me suis rendue compte que j'avais envie de garder une trace de mes lectures. Je me suis lancée dans la création d'un blog, rapidement aidée par mon frère (qui s'y connaît bien mieux que moi.) L'aventure venait de débuter ! Je ne connaissais rien à cet univers. Très rapidement, c'est devenu une passion, j'y ai connu des personnes qui sont devenus des amis. C'est tellement galvanisant de pouvoir partager sa passion avec d'autres ! 

Puis, j'ai ouvert un atelier d'écriture, toujours sur ce blog, cela doit faire plus de dix ans maintenant. Il s'agissait d'écrire un texte court à partir d'une photo. C'est grâce à ce média que j'ai osé me lancer un jour dans l'écriture d'un roman. 


J’ai toujours été une grande fan de tes publications, au point de lancer L’Antre des Mots et depuis 2015, T Livres ? T Arts ? D’ailleurs, tu te souviens de cette aventure ensemble, le Prix France Bleu Page des Libraires ?

Mais bien entendu ! Quel plaisir encore une fois de lire une sélection de livres, puis d'échanger avec d'autres membres du jury...


Et puis, il y a eu les 68 Premières fois, nos lectures communes de premiers romans, de nouvelles rencontres en chair et en os, jusqu’à ce que ça soit toi qui décide d’écrire un premier roman. Tu nous racontes ?

C'est l'atelier d'écriture qui m'a permis de "faire mes armes". L'écriture est comme d'autres arts, elle s'affine avec le temps, j’ai ainsi pu trouver ma voix et ma voie, de mieux connaître les thèmes qui m’étaient chers. 

Je crois que tout est lié : à mes yeux, il serait étrange d'écrire sans aimer lire. Nous écrivons sous le regard des auteurs qui nous ont précédés, nous en sommes imprégnés, que ce soit de façon consciente ou non. Quand j'écris, je lis beaucoup de poésie, j'en picore : c'est un genre qui me nourrit, par ses images, et les émotions qu'il véhicule. 


Alors, comment as-tu franchis le cap ? Ce roman « À crier dans les ruines », il représente quoi pour toi ?

Avec le temps, je me rends compte que ce premier roman était un cri du coeur, ce n'est pas un hasard si le titre contient ce nom. Un cri, car c'était avant tout un hommage à la terre de mes ancêtres, souvent bafouée et outragée par l'Histoire. Encore actuellement, c'est un pays de cicatrices. 

Il représente cette place que j'ai osé prendre un jour, celle qui est la mienne. J'ai cessé d'être un derviche tourneur. 


 

Forte d’un très grand succès, un énorme coup de ❤️ pour moi, tu as poursuivis avec « La dixième Muse ». Quelle relation entretiens-tu avec Guillaume APOLLINAIRE ?

Ha ! Guillaume... plus je me documentais sur lui, plus je l'aimais. Il y a dans l'enfance de son poète une absence qu'il a comblée grâce à son art. 

Au départ, je voulais écrire un portrait inversé d’Apollinaire. A la manière du roman Les dix amours de Nishino où un homme est vu par les femmes qui ont marqué sa vie, sans que lui soit narrateur. Puis, après avoir corrigé mon premier roman "A crier dans les ruines", j’ai eu envie de continuer de parler de la Nature, c’était une sorte d’appel. Apollinaire a eu une première partie de son oeuvre où elle avait une place prépondérante… J’avais mon sujet pour mon deuxième livre ! 


Ces deux romans ont été publiés Aux Forges de Vulcain, l’occasion d’un petit clin d’œil à David 😉 Comment s’est passée la rencontre avec cet éditeur ?

Nous avons d'abord échangé par mail, puis, David a voulu me rencontrer pour faire plus ample connaissance. C'est un moment primordial : le texte a besoin d'une bonne entente entre un écrivain et son éditeur. Ecrire est un acte intime, on s'y dévoile souvent, on s'y met à nu, aussi sans une véritable confiance, le texte pourrait en pâtir. 

J'ai la chance d'avoir rencontré deux éditeurs avec lesquels cette confiance existe, l’un pour les parutions « adultes » aux Forges, l’autre pour la jeunesse, dans la Collection R chez Robert Laffont. Nous partageons des références communes, des univers semblables. C'est un terreau pour déployer mes ramifications. 


Aujourd’hui, avec ce troisième roman, « Le sanctuaire d’Emona », changement de maison, il est donc édité chez Robert Laffont, pourquoi ?

Là aussi, c'est une rencontre entre Elsa (mon éditrice) et moi : elle venait de lire "A crier dans les ruines", et trouvait que j'avais parlé avec justesse des adolescents. Elle m'a envoyé un mail pour savoir si je souhaitais écrire pour cette tranche d’âge. Je n'y avais pas pensé, mais l'idée me séduisait. J'en ai parlé à David, qui ne publie pas de jeunesse, puis j'ai rencontré Elsa. 

Très vite, je lui ai proposé un synopsis qui lui a plu, c'était parti pour une nouvelle aventure. Je ne pensais pas que cette écriture m'emporterait ainsi. En fait, je côtoie tous les jours des adolescents : à l'origine, c'est un public que j'adore, pour son authenticité, sa façon d'être enthousiaste. Ecrire pour eux a été une véritable révélation : pour eux, j'ai eu envie de me dépasser. 


Alors, là, oui, changement de registre, tu t’improvises dans le roman jeunesse. Tu nous dis quelques mots de l’histoire ?

Il est question de magie, de coïncidences qui n'en sont pas, d'amitié qui renverse tout sur son passage et fait devenir meilleur, mais aussi de quête des origines, de civilisations perdues... 


Pourquoi cette histoire ?

Pour l'imaginer, je me suis replongée quelques années en arrière. Quelle histoire aurais-je voulu lire à cette époque ? Quel message aurais-je voulu entendre ? Ecrire pour la jeunesse est une façon d'écrire à l'adolescente que j'étais...


Séléné comme Irina sont en quête de leurs origines, leurs racines. Je crois que ton propre regard est porté par l’Est. Cette quête là n’est-elle pas aussi un peu la tienne ?

Je crois bien qu'il me serait difficile d'écrire sur un thème qui ne me plairait pas. Nous restons des mois, voire des années avec nos personnages, leurs joies comme leurs tristesses. Sans que mes personnages soient un miroir de moi-même, il y a des thématiques que je creuse. Et je pense vraiment que je ne pourrais pas écrire un roman qui ne se passe pas à l'Est. C'est un territoire tellement riche... Et je trouve qu’on n’en parle pas assez en littérature française. 


Pourquoi un roman jeunesse alors ?

Parce que c'est une histoire que j'ai imaginée pour eux, qu'écrire pour eux se rapproche aussi de ce que je fais tous les jours avec eux : les guider vers l'âge adulte. Il y avait une sorte de défi que je me devais de relever tant l'estime que j'ai pour eux est grande. 


Moi qui suis totalement tombée sous le charme de ce conte fantastique (il faut dire que mon adolescence date seulement d’hier.. enfin avant-hier ! Vous pouvez donc toutes et tous en déduire que ce livre est aussi pour vous 😉), j’ai eu l’immense joie de découvrir en 4ème de couverture qu’il s’agit d’une saga. Pourquoi ?

Oh, d'emblée, quand j'ai vu mon éditrice, elle m'a dit que c'était une saga, j'ai donc construit aussi mon synopsis selon cette donnée. Et c'est très grisant de ne pas terminer une histoire une fois le premier livre terminé, je vais pouvoir faire évoluer mes personnages, les faire grandir, c'est tout simplement génial ! Elles ne me quittent pas, mais restent encore un peu, comme ces élèves que je vois de la 6e aux études supérieures. Je les regarde toujours avec un regard attendri. C'est ça aussi le métier de professeur : voir deux ou trois générations défiler, apprendre quelles études puis quels métiers ils font, savoir qu’ils sont devenus parents.  


Combien de tomes prévois-tu ?

Plusieurs ! 😊


Je suppose que le public jeunesse va aussi modifier ta tournée des libraires plus orientée vers les lycées, non ?

Je ne sais pas vraiment, car j'ai déjà énormément vu des lycéens avec mon premier roman. Il a été sélectionné sur de nombreux prix de lycées. C'est un peu pareil pour la « La dixième Muse » : certains professeurs le conseillent à leurs classes de Première. Avec "Le sanctuaire d'Emona", ce sera sans doute une continuité de ce qui a été amorcé. 


Tu abandonnes les adultes un temps ou bien nous prépares-tu aussi un roman à venir ?

Oh non, je n'abandonne personne ! J'ai déjà réfléchi à mon prochain roman aux Forges, je l'ai commencé lui aussi. J'ai toujours été hyperactive et boulimique : l'écriture est un trésor dans lequel je nage sans éprouver de fatigue. 

Je ne voudrais pas te mettre la pression mais je suis déjà en sevrage de ta plume et je ne sais pas comment je vais pouvoir tenir !!! Mais oublions-ça, pour le moment, tapis rouge à ce dernier roman sorti il y a quelques semaines seulement. Je te souhaite un immense succès. Que la jeunesse te rende bien tout l’amour que tu lui donnes !

Hahaha ! Merci ! A très vite pour la suite des aventures, alors ! 

 

Vous avez envie de lire d'autres interviews ? Retrouvez 

Jean-Luc MANIOULOUX

Catherine ROLLAND

Sandrine COLLETTE

 

Mathieu MENEGAUX

 

Gilles MARCHAND

 

Lenka HORNAKOVA CIVADE

 

Anne DE ROCHAS

 

Alexandre SEURAT

 

Valérie TONG CUONG

 

Alain JASPARD

 

Caroline CAUGANT

 

Caroline LAURENT écrivaine et éditrice

 

Jean-Maurice MONTREMY éditeur

 

Marie et Antoine de la Librairie Le Renard qui lit
 

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2022-02-11T08:25:16+01:00

La patience des traces de Jeanne BENAMEUR

Publié par Tlivres
La patience des traces de Jeanne BENAMEUR
 
Il y a des rdv avec des écrivains qui sont un peu comme des rencontres avec des amis. A chaque lecture de Jeanne BENAMEUR, c’est un peu comme retrouver un univers littéraire, un registre artistique et puis toujours,  le pouvoir des mots… pour le plus grand des plaisirs.
 
Vous vous souvenez peut-être de
 
 
Dans cette rentrée littéraire de janvier 2022, place à "La patience des traces".
 
Tout commence avec la chute de ce bol bleu, un matin. Ce bol, il accompagnait Simon dans sa vie depuis longtemps, c’était un cadeau précieux. C’était avec lui qu’il commençait sa journée, avec lui qu’il buvait le premier café avant de se consacrer à ses patients. Simon est psychanalyste. Il habite en bord de mer. Il vit seul. Il sent que ce bol brisé est bien plus que deux morceaux de porcelaine séparés, il est la révélation d’un appel vers le lointain, un dépaysement pour mieux se retrouver.
 
Jeanne BENAMEUR a cette capacité, en quelques phrases, à planter le décor, focaliser son objectif sur son personnage, inviter à la concentration. Le rythme est lent, chaque mot pesé. Simon peine à se projeter. Je le ressens dans mon corps, ma sensibilité est éveillée. Partira, partira pas. Il va finir par prendre l’avion pour une destination qu’il a laissé choisir par son ami. Il joue avec Hervé aux échecs. Il est en totale confiance, la confiance que l’écrivaine va explorer sous toutes les coutures et décliner à l’envi.
 
Comme j’ai aimé découvrir la psychanalyse à travers la carrière de Simon, la nécessité d’écouter, une présence pour franchir le cap…


Et même si du divan une voix semblait s’adresser à moi, je sais que je n’étais là que pour le passage des paroles du dedans au dehors. P. 125

Et puis, il y a ce voyage intérieur, celui que Simon s’offre à lui-même, meublé de silences, habité par la solitude, porté vers la contemplation, un voyage pour se débarrasser de ce qui l’entrave, à l’image de ces raies Mantas qui se défont sur les coraux de ce qui les encombrent et s’offrent ensuite le plus beau des vols planés comme un nouveau souffle, un nouvel élan vers autre chose. Quelle plus jolie métaphore.
 
Le voyage de Simon fait ressurgir la douleur de malheureux souvenirs. Il avait bien essayé de panser ses propres plaies mais elles lui résistaient.


Les émotions violentes sont empreintes. On ne peut que les circonscrire pour qu’elles n’envahissent pas tout. P. 123

Chez Akiko et Daisuke Itô, tout est différent. Tout est différent, le cadre de vie, les saveurs culinaires, les tenues vestimentaires, le rapport aux autres. Avec eux se crée une complicité presque naturelle qui va bien au-delà des mots, c'est de leur musicalité dont il est question. Chuintés, simplement murmurés, délicatement prononcés, ils deviennent le baume de toutes les trahisons.


La langue inconnue qui vous enveloppe, se parle juste à côté de vous. Lui y trouve une paix profonde. P. 106

J'ai adoré voir la complicité se nourrir entre les deux hommes, en l'absence même de la traduction des mots. Si l'on peut parfois appréhender de ne pas pouvoir échanger par le biais d'une langue commune, il est en réalité bien d'autres alternatives à la parole pour entrer en communication avec l'autre comme le regard, l'expression du visage, les mouvements des mains, la position du corps, et bien d'autres encore. Simon et Daisuke vont expérimenter le non-verbal dans leurs échanges et nous montrer ô combien il peut être riche... d'humanité.
 
L'art peut-être le prétexte à l'expression d'émotions et devenir la source d'un partage. Si vous êtes une fidèle de Jeanne BENAMEUR, vous savez qu'il occupe toujours une place de choix dans ses romans. Dans "La patience des traces", elle nous propose une plongée dans deux disciplines artistiques, deux pratiques artisanales qui perpétuent la beauté et l’utilité du geste, sa répétition inlassable pour atteindre la perfection. Il y les tissus bingata aux couleurs vives, des couleurs crues, des couleurs pures, qui vous touchent en plein cœur. Il y a aussi la porcelaine avec le kintsugi, cette pratique artistique qui magnifie les brisures des objets avec de la poudre d’or.
 
L’écriture de Jeanne BENAMEUR est éminemment belle et délicate, profondément sensorielle. Ce roman est une nouvelle fois une invitation à arrêter le temps, se poser, toucher, sentir, regarder, écouter, savourer pour S’ÉMERVEILLER.

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2022-02-10T21:35:56+01:00

Au café de la ville perdue de Anaïs LLOBET

Publié par Tlivres
Au café de la ville perdue de Anaïs LLOBET

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur mon premier coup de coeur de l'année 2022 : "Au café de la ville perdue" de Anaïs LLOBET aux éditions de l'Observatoire.

Fidèle à moi-même, il s'agit d'un roman historique.

Je vous propose de vous envoler pour Chypre.

Une jeune journaliste française installée à une table du café Tis Khamenis Polis suscite bien des convoitises. Il y a Giorgos qui égrène ses souvenirs de Varosha, sa vie là-bas, son hôtel Seaside. Et puis, il y a Ariana, serveuse, qui vient passer ses pauses avec elle et lui raconte l’histoire de sa famille : son père Andreas, élevé par sa tante Eleni récemment décédée. Ses parents à lui se sont évaporés, sa mère, Aridné, était une chypriote turque. Elle serait partie avec un soldat. Lui, rongé par le chagrin, aurait pris la mer, sans jamais revenir. Ariana est habitée par cette filiation. Elle est aussi hantée par cette maison de Varosha dont l'adresse,14, ados Ilios, tournoie autour de son bras. Cette maison, c'est celle que ses grands-parents ont dû abandonner au moment du coup d’Etat de 1974. C’est là que la grande Histoire s’invite à la table des deux jeunes femmes pour ne plus la quitter.
 
Ce roman, c’est un roman dans un roman, un exercice littéraire parfaitement réussi.
 
Anaïs LLOBET joue avec les temporalités, deuxième prouesse. Elle arrive à conjuguer deux périodes au présent, celle de 1974 avec le coup d'Etat, et celle d'aujourd'hui. 
 
A travers les différentes générations, depuis celle de Ioannis et Aridné jusqu’à Ariana, il se passe une quarantaine d’années, quelques décennies qui ont nourri des relations de haine entre les peuples, des traumatismes qui sont transmis des parents aux enfants avec ce qu'ils ont de plus dramatiques. J'ai beaucoup aimé la référence au tatouage d'Ariana comme l'empreinte laissée par une maison dans laquelle elle n'a jamais vécu mais qui l'habite pourtant dans sa chair. Il y a cette adresse, il y a aussi ce figuier.
 
Je découvre avec ce roman la plume d'une jeune écrivaine, romanesque à l’envi, sensible, pudique, pleine d’humilité, portée par un profond humanisme. La chute est prodigieuse, bravo !

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2022-02-09T20:48:46+01:00

Presque de Bernard CAMPAN et Alexandre JOLLIEN

Publié par Tlivres
Presque de Bernard CAMPAN et Alexandre JOLLIEN

L'année 2022 promet d'être riche en émotions côté ciné.

Après 

"En attendant Bojangles" de Régis ROINSARD

"Animal" de Cyril DION

place au film "Presque" réalisé et interprété par Bernard CAMPAN et Alexandre JOLLIEN.

Quelques mots du scénario :

Deux hommes prennent la route, de Lausanne vers le sud de la France, dans un corbillard. Ils se connaissent peu, ont peu de choses en commun, du moins le croient-ils…

Il y a des films qui vous donnent envie d'aimer la vie, "Presque" fait partie de ceux-là.

Tout commence avec de très belles notes de musique du tout jeune compositeur Niklas PASCHBURG dont le premier album "Oceanic" est sorti en 2018.

Et puis, il y a cette légèreté un brin insouciante dans les premières images, Alexandre JOLLIEN, atteint d'athétose, sur un vélo, casque sur les oreilles. Il est livreur de produits bio.

Face à lui, la gravité incarnée par Bernard CAMPAN, croque-mort.

Tous deux composent un formidable duo pour aborder des sujets éminemment philosophiques, le terrain de jeu d'Alexandre JOLLIEN dans la vraie vie. Vous vous souvenez peut-être de son premier ouvrage : "Eloge de la faiblesse". La mort, la vie, le plaisir, le désir, le bonheur... sont autant de notions qui vont être traitées avec gourmandise et fantaisie.

Il y a bien sûr le handicap et le regard des autres qui sont explorés. J'ai adoré l'absence de tabou et la simplicité des relations pour y pallier. Il y a quelques jolis pieds de nez, histoire de donner à chacun.e l'opportunité de méditer.

Le bout de chemin réalisé par les deux hommes et leur complicité sont une réelle cure de jouvence, un moment hors tout.

Bref, c'est un film à voir absolument. 

Si vous hésitez encore, vous pouvez toujours visualiser la bande annonce...

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2022-02-08T07:00:00+01:00

Le sanctuaire d’Emona de Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
Le sanctuaire d’Emona de Alexandra KOSZELYK
Alexandra KOSZELYK nous revient dans cette rentrée littéraire en explorant un nouveau genre, un roman pour jeunes adultes, un roman fantasy, et je dois bien l'avouer, c'est un coup de ❤️ (vous avez bien sûr repéré l'oeuvre de Botero Pop, "Love" !).
 
Séléné a un frère, Antoine. Tous deux ont été adoptés par leurs parents. Séléné est en quête d’identité. Il y a cette empreinte au poignet, une forme lunaire. Il y a ce mystère qui entoure ses origines et la fait la souffrir. Cet été, c’est décidé, elle va prendre de la distance et partir pour l'Australie. Ses plans ne se réaliseront pas tout à fait comme elle le souhaitait mais c’est ça ou rien. Ses parents acceptent qu’elle parte mais avec son frère et sa copine Daria. Plutôt qu’un vol direct, il y aura un itinéraire en voiture pour s’arrêter en Roumanie voir sa mère. Le jour du départ, une nouvelle s’incruste, Irina, la sœur de Daria. Tout ça n’est pas pour plaire à Séléné mais quand l’équipe sera arrêtée en Slovénie, soupçonnée de transporter de la drogue et abandonnée en rase campagne avec une voiture en pièces détachées, Séléné trouvera chez Irina un brin de réconfort. Elle ne sait pas encore que des aventures pour les moins surprenantes les rapprocheront beaucoup plus encore.
 
La plume d’Alexandra KOSZELYK, je la connaissais pour avoir lu ses romans, « À crier dans les ruines » et « La dixième Muse », tous deux publiés Aux Forges de Vulcain. Elle franchit un nouveau cap avec « Le sanctuaire d’Emona » de la Collection R de Robert Laffont.
 
J’ai adoré retrouver la fluidité de la prose au service d’un roman, cette fois d’aventures, vraiment haletant. Il y a ce départ en vacances de Séléné, addict des réseaux sociaux. Alexandra KOSZELYK croque tendrement cette jeunesse en mal d’exister devenue experte dans la technique du recadrage, l’usage des filtres et autres animations pour séduire leurs followers.
 
Si elle prend du plaisir à ancrer le propos dans la réalité de notre XXIème siècle, la tournure des événements va bientôt prendre un tout autre chemin, celui de la mythologie, des contes et légendes, pour nous proposer un récit fantastique guidé par des forces cachées. Séléné et Irina sont attirées par le surnaturel. L’une sculpte des figurines aux pouvoirs obscurs, l’autre laisse son imagination déborder et dessine d’innombrables mangas. J’ai beaucoup aimé tous ces passages où la création artistique des deux adolescentes est l'expression de talents et explorée dans ce qu’elle a de plus impérieux.
 
Et puis, il y a la magie de l’histoire, une ville de Slovénie où les sculptures de dragons sont légions, une maison inquiétante, des apparitions, une grotte comme lieu d'apprentissages... Bref, tout y est pour en faire un roman captivant.
 
Il y a encore le traitement des émotions des deux jeunes filles, un brin lyrique, et la relation d'amitié qu'elles vont tisser ensemble au fil du livre pour se solidariser et affronter les éléments. Elles composent un vrai duo de choc que rien ne saurait arrêter. J'aime ces personnages féminin pleins de fougue et d’ardeur.


Au contraire, au creux de leurs souffles, il y avait l’abandon de soi, le plus inestimable des dons, dans la confiance qu’on remet à l’autre, comme le trésor le plus précieux. P. 185

Enfin, il y a des valeurs. Ce roman, ce sont aussi des messages adressés aux jeunes adultes, une invitation à mesurer le sens de ce qui peut faire société. Le roman devient conte philosophique avec une dimension initiatique. Là aussi, les passages sont prodigieux.
 
Alexandra KOSZELYK nous enchante une nouvelle fois avec une plume éminemment descriptive, presque cinématographique. De là à imaginer que le livre soit un jour exploité par le 7ème art, il n'y a qu'un pas ! 
 
Vous l'aurez compris, Alexandra KOSZELYK embrasse avec talent ce tout nouveau genre littéraire et quelle plus belle surprise que de découvrir qu’il ne s’agit là que du tome 1. Elle nous promet une saga.
 
Je sors émerveillée de ce roman, totalement conquise. Je suis sortie de ma zone de confort pour mon plus grand plaisir, j’ai adoré retrouver mes passions d’adolescente. Je découvre que je n’ai pas pris une ride !!! Si on m'avait dit qu'un jour je craquerai pour un roman fantastique, je ne l'aurais pas cru, c'est pourtant vrai !
 
Impossible de ne pas saluer le traitement esthétique du livre qui fait partie de la collection R de Robert Laffont. Ses couvertures sont illustrées par Laura PEREZ, dessinatrice de BD. La délicatesse du trait des personnages et les reliefs font de lui un sublime objet. Bravo, c’est du grand art !
 

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2022-02-07T07:00:00+01:00

Falling de Ulrica ULLMAN

Publié par Tlivres
Falling de Ulrica ULLMAN

J’aime aller voir une exposition et tomber sous le charme d’une œuvre ou des créations d’un.e artiste. 

C’est exactement ce qui m’est arrivé hier en flânant sur le 28ème Salon de la Doutre qui accueille une cinquantaine d’artistes du grand ouest. Il y a des toiles de toutes les couleurs, des sculptures de toutes les matières… 

Personnellement, j’ai été conquise par les créations de Ulrica  ULLMAN, une très belle découverte d’œuvres réalisées en papier mâché. 

Ce qui m’a plus, c’est d’abord la joie et le brin de fantaisie qui animent les personnages. Ils donnent l’impression de tous bien s’amuser, seul ou en groupe.

Et puis, il y a le mouvement. On dirait un monde enchanté ou un manège merveilleux. Tous semblent en action et s’en délecter.

Il y a encore le message.

Ma #lundioeuvredart, c’est cette création dictée par cette volonté

«  Embarquer par l’idée que rien ne peut nous arriver »,

une sage philosophie pour commencer cette nouvelle semaine qui s’annonce.

Avec l’escalier et un personnage qui semble victorieux sur la plus haute marche, on peut y voir la réussite d’une ascension mais c’est sans compter sur la malice de l’artiste qui a choisi d’y donner le titre : « Falling », la chute, qu’elle décline à travers trois personnages endiablés. J’aime l’humour avec lequel elle traite la situation.

Être sensible devant une œuvre, c’est toujours une perche tendue pour aller découvrir l’univers artistique de son auteur. Si vous aussi avez envie d’en savoir plus sur Ulrica ULLMAN, je vous invite à visiter son site. Elle explique notamment sa démarche avec ces mots :


Je réalise mes sculptures par pulsions. Ce n’est pas l’idée qui guide le processus, mais bien le libre jeu des formes et de la matière. Je suis une «instinctuelle». Le corps humain m’inspire, essentiellement, passionnément. J’aime traduire ses humeurs que je tente d’extérioriser par l’expression du visage, du corps et surtout, par le mouvement.

https://ulrica-sculptures.jimdofree.com/demarche-artistique/

Définitivement, j’adore ❤️

Si vous hésitez encore et que vous êtes dans les environs d'Angers, faites un crochet par le Salon de la Doutre et on reparle 😉

Infos pratiques :

Ouvert du samedi 5 au dimanche 13 février, de 14 h à 19 h ; les dimanches de 11 h à 19 h. À l’hôtel des Pénitentes, boulevard Descazeaux, à Angers. Entrée libre

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2022-02-06T07:00:00+01:00

The Train Song de Nick CAVE and The Bad Seeds

Publié par Tlivres
The Train Song de Nick CAVE and The Bad Seeds

Ma #chansondudimanche, je l’ai extraite de la playlist foisonnante de Jón KALMAN STEFÁNSSON, partagée tout au long des presque 600 pages de son tout dernier roman publié chez Grasset, « Ton absence n’est que ténèbres ».

J’ai choisi « The Train Song » de Nick CAVE and The Bad Seeds, ce groupe de rock australien créé dans les années 1980.

Ce titre, sorti en single, a été distribué dans le cadre du 6ème album du groupe, un petit bijou.

Je reviens sur le roman, je ne peux décemment pas vous laisser comme ça 😉 

L’histoire se passe dans un fjord islandais, un lieu au bout du monde, un lieu au climat hostile, mais les oiseaux, eux, ne s’y trompent pas. Sur le chemin de leur migration, ils s'y arrêtent comme cet homme qui a perdu la mémoire. Après une rencontre mystérieuse à l’église, il est invité par une jeune femme à déjeuner sur la tombe de sa mère Aldís, une femme lumineuse qui, dans sa jeunesse, avait fait la connaissance avec Haraldur par le plus grand des hasards. Elle partait en week-end avec son fiancé. En chemin, ils subirent une crevaison. Ils se rendirent dans la première ferme des environs pour demander de l’aide. C’est là qu’elle croisa le regard du jeune paysan qu’elle ne pourra plus jamais oublier. Rentrée chez ses parents, elle fera une modeste valise, prendra le car pour vouer sa vie à cet inconnu. Ainsi va la vie. L’homme amnésique découvre ainsi Rúna, profondément triste du décès de sa mère. Il faut dire qu’elle est morte dans un accident de voiture. Rúna, après une thèse en histoire de la philosophie, avait décidé de rentrer chez ses parents. Alors qu’elle conduisait la voiture sur une route verglacée, sa mère, sur le siège passager, riant aux éclats avec son mari assis à l’arrière, avait fait une cabriole pour l’embrasser. Le talon de sa chaussure était venu blesser Rúna à l’œil. Elle avait alors perdu le contrôle du véhicule. Sa mère était morte sur le coup, son père resté tétraplégique, ainsi va la vie, à moins que ça ne soit une affaire de destin…

Jón KALMAN STEFÁNSSON nous livre un nouveau roman éblouissant. La plume est belle, fluide, talentueuse. Elle oscille entre les émotions pour mieux les décrypter, à travers une galerie de personnages tous très attachants.

Allez, maintenant, musique 🎶 

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2022-02-05T19:19:55+01:00

Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU

Publié par Tlivres
Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU

Albin Michel

« Surprisiers : ceux dont l’imagination est si puissante qu’elle peut changer le Monde - du moins le leur, ce qui constitue un excellent début ». Vous ne rêvez pas, vous voilà de nouveau happé.e.s par l’appel du large du talentueux Mathias MALZIEU. 
 
Gaspard est malheureux. Son amoureuse, Carolina, l’a récemment quitté. Sa grand-mère, Sylvia Snow, la fondatrice du Flowerburger, vient de décéder. Elle, c’était le sel de la vie de Gaspard, elle disait :


L’ingrédient magique, c’est l’amour. Car il permet la cristallisation du rêve. Saupoudrez le tout d’une pincée de surprise, et votre vie aura un goût exquis ! P. 28

Alors, quand son père, Camille, décide de vendre la péniche qui accueillait ce cabaret extraordinaire, c’est un peu comme si toute sa vie à lui disparaissait. C’est là que Gaspard œuvrait, il émerveillait les spectateurs de ses tours de magie. C’est là que ses rêves devenaient réalité. C’est le cœur en peine qu’il va se promener le long des quais de Seine. Le fleuve est en crue. La capitale offre un nouveau visage que les badauds cherchent à immortaliser. Un chant langoureux appelle Gaspard, un éclair bleu le foudroie. Il ne rêve pas, il voit « Une sirène à Paris ». Dès lors, tout peut arriver.
 
Si vous ne connaissez pas encore la plume féerique de Mathias MALZIEU, c’est le moment de plonger. Le chanteur de Dyonisos a une imagination à couper le souffle. Il nous offre un conte des temps modernes avec une histoire rocambolesque, à partager sans modération.
 
Avec ce livre, il nous invite une nouvelle fois à faire ce petit pas de côté pour offrir à la réalité de nouveaux habits, merveilleux, poudrés d’étoiles. 
 
La prose est illuminée, le destin de Gaspard revisité avec une parenthèse heureuse de deux jours et deux nuits, c’est le temps pendant lequel une sirène peut survivre loin des fonds marins. Dès lors, chaque seconde compte.
 
Mathias MALZIEU, je l’ai découvert avec Métamorphose en bord de ciel
 
Et puis il y a eu « Journal d’un vampire en pyjama », prodigieux.
 
Avant sa venue à Angers, j’avais envie de replonger dans son univers littéraire. Cure de jouvence assurée !

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2022-02-04T18:04:46+01:00

Ton absence n’est que ténèbres de Jón KALMAN STEFÁNSSON

Publié par Tlivres
Ton absence n’est que ténèbres de Jón KALMAN STEFÁNSSON
 
Le tout nouveau roman de Jón KALMAN STEFÁNSSON vient de sortir et c’est du très bon.
 
L’histoire se passe dans un fjord islandais, un lieu au bout du monde, un lieu au climat hostile, mais les oiseaux, eux, ne s’y trompent pas. Sur le chemin de leur migration, ils s'y arrêtent comme cet homme qui a perdu la mémoire. Après une rencontre mystérieuse à l’église, il est invité par une jeune femme à déjeuner sur la tombe de sa mère Aldís, une femme lumineuse qui, dans sa jeunesse, avait fait la connaissance avec Haraldur par le plus grand des hasards. Elle partait en week-end avec son fiancé. En chemin, ils subirent une crevaison. Ils se rendirent dans la première ferme des environs pour demander de l’aide. C’est là qu’elle croisa le regard du jeune paysan qu’elle ne pourra plus jamais oublier. Rentrée chez ses parents, elle fera une modeste valise, prendra le car pour vouer sa vie à cet inconnu. Ainsi va la vie. L’homme amnésique découvre ainsi Rúna, profondément triste du décès de sa mère. Il faut dire qu’elle est morte dans un accident de voiture. Rúna, après une thèse en histoire de la philosophie, avait décidé de rentrer chez ses parents. Alors qu’elle conduisait la voiture sur une route verglacée, sa mère, sur le siège passager, riant aux éclats avec son mari assis à l’arrière, avait fait une cabriole pour l’embrasser. Le talon de sa chaussure était venu blesser Rúna à l’œil. Elle avait alors perdu le contrôle du véhicule. Sa mère était morte sur le coup, son père resté tétraplégique, ainsi va la vie, à moins que ça ne soit une affaire de destin…

Jón KALMAN STEFÁNSSON est un formidable conteur, un exceptionnel romancier. A l’histoire de Rúna, Aldís et Haraldur se grefferont bientôt celles de Sóley, Hafrún, Skúli, leurs deux fils Halldór et Páll, sans oublier Svana, Eirikur, Gísly, Gudridur, Pétur, Halla, et bien d’autres encore. L’écrivain dresse le portrait d’une galerie de personnages hauts en couleur, des hommes et des femmes empreints d’une profonde humanité, ils pourraient être vous, ils pourraient être moi.

Leur point commun, être marqués par la disparition d’êtres chers que la mort a stoppés dans l’élan de la vie...


Tu sais, Dieu à tendance à rappeler l’être humain au beau milieu d’une phrase, d’une fête, du bonheur, d’un baiser, et ensuite, il est trop tard pour prononcer le mot qu’on aurait dû dire […]. P. 548

Ils sont tous aussi, à bien y regarder, traversés par un sentiment de culpabilité. Entre petits et grands péchés, chacun cherche la voie du pardon. Mais d’aucun, en zoomant sur leur existence, y verrait quelques actes de courage.
 
Parce que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, celle des personnages de fiction imaginés par l’auteur islandais révèle au monde ses forces comme ses faiblesses. Nul n’est blanc ni noir, le patchwork des existences de celles et ceux qui habitent les presque 600 pages de ce formidable roman montrent un vaste panel de nuances de gris. L'auteur, lui même, puise dans la nuance et le doute son inspiration...


Celui qui sait tout ne peut pas écrire. Celui qui sait tout perd la faculté de vivre, parce que c’est le doute qui pousse l’être humain à aller de l’avant. P. 210

Les générations se suivent, fortifiées ou fragilisées parce qu’en ont fait les précédentes. Plus que des individus, ce sont des familles tout entières dont le sort est chahuté.
 
Je me suis laissée porter par des destins tragiques, des vies d’amour et de labeur, au rythme d’une playlist incommensurable. Bod DYLAN, Léonard COHEN, Nas, Damien RICE, Nick CAVE, John LENNON, Regina SPEKTOR, Elle FITZGERALD, Cure, et bien d'autres encore, nourrissent le propos d'émouvantes mélodies.
 
Ce roman, c’est aussi celui d’une nature sublime, de celle qui vous ferait prendre un billet d’avion sans réfléchir.
 
Vous l’aurez compris, Jón KALMAN STEFÁNSSON nous livre un nouveau roman éblouissant. La plume est belle, fluide, talentueuse. Elle oscille entre les émotions pour mieux les décrypter...


Toute chose doit pouvoir être nommée, faute de quoi on ne peut la décrire, la cerner. P. 77

et vous savez à quel point Jón KALMAN STEFÁNSSON excelle dans ce registre.
 
Pour que la boucle soit bouclée, il me reste à remercier la délicate attention qui me l’a offert pour Noël, un si joli cadeau.

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2022-02-03T19:29:31+01:00

La femme et l'oiseau de Isabelle SORENTE

Publié par Tlivres
La femme et l'oiseau de Isabelle SORENTE

Ma #Citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un roman qui continue de me hanter, quelques mois après sa lecture : "La femme et l'oiseau" de Isabelle SORENTE.

Thomas a 91 ans. Il vit dans les Vosges dont le quotidien s’organise autour de sa randonnée matinale, là haut dans la colline, son rendez-vous avec les oiseaux. Il leur parlerait, depuis son retour du camp de Tambov en Russie où il a été emprisonné pendant 2 ans après avoir été enrôlé de force dans l’armée allemande. Il était là bas avec son frère, Alex, lui n’en reviendra pas. Le vieil homme est hanté par ces fantômes et lutte contre ses démons par des voies mystérieuses. Mona lui fait ses courses, entretient la maison et lui prépare les repas. C’est alors qu’il reçoit un appel téléphonique de sa petite nièce, Elisabeth, Directrice d’une société cinématographique. Elle lui demande de l’accueillir avec sa fille, Vina, qui a agressé un jeune homme et qui est exclu de son établissement scolaire. Là commence une toute nouvelle histoire…

Je suis littéralement tombée sous le charme de l’écriture envoûtante de l’autrice, puissante, un brin mystique. Isabelle SORENTE plante lentement le décor et brosse minutieusement les portraits de ses trois personnages. Il y a l’effet de rupture bien sûr avec l’événement qui touche directement Vina mais qui va rayonner et venir fragiliser les châteaux de cartes de chacun. Les passés sont douloureux, les secrets lourds à porter.

Je me suis retrouvée subjuguée par la complicité du vieil homme avec son arrière-petite-nièce. Ce séjour va être l’occasion pour l’un et l’autre d’apprendre à se connaître et s’apprivoiser.  J’ai particulièrement aimé la mutation des hommes au gré des événements, des rencontres, des confessions, et du pardon.

Ce roman, je vous le conseille absolument !

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2022-02-02T18:24:19+01:00

George SAND fille du siècle Séverine VIDAL et Kim CONSIGNY

Publié par Tlivres
George SAND fille du siècle Séverine VIDAL et Kim CONSIGNY

J’aime quand les BD honorent des femmes puissantes. George SAND, fille du siècle, fait partie de celles-là. C’est la création de Séverine VIDAL et Kim CONSIGNY, publiée chez Delcourt.

 

Tout commence avec cette expédition vers Nohant, dans le Berry. Aurore est malade, l’enfant est fiévreuse. A l’arrivée de la famille chez Madame Dupin de Francueil, grand-mère paternelle de George Sand, Aurore survivra. C’est son petit frère, qui, lui, sera emporté, comme leur père quelques jours plus tard. La famille est endeuillée. La grand-mère qui n’a jamais crû dans le mariage de son fils prend les choses en main et propose un accord financier à sa belle-fille. La mère d’Aurore l’accepte, elle quitte Nohant et confie l’éducation d’Aurore à sa grand-mère. Pour égayer ses journées, il y a Hippolyte, son demi frère, et puis Ursule, une fillette d’origine modeste avec qui Aurore fera les 400 coups.  Devenue grande, Aurore se marie avec le baron Dudevant de qui elle aura deux enfants, un mariage malheureux, elle se battra becs et ongles pour obtenir le divorce, la garde de ses enfants et Nohant. Nous sommes en 1836. Parallèlement, c’est en 1832 qu’elle ouvre le « refuge des éditeurs, des journalistes et des amis » dans un logement que son ami Latouche met à sa disposition. C’est à ce moment-là qu’Aurore décide d’un pseudonyme. Elle sort le soir dans Paris, découvre la vie culturelle, fait la connaissance de Marie DORVAL, comédienne, avec qui elle entretiendra une relation amoureuse. George SAND multiplie les conquêtes, Alfred DE MUSSET, Frédéric CHOPIN… George SAND multiplie aussi les correspondances, elle envoie de nombreuses lettres, 20 000 environ. Elle fera de ses combats l’émancipation des femmes jusque dans la révolution de 1848.

 

J’aime les BD pour ce qu’elles révèlent de l’itinéraire de femmes hors du commun.

 

Il y avait eu 

 

Joséphine BAKER par CATEL et BOCQUET

 

Kiki DE MONTPARNASSE de CATEL et BOCQUET

 

La vie mystérieuse, insolente et héroïque du Dr James BARRY de Isabelle BAUTHIAN et Agnès MAUPRÉ

 

Les apprentissages de Colette par Annie GOETZINGER

 

il y a maintenant George SAND fille du siècle de Séverine VIDAL, écrivaine, et Kim CONSIGNY, dessinatrice,

 

 

une BD en monochrome, les personnages dessinés dans leurs contours, pour se remémorer une époque et braver les courants au bras de celle qui choisit de porter un pseudonyme masculin et des vêtements d’homme pour lutter contre les interdits du XIXème siècle.

 

 

Cette BD s’inspire d’événements marquants de l’existence de George SAND pour en brosser le portrait à grands traits.
 

Je remercie la personne délicate (elle se reconnaîtra 😉) qui m’a offert l’opportunité de m’y plonger. Petit clin d’œil à nos années de naissance, les mêmes que celles des autrices de la BD, quand je dis qu’il n’y a pas de hasard dans la vie 😉

 

Cette BD résonne comme un appel à se replonger dans l’œuvre de l'écrivaine. Je vous invite à écouter La compagnie des auteurs qui a consacré sur France Culture quatre volets à la romancière, la critique littéraire, la femme engagée que fut George SAND.

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2022-02-01T12:40:43+01:00

Au café de la ville perdue de Anaïs Llobet

Publié par Tlivres
Au café de la ville perdue de Anaïs Llobet
 
La jeune journaliste française installée à une table du café Tis Khamenis Polis suscite bien des convoitises. Il y a Giorgos qui égrène ses souvenirs de Varosha, sa vie là-bas, son hôtel Seaside. Et puis, il y a Ariana, serveuse, qui vient passer ses pauses avec elle et lui raconte l’histoire de sa famille : son père Andreas, élevé par sa tante Eleni récemment décédée. Ses parents à lui se sont évaporés, sa mère, Aridné, était une chypriote turque. Elle serait partie avec un soldat. Lui, rongé par le chagrin, aurait pris la mer, sans jamais revenir. Ariana est habitée par cette filiation. Elle est aussi hantée par cette maison de Varosha dont l'adresse,14, ados Ilios, tournoie autour de son bras. Cette maison, c'est celle que ses grands-parents ont dû abandonner au moment du coup d’Etat de 1974. C’est là que la grande Histoire s’invite à la table des deux jeunes femmes pour ne plus la quitter.
 
Les frontières n’ont jamais été aussi présentes dans l’actualité. Il y a ce virus, un prétexte comme un autre pour faire resurgir les limites ancestrales. Il y a aussi les prémisses d’une campagne électorale présidentielle dans lesquels s’invite le sujet, à tort et à travers. Sans oublier enfin, la menace russe qui pèse sur l'Ukraine. Mais tout ça n’est rien quand on n’a pas connu la guerre des territoires. Avec le roman de Anaïs LLOBET, qui retrace une page de l’Histoire de l’île de Chypre qui, de tout temps, a suscité l’oppression des envahisseurs, et des personnages, qui pourraient être vous, moi, j’ai pris la mesure de tout ce qui se joue dans ce combat, le destin d’hommes et de femmes, celui du bâti, des murs, des maisons, des villes, à la vie, à la mort. Il y a cette remarquable métaphore :


Mille veines bleues parcourent le corps d’un homme, comme le réseau électrique et souterrain d’une ville. P. 117

Ce roman, c’est un roman dans un roman, celui d’une journaliste qui va, au fil des confessions d’Ariana, tisser celui de la ville morte, Varosha devenue zone militaire. Sa forme littéraire concourt à la mémoire d'une page de la grande Histoire chypriote, une page contemporaine de son Histoire, j'avais 5 ans lors du coup d'Etat. Si l’écrivaine ne qualifie pas son livre d’historique, il se nourrit pourtant d’évènements marquants du passé. 
 
Dans "Une bouche sans personne", l'auteur, Gilles MARCHAND, cite Italo SVEVO : "Les choses que tout le monde ignore et qui ne laissent pas de traces n'existent pas." Plus que la mémoire d'un territoire éminemment stratégique aux confins du Moyen-Orient, avec ce roman et le biais de la fiction, Anaïs LLOBET lui donne du corps et l'incarne avec des personnages qui perpétuent la vie ce celles et ceux qui ont été condamnés à fuir, à s'exiler, spoliés de leurs biens.


En réalité, tout changeait. Il n’y avait que l’écriture qui figeait les instants et prétendait les enraciner dans la mémoire. P. 308

A travers les différentes générations, depuis celle de Ioannis et Aridné jusqu’à Ariana, il se passe une quarantaine d’années, quelques décennies qui ont nourrit des relations de haine entre les peuples.

Anaïs LLOBET joue avec les temporalités. Elle réussit avec brio à relater le présent d’une guerre, ce qu’il grave dans les esprits de celles et ceux qui la vivent, la vieille génération, le passé de cette guerre aussi qui hante leurs descendants, la jeune génération, marquée de l’empreinte des traumatismes jusque dans les pores de leur peau, le tatouage sur le corps d’Ariana représente à s’y méprendre les conséquences de cette tragédie.

J’ai été fascinée par la quête d’Ariana, la puissance du fantasme de cette maison 14, rue Ilios, sur son itinéraire personnel, ses études d’architecture dictées par la volonté de reconstruire « sa » maison, son besoin irrépressible d'aller sur site et de  lui redonner vie.


Elle imagine la maison sur son lit de mort, cherchant désespérément ses anciens habitants pour ne pas agoniser seule. P. 160

Et puis, il y a cet amour impossible entre un chypriote grec et une chypriote turque. Aridné croit dur comme fer à la paix et souhaite y contribuer à sa mesure. Il y a ses actes militants sur la plage pour révéler ses convictions au grand public, il y a ce mariage aussi avec Ioannis. Peu lui importent les concessions, y compris religieuses. Mais, dans les années 1960, le ver est dans le fruit et il ne va cesser de s’y développer. Il s'invite jusque dans la cuisine avec le subtil dosage d'épices qui change tout, la langue aussi. 
 
Aridné, comme Ariana, sont des femmes qui chacune à leur époque, mènent des combats à mains nues. Il y a celui de la paix, il y a celui de la justice aussi. Les deux femmes sont intelligentes. Elles ne sauraient se résigner à accepter la destinée de leur patrie. 
 
Anaïs LLOBET réussit à incarner chacun des camps et lever le voile sur le grand échiquier du monde.
 
Je découvre avec ce roman la plume de Anaïs LLOBET, romanesque à l’envi, sensible, pudique, pleine d’humilité, portée par un profond humanisme. La chute est prodigieuse, bravo !
 
"Au café de la ville perdue" est mon premier coup de coeur de l'année, le voilà paré de la création "Love" de Botero Pop.

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