Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #mes coups de coeur catégorie

2024-03-19T07:00:00+01:00

Bakhita de Véronique OLMI

Publié par Tlivres
Bakhita de Véronique OLMI

Coup de ❤️  pour le roman de Véronique OLMI : « Bakhita » découvert grâce au Book club, bonne pioche. C'est aussi l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'illustratrice, Cristina SAMPAIO.

 

Ce roman, édité chez Albin Michel et maintenant Le livre de poche, lauréat du Prix FNAC 2017, relate la vie d’une femme au destin aussi effroyable que fascinant.

 

À l’âge de 7 ans, dans son village du Darfour, sa soeur, Kishmet, venue rendre visite à ses parents, est razziée. Elle est enlevée par des négriers qui mettent le feu au village pendant que les femmes battent le sorgho et les hommes cueillent les pastèques. Nous sommes dans les années 1870. Ces pratiques sont courantes. D’autres encore sont à l’oeuvre. Celle qui deviendra Bakhita est chargée avec son amie de mener les vaches à la rivière. En chemin, elles rencontrent deux hommes qui guident la plus belle vers un bananier. C’est là que sa vie bascule. Elle est vendue à des négriers musulmans et destinée à l’esclavage. Les femmes, les enfants, sont emprisonnés, ils sont ensuite enchaînés puis emmenés à travers le pays pour rejoindre les grands marchés. Bakhita est achetée à El Obeid, là elle va vivre l’enfer pendant plusieurs années jusqu’à ce que les « propriétaires » en difficultés financières ne décident de vendre ceux qu’ils battent à mort. Bakhita croise le chemin d’un consul italien, Signore Legnani, qui l’achète pour l’affranchir. Commence alors pour elle une nouvelle vie !

 

Ce roman est l’odyssée d’une femme qui aurait pu mourir chaque jour des mauvais traitements qu’elle subissait depuis sa plus tendre enfance. Elle poussera pourtant son dernier souffle à l’âge de 78 ans.

 

La première partie du roman est insupportable d’inhumanité. Elle relate cette page de la grande Histoire de l’Afrique qui torturait ses congénères et marchandait la vie des êtres parmi ses matières premières. Si la littérature évoque la traite négrière transatlantique, je n’avais encore jamais lu sur ce que Tidiane N’DIAYE, anthropologue, dénomme « Le génocide voilé » dans son livre éponyme. C’est rien de moins que l’extermination de tout un peuple subsaharien par les arabo-musulmans qui est abordé dans le roman de Véronique OLMI, qu’elle soit honorée pour le devoir de mémoire auquel elle concourt. 

 

À travers cette biographie, c’est aussi la force de la générosité que l’écrivaine encense. L’existence de Bakhita est marquée par toutes celles à qui elle a tenu la main pour continuer d’avancer, qu’il s’agisse d’enfants comme elle, condamnées à l’esclavage, ou plus tard de ces petites filles orphelines accueillies par les religieuses italiennes. Son corps conservera à jamais les traces des sévices qu’elle a subis, son esprit, lui, l’empreinte des déchirements liés aux séparations.

 

Et puis, il y a la révélation de la foi, religieuse, catholique, comme une nouvelle forme d’espoir dans un pays occidental qu’elle apprend à découvrir. 

 

J’ai été frappée par sa façon singulière de s’approprier le monde, où qu’elle soit, avec qui elle soit, comme un appel aux sens en l’absence de la maîtrise de la langue. 


Elle ne comprend pas la phrase, elle comprend le sentiment. Et c’est comme ça que dorénavant elle avancera dans la vie. Reliée aux autres par l’intuition, ce qui émane d’eux elle le sentira par la voix, le pas, le regard, un geste parfois. P. 53

Malgré les apprentissages aux couvents, Bakhita rencontrera toute sa vie des difficultés dans l’expression orale et la lecture. 

 

Parce que le hasard des lectures construit parfois des ponts en littérature. Comme chez  « Oma », il y a chez Bakhita la force de l’humour. Quelle plus belle distinction !


[…] ils donnent à la honte un peu de dignité. Bakhita apprend cela, qu’elle gardera toute sa vie comme une dernière élégance : l’humour, une façon de signifier sa présence, et sa tendresse aussi. P. 46

Vous ne le savez peut-être pas encore mais Bakhita est cette femme béatifiée et canonisée par le Pape Jean Paul II. Elle est déclarée sainte en 2000.

 

Ce roman historique est absolument prodigieux. Il rend grâce à une femme remarquable de bonté qui honore tout un peuple. 

 

Je ne connaissais pas encore la plume de Véronique OLMI, elle est juste captivante. Mon #Mardiconseil est un coup de ❤️

Retrouvez les références du Book club :

Le royaume désuni de Jonathan COE

Le roitelet de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

Voir les commentaires

2024-01-04T07:00:00+01:00

Une femme debout de Catherine BARDON

Publié par Tlivres
Une femme debout de Catherine BARDON

Et de 2... coups de ❤️ dans cette rentrée littéraire de janvier 2024. Aux côtés de la création de Cristina SAMPAIO, place au nouveau roman de Catherine BARDON, "Une femme debout", il est publié aux éditions Les Escales. Il sort aujourd'hui en librairie.

Tout commence à Marigot en Haïti. Nous sommes en 1950. Maria Carmen et André vivent dans la misère, chacun dans sa famille, alors même qu’ils ont un enfant ensemble, Petit Louis. Quand un homme étranger fait résonner sa voix dans un haut-parleur pour annoncer au village le recrutement d’hommes et de femmes pour la saison de la canne à sucre en République Dominicaine, Maria Carmen n’hésite pas longtemps. Il faut qu’ils saisissent leur chance d’une vie meilleure. Le baluchon est rapidement fait, un dernier baiser donné au bébé ensommeillé, il restera chez sa grand-mère maternelle le temps de la saison. Les contrôles passés, Maria Carmen et André montent à bord d’un camion bâché. Le couple, promis au paradis, découvrira avec horreur les baraquements destinés aux ouvriers agricoles. Leur nouvelle vie ne fait que commencer !

Catherine BARDON est une formidable conteuse. Je me souviens très bien de ce roman « Les déracinés », un livre qui m’avait transportée.

Là, nous sommes dans la même veine. L’écrivaine a ce talent de brosser des personnages de gens ordinaires. Elle leur donne vie. Le propos est émouvant et lumineux. Dans chacun d’entre eux, elle s’attache à raviver la flamme qui somnole pour en faire un grand feu. Elle met la focale sur ce qu’ils ont de plus fort et audacieux, ce qui leur permet d’affronter les événements, bref de RESISTER.

Ces parcours de vie, elle les façonne pour s’inscrire dans la grande Histoire, là celle de la République Dominicaine qu’elle connaît bien. Catherine BARDON sait allègrement mêler fiction et réalité. Elle relate ainsi les conditions dans lesquelles des haïtiens ont été leurrés par des propriétaires terriens qui les ont exploités par le travail dans les champs, un travail dur qui meurtrit les corps, puis asservis à vie en les endettant à la basse saison. Les familles se sont retrouvées emprisonnées dans un système économique reposant exclusivement sur la cannerie. C’est elle qui offre le lit et le couvert ! Nous sommes à la moitié du XXème siècle.

Vous pourriez vous dire que tout ça est terminé. Et bien non ! Cet esclavage des temps modernes n’a pas affecté une seule génération mais gangréné toutes les suivantes. Là, le propos devient militant. Catherine BARDON dénonce la situation des descendants des haïtiens rendus apatrides depuis 2013 par une décision de la cour constitutionnelle dominicaine touchant 250 000 dominicains.

Vous vous souvenez peut-être de Caroline LAURENT qui, avec « Rivage de la colère », avait révélé au monde entier le sort des habitants des îles Chagos, rendez-vous était alors donné devant la Cour de Justice Internationale de La Haye.

Avec ce roman, l’écrivaine s'inscrit dans le même objectif : mettre sa plume au service des plus faibles. Elle devient le porte voix d’une communauté dont les droits et la dignité sont bafoués. Qu'elle en soit remerciée.

Mais ce livre ne serait rien sans la biographie de Sonia PIERRE, une enfant née dans ce campement de misère, de Maria Carmen et André. Avec l’arrivée d’un missionnaire et l’apprentissage de l’espagnol, la fillette s’émancipe. Le Père Anselme l’aide à accéder au collège. A l’âge de 13 ans, elle lance une manifestation avec les ouvriers de la raffinerie.


L’injustice de leur existence, qui frôlait l’inhumanité, lui apparaissait, évidente. Elle ne voulait pas de ce monde-là. Cultivant son indignation, elle construisait brique par brique le mur de sa révolte. P. 76

A la suite des événements, elle passe une nuit en prison, mais rien ne l’arrêtera. Elle suivra des études universitaires à Cuba. Son mari la soutiendra dans sa volonté acharnée de changer le monde. On lui doit la création en 1983 du MUHDA, le mouvement des femmes dominicaines issues de l’immigration des haïtiens.


Journalistes, avocates, religieuses, elles composaient une vitrine du militantisme féminin à travers le monde. Elles étaient les multiples facettes d’un même combat, celui des opprimées, celui de celles dont la voix peinait à se faire entendre. Chacune à sa façon, dans son coin du monde, s’était dressée pour leur donner un écho. P. 238

Avec ce mouvement, Sonia PIERRE porta le cas d’enfants devant la cour interaméricaine des droits de l’homme. L’arrêt du 8 septembre 2005 rendit justice à l’acquisition de la nationalité. Mais pour combien de temps !

Catherine BARDON s’inscrit dans les pas de cette « Fanm vanyan » (en haïtien, ce terme qualifie une femme combattante, libre...), grande femme, noire, militante promise au Prix Nobel de la Paix. Décédée trop tôt, l’écrivaine lui offre aujourd'hui la voie de la postérité.

« Une femme debout » est un roman fabuleux pour un destin qui ne l’est pas moins.

Le jeu de l’écriture permet le croisement de deux époques, le passé et le présent, qui, dans les toutes dernières pages ne feront plus qu’un. C’est audacieux, c’est parfaitement orchestré.

C’est un coup de ❤️ !

Publicité. Livre offert par la maison d'édition.

Voir les commentaires

2024-01-03T07:00:00+01:00

Un monde à refaire de Claire DEYA

Publié par Tlivres
Un monde à refaire de Claire DEYA

Je vous avais prévenus, la création de Cristina SAMPAIO est déjà à l'honneur.

 

Nous sommes le 3 janvier, jour de sortie en librairie de ce premier roman de Claire DEYA, « Un monde à refaire » aux Éditions de L’Observatoire, c'est un coup de ❤️ de cette rentrée littéraire de janvier 2024.

 

C’est la fin de la seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1945 sur la Côte d’Azur. Sur les plages situées entre Hyères et Saint-Tropez, les hommes s’affairent au déminage. Certains sont militaires, des Français, d’autres sont des prisonniers, des Allemands. D’autres encore viennent du camp de Fréjus, des Italiens. A moins d’être volontaire comme Vincent au dessein, un brin mystérieux. C’est à cette période que les survivants de la Shoah sortent des camps de la mort, à l’image de Saskia qui revient seule. Toute sa famille a été exterminée. Quant à sa maison, une autre s’y est installée. Tous se côtoient. Entre eux, se créent des liens, pour le meilleur comme pour le pire.

 

Ce premier roman est absolument fascinant.

 

D’abord, il y a cette page de la grande Histoire, méconnue, cette phase de réappropriation du sol, millimètre par millimètre, au péril de la vie de ces hommes mandatés par l’Etat, le Ministère de la Reconstruction sous les ordres du Résistant, Raymond AUBRAC. Les Allemands, voulant empêcher les alliés de débarquer, avaient miné le bord de mer et la plage. Ils avaient alors rivalisé d’ingéniosité dans la création de ces bombes à retardement. Il y en avait des petites et des grandes, la plupart en métal, d’autres en bois, en béton, en verre, en céramique. Toutes avaient pour vocation de tuer. 

 

Et puis, il y a l’histoire de gens, ordinaires, et cette nécessité d’une reconstruction de l’intime quand on a connu l’indicible. Le personnage de Saskia est tout à fait sensationnel dans ce qu’il témoigne du chemin à parcourir pour retrouver la confiance en l'Homme. Il incarne aussi la spoliation des juifs de leurs biens et les démarches à réaliser pour justifier de leur propriété pour imaginer les voir un jour restitués. Ce n'est que le 22 juillet 2023 qu'une loi est promulguée en France pour faire sortir des collections publiques des oeuvres d'art injustement acquises, 82 ans, jour pour jour, après celle qui plaçait sous administration française tous les biens des personnes juives. A l'époque, le texte n'incluait pas la résidence principale. Ce sont des hommes sans foi ni loi qui s'en sont emparée. Claire DEYA va faire de ces faits un terrain de jeu pour porter au grand jour l'ignominie de la guerre.   

 

Mais rien ne serait aussi captivant sans les qualités de la plume de Claire DEYA, nourrie de descriptions, presque cinématographiques. Peut-être le métier de scénariste de Claire DEYA l’a-t-il naturellement incitée à nous livrer 409 pages d’une beauté exceptionnelle.

 

L'écrivaine joue avec les symboles. Elle les décrypte dans ce qu'ils ont de plus subtil :


Le fruit du désir, sensuel et merveilleux, qui ne se donne pas facilement, qui recèle ses trésors sous son écorce, qui gicle, rassasie, et étanche la soif, c’est la grenade. La couleur du péché n’a jamais été le blanc paille de la pomme, mais le rouge, le rouge vermillon, le rouge passionné presque bleu, rouge et violet comme le sang, le rouge qui jaillit. P. 84

Elle est profondément émouvante dans ce qui relève du sensible avec des personnages très attachants. J’ai adoré accompagner Fabien, le responsable des équipes de déminage sur le terrain, et Saskia. Tous deux mesurent à quel point la vie peut être fragile. C'est profondément sensoriel.


Tout lui revint. […] le parfum c’était autre chose.  Elle savait sa puissance. Son alliance secrète avec la mémoire. Sa force protectrice. P. 161/162 

Elle est aussi haletante. Ces hommes réussiront ils à déminer le terrain sans y laisser leur vie ? Certains ne jouent-ils pas de double jeu ? Avouez que faire travailler ensemble les ennemis d’hier relève de l’audacieux. A moins que le danger ne vienne d’ailleurs, encore. Qu'en est-il des histoires d'amour à l'épreuve de la guerre ? L’intrigue est parfaitement menée jusqu’à la fin. Les secrets se dévoilent les uns après les autres. Tout est si bien orchestré.

 

Cerise sur le gâteau, Claire DEYA ponctue son propos de références artistiques comme des sursauts de vie alors que tout est mortifère. Elle convoque la littérature, la musique, la sculpture, la photographie, le cinéma… pour faire de ce premier roman une lecture prodigieuse.

 

Ce coup de ❤️ est une nouvelle fois publié par les éditions de L'Observatoire, souvenez-vous de... 

 

"Humus" de Gaspard KOENIG

 

"L'Ultime testament" de Giulio CAVALLI

 

"Pour qui s'avance dans la nuit" de Claire CONRUYT

 

"Les Mangeurs de nuit" de Marie CHARREL

"Celle qui fut moi" de Frédérique DEGHELT

"Au café de la ville perdue" de Anaïs LLOBET

"Les nuits bleues" de Anne-Fleur BURTON

"Il est juste que les forts soient frappés" et "Les enfants véritables"  de Thibault BERARD

"Simone" de Léa CHAUVEL-LEVY

"Les danseurs de l'aube" de Marie CHARREL

"Le poids de la neige" de Christian GUAY-POLIQUIN

"Juste une orangeade" de Caroline PASCAL

"Les déraisons" d'Odile D'OULTREMONT

"L'âge de la lumière" de Whitney SHARER

"Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien SPITZER

Publicité, livre offert par la maison d’édition.

Voir les commentaires

2023-06-14T17:23:21+02:00

En lutte (Les reflets du monde Tome 1) de Fabien TOULMÉ

Publié par Tlivres
En lutte (Les reflets du monde Tome 1) de Fabien TOULMÉ

Delcourt/Encrages

En 2019, Fabien TOULMÉ s’envole pour le Liban avec Mathieu DIEZ, directeur du festival de BD de Lyon et Nicolas WILD, auteur de BD. Initialement, il devait y avoir un salon du livre. Au final, il n'aura pas lieu mais les 3 hommes décideront quand même de s'y rendre. Nous sommes en pleine révolution libanaise, la thawra. Chacun pense qu’il est à la bonne place, en particulier Fabien TOULMÉ qui s’était toujours dit qu’il aimerait « faire du reportage de terrain ».

Dans les pas de Mr Guilledou, l’un de ses professeurs d’histoire et géographie qui allait sur site pour s’imprégner des réalités pour mieux les enseigner à ses élèves, Fabien TOULMÉ vivra 3 immersions dans 3 pays différents. Il nous rend compte de 3 parcours de vie, 3 femmes « en lutte ».

Évidemment, les itinéraires de ces 3 femmes, Nidal de 33 ans au Liban, Rossana de 28 ans au Brésil et Chanceline de 24 ans au Bénin, ne peuvent que susciter notre respect. Ce sont toutes les 3 des citoyennes engagées, des résistantes, des activistes qui vouent leur vie à la défense d'une cause nationale, d’intérêt général donc.

Et puis, ce sont de jeunes femmes. Elles incarnent la relève du militantisme. Elles donnent toutes les 3 une certaine couleur aux mouvements de protestation du XXIème siècle, au féminisme d’aujourd’hui, de quoi s’interroger aussi sur la place des hommes… Fabien TOULMÉ apporte quelques propositions de réponses.

Plus encore, par le biais de ces 3 réalités de vie quotidienne, Fabien TOULMÉ nous permet de mieux comprendre le monde. Il nous explique chaque fois le contexte social, politique et économique, de quoi nous éclairer aussi sur les causes de ces mouvements.

Quant aux formes, il semble que nous n’ayons rien inventé en France. Au Liban, en novembre 2019, à 20h, les concerts de casseroles résonnent de façon symbolique pour réveiller le gouvernement. Ça vous dit sûrement quelque chose…

Cette BD est une pépite, un bijou, un coup de ❤️

Il faut dire qu’elle commençait très fort avec cette citation de Mahatma GANDHI : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». Inspirant, non ?

Et puis, il y a la qualité de la BD, un pavé de 340 pages pour prendre le temps de bien comprendre les choses, des polices de caractères parfaitement lisibles qui changent pour différentier le point de vue de l’auteur de ce qui se dit, des couleurs de cases qui évoluent pour distinguer le présent du passé, un graphisme qui donne à voir la sensibilité des hommes et des femmes. J’❤️ tout simplement.

Un grand "Bravo" à Fabien TOULMÉ pour cette BD ! On a bien noté qu'il s'agit du Tome 1, d'autres viendront donc !

Voir les commentaires

2023-04-13T06:01:55+02:00

Les Bourgeois de Calais de Michel BERNARD

Publié par Tlivres
Les Bourgeois de Calais de Michel BERNARD

Editions de La Table Ronde, Collection La Petite Vermillon

Coup de ❤️ pour ce roman qui sort aujourd’hui en librairie en version poche. 

À l’âge de 13 ans, Auguste RODIN se souvient de la découverte en famille de la statue du Maréchal Ney, la création du père RUDE inaugurée en 1853. L’homme qu’il est devenu travaille la glaise et fabrique des plâtres que le bronze immortalisera. « L’Âge d’Airain », réalisé il y a une dizaine d’année quand il habitait encore Bruxelles, sera prochainement installé dans le Jardin du Luxembourg. Rodin a 44 ans quand Omer DEWAVRIN, Maire de Calais, pousse la porte de l’atelier parisien de la rue de l’Université. RODIN en bénéficie depuis 4 ans pour réaliser « La Porte de l’Enfer » destinée au Musée national des arts décoratifs. L’élu lui passe une commande au nom de la municipalité, celle de réaliser une oeuvre pour honorer la mémoire d’Eustache DE SAINT-PIERRE, l’un des six Bourgeois de Calais portés volontaires pour remettre, pieds nus, cheveux découverts et la corde au cou, la clé de la cité vaincue au roi d’Angleterre, Edouard III. 
Le roman de Michel BERNARD, c’est l’histoire d’une oeuvre, une sculpture qu’Auguste RODIN mettra 10 ans à réaliser.

C’est d’abord, l’histoire d’une création artistique en lien avec les évènements locaux. Auguste RODIN se mettra en quête d’archives témoignant du contexte de la guerre des Cent Ans et de ce sacrifice. Il se rendra aussi régulièrement à Calais pour s’imprégner des lieux.


La lumière n’était pas la même qu’à Paris. La clarté du jour sur les choses, l’éclairage du lieu, cela comptait beaucoup. P. 106

Michel BERNARD en profite pour magnifier la ville de Calais et son bord de mer, le Cap Blanc-Nez et ses falaises de craie. L’écrivain délivre l’histoire des fabriques de dentelle et de tulle de Saint-Pierre.
A travers cette médiation artistique, Michel BERNARD célèbre le travail de l’artiste, sa part de création dans le parti pris d’une interprétation. 

C’est aussi le lien entre l’artiste et son oeuvre, à l’image d’un enfantement et de la coupe du cordon à sa livraison au commanditaire.

C’est plus encore un hommage au pas de côté qu’aimait réalisé Auguste RODIN par rapport aux canons de la sculpture, les modèles académiques du XIXème siècle. Auguste RODIN faisait partie de ces hommes qui n’avaient que faire du regard des autres sur ses oeuvres, lui les assumait tout en prenant le risque de déplaire. 

A travers l’histoire d’une oeuvre, Michel BERNARD nous livre une biographie fascinante d’Auguste RODIN, le tout servi par une plume éminemment romanesque.

Avant de conclure, je voudrais saluer la première de couverture dessinée par Aline ZALKO, quelle plus belle illustration !

J’ai adoré tout simplement. Je remercie très sincèrement Les éditions de La Table Ronde pour ce joli cadeau.

Voir les commentaires

2023-01-04T07:00:00+01:00

Les Mangeurs de nuit de Marie CHARREL

Publié par Tlivres
Les Mangeurs de nuit de Marie CHARREL

Marie CHARREL nous revient avec "Les Mangeurs de nuit" aux éditions de L'Observatoire que je remercie pour ce très beau cadeau. L'année 2023 promet d'être belle ! Nous sommes le 4 janvier, premier coup de ❤️, l'occasion d'un petit clin d'oeil à Aleksandra SOBOL.

Nous partons pour le Canada revisiter son Histoire à travers des personnages aussi attachants que mystérieux. Il y a Hannah, une femme qui vit recluse depuis une dizaine d'année dans une maison en haute montagne. Elle porte en elle les traces de sa famille meurtrie par un courant migratoire croyant en l'eldorado mais qui, en posant le pied en terre américaine, révéla à Aika Tamura la grossière erreur de croire en un mariage arrangé. Elle fit partie en 1926 de ces "picture bride", des japonaises qui, en l'absence d'avenir dans leur pays, consentirent à une union sur photographies avec un étranger. Aika n'avait que 17 ans, lui, Kuma, 45. Et puis, il y a Jack, un creekwalker, l'un des 150 hommes recrutés pour veiller sur les cours d'eau et compter les saumons de la Colombie-Britannique. Il passe sa vie avec ses deux chiens. Hannah et Jack ont tous deux été bercés par des contes pour enfants. La réalité s'est chargée de leur faire vivre un tout autre destin. 

Vous vous souvenez peut-être du premier roman de Marie CHARREL, "Les Danseurs de l'aube", un coup de ❤️, déjà.

Dans ce roman, il y a tout ce que j'aime, que dis-je, j'adore !

Il y a d'abord la grande Histoire, celle à laquelle je n'ai pas accédé sur les bancs de l'école et qui me manque tant. La littérature me permet heureusement de combler ces failles.

A l'ouest du Canada, donc, il y a eu l'installation de Japonais, des hommes, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Ils se lancent dans la pêche. Et puis, en 1907, éclatent des émeutes à leur encontre. Les Japonais perdent leurs licences professionnelles, ce n'est que le début de la déchéance de leurs droits de citoyens. C'est pourtant là que des femmes les rejoignent, notamment les "picture bride". Tous sont promis à une vie dans des camps. Ils vont devoir SURvivre.

C'est aussi dans ces années-là que des enfants amérindiens sont retirés de leurs familles pour les "éduquer".

L'écrivaine creuse le sillon de l'interculturalité, de la mixité des populations, du rapport dominants/dominés.

Dans ce roman, il y a encore l'aventure. Les parcours de vie de personnages très attachants sont chahutés, la vengeance un plat qui se mange froid. Le souffle romanesque de la plume de Marie CHARREL donne du rythme et tient le lecteur en haleine jusqu'à cette révélation... 

Et puis, dans "Les Mangeurs de nuit", la nature occupe une très grande place. Marie CHARREL nous offre de magnifiques descriptions et nous dévoile les secrets de la biodiversité.


L’avenir de la forêt dépend des saumons : « Les nutriments des arêtes s’enfoncent lentement dans le sol qu’elles fertilisent, irriguant de leurs bienfaits cèdres rouges, épicéas, pins tordus, pruches à l’ombre desquels les buissons de baies s’épanouissent au printemps, buffet des orignaux, des chèvres et des ours, attendant le retour du poisson béni. Sans le saumon, la forêt disparaît. P. 26-27

Quel plaisir de retrouver l'écriture de Marie CHARREL, elle est prodigieuse. Je ne suis d'ailleurs pas la seule à le penser. L'écrivaine fait une entrée remarquée dans la rentrée littéraire. "Les Mangeurs de nuit" font partie des dix romans de la première sélection du prestigieux Grand Prix RTL Lire – Magazine Littéraire 2023. Je lui souhaite le meilleur !

Voir les commentaires

2023-01-01T07:00:00+01:00

Bonne année 2023

Publié par Tlivres

Commencer une nouvelle année, c'est l'opportunité de rêver de choses que l'on ne fera peut-être jamais, mais qu'importe, chaque jour sera comme autant de petites graines qui feront (peut-être) de grands arbres.

Une année, c 'est 365 jours, et comme j'aime les petits plaisirs de tous les jours, je crois que je vais cultiver mon jardin à l'image de ce que Christian BOBIN nous disait du sien...


La vie est un cadeau dont je défais les ficelles chaque matin, au réveil.

L'année 2022 sera marquée par la disparition de cet homme, un écrivain, un poète, un homme qui aimait les mots, un homme qui aimait la vie. Quelle plus belle manière aujourd'hui de lui rendre hommage.

Et puisque chaque début d'année est l'occasion de prendre des résolutions, après avoir choisi 

Nicolas PICHON

Banksy

Botero Pop

Marie MONRIBOT

pour m'accompagner, en 2023, j'ai choisi Aleksandra SOBOL, une illustratrice que je suis depuis longtemps maintenant. Je remercie d'ailleurs Florence de m'avoir mise sur la voie d' Olalarte

De ses créations émanent une certaine douceur, une grande tendresse, une profonde délicatesse. Le trait est fin, les couleurs nuancées. Et puis, j'avoue, je partage avec elle une grande passion pour les coquelicots.

Alors, de là à choisir cette oeuvre... 

"Amour guérit", copyright d'Aleksandra SOBOL

"Amour guérit", copyright d'Aleksandra SOBOL

pour orner mes coups de coeur de l'année 2023, il n'y a qu'un pas que je suis fière aujourd'hui de franchir !

En plus de la beauté de la création, il y a ce message de l'artiste :


Il n’y a qu’une seule chose qui peut guérir les blessures : c’est l’amour.

J'adhère totalement à cette philosophie de vie et retiens donc "Amour guérit" !

J'ai presque hâte de l'associer avec l'une de mes prochaines lectures. D'ailleurs, mon petit doigt me dit que vous n'allez pas attendre très longtemps, je vous réserve une petite surprise, que dis-je, du grand art ! A très vite.

Voir les commentaires

2022-12-06T07:00:00+01:00

Place Médard de Roland BOUDAREL

Publié par Tlivres
Place Médard de Roland BOUDAREL
Ce que je vais vous proposer est une première fois sur le blog. Vous dites jamais, vous ? Moi, jamais !
 
C’est une requalification d’un roman, « Place Médard » de Roland BOUDAREL entre dans la catégorie des coups de cœur de l’année ! Avouez qu’accompagné de « Love » de Botero, il prend une toute autre dimension, non ?
 
Ce roman je l’ai lu en version numérique et je crois que c’est bien là ma plus grande erreur. Ce que je vous dis ne remet absolument pas en cause mes remerciements à la Maison d'éditions Librinova qui m’en a proposé sa lecture. Elle m’a fait un formidable cadeau, me mettre sur la voie d’une plume éminemment romanesque. Je peux allègrement mettre « Place Médard » de Roland BOUDAREL sur un même pied d’égalité que « Hamnet » de Maggie O’FARRELL, « Miniaturiste » de Jessie BURTON, vous voyez le genre !
 
Faute avouée à demi pardonnée mais je vous dois quelques explications complémentaires pour achever de vous séduire :
 
  • les petites histoires et la grande vont se côtoyer à la même table des invités ; Roland BOUDAREL nous livre une fresque sur un peu plus d’un siècle, ponctuée de grands événements passés inaperçus dans la version académique. J’ai cru un temps avoir été absente de tous les cours d'histoire à l'école !
  • Il y a l’art aussi, le dessin en particulier. Tout commence avec le peintre Gibus qui réalise des dessins de la vie quotidienne et magnifie la laitière de la Place Médard avec un portrait que l’on devine éblouissant. Ce roman est d’ailleurs dédié à l’illustratrice quimpéroise, Marguerite Marie CHABAY.
  • Il y a les personnages, hauts en couleurs, des femmes exceptionnelles dont la condition va avoir un impact sur leur parcours. Si les tâches domestiques sont le berceau de la vie des petites filles depuis des siècles et des siècles, que la maternité fait aussi partie du fardeau du genre, il est d’autres éléments cristallisant leur condition: leurs seins. Vous vous souvenez peut-être de « La tresse » de Laëtitia COLOMBANI qui liait des histoires de femmes à travers les âges et les continents par le biais des cheveux. Là, Roland BOUDAREL tisse le fil d’Ariane des seins.


Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées.
Et cela fait venir de coupables pensées".

  • Si Molière y faisait référence par le biais de Tartuffe vis-à-vis de Dorine, j’étais loin de tout ce que j’allais découvrir dans ce que les seins ont toujours revêtu de fantasmes, de cruauté aussi, de malédictions enfin.
  • Il y a la narration, celle très rythmée d’une épopée à travers les générations, un roman choral où résonnent les voix entre elles. « Place Médard », c’est aussi une invitation au voyage à travers quelques pays.
  • Il y a la plume enfin, romanesque je l’ai dit mais aussi foisonnante. Outre le nombre de pages, presque 400, un détail que l’on ne daigne pas regarder quand on lit sur la liseuse mais qui aurait pris une autre dimension dans mes mains s'il n'avait été de papier. De ce livre, chacun en gardera les souvenirs qu’il voudra, chacun aura le choix.
  • Enfin, je murmurerai bien à un réalisateur de cinéma de se pencher comme une fée sur le berceau du bébé, les descriptions en feraient un excellent scénario, j’en suis persuadée.
 
Je pourrais vous en dire beaucoup plus, à quoi bon ? Je crois qu’il vous faut le lire.
 
« Place Médard » n’a pas bénéficié en tant que premier roman des projecteurs des 68 Premières fois. Peut-être même n’est-il jamais arrivé jusqu’à elles... Pour autant, je me devais, modestement mais sûrement, d’assurer sa promotion.
 
« Place Médard » est un très grand roman, c’est un coup de cœur !

Voir les commentaires

2022-10-11T05:30:00+02:00

L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

Aux Forges de Vulcain

Retrouver la plume d’Alexandra KOSZELYK devient pour moi presque un rituel, l’assurance de vibrer aux confins de ce que l’Homme peut offrir de plus beau comme du plus ignoble. Ce roman est de nouveau un coup de ❤️ Comme j'aime retrouver "Love" de  Botero Pop !

K est une jeune femme, l’Archiviste. Sa sœur Mila est photographe et journaliste. Leur mère a fait une attaque cérébrale quelques jours avant l’invasion russe en Ukraine. Elle a passé un temps dans le coma. Depuis son réveil, son ouïe reste atrophiée. Alors que K se trouve dans une galerie souterraine et assure la conservation des œuvres du chaos, elle reçoit la visite d’un commanditaire qui lui confie une mission, revisiter les créations d’artistes dissidents, les falsifier, réorienter leur propos au service de la propagande. Il a un moyen de pression sur K, une photo de sa sœur Mila, prisonnière de guerre. Elle n’a d’autre choix que de se soumettre pour éviter à sa sœur une mort certaine.

Avec ce roman, Alexandra KOSZELYK décline le verbe RÉSISTER sous toutes ses formes.

Il y a la guerre en Ukraine, celle qui occupe tous les médias aujourd’hui, mais qui puise sa source dans la grande Histoire. De tout temps, le régime soviétique s’est attaché à museler ce peuple, l’affamer, l’exterminer aussi. Ce roman est l’opportunité d’explorer le passé de l’Ukraine et des événements qui ont marqué sa vie, de voir que le peuple ukrainien a dû RÉSISTER à l’envahisseur, l’assaillant russe, pour être ce qu’il est aujourd’hui. Comme j’aime que la littérature comble mes faille…

Derrière le front, les combats, il est d’autres armes plus insidieuses, moins visibles et pourtant tout aussi puissantes, celles qui touchent au patrimoine culturel pour le réduire en miettes, le détruire, à moins de pousser la perversité jusqu’à l’instrumentaliser à des fins politiques, pour les siècles des siècles. L’art, comme composante de l’identité du peuple ukrainien, devient la cible à abattre. Alexandra KOSZELYK donne à voir l’itinéraire de quelques artistes dont les trajectoires se sont heurtées au pouvoir en place. Il y a Pavlo TCHOUBYNSKY, Alla HORSKA, Maria PRIMATCHENKO, GOGOL, Lessia OUKRAÏNKA,  Marko VOVTCHOK,  Sonia DELAUNAY... comme autant d’invitations à s’intéresser à leurs registres personnels.


K aidait son pays avec ses armes, loin du front, mais pour les générations futures, elle faisait en sorte que la bataille culturelle ne soit jamais perdue, que la guérilla du détail l’emporte à terre sur la trahison des formes plus imposantes. P. 183

L'écrivaine concourt tout en beauté à la mémoire d’hommes et de femmes qui, à la force de leurs mots, leurs toiles, leur expression artistique ont su RÉSISTER.

Si à l’évocation des guerres, les hommes sont souvent en première place, pour le meilleur comme pour le pire, Alexandra KOSZELYK choisit là de brosser des portraits de femmes qui elles aussi vouent ce qu’il reste de leur vie à RÉSISTER. Rien n’y est laissé au hasard. Au fil des incarnations de K, vous allez vous immerger dans une autre époque, vivre une autre vie, porter un autre costume, mesurer les enjeux du verbe EXISTER. 


Elle s’était résignée à rester à l’arrière et avait cherché à mettre de l’ordre dans les galeries souterraines : telle serait sa façon de lutter, de prêter main forte. P. 16

Une seule lettre suffit à l’autrice pour nommer un personnage, lui donner le corps et l’âme d’une résistante, c’est dire l’immensité de son talent. La fin est grandiose et le message d’espoir intact. Le peuple ukrainien reste debout. 

Enfin, L’Archiviste est la façon très singulière mais aussi très puissante et personnelle d’Alexandra KOSZELYK de RÉSISTER, le pouvoir de « sa plume et son clavier ». Les mots sont à la fois sensibles et percutants. Elle signe là un acte militant, un acte politique fort. Touchée en plein ❤️

Le rythme est soutenu, oppressant. Le foisonnement de la narration, un pur régal. 

Alexandra KOSZELYK continue de tisser sa toile d’écrivaine, ponctuant ce dernier roman de l’évocation des précédents.

C’est du grand ART mis au service de la postérité du peuple ukrainien, quel plus beau dessein ! 

Vous aimerez peut-être aussi : 

A crier dans les ruines

La dixième muse

Le sanctuaire d'Emona

Voir les commentaires

2022-08-12T06:00:00+02:00

Ultramarins de Mariette NAVARRO

Publié par Tlivres
Ultramarins de Mariette NAVARRO
 
"Ultramarins", c’est le premier roman de Mariette NAVARRO. Je l'ai découvert grâce au Book club, une nouvelle référence, un coup de coeur, l'occasion d'inviter une nouvelle fois en quelques jours mon ami Botero Pop
 
Elle est Commandante de navire depuis 3 ans. D’elle, on ne sait presque rien, sauf que son père, avant elle, faisait ce même métier. Ce que l’on sait toutefois, c’est qu’elle est respectée pour la qualité de son travail. Elle s’est fait un nom dans le métier. Les marins veulent désormais faire partie de son équipage. Sur son cargo, tout est réglé comme du papier à musique jusqu’au jour où elle répond par l’affirmative à une question tellement improbable, se baigner en pleine mer. A partir de ce moment-là, plus rien ne se passera comme il se doit lors de la traversée de l’Atlantique.
 
Ce roman est une pépite.
 
D'abord, il m'a touchée par l’éloge du travail au féminin. A celles et ceux qui douteraient encore de la capacité des femmes à assurer des métiers, par le passé, dits d'hommes, je ne peux que leur conseiller cette lecture, c'est un hymne au professionnalisme des femmes.


Depuis qu’elle est celle qui donne les ordres et décide de la carrière des autres, on ne dit plus rien, le féminin a fait son chemin dans les esprits, est entré dans les histoires comme le surnom d’autres marins célèbres. P. 15

Et puis, il y a quelque chose d’exceptionnel dans ce roman, c’est le rapport au corps. Je me suis laissée surprendre par cette dimension alors que je m’imaginais m'immerger au cœur d’un univers technique,  mécanique, un brin militaire, froid et insensible. C'est tout autre chose que nous propose Mariette NAVARRO, notamment avec l’évocation du corps de la femme, la commandante, en fusion totale avec celui de la machine, le cœur de l’animal, grandiose.


Le cargo, quand elle ferme les yeux, c’est son corps à elle, stable et droit. À en oublier les vagues. P. 16

Mais il y a aussi et surtout ce moment d’ivresse des hommes, nus, la cure de jouvence que procure ce bain en plein océan. Il y a l'entrée des corps dans l'élément naturel, le choc des températures, et très vite, l'effervescence des sens. Mariette NAVARRO décrit formidablement bien le lâcher prise pour laisser place à une certaine forme de (re)naissance.


Ils naissent adultes et de leur plein gré, les pieds en avant, les bras le long du corps, et dans la gorge un chant retenu, un cri débutant. P. 23

Cette baignade clandestine, radars coupés, agit comme un instant de rupture dans le roman. Alors que le décor était planté, que tout semblait parfaitement maîtrisé, il y a cette demande, tellement incongrue, et la commandante qui répond "D'accord".
 
Dès lors, les hommes aguerris s'exposent à la perte totale de leurs repères, s'aventurant aux confins de leur zone de confort, là où la prise de risques est la plus grande. Jamais, non jamais, ils n’ont plongé dans les profondeurs de l’océan. Passée la période d'euphorie, ils prennent conscience de leur vulnérabilité. Comme j'ai vibré avec eux, imaginant que le navire puisse les laisser choir, là. Ils nagent en eaux troubles, dans la plus grande détresse.
 
Et puis, Mariette NAVARRO explore le besoin irrépressible qu’ont certains êtres humains de devoir quitter la terre ferme pour naviguer, aller jouer avec l’horizon, passer de l’autre côté… N'est-ce pas une question que vous vous posez ? Pourquoi ?
 
Mais ce roman ne serait rien sans le mystère de la présence d’un vingt-et-unième homme à bord du canot de sauvetage. Qui est-il ? D’où vient-il ? L'écrivaine va exercer une tension sur les esprits qu'elle va entretenir jusque dans les dernières pages. "Ultramarins" devient un thriller psychologique. Dès lors, les êtres sont capables de tout !
 
Enfin, la plume est un pur délice, une écriture tout en poésie :


Elle sait qu’on n’est pas toujours les bienvenus sur le dos des océans, qu’on ne peut pas impunément s’agripper à leur crinière. P. 39

La chute est profondément émouvante. Ce roman est original, un inclassable. Les membres du jury de l'Académie Hors Concours ne s'y sont pas trompés, les lecteurs et les lectrices l'ont élu roman de l'année 2021.
 
Pour moi, c'est un coup de coeur !
 
Voilà une nouvelle référence très surprenante du Book Club, une excellente surprise. Vous aimerez peut-être aussi :
 
"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND

"La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON" de David DIOP

"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE

"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

Voir les commentaires

2022-08-05T17:15:00+02:00

Les cerfs-volants de Romain GARY

Publié par Tlivres
Les cerfs-volants de Romain GARY
 
Ce roman, je l’ai découvert dans la PAL de ma fille (elle occupe une case de ma bibliothèque et regorge de pépites, des livres qui attendent souvent l’été pour s’offrir une escapade, le moment idéal pour leur lecture) et c’est un coup de ❤️ (il me tardait de retrouver Botero Pop !), « Les cerfs-volants » de Romain GARY, un roman paru en mai 1983.
 
Tout commence avec l'évocation d'un musée normand, celui d’Ambroise Fleury de Cléry, où sont exposés des cerfs-volants. Ambroise Fleury, facteur, élève son neveu, Ludovic. Son père, le frère d'Ambroise, a été tué pendant la guerre 14-18, sa mère est décédée peu de temps après. Ambroise Fleury, lui-même blessé de guerre, est un homme porté par l’espoir. Il passe ses journées à construire des cerfs-volants, inspirés tantôt des philosophes des lumières, tantôt des hommes publics du moment. Ses oiseaux artificiels animent le ciel de leur vol. Ludovic se nourrit de cette philosophie de vie pour faire ses premières armes. Originaire d’un milieu modeste, il tombe amoureux d’une aristocrate polonaise, Lila, qui passe l’été dans le château situé à proximité de Cléry. La jeunesse de Ludovic est marquée par l’attente de la saison estivale et des retrouvailles. Le jeune garçon fait preuve d’une patience infinie, et comme son oncle, d’une incroyable imagination pour nourrir une relation EXTRAordinaire au risque de passer pour fou. Et ce n’est pas l’approche de la seconde guerre mondiale qui le fera flancher, non, jamais.
 
Plus jamais je ne regarderai un modeste musée de village comme avant. Celui d’Ambroise Fleury, une pure fiction, aussi délaissé soit-il par le grand public, relate pourtant une page de notre Histoire. C’est le filtre de lecture qu’explore Romain GARY. Inspiré de l’histoire singulière d’une famille normande, son roman foisonnant va dérouler le fil d’une dizaine d’années (1935-1945) des plus meurtries du XXème siècle.
 
C’est dans un berceau masculin que la sagesse va progressivement faire son nid. Quel plus beau roman d’apprentissage que « Les cerfs-volants » de Romain GARY. A travers le personnage de Ludovic qui a une dizaine d’années en 1935, l’auteur va creuser le sillon de la structuration sociale de la société, à chaque classe son mode de vie, ses codes, ses références… et tisser la toile d’un amour impossible entre Lila et Ludo.
 
Ce roman se nourrit de la pure fantaisie d’un homme passionné de cerfs-volants, ces jouets d’enfants aux dessins naïfs, aux couleurs vives, dansant avec le vent, relevant ici du champ des œuvres d’art. Les créations sont autant d’opportunités pour Ludo et les enfants du village de se familiariser avec des héros du passé, elles deviennent en temps de guerre des armes militantes en faveur de la liberté que les Allemands se sont attachés à maintenir au sol pour les priver de leur pouvoir subversif.
 
Le personnage d’Ambroise Fleury est haut en couleur, un homme de valeur qui s’évertue à transmettre à la jeune génération le pouvoir de l’imaginaire. Dès lors, plus aucune limite ne saura résister à la capacité de s’extraire d’une dure réalité pour la regarder avec les yeux d’un rêveur.


C’était la première fois que j’utilisais l’imagination comme arme de défense et rien ne devait m’être plus salutaire dans la vie. P. 58

Et pour pallier les pannes d’inspiration, rien de tel qu’une petite dose de littérature !


Je comprends qu’on meure d’amour, parce que parfois, c’est tellement fort, que la vie n’arrive pas à tenir le coup, elle craque. Tu verras, je te donnerai des livres où ça arrive. P. 50

Enfin, ce roman, c’est aussi celui de réflexions sur l’humanité, sa part d’inhumanité, des questions existentielles qui en temps de guerre prennent une dimension toute particulière. Les époques n’y feront rien, le propos universel est aussi intemporel… il suffit de lire les médias pour s'en rendre malheureusement compte.


On verra bien, après la guerre, une fois l’Allemagne vaincue et le nazisme enfui ou enfoui, si d’autres peuples, en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique, ne viendront pas prendre la relève. P. 324

Et si vous cherchez un sens à votre vie, Romain GARY pourrait peut-être vous éclairer ! Sous la plume de L’auteur, il revêt ses plus beaux atours, de quoi vous réconcilier avec la vie.

Je me souvenais de "La Promesse de l'aube", un coup de ❤️, qu'il est bon de retrouver le chemin de lectures du collège !

Une nouvelle fois, ma fille a fait mouche avec cette référence, comme avec 

"Mon ghetto intérieur" de Santiago H. AMIGORENA,

"Colette et les siennes" de Dominique BONA, 

"La cause des femmes" de Gisèle HALIMI,

"Les grandes oubliées" de Titiou LECOQ...

Voir les commentaires

2022-08-03T06:59:50+02:00

Les enfants véritables de Thibault BERARD

Publié par Tlivres
Les enfants véritables de Thibault BERARD

Parce que je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition estivale #jamaissansmon68, je vous propose de découvrir les premières lignes d'un roman de la #selection2022 des 68 Premières fois : "Les enfants véritables" de Thibault BERARD chez Les éditions de L’Observatoire, un coup de coeur.  

 

 
Théo élève seul ses enfants, Simon et Camille, de 7 et 4,5 ans, depuis le récent décès de sa compagne Sarah. Cléo fait son entrée, tout en délicatesse, dans ce cocon familial meurtri. Elle est douce, Cléo, elle est gentille, et puis, c'est l'amoureuse de papa, alors chacun lui fait une petite place mais les démons ne cessent de hanter tout ce petit monde. Derrière les sourires se cachent la douleur de l'absence et du manque, la peur de la mort aussi. S'il est difficile d'accepter cette nouvelle présence et le petit pas de côté fait avec les habitudes, ce n'est pas plus simple pour Cléo, qui, elle-même, a connu une famille loin des standards. Elle a été élevée par son père, Paul, dans la vallée de l’Ubaye. Quand elle n'avait que 7 ans, elle a dû faire une place à César dont le père, alcoolique, était décédé. Il habitait juste à côté et Paul avait un grand coeur, alors, il l'avait adopté. Quant à Solène, c'était le fruit d'une relation extraconjugale. Diane Chastain n'a jamais assumé son rôle de mère. Cette « mère-herbe-folle » avait besoin d'air et disparaissait régulièrement. Après 15 mois d'absence, elle est rentrée à la maison. Elle était enceinte. Là aussi, Paul a fait amende honorable. Il aimait trop sa femme pour ne pas accepter ce bébé à naître. Alors pour Cléo, cette entrée en matière, c'est un peu comme un plongeon vers l'inconnu !
Quelle plus belle parole prononcée par sa fille...


- Mais Papa, on est d'accord, c'est moi ton enfant véritable ?

C'est comme ça que l'idée a germé dans l'esprit de Thibault BERARD d'écrire un second roman et de traiter le sujet. Je ne remercie jamais assez "sa Cléo".
Dès les premières pages, je me suis prise à penser que mon hamac allait rapidement devenir une piscine ! A la page 54, les premières larmes coulaient sur mes joues, des larmes de chagrin mais aussi, des larmes de bonheur, le bonheur de lire des mots aussi forts, aussi beaux.
Thibault BERARD n'en était pas à son coup d'essai. J'avais lu son premier roman, "Il est juste que les forts soient frappés", un coup de maître.
Ce roman, une nouvelle fois, est largement inspiré de la vie personnelle de l'auteur, mais pas que. Il y a aussi toute une part de son livre suggérée par son imaginaire. Et ce qui est merveilleux chez Thibault BERARD, c'est le jeu de la narration. Si dans les premières pages, il prête sa plume à Diane Chastain, un personnage féminin, il trouve un équilibre ensuite avec le "je" de Paul, son compagnon. Et puis, un peu comme quand vous montez dans un manège de chevaux de bois, passée l'installation, il y a la mise en mouvement dans un rythme lent, s'accélérant progressivement pour terminer dans un tourbillon étourdissant. Là, les voix se multiplient, résonnent entre elles, se lient, se croisent, s'entrecroisent... dans une ivresse totale.
Ce second roman, c'est un bijou !

Si vous aussi prônez un été #jamaissansmon68, vous pouvez aussi opter pour...

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #selection2022 #secondroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #lesenfantsveritables #thibaultberard

Voir les commentaires