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2020-11-30T22:08:08+01:00

Jeanne MOREAU sublimée par AL1

Publié par Tlivres
Jeanne MOREAU sublimée par AL1

Il aura fallu le déconfinement 2ème vague, les 20 kilomètres autorisés à déambuler dans les rues d'Angers pour tomber face à une fresque monumentale réalisée par AL1.

Vous vous souvenez peut-être des précédentes créations de l'artiste angevin...

Celle-là a été réalisée il y a un an maintenant, à la demande de la Ville, pour honorer Jeanne MOREAU dans la rue qui porte son nom, juste en face du cinéma "Les 400 coups". C'est ma #lundioeuvredart !

La comédienne est assise sur un banc avec son mentor et metteur et scène, François TRUFFAUT.

Son séduisant sourire est parfaitement représenté, tout comme leurs instants de complicité.

Et puis, autour des personnages, les paroles de cette chanson interprétée par Jeanne MOREAU, "Le Tourbillon" écrit par Serge REZVANI.

Je vous laisse en musique...

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2020-11-29T11:09:36+01:00

Flames de David GUETTA et Sia

Publié par Tlivres
Flames de David GUETTA et Sia

Il y a des dimanches cocooning, il y a des dimanches plus toniques.

Ce matin, grand soleil, petit froid sec, la liberté de sortir 3 heures et de s'éloigner de son domicile de 20 km, ça me donne une énergie de folie !

Pour ma #chansondudimanche, j'ai choisi aujourd'hui "Flames" de David GUETTA et Sia. Quand le DJ, compositeur français, s'associe à l'autrice compositrice interprète australienne, c'est juste... canon !

Allez, musique !

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2020-11-26T13:05:00+01:00

L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

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L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Ma #citationdujeudi est extraite du document lauréat du #GrandPrixdesLectricesElle2019, édité chez Sonatine et maintenant chez 10 18.

Il s'agit de "L'empreinte" de Alexandria MARZANO-LESNEVICH, traduit de l'anglais par Héloïse ESQUIE.

Ce document foisonnant s'inspire de deux histoires, vraies, que l'écrivaine fait s'entrecroiser avec subtilité.

Alexandria MARZANO-LESNEVICH, contrairement à sa soeur qui a choisi le déni, met les mots sur ses blessures, physiques et psychiques. Elle ne peut les oublier. 

Le corps est largement évoqué dans ce livre.

Assez naturellement, il m'a fait penser à l'interview de l'artiste Yseult par Augustin TRAPENARD récemment dans Boomerang sur France Inter.

Je vous invite à écouter le podcast (il y a d'ailleurs une interprétation de "Laissez moi danser" de Dalida absolument sublime), à moins que vous ne préfériez l'écouter chanter son titre, "Corps" justement.

Vous pouvez aussi prendre les 2 !

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2020-11-25T18:25:00+01:00

Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

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Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

Quel plus bel ambassadeur que Botero Pop pour cette "Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes" ?

Sur Angers, si vous déambulez en centre-ville, peut-être admirerez vous le collage de "Nous toutes" réalisé sur le féminicide.

 Le créateur de ce petit personnage, que l'on voit maintenant un peu partout, en France et à l'étranger, a beaucoup de choses à dire et il ne manque pas de nous proposer, si ce n'est chaque jour, très régulièrement, un Botero Pop aux couleurs du jour.

Celui-là date un peu mais je l'ai choisi pour ce qu'il évoque et puis, aussi, pour le support qui l'accueille. Les traces des agressions laissées (par le temps mais pas que !) sur le mur sont à l'image de ce que peuvent porter les femmes aujourd'hui.

Plus que jamais, soyons uni(e)s pour lutter contre cette violence inacceptable et rappeler le 3919 (service d'écoute, d'information, d'orientation) et le SMS au 114 (quand il y a impossibilité de parler).

Je profite de cette journée pour remettre sous les projecteurs le roman de Louise MEY : "La deuxième femme", un livre nécessaire pour apprendre à décrypter le phénomène de l'emprise.

Impossible de vous quitter sans évoquer également cette BD de Thomas MATHIEU "Les crocodiles" aux éditions Le Lombard, une BD pour évoquer le harcèlement de rue. C'est ma #mercrediBD.

 

Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

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2020-11-24T12:35:00+01:00

La race des orphelins de Oscar LALO

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La race des orphelins de Oscar LALO

Belfond

 Oscar LALO, je l’ai rencontré il y a quelques années aux Journées Nationales du Livre et du Vin de Saumur. J’avais alors découvert son premier roman, « Les contes défaits » que j’avais beaucoup apprécié.

Je me suis lancée avec plaisir dans la découverte de son second, j’ai pourtant dû le laisser reposer quelques semaines avant de trouver les mots.

Hildegard Müller a 76 ans. Elle est née dans un « Lebensborn », une maternité créée par le régime nazi en faveur de l’eugénisme. Si le premier étage de la solution finale est bien connu, l’extermination du peuple juif, la seconde l’est moins, celle d’assurer un renouvellement de la race germanique, pure celle-là. Hildegard Müller est vraisemblablement le fruit d’une union entre une femme, Norvégienne, et un S.S.. Vraisemblablement, parce qu’elle n’en est pas sûre. Quelques heures avant l’arrivée des G.I.s américains, le 30 avril 1945, au siège de l’organisation en Bavière, le Steinhöring, les Allemands avaient réduit en cendres tous les registres d’Etat civil des enfants nés dans les 34 « Lebensborn » installés en Europe. Hildegard Müller recourt aux services d’un scribe avec un objectif :


Je veux que mon scribe me traduise en vous. Qu’à un moment donné, vous vous disiez : j’aurais pu être elle. P. 21

Objectif atteint !

Ce roman est très original, tant dans la forme que dans le contenu.

Sur chaque page, seules quelques lignes, du blanc, beaucoup de blanc, à l’image du vide sur lequel repose l’existence de Hildegard Müller, un vide abyssal laissé par des parents inconnus. A travers ce roman, Oscar LALO relate la quête des origines de cette femme.


Notre élimination administrative a fait de nous des orphelins pour l’éternité. P. 230

Pour combler le vide, elle fait appel à un scribe, un homme qui lui suggère des mots pour coucher sur le papier ce qu’elle a vécu. Dans la fiction imaginée par Oscar LALO, l’homme convoque des ouvrages sur des parcours qui peuvent évoquer des similitudes à Hildegard Müller. Il lit ainsi à la vieille dame « Le procès » de KAFKA, « Retour indésirable » de Charles LEWINSKY.


Il tatoue sur le papier de façon durable mes souvenirs diaphanes. Il relie ma dispersion mémorielle et affective. Il la relie, puis me la relit, afin que quand vous la lirez à votre tour, je puisse entendre ma voix sur vos lèvres. P. 173

Dans la réalité, Oscar LALO prête sa plume à toutes ces femmes et tous ces hommes conçus par des aryens.

Simone DE BEAUVOIR disait : « Nommer c’est dévoiler, dévoiler c’est agir ».

Oscar LALO avec « La race des orphelins » nomme des faits, il concourt ainsi à leur mémoire. Dans cette perspective, il s’est largement documenté pour le faire avec la plus grande fiabilité. Il s’inspire notamment des écrits de 

Le Ghetto intérieur de Santiago H. AMIGORENA

Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE

Toute la lumière que nous ne pouvons voir de Anthony DOERR

Lignes de faille de Nancy HUSTON

N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola PIGANI...

Il y a les faits, il y a aussi le ressenti, éminemment subjectif. Par la voix imaginaire de Hildegard Müller, il évoque le fardeau de la culpabilité. Impossible pour cette femme de ne pas se sentir responsable de ce qu’ont commis les nazis, dont son père faisait partie.



Le problème pour nous, c’est que naître coupable et n’être coupable, ça sonne pareil. P. 135

Hildegard Müller est une enfant de la honte. Oscar LALO décrit avec beaucoup de sensibilité cette double peine imposée par le simple fait d’une procréation instrumentalisée :


La banalité du mal de mon père SS, c’est de m’avoir conçue. P. 111

Elie WIESEL disait :« Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence. »

Avec « La race des orphelins », Oscar LALO lutte contre l’oubli.

 

Dans une narration à la première personne du singulier, le propos fait mouche. 

Souhaitons que ce roman soit lu par le plus grand nombre pour permettre à chacun de s’approprier cette page terrifiante de l’Histoire et qu’il écrive les suivantes de manière éclairée. C’est aussi ce que l’on attend de la littérature, non ?

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2020-11-23T21:52:30+01:00

Le baiser de Prunelle

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Le baiser de Prunelle

Ma #lundioeuvredart est un dessin réalisé par Prunelle.

Je suis toujours impressionnée par le pouvoir suggestif d'un coup de crayon.

Plus il est minimaliste, plus il est talentueux bien sûr.

Si vous aimez, avec les créations de l'illustratrice Antonine SAUVAGE, vous allez être gâté(e)s.

Personnellement, j'ai choisi ce baiser pour commencer cette nouvelle semaine tout en douceur.

Je vous invite personnellement à visiter son compte Instagram, il regorge de dessins tout à fait exceptionnels.

Et puis, si vous avez envie, vous aussi, de vous consacrer à cette discipline, elle met en ligne des vidéos pour permettre de s'entraîner.

Alors, à vous  de jouer !

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2020-11-22T07:00:00+01:00

Bashed out par This Is The Kit

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Bashed out par This Is The Kit

Il fait froid dehors. Vous avez besoin de douceur ?

Je vous propose une #chansondudimanche tout à fait ravissante.

Il s'agit de "Bashed out", un titre interprété par This Is The Kit.

Au micro, Kate STABLES, une jeune femme, anglaise, installée à Paris depuis plus d'une dizaine d'années.

Ses mélodies revisitent le genre folk.

Elle écrit toutes ses chansons qu'elle interprète à la guitare ou au banjo.

Son 5ème album, Off Off On, vient de sortir. On en reparlera...

Allez, musique !

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2020-11-16T21:59:31+01:00

Kiki DE MONTPARNASSE par Pablo GARGALLO

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Kiki DE MONTPARNASSE par Pablo GARGALLO

Ma #lundioeuvredart, c'est une sculpture de l'artiste espagnol, Pablo GARGALLO, découverte au Musée d'Art Moderne de Paris.

Elle représente Kiki De Montparnasse

Elle a été réalisée en 1928.

L'artiste côtoyait alors les cercles d'intellectuels et d'artistes parisiens. 

Il avait choisi de travailler le laiton considérant que « [...] ce matériau donne au portrait un côté étincelant correspondant à la personnalité « haute en couleur » du célèbre modèle [...]. »

J'aime beaucoup sa composition, les vides venant compléter les pleins. Cette création est tout à fait originale et permet pourtant de représenter la femme des années folles avec beaucoup de subtilité.

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2020-11-15T07:00:00+01:00

Open Your Heart de Madonna

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Open Your Heart de Madonna

Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas écouté Madonna.

Bien sûr, il y a des dizaines d’albums mais je trouve que celui-là correspond bien à ma lecture du moment.

Ma #chansondudimanche, c’est « Open Your Heart ». 

Allez, musique 🎶 

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2020-11-14T07:00:00+01:00

Avant que j'oublie de Anne PAULY

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Avant que j'oublie de Anne PAULY

Editions Verdier

Ce roman autobiographique, c’est ma grande fille qui me l’a conseillé, comme autant d’instants de complicité autour d’un livre. Je ne connaissais pas la plume de Anne PAULY, et pour cause, il s’agit d’un premier roman ! Mais de cette écrivaine, je crois qu’il va falloir mémoriser son nom, elle a un formidable talent.

Autour d’un sujet dramatique, la mort d’un père, elle relate avec beaucoup d’humour l’existence d’un unijambiste, alcoolique, qui en a bien fait baver à tous, à ses enfants, à sa femme aussi. A l’époque, les termes de violences conjugales n’étaient pas encore prononcés, nous en étions bien là pourtant.

Partagée entre le ton de la dérision et la gravité des événements, je me suis pourtant surprise à rire. J’ai adoré la scène de l’entrée dans l’église, bras-dessus bras-dessous avec son amoureuse, Félicie !

Il y a de la distance quand elle prépare les funérailles.


Heureusement, je m’étais préparée : l’enfant en moi, je l’avais envoyé dans sa chambre avec interdiction de sortir jusqu’au soir, quant à la pleureuse, j’avais dilué un Lexomil dans son café. Elle flottait là, près de moi, comme un fantôme, avec une certaine indifférence. P. 76

Il y a de la colère quand elle évoque son dernier souffle.

Malgré le fait que Anne PAULY ait souffert d’une enfance sacrifiée, c’est bien elle qui, ces dernières années, a toujours couru au chevet de cet homme, veuf, devenu fragile et vulnérable.

Elle parle de la vieillesse, de la maladie, du corps douloureux.

Elle montre la face cachée, l’intimité, ces petits riens qui composaient le tout de son existence, à lui.

Et puis, il y a l’immense chagrin d’une fille devenue orpheline. Sa mère, dont tout le monde louait sa générosité, était partie la première. Avec le décès de son père, il se joue autre chose dans le coeur, et le corps, de Anne PAULY.


L’esprit et le corps rejetaient les nouvelles données. P. 31

Il y a des moments d’une immense tristesse, vécus dans la plus grande solitude. Là, le coeur se serre.

Et puis, il y a d’immenses bouffées de tendresse. J’ai adoré ces passages avec une certaine Juliette. Son père, Jean-Pierre, était un peu son « Roméo », à elle.

Enfin, il y a cette scène délicieuse autour de la calligraphie chinoise du mot amour, un petit bijou.

Avant que j'oublie de Anne PAULY

Si l’exercice de l’écriture a offert à Anne PAULY une certaine forme de catharsis, c’est là tout le bien que je lui souhaite, ce roman n’en revêt pas moins un caractère universel. Nul doute qu’il saura vous émouvoir.

Les jurés du Prix du Livre Inter 2020 ne s’y sont pas trompés. Ils ont succombé au charme de cette formidable preuve d’amour d’une fille à son père. C’est un livre original, sans langue de bois, il a tout pour plaire.

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2020-11-13T08:23:04+01:00

La désobéissance d’Andreas Kuppler de Michel GOUJON

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La désobéissance d’Andreas Kuppler de Michel GOUJON

Héloïse d’Ormesson éditions

Nous sommes en février 1936. Andreas et Magdalena vivent à Berlin. Ils sont mariés depuis cinq ans. Elle a démissionné d’un poste de laborantine en centre d’analyses médicales pour se consacrer à sa famille qu’elle veut nombreuse. Elle, la presque parfaite aryenne, est torturée par l’infertilité de son couple et traite ses névroses à coup d’anxiolytiques. Lui est journaliste sportif. Il couvre les quatrièmes Jeux Olympiques d’hiver à Garmisch-Partenkirchen. Si, fidèle à sa famille de militaires, elle vénère le Troisième Reich, lui s’autorise à ne pas manifester de quelconques sentiments d’adoration pour le régime fasciste au pouvoir. Plus encore, il continue de faire ses emplettes chez des Juifs dont le commerce est interdit par les nazis. Il écoute du jazz, cette « musique nègre » considérée comme de l’art dégénéré. Il ne faudra pas plus d’une soirée à s’enivrer avec des confrères américains et à se languir sur la piste de danse avec une journaliste juive pour s’attirer les foudres du régime. Mais là, commence une autre histoire.

Ce roman revient sur une période qui fait aujourd’hui couler beaucoup d’encre, je vous l’accorde. Et pourtant, il sait être original.

J’ai aimé prendre la voie des J.O. pour décrypter les rouages d’une dictature en gestation. Nous sommes en 1936, quelques années après les premières décisions prises par le régime nazi (boycott des commerces juifs, autodafé des livres Place de l’Opéra...), le pouvoir s’enorgueillit d’une reprise économique. Il fait de cet événement sportif international un objet de propagande. Et même si les photographes non allemands ne sont pas autorisés à y faire leur métier, les jeux deviennent la vitrine de celui qui dit réussir à relever le pays.

Et puis, après « Erika Sattler », « Magdalena Kuppler » est très intéressante à appréhender. Le personnage de fiction de Michel GOUJON nourrit ce canon aryen d’une quête immuable d’une certaine forme de dignité. Il y a de l’orgueil à assouvir. Il y a aussi cette volonté de s’engager aux côtés du Führer. Les femmes, confinées par le régime aux tâches domestiques et à l’éducation des enfants, ont à coeur d’être à la hauteur. Si d’aventure, certaines s’éloignent du chemin, la société se charge elle-même de prendre la relève de l’Etat pour les presser de rejoindre le troupeau.

Outre le simple fait d’être mère et d’aspirer au modèle donné par Magda Goebbels en personne, il y a, pour une femme, le nec plus ultra, celui de contribuer à restaurer la pureté du sang allemand en se faisant engrosser par de purs aryens, ces SS triés sur le volet alimentant les « Lebensborn » créés par la dictature pour assurer des descendants parfaits en tous points.

J’ai beaucoup aimé le rapport à la musique incarné par Andreas Kuppler et ces moments de liberté qu’il s’octroie, un brin subversifs.


La musique exprimait l’indicible. Et en ces temps, elle pouvait aussi être une forme de résistance. P. 61

Tout se joue, là, en 48 heures. Michel GOUJON, dans son quatrième roman, met à l’épreuve du pouvoir et de la peur deux êtres que l’on pourrait qualifier d’ordinaires. Il précipite les événements pour livrer un roman rythmé et haletant dans une plume qui sait être poétique :

 


Un songe était si volatil, un peu comme un parfum. Il fallait l’enfermer très vite dans un flacon si on voulait en conserver l’essence. P. 39

Je l’ai commencé, je n’ai pas pu le lâcher !

 

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2020-11-12T20:00:53+01:00

Où bat le coeur du monde de Philippe HAYAT

Publié par Tlivres
Où bat le coeur du monde de Philippe HAYAT

Ma #citationdujeudi est extraite d’un roman de la #RL2019, "Où bat le cœur du monde" de Philippe HAYAT, une épopée romanesque tout à fait remarquable publiée chez Calmann Levy, et plus récemment chez Le livre de poche.

 

Avec "Où bat le cœur du monde", j’ai découvert la plume de Philippe HAYAT, sensible, fabuleuse, chaloupée, énergique.

La narration y est parfaitement orchestrée dans un rythme haletant, je ne me suis pas ennuyée une seule minute !

L'écrivain a réalisé d'importantes recherches historiques qui viennent étayer un roman empreint d'une multitude de faits, réels, eux.

Quant aux personnages, ils sont très attachants. J'ai un petit faible, je l'avoue, pour les portraits des femmes qui ont compté dans la vie de Darius, des personnes lunaires qui vont de l'avant, repoussent les limites, et lui offrent, chacune à leur manière, la force de l'amour.

Nous ne sommes plus à l'ère des déplacements libres dans des rues commerçantes aux vitrines toutes plus attractives les unes que les autres. Non !

Pourtant, nous restons à quelques mois des traditionnels cadeaux,

Alors, bienvenue "Click and Collect", 

sans oublier, puisque nous sommes en version poche, la possibilité de concourir à l'opération

#onneconfinepasles68

lancée par les 68 Premières fois, alors,

... click and 68 !

 

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2020-11-11T07:00:00+01:00

Kiki DE MONTPARNASSE de CATEL et BOCQUET

Publié par Tlivres
Kiki DE MONTPARNASSE de CATEL et BOCQUET

Casterman écritures

Lors d’un week-end d’escapade sur Paris, il y a eu cette première rencontre au Musée d’Art Moderne avec Kiki DE MONTPARNASSE, une sculpture réalisée par Pablo GARGALLO en 1928. « [...] il choisit le laiton : ce matériau donne au portrait un côté étincelant correspondant à la personnalité « haute en couleur » du célèbre modèle [...]. »

 

Et puis, il y a eu cette visite de l’exposition dédiée à Man REY au Musée du Luxembourg, et ce cliché de Kiki DE MONTPARNASSE.

En rentrant sur Angers, lors d’un déjeuner aux Casse-croûte de Suzie, 3 rue de l’Espine, dans la bibliothèque récemment installée, que vois-je ? Un roman graphique intitulé Kiki DE MONTPARNASSE. Les planètes étaient alignées, impossible de résister !

C’est dans un scénario de José-Louis BOCQUET et sous le crayon de CATEL que j’ai découvert la biographie de Kiki, née Alice PRIN, le 2 octobre 1901.

L’enfant est élevée par sa grand-mère. A 12 ans, elle quitte Châtillon-sur-Seine pour retrouver sa mère sur Paris. A l’époque, nous sommes dans les années 1920, les enfants peuvent travailler dès 13 ans. Kiki est employée dans une boulangerie jusqu’au jour où une remarque sur son maquillage la fait sortir de ses gonds. Kiki met un poing dans la figure à sa patronne qui la licencie sur le champ. Kiki cherche un nouvel emploi. Elle est recrutée comme modèle par un sculpteur. Lorsque sa mère la découvre à poser, nue, elle la met à la porte. Kiki doit désormais trouver un toit en plus de trouver de quoi se nourrir. Une vie de bohème commence alors. Elle va rencontrer SOUTINE, MODIGLIANI, UTRILLO, et puis, Maurice MENDJISKY avec qui elle va vivre quelques années. C’est lui qui la surnomme Kiki. Elle va poser pour FOUJITA rendu célèbre avec cette toile : « Nu couché à la toile de Jouy » en 1922. Elle découvre Man REY qui la photographie et avec qui elle va mener une relation amoureuse aussi passionnante que sulfureuse. Après une expédition à Villefranche sur Mer qui tourne mal en 1925 et lui vaudra quelques mois d’emprisonnement, Kiki se lance elle-même dans la création artistique. Ses oeuvres sont exposées au Sacre du Printemps. Elle côtoie les intellectuels et artistes du tout Paris comme Robert DESNOS. Elle publie ses mémoires. Man REY se fatigue de cet amour avec Kiki qui commence à sombrer dans le chagrin. Il y aura bien André LAROQUE, cet accordéoniste avec qui elle se produire en spectacle. Kiki chante aussi. Elle enregistre deux disques chez Polydor et s’offre son propre cabaret, peut-être les prémisses d’une fin assurée pour Kiki. L’alcool et la drogue auront raison de cette femme hors norme.

Kiki DE MONTPARNASSE a joui de la vie dans tous les sens du terme. Elle a multiplié les conquêtes. Elle a passé une partie de sa vie à poser nue pour des hommes qui l’ont sublimée. Elle a côtoyé celles et ceux qui faisaient vibrer le tout Paris, nous sommes dans les années folles.

J’ai beaucoup aimé découvrir une biographie illustrée de Kiki DE MONTPARNASSE, de surcroît dans la collection de CATEL et BOCQUET. En version monochrome, le graphisme est très réaliste. Un détail qui n’en est pas un en réalité, la police de caractères est régulière et très accessible.

Dans la même collection, j’avais découvert Joséphine BAKER, un roman graphique coup de coeur.

Alors, n’hésitez plus !

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2020-11-10T11:39:06+01:00

Histoires de la nuit de Laurent MAUVIGNIER

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Histoires de la nuit de Laurent MAUVIGNIER
 
Tout commence avec un passage à la gendarmerie. Patrice a emmené sa voisine faire une déposition. Depuis quelques jours, elle reçoit des lettres anonymes, la dernière avec menace. Christine, d’origine parisienne, peintre à la retraite, a choisi de quitter la ville pour la campagne. Elle vit dans le hameau de La Brassée. Il y a trois maisons. Celle de Patrice, fermier, qui vit avec sa femme Marion et leur fille Ida. Celle de Christine. Elle y vit seule avec son chien Radjah. La troisième est vide, elle est en vente. C’est d’ailleurs la brèche qu’utilise un visiteur un peu trop curieux pour être honnête quand il se présente dans la cour du hameau. Comme fait exprès, l’homme choisit le jour de l’anniversaire de Marion. Alors que Patrice passe tout son temps à la ferme, aujourd’hui, il n’est pas là. Il est parti en ville acheter son cadeau. Avant de partir, il a pris le temps de servir la table et décorer la maison. Christine est chargée de réaliser les gâteaux. Mais rien ne va finalement se passer comme prévu.
 
J’avais lu « Continuer » de Laurent MAUVIGNIER, un roman d’une très grande puissance. La relation d’une force inouïe entre une mère et son fils était sublimée par les grands espaces du Kirghizistan.
 
Là, l’espace y est contraint. Tout va se jouer entre quelques maisons isolées en rase campagne.
 
Le temps y est aussi compté. Vous ne vivrez à La Brassée que 24 heures.
 
La tension exercée est pourtant terrifiante. Âmes sensibles, s’abstenir.
 
J’ai pris beaucoup de plaisir dans les premières pages évoquant avec subtilité la peinture, la relation de l’artiste avec sa toile (je croyais entendre Nathalie-Audrey DUBOIS parler de son art !).


Elle sait ça, elle cherche le moment où c’est la peinture qui la voit, ce moment où la rencontre a lieu entre elle et ce qu’elle peint, entre ce qu’elle peint et elle, et, bien sûr, c’est une chose qu’elle ne partage pas. P. 30

La solitude et le bien-être de Christine vont pourtant être entachés par une visite, et puis, très vite, le tableau va se noircir !
 
Le scénario imaginé par l’écrivain est absolument irrésistible. Il va se focaliser sur des secrets savamment gardés ces dernières années, des secrets qu’il ne mettra qu’une seconde à dévoiler, de fil en aiguille...


Car ce qui compte, ce n’est pas tant ce qu’ils disent que ce qu’ils suggèrent : ces images, ils les inoculent dans le cerveau du mari et des amies comme un poison qui s’épanouira en eux et prendra bientôt la même place que leurs propres souvenirs. P. 551

L’intrigue est parfaitement menée dans un rythme irrégulier. Il y a des temps longs pendant lesquels Laurent MAUVIGNIER excelle dans la description du rien, du vide, des silences, et puis, surgissent des événements. Il y a maintenant urgence à vivre, chaque seconde pourrait être la dernière.


Alors ce qui se passe va très vite, et c’est comme si seulement un très long ralenti pouvait le rendre visible. P. 495

Vous l’aurez compris, le coup de maître repose dans la peur que l’écrivain va réussir à transmettre au lecteur. Une fois, la graine semée, à l’image d’un fervent jardinier, il va l’arroser. Petit à petit, le plant va grandir jusqu’à envahir vos jours, et puis, vos nuits.
 
Dans des phrases étirées à l’envi, l’auteur exerce une tension haletante. Le talent de Laurent MAUVIGNIER est terriblement sensationnel.

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2020-11-09T17:15:37+01:00

Un pan du Mur de Berlin pour le 31ème anniversaire de sa chute

Publié par Tlivres
Un pan du Mur de Berlin pour le 31ème anniversaire de sa chute

Ma #lundioeuvredart est une photographie de 2008, un tronçon du Mur de Berlin que nous avions immortalisé lors d'un séjour en famille.

Cette colombe avec cette chaîne en son bec, nous nous en souvenons tous.

Aujourd'hui, c'est le 31ème anniversaire de sa chute.

Peut-être n'étiez-vous pas né(e)s le 9 novembre 1989 mais je suis persuadée que vous, aussi, avez en tête les images largement médiatisées de ces hommes et ces femmes, armés de marteaux, pour le détruire à jamais.

Ce jour-là, soufflait un formidable élan de liberté pour les citoyens allemands, plus largement l'Europe et le monde entier.

Impossible de ne pas lier cette publication à la chronique de mon coup de coeur de cette rentrée littéraire de septembre 2020.

Vous vous souvenez bien sûr de "La femme qui reste" de Anne DE ROCHAS aux éditions Les Escales. Il s'achève justement avec la chute de ce mur construit la nuit des 12 et 13 août 1961, le "Berliner Mauer", comme le symbole de la Guerre Froide érigé entre le capitalisme et le communisme. A travers l'histoire du Bauhaus, c'est une page de la grande Histoire que vous découvrirez au bras de Clara Ottenburg, personnage de fiction autour duquel l'écrivaine tisse une toile dans laquelle se côtoient une cinquantaine d'artistes, d'architectes, d'urbanismes... choisis parmi toutes celles et tous ceux qui, de passage ou en résidence, ont vécu l'aventure du mouvement avant-gardiste avant, bien souvent, l'exil vers d'autres territoires. 

La littérature offre cette possibilité de revisiter la grande Histoire, une manière de nourrir le souvenir d'une époque que l'on voudrait révolue et avouons que, Anne de ROCHAS, dans ce premier roman, l'assure tout en beauté. Je me suis délectée de ce livre foisonnant dans une plume d'une éblouissante poésie.

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2020-11-08T07:00:00+01:00

Serre-moi de Tryo, Vianney et Ibrahim Maalouf

Publié par Tlivres
Serre-moi de Tryo, Vianney et Ibrahim Maalouf

Ma #chansondudimanche, c’est un conseil attentionné que je partage bien sûr. 

En janvier 2020, est sorti un album tout à fait original avec ce titre : « Serre-moi », des voix d’hommes pour chanter l’amour, les femmes...

Tryo, Vianney et Ibrahim Maalouf tapent fort...


Mille fois entrelaçons-nous
Et lassons-nous même en dessous
Serre-moi encore, serre-moi
Jusqu'à étouffer de toi

Lire le livre de Anne PAULY ce matin, au réveil, et dans « Avant que j’oublie », lauréat du Prix du Livre Inter 2020, découvrir ces mots :

Serre-moi de Tryo, Vianney et Ibrahim Maalouf

je crois que les planètes sont alignées !
Allez, place aux artistes, musique

Bonjour

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2020-11-06T07:00:00+01:00

Les vies secrètes de Paris de Katia CHAPOUTIER

Publié par Tlivres
Les vies secrètes de Paris de Katia CHAPOUTIER

Il y a plusieurs manières de visiter une ville comme Paris.

Il y a ces escapades dans la capitale, en présentiel j’entends. Mais, ça, c’était avant.

Non, aujourd’hui, on visite les sites, à distance, crise sanitaire oblige.

Certains opteront pour la vidéo, d’autres pour un bon livre.

Vous en rêviez ? Katia CHAPOUTIER et les éditions Le Passeur l’ont fait.

Tout commence avec cette citation de Théophile GAUTIER :


S’il me fallait faire la géographie de Paris, je diviserais la grande ville en plusieurs pays : Paris ancien et nouveau, Paris passé et futur, Paris qui dort et Paris qui veille ; il y aurait aussi le Paris infernal et le Paris élyséen, le Paris qui travaille et le Paris qui s’amuse, le Paris qui pleure et le Paris qui chante.

Avouons que le programme a tout pour plaire, d’autant que l’écrivaine est connue pour réaliser des reportages notamment pour l’émission « Des racines et des ailes ».

Vous êtes prêt(e)s et prêt(s) ? Un, deux, trois, partez !

Sous la plume merveilleuse de Katia CHAPOUTIER, vous allez découvrir :

L’appartement de la Grande Demoiselle

Le Musée Carnavalet

Le Musée d’Orsay

Le Musée Rodin

La Tour Eiffel

Le Musée Maxim’s, son Art Nouveau

La maison Guerlain

Le Crazy Horse, ce temple de la féminité

Le salon de thé Ladurée de la rue Royale 

La Pagode, cette enclave chinoise dans l'Ouest parisien

La phonogalerie

L'opéra Garnier

Les Galeries Lafayette

Une gare miniature sous la gare de l'Est

Le Musée Edith-Piaf

La Cité internationale universitaire

Le Musée des Compagnons charpentiers

L'appartement de Boris VIAN

Le Grand Trianon à Versailles

en passant par

Les toits de Paris

Tous ces sites sont (relativement) bien connus du grand public mais la cerise sur le gâteau, c’est que l’écrivaine nous dévoile tout un tas de secrets. Le propos est croustillant mais... chut !

Comme je vous le disais en introduction, nous ne sommes plus à l'ère des déplacements libres dans des rues commerçantes aux vitrines toutes plus attractives les unes que les autres. Non !

Pourtant, nous restons à quelques mois des traditionnels cadeaux,

Alors, bienvenue "Click and Collect", 

sans oublier, puisque nous sommes en version poche, la possibilité de concourir à l'opération

#onneconfinepasles68

lancée par les 68 Premières fois, alors,

... click and 68 !

 

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2020-11-05T08:19:41+01:00

Ásta de Jon Kalman STEFANSSON

Publié par Tlivres
Ásta de Jon Kalman STEFANSSON

Ma #citationdujeudi est extraite du roman 

Ásta de Jon Kalman STEFANSSON

aux éditions Grasset, découvert dans le cadre du #GrandPrixdesLectricesElle 2019. C'était mon coup de coeur dans la catégorie "Roman".

En période de confinement, version 2, cette citation prend une dimension toute particulière.

Je profite de cette publication pour vous dire quelques mots de l'histoire :

Nous sommes dans les années 1950 à Reykjavik en Islande. Helga a 19 ans, Sigvaldi 30. Ils vivent le parfait amour. Ils ont une enfant de 7 mois. Une nouvelle grossesse se profile. Ils cherchent un prénom pour le bébé à venir, une autre fille. En mémoire d'une lecture qu'ils avaient partagée, « Gens indépendants » de Halldór LAXNESS (Prix Nobel de littérature), et qui les avait beaucoup émus, ils choisissent Ásta. A une lettre près, le prénom de la fillette aurait signifié "amour", mais voilà, cette lettre va faire toute la différence ! La grossesse d'Helga est marquée par ses crises de nerfs, un peu comme si la maternité faisait resurgir le passé et tourmentait les âmes par des souvenirs douloureux. Avec la naissance, les sentiments s'apaisent malgré une vie de famille chahutée par une économie en perte de vitesse. Sigvaldi est contraint d'exercer deux métiers pour permettre à sa femme et ses enfants de vivre. Il est marin. Il est peintre en bâtiment aussi, il a monté son entreprise avec un associé. Un jour, il tombe d'une échelle. Un peu sonné, il se remémore les bons moments de son existence. Il culpabilise aussi. S'il n'avait pas été un bon père pour sa fille...  

Ce roman d'apprentissage est absolument EXTRAordinaire.

Il est aujourd'hui publié en format poche chez Folio.

Mais oui, mais bien sûr,

Ásta de Jon Kalman STEFANSSON

pourrait bien avoir une chance de trouver sa place dans l'opération lancée par les 68 Premières fois, n'est-ce pas ?

Vous hésitez encore ?

Je vous propose une chronique complète en version audio :

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2020-11-03T21:47:44+01:00

Nature humaine de Serge JONCOUR

Publié par Tlivres
Nature humaine de Serge JONCOUR

Le roman de Serge JONCOUR, « Nature humaine », marque des retrouvailles avec une plume que j'apprécie tout particulièrement. Vous vous souvenez peut-être de "Chien-loup", un énorme coup de coeur, ou bien de "Repose-toi sur moi" et "L'amour sans le faire".

Ce roman est lauréat du Prix Femina 2020, toutes mes félicitations vont à l’écrivain et sa maison d’édition, Flammarion.

Direction le Lot dans le Sud-Ouest de la France. Bienvenue à la ferme des Fabrier. Nous sommes en 1976, en pleine sécheresse. Alexandre, le jeune homme de la maison, s’inscrit dans la succession de ses parents. Ses trois soeurs, elles, sont attirées par la ville. Caroline fait des études à Toulouse où elle vit en colocation. Alexandre ne manque jamais une occasion de faire le taxi. Il en profite pour vivre des soirées entre jeunes. C’est là qu’il rencontre Constanze, une jeune Allemande de l’Est, dont il va tomber amoureux. C’est là aussi qu’il va côtoyer des activistes mobilisés contre l’installation de centrales nucléaires. Mais rien n’y fait, Alexandre est un rural, c’est un agriculteur, assailli par l’essor de la grande distribution. Un hypermarché Mammouth vient de s’installer à proximité. Les normes sanitaires évoluent. Alexandre doit faire face, coûte que coûte.

« Nature humaine » de Serge JONCOUR est le roman des mutations.

On commence avec la mutation climatique. L’écrivain tape fort, il commence le roman avec cet été mémorable de 1976. A l’époque, on appelait ça une sécheresse et c’était exceptionnel, aujourd’hui le terme a changé, nous vivons des canicules. Elles se suivent et se ressemblent, malheureusement. Serge JONCOUR achève le propos avec l’année 1979, l’année de la tempête.

Ce roman, c’est celui de la mutation économique aussi.

Avec l’exemple de la marque Mammouth, que l’on peut prendre au premier comme au second degré, la métaphore est très bien trouvée pour illustrer la grande distribution émergente, anéantissant le système de production agricole ancestral. La consommation de masse exige des agriculteurs de s’adapter pour produire toujours plus. Le rouleau compresseur est lancé, plus rien ne pourra l’arrêter.

Ce roman, c’est encore celui de la mutation sociale, en particulier des femmes, qui fuient leur confinement aux tâches domestiques auxquelles les hommes les avaient dédiées, en particulier dans un monde rural loin des activités professionnelles extra-agricoles. Avec les trois filles de la famille Fabrier, Serge JONCOUR illustre parfaitement l’appât de la ville sur les filles et leur souhait de poursuivre des études supérieures pour se faire une place dans un univers encore réservé aux hommes. Elles sont prêtes à repousser les limites.

Ce roman, c’est également celui de la mutation entre les générations. La fresque historique sur trente années montre le passage de relais par la voie des garçons assurant, bon gré mal gré, la succession des parents. Il y a une affaire de déterminisme là-dedans. Alexandre n’y échappe pas, comme ses parents précédemment. Chez les agriculteurs, il y a un attachement fort à la terre. D’ailleurs, quand les anciens partent à la retraite, ils font construire une maison non loin des bâtiments agricoles, histoire d’y garder leur ancrage. Avec cette construction, les grands parents d’Alexandre s’offrent un brin de modernité et s’approprient de nouveaux modes d’existence, ainsi va la vie.

Ce roman, c’est enfin celui de la mutation politique. L’année 1981 verra la gauche arriver au pouvoir. Là commencent les années dites Mitterrand. L’écrivain relate la soirée de fête suite aux élections présidentielles qui marquent un tournant dans l’Histoire de France.

Avec « Nature humaine », Serge JONCOUR explore les racines d’un mariage malheureux, voire impossible, entre Dame Nature, havre de paix et écrin de verdure, et l’activité humaine, génératrice de modifications environnementales. Les agriculteurs incarnent parfaitement la responsabilité des hommes à l’origine des changements climatiques et les plus concernés par les effets dévastateurs des éléments.


La nature est un équilibre qui ne se décide pas, qui s’offre ou se refuse, en fonction des années. P. 75

Ils sont tour à tour responsables et victimes de leurs faits. Avec ce roman, et pour celles et ceux qui ne sont pas du milieu, l’écrivain nous permet, le temps d’une lecture, de regarder dans le rétroviseur et revisiter l’histoire pour mieux comprendre d’où l’on vient et qui nous sommes aujourd’hui.


L’Histoire se fait au plus près des êtres, elle influence les vies comme les mains modèlent l’argile. P. 130

Si Serge JONCOUR ne l’avait pas lui-même affirmé dans une interview donnée au journal Le Monde :


Écrire, c’est faire vivre des personnages, des intrigues mais aussi dire des choses du monde.

je l’aurais bien sûr martelé.

Outre cette relation amoureuse qui vient brouiller les cartes et permet de dénoncer les codes inhérents à chaque univers, à moins d’être impossible, ce que j’ai aimé dans ce roman, comme dans tous ceux de Serge JONCOUR je dois bien l’avouer, c’est le rythme. Avec l’affaire des activistes et le doigt mis par Alexandre dans l’engrenage, l’écrivain réussit à créer du suspens et à précipiter les événements alors que tout porte à s’inscrire dans la durée, un temps long d'une trentaine d'années, juste avant que le cap des années 2000 ne soit franchi.

Chapeau !

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