Traduit de l’espagnol par Alexandra CARRASCO
Voilà un premier roman bouleversant, découvert non pas avec les 68 Premières fois (et pour cause il est étranger) mais avec la team de Vleel.
Devant le chaos et la ruine de mon pays, le Venezuela, j’ai pris la fuite pour sauver ma vie et celle de ma famille, mon compagnon Alberto et ma petite fille de 2 ans, Alejandra. Nous sommes seuls au monde. Nous n’avons plus rien. Nous cherchons une terre d’asile alors même que la pauvreté et la misère nous entourent. Je sombre. Je suis fatiguée. Je pers pieds. Les médecins, les psychiatres colombiens sauront-ils me sauver ?
Sur la base de mes paraphrases, vous l’aurez compris, ce premier roman de Vaitiere ROJAS MANRIQUE est écrit à la première personne du singulier.
Vous allez plonger dans l’introspection d’une jeune femme, d’une épouse, d’une mère, d'une Vénézuélienne, qui, en plein exil, déchirure, déracinement et quête de sérénité, nous confie ses émotions, ses sentiments, ses troubles, sa solitude aussi, largement amorcée avec l’incipit, une citation de Marguerite YOURCENAR extraite de « L’invention d’une vie » : « Solitude… Je ne crois pas comme ils croient, je ne vis pas comme ils vivent, je n’aime pas comme ils aiment… Je mourrai comme ils meurent. »
L’autrice choisit la forme épistolaire pour ces confessions, une correspondance adressée à un certain Franz (dont je ne vous confierai pas l’identité, ne comptez pas sur moi pour spolier l’effet de surprise), un pari audacieux et très réussi.
A travers l’écrit, le personnage principal nous livre son intimité marquée par l’effondrement à deux dimensions, celui d’un pays, Le Venezuela dont la ruine pousse plus d’un million de citoyens à le fuir en 2018, et celui de son identité propre, à elle, la narratrice mais aussi l’écrivaine. Vaitiere ROJAS MANRIQUE fait partie des victimes de la crise de ce territoire sud-américain et sait mieux que quiconque ce que les migrants peuvent vivre en quittant leur terre
Je me souviens encore du dernier jour que j’ai passé dans mon pays, avant le voyage. J’ai dit au revoir à ma ville, à ma région, et j’ai senti tout le poids de l’indifférence et de la ruine. P. 25
et en devenant des étrangers d’un ailleurs.
Ce récit est autobiographique. L'autrice s'est inspirée de son parcours personnel pour nous livrer ce premier roman. C’est un cri du coeur et du corps déchirant. C’est aussi une ode à l’écriture et son pouvoir d’exorciser les blessures et panser les plaies.
Merci Sandra de ce prêt.