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2024-10-30T07:00:00+01:00

Le tirailleur de Piero MACOLA et Alain BUJAK

Publié par Tlivres
Le tirailleur de Piero MACOLA et Alain BUJAK

Alain BUJAK est chargé de photographier une résidence Adoma en 2008-2009 à Dreux.

C'est là qu'il rencontre Abdesslem.

Entre eux s'établit une relation axée sur la transmission, celle de l'Histoire de France et le rôle joué par les hommes des colonies françaises pendant la guerre.

Ce n'est pas Alice ZENITER qui me démentira, nous ignorons des pans entiers de notre Histoire, elle concourt d'ailleurs elle-même à combler nos lacunes dans le domaine.

Alain BUJAK assure lui aussi la mémoire d'hommes au service de... la France. Le sort des tirailleurs marocains nécessite d'être appris aux jeunes générations.

 

Parce qu'Alain BUJAK refuse que l'histoire d'Abdesslem tombe dans l'oubli, il confie son scénario à Piero MACOLA pour le dessiner. Quelle plus belle idée ?

Les illustrations sont parfaitement réussies. Elles traduisent la tristesse d'un homme désabusé, d'un homme isolé de sa famille, exilé de sa terre qui "sent si bon que tu as envie d'en manger !".

J'ai beaucoup aimé la dernière partie qui donne l'authenticité nécessaire à cette histoire, des photographies d'Abdesslem dans son pays, avec ses proches. Elle traduit aussi ce qu'est devenue la relation d'Alain BUJAK et Abdesslem, la force des liens qui se sont établis entre les deux hommes au fil du partage des souvenirs. 

Cette BD, je la conseille à tous, ados, adultes. Nul doute qu'elle va contribuer, à sa mesure, à lever le voile sur des faits historiques que tous ont à connaître. Le 9e art permet de se les approprier, qu'il en soit remercié.

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2024-10-30T07:00:00+01:00

All we imagine as light de

Publié par Tlivres
All we imagine as light de

Après le Prix du Jury et Prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes en 2024, "Emilia Perez" de Jacques AUDIARD, une pépite, je me suis intéressée au Grand Prix du Festival, celui décerné au film "All we imagine as light" de Payal KAPADIA, un prix largement mérité.

Synopsis

Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d'une liberté nouvelle.

Mon avis

Dans ce film, ce qui m'a d'abord attirée, c'est son titre qui pourrait être traduit par "Tout ce que nous imaginons comme lumière". 

Et puis, il y avait ces histoires de femmes, des parcours de gens ordinaires. Payal KAPADIA restitue les conditions de vie quotidiennes de quelques femmes qu'elle met joliment sous ses projecteurs. J'avais lu un article sur ces hommes qui, en Inde, épousent des femmes pour leur dot, puis disparaissent ou demandent le divorce en conservant les biens offerts par leurs belles-familles, laissant des femmes dont la virginité s'est envolée lors de la nuit de noces et sans le sous, jugées indignes par leurs familles. Dans une forme romancée, le propos est toutefois filmé comme un documentaire.

C'est un propos militant bien sûr, un propos qui dénonce une société moderne (Mumbai pourrait être Paris ou n'importe quelle autre ville européenne avec son métro, ses gratte-ciels...) dans laquelle les droits des femmes restent bannis. 

Si certaines acceptent ce destin par respect des traditions comme Prabha, d'autres résistent à l'image d'Anu qui transgressent les lois pour vivre un amour interdit.

Et puis, il y a le personnage de Parvaty qui illustre le droit de propriété, là aussi, bafoué. Son mari est décédé, elle doit quitter son logement.

Il y a encore cette formidable solidarité qui lie des femmes dans l'affrontement du quotidien, cette forme de sororité pleine d'espoir en un avenir meilleur.

Et quel plus bel espoir que de voir une femme de 38 ans, réalisatrice du cinéma indien remporter le Grand Prix du Jury !

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2024-10-30T07:00:00+01:00

De maman en maman d'Emilie VAST

Publié par Tlivres
De maman en maman d'Emilie VAST

Editons MeMo

Ce livre d'enfant emprunté aux Bibliothèques Municipales d'Angers se décline comme des poupées gigognes.

À chaque page sa matriochka, symbole de la maternité, d'une taille de plus en plus petite au fil de la lecture pour représenter la descendance de "la maman de la maman de la maman de ma maman".

À chaque page ses motifs naïfs largement inspirés de l'art populaire. Le vivant y occupe une place de choix, depuis le végétal jusqu'aux animaux en passant par les insectes.

À chaque page sa couleur, d'abord le rouge, puis le orange, le jaune, le vert, le bleu, le violet, et enfin le rose, suivant le nuancier du cercle chromatique orchestré dans le sens des aiguilles d'une montre.

Ce livre d'un petit format est particulièrement facile à manipuler pour les petites mains. Cartonné, il permet au plus jeune âge de s'en emparer.

Je ne connaissais pas encore le talent d'Émilie VAST, autrice mais aussi illustratrice et plasticienne. La jeune artiste fait du dessin d'enfant son objet de travail, elle le fait si bien !

Elle compte plus d'une trentaine d'albums à son actif. Le premier date de 2005. Le dernier est "de maman en maman" édité en 2023.

Ce livre jeunesse, je l'aime beaucoup enfin pour ce qu'il nous dit de la transmission entre les générations, de la filiation établie entre les femmes. Et quand on est mamie, ça nous parle un peu 😉

Ce livre, il a tendu les bras à mon petit fils. Souvenir d'une semaine de vacances en sa compagnie 🥰

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2024-10-21T20:16:17+02:00

Les fleurons d'Olivier BERNEX

Publié par Tlivres
Les fleurons d'Olivier BERNEX

De passage à Chambéry, j'ai fait un saut au Musée des Beaux Arts.

J'ai découvert avec plaisir les collections permanentes et me suis arrêtée sur celle organisée temporairement liant la peinture et la littérature.

Imaginez un homme, Olivier BERNEX, artiste contemporain, décidant de mettre en peinture "Les Rêveries du promeneur solitaire", dernier ouvrage de Jean-Jacques ROUSSEAU.

Si globalement les toiles sont aux couleurs ternes avec des représentations violentes de ce que peut engendrer l'approche de la mort, il en est une, "Les fleurons", que j'affectionne tout particulièrement. 

De forme carrée, sur fond blanc, l'artiste représente, à l'image d'un botaniste, la nature dans ce qu'elle a de plus coloré, un vrai bouquet de printemps. 

L'interprétation de l'oeuvre de l'écrivain classique est audacieuse. Elle permet de se remémorer les thèmes qui lui sont chers. Quelle plus belle idée pour cette #lundioeuvredart !

 

 

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2024-10-14T06:00:00+02:00

Une sirène lisant de Christophe ALLIER

Publié par Tlivres
Une sirène lisant de Christophe ALLIER

Parfois, la vie est faite de belles rencontres. Il aura suffit d'un samedi matin en promenade sur le Thoureil, flânant en bord de Loire sous un franc soleil, pour m'intéresser à un portail ouvert, un homme ratissant le gravier et quelques sculptures. 

Oui, ce sont bien des sculptures disposées ici ou là dans le jardin. 

A la question : "est-ce que votre exposition est ouverte ?", l'homme répond, "oui, entrez", quelle plus belle opportunité que de s'immerger dans l'univers artistique de Christophe ALLIER !

Je suis émerveillée par la beauté des oeuvres, certaines sculptées dans des pierres dures et semi-dures, à l'image de cette sirène lisant en pierre de Richemont. Bien sûr, je l'ai choisi en lien avec le thème du blog, c'est ma #lundioeuvredart.

Mais il y aussi tout un tas d'autres créations mariant notamment le bois (des ceps de vigne par exemple) à la pierre.

L'homme aime susciter les émotions, effet garanti !

Si vous aussi passez par-là, n'hésitez pas à vous arrêter faire un brin de causette avec Christophe ALLIER, il vous dévoilera la magie de ses créations.

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2024-10-09T20:39:09+02:00

Deux amis sur mes épaules de Lee SUYEON

Publié par Tlivres
Deux amis sur mes épaules de Lee SUYEON

Editions Seuil

Traduit du coréen par Lim YEONG-HEE avec la collaboration de Catherine BIROS

Cette lecture a été réalisée grâce à une Masse Critique de Babelio. Merci de ce joli cadeau.

Tout commence avec la tendre enfance de Toki, une petite fille que l'on va suivre jusqu'à l'âge adulte. Alors qu'elle nageait dans le bonheur, profitait de l'amour de sa maman et de la tendresse d'un oiseau de compagnie, un jour, tout vole en éclats. Ses parents divorcent. Sa maman quitte le foyer familial, son oiseau s'envole. Dès lors, plus rien ne sera pareil. Toki sera harcelée par un chat noir qui, au fil des années, deviendra une panthère noire. A l'âge adulte, elle rencontrera Loutrot qui lui portera une attention bienveillante, l'opportunité d'apprivoiser ses peurs.

Ce roman graphique est à mettre dans toutes les mains des adolescents et des jeunes adultes en manque de confiance en soi.

Lee SUYEON empreinte le monde animalier pour faire naître les émotions. Les incarnations sont parfaitement justes et, à travers le registre de l'imaginaire, permet d'en cerner toutes les dimensions.

Le fil d'Ariane de ce roman graphique repose sur une philosophie de vie positive, de quoi donner du baume au coeur à ceux qui souffrent de leurs traumatismes d'enfance. Le choix des couleurs avec une omniprésence du jaune et du vert servent l'intention et rendent l'album très agréable à regarder malgré la pression de la souffrance.

Les textes sont dactylographiés, ce qui rend accessible le propos pour un plus grand nombre de lecteurs. Disséminés avec parcimonie sur des pages couvertes de couleur, ils ponctuent les histoires de vie de Toki, illustrées dans un style naïf.

C'est un excellent roman graphique que je recommande sans modération.

Je remercie les éditions Seuil et Babelio pour cette très jolie découverte.

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2024-10-09T06:00:00+02:00

Emilia Perez de Jacques AUDIARD

Publié par Tlivres
Emilia Perez de Jacques AUDIARD

Pour un retour au ciné après des mois, c'est en fanfare que je le fais avec le tout dernier film de Jacques AUDIARD, "Emilia Perez", Prix du Jury et Prix d'interprétation féminine Cannes 2024, une pépite.

Synopsis :

Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d'avocate au service d'un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu'à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s'ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu'il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu'il a toujours rêvé d'être.

Mon avis :

Ce film est signé Jacques AUDIARD. Vous vous souvenez bien sûr de ses précédents : "Le prophète", "De rouille et d'os"... Celui-là est dans la même veine.

Le scénario est largement inspiré de l'actualité (la transition du genre avec tout ce que ça induit en termes de mutations pour le corps et la vie sociale, le couple, la paternité... sans compter les transactions financières). Le sujet de l'identité est au coeur du film et ingénieusement traité.

Le ton est absolument remarquable, tantôt noir quand on sait qu'il s'agit d'un narquotrafiquant recherché par toutes les polices et qu'une femme avocate s'y plonge à corps perdu, à la vie à la mort, tantôt doucereux avec des parenthèses chantées, parfois dansées, qui font rentrer le film dans la catégorie des comédies musicales.

Et puis il y a cette scène digne des plus grands westerns des temps modernes.

Il y a encore ce mouvement de femme, le combat d'Emilia PEREZ pour faire retrouver le corps des victimes des trafics de drogue et permettre aux épouses de faire leur deuil, l'occasion de dénoncer les violences faites aux femmes et d'imaginer une société meilleure.

Quant à l'interprétation, c'est du grand art. Du jamais vu, le jury du Festival de Cannes a choisi de récompenser les quatre actrices principales, Karla Sofía GASCÓN, Zoe SALDANA, Selena GOMEZ et Adriana PAZ. Mesdames, bravo !

Ce film de Jacques AUDIARD est un grand moment de cinéma. Il représentera d'ailleurs la France dans la catégorie des films étrangers pour la remise des Oscars prochains.

Peut-être avez-vous lu "Ecoute" de Boris RAZON... il s'agit de l'adaptation du roman publié chez Stock (il est encore dans ma pile à lire !).

À voir absolument.

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2024-10-08T20:08:43+02:00

Frapper l'épopée d'Alice ZENITER

Publié par Tlivres
Frapper l'épopée d'Alice ZENITER

Flammarion

Il y a parfois des envies irréprescibles de lire un livre. C'est exactement ce que j'ai ressenti après avoir écouté l'interview d'Alice ZENITER au micro de Mathilde SERRELL sur France Inter le 5 septembre.

À peine sortie du travail, je filais en librairie (l'occasion d'un petit clin d'oeil à Sonia chez Contact) acheter l'objet tant convoité : "Frapper l'épopée", roman publié chez Flammarion dans le cadre de cette rentrée littéraire de septembre.

Je le résume en quelques mots.

Tass vit à Paris avec Thomas depuis une dizaine d'années. Ils s'étaient rencontrés à l'Université, tous deux suivaient des études de journalisme. Leur relation amoureuse périclite. L'un attendant que l'autre quitte sa terre d'origine pour adopter la sienne mais avouons qu'entre la métropole et la Nouvelle Calédonie, le choix relève du déchirement. Tass décide de quitter Thomas pour retourner s'installer à Nouméa où elle va enseigner le français dans un lycée technologique. Là s'écrit une nouvelle page de la vie de Tass, imprégnée de tout ce que ses ancêtres ont pu lui léguer à travers les générations.

Ce roman, c'est d'abord celui écrit par une autrice de talent. D'Alice ZENITER j'avais lu "L'art de perdre", Prix Goncourt des Lycéens 2017, Prix Littéraire du Monde 2017, Prix Landerneau 2017... Je me faisais un plaisir de retrouver sa plume.

Et puis, il y a la grande Histoire. J'étais loin d'imaginer que cette terre fut un jour destinée, comme Cayenne en Guyane, à recevoir les bagnards pour qu'ils mettent en pratique une économie agricole auto-suffisante, voire rentable pour l'État français. Nous devons cette initiative à Louis-Napoléon Bonaparte. Nous sommes alors à la fin du XIXème siècle, la colonisation bat son plein. C'est comme ça que des citoyens d'Algérie vont s'y retrouver... à l'image d'Areski. Alice ZENITER concourt à la mémoire de ces hommes, et ces femmes (l'occasion d'un petit clin d'oeil à Louise MICHEL, anarchiste, emprisonnée sur cette terre), arrivés sur le Caillou, condamnés à y demeurer, pour certains, à perpétuité.


Devant la tombe, c'est elle qui se fait happer par 1944, elle qui se tient dans le temps de l'autre. C'est la même chose devant la carcasse de l'avion un peu plus loin. 1942, 1944, ce ne sont pas des années perdues dans le passé. Elles sont là, mêlées à la terre et aux plantes. P. 165

Il y a encore ce regard porté sur le présent.

Si Alice ZENITER écrit ce roman quelques années avant les émeutes du printemps 2024, il fait pourtant écho aux atermoiements d'une jeunesse portant le fardeau de ses origines.

À travers le regard du mouvement indépendantiste en faveur d'une "empathie violente" sont évoqués les chefs d'accusation des colonisateurs, la spoliation de leurs biens, la discrimination du peuple autochtone au profit du blanc, de l'occidental, du sachant, du violent... avec cette revanche à prendre !

Moins révolutionnaire mais tout autant déchirée, il y a aussi cette jeunesse qui quitte sa terre natale pour aller étudier en Métropole, un voyage de 20 000 km, un véritable déracinement. Ni la cuisine, ni la nature (les oiseaux, les plantes...), ni les parfums n'ont de commune mesure. Avec le personnage de Tass, Alice ZENITER révèle ce mal-être, cette incapacité à s'adapter, à se sentir parfaitement chez soi.


[...] chez elle, c'est le Pacifique, c'est le Sud. Elle n'a jamais eu l'impression d'être à sa place de l'autre côté. P. 13

Il y a enfin l'itinéraire de jumeaux, disparus mystérieusement. Ils incarnent peut-être encore une autre frange de cette jeunesse d'aujourd'hui, mais là, pas un mot. C'est là que l'écrivaine puise le ressort du roman et en fait un véritable page-turner.

Alice ZENITER a ce talent de semer des petits cailloux au fil de la narration, abordant une foule de sujets comme celui de la maternité. Là aussi, il y aurait tant à dire... de ces femmes kanaks qui résistèrent à leur manière à donner une descendance aux colons. Mesdames, que vous soyez honorées de vos actes.

Ce roman est fascinant, parfaitement orchestré, navigant en eau claires... et troubles (un brin onirique et fantastique...). C'est une pépite, c'est mon #Mardiconseil !

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