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2022-08-31T20:29:26+02:00

Lorsque le dernier arbre de Michael CHRISTIE

Publié par Tlivres
Lorsque le dernier arbre de Michael CHRISTIE

Cette nouvelle lecture, je l'ai puisée dans la PAL de ma grande fille. Après :

"Les cerfs-volants" de Romain GARY

"Mon ghetto intérieur" de Santiago H. AMIGORENA,

"Colette et les siennes" de Dominique BONA, 

"La cause des femmes" de Gisèle HALIMI,

"Les grandes oubliées" de Titiou LECOQ...

nouvelle pépite, le premier roman de Michael CHRISTIE : "Lorsque le dernier arbre" aux éditions Albin Michel.

Nous sommes en 2038. Jake est orpheline d’une mère musicienne de l’orchestre symphonique de Los Angeles tuée dans un accident de train. Elle est dendrologue, botaniste de formation, c’est une spécialiste des arbres. Depuis 9 ans, elle travaille comme guide de la Cathédrale de Greenwood, une île de la Colombie-Britannique sur laquelle subsiste la dernière forêt primaire que les gens riches viennent visiter comme de précieux vestiges. Partout ailleurs, les arbres ont disparu, c'est le Grand Dépérissement. Les sols s’assèchent. La surface de la planète est recouverte d’une couche de poussière asphyxiante. Lors d'une visite, elle repère deux pins brunis, deux arbres appelés "Doigt d'honneur de Dieu" dont les aiguilles décolorées lui donnent à penser qu'ils sont menacés. Si leur vie est en danger et que le public le découvre, toute la forêt sera abattue. C'est à ce moment-là qu'elle apprend qu'elle pourrait être l'héritière de Harris Greenwood, un grand propriétaire de bois au passé sombre. Dès lors, sa vie bascule !

La littérature s'empare de l'environnement en perdition comme sujet de prédilection. On ne va bientôt plus compter le nombre de romans écologiques mais celui-là, bien sûr, est unique.

Il l'est d'abord, parce qu'il évoque la vie des arbres, ces êtres vivants à l'ombre desquels on aime tant se reposer, quand on ose pas s'aventurer à y grimper. Il est question de leur SURvie Ce ne sont pas les fortes chaleurs estivales, les incendies de forêts records en France de 2022, qui viendront démentir l'auteur. Ce patrimoine millénaire est menacé. Le propos est militant bien sûr, il tend à nous faire prendre conscience de l'urgence à agir, tout de suite, maintenant !


Mais pourquoi attendons-nous de nos enfants qu’ils mettent un terme à la déforestation et à l’extinction des espèces, qu’ils sauvent la planète demain, quand c’est nous qui, aujourd’hui, en orchestrons la destruction ? P. 498

La projection en 2038 est tout simplement effroyable. Souhaitons que l'écrivain joue l'oiseau de mauvais augure mais ni vous, ni moi, ne croyons désormais que nous échapperons à cette fin certaine. Ce n'est plus qu'une affaire de temps.

Il l'est ensuite parce que Michael CHRISTIE, tout au long de ce roman, va se risquer à tisser le fil d'un parallèle entre les arbres et les êtres humains. L'écrivain commence par montrer qu'en surface, ils fonctionnent de la même manière...


L’écorce d’un arbre remplit les mêmes fonctions que la peau d’un être humain : elle empêche les intrus d’entrer et les nutriments de sortir […]. P. 23

Après l'extérieur, la partie visible, Michael CHRISTIE, va explorer l'intérieur.

Peut-être vous êtes vous déjà arrêté.e.s à observer les restes d'un tronc d'arbre, vous savez, la souche qui donne à voir les cernes du bois développés à partir du coeur, ces cercles concentriques dans un nuancier de marron étourdissant. Et bien l'auteur va s'attacher à démontrer qu'ils sont les marques du temps, un peu comme des strates qui se superposeraient tout au long de la vie, mais au lieu de se pratiquer à la verticale, c'est à l'horizontal que les événements laissent leur empreinte.


Le temps, Liam le sait, n’est pas une flèche. Ce n’est pas non plus une route. Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s’accumule, c’est tout - dans le corps, dans le monde -, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d’avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. P. 534-535

Et puisque Michael CHRISTIE examine les similitudes entre les arbres et les êtres humains, il va s'appuyer sur une fresque familiale s'échelonnant sur un peu plus d'un siècle pour démontrer que les individus d'aujourd'hui sont le fruit des générations précédentes dont les traces constituent leur patrimoine charnel. Le dessein est audacieux, le défi relevé avec brio.

Et quelle fresque familiale, une véritable saga, avec des personnages de fiction hauts en couleur et profondément attachants. Vous allez vivre au rythme des événements de la vie, certains heureux - des naissances, des histoires d'amour, des mariages -, d'autres moins - des accidents, des disparitions, des abandons, des décès. Michael CHRISTIE est un jeune romancier canadien, il a dans sa plume cette capacité des auteurs du nord américain à vous embarquer dans de formidables épopées. Chapeau !

Ce qui m'a marquée plus que tout, c'est la dynamique de RESISTANCE qui anime chacun.e d'entre eux. Qu'il s'agisse de se confronter à la maladie, au handicap, aux addictions, à un frère, à la société tout entière, aux magnats du pouvoir, qu'il s'agisse d'une action individuelle ou communautaire, qu'il s'agisse encore de lutter contre une certaine forme d'autorité, peu importe, ils tracent leur voie, exploitent leur marge de liberté pour avancer, y compris au péril de leur vie. Les péripéties rythment le roman qui devient rapidement un pageturner, vous n'aurez bientôt plus envie de le lâcher.

Enfin, ce roman ne serait rien sans sa narration. La structuration ne suit aucune chronologie, les voix résonnent entre elles, et pourtant, jamais, non jamais vous ne perdrez le fil. Du grand art !

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2022-08-27T06:00:00+02:00

Felis Silvestris de Anouk LEJCZYK

Publié par Tlivres
Felis Silvestris de Anouk LEJCZYK

Éditions du Panseur

Le bal des 68 Premières fois  se poursuit avec un premier roman, "Felis Silvestris" de Anouk LEJCZYK.

Ce roman, c’est une plongée au cœur de la nature, une immersion en pleine forêt.

Depuis toujours, elle a entretenu une certaine distance avec les autres. Ça ne l’a pas empêchée de réussir à l’école, de trouver un travail mais pour avancer, elle s’est fait accompagner d’un psy. Et puis un jour, tout ça a explosé. Elle a tout quitté, rencontré une personne, s’est laissée porter, vers un territoire nouveau, là où la liberté se décline dans toutes ses formes, là où la vie a un sens, RÉSISTER.

Dans un roman choral, Anouk LEJCZYK, primo-romancière, déroule le fil de la vie d’une famille, Papa, Maman et les deux filles. Enfin, ça, c’était avant, parce que depuis que l’aînée a fui la maison, toutes les fondations de l’édifice se sont écroulées.
L’écrivaine brosse les portraits d’une mère angoissée, d’un père obsédé par la maladie de Lyme, et de deux sœurs à travers leurs confessions. La sœur cadette tente, tant bien que mal, de sauver le navire qui tangue.

J’ai profondément aimé les passages décrivant la nature, c’est vivant, c’est beau, c’est d’une effroyable fragilité.


Petit à petit, des oiseaux se mettent à chanter, timidement d’abord, puis de plus en plus nombreux, de plus en plus fort. Ils se répondent d’un bout à l’autre du bois, chacun y allant de son tempo, de sa mélodie - assemblée générale avant le lever du jour, cartographie musicale du territoire à défendre. P. 166

Ce roman, c’est un plaidoyer en faveur de la protection de l’environnement.


Oui, aurais-tu ajouté, les humains font ça : ils volent toutes les ressources d’une terre et la laissent éventrée, les tripes minérales à l’air, dessinant son propre cimetière. P. 11

A l’heure où les fortes chaleurs sévissent sur la France, il n’a jamais été aussi précieux que de varier les formes d’expression d’un même discours.

"Felis Silvestris", ou le pseudo de la sœur aînée dans sa forêt, tient un propos militant à bien des égards. Il y a bien sûr l’alerte donnée aux humains et la nécessité de protéger ce qui peut encore l’être, mais c’est aussi la possibilité de vivre autrement, de faire société dans une communauté. Elle trace la voie d’un monde… alternatif.


Certaines et certains restent un jour, deux semaines, une saison, puis s’en vont, souvent sans rien dire, ça fait partie du jeu. P. 80

C’est un très beau premier roman, une cure de jouvence portée par une narration au genre nouveau, dans laquelle les voix résonnent entre elles, une belle métaphore de ce que nous donne à voir Dame Nature. 

Et si on se quittait en musique... avec "Pierpoljak" par PIERPOLJAK !

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/08/pierpoljak-par-pierpoljak.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/08/pierpoljak-par-pierpoljak.html

Retrouvez les autres références de la #selection2022 :

"Laissez-moi vous rejoindre" d'Amina DAMERDJI

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD.

J'en ai abandonné trois : "Décomposée" de Clémentine BEAUVAIS, "Revenir fils" de Christophe Perruchas et "Aulus" de Zoé COSSON, mais les 68 Premières fois en parlent très bien.

Il me reste à lire : "Le voyant d'Etampes" d'Abel QUENTIN

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2022-08-23T06:00:00+02:00

La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON de David DIOP

Publié par Tlivres
La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON de David DIOP

Vous connaissiez peut-être la plume de David DIOP, notamment pour son roman "Frère d'âme", Prix Goncourt des Lycéens 2018, moi pas. "La porte du voyage sans retour", c'est une nouvelle référence du Book club ! Impossible de passer à côté aujourd'hui, c'est la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition.

Michel Adanson est un naturaliste français. Six mois avant de mourir, il écrit une longue lettre à sa fille pour lui raconter sa vie. Nous sommes en 1806. Il se souvient de sa mission au Sénégal pour répertorier les espèces. Il se souvient aussi de Maram, une jeune femme, noire. Surnommée la revenante, il se devait de découvrir son secret, une esclave noire n’est jamais revenue au pays !

David DIOP relate les quelques années passées par Michel ADANSON au Sénégal, un homme un peu plus ouvert que les colons en mal d’esclavage.
 
L’auteur nous livre un roman haletant. La vie de Michel ADANSON est à de nombreuses reprises mise en danger. C’est un roman d’aventure, une véritable épopée.
 
J’ai personnellement aimé le regard moderne de cet homme. Son altruisme et son approche de l'interculturalité faisaient de lui un homme hors du commun.
 
Michel ADANSON prêtait une attention toute particulière à celles et ceux qui étaient différents de lui. Il savait prendre du recul, analyser ce qui fait de nous l’humanité. 
 
L’auteur nous livre un roman salutaire dans une plume inspirante. Revenir sur Michel ADANSON, c’est assurer à ses travaux la postérité. C’est aussi inscrire la mémoire  du peuple noir du Sénégal dans le grand livre de notre Histoire.

Vous aimerez peut-être les autres références du Book club...

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND

"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE

"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2022-08-22T20:27:52+02:00

Des ailes pour voler de Jurga

Publié par Tlivres
Des ailes pour voler de Jurga

Ma #lundioeuvredart je l’ai trouvée à Saint-Valéry sur Somme, une cité médiévale de la Côte d’Opale, en façade de l’Entrepôt des sels qui accueille notamment l’office de tourisme : « Des ailes pour voler » de Jurga.

 

Cette sculpture montée sur socle est en bronze, de couleur verdâtre. 

 

Elle fait un peu plus de 1 mètre de hauteur.

 

Elle représente une jeune fille les cheveux et la robe au vent, les bras tendus vers le ciel avec, dans ses mains, un oiseau, une mouette.

 

Elle est imprégnée d’un élan de liberté.

 

Au hasard d’une flânerie dans Saint-Valéry sur Somme et d’une visite dans une galerie d’art, la Galerie Maznel, j’y découvre la formule réduite.

 

J’apprends alors que l’artiste, une jeune femme originaire de Lituanie, y est régulièrement accueillie depuis une dizaine d’années pour exposer ses créations. 

 

Coderch et Malavia font partie de ses références, l’occasion d’un petit clin d’œil à la Galerie In Arte Veritas d’Angers. Nul doute qu’elle serait fascinée par les œuvres dont elle regorge.

 

Jurga a choisi de vivre loin de ses admirateurs pour privilégier une mobilisation accrue dans les différentes phases de ses créations. Elle a sacrément raison, le résultat est particulièrement réussi !

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2022-08-21T06:00:00+02:00

Pierpoljak par PIERPOLJAK

Publié par Tlivres
Pierpoljak par PIERPOLJAK

Le bal des 68 Premières fois se poursuit avec "Pierpoljak" par PIERPOLJAK. 

Ma #chansondudimanche, c'est un premier roman dont je vous parlerai samedi prochain qui m'y a fait penser.

Il faut dire que les paroles, qui datent de 2015, n'ont pas pris une ride.

Qui aujourd'hui n'a pas envie de "vivre dans la nature loin de la pollution" ?

Cette chanson, ce fut un énorme succès du chanteur français, dit le rasta blanc.

Vous ne résisterez pas, j'en suis persuadée, à ses quelques notes de reggae, comme une invitation à se laisser aller, dodeliner, se balancer... lâcher prise avec notre triste réalité.

Alors, dansons maintenant !

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2022-08-20T14:30:56+02:00

Place Médard de Roland BOUDAREL

Publié par Tlivres
Place Médard de Roland BOUDAREL

Je remercie tout d'abord la Maison d'éditions Librinova pour la proposition de lecture de cette pépite, Place Médard de Roland BOUDAREL.

Gwenn est née le 11 novembre 1862 à Quimper. Elle sera élevée par Constance et l’Amiral dans une maison où est installée une grande bibliothèque, de quoi lui donner le goût de la littérature. Pour parfaire son éducation, elle est envoyée comme servante dans une famille bourgeoise. Quand elle revient, les garçons et les filles de son âge sont déjà mariés. Seul reste Pierrick, un garçon boitillant. Les deux familles s’accordent, Gwenn devient l’épouse du paysan et partage son foyer avec ses beaux-parents, d’ignobles gens. Gwenn vend le lait des vaches place Médard, elle n’en fait jamais assez, jusqu’au jour où Gwenn échange quelques mots avec un peintre, Gibus. De mauvaises langues le répéteront à Pierrick qui, fou de rage et rongé par la jalousie, va marquer sa femme au fer rouge, une empreinte laissée à vie sur son sein. Dès lors, sa vie va basculer et marquer de nombreuses générations d’une malédiction.
 
Ce livre est magnifique, une épopée éminemment romanesque dans lequel la grande Histoire va faire sa place. Vous allez visiter différentes régions de France à travers quelques décennies, et vivre de grz’des émotions.
 
Comme j’ai aimé suivre la lignée de ces femmes, de génération en génération, des femmes hautes en couleur, des femmes qui, confrontées à des hommes absents, vont assumer seules l’avenir de leur progéniture, des mères honorables. L’auteur tisse le fil d’une succession de femmes aussi singulières qu'elles sont uniques, ayant en commun cette même volonté d’avancer.
 
Loin de Roland BOUDAREL l'idée d'écrire un conte de fées. Comme une malédiction, les filles mères vont marquer de leur sceau leur descendance et transmettre le mal bien malgré elles.


Certains psychologues et scientifiques commencent à démontrer que nous ne sommes pas uniquement les héritiers génétiques de notre famille. Ils pensent que nous devenons tout autant les légataires des souffrances de ceux qui nous ont précédés. P. 205

Ce roman pourrait être qualifié de genre. Les descriptions des scènes de vie, des villes et des villages, sont éblouissantes. L’écrivain s’attache à décrire de façon presque cinématographique la vie quotidienne des personnages.


L’Italie était la confluence d’un art de vivre et d’une atmosphère. Ses ruelles étroites et sinueuses partageant l’ombre et la lumière, ses légumes et ses fruits en mosaïques de marchés, ses terrasses de places comme des ruches bourdonnantes, des focaccias moelleuses gorgées d’huile d’olive craquant sous le sel, ses expressos corsés et ses cappuccinos lactés, ses linges encordés paradant aux fenêtres, des fontaines irremplaçables qui peuvent tout à la fois chanter et rafraîchir, l’éclat de son soleil obligé, sa langue aux intonations familières qui ricochait de murs en façades, ses sublimes Italiennes embrasant d’un sourire, désarmant d’un regard. P. 160

Dans un roman choral, Roland BOUDAREL donne la voix à des femmes, celles qui vont assurer la lignée familiale, et quelques hommes aussi. Tous sont profondément attachants.
 
La palme revient de mon point de vue à Orane et sa formidable amitié avec Hans. J’ai été profondément touchée par son itinéraire.
 
Bien sûr, il est question de maternité, du corps des femmes, de leurs seins… et de leur histoire, leur symbolique, leur pouvoir nourricier, les fantasmes qu’ils procurent, les risques qu’ils encourent aussi.
 
Le suspens de ce roman est chaque fois alimenté par une quête, à travers les ans et les territoires.
 
Roland BOUDAREL égrène les histoires familiales comme on enfile des perles délicates pour en faire un collier.  À chacune sa densité, et ses fragilités !
 
Outre les qualités remarquables de la plume, ce qui m’a beaucoup plus dans ce roman, c’est sa construction. Les révélations des secrets bien gardés s’imbriquent les unes dans les autres comme les pièces d’un puzzle parfait, chapeau !

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2022-08-19T06:00:00+02:00

Le soldat désaccordé de Gilles MARCHAND

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Le dernier roman de Gilles MARCHAND, "Le soldat désaccordé", sur un monument d'Angers, la copie d'une borne de la Voie sacrée reliant Bar-Le-Duc à Verdun

Le dernier roman de Gilles MARCHAND, "Le soldat désaccordé", sur un monument d'Angers, la copie d'une borne de la Voie sacrée reliant Bar-Le-Duc à Verdun

Ma #VendrediLecture sort aujourd'hui en librairie, le dernier roman de Gilles MARCHAND aux éditions Aux Forges de Vulcain : "Le soldat désaccordé".

Vous vous souvenez des romans,
et le recueil de nouvelles
 
Si j’étais passée à côté de « Requiem pour une Appache », me voilà réconciliée avec l’auteur qui nous montre une nouvelle fois son immense talent.
 
Nous sommes dans les années 1920. Le narrateur a été blessé à la guerre, il y a laissé une main, lui occasionnant un retour prématuré à la maison. Lui, il voulait continuer d’être utile, pour la France. Conducteur de tramway, il n’a pas pu retrouver son travail mais pour assurer la logistique, peu importait qu’une main lui manque. Et puis, il y a eu ces enquêtes, celles qui permettraient à des familles d’honorer des êtres chers, de faire leur deuil, parfois, aussi. Des disparus de la première guerre mondiale, il y en a eu 250 000. Émile Joplain en faisait partie. Lui n’avait plus donné de nouvelles depuis 1916. Sa mère est persuadée qu’il est vivant, c’est elle qui lui confie la charge de le retrouver. Dès lors, c’est un nouvel itinéraire qui s’offre à lui.
 
Avec ce roman, Gilles MARCHAND renoue avec la grande Histoire, là, celle des poilus, celle des hommes des tranchées.
 
Ses recherches mettent en lumière des archives, les traces de courriers, d’articles de presse, d’histoires familiales marquées par les obligations du conflit, le départ, pour certains, sans retour. Ce roman, c’est un magnifique cadeau fait aux familles, à celles qui ont perdu un père, un frère, un mari, une façon de leur rendre hommage et de saluer leur bravoure.
 
Comme j’ai aimé accompagner le narrateur dans sa quête, les rencontres réalisées au gré de menus indices, les témoignages.


La guerre, quand tu y as goûté, elle est dans ton corps, sous ta peau. Tu peux vomir, tu peux te gratter tout ce que tu veux, jusqu’au sang, elle ne partira jamais. Elle est en toi. P. 13

Dans un roman court, Gilles MARCHAND évoque le sort d’anonymes, des Amérindiens ayant prêté leur concours à la France, que les code talkers soient honorés ici comme il se doit.
 
Il fait la place belle aussi aux femmes, celles qui ont tenu la ferme, travaillé à l’usine pour remplacer les hommes partis à la guerre quand elles ne la faisaient pas elles-mêmes, à l’image de Marie MARVINGT, aviatrice, et de toutes ces aides-soignantes et infirmières. 
 
Et puis, Gilles MARCHAND ne serait pas lui-même sans un brin de magie. Comme j’ai aimé la fille de la lune, une apparition lumineuse là où tout est chaos. Et ses jeux avec la langue française…


En 1925, la France fêtait sa victoire depuis sept ans. Ça swinguait, ça jazzait, ça cinématographiait, ça électromenageait, ça mistinguait. L’Art déco flamboyait, Paris s’amusait et d’insouciait. Coco Chanélait, André Bretonnait, Maurice Chevalait. P. 53

Il y a encore l’amour, une histoire impossible, c’est ce qui le rend plus précieux encore.
 
La plume est belle, tendre et délicate, de celles qui vous font aimer les hommes !

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2022-08-18T06:00:00+02:00

Celle qui fut moi de Frédérique DEGHELT

Publié par Tlivres
Celle qui fut moi de Frédérique DEGHELT

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur le dernier roman de Frédérique DEGHELT aux Editions de L'Observatoire, cette fois, "Celle qui fut moi".

Elle nous met sur la voie de ce que traverse Sophia L subit de sa mère, malade d’Alzheimer depuis deux années, son agressivité grandissante, un symptôme bien connu de la pathologie. Perdue dans ses pensées, elle confie à sa propre fille qu’elle appelle « Mademoiselle », ses tourments. Elle se souvient de sa fille évoquant dans sa plus tendre enfance son autre maman, "une belle et grande femme aux yeux verts", vivant dans un pays exotique. Ses dessins étaient inspirés de décors insulaires un brin tropicaux, tout en couleurs. Si les propos de l’enfant avaient à l’époque le don de la mettre en colère, remettant chaque jour en question sa filiation maternelle, il semble que cette histoire lui devienne aujourd’hui insupportable. Il faut dire que cette femme avait choisi d’abandonner sa famille bourgeoise et une carrière promise aux plus riches pour vivre une histoire d’amour avec un modeste fils d’immigré italien, une histoire aussi improbable que rocambolesque. La maternité lui avait longtemps résisté au point d’imaginer recourir à l’adoption. Et puis, il y avait eu deux naissances, à un an d’intervalle, une fille d’abord, l’ingrate, un garçon ensuite, le préféré des deux, vivant désormais en Australie et se contentant de subvenir financièrement aux besoins de sa mère. Alors que Sophia L prend de plus en plus en charge sa mère, elle ressent un besoin irrépressible d’en découdre avec son passé, l’histoire de sa vie, à moins que ça ne soit de celle d’avant…

Le roman prend la dimension d’un thriller psychologique au fil des évocations aux lisières de la magie et du spiritisme. Confrontée à la réalité de certaines images longtemps apparues sans explication dans son esprit, Sophia L éprouve la sensation oppressante de toucher du doigt sa vie d’avant. Et  Frédérique DEGHELT de poser incessamment la question : « Qu’est-ce qu’un être humain ? ». De tout temps, l’Homme s’est interrogé sur une vie après la mort. Dans ce roman, il est question d’incarnation et de réincarnation.
 
Je suis sortie de ma lecture une nouvelle fois subjuguée par la beauté de la prose de l’autrice et envoûtée par le sens des mots. Combien de fois me suis-je interrogée moi-même sur l’existence du destin ? Ce roman a fait résonner ma profonde sensibilité.

De cette écrivaine, vous aimerez peut-être aussi :

La grand-mère  de Jade "

 

La vie d'une autre "

La nonne et le brigand "

Les brumes de l'apparence "

"L'oeil du prince"

"Agatha"

"Sankhara"...

Les éditions de L'Observatoire, je les aime tout particulièrement, elles m'ont fait vivre tellement de coups de coeur...

"Au café de la ville perdue" de Anaïs LLOBET

"Les nuits bleues" de Anne-Fleur BURTON

"Il est juste que les forts soient frappés" et "Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Simone" de Léa CHAUVEL-LEVY

"Les danseurs de l'aube" de Marie CHARREL

"Le poids de la neige" de Christian GUAY-POLIQUIN

"Juste une orangeade" de Caroline PASCAL

"Les déraisons" d'Odile D'OULTREMONT

"L'âge de la lumière" de Whitney SHARER

"Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien SPITZER

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2022-08-17T12:40:52+02:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Joséphine BAKER chantait "J'ai deux amours". Dans la #selection2022 des 68 Premières fois, j'ai deux coups de coeur, ""Les enfants véritables" de Thibault BERARD et "Ubasute" de Isabel GUTIERREZ.

Et puisque je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition estivale #jamaissansmon68, je vous propose de découvrir les premières lignes de ce roman publié aux éditions La fosse aux ours...

Ces premières lignes donnent à voir le ton du roman, la délicatesse de la plume de la primo-écrivaine, le raffinement d'une cérémonie à venir.

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

S’il est question de faire de la mort son alliée, ce roman n’en est pas moins profondément lumineux. Le portrait de femme de Marie est fascinant. En attendant le grand jour, Marie revisite sa vie et, dans une narration qui alterne la première et la troisième personnes du singulier, elle nous livre ses confidences. Outre cette décision, tellement courageuse, du choix du moment et des modalités de sa fin de vie, elle est en quête d’une paix intérieure, une libération, une certaine forme de pardon.

Ce roman, c’est une ode à la vie.

La prose est tendre, les mots sont beaux.

"Ubasute", c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir.

Ce roman, qui fête aujourd'hui sa première année de sortie en librairie, je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

Petit récap de la #selection2022 :

"Laissez moi vous rejoindre" de Amida DAMERDJI

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Les maisons vides" de Laurine THIZY, découvrez les premières lignes

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD, un coup de , découvrez les premières lignes

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ, découvrez les premières lignes

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #ubasute #isabelgutierrez

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2022-08-16T17:30:00+02:00

Socrate médecin pour temps de crises et catastrophes de Jean-Louis CIANNI

Publié par Tlivres
Socrate médecin pour temps de crises et catastrophes de Jean-Louis CIANNI

Éditions Le Relié

A celles et ceux qui continuent de dire que c'était mieux avant, je leur propose la lecture de cet essai, "Socrate médecin pour temps de crises et catastrophes" de Jean-Louis CIANNI que j'ai eu la chance de découvrir grâce à la Masse Critique de Babelio (un grand merci aux organisateurs et à la maison d'éditions !). C'est mon #Mardiconseil.

Ainsi, cinq siècles avant Jésus-Christ, Athènes était en crise :
⦁   la guerre du Péloponnèse 
⦁    l'épidémie de peste
⦁    le pouvoir oligarchique des Trente Tyrans
et s'exposait à sa pure perte.

Socrate, fils d’une sage-femme, condamné à la peine capitale par un tribunal populaire 
pour impiété et corruption de la jeunesse, portait un regard critique sur la société qui l'entourait et s'évertuait à formuler des propositions, qui, n'ont, de fait pas pris une ride.

Les guerres continuent de sévir à travers le monde, il suffit d'ouvrir un journal ou d'écouter les médias pour s'en rendre compte. 

L'épidémie de Covid a généré un confinement, une mise sous cloche des êtres humains, privés de nombreuses libertés. Elle continue de rendre malade des populations à l'échelle internationale.

Quant à la perte de l'humanité, les premiers effets du réchauffement climatique se font cruellement sentir. Et même si l'essai est sorti des presses en mai 2022, la sécheresse estivale, la pénurie d'eau et le développement de terribles incendies en France, ne viendront pas démentir le propos du philosophe et journaliste.

Notre santé mentale et physique est en jeu.

Peut-être pourrions-nous regarder dans le rétroviseur et s'inspirer de ce que disait Socrate à ses jurés. Il les invitait à prendre soin d'eux, avouons que la proposition est séduisante, non ?

En premier lieu, ce que privilégie Socrate c'est notre regard critique, notre capacité à nous questionner. Il nous invite à cultiver notre "sidération". Plus notre étonnement sera grand, plus nous stimulerons notre esprit.


Il se compare à un taon qui pique et stimule un attelage. P. 73

Et puis, Socrate rappelle que l'être humain ne peut vivre seul et s'auto-satisfaire, il doit donc se penser au coeur d'une société, d'un environnement avec lequel il interréagit. C'est donc dans la cité que l'Homme peut assurer sa survie. C'est notamment là qu'il pourra confronter sa propre liberté à celle des autres, ce qui lui donne un sens, tout simplement.


La liberté individuelle veut s’imposer, elle a besoin de s’opposer à d’autres libertés pour exister et s’affirmer. P. 255

Si certains pensent que l'être humain est un individualiste, Socrate montre ô combien il est aussi capable d'être solidaire. Il semble bien que cette valeur ait perduré malgré les siècles. En marge de la lecture de l'essai, je lis dans la presse que les agriculteurs de Baugé ont prêté main forte aux pompiers pour arrêter le feu de la forêt et les habitants du village proposé d'héberger les sinistrés. Voilà qui peut donner un peu de baume au coeur pour l'avenir.


Chaque catastrophe suscite un sentiment de compassion générale qui est la marque de l’humain. P. 250

Enfin et surtout, Socrate nous invite à plus de sagesse :


L’homme juste sera celui qui pourra en toute situation tempérer ses désirs et ses ardeurs et viser à une sagesse à hauteur d’homme. P. 282

J'aime beaucoup l'image qu'avaient Socrate/Platon d'un attelage de deux chevaux, l'un noir correspondant au désir, l'autre blanc pour l'énergie, l'ensemble tenu de main de maître par un cocher. 

La philosophie faisait partie de mes matières préférées en classe de terminale, je n'avais malheureusement pas replongé depuis. Honte sur moi ! Cette expérience orchestrée par Jean-Louis CIANNI est un petit bonheur, une invitation à prendre de la distance par rapport au brouhaha ambiant et à me construire mon avis sur des questions philosophiques qui sont aussi, il faut bien le dire, des questions de vie quotidienne, facteur d'un bien-être à portée de main, pourquoi s'en priver ?

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2022-08-13T06:00:00+02:00

Laissez-moi vous rejoindre de Amina DAMERDJI

Publié par Tlivres
Laissez-moi vous rejoindre de Amina DAMERDJI
 
Le bal des 68 Premières fois  se poursuit avec un premier roman fascinant, « Laissez-moi vous rejoindre » de Amina DAMERDJI.
 
Une femme, Haydée SANTAMARÍA, à peine la soixantaine, se souvient de son enfance à Encrucijada à Cuba. Nous sommes en 1951, dans les pas de son frère, Abel, 6 ans plus jeune qu’elle, elle adhère au Parti orthodoxe, fondé par Eduardo CHIBÁS à La Havane en 1947. Prío SOCARRÁS est alors Président de la République. Haydée SANTAMARÍA ne sait pas encore que l’élan de la révolution cubaine la fera descendre dans la rue, l’impliquera jours et nuits en faveur du soulèvement, jusqu’au 26 juillet 1953…
 
Haydée SANTAMARÍA a l’arme à feu dans la bouche, elle s’apprête à tirer. 
 
Dans une narration à la première personne, comme une longue confession qui va vous prendre aux tripes, et par la voie du roman, une pure fiction, Amina DAMERDJI rend hommage à une révolutionnaire cubaine, une guerillera.
 
De ce mouvement, on se souvient bien sûr de Fidel CASTRO et de Che GUEVARA, les portraits emblématiques de cette révolte. L’autrice vient rendre justice à une femme militante, une prisonnière politique. En réalité, par la voie de cette biographie, Amina DAMERDJI rend hommage à toutes les femmes qui y étaient investies. A défaut, ne finiraient-elles pas, elles aussi, comme "Les grandes oubliées" ?
 
J’ai aimé découvrir les premières heures de son engagement pour son pays :


Mais c’est aussi parce que c’était la première fois que je manifestais dans un cortège. Peu à peu, la force de ces voix vibrant à l’unisson a fait battre mon cœur d’une manière spéciale, plus lentement mais plus puissamment aussi. P.

Son appartement deviendra progressivement le QG de la mobilisation révolutionnaire, elle vouera sa vie au combat jusqu’à l’assaut de la caserne de Moncada à Santiago de Cuba.
 
Quelle aurait été sa vie sans la présence d’Abel et ses actes politiques ? Le roman montre l’amour fraternel que vouait Haydée SANTAMARÍA pour son frère, Abel, mort sous les balles du régime...


Je pensais surtout à travers deux grands yeux brillants derrière leurs lunettes sales, ceux de mon frère. P. 89

Elle vouait à son frère un amour inconditionnel. Etait-elle une révolutionnaire dans l'âme qui n'attendait que son frère pour se révéler ? Son frère lui a-t-il permis de trouver une cause à défendre ? Dans tous les cas, Haydée SANTAMARÍA lui aura été fidèle toute sa vie. Rien, ni personne, ne viendra éroder ce lien, pas même Boris Luis SANTACOLOMA, lui aussi militant, l'amoureux de Haydée SANTAMARÍA.
 
Dans ce portrait brossé par l’écrivaine d'une femme publique, j'ai aimé découvrir aussi sa condition de femme des années 1950. 
 
Ce roman résonne comme une détonation, celle de l’arme de Haydée SANTAMARÍA contre elle-même, fatiguée d’avoir chaque année à tenir le même discours, tenir debout alors que les autres, eux, sont tombés fièrement sous les balles des militaires.
 
La plume de Amina DAMERDJI est fascinante et son premier roman une révélation. Merci aux fées des 68 d'avoir fait une place à ce roman historique dans cette #selection2022.
 
Avant de nous quitter, vous prendrez bien quelques notes de musique, du jazz revisité par le grand Franck SINATRA, c'est une référence de l'écrivaine elle-même.

Retrouvez les autres références de la #selection2022 :

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-08-12T06:00:00+02:00

Ultramarins de Mariette NAVARRO

Publié par Tlivres
Ultramarins de Mariette NAVARRO
 
"Ultramarins", c’est le premier roman de Mariette NAVARRO. Je l'ai découvert grâce au Book club, une nouvelle référence, un coup de coeur, l'occasion d'inviter une nouvelle fois en quelques jours mon ami Botero Pop
 
Elle est Commandante de navire depuis 3 ans. D’elle, on ne sait presque rien, sauf que son père, avant elle, faisait ce même métier. Ce que l’on sait toutefois, c’est qu’elle est respectée pour la qualité de son travail. Elle s’est fait un nom dans le métier. Les marins veulent désormais faire partie de son équipage. Sur son cargo, tout est réglé comme du papier à musique jusqu’au jour où elle répond par l’affirmative à une question tellement improbable, se baigner en pleine mer. A partir de ce moment-là, plus rien ne se passera comme il se doit lors de la traversée de l’Atlantique.
 
Ce roman est une pépite.
 
D'abord, il m'a touchée par l’éloge du travail au féminin. A celles et ceux qui douteraient encore de la capacité des femmes à assurer des métiers, par le passé, dits d'hommes, je ne peux que leur conseiller cette lecture, c'est un hymne au professionnalisme des femmes.


Depuis qu’elle est celle qui donne les ordres et décide de la carrière des autres, on ne dit plus rien, le féminin a fait son chemin dans les esprits, est entré dans les histoires comme le surnom d’autres marins célèbres. P. 15

Et puis, il y a quelque chose d’exceptionnel dans ce roman, c’est le rapport au corps. Je me suis laissée surprendre par cette dimension alors que je m’imaginais m'immerger au cœur d’un univers technique,  mécanique, un brin militaire, froid et insensible. C'est tout autre chose que nous propose Mariette NAVARRO, notamment avec l’évocation du corps de la femme, la commandante, en fusion totale avec celui de la machine, le cœur de l’animal, grandiose.


Le cargo, quand elle ferme les yeux, c’est son corps à elle, stable et droit. À en oublier les vagues. P. 16

Mais il y a aussi et surtout ce moment d’ivresse des hommes, nus, la cure de jouvence que procure ce bain en plein océan. Il y a l'entrée des corps dans l'élément naturel, le choc des températures, et très vite, l'effervescence des sens. Mariette NAVARRO décrit formidablement bien le lâcher prise pour laisser place à une certaine forme de (re)naissance.


Ils naissent adultes et de leur plein gré, les pieds en avant, les bras le long du corps, et dans la gorge un chant retenu, un cri débutant. P. 23

Cette baignade clandestine, radars coupés, agit comme un instant de rupture dans le roman. Alors que le décor était planté, que tout semblait parfaitement maîtrisé, il y a cette demande, tellement incongrue, et la commandante qui répond "D'accord".
 
Dès lors, les hommes aguerris s'exposent à la perte totale de leurs repères, s'aventurant aux confins de leur zone de confort, là où la prise de risques est la plus grande. Jamais, non jamais, ils n’ont plongé dans les profondeurs de l’océan. Passée la période d'euphorie, ils prennent conscience de leur vulnérabilité. Comme j'ai vibré avec eux, imaginant que le navire puisse les laisser choir, là. Ils nagent en eaux troubles, dans la plus grande détresse.
 
Et puis, Mariette NAVARRO explore le besoin irrépressible qu’ont certains êtres humains de devoir quitter la terre ferme pour naviguer, aller jouer avec l’horizon, passer de l’autre côté… N'est-ce pas une question que vous vous posez ? Pourquoi ?
 
Mais ce roman ne serait rien sans le mystère de la présence d’un vingt-et-unième homme à bord du canot de sauvetage. Qui est-il ? D’où vient-il ? L'écrivaine va exercer une tension sur les esprits qu'elle va entretenir jusque dans les dernières pages. "Ultramarins" devient un thriller psychologique. Dès lors, les êtres sont capables de tout !
 
Enfin, la plume est un pur délice, une écriture tout en poésie :


Elle sait qu’on n’est pas toujours les bienvenus sur le dos des océans, qu’on ne peut pas impunément s’agripper à leur crinière. P. 39

La chute est profondément émouvante. Ce roman est original, un inclassable. Les membres du jury de l'Académie Hors Concours ne s'y sont pas trompés, les lecteurs et les lectrices l'ont élu roman de l'année 2021.
 
Pour moi, c'est un coup de coeur !
 
Voilà une nouvelle référence très surprenante du Book Club, une excellente surprise. Vous aimerez peut-être aussi :
 
"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND

"La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON" de David DIOP

"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE

"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2022-08-11T06:00:00+02:00