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2024-12-17T07:00:00+01:00

Les yeux de Mona de Thomas SCHLESSER

Publié par Tlivres
Les yeux de Mona de Thomas SCHLESSER

Albin Michel

 

Coup de ❤️ pour ce roman de Thomas SCHLESSER, historien de l'art, la découverte d'une nouvelle plume qui n'en est pas à son coup d'essai. Merveilleuse nouvelle, je vais pouvoir me délecter d'autres ouvrages, des romans comme "Les yeux de Mona", des essais aussi.

 

Cette publication, c'est aussi l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'illustratrice, Cristina SAMPAIO.

 

Mais revenons à ce qui m'a séduit.

 

Une enfant, Mona, de l'âge de 10 ans, est victime d'une cécité, aussi brève qu'intense. Sa mère, Camille, la quarantaine, l'emmène consulter un ophtalmologue chez qui des visites régulières seront programmées. Le père, Paul, accueille Mona dans sa brocante, un véritable coffre à trésors que la petite fille s'évertue à découvrir. Lorsque des séances chez un pédopsychiatre sont envisagées, le grand-père maternel de Mona se propose de prendre en charge l'enfant, sous réserve que les parents ne l'interrogent jamais sur les séances en question. Alors commence une vie clandestine, le grand-père substitue à la visite du thérapeute l'exploration, chaque mercredi après-midi, d'une oeuvre d'art. Il en a prévu 52 pour couvrir une année entière, de quoi s'offrir quelques séances de médiation culturelle hors du commun. 

 

Dans ce roman, il y a tout ce que j'aime.

 

D'abord, l'art. Au fil de 52 créations, je me suis délectée des enseignements du grand-père de Mona pour revisiter certains mouvements et explorer des oeuvres que je ne connaissais pas encore, ou si peu. Quelle plus séduisante initiative que de proposer à sa petite-fille d'apprécier la beauté !

 

Sur la forme, vous aurez bien sûr reconnu le regard de "La jeune fille à la perle" de VERMEER sur la première de couverture. Vous aurez tout le loisir de l'ouvrir et la déplier pour y découvrir les 52 oeuvres d'art, principalement des toiles mais aussi des sculptures. Ingénieux !

 

Toujours sur la forme, le roman est construit en trois parties pour représenter trois grandes périodes de l'Histoire de l'art incarnées par trois sites, trois musées : Le Louvre, Orsay et Beaubourg.

 

Et puis, il y a une histoire familiale avec quelques failles et un terrible secret. Les personnages sont profondément attachants. Ils pourraient être vous, moi, nous. Je me suis surprise à mille et une reprises à m'identifier à ce grand-père dans ce qu'il a de profondément généreux. La transmission par la voie de la grand-parentalité est absolument fascinante. Comme j'ai aimé tous ces passages de très grande complicité partagés avec sa petite-fille.

 

Et encore, l'approche du regard, cette capacité à observer, contempler, analyser. Si la vie d'aujourd'hui nous amène à vivre tout vite et intensément, cette lecture nous invite à prendre le temps, celui de regarder une oeuvre d'art pendant une vingtaine de minutes, s'abstenant de tout commentaire, pour s'en imprégner, pour voir tout simplement. C'est une très belle leçon de vie qui peut être déclinée dans d'autres registres que l'art. 

 

Le suspense enfin. Mona a bien compris que l'accès à l'information lui était interdit à propos de sa grand-mère. Elle va en faire son cheval de bataille, ce qui va rythmer le roman, tout comme les séances chez l'ophtalmo dont on ne peut présumer de l'issue. Il y a une urgence à dénouer les fils de ces deux existences.

 

Bref, ce roman est absolument parfait. C'est mon #mardiconseil.

 

J'ai déjà hâte de retrouver la plume de Thomas SCHLESSER !

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2024-12-03T07:44:13+01:00

Je suis Iranienne de Mona JAFARIAN

Publié par Tlivres
Je suis Iranienne de Mona JAFARIAN

Cette lecture m'a été proposée par les éditions  de L'Observatoire que je tiens à remercier tout particulièrement.

"Je suis Iranienne" relève d'une action militante de Mona JAFARIAN, elle-même Franco-Iranienne et co-fondatrice du collectif Femme Azadi à la suite de la mort de Mahsa AMINI, cette jeune femme, étudiante de 22 ans   décédée à Téhéran quelques jours après son arrestation par la Police des Moeurs pour le port de vêtements inappropriés.

Quelques cheveux dépassant d'un voile ne sauraient engendrer un tel déferlement de violence de la part des mollahs, les gardiens du régime de Khameini. Cette fois, c'en est trop. Les femmes descendent dans la rue, les hommes ne tarderont pas à suivre, pour manifester contre cette dictature.

Cette lecture intervient quelques jours après avoir lu dans la presse que les mollahs interdisent désormais aux femmes de parler entre elles. Ils détruisent ainsi le terreau de toute démocratie. Il ne leur restait plus que cette liberté-là !

Comme je viens de l'évoquer, habituellement, les informations nous parviennent grâce aux journaux. On y parle des femmes. L'initiative de Mona JAFARIAN est troublante, avec Parissa, Mina, Sepideh, Mahnaz, Farahnaz, Elham, Sarah, Marjane, Azadeh, Baran, Ghazal et Kamelia, elle incarne le mouvement.

 

Pourquoi les citer chacune ? 

✊ Parce que ce sont des héroïnes du quotidien que le régime ne saurait faire taire. 

✊ Parce que ce sont des femmes qui descendent dans la rue pour faire tomber le régime. 

✊ Parce qu'elles se savent les cibles des mollahs mais décident pourtant de se battre, à la vie à la mort. Elles risquent d'être arrêtées à chaque instant, violées, torturées, tuées. 

Avec ce livre, Mona JAFARIAN personnifie le combat et ça change tout. Là, plus aucune frontière entre nous !

Les témoignages de ces 12 femmes sont des trésors... de guerre, des propos tenus dans la clandestinité pour informer le monde entier des violences qu'elles subissent. Violences, le mot, même au pluriel, n'est rien à côté de ce qu'elles endurent de la part des hommes. Des hommes, comment pourrions-nous imaginer les appeler encore des hommes ?

Ces récits de vie sont absolument effarants, quel déchaînement de haine ! 

Mais là où la force se dégage, c'est dans le courage, l'abnégation de Parissa, Mina, Sepideh, Mahnaz, Farahnaz, Elham, Sarah, Marjane, Azadeh, Baran, Ghazal et Kamelia.


Cette jeunesse iranienne est un phare dans l'obscurantisme qui gangrène le monde. P. 91

Parce qu'elles ont besoin de nous pour continuer de RÉSISTER, ce livre devient une arme à portée de nos mains.

Je vous invite à le lire pour les mettre dans la lumière, leur assurer notre soutien. Affaire de sororité ? Qui sait ? Elles scandent ce slogan "Femme Vie Liberté". Je plaiderai plutôt en la faveur d'une affaire d'humanité .

C'est mon #Mardiconseil.

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2024-11-20T07:00:00+01:00

Lee MILLER par Kate WINSLET

Publié par Tlivres
Lee MILLER par Kate WINSLET

Lee MILLER, vous la connaissez ? 

A défaut d'avoir mémorisé son nom, peut-être vous souvenez-vous de cette photo ?

Personnellement, j'ai découvert cette femme avec Sébastien SPITZER et son premier roman : "Ces rêves qu'on piétine" aux éditions de l'Observatoire, l'occasion d'un petit clin d'oeil aux 68 Premières fois.

Et puis, il y a eu ce coup de coeur, le roman "L'âge de la lumière" de Whitney SCHARER, toujours aux éditions de l'Observatoire, entièrement consacré à la biographie de cette artiste, photographe, et bien plus encore.

Et bien Kate WINSLET en personne s'est intéressée à la carrière de cette femme. Après 8 ans de recherche, elle a choisi de retenir une courte période de sa vie. Kate WINSLET produit ainsi son premier film.

Réalisé par Ellen KURAS, Kate WINSLET y joue le rôle principal.

Synopsis

L'incroyable vie de Lee Miller, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray devenue l'une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.

Mon avis :

C'est un excellent film, vraiment.

D'abord, il y a l'objet même du film, honorer la mémoire d'une  femme, d'une artiste, d'une photographe. Le travail de Lee MILLER était méconnu jusqu'à ce film qui, sans nul doute, fera rayonner son oeuvre et lui assurera la postérité. 

Et puis, il y a le jeu de Kate WINSLET, une actrice hors pair pour incarner une femme qui ne l'est pas moins, une femme déterminée que rien ne saurait arrêter, pas même son mari, surtout pas lui oserai-je dire ! Elle joue magnifiquement cette femme savourant les plaisirs de la fin des années 1930, la libération des corps au coeur d'un microcosme d'artistes logé dans une cité balnéaire. Et puis, il y a ce qui occupe la quasi totalité du film, cette période de sa vie où Lee MILLER devient photographe de guerre. L'actrice y est prodigieuse, magnifiée par les gros plans de la mise en scène. Elle qui en réalisait tant, elle s'était fait remarquer par des portraits singuliers.

Comme j'ai aimé aussi le personnage de David SCHERMAN interprété par Andy SAMBERG avec qui Kate WINSLET forme un duo truculent.

C'est un film à voir absolument ! Accessoirement, vous y découvrirez l'origine du cliché !

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2024-11-19T20:56:30+01:00

L'art de l'esprit joyeux d'Alexandre JOLIEN et Laurent JOUVET

Publié par Tlivres
L'art de l'esprit joyeux d'Alexandre JOLIEN et Laurent JOUVET

Almora éditions

Ce livre a sa petite histoire. Je m'en suis saisie dans le labyrinthe de la Librairie LHERIAU menant à la dédicace d'Alice ZENITER pour son dernier roman, "Frapper l'épopée". Quelle belle idée !

J'aurais pu choisir un roman de la rentrée littéraire mais Alexandre JOLLIEN me fascine.

J'ai lu de lui "Eloge de la faiblesse" et puis chaque fois que je pense à lui, c'est dans la première et la dernière scènes du film dans lequel il joue avec Bernard CAMPAN, "Presque", elles donnent à voir une telle liberté, une telle insouciance et un tel lâcher prise. Pour autant, ne croyez pas que ça soit plus facile pour lui que pour les autres !

D'ailleurs, c'est après avoir traversé l'une des périodes les plus noires, hanté par ses peurs, qu'Alexandre JOLLIEN s'est mis à converser avec Laurent JOUVET. Il faut dire que ces derniers temps, sa femme Corinne avait choisi de lui lire les sermons de maître ECKHART, un moine dominicain allemand, ceux-là mêmes traduits par Laurent JOUVET.

S'ils ont été pour lui une sorte de bouée de sauvetage pour ce qu'ils recouvraient de spiritualité, il n'en demeurait pas moins que certains de leurs contours demeuraient pour lui encore mystérieux.

C'est l'objet même de ce livre, le croisement du regard d'un philosophe avec celui d'un mystique sur ces textes rédigés au XIIIème siècle.

Structuré comme une conversation, le livre donne lieu à des échanges sur les différences entre la spiritualité et la religion par exemple, ou encore la pitié et la compassion...


...] mais il y a Spinoza qui distingue deux trucs : la pitié et la compassion. Dans la pitié, ce qui est premier, c'est la tristesse. On a de la tristesse de voir l'autre souffrir et on tombe dans la pitié. La compassion, au contraire, ce qui est premier, c'est l'amour, l'amour comme moteur. P. 178

À travers de nombreuses références et citations littéraires, les deux hommes nous donnent les clés de compréhension de ce qu'est cet art de l'esprit joyeux.

Si la spiritualité est universelle et accessible à tous d'après Laurent JOUVET, elle relève toutefois d'un effort individuel pour se désidentifier, se débarrasser de tout ce qui nous conditionne, tout ce qui nous détermine. Au panier la mauvaise conscience, la honte et la culpabilité, il s'agit s'obstacles à surmonter pour atteindre le fond du fond.

Ce livre est passionnant. Le ton est fin et délicat, bienveillant et attentionné, plein d'humour et lumineux, de quoi vous mettre en joie !

Ce #mardiconseil, c'est l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'un des followers assidus du blog, il suffit parfois d'une rencontre pour se (re)connecter !

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2024-11-12T09:02:51+01:00

Point de vue de Sandra COURLIVANT

Publié par Tlivres
Point de vue de Sandra COURLIVANT

Si vous êtes en ce moment sur Angers, faites un crochet par la Tour Saint-Aubin, rue des Lices.

Deux artistes y exposent actuellement, Sandra COURLIVANT et Alexandre LAMOTTE, respectivement sculptrice et peintre.

J'ai choisi ma #lundioeuvredart parmi les sculptures exposées.

Dans un panel d'oeuvres réalisées pour interpréter la médiation et l'esprit zen, l'une d'entre elles m'a tout de suite inspirée, il s'agit de "Point de vue".

Si j'ai du mal avec des êtres qui semblent ligotés dans un vêtement, yeux fermés, visages formatés, dans une posture que j'interprète de soumission (le tout pourtant réalisé dans une démarche artistique d'une sublime finesse), "Point de vue" permet de donner une autre perspective.

Là, les bras sont tendus, les doigts joliment assemblés en longue vue, les yeux ouverts pour embrasser la réalité et porter son regard sur l'environnement. Cette création est singularisée jusque dans l'organisation de l'exposition. Elle est seule à être accueillie dans une niche de tuffeau auréolée d'un magnifique vitrail, un écrin formidable qui fait rayonner les disciplines artistiques entre elles.

J'aime profondément cette manière d'humaniser les hommes et les femmes sculptés dans l'action.

D'un "Point de vue" philosophique aussi, cette sculpture m'inspire.

Dans une foule de gens manipulés par le pouvoir, il suffit d'un individu pour RESISTER.

Cette sculpture résonne pour moi avec cette jeune étudiante iranienne postée en maillot de bain dans une société de femmes couvertes de la tête au pied, muselées, interdites de se parler entre elles, dont la photo a largement circulé sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Si la jeune femme risque de mourir, assassinée pour cet acte d'insubordination, l'art n'est pas moins là pour éveiller les esprits.

"Point de vue" est une oeuvre de l'exposition déjà vendue, quel plus beau choix !

Vous pouvez toutefois admirer sa beauté, son esthétisme, son élan, jusqu'au samedi 16 novembre prochain, inclus. Alors, n'hésitez plus, allez découvrir les créations de Sandra COURLIVANT et on en reparle !

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2024-11-08T09:00:00+01:00

Les règles du mikado d'Erri DE LUCA

Publié par Tlivres
Les règles du mikado d'Erri DE LUCA

Traduit de l'italien par Danièle VALIN

Erri DE LUCA nous revient avec un roman, "Les règles du mikado" aux Editions Gallimard.

Un vieil horloger campe à la frontière entre l'Italie et La Slovénie. L'homme se délecte de sa solitude jusqu'au jour où une femme, une gitane, s'introduit dans sa toile de tente. Elle fuit la communauté, elle qui était promise à un mariage arrangé. Il lui offre l'hospitalité. Dans un espace contraint, les deux êtres vont lentement faire connaissance, s'apprivoiser, partager "Les règles du mikado".

Comme moi, vous avez peut-être lu "Le poids du papillon", "La nature exposée" ou encore "Le jour avant le bonheur". Dans ce cas, nul doute que vous avez hâte de retrouver la plume de l'écrivain napolitain au grand coeur.

Vous avez déjà entendu quelqu'un dire : "Nul ne ressemble à un autre, pas même des jumeaux homozygotes" ? Lui le dit ! Cet homme, humble, profondément humaniste, nous offre une très belle leçon de vie, celle d'accueillir l'autre, peu importe sa condition.


Près est pour moi le point le plus haut de l'intimité. P. 141

L'écrivain est un habitué des romans courts. En seulement 154 pages, il réussit à nous captiver avec l'itinéraire d'une migrante et la part de mystère qui entoure l'existence d'un horloger.

Erri DE LUCA joue avec les mots, les métaphores... tout en délicatesse pour traiter des frontières. Il y a celles au sens propre qui délimitent les territoires, il y a celles au sens figuré, celles de l'âme, qui empêchent d'apprécier l'autre dans ce qu'il a de plus beau.

J'ai beaucoup aimé son rapport au temps aussi. Quand la gitane pointe la différence d'âge entre eux, lui montre l'époque dans laquelle tous les deux vivent... Bien vu !


Je ne fais aucune différence d'âge. Tu me traites de vieux, d'accord, mais j'ai le même âge que toi, je vis à la même époque. Les générations n'existent pas pour moi. Tant que nous vivons, nous sommes contemporains. Nous sommes deux personnes. P. 72Je ne fais aucune différence d'âge. Tu me traites de vieux, d'accord, mais j'ai le même âge que toi, je vis à la même époque. Les générations n'existent pas pour moi. Tant que nous vivons, nous sommes contemporains. Nous sommes deux personnes. P. 72

N'est-ce pas le moyen de réunir toutes les générations vers un dessein commun ?

Erri DE LUCA peint un portrait de femme haut en couleur.

Ce nouveau roman est une pépite. L'écriture est belle, puissante, parfaitement orchestrée... comme une partie de mikado.

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2024-11-06T07:00:00+01:00

Bleu comme une banane de Delphine CHEDRU

Publié par Tlivres
Bleu comme une banane de Delphine CHEDRU

Editions Nathan

Nouvel album jeunesse en souvenir d'une semaine de vacances passée avec mon petit-fils.

Plus grand que "De maman en maman" d'Émilie VAST, il avait tout pour attirer notre regard lors d'un passage en Bibliothèques Municipales, à commencer par sa couleur, jaune. Pour celles et ceux qui me connaissent, il s'agit de ma couleur préférée.

Et puis, en première de couverture, il y a cette banane... bleue. Improbable, non ? Il n'en fallait pas plus pour susciter notre curiosité.

À chaque page, une couleur, voire plusieurs, histoire de donner un peu de piquant au jeu qui s'offre à l'enfant, celui de trouver l'intrus. Delphine CHEDRU a eu l'idée ingénieuse de lier le livre au jeu, mobilisant l'enfant pour le rendre acteur de ce moment de complicité. À lui de regarder... et trouver ce qui n'est pas naturel.

Si mon petit-fils de 16 mois au moment des vacances se fichait bien de l'intrus, lui tournait les pages jusqu'à trouver son insecte préféré, le papillon. Page indigo, ils sont même deux, de quoi le ravir !

Là les pages sont fines, exigeant un peu plus de soin de la part de leurs lecteurs. Elles sont plus nombreuses aussi, l'opportunité de faire durer le plaisir.

Delphine CHEDRU est autrice et illustratrice. Elle compte une soixantaine d'albums jeunesse à son actif. "Bleu comme une banane" est sorti en janvier 2023. Peut-être en avez-vous lu d'autres...

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2024-10-30T07:00:00+01:00

Le tirailleur de Piero MACOLA et Alain BUJAK

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Le tirailleur de Piero MACOLA et Alain BUJAK

Alain BUJAK est chargé de photographier une résidence Adoma en 2008-2009 à Dreux.

C'est là qu'il rencontre Abdesslem.

Entre eux s'établit une relation axée sur la transmission, celle de l'Histoire de France et le rôle joué par les hommes des colonies françaises pendant la guerre.

Ce n'est pas Alice ZENITER qui me démentira, nous ignorons des pans entiers de notre Histoire, elle concourt d'ailleurs elle-même à combler nos lacunes dans le domaine.

Alain BUJAK assure lui aussi la mémoire d'hommes au service de... la France. Le sort des tirailleurs marocains nécessite d'être appris aux jeunes générations.

 

Parce qu'Alain BUJAK refuse que l'histoire d'Abdesslem tombe dans l'oubli, il confie son scénario à Piero MACOLA pour le dessiner. Quelle plus belle idée ?

Les illustrations sont parfaitement réussies. Elles traduisent la tristesse d'un homme désabusé, d'un homme isolé de sa famille, exilé de sa terre qui "sent si bon que tu as envie d'en manger !".

J'ai beaucoup aimé la dernière partie qui donne l'authenticité nécessaire à cette histoire, des photographies d'Abdesslem dans son pays, avec ses proches. Elle traduit aussi ce qu'est devenue la relation d'Alain BUJAK et Abdesslem, la force des liens qui se sont établis entre les deux hommes au fil du partage des souvenirs. 

Cette BD, je la conseille à tous, ados, adultes. Nul doute qu'elle va contribuer, à sa mesure, à lever le voile sur des faits historiques que tous ont à connaître. Le 9e art permet de se les approprier, qu'il en soit remercié.

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2024-10-30T07:00:00+01:00

All we imagine as light de

Publié par Tlivres
All we imagine as light de

Après le Prix du Jury et Prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes en 2024, "Emilia Perez" de Jacques AUDIARD, une pépite, je me suis intéressée au Grand Prix du Festival, celui décerné au film "All we imagine as light" de Payal KAPADIA, un prix largement mérité.

Synopsis

Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d'une liberté nouvelle.

Mon avis

Dans ce film, ce qui m'a d'abord attirée, c'est son titre qui pourrait être traduit par "Tout ce que nous imaginons comme lumière". 

Et puis, il y avait ces histoires de femmes, des parcours de gens ordinaires. Payal KAPADIA restitue les conditions de vie quotidiennes de quelques femmes qu'elle met joliment sous ses projecteurs. J'avais lu un article sur ces hommes qui, en Inde, épousent des femmes pour leur dot, puis disparaissent ou demandent le divorce en conservant les biens offerts par leurs belles-familles, laissant des femmes dont la virginité s'est envolée lors de la nuit de noces et sans le sous, jugées indignes par leurs familles. Dans une forme romancée, le propos est toutefois filmé comme un documentaire.

C'est un propos militant bien sûr, un propos qui dénonce une société moderne (Mumbai pourrait être Paris ou n'importe quelle autre ville européenne avec son métro, ses gratte-ciels...) dans laquelle les droits des femmes restent bannis. 

Si certaines acceptent ce destin par respect des traditions comme Prabha, d'autres résistent à l'image d'Anu qui transgressent les lois pour vivre un amour interdit.

Et puis, il y a le personnage de Parvaty qui illustre le droit de propriété, là aussi, bafoué. Son mari est décédé, elle doit quitter son logement.

Il y a encore cette formidable solidarité qui lie des femmes dans l'affrontement du quotidien, cette forme de sororité pleine d'espoir en un avenir meilleur.

Et quel plus bel espoir que de voir une femme de 38 ans, réalisatrice du cinéma indien remporter le Grand Prix du Jury !

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2024-10-30T07:00:00+01:00

De maman en maman d'Emilie VAST

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De maman en maman d'Emilie VAST

Editons MeMo

Ce livre d'enfant emprunté aux Bibliothèques Municipales d'Angers se décline comme des poupées gigognes.

À chaque page sa matriochka, symbole de la maternité, d'une taille de plus en plus petite au fil de la lecture pour représenter la descendance de "la maman de la maman de la maman de ma maman".

À chaque page ses motifs naïfs largement inspirés de l'art populaire. Le vivant y occupe une place de choix, depuis le végétal jusqu'aux animaux en passant par les insectes.

À chaque page sa couleur, d'abord le rouge, puis le orange, le jaune, le vert, le bleu, le violet, et enfin le rose, suivant le nuancier du cercle chromatique orchestré dans le sens des aiguilles d'une montre.

Ce livre d'un petit format est particulièrement facile à manipuler pour les petites mains. Cartonné, il permet au plus jeune âge de s'en emparer.

Je ne connaissais pas encore le talent d'Émilie VAST, autrice mais aussi illustratrice et plasticienne. La jeune artiste fait du dessin d'enfant son objet de travail, elle le fait si bien !

Elle compte plus d'une trentaine d'albums à son actif. Le premier date de 2005. Le dernier est "de maman en maman" édité en 2023.

Ce livre jeunesse, je l'aime beaucoup enfin pour ce qu'il nous dit de la transmission entre les générations, de la filiation établie entre les femmes. Et quand on est mamie, ça nous parle un peu 😉

Ce livre, il a tendu les bras à mon petit fils. Souvenir d'une semaine de vacances en sa compagnie 🥰

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2024-10-21T20:16:17+02:00

Les fleurons d'Olivier BERNEX

Publié par Tlivres
Les fleurons d'Olivier BERNEX

De passage à Chambéry, j'ai fait un saut au Musée des Beaux Arts.

J'ai découvert avec plaisir les collections permanentes et me suis arrêtée sur celle organisée temporairement liant la peinture et la littérature.

Imaginez un homme, Olivier BERNEX, artiste contemporain, décidant de mettre en peinture "Les Rêveries du promeneur solitaire", dernier ouvrage de Jean-Jacques ROUSSEAU.

Si globalement les toiles sont aux couleurs ternes avec des représentations violentes de ce que peut engendrer l'approche de la mort, il en est une, "Les fleurons", que j'affectionne tout particulièrement. 

De forme carrée, sur fond blanc, l'artiste représente, à l'image d'un botaniste, la nature dans ce qu'elle a de plus coloré, un vrai bouquet de printemps. 

L'interprétation de l'oeuvre de l'écrivain classique est audacieuse. Elle permet de se remémorer les thèmes qui lui sont chers. Quelle plus belle idée pour cette #lundioeuvredart !

 

 

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2024-10-14T06:00:00+02:00

Une sirène lisant de Christophe ALLIER

Publié par Tlivres
Une sirène lisant de Christophe ALLIER

Parfois, la vie est faite de belles rencontres. Il aura suffit d'un samedi matin en promenade sur le Thoureil, flânant en bord de Loire sous un franc soleil, pour m'intéresser à un portail ouvert, un homme ratissant le gravier et quelques sculptures. 

Oui, ce sont bien des sculptures disposées ici ou là dans le jardin. 

A la question : "est-ce que votre exposition est ouverte ?", l'homme répond, "oui, entrez", quelle plus belle opportunité que de s'immerger dans l'univers artistique de Christophe ALLIER !

Je suis émerveillée par la beauté des oeuvres, certaines sculptées dans des pierres dures et semi-dures, à l'image de cette sirène lisant en pierre de Richemont. Bien sûr, je l'ai choisi en lien avec le thème du blog, c'est ma #lundioeuvredart.

Mais il y aussi tout un tas d'autres créations mariant notamment le bois (des ceps de vigne par exemple) à la pierre.

L'homme aime susciter les émotions, effet garanti !

Si vous aussi passez par-là, n'hésitez pas à vous arrêter faire un brin de causette avec Christophe ALLIER, il vous dévoilera la magie de ses créations.

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2024-10-09T20:39:09+02:00

Deux amis sur mes épaules de Lee SUYEON

Publié par Tlivres
Deux amis sur mes épaules de Lee SUYEON

Editions Seuil

Traduit du coréen par Lim YEONG-HEE avec la collaboration de Catherine BIROS

Cette lecture a été réalisée grâce à une Masse Critique de Babelio. Merci de ce joli cadeau.

Tout commence avec la tendre enfance de Toki, une petite fille que l'on va suivre jusqu'à l'âge adulte. Alors qu'elle nageait dans le bonheur, profitait de l'amour de sa maman et de la tendresse d'un oiseau de compagnie, un jour, tout vole en éclats. Ses parents divorcent. Sa maman quitte le foyer familial, son oiseau s'envole. Dès lors, plus rien ne sera pareil. Toki sera harcelée par un chat noir qui, au fil des années, deviendra une panthère noire. A l'âge adulte, elle rencontrera Loutrot qui lui portera une attention bienveillante, l'opportunité d'apprivoiser ses peurs.

Ce roman graphique est à mettre dans toutes les mains des adolescents et des jeunes adultes en manque de confiance en soi.

Lee SUYEON empreinte le monde animalier pour faire naître les émotions. Les incarnations sont parfaitement justes et, à travers le registre de l'imaginaire, permet d'en cerner toutes les dimensions.

Le fil d'Ariane de ce roman graphique repose sur une philosophie de vie positive, de quoi donner du baume au coeur à ceux qui souffrent de leurs traumatismes d'enfance. Le choix des couleurs avec une omniprésence du jaune et du vert servent l'intention et rendent l'album très agréable à regarder malgré la pression de la souffrance.

Les textes sont dactylographiés, ce qui rend accessible le propos pour un plus grand nombre de lecteurs. Disséminés avec parcimonie sur des pages couvertes de couleur, ils ponctuent les histoires de vie de Toki, illustrées dans un style naïf.

C'est un excellent roman graphique que je recommande sans modération.

Je remercie les éditions Seuil et Babelio pour cette très jolie découverte.

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2024-10-09T06:00:00+02:00

Emilia Perez de Jacques AUDIARD

Publié par Tlivres
Emilia Perez de Jacques AUDIARD

Pour un retour au ciné après des mois, c'est en fanfare que je le fais avec le tout dernier film de Jacques AUDIARD, "Emilia Perez", Prix du Jury et Prix d'interprétation féminine Cannes 2024, une pépite.

Synopsis :

Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d'avocate au service d'un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu'à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s'ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu'il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu'il a toujours rêvé d'être.

Mon avis :

Ce film est signé Jacques AUDIARD. Vous vous souvenez bien sûr de ses précédents : "Le prophète", "De rouille et d'os"... Celui-là est dans la même veine.

Le scénario est largement inspiré de l'actualité (la transition du genre avec tout ce que ça induit en termes de mutations pour le corps et la vie sociale, le couple, la paternité... sans compter les transactions financières). Le sujet de l'identité est au coeur du film et ingénieusement traité.

Le ton est absolument remarquable, tantôt noir quand on sait qu'il s'agit d'un narquotrafiquant recherché par toutes les polices et qu'une femme avocate s'y plonge à corps perdu, à la vie à la mort, tantôt doucereux avec des parenthèses chantées, parfois dansées, qui font rentrer le film dans la catégorie des comédies musicales.

Et puis il y a cette scène digne des plus grands westerns des temps modernes.

Il y a encore ce mouvement de femme, le combat d'Emilia PEREZ pour faire retrouver le corps des victimes des trafics de drogue et permettre aux épouses de faire leur deuil, l'occasion de dénoncer les violences faites aux femmes et d'imaginer une société meilleure.

Quant à l'interprétation, c'est du grand art. Du jamais vu, le jury du Festival de Cannes a choisi de récompenser les quatre actrices principales, Karla Sofía GASCÓN, Zoe SALDANA, Selena GOMEZ et Adriana PAZ. Mesdames, bravo !

Ce film de Jacques AUDIARD est un grand moment de cinéma. Il représentera d'ailleurs la France dans la catégorie des films étrangers pour la remise des Oscars prochains.

Peut-être avez-vous lu "Ecoute" de Boris RAZON... il s'agit de l'adaptation du roman publié chez Stock (il est encore dans ma pile à lire !).

À voir absolument.

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2024-10-08T20:08:43+02:00

Frapper l'épopée d'Alice ZENITER

Publié par Tlivres
Frapper l'épopée d'Alice ZENITER

Flammarion

Il y a parfois des envies irréprescibles de lire un livre. C'est exactement ce que j'ai ressenti après avoir écouté l'interview d'Alice ZENITER au micro de Mathilde SERRELL sur France Inter le 5 septembre.

À peine sortie du travail, je filais en librairie (l'occasion d'un petit clin d'oeil à Sonia chez Contact) acheter l'objet tant convoité : "Frapper l'épopée", roman publié chez Flammarion dans le cadre de cette rentrée littéraire de septembre.

Je le résume en quelques mots.

Tass vit à Paris avec Thomas depuis une dizaine d'années. Ils s'étaient rencontrés à l'Université, tous deux suivaient des études de journalisme. Leur relation amoureuse périclite. L'un attendant que l'autre quitte sa terre d'origine pour adopter la sienne mais avouons qu'entre la métropole et la Nouvelle Calédonie, le choix relève du déchirement. Tass décide de quitter Thomas pour retourner s'installer à Nouméa où elle va enseigner le français dans un lycée technologique. Là s'écrit une nouvelle page de la vie de Tass, imprégnée de tout ce que ses ancêtres ont pu lui léguer à travers les générations.

Ce roman, c'est d'abord celui écrit par une autrice de talent. D'Alice ZENITER j'avais lu "L'art de perdre", Prix Goncourt des Lycéens 2017, Prix Littéraire du Monde 2017, Prix Landerneau 2017... Je me faisais un plaisir de retrouver sa plume.

Et puis, il y a la grande Histoire. J'étais loin d'imaginer que cette terre fut un jour destinée, comme Cayenne en Guyane, à recevoir les bagnards pour qu'ils mettent en pratique une économie agricole auto-suffisante, voire rentable pour l'État français. Nous devons cette initiative à Louis-Napoléon Bonaparte. Nous sommes alors à la fin du XIXème siècle, la colonisation bat son plein. C'est comme ça que des citoyens d'Algérie vont s'y retrouver... à l'image d'Areski. Alice ZENITER concourt à la mémoire de ces hommes, et ces femmes (l'occasion d'un petit clin d'oeil à Louise MICHEL, anarchiste, emprisonnée sur cette terre), arrivés sur le Caillou, condamnés à y demeurer, pour certains, à perpétuité.


Devant la tombe, c'est elle qui se fait happer par 1944, elle qui se tient dans le temps de l'autre. C'est la même chose devant la carcasse de l'avion un peu plus loin. 1942, 1944, ce ne sont pas des années perdues dans le passé. Elles sont là, mêlées à la terre et aux plantes. P. 165

Il y a encore ce regard porté sur le présent.

Si Alice ZENITER écrit ce roman quelques années avant les émeutes du printemps 2024, il fait pourtant écho aux atermoiements d'une jeunesse portant le fardeau de ses origines.

À travers le regard du mouvement indépendantiste en faveur d'une "empathie violente" sont évoqués les chefs d'accusation des colonisateurs, la spoliation de leurs biens, la discrimination du peuple autochtone au profit du blanc, de l'occidental, du sachant, du violent... avec cette revanche à prendre !

Moins révolutionnaire mais tout autant déchirée, il y a aussi cette jeunesse qui quitte sa terre natale pour aller étudier en Métropole, un voyage de 20 000 km, un véritable déracinement. Ni la cuisine, ni la nature (les oiseaux, les plantes...), ni les parfums n'ont de commune mesure. Avec le personnage de Tass, Alice ZENITER révèle ce mal-être, cette incapacité à s'adapter, à se sentir parfaitement chez soi.


[...] chez elle, c'est le Pacifique, c'est le Sud. Elle n'a jamais eu l'impression d'être à sa place de l'autre côté. P. 13

Il y a enfin l'itinéraire de jumeaux, disparus mystérieusement. Ils incarnent peut-être encore une autre frange de cette jeunesse d'aujourd'hui, mais là, pas un mot. C'est là que l'écrivaine puise le ressort du roman et en fait un véritable page-turner.

Alice ZENITER a ce talent de semer des petits cailloux au fil de la narration, abordant une foule de sujets comme celui de la maternité. Là aussi, il y aurait tant à dire... de ces femmes kanaks qui résistèrent à leur manière à donner une descendance aux colons. Mesdames, que vous soyez honorées de vos actes.

Ce roman est fascinant, parfaitement orchestré, navigant en eau claires... et troubles (un brin onirique et fantastique...). C'est une pépite, c'est mon #Mardiconseil !

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2024-08-23T08:25:17+02:00

Pages volées d'Alexandra KOSZELIK

Publié par Tlivres
Photo du livre d'Alexandra KOSZELIK, en toile de fond mon tee-shirt, un cadeau offert par ma fille elle aussi passionnée de littérature, il y est écrit : "L'écriture c'est le coeur".

Photo du livre d'Alexandra KOSZELIK, en toile de fond mon tee-shirt, un cadeau offert par ma fille elle aussi passionnée de littérature, il y est écrit : "L'écriture c'est le coeur".

Alexandra KOSZELYK, je crois que tout ce qu'elle écrit me fait vibrer !

Il y a eu "À crier dans les ruines", "La dixième muse" et "L'Archiviste", tous des romans adultes Aux Forges de Vulcain que j'ai adorés, et puis "Le sanctuaire d'Emona", un roman jeunesse de la Collection R de Robert Laffont, un coup de ❤️

Si je connais depuis longtemps Alexandra, je l'avais interviewée pour T Livres ? T Arts ? à la sortie de son 3ème roman, et plus récemment au 122 dans le cadre des soirées littéraires de l'association Les Bouillons, jamais, non jamais je ne serai allée sur un terrain intime que je soupçonnais douloureux.

Mais là, c'est Alexandra KOSZELYK qui prend la plume pour nous livrer un texte très personnel. Elle nous apprend le décès de sa mère dans un accident de voiture duquel elle a survécu avec son frère. Leur père mourra de ses blessures quelques jours plus tard. Elle n'avait alors que 8 ans. Si tous se sont évertués pendant son enfance à lui cacher la vérité, c'était pour mieux lui donner à la quarantaine l'opportunité de se délivrer d'un texte profondément émouvant, un texte qui s'est subitement imposé à elle, lors d'une résidence d'écriture sur sa terre natale. Elle a ressenti un irrépressible besoin d'écrire sur son histoire.

À l'image de "L'Archiviste", roman écrit d'une traite les jours qui ont suivi l'invasion de l'Ukraine en février 2022, "Pages volées" a mûri au fond d'elle pour surgir tel un souffle, une respiration après une phase d'apnée.


[...] déposer mes mots est une manière de reprendre la barre de ma navigation, de faire avec la houle de mes souffrances d'enfant, non contre elle. P. 33

Tour à tour roman (d'autofiction), recueil de poèmes, ce texte construit comme un journal intime, devient au fil des pages un essai autour de la littérature, la lecture


Le lecteur est celui qui se dénude au moment d'entrer dans un sanctuaire. Il est avide de découvertes. En refermant le livre, il portera de nouveaux habits, sera allé à la rencontre d'autres vies, d'autres histoires, et portera vers l'autre le regard d'un ami. P. 85

et l'écriture.


Travailler, effacer, raturer, s'étendre, se restreindre, couper, remettre. Arriver à la phrase qu'on trouve juste, passer sur d'autres en pensant qu'elles le sont, sans être certain qu'elles le soient, avoir l'oeil de l'éditeur, mais aussi de ses proches, amis, lecteurs, en discuter avec d'autres... P. 178

Elle creuse le sillon de ce qui forge sa plume. Ce texte protéiforme transcende les limites des registres littéraires (ce qui prouve bien qu'elle peut exceller dans tous !) pour tisser les fils de son existence et révéler la femme qu'elle est devenue aujourd'hui, l'écrivaine, une oeuvre se constituant progressivement...


Survivre, c'est vivre deux fois. Pour moi. Et pour eux qui ne le pouvaient plus. P. 41

Parce que tout mérite d'être expliqué (les avides de synchronicités vont être servis !), Alexandra KOSZELYK dévoile ce qui l'a construit à travers les richesses de la langue, qu'elle soit orale, écrite, celle des livres et celle des éléments (la mer, la forêt, la nature quoi !)... elle fait feu de tout bois pour nous offrir un livre lumineux (n'est-elle pas solaire !), empreint d'espoir, avec cette quête de laisser une trace de ses sentiments, ses doutes, ses convictions aussi.


Chaque mot est un barreau d'échelle qui m'élève, là où la réalité fait de moi une orpheline. P. 91

Il y est question d'origines, d'identité, de transmission intergénérationnelle, Alexandra KOSZELYK écrit sur la vie. David MEULEMAN sont éditeur ne s'y est pas trompé, ce texte (il a décidé de ne publier que celui-là à la rentrée littéraire), il est fort, il est poignant tout en étant puissant, c'est un inclassable, un livre qui vous marque "À la vie à l'amor" (aphorisme emprunté à Miss. Tic). C'est ma #vendredilecture !

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2024-06-21T08:00:00+02:00

Les voleurs d’innocence de Sarai WALKER

Publié par Tlivres
Les voleurs d’innocence de Sarai WALKER

Gallmeister

 

Nouvelle référence du Book club, bonne pioche avec cette lecture "imposée" !

 

Nous voilà au Nouveau-Mexique, dans le sud des Etats-Unis. Sylvia Wren, artiste, partage sa vie avec Lola, une femme qui voyage à travers le monde pour son activité professionnelle. Alors qu'elle est seule, Sylvia reçoit une lettre, puis deux, d’une journaliste qui pense qu’elle pourrait être Iris Chapel, une femme du Connecticut, portée disparue en 1957 à l'âge de 20 ans. Elle se serait enfuie d'un hôpital psychiatrique. Avec ces lettres, ressurgissent immanquablement les souvenirs de l'enfance d'Iris. Elle faisait partie d'une fratrie de 6 filles, toutes portant des noms de fleurs mais frappées par une malédiction transmise de mère en fille depuis plusieurs générations. La mère d'Iris, Belinda, a elle-même vécu un calvaire qui la maintiendra la quasi totalité de sa vie isolée ou éloignée des siens. C'est une très longue histoire familiale qui commence alors.

 

Je ne connaissais pas encore la plume de Sarai WALKER, une écrivaine américaine. Publiée chez Gallmeister, vous pouvez facilement imaginer à quel point le récit va s'étirer dans le temps, pour votre plus grand plaisir évidemment.

 

Ce roman, vous l'avez compris, est celui d'une famille dont l'itinéraire est malmené. Les femmes, tout juste mariées, décèdent au lendemain de leur nuit de noces. Ces tragédies auraient peut-être pu être évitées, encore aurait-il fallu écouter Belinda, cette femme considérée comme folle dont on a oublié pourquoi les lobes de ses oreilles ont un jour été coupés.

 

Dès lors, le propos prend une toute autre dimension. Quels mystères cette femme peut-elle bien porter ? Et sa fille Iris ?

 

J'ai beaucoup aimé explorer cette saga familiale, cheminant au fil chronologique des révélations.

 

Le propos est fascinant autant qu'il est effrayant. Souvenons-nous, dans les années 1950 aux Etats-Unis, des femmes étaient brûlées parce que considérées comme des sorcières, des êtres soupçonnés de pouvoirs maléfiques que l'on préférait éliminer pour garder la main mise sur le reste du troupeau !

 

Le personnage d'Iris est absolument fascinant. Comme j'ai aimé porter son regard sur la vie, faire preuve de bienveillance et de compréhension pour sa mère, faire ses pas de côté pour mieux résister.

 

Et puis, cerise sur le gâteau, il y a l'art, avec une inspiration avouée de l'écrivaine dans les oeuvres de Georgia O'KEEFFE et ses tableaux de fleurs que j'ai eu la chance de découvrir lors d'une exposition temporaire au Musée Georges POMPIDOU. 

 

L'Iris blanc en référence au "Lavender Iris" de l'artiste est subtilement décrit :


Je la retournai pour voir la peinture : une fleur blanc crème aux nuances roses et bleues sur un fond vert clair. Je rougis, sans trop savoir pourquoi. Puis je compris ce qu'était en réalité le sujet du tableau. C'était bien un iris, effectivement, mais c'était aussi Veronica. Daphne avait transformé son esquisse de l'espace entre les jambes de Veronica, les courbes et les replis délicats, en une fleur. P. 382

Un brin gothique avec cette présence irrépressible de la mort et du mystère qui l'entoure, cette lecture m'a profondément émue. Vous admirerez d'ailleurs la première de couverture d'une grande beauté avec le serpent rappelant la Genèse avec Adam et Eve.

 

En lien avec une narration à la première personne du singulier, qui permet de faire corps avec Iris, la traduction de l’américain par Janique JOUIN-DE-LAURENS est bouleversante.

 

Et puisque l'opportunité m'en ai donné, quittons-nous en musique en écoutant le titre "Lady sings the blues" de Billie HOLIDAY, l'une des références musicales de Sarai WALKER.

Retrouvez les références du Book club :

"Le royaume désuni" de Jonathan COE

"Le roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN

 "Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le disede Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

Bakhita de Véronique OLMI

Ceux qui s'aiment se laissent partir de Lisa BALAVOINE

Tosca de Muriel SZAC

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2024-05-28T17:00:00+02:00

La pesée des âmes de Pascal MANOUKIAN

Publié par Tlivres
La pesée des âmes de Pascal MANOUKIAN

Aux éditions Erick BONNIER


Pascal MANOUKIAN nous revient avec un roman haletant sur les traces laissées par l’histoire contemporaine de la guerre en Syrie. Souvenez-vous, c’était en 2016. Alep affrontait les bombardements russes, enfin, dans sa partie Est, là où fomentait la rébellion.  C’est là-bas qu’Ernest est parti. Il est grand reporter dans les pays en guerre. Son père l’était avant lui. Il est décédé quand Ernest n’avait alors que 8 ans. Ernest laisse sa compagne, Louise, se morfondre sur son destin. Elle subit ses absences, les périodes sans nouvelles et s’interroge sur son avenir. Quelle vie familiale peut-elle envisager avec lui ? Parallèlement, leur entreprise à tous les deux est en cours de rachat par un industriel, une nouvelle approche est en train de révolutionner le monde du journalisme, mêlant à l'envi l'information, la désinformation, la mésinformation... Tous les coups sont permis dès lors qu'il s'agit d'argent. Ernest et Louise continuent pourtant, coûte que coûte, de mener leur combat, celui de la loyauté.

J’ai eu le privilège de lire ce roman en avant-première, un cadeau de l’auteur que je tiens à remercier personnellement.

Ce roman, c'est une lecture coup de poing, de celles que l’on n’oublie pas, marquée à jamais par les soubresauts de la guerre, le stress traumatique, les moments de ferveur aussi.

Roman historique me direz-vous ? C'en est un, oui, mais le voyage dans le temps sera de courte durée. Un simple regard dans le rétroviseur et nous y sommes. Les événements datent de 2016 avec le siège d'Alep en juillet, la reprise de la ville par Damas et le cessez le feu en décembre. C'était il y a 8 ans, ils continuent pourtant d'alimenter les actualités.

J'ai été bouleversée par les bombardements russes venus prêter main forte à Bachar AL ASSAD pour en finir avec les insurgés. Là, ce sont les civils qui sont les premières victimes. Peu importe à celui au pouvoir de voir une partie de la ville d'Alep réduite à des bâtiments soufflés et ses habitants assoiffés, affamés, privés des services de santé. 


Aujourd’hui les médecins ne s’occupent plus que des blessés. Toutes les autres maladies sont devenues orphelines. Les mots lui arrachent le coeur. P. 199

Tous sont promis à mourir. Quelle ignominie !

Pascal MANOUKIAN concourt à la mémoire de ce qui s'est passé à Alep pour ne jamais oublier. Si les faits sont bien réels, malheureusement, l'écrivain choisit d'incarner le propos avec des personnages de fiction profondément attachants, des individus qui pourraient être vous, moi, nous. 

Je me suis battue aux côtés d'Ernest. Dans les galeries souterraines syriennes, j'ai ressenti dans ma chair les soubresauts de la guerre. Le roman prend une dimension sensorielle, vous allez vibrer. A travers l'itinéraire d'Ernest, son irrépressible besoin de repartir, toujours, je me suis remémorée les propos tenus par Sorj CHALANDON lors d’un festival du Scoop à Angers. 


Il a besoin d’ordre et de calme avant le chaos. C’est la raison pour laquelle chaque chose a sa place dans son sac à dos noir, toujours le même. P. 13

Je me suis découvert une âme de guerrière aussi avec Louise. Dans un monde professionnel dicté par les enjeux économiques, la rationalisation des moyens, les licenciements massifs... elle tente de lutter avec les moyens à sa disposition contre un système tout entier.

Tous deux s'inscrivent dans un mouvement de résistance, l'un pour capter les images et collecter des témoignages du terrain, il en va de la fiabilité et de l'authenticité, l'autre en bout de chaîne pour l'exploitation de ces données, il en va de la sincérité. Comment traiter d'un sujet aussi tragique que la guerre sans instrumentaliser l'opinion ?

Comme j'ai aimé revisiter les règles du journalisme et du monde de l'information à un moment où elles sont plus que jamais exposées à être bafouées.


L’immédiateté étouffe la réflexion à la vitesse des réseaux. P. 81

Pascal MANOUKIAN nous replonge dans les années 1975 avec le père d'Ernest et les carnets de chacune de ses expéditions laissés à la postérité.

Il nous livre un roman foisonnant avec autant de parenthèses que de parcours. Le propos est profondément pluriel, interculturel, empreint d'une telle humanité. Quant à la chute, je ne l'ai pas vue venir, c'est une petite bombe.

C'est un excellent roman.

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2024-05-21T06:00:00+02:00

Le rouge et le blanc d’Harold COBERT

Publié par Tlivres
Le rouge et le blanc d’Harold COBERT

Vous aimez les romans historiques foisonnants ? J'ai quelque chose pour vous ! Mon #Mardiconseil c'est "Le rouge et le blanc" de Harold COBERT aux éditions Les Escales que je remercie tout particulièrement pour ce joli cadeau.

 

Tout commence au sein d'une famille aristocratique en 1914 en Russie. Les deux frères incarnent des idéologies divergentes. Il y a Alexeï, l'aîné, lui est dans le mimétisme, il copie les stratégies capitalistes de son père. Et puis, il y a Ivan, le rebelle, celui qui porte haut et fort des idées communistes. Il intègrera les Cadets de Saint-Petersbourg, ses parents souhaitant le remettre dans le rang. Mais, il en faudrait plus arrêter le jeune homme au dessein anarchiste. Plus que le déchirement d'une famille, c'est celui de tout un pays qui s'offre à nous, la révolution est à l'oeuvre. Suivront d'autres évènements, mondiaux ceux-là, qui obligeront chacun à choisir son camp, à la vie, à la mort.

 

Je ne connaissais pas encore la plume d'Harold COBERT, c'est celle d'un formidable conteur. Elle est tentaculaire, haletante et pleine de suspense.

 

Je me suis délectée de cette fresque qui embrasse une centaine d'années. Je l'ai vécue au rythme effréné de la course du monde. Tous les grands évènements y sont relatés à travers les itinéraires d'activistes politiques, des personnages de fiction hauts en couleur.


À mesure qu’il relatait les événements avec la sécheresse d’un procès verbal, il fut surpris de ressentir un sentiment d’irréalité devant les faits qu’il consignait alors qu’il les avait soufferts dans les moindres replis de sa chair. P. 274

J'avoue que le personnage féminin m'a particulièrement fascinée. Natalia, la fille de la gouvernante des deux garçons avec qui elle a été élevée, joue le chaud et le froid. Le puissant régime au pouvoir pipe les dés et rebat inlassablement les cartes de la loyauté. Natalia m'a tantôt subjuguée, tantôt effrayée. Elle se hisse allègrement sur la première marche du podium.

 

Harold COBERT réussit plus généralement à humaniser un propos qui aurait pu rester à distance des hommes et des femmes qui ont concouru à la grande Histoire. Prodigieux !

 

Les 500 pages regorgent de références et nous offrent un roman captivant. C'est une très belle opportunité de revisiter les grandes décisions politiques du siècle dernier qui continuent d'irriguer le monde d'aujourd'hui. J'ai été frappée par la course à la maîtrise de l'arme nucléaire. C'est glaçant.

 

Je sors k.o. de cette lecture coup de poing avec une chute époustouflante. Défi relevé, chapeau.

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2024-04-05T06:00:00+02:00

La Colère et l’Envie d’Alice RENARD

Publié par Tlivres
La Colère et l’Envie d’Alice RENARD

Éditions Héloïse d’ORMESSON

 

J’aime faire confiance aux premiers romans, par principe. Vous vous souvenez bien sûr de toutes ces années de lectures partagées avec les 68 Premières fois.

 

De passage à la Librairie L’étincelle d’Angers, dans la rentrée littéraire de septembre 2023, j’avais choisi « Ce que je sais de toi » d’Eric CHACOUR, bonne pioche, et « La Colère et l’Envie » d’Alice RENARD, un roman qui m’a émue aux larmes. Je vous explique.

 

Dans un couple naît une enfant, Isor, dont les comportements semblent… différents. Si les parents ont tout d’abord pensé à une surdité l’empêchant d’entendre son environnement et d’interagir avec lui, ils se sont rapidement rendus compte que leur fille souffrait de quelque chose de plus complexe que les médecins ne réussissaient d’ailleurs pas à identifier. Paradoxalement, Isor les surprenait avec des réalisations tout à fait inattendues. Ils décidèrent de rompre avec le système et de la prendre exclusivement en charge. Mais c’était sans compter sur ce dégât des eaux les obligeant à confier Isor à Lucien, leur voisin, une homme de plus de 70 ans. C’est là que commence, pour tous, une nouvelle vie.

 

J’ai été émue aux larmes par cette histoire écrite par une toute jeune femme, Alice RENARD. Souvenez-vous bien de son nom, elle va faire un tabac.

 

D’abord, il y a la narration, un exercice parfaitement réussi. Le roman est pour partie choral, pour partie construit comme une discussion, pour partie comme le récit à la première personne du singulier, pour partie encore sous forme de correspondance. Bref, le procédé est audacieux et montre à quel point Alice RENARD a talent.

 

Et puis, il y a l’histoire, faite d’intrigues. Les personnages d’Isor et Lucien recèlent à eux deux de profonds mystères qui rendent le roman haletant. 

 

J’ai été happée par la complicité de deux êtres que les générations séparent mais que la solitude unie. Il y a des moments de pure complicité si beaux. 


J’aimerais tout posséder pour pouvoir tout t’offrir.

Je dis ça alors que rien ne nous manque. Ou peut-être un orchestre privé ? Un tapis plus moelleux ? Ta tête sculptée huit fois en guise de pion sur un plateau de petits chevaux ? Un théâtre dans l’arrière-jardin avec des chaises à fleurs et à paillettes ? Des journées faites seulement d’après-midis et aucune nuit pour les séparer ? Que je sois un adolescent, pour qu’on ait un futur plus long que notre présent, et que je sois tout frêle et tout chétif, pour qu’à ton tour tu me prennes sur les genoux. Que l’on m’accorde un vœu pour souhaiter que tous les tiens se réalisent. Que tu aies des chaussures à grelots et que la maison soit pleine de couloirs pour étirer ces moments où je t’entends venir vers moi. P. 81

La relation établie entre Isor et Lucien repose sur des choses simples, tellement naturelles et spontanées. C’est beau et puissant.

 

Mais Alice RENARD ne saurait s’en contenter. Elle donne un ton lyrique à son histoire, de quoi vous transporter et vous étreindre le coeur.

 

Sans oublier la place faite à la musique…


Je me crée des listes de morceaux à écouter pour toutes les occasions. Par exemple « c’est le premier jour de l’hiver et il fait froid », ou bien encore « je perds mes clefs et j’ai besoin de me calmer ». Ce sont des listes au cas où, pour être consolé. Oui, très exactement, des lettres de consolation que je m’écris à l’avance. Un filet de sécurité. Et puis il y a les « listes mémoire », qui engravent mon souvenir d’un événement, d’une période, d’une année. P. 88-89

C’est juste éblouissant. 

Tout au long de cette lecture j’ai pensé à cet album jeunesse « Nous, les émotions » de Tina OZIEWICZ et Aleksandra ZAJAC, tellement à propos.

Bravo à Alice RENARD pour le Prix Méduse 2023, nul doute qu'elle sera honorée d'autres récompenses pour son magnifique premier roman.

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