En réponse à l'invitation de Dis_moi_10_phrases de lancer un Cycle de l’été autour des Premiers romans et pour faire suite aux
"Giboulées de soleil" de Lenka HORNAKOVA-CIVADE,
"Une bouche sans personne" de Gilles MARCHAND,
"Fugitive parce que reine" de Violaine HUISMAN,
"Fils du feu" de Guy BOLEY,
"Piano Ostinato" de Ségolène DARGNIES,
"Je me suis tue" de Mathieu MENEGAUX,
je vous propose aujourd'hui "Celui qui disait non" d'Adeline BALDACCHINO chez Fayard, un roman historique prodigieux qui restaure l'honneur d'un homme. Les fées des 68 premières fois ont eu la délicate attention de lui réserver une place de choix dans leur sélection de janvier/février 2018, bravo.
Ce roman est passionnant à plus d'un titre.
D'abord, il s'inspire de l'histoire vraie d'une famille dont le parcours a été torturé par le régime nazi. Ces hommes et ces femmes qui sont nommés tout au long du roman font l'objet, à la fin, d'une biographie très précise à laquelle s'est scrupuleusement conformée l'écrivaine. Ce n'est pas un récit de vie et pourtant, il emporte une empathie exceptionnelle.
Ensuite, parce que le destin de cette famille aurait pu rester dans l'ombre, aux yeux de l'humanité mais aussi des descendants. Cette histoire familiale qui tombait directement sous le coup des lois de Nuremberg fraîchement votées emportait avec elle mille et un secrets que j'imagine particulièrement lourd à porter pour les deux filles, survivantes. Bien des choses avaient été dites mais la vérité, elles ne la découvriront que tardivement, et ne serait ce que pour cette libération apportée, tardivement certes, mais bien présente, je voudrais saluer le travail des hommes et des femmes qui réécrivent tous les jours la grande Histoire sur la base de découvertes incroyables mais ô combien précieuses.
Enfin, parce que l’auteure évoque un acte d’insoumission d’un homme, d'un citoyen ordinaire qui devient par là EXTRAordinaire. Cette façon de croiser les bras était une façon pour August Landmesser de résister au régime en place. Touché personnellement par les règles qui régissent à cette époque la vie des Allemands, il change de camp et devient un opposant au Führer.
Pour terminer, je voudrais faire l'éloge de la plume de Adeline BALDACCHINO, elle est délicate quand elle aborde l'amour, elle est tranchante quand il s'agit de relater l'ignominie du régime nazi, elle est juste toujours et ne dément aucun élément historique. Elle est romancée et permet d'aller jusqu'au bout malgré la nausée qui vous envahit parfois, un subtil équilibre pas toujours facile à trouver. Elle a aussi le formidable mérite de nourrir la littérature, cette grande Dame de la Culture qui offre de nouvelles perspectives et crée du lien entre les populations, les générations aussi.