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2019-08-31T10:23:42+02:00

Domovoï de Julie MOULIN

Publié par Tlivres
Domovoï de Julie MOULIN

Parce que lors du bal de la #RL2019, plusieurs danses sont programmées, le 5 septembre prochain sortiront de nouveaux romans en librairie dont « Domovoï » de Julie MOULIN chez Alma Éditeur.

Après « Jupe et pantalon » découvert avec les 68 Premières fois, l’écrivaine nous revient et nous propose un voyage en Russie sur les traces d’une mère disparue mystérieusement.

Histoire de vous mettre en appétit, je vous livre aujourd’hui ses premières lignes :


Acte 1
Le temps du muguet

Il est revenu le temps du muguet
Comme un vieil ami retrouvé
Il est revenu flâner le long des quais
Jusqu’au banc où je t’attendais
Et j’ai vu refleurir
L’eclat de ton sourire
Aujourd’hui plus beau que jamais .

Alors, rendez-vous le 5 septembre ?

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2019-08-30T17:10:42+02:00

S’il n’en restait que 100... le dernier roman de Fatou DIOME en ferait partie !

Publié par Tlivres
S’il n’en restait que 100... le dernier roman de Fatou DIOME en ferait partie !

« S’il n’en restait que 100 », tel est le slogan de 50 professionnels indépendants du livre à travers la France, Les libraires ensemble, qui décryptent pour nous la rentrée littéraire de septembre. La librairie Richer sur Angers en fait partie !

Grande joie d’y découvrir « Les veilleurs de Sangomar », le tout dernier roman de Fatou DIOME publié chez Albin Michel, un très beau livre qui honore la mémoire des disparus du naufrage du 26 septembre 2002 au large de Dakar.

Le Joola accueillait ce jour-là environ 2 000 passagers, soit un peu plus de 4 fois le nombre prévu. 

C’est un roman sur le deuil et l’incantation des morts, c’est aussi une magnifique preuve d’amour d’une femme à son défunt mari.

Avec « Les veilleurs de Sangomar », j’ai découvert la plume de Fatou DIOME, éminemment romanesque, délicate, tout en pudeur, qui par la voie du conte trouve un très beau terrain de jeu philosophique. 

L’écrivaine était ce matin interviewée par Ali BADOU sur France Inter. Vous pouvez réécouter le podcast.

Vous l’aurez compris, c’est ma #vendredilecture !

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2019-08-30T06:00:00+02:00

Quand une écrivaine se livre... Portrait de Valérie TONG CUONG

Publié par Tlivres
Patrice Normand/JC Lattès

Patrice Normand/JC Lattès

Depuis que j’ai découvert votre plume, chère Valerie, je ne l’ai plus lâchée, elle est presque devenue addictive pour moi, c’est dire si j’ai un immense plaisir aujourd’hui à vous interviewer.
 
Merci infiniment d’avoir accepté de répondre à mon invitation.

 

Personnellement, votre roman « Par amour » a été un énorme coup de cœur. Ce roman dévoile une page de l’Histoire du Havre. Pourquoi un roman historique ? Qu’est-ce qui a motivé votre démarche ? 

 

Ma famille maternelle est originaire du Havre. J’ai voulu rendre hommage à cette ville sacrifiée pendant la guerre, et à tous ces civils, hommes, femmes, enfants, dont les morts, les douleurs et les blessures ont été passées sous silence. 

 

Avant d’évoquer votre actualité littéraire, je voudrais que vous nous parliez de votre rapport à l’écriture. Enfant, vous saviez déjà que vous seriez écrivaine ?

 

Pas exactement. Je pourrais dire que j’ai écrit dès que j’ai su tenir un stylo, mais sans jamais me projeter. J’écrivais par pure nécessité. 

 

Est-ce que vous avez besoin d’un environnement particulier pour écrire ? Est-ce qu’une pièce chez vous est dédiée à votre activité professionnelle ? 

 

J’ai besoin de solitude. Il peut m’arriver d’écrire dans n’importe quelle pièce, cuisine, salon, chambre, à condition que j’y sois seule, même si j’ai la chance de posséder mon propre bureau.

 

Le thriller psychologique est un genre dans lequel vous excellez. Il y a eu « Pardonnable, Impardonnable », puis « L’ardoise magique », et enfin tout récemment « Les guerres intérieures ». Sandrine COLLETTE dit ne pas savoir écrire autre chose que du roman noir. Pour vous, est-ce naturel d’écrire de cette manière ou bien cela exige-t-il un effort de votre part ?

 

L’âme humaine, ce terrain obscur et mouvant, m’attire et me surprend depuis toujours. Je m’y sens naturellement à l’aise mais, sans que je ressente cela comme un effort, j’éprouve le besoin de travailler en profondeur mes personnages. Je sais tout d’eux avant d’écrire le premier chapitre. 

 

AUÐUR AVA ÓLAFSDÓTTIR que j’ai eue la chance de rencontrer récemment dit : « Aucune écriture n’est innocente ». Que dit le thriller psychologique de votre personnalité ?

 

Je rejoins cette auteure. Mon écriture est portée par mon histoire personnelle, mes fractures, mes obsessions, mes combats. Au lecteur de les deviner entre les lignes. Ce n’est pas un hasard si jusqu’ici, je n’ai jamais écrit d’autofiction.

 

Depuis 2013, vos livres sont édités chez Lattès. Qu’est-ce qui fait que l’on devient fidèle à une maison d’édition ?

 

Le rapport à une maison d’édition est complexe. Comme dans un couple, le désir doit être présent, vivant, de part et d’autre, et chacun doit permettre à l’autre de progresser, d’avancer. Il peut y avoir des accrocs, mais l’engagement doit rester total et fécond. Le facteur humain est décisif : non seulement le regard de l’éditeur/trice sur son texte, mais aussi le lien qui se crée avec l’ensemble de l’équipe, en l’occurrence une véritable famille chez Lattès, soudée, solidaire, animée par la même passion. 

 

Vos derniers livres ont été publiés tous les deux ans. Quel est approximativement le temps octroyé à l’écriture en tant que telle ? Quelle est la durée de sa finalisation sous l’œil que je suppose exigeant des éditions Lattès ?

 

Je mets environ un an à écrire un roman, puis les corrections et la préparation de la sortie se font sur quelques semaines ou quelques mois selon les livres et selon le calendrier de publication. Vient ensuite le temps de promotion, où je vais à la rencontre des lecteurs et des libraires. J’y consacre environ 6 mois.

 

Votre tout dernier roman « Les guerres intérieures » vient de sortir en librairie. Pouvez-vous nous le présenter ?

 

Pax Monnier, un comédien de seconde zone, reçoit un jour l’appel tant attendu d’un réalisateur prestigieux : c’est la chance de sa vie. Passé chez lui pour enfiler une veste, il entend des bruits suspects provenant de l’étage supérieur, mais se persuade qu’il ne s’agit de rien d’important et se rend à son rendez-vous. À son retour, il apprend qu'un étudiant de 19 ans, Alexis Winckler, a été sauvagement agressé et laissé pour mort. Lorsqu’un an plus tard, il tombe amoureux d’Emi Shimizu, il ignore encore qu'elle est la mère d'Alexis. Bientôt, le piège se referme sur Pax, pris dans les tourments de sa culpabilité…

« Les guerres intérieures » est un roman sur les lâchetés ordinaires, mais aussi sur le dépassement et le don de soi. Qui n'a jamais dans son existence fait preuve de lâcheté ? Qui n’a jamais trahi ses valeurs ? Quel est le prix à payer ? 

 

Où avez-vous puisé votre inspiration ?

 

Mon fils a été agressé dans le hall de mon immeuble, lorsqu’il était âgé d’une douzaine d’années. Un voisin est passé sans intervenir, détournant le regard. Cela m’a évidemment interpellée. J’ai su alors que j’écrirais un jour sur ce sujet. 

 

Le personnage d’Emi, travaillant dans les ressources humaines de l’entreprise Demeson, est originaire du Japon. Quels sont les liens qui vous unissent à ce pays dont vous rentrez tout juste je crois ?

 

J’aime profondément ce pays, malgré ses paradoxes et ses limites dont je suis très consciente. J’apprécie ce mélange unique de tradition et d’extrême modernité, ou encore la délicatesse dans les relations, mais par-dessus tout j’aime la nature japonaise, ses nuances de vert, les forêts de cèdres et de cyprès, l’ombre et la lumière des jardins, les cascades et les étangs. 

 

Les deux personnages principaux, Pax et Emi, ont de bonnes raisons de se sentir coupables. Pensez-vous qu’il soit inévitable pour une âme humaine d’être hantée par les fantômes d’histoires passées ?

 

Passées ou à venir… Personne n’est innocent. Nous avons tous nos moments de faiblesse, cela fait partie de la donne, pour tout être humain.

 

Ce mal ronge l’existence de Pax et ses relations aux autres pour le pire, et le meilleur j’oserai dire. Il y a ce petit point lumineux au bout du tunnel ! Est-ce à dire que vous avez encore confiance en l’avenir de l’humanité ? Pensez-vous que l’Homme puisse vivre heureux malgré ses faiblesses ?

 

Dans Les guerres intérieures, j’ai aimé observer combien la culpabilité, souvent décriée, est en réalité un moteur vertueux, et un régulateur social. Nous avons, pour la plupart d’entre nous, ce code moral personnel  qui fait que lorsqu’on se sait coupable, on éprouve le besoin de réparer, de compenser. La culpabilité nous change, parce qu’on veut se réconcilier avec la personne que l’on voit chaque matin dans le miroir. Elle nous pousse à être meilleurs. 

 

Ce roman, il est aujourd’hui entre les mains des libraires, ces professionnels du livre. Quelles relations entretenez-vous avez eux ? Avez-vous une adresse à nous conseiller ? 

 

Les libraires me soutiennent depuis des années. Je leur dois beaucoup et leur en suis extrêmement reconnaissante. C’est un métier de passionnés, très difficile, exigeant, usant, peu rémunérateur et pourtant indispensable…Cela particulièrement pour les libraires indépendants, vers qui je vous recommande donc de vous tourner en priorité.

 

Comme vous le savez, cet entretien est diffusé en partenariat avec Page des libraires. J’en profite donc pour faire un petit clin d’œil à Marie MICHAUD de Gibert Joseph de Poitiers et Murielle GOBERT de la librairie Passerelles qui ont rédigé des chroniques de vos romans.

 

Clin d’oeil partagé avec joie ! J’ai eu le plaisir de participer à une rencontre chez Passerelles, où j’ai été reçue avec beaucoup de chaleur par Murielle et Lise-Marie. J’ajouterai également un clin d’oeil à Maria FERRAGU de la librairie Le Passeur de l’Isle, qui m’a fait l’honneur de présenter "Les guerres intérieures" lors de la rentrée Page. 

 

Je suppose que vous lisez aussi ! Avez-vous un coup de cœur à partager avec nous ?

 

Cette année, j’ai été particulièrement touchée par « Amour propre », de Sylvie le Bihan (Lattès), qui aborde brillamment le sujet de la maternité en tant que norme sociale, mais aussi par « À jeter sans ouvrir », de Viv Albertine, deuxième volet de sa décapante autobiographie après « De fringues, de musique et de mecs » (Buchet-Chastel). Enfin, dernièrement, j’ai adoré « Le Sauvage », de Guillermo Arriaga, un roman flamboyant dans lequel l’auteur établit un parallèle entre la sauvagerie de l’homme et celle de l’animal. 

 

Quel livre lisez-vous actuellement ?

 

La mort de Toni Morrison m’a donné envie de me replonger dans son oeuvre. Je redécouvre Beloved des années après l’avoir lu, une sensation intéressante.

 

Enfin, si vous deviez partir vous installer sur une île déserte avec un seul livre dans votre valise. Quel serait-il ?

 

Une encyclopédie ! Peut-être bien le dictionnaire universel de Lachâtre, paru à la fin du 19ème siècle. Deux tomes fascinants que je viens de trouver dans un vide-grenier, où il ne faut pas chercher la définition de  l’avion ou de la télévision, mais où apparait une langue éblouissante.

 

Merci infiniment, chère Valérie, pour cet entretien très... privé !

 

Que votre nouveau roman soit couronné de succès.

 

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2019-08-29T06:00:00+02:00

La Symphonie du Nouveau Monde de Lenka HORNAKOVA-CIVADE

Publié par Tlivres
La Symphonie du Nouveau Monde de Lenka HORNAKOVA-CIVADE

Alma éditeur

Je suis devenue, au fil du temps, une inconditionnelle de la plume de Lenka HORNAKOVA-CIVADE découverte avec les 68 Premières fois (Mesdames les fées, vous aviez sacrément bien fait de vous pencher sur son berceau), c'était en 2016 déjà ! Elle m'avait alors fascinée avec ses "Giboulées de soleil", et puis il y a eu "Une verrière sous le ciel" et aujourd'hui, son retour avec "La Symphonie du Nouveau Monde", trois romans publiés dans la même maison d'édition. Trois romans, trois coups de cœur, la magie des mots à encore frappé !

Nous sommes en 2002 à Prague, dans le quartier de Karlin. Josefa a 64 ans. Son appartement est menacé par les crues de la Vltava. Un échange avec sa fille, Hana, tourne mal une nouvelle fois. Alors que les eaux commencent à envahir sa cave détruisant à jamais tous les livres qui y sont entreposés, elle mène l'un de ses derniers combats, celui de dicter l'apprentissage du français à sa petite-fille, Arielle. C'est elle déjà qui avait décidé du prénom de la fillette, et si maintenant, elle imposait une nouvelle fois sa vision des choses. Mais d'où lui vient cette obsession pour cette langue ? Cette nuit, elle dormira encore chez elle. Son gendre, Karel, annonce qu'il s'agira de la dernière, demain il faudra déménager. Josefa profite de ce moment de répit et de sa solitude pour sortir de sous son lit une boîte en carton, elle y gardait précieusement une poupée de chiffon. Le couvercle levé, les souvenirs resurgissent, là commence une nouvelle histoire... 


Ouvrir ce livre, c’est déverrouiller une porte bien cadenassée. P. 27

Lenka HORNAKOVA-CIVADE est une formidable conteuse, elle fait partie de ces écrivaines qui savent nous captiver dès les premières lignes avec des histoires romanesques profondément humaines, marquées par des itinéraires EXTRAordinaires. Josefa n'y échappe pas. Elle est née en 1953. C'est aussi cette année-là que Lenka HORNAKOVA-CIVADE décide de commencer à faire résonner la voix de Vladimír VOCHOC, un temps Consul général de la république tchécoslovaque à Marseille. Il s'interroge alors sur l'éventualité d'un tribunal pour juger de ses actes en temps de guerre. Vous l'aurez compris, la grande Histoire fait aussi partie des invités à la table de ce tout nouveau roman.

Passionnée du genre, j'ai adoré découvrir au bras de Lenka HORNAKOVA-CIVADE une nouvelle page de notre passé par le filtre de la République tchèque, son pays d'origine, une façon originale de prendre de la distance avec la France et de revisiter les relations entre nos deux pays. Mais l'écrivaine va beaucoup plus loin avec ce roman, elle restaure la mémoire d'un homme longtemps oublié, depuis quelques années dignement honoré avec le mémorial Yad Vashem israélien édifié à Jérusalem. Parce qu’Italo SVEVO écrivait dans « La conscience de Zeno » 

« Les choses que tout le monde ignore et qui ne  laissent pas de traces n’existent pas »

l’écrivaine mêle très habilement fiction et réalité à travers deux personnages à qui elle va proposer de se côtoyer le temps d'une lecture.

Le peuple juif est un personnage à part entière de ce nouveau roman dans lequel l'écrivaine nous parle de sa migration inlassable, de son déracinement, de la nécessité à chaque fois de s'ancrer à un territoire, avant de...


Partir. Comme toujours. Combien d’entre eux avaient-ils passé leur vie dans un seul et même lieu ? P. 83

L'auteure interroge une nouvelle fois la langue, ce qu'elle représente dans la culture de chacun, un sujet largement exploré dans "Une verrière sous le ciel".

Avouons qu'elle le fait magnifiquement et en français, s'il vous plaît, sa langue d'adoption à elle. Je suis toujours fascinée par la poésie, la beauté, la gravité aussi du propos de Lenka HORNAKOVA-CIVADE. C'est sans compter également sur la qualité de sa narration. Dans "La Symphonie du Nouveau Monde", elle choisit de donner la voix à plusieurs personnages, dont une poupée, un pari audacieux parfaitement réussi. Bravo.

Elle n'oublie pas non plus de faire référence à l'art, une discipline dans laquelle elle aime s'aventurer. Là, c'est la musique qu'elle convie en empruntant le titre de son roman au compositeur tchèque, Antonín Leopold DVORAk et son « Nouveau Monde ». Alors, pour que la boucle soit bouclée, quittons-nous en musique
 

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2019-08-27T06:00:00+02:00

Jour de courage de Brigitte GIRAUD

Publié par Tlivres
Jour de courage de Brigitte GIRAUD

Flammarion

Tout commence avec l'exposé de Livio, un élève de terminale, en cours d'histoire. Le sujet : les autodafés. Le jeune homme choisit d'explorer l'itinéraire de Magnus HIRSCHFELD à l'initiative de la création de l'Institut de sexologie en 1919 à Berlin en Allemagne, un homme avant-gardiste mais comme le dit le proverbe : "Nul n'est prophète en son pays". Magnus HIRSCHFELD s'attirera les foudres du parti nazi avec sa bibliothèque, ses consultations et autres conférences à l'attention notamment des homosexuels. Livio, lui, a quelque chose de très personnel à dévoiler à sa petite amie, élève de la classe, aux autres lycéens, et puis, à la terre entière.  

Brigitte GIRAUD dresse un portrait croisé de deux hommes qui, à un siècle d'écart, tiennent un propos en faveur de l'homosexualité. 

Ce roman honore aussi la mémoire d'un homme, Magnus HIRSCHFELD, méconnu de tous ou presque. Il y a plusieurs manières d'aborder l'Histoire, personnellement, j'opte pour la littérature qui peut inlassablement réécrire les événements. Alors qu'il a peut-être évoqué dans mes cours de lycée, qui datent un peu c'est vrai, là, je suis persuadée qu'il va rester encré dans ma mémoire à jamais. Certains diront qu'il s'agit d'un roman, certes, et alors ? Même si quelques éléments relèvent de l'imaginaire de l'écrivaine, elle s'est inspirée de faits réels, très documentés, qui donnent à voir l'oeuvre de Magnus HIRSCHFELD


Mais cette justice-là qu'évoquait Magnus HIRSCHFELD était tout autre, cette "justice grâce à la connaissance" n'avait qu'un but : faire admettre ce qu'il essayait de démontrer scientifiquement avec les membres de son comité, à savoir le caractère inné de l'homosexualité, et par là même espérer faire disparaître l'hostilité à son égard. P. 42

et l'ignominie du régime nazi à l'égard des minorités.

Avec "Jour de courage", Brigitte GIRAUD tient un propos militant à l'égard du pouvoir des livres et le risque grand de les voir instrumentalisés par les régimes dictatoriaux. Ils sont la première arme de guerre contre le despotisme, à nous de nous en saisir  ! Les livres qui sont une fenêtre sur le monde nécessitent aussi d'être protégés becs et ongles contre toute forme de pouvoir arbitraire on ne le répétera jamais assez. 


Là où l'on brûle les livres, on finit par brûler les hommes, citation tirée de la tragédie Almansor de Heinrich HEINE.

Confrontée aux faits historiques, il y a aussi une affaire personnelle. Par le biais de l'exposé scolaire, procédé ingénieux, Livio fait son coming-out devant une classe médusée. Il interroge, provoque, invite à la méditation. C'est avec ce type de roman que l'on fait évoluer le regard de notre société sur l'homosexualité, la littérature sert aussi à se construire soi-même, à grandir tout simplement.

La plume de Brigitte GIRAUD est percutante, ciselée et tranchante. Elle nous livre un roman à mettre dans toutes les mains pour assurer la mémoire de Magnus HIRSCHFELD et à travers lui, éclairer une page de notre Histoire qui malgré son centenaire n'a malheureusement pas pris une ride. 

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2019-08-26T16:55:00+02:00

La colonne brisée de Frida KAHLO

Publié par Tlivres
La colonne brisée de Frida KAHLO

Claire BEREST dans son tout dernier roman « Rien n’est noir » aux éditions Stock rend un hommage incandescent à Frida KAHLO en évoquant sa passion amoureuse pour Diego RIVERA.

Mais ce roman ne saurait se résumer à cette seule liaison sulfureuse entre les deux artistes.

Frida KAHLO a aussi été une jeune femme promise à un bel avenir, fauchée à l’âge de 18 ans par un terrible Accident. Ses multiples fractures la cloueront (et ce n’est pas un vain mot) régulièrement et sur de longues périodes dans un lit d’hôpital.

Si Claire BEREST égrène tout au long du roman des toiles de l’artiste peintre mexicaine, je choisis personnellement aujourd’hui d’évoquer « La colonne brisée » réalisée en 1944 qui représente cette femme sud-américaine, tenue droite artificiellement par une colonne de pierre antique.

Dans cette peinture, l’artiste nous livre un autoportrait que je trouve saisissant.

Elle est au premier plan et montre la dignité qu’elle s’est efforcée d’afficher auprès des siens et lors de ses déplacements dans le monde entier. Mais la souffrance est bien là, les larmes qui coulent sur son visage en témoignent.

Le corps ceinturé à l’image du corset qu’elle a dû longuement porter, elle a continué de jouir d’une sexualité que l’on pourrait qualifier de débridée. Elle a su préserver sa féminité qu’elle présente ici avec une poitrine totalement dévoilée.

Frida KAHLO évolue dans un environnement chahuté. À l’arrière-plan, tant le sol que le ciel semblent perturbés et en mouvement. Elle tente, contre vents et marées, de garder la tête haute, chapeau.

Vous l’aurez compris, « La colonne brisée » est ma #lundioeuvredart.

 

 

 

 

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2019-08-25T06:00:00+02:00

Un monde sans rivage d'Hélène GAUDY

Publié par Tlivres
Un monde sans rivage d'Hélène GAUDY

Actes Sud

Avec ce roman, Hélène GAUDY nous emmène en voyage, à travers le temps, les continents aussi.

Le 5 août 1930, des chasseurs de morses accostent sur l’île Blanche, Kvitøya, cette terre vierge habituellement inaccessible à cause de la glace qui l’entoure. Là, leur regard est attiré par un éclair brillant, un morceau de métal qui réfléchit les rayons du soleil. Avec la fonte des glaces, deux corps sont découverts, le troisième nécessitera des recherches archéologiques. Depuis 1897, partis en ballon à la découverte du pôle Nord, Nils STRINDBERG, Knut FRAENKEL et Salomon August ANDREE étaient portés disparus. Accompagnés d'une équipée d'hommes, des techniciens, des scientifiques, des mécaniciens, des journalistes, des notables, ils étaient seuls à s'envoler pour le continent blanc, objet de fantasmes de tous les explorateurs du XIXème siècle.  

Parce que les sciences ont ce pouvoir de révéler indéfiniment l'Histoire et la littérature de la réécrire, je me suis glissée avec un plaisir non dissimulé dans les pas d'Hélène GAUDY qui, outre l'expédition Andrée, nous raconte aussi les dernières avancées sur le sujet et rend hommage aux recherches réalisées par Bea UUSMA, Suédoise, qui a consacré la moitié de sa vie d'adulte à apporter une réponse à cette question qui la taraude :  De quoi sont-ils morts ?

Si voler est le plus vieux rêve  de l'homme, j'ai adoré monter à bord du ballon à hydrogène piloté par Salomon August ANDREE et me retrouver, en 1897, à vivre le périple de grands aventuriers. Bien sûr, on sait dès le début que l'épopée fut tragique mais quelle prouesse littéraire que de faire revivre l'itinéraire de ces hommes que rien au monde n'aurait pu retenir. 


Il aurait voulu tout anticiper mais bien sûr, c’est impossible, leur voyage ne ressemble à rien de connu, il était absurde d’en tracer l’esquisse. P. 65

Hélène GAUDY grâce à un travail méticuleux et l'étude de nombreuses archives, nous propose une version romancée de ce vol dans les airs, l'atterrissage forcé, la vie qui a suivi, à leurs risques et périls. 


Il n’y a plus de mots pour ce qui va suivre. Aucun récit ne témoigne de la façon dont ils ont rejoint l’île. Il a fallu l’inventer. P. 266

Ce roman est aussi un hymne à la photographie, registre auquel s'adonne Nils STRINDBERG. C'est grâce à lui et à ses nombreux clichés développés avec une infinie précision, au risque de réduire à néant les seules archives des événements,  en 1930 par Hertzberg de l’Institut royal de technologie de Stockholm, que nous connaissons une partie de ce que fut l'expédition Andrée. La photographie de la première de couverture en fait partie, elle témoigne du ballon écrasé sur la banquise.


Il s’y livre à des essais photographiques. Il étudie, développe, fabrique. Il apprend, déjà, à transformer leur vie en preuve, en souvenir. P. 79

Hélène GAUDY profite de l'opportunité qui lui est donnée pour restaurer la mémoire d'une femme, Léonie d’AUNET, à qui l'on doit la première cartographie en 1839 du Spitzberg, l’île principale de l’archipel de Svalbard. Si le grand public se souvient de son mari, le peintre Auguste BIARD, et son adultère avec Victor HUGO qui lui vaudra d'être emprisonnée et internée dans un couvent, loin de ses deux enfants, peu ont en mémoire l'apport de son travail. Si "Un monde sans rivage" met en lumière trois explorateurs, des hommes, le roman permet de rééquilibrer l'ordre du monde, qu'on se le dise ! 

Je n'avais pas lu de roman d'aventure depuis bien longtemps, celui-là est exceptionnel. Nul doute que vous aussi tomberez sous le charme de la plume d'Hélène GAUDY, fluide, rythmée, haletante. Bon vol !
 

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2019-08-24T06:00:00+02:00

Les veilleurs de Sangomar de Fatou DIOME

Publié par Tlivres
Les veilleurs de Sangomar de Fatou DIOME

Albin Michel

Le 26 septembre 2002, au large de Dakar sombre le ferry Joola avec ses 2 000 passagers. Seuls 64 survivent au naufrage. Parmi les disparus, il y a Bouba, le mari de Coumba, tous deux parents de la petite Fakidiine âgée de 5 mois. De confession musulmane, la veuve est recluse pendant quatre mois et dix jours. Dans la chambre au sein de la maison de sa belle-famille, Coumba fait part des voix qu'elle entend la nuit, celles de Sangomar, l'île sacrée où sont accueillis les défunts et djinns. Les mauvaises langues du village ne tardent pas à laisser croire que Coumba perd la raison. Incomprise, la jeune femme décide alors de se vouer au silence. Entre réalité et songe, la veuve profite des nuits pour libérer son coeur dans l'écriture et se laisser guider par les Immortels, les aimés.

Ce conte est un livre sur le deuil bien sûr. Avec le personnage de Coumba, Fatou DIOME déroule jour après jour le fil de l'existence de cette femme qui, après avoir été une jeune mariée, se retrouve tout de blanc vêtue pour célébrer le décès de son défunt mari. Le huis clos de la chambre dans laquelle Coumba se retrouve seule avec sa fille est une formidable opportunité pour la jeune femme d'imaginer son avenir et donc, de trouver la voie de sa propre résilience. Il y a une autre dimension au deuil apportée par l'écrivaine avec l'intervention des parents de Pauline, cette jeune infirmière partie en mission humanitaire en Afrique, également naufragée du Joola. Là pas de mot de vocabulaire pour traduire leur nouveau statut mais que de souffrances.


Quand la mélancolie est privée de mots, elle pêche des algues rouges au fond des yeux. P. 40

Mais ce roman est aussi une formidable preuve d'amour faite par une jeune femme à son mari. Coumba et Bouba venaient de célébrer un mariage d'amour que le destin est venu fracasser. Pour autant, Coumba reste fascinée par le personnage de son mari au point de laisser envoûter par sa voix, celle d'un Immortel, l'aimé ! J'ai beaucoup aimé cette narration de l'imaginaire qui offre des parenthèses dans un roman rythmé par les jours, mais aussi et surtout, les nuits. C'est quand la petite Fadikiine dort et que les visites s'interrompent que Coumba peut enfin communiquer avec les défunts de l'île de Sangomar. C'est dans ces dialogues que Coumba va puiser la force de se reconstruire, celle de se rebeller aussi devant les intentions de mère et belle-mère de la voir très vite remariée. 


De l'acquiescement à l'exécution d'un ordre, il y a la souveraineté d'une volonté. P. 165

Fatou DIOME dresse avec Coumba un magnifique portrait de femme, résistante, libre. C'est aussi le très beau tableau d'une mère. Au fil des jours et malgré l'exiguïté des lieux, Coumba va tisser avec sa fille une relation indéfectible, de celles qui trouvent leur source dans la maternité, l'union des corps, la chair, un lien viscéral plus fort que tout.


Etre mère, c'est vivre au service d'un être en devenir, même quand on ne veut plus du tout exister pour soi-même. P. 170

Et puis, ce roman c'est un hymne à l'écriture. Incomprise de son environnement familial, Coumba décide d'exprimer ses sentiments avec des mots qu'elle couche sur le papier. Très vite, le lecteur prend connaissance du dessein de cette mère, transmettre à sa fille ce qu'était son père, offrir à Fakidiine la possibilité de découvrir les réponses aux questions qu'elle ne manquera pas, plus grande, de poser à propos de Bouba. 


L'écriture n'arrête aucune honte, mais elle apprend à s'y tracer un sillage à coups de rames, n'importe quelle rive étant préférable à la noyade. P. 9

Ce livre, je l'ai lu aussi comme un acte militant, contre les Métamorphosés d'abord, ceux qui au nom de la religion revendiquent telle ou telle obligatoire alors même qu'ils ne connaissent pas les textes sacrés, contre les Européens aussi qui lors du naufrage du Joola, parce qu'il s'agit d'un fait réel, ne se sont pas indignés de la mort de près de 2 000 personnes. Fatou DIOME assure la mémoire d'un événement qui n'aurait jamais dû avoir lieu si le ferry sénégalais n'avait accueilli quatre fois le nombre de passagers autorisé. Que l'on ne s'y trompe pas, le naufrage du Joola n'est pas l'affaire de Dieu !

Avec "Les veilleurs de Sangomar", j'ai découvert la plume de Fatou DIOME, éminemment romanesque, délicate, tout en pudeur, qui par la voie du conte trouve un très beau terrain de jeu philosophique. 

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2019-08-23T06:00:00+02:00

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

Aux Forges de Vulcain


Il y a des romans qui vous inspirent une sensation de bien-être, de plénitude, de sérénité... et d'autres qui résonnent comme des  bombes, vous laissant littéralement sur le carreau, exsangue. Assurément, le premier roman d’Alexandra KOSZELYK fait partie de ceux-là. Enoooorme coup de coeur de cette rentrée littéraire.

Lena vivait en Ukraine, près de Kiev, à Pripiat très précisément, cette ville construite de toutes pièces pour loger les employés de la centrale nucléaire. Ses parents, Dimitri et Natalia, faisaient partie du cercle des éminents scientifiques russes, lui y travaillait. Depuis sa plus tendre enfance, Lena nourrissait une relation d'amitié avec Ivan, un garçon de son âge. Ensemble, ils découvraient la nature, les choses de la vie. Avec les années, les jeux ont évolué, les sentiments aussi jusqu'au 26 avril 1986, date de l'accident à la centrale de Tchnernobyl. Dimitri a découvert très vite l'ampleur de la catastrophe et organisé, en toute urgence, l'exil de sa famille. Pas le temps de dire au revoir, pas de valises à emporter non plus. A leur arrivée en France, les parents ont imposé à leur fille d'oublier la vie passée, de se construire un avenir dans ce nouveau pays. Pour mettre fin au souvenir d'Ivan, son père lui a fait croîre à sa mort. Léna a bien essayé de s'intégrer en France, d'apprendre une nouvelle langue, de se faire des nouveaux amis, elle n'a malheureusement jamais réussi à combler le vide abyssal laissé par ses origines et son tendre amour pour Ivan. Une bonne vingtaine d'années après l'événement, avec des touristes, elle participe à une visite guidée du site pollué !

Si je me souviens très bien de cette année-là, des images télévisées des enfants rongés par le cancer de la thyroïde sur des lits d'hôpitaux austères et spartiates conformes à l'idée que l'on se faisait de l'U.R.S.S., je n'avais plus jamais repensé à ce territoire, ces populations, honte sur moi. Il aura fallu l'audace d'une toute nouvelle écrivaine pour me rappeler cette catastrophe environnementale et mesurer l'ampleur du cataclysme psychologique de celles et ceux qui ont pu fuir à l'étranger, et les autres, condamnés à vivre dans leur pays, dans une cité sans âme construite à la va vite pour répondre aux besoins des familles, voire retournés dans le champ de ruines laissé par l'explosion nucléaire. Alexandra KOSZELYK, que je suis de longue date dans le cadre de son blog Bricabook et avec qui j'ai eu l'honneur et l'avantage de vivre le jury 2018 France Bleu_Page des Libraires, fait partie de ces gens que rien n'arrête, pas même l'idée d'être en tête d'un peloton d'écrivains qui se consacreront dans les décennies à venir à l'histoire de Tchernobyl. Hardie, elle l'est ! Si souvent la littérature donne lieu à une profusion d'ouvrages quand la génération ayant vécu les traumatismes s'éteint, à l'image de la seconde guerre mondiale traitée massivement 70 ans plus tard, on se dit qu'elle a au moins 40 ans d'avance, chapeau.

Si aujourd'hui, de nombreux touristes se rendent sur les lieux, destination à la mode s'il en est, Lena, elle, cherche quelque chose de plus dans cette "excursion". On le sent dès les premières lignes, cette femme a quelque chose à voir avec ce territoire dont elle est meurtrie. J'ai ressenti très vite le poids angoissant d'une Histoire trop lourde à porter.

Dans ce roman, il est question de la terre nourricière. Là où l'écrivaine m'a littéralement bluffée, c'est en invitant la nature à la table des personnages de son roman. Alors que mon cerveau avait mémorisé les images d'une région en cendres, d'un champ de ruines, d'une ville fantôme... Alexandra KOSZELYK, dans un style éminemment descriptif, y substitue celles d'une végétation envahissante, d'être vivants en fort développement, assoiffés de terres irradiées. Là où je voyais du gris, elle met du vert. Là où je présumais l'immobilisme, elle propage le mouvement. Là où je flairais la mort, elle insuffle la vie, tout simplement, et pourtant ! Au fil des pages, l'écrivaine donne à voir une autre réalité de la zone contaminée, elle laisse lentement s'imprégner dans les pores de la peau la sève d'un renouveau pour, progressivement, réintroduire dans le décor des vies humaines. 


Là, des arbres poussent et repoussent les anciennes infrastructures des hommes. Les bâtiments carrés des années 1970 se teintent d'Art nouveau avec cet enchevêtrement de feuilles. Leurs branches perforent les fenêtres et les bâtiments. Ils entourent les colonnes de béton et forment des guirlandes enchanteresses. P. 17

Alexandra KOSZELYK traite du sujet de la terre d'adoption. Avec le portrait de Lena, et de sa grand-mère, Zenka, elle aborde l'exil, la migration, le déracinement... autant de plaies dont la cicatrisation laisse une trace indélébile dans la chair des êtres, dans leur esprit aussi. Malgré ses efforts d'intégration, Lena demeure torturée par l'absence de son pays, ses origines, sa langue, toutes ses fondations, tout ce qui lui permettait de se maintenir en équilibre. A la lecture du roman, j'ai ressenti jusque dans mes tripes les états d'âme de Lena, l'ampleur des sacrifices, l'impossibilité à se REconstruire ailleurs que dans son pays, celui qui l'a vu naître.


Elle revint avec un cœur funambule : l’absence piétinait la peine et l’espoir réunis. P 88

"A crier dans les ruines" montre, s'il en était besoin, à quel point les liens établis à la terre d'origine sont d'une force irrépressible. A travers ses études, ses voyages, d'autres ruines, Lena a bien essayé de substituer à son pays la vie d'autres. A force de lectures, d'imaginaire, de contes et légendes, elle s'est donné aussi une chance de vivre par procuration d'autres vies que la sienne


Ce livre devint sa famille d’adoption, de celle qui console de l’incommensurable abandon. P.83

mais rien n'y a fait. Son appartement, son parc, son arbre qu'elle partageait avec son amoureux, l'ont irrémédiablement amenée à quelque chose d'inéluctable, son retour au pays ! J'ai adoré explorer au bras d'Alexandra KOSZELYK l'intimité de cette femme, ses sentiments, sa force de VIVRE. 


Un à un, Léna retissa les anciens liens, les étira sur toute leur longueur, les polit pour leur redonner leur couleur d’autrefois. P. 214

Ce roman, il a pour moi la résonance d'un propos militant. Si d’aventure on pensait encore que l’homme n’y est pour rien dans les fortes chaleurs que l’on vit cet été, il est des catastrophes environnementales dont il est bien le seul responsable, à commencer par l’accident de Tchernobyl avec des conséquences sur l’économique et le social, les trois piliers du développement durable ! Parce que les concepts ne suffisent plus à nous faire prendre conscience de nos erreurs à l’égard de notre planète. Alexandra KOSZELYK avec son premier roman donne une dimension humaine aux événements. Lena et Ivan incarnent ce que sont déjà et seront en nombre effroyable d'ici peu les réfugiés climatiques. C’est par l’itinéraire de gens ordinaires - Lena et Ivan pourraient être nos amis - que l’écrivaine rend explosif le propos, un procédé ingénieux, audacieux et réussi. 

La plume est d'une sensibilité dramatique et bouleversante, l'histoire captivante, le rythme haletant. Bref, cette lecture est un CRI du coeur.

Le premier roman d'Alexandra KOSZELYK fait partie de la sélection des 68 Premières fois

 

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

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2019-08-22T06:00:00+02:00

Rien n'est noir de Claire BEREST

Publié par Tlivres
Rien n'est noir de Claire BEREST

Stock

 

Claire BEREST, avec son tout nouveau roman, nous emmène à la rencontre de Frida KAHLO, un portrait tout à fait saisissant d’une grande Dame de la peinture.

 

Nous sommes en 1928. Alors que l’artiste Diego RIVERA réalise une fresque murale monumentale pour le Ministère de l'Education, Frida, l’effrontée de 20 ans sa cadette, l’interpelle et lui demande de descendre de son échafaudage pour lui montrer quelque chose. Elle a, avec elle, deux tableaux. Elle veut son avis. Il lui donne rendez-vous le dimanche suivant avec une nouvelle toile. C’est ainsi qu’une relation passionnelle va s’engager entre deux personnages hauts en couleur : Diego RIVERA dont la qualité du travail artistique va grandissante, Frida KAHLO promise dès son plus jeune âge à un parcours atypique (à 15 ans, elle fait partie des premières filles à entrer à la Prépa) et ambitieux (passionnée d’anatomie et de biologie, elle veut être médecin). C’est à 18 ans que Frida KAHLO a un terrible accident de bus avec de multiples blessures qui la clouent à un lit d’hôpital pendant 3 mois et l’obligent à une nouvelle intervention chirurgicale l’année suivante. C’est alors que Frida demande à son père, allemand d’origine, photographe de formation, passionné de piano, de lui apporter un chevalet, des pinceaux et de la peinture. Grâce à l’installation judicieuse d’un miroir au sommet de son lit à baldaquin, Frida commence à peindre, bien qu’alitée. Une nouvelle page de sa vie s’ouvre alors...

 

Claire BEREST, c’est avant tout une rencontre. J’ai eu l’immense chance de participer le samedi 29 juin dernier à Paris à la présentation de la rentrée littéraire des éditions Stock et d’assister à un exposé de fougueux, passionné et passionnant, de l’écrivaine. A travers sa manière, très personnelle, de révéler Frida KAHLO, je me suis retrouvée dans un tourbillon de couleurs, de sentiments, à partager l’intimité d’une artiste mexicaine EXTRAordinaire. Au final, je ne sais plus très bien qui est la plus enflammée des deux, Claire BEREST ou Frida KAHLO, les deux certainement !

 

Quant au roman, il s’inscrit dans la droite ligne de ce moment tellement enthousiasmant.

 

D’abord, il traite de la vie de deux artistes peintres nés à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, au moment même où, au Mexique, un mouvement historique de vulgarisation de l’art est lancé par le Ministre de l’Education, Vasconcelos, qui veut rendre la culture accessible à tous.


La peinture est devenue monumentale, accessible et édifiante, elle donne aux analphabètes le droit de lire leur histoire nationale, aux pauvres, le droit de vibrer gratis, à tous, leurs racines indiennes sublimées. P. 31

C’est à cette période que les murs se parent de fresques monumentales, Diego RIVERA est au rendez-vous, il intervient notamment sur l’amphithéâtre Bolívar de Mexico. De nouvelles opportunités s’ouvrent à lui, à l’international. Rockfeller en personne lui commande une oeuvre pour le RCA Building de New-York. Quand on sait que Diego RIVERA était communiste...  

 

Avec « Rien n’est noir », vous plongez au coeur de l’Histoire du Mexique et du streetart qui se distingue encore aujourd’hui. Vous visitez aussi le monde et côtoyez les hommes, capitalistes, en quête de montrer ô combien leur pouvoir est grand.

 

C’est aussi une histoire d’amour, ardente, bouillonnante, impétueuse, entre deux artistes, mais aussi deux personnalités totalement débridées. Rien ne saurait les arrêter ! Diego RIVERA ose faire un pied de nez au commanditaire de l’oeuvre du RCA Building en y ajoutant effrontément une figure de Lénine comme la touche finale d’une création artistique devenue militante. Le ton est donné. Vous imaginez bien que la vie de ces deux-là ne va pas être un long fleuve tranquille. Ils vont s’aimer passionnément, se haïr aussi ! A leur séparation, Frida KAHLO s’offre tous les hommes qu’elle peut, ils subliment tous Diego RIVERA dans ce qu’ils ont de faible, fragile, et elle en jouit.

 

J’ai adoré découvrir Frida KAHLO seule aussi. Elle est flamboyante et multiplie les symboles qui me ravissent. Rien n’est laissé au hasard. Elle s’habille avec des robes très colorées venues de l’isthme de Tehuantepec, une région du Mexique où les femmes sont les chefs de famille. A travers cette culture matriarcale qu’elle honore, elle contribue à véhiculer un message d’anticipation des femmes. Et des femmes, prodigieuses, elle va en rencontrer, à commencer par Lucienne Bloch, assistante de Diego RIVERA, fille du chef d’orchestre Ernest BLOCH, avec laquelle va s’instaurer une grande complicité en lien avec leurs deux pères photographes. Elle va aussi se délecter des plaisirs qu’offre Paris au bras de Jacqueline BRETON, l’épouse de l’écrivain. Elle va rencontrer Dora Maar, la compagne de PICASSO, elle-même peintre, photographe, poète. Frida KAHLO poursuit un rythme frénétique de création artistique, elle peint comme elle respire. Loin d’elle l’idée d’analyser son propre travail, elle s’en étonne quand des critiques s’y attellent. 


Peindre est une facette d’elle-même parmi d’autres, un trait de sa personnalité, comme de jurer constamment, de collectionner les poupées ou de se méfier des gens qui se prennent au sérieux. P. 209

« Rien n’est noir » est une très belle opportunité de prendre connaissance des toiles peintes par Frida KAHLO, personnellement j’ai un faible pour « La Colonne brisée » réalisée en 1944.

 

Ce roman est un coup de coeur à plus d’un titre.

 

Il y a le fond bien sûr. À travers l’itinéraire d’une femme éminemment romanesque, Claire BEREST égrène, comme autant de bijoux dont se pare Frida KAHLO, des souvenirs historiques qui font que le monde est ce qu’il est aujourd’hui. Elle honore aussi la mémoire d’une grande Dame de la peinture.

 

Il y a la forme aussi. Claire BEREST intitule ses chapitres des couleurs primaires utilisées par Frida KAHLO. Mais l’écrivaine qui, comme son icône, a le souci du détail, va plus loin en donnant systématiquement la signification de la nuance évoquée, initiant ainsi le lecteur au symbolisme des couleurs, les associations mentales, les fonctions sociales et les valeurs morales qui y sont liées.

 

La narration est foisonnante, à l’image de la vie de l’artiste célébrée. Elle est poétique aussi :


La peinture c’est un lieu sur la mappemonde de son caractère. P. 209

Claire BEREST maintient un rythme ahurissant qui donne à cette lecture une vivacité et un dynamisme absolument remarquables. J’en suis sortie envoûtée, et aussi sans voix. Je me sens déjà orpheline de la lumineuse Frida KAHLO et me prends à rêver de la vie qu’elle aurait pu mener s’il n’y avait eu l’Accident !

Quant à la plume de l’auteure, j’ai maintenant une furieuse envie d’aller plus loin. Vous me conseillez "Gabrièle" ?

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2019-08-21T17:07:31+02:00

La #RL2019, le crû du 21 août !

Publié par Tlivres
La #RL2019, le crû du 21 août !

Aujourd'hui, c'est la fête en librairie ! Le bal de la #RL2019 est lancé, de nombreuses femmes (seulement elles !)  sont au rendez-vous (Messieurs, ressaisissez-vous) !

Il y a 

Valérie TONG CUONG avec "Les guerres intérieures"

Claire BEREST avec "Rien n'est noir"

Hélène GAUDY avec "Un monde sans rivages"

Sophie BASSIGNAC avec "Le plus fou des deux"

Brigitte GIRAUD avec "Jour de courage"

Fatou DIOME avec "Les veilleurs de Sangomar"

Jeanne BENAMEUR avec "Ceux qui partent".

Si certains optent pour le régime 5 fruits et légumes par jour, pour moi, ça sera une chronique par jour, pas mal, non ?

Ce message est une invitation à me suivre dans mes découvertes. Alors, 1, 2, 3, partez !

 

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2019-08-21T06:00:00+02:00

Les guerres intérieures de Valérie TONG CUONG

Publié par Tlivres
Les guerres intérieures de Valérie TONG CUONG

Lattès


Roulement de tambour s’il vous plaît pour la sortie aujourd’hui en librairie du tout dernier roman de Valérie TONG CUONG !

Après son roman historique « Par amour », elle retrouve le registre du thriller psychologique dans lequel, avouons-le, elle excelle.

Après vous en avoir livré les premières lignes, place aujourd’hui à la chronique dans son intégralité !

Pax est comédien. Il va tourner le film de sa vie. Parallèlement, il intervient avec Elisabeth chez Théa et Cie et propose du coaching en entreprise par le théâtre. C’est dans ce cadre qu’il croise le destin d’Emi Shimizu chez Demeson, une société de déménagement qui déplore un deuxième accident de sortie de route en 6 mois, certainement un suicide. Elle souhaite mener une action de prévention des risques auprès des salariés. Emi, d’origine japonaise, traverse à titre personnel une situation de crise, son fils Alexis en classe prépa a été agressé dans son appartement et laissé pour mort. Lors du premier rendez-vous de Pax et Emi, les regards font mouche, le coup de foudre ! Vous voyez les choses venir : « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »... et bien, vous vous trompez. Il faut dire que Pax s’est autorisé récemment quelques arrangements lors de l’enquête menée par les services de police dans son immeuble suite à une agression. Et s’il s’agissait d’Alexis ? Et si les étranges bruits sourds entendus lorsqu’il se préparait pour le rendez-vous de sa carrière avec son réalisateur de cinéma étaient ceux du corps de l’adolescent en proie à la violence d’un forcené ?

C’est ainsi qu’un roman intitulé « Les guerres intérieures » commence ! Vous pouvez imaginer que Valérie TONG CUONG, une fois le lecteur pris à la gorge, ne desserrera la pression que dans les toutes dernières pages.

Je ne vous donnerai pas beaucoup plus de détails sur l’intrigue sauf qu’il s’agit, une nouvelle fois, d’une prouesse littéraire. Valérie TONG CUONG est désormais une habituée du genre. Après « L’ardoise magique », « Pardonnable, impardonnable », elle poursuit son bout de chemin dans l’écriture en diffusant juste assez d’indices pour tenir le lecteur en haleine. Tous les ingrédients d’un bon thriller sont réunis.

Quant à la psychologie des personnages, elle est, vous pouvez me croire, ciselée à l'envie. Parce que l'être humain est tout en nuance, j'ai choisi, le temps d'une chronique, de lier "Les guerres intérieures" de Valérie TONG CUONG à l'oeuvre de Nicolas BOISBOUVIER, une illustration qui s'est imposée à moi comme une évidence. 

Comme le disait Friedrich NIETZSCHE  : "Le diable est dans les détails", le scénario monté de toutes pièces par l'écrivaine nous en convainc. Elle construit le jeu des personnages autour d'un sentiment déjà largement exploré par le passé, celui de la culpabilité. Et dans ce cadre, il faut dire que Pax présente tous les critères d’éligibilité, il est au sommet de sa gloire, il ne peut que plonger !


Croire que rien n’est définitif, que toute faute peut être corrigée est indispensable à sa survie. P. 170

Et parce que Valérie TONG CUONG pense que "Personne n’est innocent. Nous avons tous nos moments de faiblesse, cela fait partie de la donne, pour tout être humain", l'écrivaine met les projecteurs sur Emi qui, elle aussi, a quelques secrets bien gardés, enfin, elle croît ! Voilà de quoi donner en effet un caractère universel au sentiment et de quoi vous offrir quelques heures de méditation sur votre cas personnel ! Peut-être ne dormirez-vous pas aussi bien après cette lecture...

J’ai personnellement beaucoup aimé l’approche de l’exil par l’auteure et de ses conséquences sur l’individu. Emi est originaire du Japon, elle ne s’est jamais vraiment sentie à sa place en France.


Il y a longtemps qu’elle a analysé la logique inexorable qui a pesé sur sa famille et engendré ce sentiment épuisant d’un monde disharmonique. P. 40

Si l’immigration est souvent traitée à travers le filtre de la couleur de peau, là il n’en est rien et pourtant, Emi mesure à quel point sa culture diffère de celle de son pays d’adoption, un exemple qui contribue une nouvelle fois à nous faire avancer sur le chemin de la différence.


Elle a accepté d’être pour toujours une half, ou hafu, ce terme entendu lors de son deuxième voyage au Japon, à vingt ans, qui lui a enseigné qu’elle demeurerait une étrangère, où qu’elle vive. P. 43

Ce roman est une nouvelle fois très réussi.

La plume de Valérie TONG CUONG, on voudrait ne jamais avoir à la quitter. D’une profonde sensibilité, délicate et raffinée, elle sait nous happer avec force et nous maintenir sous son emprise le temps de la lecture. Pour tout vous dire, je crains déjà le sevrage !

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2019-08-20T11:57:54+02:00

Ces rêves qu'on piétine de Sébastien SPITZER

Publié par Tlivres
Ces rêves qu'on piétine de Sébastien SPITZER

En réponse à l'invitation de Dis_moi_10_phrases de lancer un Cycle de l’été autour des Premiers romans et pour faire suite aux

 "Giboulées de soleilde Lenka HORNAKOVA-CIVADE,

"Une bouche sans personne" de Gilles MARCHAND,

"Fugitive parce que reine" de Violaine HUISMAN,

"Fils du feu" de Guy BOLEY,

"Piano Ostinato" de Ségolène DARGNIES,

 "Je me suis tue" de Mathieu MENEGAUX,

"Celui qui disait non" d'Adeline BALDACCHINO,

"Les heures solaires" de Caroline CAUGANT,

"Luwak" de Pierre DERBRE,

"Maestro" de Cécile BALAVOINE,

"La chambre  des merveilles" de Julien SANDREL,

"Jupe et pantalon" de Julie MOULIN,

"En attendant Bojangles" d'Olivier BOURDEAUT,

place au roman de Sébastien SPITZER "Ces rêves qu'on piétine", un énorme coup de coeur découvert une nouvelle fois avec les 68 Premières fois

C'est mon #mardiconseil !

Il existe maintenant en version poche.

 

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2019-08-19T12:13:32+02:00

Love yourself de Botero.pop

Publié par Tlivres
Love yourself de Botero.pop

Parce qu’il y a plusieurs manières de dire à ses proches de croire en eux, de s’aimer soi-même pour mieux aimer les autres, personnellement je choisis l’expression artistique de Botero.Pop découverte hier au gré d’une promenade dans les rues d’Angers, près de la place Molière.

Cette création réalisée au collage est ma #lundioeuvredart, l’occasion de faire connaissance avec l’univers d’un artiste angevin.

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2019-08-17T07:41:19+02:00

Ceux qui partent de Jeanne BENAMEUR

Publié par Tlivres
Ceux qui partent de Jeanne BENAMEUR

Parce que le bal de la #RL2019 offre la possibilité de retrouver des plumes avec lesquelles une fidélité s’est au fil du temps établie, des plumes d’une profonde sensibilité, des plumes si belles que vous transformez les livres en hérissons à force d’y insérer des marque-pages ! Roulement de tambour pour Jeanne BENAMEUR et son tout dernier roman « Ceux qui partent » publié chez Actes Sud. Il sort le 21 août en librairie, je vous en livre les toutes premières lignes...


Ils prennent la pose, père et fille, sur le pont du grand paquebot qui vient d’accoster. Tout autour d’eux, une agitation fébrile. On rassemble sacs, ballots, valises. Toutes les vies empaquetées dans si peu.

Eux deux restent immobiles, face au photographe. Comme si rien de tout cela ne les concernait.

Lui est grand, on voit qu’il a dû être massif dans sa jeunesse. Il a encore une large carrure et l’attitude de ceux qui se savent assez forts pour protéger. Son bras est passé autour des épaules de la jeune fille comme pour la contenir, pouvoir la soustraire d’un geste à toute menace.

Elle, à sa façon de regarder loin devant, à l’élan du corps, buste tendu et pieds fermement posés sur le sol, on voit bien qu’elle n’a plus besoin de personne.

L’instant de cette photographie est suspendu

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2019-08-16T07:03:00+02:00

En attendant Bojangles d'Olivier BOURDEAUT

Publié par Tlivres
En attendant Bojangles d'Olivier BOURDEAUT

En réponse à l'invitation de Dis_moi_10_phrases de lancer un Cycle de l’été autour des Premiers romans et pour faire suite aux

 "Giboulées de soleilde Lenka HORNAKOVA-CIVADE,

"Une bouche sans personne" de Gilles MARCHAND,

"Fugitive parce que reine" de Violaine HUISMAN,

"Fils du feu" de Guy BOLEY,

"Piano Ostinato" de Ségolène DARGNIES,

 "Je me suis tue" de Mathieu MENEGAUX,

"Celui qui disait non" d'Adeline BALDACCHINO,

"Les heures solaires" de Caroline CAUGANT,

"Luwak" de Pierre DERBRE,

"Maestro" de Cécile BALAVOINE,

"La chambre  des merveilles" de Julien SANDREL,

"Jupe et pantalon" de Julie MOULIN,

place au premier roman d'Olivier BOURDEAUT "En attendant Bojangles", un énorme coup de coeur découvert une nouvelle fois avec les 68 Premières fois

C'est ma #vendredilecture !

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2019-08-15T06:00:00+02:00

Où bat le coeur du monde de Philippe HAYAT

Publié par Tlivres
Où bat le coeur du monde de Philippe HAYAT

Calmann Levy https://calmann-levy.fr/


La #RL2019 de septembre est désormais une réalité, les rayonnages des librairies croulent sous les nouveautés, à commencer par "Une joie féroce" de Sorj CHALANDON et... "Où bat le cœur du monde" de Philippe HAYAT, une épopée romanesque tout à fait remarquable.

Nous sommes en 1935 dans la ville de Tunis. Darius Zaken est un petit garçon de la communauté juive de hara. Quand une tempête de sable sévit sur la ville, les Arabes, très en colère, s'en prennent aux Juifs qu'ils considèrent responsables de la perte de leurs récoltes et de leur misère. Ils mettent le feu à la librairie du père de Zaken qui mourra dans l'incendie, plongeant l'enfant dans un irréductible mutisme émotionnel. Plus un mot ne sortira de sa bouche, on le lit dans les toutes premières pages. Sa mère, fille de médecins d'origine italienne, nouvellement endeuillée, va se sacrifier pour l'avenir du garçon. Elle va s'inspirer du manuel des signes de l’Institut des Jeunes Sourds de Paris pour contrer le handicap de son fils. Elle va multiplier les petits boulots. C’est lors d'une soirée où Darius vient l’aider à gérer le vestiaire du théâtre qu’il se laisse guider par quelques notes de musiques... la voie d'une nouvelle vie.

Ce roman est un « multicarte » de cette rentrée littéraire.

C’est d’abord un roman initiatique. Tout au long des 429 pages, Philippe HAYAT égrène la vie de Darius Zaken depuis sa plus tendre enfance et la scène tragique de la mort de son père jusqu’à son dernier concert. Toute la première partie a un petit air de « La promesse de l’aube » de Romain GARY sous l’angle d’une relation mère-fils empreinte d’une ambition maternelle trop lourde à porter pour un enfant plongé dans le malheur. La jeune femme, splendide, cultivée, imagine de toutes pièces un nouveau château de cartes familial reposant sur la réussite scolaire du fils qu’elle rêve ingénieur. Mais les choses ne se passent pas tout à fait comme elle le souhaite, la pression va grandissante, Darius n’aura bientôt plus d’autres échappatoire que de partir pour s’émanciper de la toxicité de la pression de sa mère. J’ai beaucoup aimé, personnellement, le personnage de Lou dans son ouverture sur le monde. Elle voudrait être actrice, elle ne réussit pas et pourtant, c’est elle qui va lui offrir sa première clarinette, s’évertuer à le faire dompter son génie… elle agit comme un mentor.

C’est aussi un roman d’aventure. Philippe HAYAT, au bras de Darius, va nous promener à travers les âges (70 ans vont à peu près s’écouler), à travers les continents aussi (parti de Tunisie, il va accéder à l’Europe via la Sicile puis accoster aux Etats-Unis). Le personnage du garçon est éminemment romanesque, l’auteur lui fait vivre une véritable épopée devant laquelle j’ai succombé. J’ai adoré aussi les passages sur ce qu’il est devenu à New-York, sa rencontre avec Dinah, une prostituée noire.
C’est encore un roman historique. J’ai découvert le passé du peuple juif en Tunisie, la libération de la Sicile… plus joyeux même s’il a puisé ses sources dans les souffrances du peuple noir, le jazz.


Un morceau de jazz, c’était cent portes à ouvrir, dont chacune donnait sur cent autres. P. 173

Là, c’est une véritable fresque historique, une revue du mouvement musical et de ses grandes figures. L’auteur offre l’opportunité à Darius de rencontrer Miles DAVIS, Charlie PARKER… mais ne vous y trompez pas, Darius n’est que le fruit de l’imagination de Philippe HAYAT, c’est peut-être d’ailleurs là le talent de l’écrivain que de nous faire croire en l’existence réelle du personnage alors même qu’il n’est que fiction !

Enfin, la cerise sur le gâteau, Philippe HAYAT nous berce avec délice des notes de musique de la clarinette de Darius, il sublime cette discipline artistique avec ses mots. Je ne suis pas musicienne mais avec ce roman, j’ai eu l’impression de ressentir la puissance de la musique, de vibrer, quoi !


Sa mélodie pouvait se tendre comme un fil d’acier, se désarticuler, ou se déchirer comme une étoffe. Il jouait des sons et des silences. D’une caresse, il avait apaisé mes frayeurs. P. 55

Avec « Où bat le cœur du monde », j’ai découvert la plume de Philippe HAYAT, sensible, fabuleuse, chaloupée, énergique. La narration y est parfaitement orchestrée dans un rythme haletant, je ne me suis pas ennuyée une seule minute ! Il a réalisé d'importantes recherches historiques qui viennent étayer un roman empreint d'une multitude de faits, réels, eux. Quant aux personnages, ils sont très attachants. J'ai un petit faible, je l'avoue, pour les portraits des femmes qui ont compté dans la vie de Darius, des personnes lunaires qui vont de l'avant, repoussent les limites, et lui offrent, chacune à leur manière, la force de l'amour.

Parce que les premières lignes suffisent parfois à vous captiver... un clic suffit !

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2019-08-14T06:00:00+02:00

Une joie féroce de Sorj CHALANDON

Publié par Tlivres
Une joie féroce de Sorj CHALANDON

Grasset

Sorj CHALANDON est homme de coups de maîtres. Je me souviens de la lecture de ses derniers romans : "Le quatrième mur", "Le jour d'avant".

Dans "Une joie féroce", son style n'a pas pris une ride. Quelle claque !

Quatre femmes sont à bord d'une voiture et s'apprêtent à commettre un acte... irréparable. Jeanne fait partie du complot, c'est la narratrice. Avec Brigitte, Mélody et Assia, elles forment une sorte de communauté. Malgré leur différence d'âge, leurs origines, un point commun les rassemblent : le cancer. C'est dans la salle d'attente de l'hôpital qu'elles ont fait connaissance. Jeanne n'était pas accompagnée, Matt disait ne pas pouvoir le supporter. Elles se sont caressées du regard, se sont effleurées des mains, ainsi est née une forme de complicité, de ces relations qui deviennent avec le temps plus fortes que tout. Alors de là à imaginer réaliser un braquage toutes ensembles, il n'y a qu'un pas, non ? 

Ce roman est l'un des premiers de cette rentrée littéraire à sortir en librairie et sur celui-là, je ne vous en dirais pas beaucoup plus, si ce n'est qu'il s'agit d'une tragédie, d'une histoire de femmes dont les jours sont comptés mais qui relèvent le défi de RESISTER avec héroïsme, à la vie, à la mort.

J'ai beaucoup aimé tous ces passages sur la puissance de leur connivence, une relation établie entre des femmes à un moment de leur vie où elles cumulent les fragilités. Il y a quelque chose de très beau dans l'amitié, voire l'amour, qui les unit. Il y a aussi cette formidable bouffée d'espoir qui les anime dans l'urgence à VIVRE.


Deux femmes frappées par le cancer qui chantaient à la vie. Elles n’avaient plus de temps à perdre. P. 120

Il y a les effets des traitements aussi, les chimiothérapies qui réduisent leurs forces à néant, leur font perdre leurs repères, physiques, psychologiques, les relations d'avant qui se distandent les plongeant dans l'immense tristesse de la solitude. Sur tous ces maux, Sorj CHALANDON pose des mots d'une profonde sensibilité, décrit les réalités du quotidien de ces femmes condamnées à affronter seules leur condition, les séjours à l'hôpital comme autant d'événements rythmant désormais leur vie. A travers leurs échanges , l'auteur met le doigt sur ce qui fait mal, ces petites phrases qui habituellement sont sans conséquence mais qui, là, trouvent un écho insupportable. Au début, elles répondent avec simplicité


Je n’étais pas courageuse, je résistais. P. 145

mais c'est dans le terreau du regard des autres, de tout un tas de maladresses de l'environnement familial, amical... qu'une certaine forme de violence va naître, lentement se développer, croître, pour un jour s'exprimer, se lâcher ! A quatre, les forces seront décuplées, ces femmes, on ne les arrêtera plus.

Sorj CHALANDON est un formidable conteur. Ses histoires sont rocambolesques à l'envi. Si les personnages ont l'apparence de Monsieur et Madame tout le monde, c'est pour mieux tromper "l'ennemi", nous prendre par surprise, dérouler le fil d'itinéraires hypothétiques au service d'un scénario savamment orchestré. Une nouvelle fois, chapeau !

Vous voulez connaître les premières lignes ? Un simple clic suffit !

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2019-08-12T07:10:17+02:00

Envol de Jacques TEMPEREAU

Publié par Tlivres
Envol de Jacques TEMPEREAU

Ma #lundioeuvredart est une sculpture en bronze réalisée par un artiste angevin, Jacques Tempereau.

 

La création « Envol » est installée place du Lycée après un long séjour à l’aéroport de Marcé.

 

Moi, elle m’inspire la légèreté et la complicité de deux êtres, une jolie manière d’aborder cette nouvelle semaine, non ?

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2019-08-11T06:00:00+02:00

Rien n'est noir de Claire BEREST

Publié par Tlivres
Rien n'est noir de Claire BEREST

Dans le bal de la #RL2019 de septembre, place à une danse fougueuse, enflammée, incandescente... offerte par Claire BEREST avec son tout nouveau roman "Rien n'est noir" publié aux éditions Stock.

Ce livre, c'est un coup de coeur, une lecture passionnante qui parle du Mexique, de l'Histoire, de l'Art, qui honore une femme, peintre, impertinente : Frida KAHLO, qui relate l'amour fou qu'elle a voué à un artiste tout aussi effronté : Diego RIVERA.

La sortie en librairie est prévue le 21 août. Vous comprendrez que je ne vous en livre aujourd'hui que les premières lignes... même si l'effort est surhumain !


Elle ne voit que lui, sans même avoir à le regarder.

Il est sans cesse à s’ébattre quelque part dans l’angle presque mort du regard. A la lisière de l’oeil, là où l’on devine plus qu’on ne saisit. Une forme spectaculaire, mi-pachyderme mi-pieuvre aux tentacules envoûtantes qui contamine tout l’espace où sa masse se déploie. Un trophée de cirque que chaque femme voudrait s’épingler au corsage – s’empaler au corps sage. Cet homme quintal à l’agilité contre nature, dont les excédents de chair rose ne viennent que renforcer une improbable souplesse et une rapidité de trique sèche, soulève, chez chacune, un goût immédiat et inexpugnable d’interdit.

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