Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois
En route pour la Corée !
Yann Kerand arrive de Granville en terre coréenne. Il est auteur de BD. En quête d'inspiration, il s'installe dans une pension en Corée du Sud, tout prêt de la frontière avec la Corée du Nord, à Sokcho. Cité balnéaire l'été, ce territoire est peu fréquenté l'hiver, en raison notamment de son climat hostile. Les paysages sont recouverts de neige et de glace. C'est dans cette pension que travaille la narratrice. Elle est métisse, née d'un père français qu'elle n'a pas connu et d'une mère coréenne. Pour gagner sa vie, sa mère travaille au port, elle est poissonnière. C'est dans cet univers que la narratrice a été élevée. Elle s'est un jour blessée avec un crochet de pêche, elle en porte encore la trace aujourd'hui, une cicatrice sillonne sa cuisse. Mais elle n'est en rien attirée par la chirurgie esthétique que vénère, comme toute une génération, son petit ami, Jun-Oh, sur le départ à destination de Séoul. Il souhaite devenir mannequin.
C'est dans cette ambiance hivernale et de séparation que Yann Kerand va s'installer. La narratrice va rapidement être attirée par cet homme discret, un brin mystérieux.
A ses côtés, elle va découvrir l'art du dessin, la magie du tracé du crayon sur la page blanche, la beauté du geste. Elle va aussi aborder le sujet de la création littéraire et de son avenir dans les mains d'un lecteur...
- Je crois que j'ai peur de perdre un monde sur lequel je n'aurais plus de pouvoir une fois qu'il sera terminé.
- Vous n'avez pas confiance en vos lecteurs ?
- Ce n'est pas la question...
Il s'est mis à effilocher le tentacule.
- Toujours, l'histoire que je crée s'éloigne de moi, elle finit par se raconter d'elle-même... Alors j'en imagine une autre, mais il y a celle en cours qui se dessine sans que je la comprenne et qu'il faut bien que je finisse, et quand enfin je peux commencer la nouvelle, tout recommence... P. 100/101
Avec cet homme, elle va aussi découvrir une autre culture, celle de son père. Elle va apprendre à cerner au plus profond d'elle-même ses gênes qui font d'elle une femme métisse.
Il m'avait fait découvrir quelque chose que j'ignorais, cette part de moi là-bas, à l'autre bout du monde, c'était tout ce que je voulais. Exister sous sa plume, dans son encre, y baigner, qu'il oublie toutes les autres. P. 120
Elle va aussi mieux comprendre l'histoire de son peuple et de cette guerre qui n'a jamais vraiment été soldée.
Il résumait le conflit qui avait opposé dès 1950 les deux Corées, soutenues au Nord par les Soviétiques et la Chine, au Sud par les Etats-Unis et l'ONU, jusqu'à la signature de l'armistice le 27 juillet 1953 et la création de cette frontière sur le trente-huitième parallèle, la plus militarisée au monde, au milieu d'un no man's land de deux cent trente-huit kilomètres de long, quatre de large. En trois ans, deux à quatre millions de morts, civils et militaires confondus. Aucun traité de paix n'avait jamais été signé. P. 36
L'histoire aurait pu être belle, la rencontre de ces deux personnages au passé lourd aurait pu offrir de nouveaux horizons.
Malheureusement, j'ai été déçue par le côté très crû, très animal, de certaines descriptions. Les poissons sont vidés, le sang éclabousse, les viscères éclatent. Autant d'images qui sont venues rompre le côté charmant de la situation, au point de me laisser, à la fin de la lecture, sur un sentiment de malaise.
Dommage !