Nous sommes réveillés par les premiers rayons du soleil, il n’y a pas d’erreur sur les prévisions météorologiques, voilà qui donne de l’enthousiasme. La deuxième étape de notre Tour du Mont Blanc nous attend !
En deux temps trois mouvements, les sacs à dos sont bouclés. En route pour le petit déjeuner, et là, à travers les carreaux, on aperçoit un bouquetin venu nous saluer et nous montrer le chemin, un instant entre parenthèses.
Le top départ est donné, retour aux cairns pour prendre la direction du Col des Fours, le point le plus haut du Tour du Mont Blanc. La vue est époustouflante, instant magique.
Dès le départ, nous sommes dans la neige. On s’en donne à cœur joie dans la descente, il ne nous manque que les skis !
De retour sur une portion de terre, quelle surprise de découvrir des marmottes pas du tout farouches. Elles prennent même la pose 😉
Nous passons ensuite par La Ville des Glaciers. Il y a des fleurs à profusion, un réel bonheur.
Nous prenons la direction du Col de Seigne, la montée est physique mais le soleil toujours bien là. On évolue sous le ciel bleu avec des paysages fantastiques. On en profite pour faire une petit pause déjeuner. Quel bonheur de s’endormir dans l’herbe, la sieste (que je ne pratique pas habituellement) est réparatrice. Nous voilà repartis... pour franchir le col à 2 512 m d’altitude.
Il ne nous reste maintenant plus qu’à rejoindre notre refuge. Nous avons encore une petite heure à parcourir dans la neige, mais à notre arrivée, la magie du lieu opère...
Assurément, nous allons passer une bonne nuit. À demain pour de nouvelles aventures...
1ère étape de notre Tour du Mont Blanc, départ des Contamines Montjoie, notre point d’arrivée nous fait de l’oeil 😉
Jusqu’à Notre Dame de la Gorge, petite promenade de santé, sur du plat, dans un sentier boisé, une petite merveille.
On en profite pour faire les derniers réglages du sac à dos.
Mais après, attention les yeux, enfin plutôt le cœur ! La montée est bien raide, les premières suées sont au rendez-vous. Les battons sont incontournables.
Et puis, bientôt, la neige. Et oui, cet hiver il y a de la neige, et même si le réchauffement climatique fait son œuvre, elle est encore bien présente. Heureusement, elle est tout à fait praticable. On n’a pas mis les crampons.
Pause déjeuner au Col du Bonhomme, on a faim !
Il ne nous reste plus que 45 minuites pour atteindre le Refuge de La Croix du Bonhomme. Là, le passage se fait aujourd’hui totalement dans la neige.
Sur une petite zone en herbe, quelques jolies petites fleurs se pâment sous le soleil.
On arrive au totem après 4h30 de marche, yesssssss.
5 minutes après, 1ère halte au Refuge de La Croix du Bonhomme. On va s’y ressourcer, y passer la nuit et demain, départ pour le Refuge Elisabetta à 6h de marche en passant par le Col des Fours.
Après « La gourmandise » des Journées Nationales du livre et du vin de Saumur, ma modeste contribution au profit d’une équipe de la Librairie Richer hors pair, des rencontres avec des auteurs formidables (Laure Manel, Erwan Lahrer, Sébastien Spitzer tout récemment couronné du Prix Emmanuel de Roblès - Bravo pour cette nouvelle reconnaissance pour son premier roman découvert avec les 68 Premières fois : « Ces rêves qu’on piétine »), place au Tour du Mont Blanc !
Cette expédition sur 7 jours, on la prépare depuis plusieurs mois.
Le matériel est prêt, le sac à dos bouclé. L’heure du départ a sonné.
1ère étape : Les Contamines Montjoie - Refuge de La Croix du Bonhomme
Ma vie de lectrice est ponctuée de formidables aventures.
Après avoir été jurée du #Prixdulivre France bleu_Page des libraires en 2018, j’aurais le plaisir de faire partie de l’équipe du #grandprixdeslectriceselle 2019.
Ma #citationdujeudi est extraite du tout premier roman de Mathieu MENEGAUX : "Je me suis tue", un roman bouleversant qui m'a permis de découvrir cette plume magistrale et remarquable entre toutes, totalement addictive aussi il faut le dire.
Depuis, il y eu "Un fils parfait" et puis enfin, tout récemment "Est ce ainsi que les hommes jugent ?". Chaque fois, il s'agit de thrillers psychologiques étourdissants.
Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, laissez vous séduire par les "Journées nationales du livre et du vin de Saumur", c'est ce week end et il sera là !
Ce premier roman est arrivé comme tous les autres des 68 Premières fois. Je n'avais rien lu sur lui avant, je peux bien l'avouer. Je n'ai pas lu non plus la quatrième de couverture, sacrilège. Je me suis installée confortablement à 21 h, je ne l'ai abandonné qu'une fois la dernière page parcourue, un peu après 1 heure du matin, ça faisait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé !
Ce roman c'est un page-turner. Je vous dis quelques mots de l'histoire.
Léa est avocate, elle vit à Paris, à Saint-Cloud plus précisément. Elle est mariée et mère d'un garçon. Un jour, au bureau, elle découvre le nom d'un homme sur un dossier. Elle déclare à son collège que celui-là, elle le traitera. Pourquoi ? Le dossier, c'est celui d'Hamed Boutaleb, un garçon élevé dans le deuil de sa mère, décédée à sa naissance. Son père n'a pas survécu très longtemps à la mort de son épouse, sombrant dans l'alcool. Son frère aîné est mort lui aussi. Agé de 5 ans de plus, il passait son temps dans les trafics de drogue. Un jour, une affaire a mal tourné, il a pris cinq balles dans le corps. Hamed a quitté Sevran pour Saint-Cloud, accueilli par la famille de la soeur de sa mère. Là, il a bénéficié d'une éducation apaisée, loin de la vie turbulente de la cité. Passionné de foot, il a très vite sympathisé avec François. Sympathisé est un grand mot, disons qu'il n'a pas supporté qu'il soit le bouc-émissaire de l'équipe et un jour, il l'a défendu. Les premières graines d'une relation étaient semées, une toute nouvelle vie allait commencer.
Dès les premières lignes, l'intrigue était plantée et moi hameçonnée.
J'ai aimé suivre le parcours initiatique du jeune garçon confronté aux inégalités sociales, un vrai choc des cultures. Elevé les premières années de sa vie en Seine Saint-Denis où la violence est reine, il quitte un univers de béton et autres grands ensembles pour découvrir Saint-Cloud, les beaux quartiers, les belles maisons, une famille aimante qui va lui donner à voir une autre façon de vivre. Son oncle lui disait :
Mais évite la violence autant que tu le peux, fuis-la. C’est l’arme du faible. P. 15
C'est là qu'il va découvrir la passion du football et rêver d'un avenir professionnel dans le domaine. On commence à se dire que le garçon est sauvé. Hamed s'épanouit, il est heureux, il découvre l'amour avec Léa, un amour qu'il croyait impossible et qui pourtant se révèle. Il y a de très beaux passages sur la passion amoureuse, cette fulgurence des sentiments, cette euphorie des corps, à une période de sa vie où tout n'est qu'apprentissage.
Mais les bourgeois aussi sont contaminés par la violence. Dans les familles privilégiées, elle revêt un tout autre costume. Cachée, à l'abri des regards, tue, elle fait pourtant des ravages. Léa vit une adolescence torturée, elle va sombrer dans la folie et relever un temps de la psychiatrie.
A défaut de la guérir, on assomme la souffrance. P. 44
J'ai été profondément touchée par l'itinéraire de cette jeune femme affectée au plus profond de sa chair.
Ce roman, il aurait pu porter le titre "Par amour". Guillaume PARA est arrivé trop tard, Valérie TONG CUONG l'avait déjà utilisé. Par amour, oui, parce qu'Hamed ne supporte pas l'injustice, il ne supporte pas que l'on touche à la dignité de ses amis, à leur corps. Il va se mettre en travers du destin et se retrouver derrière les barreaux.
"Ta vie ou la mienne" est un roman bouleversant porté par un rythme haletant et une plume d'une profonde sensibilité. Les phrases sont courtes mais d'une force intense. Je me suis retrouvée complètement K.O. après cette lecture qui explore la dimension humaine lorsqu'elle est réduite à sa plus simple expression.
C'est une lecture coup de poing, de celles qui laissent en vous une empreinte à jamais. Je comprends maintenant pourquoi ce premier roman a trouvé toute sa place dans la sélection de cette rentrée littéraire des 68 Premières fois. Bravo les fées pour la révélation de ce talent. Je crois bien que l'on n'a pas fini de parler de Guillaume PARA !
Retrouvez l'ensemble des chroniques de cette saison...
J'ai eu l'immense chance d'assister au vernissage de l'exposition temporaire "Le combat dans l'oeil" vendredi dernier et de me laisser surprendre par bien des créations.
Le titre, à lui seul, donne le ton. Les oeuvres sont empreintes d'humour et de malice, Céline CLERON aime à jouer avec les codes, bouger les lignes, n'est-ce pas là la vocation de l'art ?
Ses oeuvres invitent au voyage, un voyage dans le temps et à travers les continents.
Passionnée d'Antiquité, elle y puise son inspiration et revisite les supports, à l'image de ses vases soufflés abritant le dessin au sable d'un regard ou d'un visage inspirés de l'iconographie des portraits du Fayoum (Egype romaine des Ier-IVè siècles).
Cette exposition d'art contemporain est porteuse d'un message, elle est l'expression d'une certaine philosophie du rapport de l'Homme à l'animal. "Conseil de révision" présente des toises dont la partie supérieure est un crâne d'animal donnant à voir la supériorité de l'animal qui "toise" l'Homme avec ironie.
D'aucuns pourraient imaginer que cette réalisation n'est que fiction mais Céline CLERON va plus loin avec "La Régente".
Avec cette oeuvre composée d'une collerette de dentelle portée à la Renaissance et d'un morceau de cire d'abeilles, l'artiste montre la nécessaire complémentarité entre l'Homme et les abeilles.
De là à montrer une nouvelle fois la supériorité de l'animal il n'y a qu'un pas. Alors même que les abeilles souffrent d'une surmortalité et risquent de disparaître à jamais, emportant avec elles tout un pan de notre biodiversité et portant un coup irréversible à notre environnement, l'Homme n'est-il pas passé à la pollinisation manuelle pour palier à cette carence ?
L'oeuvre est audacieuse, avouons qu'engager le processus d'une création et le faire terminer par des insectes a quelque chose de SURnaturel, elle est aussi d'un profond ravissement, tout en finesse et en élégance. J'ai succombé à la beauté de cette réalisation totalement hors du commun.
L'artiste joue avec les mots, avec les matières, pour notre plus grand plaisir.
Si vous n'avez pas encore visité le cabinet de curiosités de Joseph DENAIS, je crois bien qu'aujourd'hui, avec l'exposition de Céline CLERON, il prend une toute autre dimension. Saluons, une nouvelle fois, le travail des Dames de la D.A.M.M.
Et puis, il y a eu des livres qui m'ont donné à réfléchir, des livres qui vous hantent et vous montrent à quel point la société contemporaine est perverse. Je pense bien sûr au dernier roman de Mathieu MENEGAUX "Est-ce ainsi que les hommes jugent ?" et celui de Mahir GUVEN "Grand frère" lauréat du Goncourt du Premier roman 2018. "15 nuances de mères" de Martine MAGNIN sait instiller en vous ce petit rien d'impertinence qui soudain, sème le doute !
Il y a eu aussi cette très grande claque avec la lecture du dernier roman de Sandrine COLLETTE, "Juste après la vague", un roman noir hors norme, comme tous ceux de cette écrivaine d'ailleurs.
Et puis enfin, il y a eu cette formidable bouffée d'air, une parenthèse, avec de beaux sentiments, parce que je me plais à croire qu'ils existent encore. Je pense bien sûr à "Haut les coeurs" de Caroline NOEL.
Si vous cherchez quelques références de lectures pour les semaines à venir, nul doute que vous pourrez y trouver de belles idées.
Parce que T Livres ? T Arts ? ne serait pas ce qu'il est sans ses deux facettes, retour en images sur des oeuvres d'art somptueuses qui ont toutes en commun d'être visibles en Anjou, je viens tout juste de m'en rendre compte.
Sur Angers, dans le secteur Thiers Boisnet, vous pourrez découvrir l'oeuvre monumentale de VHILS, cette fresque dont le regard vous transporte. Elle a été réalisée dans le cadre des "Echappées d'art" 2017, la nouvelle édition vient de commencer, vous pouvez déjà découvrir "Sunset" de TELLAS.
En parlant de regard, poursuivons avec le masque de Igor MITORAJ, lui est situé Place Sainte-Eloi, sur le parvis du Musée des Beaux Arts.
Si vous avez un peu de temps, poursuivez votre promenade au Jardin de l'Arboretum, il y a des sculptures de CACHEUX, artiste local, d'une telle sensualité...
Et parce que nous sommes toujours jeunes, rien de tel que de se revigorer avec cette magnifique sculpture de Max BLONDAT. Vous pourrez la découvrir au Musée Joseph DENAIS de Beaufort-en-Vallée, une petite merveille.
J'ai réussi à vous convaincre de visiter notre belle région ? Mission accomplie !
Je suis une fidèle maintenant de cette maison d'édition, pour mon plus grand plaisir il faut bien l'avouer, tous les romans y sont remarquables.
Il y a la collection à la charte graphique si singulière. Je me souviens de ces lectures : "Le poids de la neige" de Christian GUAY-POLIQUIN, "Juste une orangeade" de Caroline PASCAL, "Les déraisons" d'Odile d'OULTREMONT (énorme coup de coeur), "Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien SPITZER (nouveau coup de coeur découvert avec les 68 Premières fois). Justement, restons un instant avec Sébastien SPITZER, cet auteur qui donnerait tout pour promouvoir sa maison d'édition et n'hésite pas à montrer ses premières de couverture, toutes aussi séduisantes.
C'était à Senlis au Salon du livre le 2 juin dernier : "Sous les pavés les livres", un moment inoubliable.
Et puis, il y a ma dernière lecture, celle d'un roman noir signé Denis LEPEE, une découverte pour moi même s'il a écrit bien d'autres romans. Faute avouée à demi pardonnée n'est-ce pas ?
Et même si ce roman se distingue par sa première de couverture, il s'inscrit dans la ligne éditoriale de la maison et évoque un certain rapport au monde.
Je vous dis quelques mots de l'histoire :
Tommaso Mac Donnell, le narrateur, est un archéologue des fonds marins. Nous sommes en mai 2017, il s'envole pour Helsinki. Hanté par les fantômes de sa femme et sa fille disparues l'année dernière, il n'a pas hésité bien longtemps à l'appel d'un de ses amis de jeunesse, Mika, aujourd'hui maire de Kotska portant un projet d'éoliennes offshore, Illatar. Il faut dire qu'un lien tout particulier unit les deux hommes. Dès son arrivée dans la petite bourgade au bord du Golfe de Finlande, il est interpellé par un mouvement écologiste opposé au projet. Et puis, quelques jours après, un article sur lui est diffusé dans la presse. Il semble bien que sa venue pour auditer le projet soit des plus sensibles. Son intervention saurait-elle faire émerger un passé que certains pensaient englouti à jamais ?
Ce roman est un page-turner, une pépite.
Quand Lisa LIAUTAUD parle avec gourmandise de ses livres qui donne à voir une certaine histoire du monde contemporain, peut-être pense-t-elle tout particulièrement à celui-là.
Il faut dire qu'il sait explorer un domaine qui suscite beaucoup de convoitises aujourd'hui. Les terres n'offrant plus assez d'espaces sur Dame planète pour permettre l'installation de nouveaux équipements de production énergétique, l'Homme s'intéresse tout naturellement aux mers et autres océans. Pourquoi ne pas aller conquérir ses territoires marins, là où personne ne vit, enfin presque ?
Denis LEPEE aborde ainsi un sujet sociétal. Passionnée par le développement durable, je dois bien dire que je m'y suis plongée avec curiosité.
Mais ce n'est pas tout, non, l'écrivain a choisi comme terrain de jeu le Golfe de Finlande, celui-là même qui fait office de frontière avec la Russie, un voisin des plus intéressés par cette porte ouverte sur le monde. Le roman prend une dimension géopolitique extrêmement intéressante et montre à quel point les intérêts sont stratégiques et les puissants prêts à tout pour arriver à leur fin. Et ce n'est pas d'hier !
Ce roman, il est aussi, historique. C'est dans le Golfe de Finlande que s'est déroulée la Bataille de Svenskund opposant alors Suédois et Russes. Nous étions en juillet 1790. Plus de 300 navires s'y sont opposés, une centaine a coulé, offrant un véritable cimetière marin sous le coup de mesures de protection. La plongée y est interdite mais c'est sans compter sur la volonté du Maire de Kotska de mener à bien son projet coûte que coûte.
Voilà rapidement brossé le tableau d'un roman dont je ne voudrais pas vous en dire plus, à moins de déflorer l'intrigue. Je peux toutefois vous dire qu'il réunit toutes les composantes du roman noir qui ne va pas manquer de vous plonger dans un livre glauque et mystérieux à l'image du climat qui règne dans cette partie du monde et qui devient à lui seul un véritable personnage.
Le vent était tombé, mais une pluie fine et glaciale recouvrait à présent la ville, effaçant la limite entre le ciel et l'eau, et plongeant toute la côte dans une bulle fantomatique. P. 99
Denis LEPEE décrit à merveille cette histoire ponctuée de rebondissements. Le suspense y est entier et haletant. L'écriture y est fluide, saisissante, dramatique aussi. Bref, c'est un roman à découvrir absolument.
Le 26 mai dernier, dans le cadre des 40 ans de Actes sud, la librairie Richer nous avait donné rendez-vous avec un auteur très singulier.
Raphaël JERUSALMY, vous connaissez ?
Moi, non, enfin, ça c'était avant. Quand vous croisez sur votre chemin Raphaël JERUSALMY, vous vous en souvenez à vie. En parlant de vie, lui en a de nombreuses.
Fils de migrants, moitié turc moitié russe, né sur le sol français comme un prétexte à une naturalisation française, il est depuis tout petit baigné dans les livres, sa famille était spécialisée dans la reliure, de là à sa passion pour les livres anciens, il n'y a qu'un pas !
Il a suivi des cours à Normal Sup, a adhéré au mouvement punk, a servi l'armée dans des services d'espionnage notamment en Israël.
Aujourd'hui, il écrit, il collectionne les livres et propose des expositions originales comme celle actuellement visible en Belgique dans laquelle l'écrivain s'attache à marier un livre à un objet. Quand il évoque le livre saint, par exemple, il l'affuble d'une ceinture. Cet homme adore les mots et il en use sans modération.
Après une leçon de géopolitique, absolument passionnante, sur le conflit israelo-palestinien, nous en sommes venus aux livres, son oeuvre, quoi !
Je n'ai encore rien lu de lui mais lors de l'interview mené par Nicolas, quelques récurrences ont pu émerger, dans les personnages par exemple. Chaque fois, il invite des personnes solitaires, rebelles, il aime plus que tout confronter l'individu aux fléaux, mêler la petite à la grande Histoire.
Ses héros sont massacrés à l'envi, et puis, portés par son écriture, ils deviennent les messagers d'une philosophie profondément humaine. Cet homme aime fondamentalement l'homme, cette dimension transparaît tout au long de son intervention.
Raphaël JERUSALMY, c'est aussi l'écrivain de la démonstration par l'absurde, une véritable signature. Il explore le subversif à l'image de la gravure dans son tout dernier roman, "La rose de Saragosse".
C'est enfin, l'homme des interstices. Pour servir son dessein, Raphaël JERUSALMY aime à investiguer les périodes charnières de l'Histoire, celles qui ouvrent le champ des possibles, celles qui montrent un château de cartes écroulé dans lequel tout est à reconstruire.
Porté lui-même par l'élan de son imagination, il ne rédige pas de plan mais trouve une structuration opportune propice à son écriture à l'image d'un journal intime dans lequel les 24 heures s'imposent, tout naturellement.
Cet homme, je l'ai dit, c'est un homme des mots, et il nous en a livré une magnifique démonstration. C'est aussi un homme qui aime la musique, celle du langage, il s'attache à s'inscrire dans un certain registre pour donner à son récit sa tonalité.
Cette rencontre-dédicace a été un moment en véritable suspension, un moment coupé du monde et complètement ancré dans le monde, quelque chose d'intense qui vous fait perdre vos repères pour vous confier les codes d'une certaine forme d'écriture, un moment inoubliable.
Cet après-midi-là a été, aussi, la rencontre avec l'intagrameuse Sandra_etceatera, une petite graine semée qui sera savamment arrosée au fil de nos lectures, c'est la joie de la littérature !
Après "La nuit, je vole" de Michèle ASTRUD, j'ai poursuivi ma découverte de la sélection Hors-concours 2018 avec "Roméo à la folie" de Christine SAGNIER. Celui-là est un bonbon acidulé !
Quelques mots de l'histoire :
Tout commence avec le service des urgences, mais pas n'importe lesquelles, non, psychiatriques. Rien que ça ! Klara est journaliste, son mari architecte. Alors qu'ils ont mené un long projet d'adoption et découvert leur petit Roméo à l'aéroport comme un cadeau du ciel, africain, quand il n'avait que quatre ans et demi, aujourd'hui il en a quinze et ils ne le supportent plus. Le jeune homme fait les quatre cents coups, les parents déclarent forfait, ils n'ont souhait : l'interner.
Il y a des livres qui vous font pleurer, d'autres vous empêchent de dormir, celui-là m'a fait rire. Le ton est ubuesque, toutes les situations tournées en dérision.
Il y a une quinzaine de jours j'entendais Plantu à la radio préconisant que l'on enseigne à nos chérubins le second degré pour aborder des sujets, graves, avec distance.
Christine SAGNIER a choisi son camp, c'est certain. Pas une phrase ne se prend au sérieux, c'est tellement bon de s'affranchir des codes, du qu'en dira-t-on, de libérer sa parole, laisser les mots s'exprimer dans la plus grande spontanéité.
Il y a des scènes croustillantes comme ce réveillon où Roméo, tel un ange, adulé par ses grands-parents, va disparaître en leur dérobant de grands crûs choisis en toute impunité dans la cave ô combien protégée. Belle revanche de cette mère culpabilisée à longueur de dîner par ses manières et ses principes.
Vous l'aurez compris, le rire est jaune !
Quand l'écrivaine aborde le sujet de l'adoption, c'est pour faire du parcours du combattant que vivent les futurs parents une véritable épopée ponctuée de tribulations toutes aussi loufoques les unes que les autres, une jolie manière de dénoncer le système et ses travers.
Même chose pour la psychiatrie. Le sujet est sérieux et sombre, il l'est d'autant plus quand les proches deviennent les boucs émissaires du corps médical, culpabilisés dans leurs faits, leurs gestes alors qu'aucune explication ne semble être attendue du patient lui-même. Et bien, Christine SAGNIER, elle, va faire tourner la situation au ridicule tellement le trait est grossier. C'est croustillant à l'envi quand Madame Fransec prend en grippe la mère et s'acharne à la faire devenir folle, elle aussi ! Nul doute que Martine MAGNIN aurait aimé exploré les rapports de cette mère avec son fils !
Ce roman, loin d'être léger, appréhende la société d'aujourd'hui et en dresse un portrait caustique, tout est affaire de regard !
J'avoue que la plume de l'écrivaine m'a particulièrement séduite. Le propos est crû, sans fioriture aucune, mais bourré de tendresse :
De ce point de vue, je dirais que la maladie psychiatrique vous remet les idées en place et l'amour-propre plié en quatre au fond de la poche. P. 126
Il est drôle et amusant mais empreint d'une telle lucidité qu'il en est désarmant.
J'ai passé un moment de lecture, hors du commun, c'est peut-être le trait de caractère des romans hors-concours, non ?
Demain, 4 juin, les résultats du #Prixdulivre France bleu_Page des libraires seront dévoilés.
L'heure est donc venue de mon cinquième favori ! Il s'agit du tout dernier roman de Anne DELAFLOTTE MEHDEVI publié chez Gaïa éditions : "Le théâtre de Slavek".
Je dirais qu'il s'agit :
- d'un roman historique captivant. Que j'ai aimé me laisser porter par les confessions du vieux Slavek et découvrir le passé de Prague ! L'auteure a choisi, qui plus est, le Siècle des Lumières et a su en montrer l'effervescence artistique, un joyau architectural, théâtral, musical...
- d'un livre hautement descriptif, tout y est présenté avec beaucoup de minutie, je crois qu'il pourrait presque être porté au cinéma en l'état,
- d'un roman d'aventure. Comme "Un océan deux mers trois continents" de Wilfried N'SONDE, le rythme y est haletant. Les tribulations de Slavek font de ce personnage un être hors du commun, tout simplement.
- de la découverte d'une plume d'une très grande beauté. Le français y est riche et soutenu. Je n'avais encore rien lu de cette écrivaine, je crois que je vais bientôt rechuter !
Ce roman, il faut le lire, absolument. Il fait partie de ces livres qui vous offrent une formidable parenthèse dans votre quotidien, n'est-ce pas aussi ça la vocation de la littérature ?
- d'un roman passionnant puisant sa source dans l'histoire vraie d'un prêtre noir mandaté pour porter un message à destination du Vatican. Vous ne connaissez pas encore Dom Antonio Manuel, appelé aussi Nigrita ? En le refermant, vous saurez tout de sa vie, ou presque !
- d'un livre d'aventure que j'ai lu avec gourmandise, un brin rocambolesque il vous fera voyager à travers le monde dans les années 1500,
- d'un livre indispensable, de ceux qui assurent la mémoire d'une page de notre Histoire que l'on espère voir tournée à jamais,
- de la découverte d'une très belle plume. Je n'avais encore jamais pénétré dans l'univers littéraire de Wilfried N'SONDE, je peux le dire maintenant, c'est un véritable coffre à trésors. En quelques mots, ce roman est exaltant.
Sous le plume de l'écrivain, le parcours initiatique du jeune Dom Antonio Manuel devient une véritable épopée et insuffle une sage philosophie de vie portée par un vent de tolérance, de charité et de bonté.
Demain, je vous parlerai du tout dernier roman de la sélection : "Le théâtre de Slavek" de Anne DELAFLOTTE MEHDEVI !
Le 4 juin, les résultats du #Prixdulivre France bleu_Page des libraires seront proclamés. A chaque jour mon favori !
Si d'ici là, je devais voter pour "Kisanga", le dernier roman de Emmanuel GRAND publié chez Liana Levi, je dirais qu'il s'agit :
- d'un roman noir qui va vous transporter en terres africaines, là où le sous-sol regorge de minerais très prisés des pays industrialisés en quête du développement toujours plus grand des nouvelles technologies,
- d'un livre qui parle de géopolitique semant un trouble permanent entre fiction et réalité,
- du tableau brossé d'une société rongée par les affres du pouvoir et de l'argent, d'une économie mondiale malmenée par l'évolution du jeu des grandes puissances dans lequel la Chine cherche à faire sa place,
- de la découverte d'une plume qui sait être fluide, rythmée par une valse de rebondissements.
En résumé, je dirais que Kisanga est un roman palpitant, un thriller qui se lit d'une traite.
Assurément, lui aussi mérite toute sa place dans cette très belle sélection réalisée par le réseau des libraires.