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2024-05-28T17:00:00+02:00

La pesée des âmes de Pascal MANOUKIAN

Publié par Tlivres
La pesée des âmes de Pascal MANOUKIAN

Aux éditions Erick BONNIER


Pascal MANOUKIAN nous revient avec un roman haletant sur les traces laissées par l’histoire contemporaine de la guerre en Syrie. Souvenez-vous, c’était en 2016. Alep affrontait les bombardements russes, enfin, dans sa partie Est, là où fomentait la rébellion.  C’est là-bas qu’Ernest est parti. Il est grand reporter dans les pays en guerre. Son père l’était avant lui. Il est décédé quand Ernest n’avait alors que 8 ans. Ernest laisse sa compagne, Louise, se morfondre sur son destin. Elle subit ses absences, les périodes sans nouvelles et s’interroge sur son avenir. Quelle vie familiale peut-elle envisager avec lui ? Parallèlement, leur entreprise à tous les deux est en cours de rachat par un industriel, une nouvelle approche est en train de révolutionner le monde du journalisme, mêlant à l'envi l'information, la désinformation, la mésinformation... Tous les coups sont permis dès lors qu'il s'agit d'argent. Ernest et Louise continuent pourtant, coûte que coûte, de mener leur combat, celui de la loyauté.

J’ai eu le privilège de lire ce roman en avant-première, un cadeau de l’auteur que je tiens à remercier personnellement.

Ce roman, c'est une lecture coup de poing, de celles que l’on n’oublie pas, marquée à jamais par les soubresauts de la guerre, le stress traumatique, les moments de ferveur aussi.

Roman historique me direz-vous ? C'en est un, oui, mais le voyage dans le temps sera de courte durée. Un simple regard dans le rétroviseur et nous y sommes. Les événements datent de 2016 avec le siège d'Alep en juillet, la reprise de la ville par Damas et le cessez le feu en décembre. C'était il y a 8 ans, ils continuent pourtant d'alimenter les actualités.

J'ai été bouleversée par les bombardements russes venus prêter main forte à Bachar AL ASSAD pour en finir avec les insurgés. Là, ce sont les civils qui sont les premières victimes. Peu importe à celui au pouvoir de voir une partie de la ville d'Alep réduite à des bâtiments soufflés et ses habitants assoiffés, affamés, privés des services de santé. 


Aujourd’hui les médecins ne s’occupent plus que des blessés. Toutes les autres maladies sont devenues orphelines. Les mots lui arrachent le coeur. P. 199

Tous sont promis à mourir. Quelle ignominie !

Pascal MANOUKIAN concourt à la mémoire de ce qui s'est passé à Alep pour ne jamais oublier. Si les faits sont bien réels, malheureusement, l'écrivain choisit d'incarner le propos avec des personnages de fiction profondément attachants, des individus qui pourraient être vous, moi, nous. 

Je me suis battue aux côtés d'Ernest. Dans les galeries souterraines syriennes, j'ai ressenti dans ma chair les soubresauts de la guerre. Le roman prend une dimension sensorielle, vous allez vibrer. A travers l'itinéraire d'Ernest, son irrépressible besoin de repartir, toujours, je me suis remémorée les propos tenus par Sorj CHALANDON lors d’un festival du Scoop à Angers. 


Il a besoin d’ordre et de calme avant le chaos. C’est la raison pour laquelle chaque chose a sa place dans son sac à dos noir, toujours le même. P. 13

Je me suis découvert une âme de guerrière aussi avec Louise. Dans un monde professionnel dicté par les enjeux économiques, la rationalisation des moyens, les licenciements massifs... elle tente de lutter avec les moyens à sa disposition contre un système tout entier.

Tous deux s'inscrivent dans un mouvement de résistance, l'un pour capter les images et collecter des témoignages du terrain, il en va de la fiabilité et de l'authenticité, l'autre en bout de chaîne pour l'exploitation de ces données, il en va de la sincérité. Comment traiter d'un sujet aussi tragique que la guerre sans instrumentaliser l'opinion ?

Comme j'ai aimé revisiter les règles du journalisme et du monde de l'information à un moment où elles sont plus que jamais exposées à être bafouées.


L’immédiateté étouffe la réflexion à la vitesse des réseaux. P. 81

Pascal MANOUKIAN nous replonge dans les années 1975 avec le père d'Ernest et les carnets de chacune de ses expéditions laissés à la postérité.

Il nous livre un roman foisonnant avec autant de parenthèses que de parcours. Le propos est profondément pluriel, interculturel, empreint d'une telle humanité. Quant à la chute, je ne l'ai pas vue venir, c'est une petite bombe.

C'est un excellent roman.

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2024-05-21T06:00:00+02:00

Le rouge et le blanc d’Harold COBERT

Publié par Tlivres
Le rouge et le blanc d’Harold COBERT

Vous aimez les romans historiques foisonnants ? J'ai quelque chose pour vous ! Mon #Mardiconseil c'est "Le rouge et le blanc" de Harold COBERT aux éditions Les Escales que je remercie tout particulièrement pour ce joli cadeau.

 

Tout commence au sein d'une famille aristocratique en 1914 en Russie. Les deux frères incarnent des idéologies divergentes. Il y a Alexeï, l'aîné, lui est dans le mimétisme, il copie les stratégies capitalistes de son père. Et puis, il y a Ivan, le rebelle, celui qui porte haut et fort des idées communistes. Il intègrera les Cadets de Saint-Petersbourg, ses parents souhaitant le remettre dans le rang. Mais, il en faudrait plus arrêter le jeune homme au dessein anarchiste. Plus que le déchirement d'une famille, c'est celui de tout un pays qui s'offre à nous, la révolution est à l'oeuvre. Suivront d'autres évènements, mondiaux ceux-là, qui obligeront chacun à choisir son camp, à la vie, à la mort.

 

Je ne connaissais pas encore la plume d'Harold COBERT, c'est celle d'un formidable conteur. Elle est tentaculaire, haletante et pleine de suspense.

 

Je me suis délectée de cette fresque qui embrasse une centaine d'années. Je l'ai vécue au rythme effréné de la course du monde. Tous les grands évènements y sont relatés à travers les itinéraires d'activistes politiques, des personnages de fiction hauts en couleur.


À mesure qu’il relatait les événements avec la sécheresse d’un procès verbal, il fut surpris de ressentir un sentiment d’irréalité devant les faits qu’il consignait alors qu’il les avait soufferts dans les moindres replis de sa chair. P. 274

J'avoue que le personnage féminin m'a particulièrement fascinée. Natalia, la fille de la gouvernante des deux garçons avec qui elle a été élevée, joue le chaud et le froid. Le puissant régime au pouvoir pipe les dés et rebat inlassablement les cartes de la loyauté. Natalia m'a tantôt subjuguée, tantôt effrayée. Elle se hisse allègrement sur la première marche du podium.

 

Harold COBERT réussit plus généralement à humaniser un propos qui aurait pu rester à distance des hommes et des femmes qui ont concouru à la grande Histoire. Prodigieux !

 

Les 500 pages regorgent de références et nous offrent un roman captivant. C'est une très belle opportunité de revisiter les grandes décisions politiques du siècle dernier qui continuent d'irriguer le monde d'aujourd'hui. J'ai été frappée par la course à la maîtrise de l'arme nucléaire. C'est glaçant.

 

Je sors k.o. de cette lecture coup de poing avec une chute époustouflante. Défi relevé, chapeau.

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