Thibault BERARD, je l’ai découvert avec les 68 Premières fois avec son premier roman "Il est juste que les forts soient frappés", un titre qui bat tous les records en version hashtag. Cette autofiction m’a fait vivre un ascenseur émotionnel, un énorme coup de
Et puis il y a eu "Les enfants véritables", un nouveau coup de pour un roman différent, toujours inspiré pour partie de sa vie personnelle mais dans un parfait équilibre avec des personnages créés de toutes pièces par un écrivain de talent.
Là, avec « Le Grand Saut », 3ème roman publié aux éditions de L’Observatoire que je remercie pour le joli cadeau, le romancier laisse libre cours à son imagination, c’est un bijou.
Léonard, un vieux monsieur tombe dans sa cuisine, il meurt. Son avatar vient le visiter et lui rappelle tous les moments de sa vie, les bons, les plus difficiles. Enfant, il a toujours voulu être poète. Après des études littéraires, il a rencontré Lize dont il est tombé fou amoureux. Et puis, il y a eu la vie de couple rongée par les contraintes quotidiennes. Dans une autre maison, se produit un autre drame. La petite Zoé vit actuellement avec son Papa. Sa Maman est hospitalisée, la fillette ne peut aller la voir. Mais pourquoi est-elle dans cet état insupportable ? Que lui est-il arrivé ? Puisque son père ne lui délivre aucun indice, Zoé va lancer elle-même son enquête. Elle pourrait bien découvrir un secret pas si bien gardé !
Quel plaisir de retrouver la plume de Thibault BERARD, ses mots sont d’une éblouissante tendresse, les phrases délicates et le propos fantaisiste. L’écrivain nous livre un nouveau roman intimiste construit autour de deux huis-clos et des destins qui pourraient finir par se croiser sous le jeu de l’écriture.
Le titre m’a interpellée. J’ai ainsi cherché dans le dictionnaire la signification de l’expression « Faire le grand saut ».
Il y a le sens propre. Ça veut dire mourir. Mais ne craignez rien, avec Thibault BERARD, la mort prend une dimension d'un nouveau genre, un brin fantasque. Quelle formidable idée que cet avatar !
Et puis il y a le sens figuré ! « Faire le grand saut », ça veut dire aussi faire un changement important, réaliser quelque chose longtemps hésité. Je dois dire que j'ai aimé l’instant de rupture de ce roman, le moment où le vernis craquelle pour laisser place à l’authenticité de l’oeuvre. Impossible de vous en dire plus sans spolier l’histoire. Et je m’en voudrais de rompre avec l’ambiance mystérieuse entre rêves et réalité, chimères et raison, savamment nourrie par l’auteur.
Je voudrais juste vous dire que la petite Zoé m’a profondément émue et sa mère bouleversée.
En fait, elle a envie de faire exactement le contraire de s’aérer : elle veut s’enfouir comme une taupe dans les vieux souvenirs, en respirer la poussière douce et chaude à s’en brûler les poumons. Elle veut rentrer sous la terre de sa mère et s’y blottir. P. 73
Le sens figuré va bien aussi avec la démarche de Thibault BERARD, qui trouve dans l’imagination le loisir de se développer, tout en beauté.
Je voudrais aussi saluer la qualité de la première de couverture, un bon moyen d’illustrer #marsaufeminin. La photographie de Fabrice DURAND représente des garçons sur un plongeoir de bord de mer et une fille, en plein saut. Quelle plus belle invitation à se réaliser !