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Articles avec #mardiconseil catégorie

2024-05-28T17:00:00+02:00

La pesée des âmes de Pascal MANOUKIAN

Publié par Tlivres
La pesée des âmes de Pascal MANOUKIAN

Aux éditions Erick BONNIER


Pascal MANOUKIAN nous revient avec un roman haletant sur les traces laissées par l’histoire contemporaine de la guerre en Syrie. Souvenez-vous, c’était en 2016. Alep affrontait les bombardements russes, enfin, dans sa partie Est, là où fomentait la rébellion.  C’est là-bas qu’Ernest est parti. Il est grand reporter dans les pays en guerre. Son père l’était avant lui. Il est décédé quand Ernest n’avait alors que 8 ans. Ernest laisse sa compagne, Louise, se morfondre sur son destin. Elle subit ses absences, les périodes sans nouvelles et s’interroge sur son avenir. Quelle vie familiale peut-elle envisager avec lui ? Parallèlement, leur entreprise à tous les deux est en cours de rachat par un industriel, une nouvelle approche est en train de révolutionner le monde du journalisme, mêlant à l'envi l'information, la désinformation, la mésinformation... Tous les coups sont permis dès lors qu'il s'agit d'argent. Ernest et Louise continuent pourtant, coûte que coûte, de mener leur combat, celui de la loyauté.

J’ai eu le privilège de lire ce roman en avant-première, un cadeau de l’auteur que je tiens à remercier personnellement.

Ce roman, c'est une lecture coup de poing, de celles que l’on n’oublie pas, marquée à jamais par les soubresauts de la guerre, le stress traumatique, les moments de ferveur aussi.

Roman historique me direz-vous ? C'en est un, oui, mais le voyage dans le temps sera de courte durée. Un simple regard dans le rétroviseur et nous y sommes. Les événements datent de 2016 avec le siège d'Alep en juillet, la reprise de la ville par Damas et le cessez le feu en décembre. C'était il y a 8 ans, ils continuent pourtant d'alimenter les actualités.

J'ai été bouleversée par les bombardements russes venus prêter main forte à Bachar AL ASSAD pour en finir avec les insurgés. Là, ce sont les civils qui sont les premières victimes. Peu importe à celui au pouvoir de voir une partie de la ville d'Alep réduite à des bâtiments soufflés et ses habitants assoiffés, affamés, privés des services de santé. 


Aujourd’hui les médecins ne s’occupent plus que des blessés. Toutes les autres maladies sont devenues orphelines. Les mots lui arrachent le coeur. P. 199

Tous sont promis à mourir. Quelle ignominie !

Pascal MANOUKIAN concourt à la mémoire de ce qui s'est passé à Alep pour ne jamais oublier. Si les faits sont bien réels, malheureusement, l'écrivain choisit d'incarner le propos avec des personnages de fiction profondément attachants, des individus qui pourraient être vous, moi, nous. 

Je me suis battue aux côtés d'Ernest. Dans les galeries souterraines syriennes, j'ai ressenti dans ma chair les soubresauts de la guerre. Le roman prend une dimension sensorielle, vous allez vibrer. A travers l'itinéraire d'Ernest, son irrépressible besoin de repartir, toujours, je me suis remémorée les propos tenus par Sorj CHALANDON lors d’un festival du Scoop à Angers. 


Il a besoin d’ordre et de calme avant le chaos. C’est la raison pour laquelle chaque chose a sa place dans son sac à dos noir, toujours le même. P. 13

Je me suis découvert une âme de guerrière aussi avec Louise. Dans un monde professionnel dicté par les enjeux économiques, la rationalisation des moyens, les licenciements massifs... elle tente de lutter avec les moyens à sa disposition contre un système tout entier.

Tous deux s'inscrivent dans un mouvement de résistance, l'un pour capter les images et collecter des témoignages du terrain, il en va de la fiabilité et de l'authenticité, l'autre en bout de chaîne pour l'exploitation de ces données, il en va de la sincérité. Comment traiter d'un sujet aussi tragique que la guerre sans instrumentaliser l'opinion ?

Comme j'ai aimé revisiter les règles du journalisme et du monde de l'information à un moment où elles sont plus que jamais exposées à être bafouées.


L’immédiateté étouffe la réflexion à la vitesse des réseaux. P. 81

Pascal MANOUKIAN nous replonge dans les années 1975 avec le père d'Ernest et les carnets de chacune de ses expéditions laissés à la postérité.

Il nous livre un roman foisonnant avec autant de parenthèses que de parcours. Le propos est profondément pluriel, interculturel, empreint d'une telle humanité. Quant à la chute, je ne l'ai pas vue venir, c'est une petite bombe.

C'est un excellent roman.

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2024-05-21T06:00:00+02:00

Le rouge et le blanc d’Harold COBERT

Publié par Tlivres
Le rouge et le blanc d’Harold COBERT

Vous aimez les romans historiques foisonnants ? J'ai quelque chose pour vous ! Mon #Mardiconseil c'est "Le rouge et le blanc" de Harold COBERT aux éditions Les Escales que je remercie tout particulièrement pour ce joli cadeau.

 

Tout commence au sein d'une famille aristocratique en 1914 en Russie. Les deux frères incarnent des idéologies divergentes. Il y a Alexeï, l'aîné, lui est dans le mimétisme, il copie les stratégies capitalistes de son père. Et puis, il y a Ivan, le rebelle, celui qui porte haut et fort des idées communistes. Il intègrera les Cadets de Saint-Petersbourg, ses parents souhaitant le remettre dans le rang. Mais, il en faudrait plus arrêter le jeune homme au dessein anarchiste. Plus que le déchirement d'une famille, c'est celui de tout un pays qui s'offre à nous, la révolution est à l'oeuvre. Suivront d'autres évènements, mondiaux ceux-là, qui obligeront chacun à choisir son camp, à la vie, à la mort.

 

Je ne connaissais pas encore la plume d'Harold COBERT, c'est celle d'un formidable conteur. Elle est tentaculaire, haletante et pleine de suspense.

 

Je me suis délectée de cette fresque qui embrasse une centaine d'années. Je l'ai vécue au rythme effréné de la course du monde. Tous les grands évènements y sont relatés à travers les itinéraires d'activistes politiques, des personnages de fiction hauts en couleur.


À mesure qu’il relatait les événements avec la sécheresse d’un procès verbal, il fut surpris de ressentir un sentiment d’irréalité devant les faits qu’il consignait alors qu’il les avait soufferts dans les moindres replis de sa chair. P. 274

J'avoue que le personnage féminin m'a particulièrement fascinée. Natalia, la fille de la gouvernante des deux garçons avec qui elle a été élevée, joue le chaud et le froid. Le puissant régime au pouvoir pipe les dés et rebat inlassablement les cartes de la loyauté. Natalia m'a tantôt subjuguée, tantôt effrayée. Elle se hisse allègrement sur la première marche du podium.

 

Harold COBERT réussit plus généralement à humaniser un propos qui aurait pu rester à distance des hommes et des femmes qui ont concouru à la grande Histoire. Prodigieux !

 

Les 500 pages regorgent de références et nous offrent un roman captivant. C'est une très belle opportunité de revisiter les grandes décisions politiques du siècle dernier qui continuent d'irriguer le monde d'aujourd'hui. J'ai été frappée par la course à la maîtrise de l'arme nucléaire. C'est glaçant.

 

Je sors k.o. de cette lecture coup de poing avec une chute époustouflante. Défi relevé, chapeau.

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2024-04-02T06:00:00+02:00

Les filles du chasseur d’ours d’Anneli JORDAHL

Publié par Tlivres
Les filles du chasseur d’ours d’Anneli JORDAHL

Éditions de L’Observatoire

 

Ce roman entre sans conteste dans la catégorie du « Nature writing ». Je ne savais pas bien ce que ce genre nouveau révélait de spécificités avant d’être « Encabanée » par Gabrielle FILTEAU-CHIBA.

 

Maintenant, je sais à quel point vivre en immersion dans la nature fait vibrer tous nos sens !

 

Là, nous partons pour la Finlande à la rencontre d’une fratrie. Ce sont « Les Filles du chasseur d’ours » d’Anneli JORDAHL.

 

Les filles sont au nombre de sept. Elles vénèrent leur père, ce héros, pour ses tableaux de chasse. Leur mère, cette femme qui en l’absence de son mari, doit assurer le bon fonctionnement de la ferme, leur donne une éducation rustre et sans concession. Alors, quand leur père succombe sous les coups de l’ours le plus redoutable de la contrée, elles se retrouvent en perte de repères. Leur mère sombre dans la folie jusqu’à en mourir. C’est là qu’un choix déterminant va orienter la vie des filles, loin de la société, au coeur de la forêt, là où leur père élisait domicile quand il partait chasser.  Sauvageonnes, elles vont s’exercer à vivre de ce que Dame Nature est en mesure de leur offrir, pour le meilleur comme pour le pire.

 

Cette histoire c’est un conte des temps modernes, un récit inventé de toutes pièces par une écrivaine dont je découvre le talent. Si vous avez envie de vous déconnecter de votre réalité, je crois bien que ce livre est pour vous.

 

Il y a des passages avec des descriptions tout à fait exaltantes du rapport du corps à l’eau quand il s’immerge. Vous allez frissonner, de froid, à moins que ça ne soit d’ivresse.

 

Et puis, dans ce roman, il y a la sororité déclinée à l’échelle d’une fratrie de sept filles, sept êtres dont les comportements sont dictés par l’instinct de survie, sept individus aux réflexes primitifs de se défendre, se nourrir, se réchauffer, s’abriter.

 

Mais plus que tout, dans ce roman, ce qui m’a captivée ce sont les aspirations de deux d’entre elles, l’une, Simone, pour la spiritualité l’autre, Elga, pour la littérature.  Il y a quelque chose de transcendant, de l’ordre du dépassement de soi, c’est absolument fascinant.

 

Ce roman, un pavé, en lice pour le Prix des Lectrices Elle, est tout à fait original, une lecture qui relève de l’expérience.

 

Bravo à Anna GIBSON pour la qualité de la traduction. 

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2024-03-26T07:00:00+01:00

Tosca de Murielle SZAC

Publié par Tlivres
Tosca de Murielle SZAC

Éditions Emmanuelle COLLAS

 

Cette nouvelle lecture est une référence du Book club, un roman qui concourt à la mémoire d’un homme qui, menacé de mort, trouvait la force de chanter l’opéra de PUCCINI.

 

Tout commence avec l’arrestation de Juifs par la milice lyonnaise orchestrée par Paul TOUVIER. Chaque fois, des hommes arrivés avec une Traction Avant noire s’invitent dans des familles qui ont pour seul crime d’être Juifs. Français ou étrangers, peu importe, tous sont emmenés, manu militari, vers le peloton d’exécution.

 

Murielle SZAC est journaliste. Depuis le procès de Paul TOUVIER, elle n’a de cesse de vouloir donner un nom à ce jeune homme inconnu, parfois appelé Tosca, fusillé avec six autres hommes au petit matin du 29 juin 1944.

 

Elke nous livre un roman court, poignant, dans lequel elle nous fait partager les dernières heures d’hommes emprisonnés dans un même placard à balai et dont la vie semble peser moins lourd qu’une plume. 

 

La puissance de la plume nous prend à la gorge. A l’image de la chanson de Jean-Paul GOLDMAN, l’écrivaine pose cette question :


Comment se construit-on un destin de héros ou de traître ? P. 38

Portée par l’élan de l’opéra de PUCCINI, Murielle SZAC offre un brillant hommage à ces hommes, et tous les autres.

Quelle plus belle phrase pour résumer la beauté du geste : 


Dans l’obscurité de ce cachot étouffant et surpeuplé, Léo GLASER adresse un merci muet et fervent à tous ces héros de l’ombre. P. 100

Poignant !

Si quelques lectures sont "imposées" cette année avec le Book club, ce roman est hors cycle mais il s'impose, tout simplement.

Retrouvez les références du Book club :

"Le royaume désuni" de Jonathan COE

"Le roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

 

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le disede Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

"Bakhita" de Véronique OLMI

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2024-03-19T07:00:00+01:00

Bakhita de Véronique OLMI

Publié par Tlivres
Bakhita de Véronique OLMI

Coup de ❤️  pour le roman de Véronique OLMI : « Bakhita » découvert grâce au Book club, bonne pioche. C'est aussi l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'illustratrice, Cristina SAMPAIO.

 

Ce roman, édité chez Albin Michel et maintenant Le livre de poche, lauréat du Prix FNAC 2017, relate la vie d’une femme au destin aussi effroyable que fascinant.

 

À l’âge de 7 ans, dans son village du Darfour, sa soeur, Kishmet, venue rendre visite à ses parents, est razziée. Elle est enlevée par des négriers qui mettent le feu au village pendant que les femmes battent le sorgho et les hommes cueillent les pastèques. Nous sommes dans les années 1870. Ces pratiques sont courantes. D’autres encore sont à l’oeuvre. Celle qui deviendra Bakhita est chargée avec son amie de mener les vaches à la rivière. En chemin, elles rencontrent deux hommes qui guident la plus belle vers un bananier. C’est là que sa vie bascule. Elle est vendue à des négriers musulmans et destinée à l’esclavage. Les femmes, les enfants, sont emprisonnés, ils sont ensuite enchaînés puis emmenés à travers le pays pour rejoindre les grands marchés. Bakhita est achetée à El Obeid, là elle va vivre l’enfer pendant plusieurs années jusqu’à ce que les « propriétaires » en difficultés financières ne décident de vendre ceux qu’ils battent à mort. Bakhita croise le chemin d’un consul italien, Signore Legnani, qui l’achète pour l’affranchir. Commence alors pour elle une nouvelle vie !

 

Ce roman est l’odyssée d’une femme qui aurait pu mourir chaque jour des mauvais traitements qu’elle subissait depuis sa plus tendre enfance. Elle poussera pourtant son dernier souffle à l’âge de 78 ans.

 

La première partie du roman est insupportable d’inhumanité. Elle relate cette page de la grande Histoire de l’Afrique qui torturait ses congénères et marchandait la vie des êtres parmi ses matières premières. Si la littérature évoque la traite négrière transatlantique, je n’avais encore jamais lu sur ce que Tidiane N’DIAYE, anthropologue, dénomme « Le génocide voilé » dans son livre éponyme. C’est rien de moins que l’extermination de tout un peuple subsaharien par les arabo-musulmans qui est abordé dans le roman de Véronique OLMI, qu’elle soit honorée pour le devoir de mémoire auquel elle concourt. 

 

À travers cette biographie, c’est aussi la force de la générosité que l’écrivaine encense. L’existence de Bakhita est marquée par toutes celles à qui elle a tenu la main pour continuer d’avancer, qu’il s’agisse d’enfants comme elle, condamnées à l’esclavage, ou plus tard de ces petites filles orphelines accueillies par les religieuses italiennes. Son corps conservera à jamais les traces des sévices qu’elle a subis, son esprit, lui, l’empreinte des déchirements liés aux séparations.

 

Et puis, il y a la révélation de la foi, religieuse, catholique, comme une nouvelle forme d’espoir dans un pays occidental qu’elle apprend à découvrir. 

 

J’ai été frappée par sa façon singulière de s’approprier le monde, où qu’elle soit, avec qui elle soit, comme un appel aux sens en l’absence de la maîtrise de la langue. 


Elle ne comprend pas la phrase, elle comprend le sentiment. Et c’est comme ça que dorénavant elle avancera dans la vie. Reliée aux autres par l’intuition, ce qui émane d’eux elle le sentira par la voix, le pas, le regard, un geste parfois. P. 53

Malgré les apprentissages aux couvents, Bakhita rencontrera toute sa vie des difficultés dans l’expression orale et la lecture. 

 

Parce que le hasard des lectures construit parfois des ponts en littérature. Comme chez  « Oma », il y a chez Bakhita la force de l’humour. Quelle plus belle distinction !


[…] ils donnent à la honte un peu de dignité. Bakhita apprend cela, qu’elle gardera toute sa vie comme une dernière élégance : l’humour, une façon de signifier sa présence, et sa tendresse aussi. P. 46

Vous ne le savez peut-être pas encore mais Bakhita est cette femme béatifiée et canonisée par le Pape Jean Paul II. Elle est déclarée sainte en 2000.

 

Ce roman historique est absolument prodigieux. Il rend grâce à une femme remarquable de bonté qui honore tout un peuple. 

 

Je ne connaissais pas encore la plume de Véronique OLMI, elle est juste captivante. Mon #Mardiconseil est un coup de ❤️

Retrouvez les références du Book club :

Le royaume désuni de Jonathan COE

Le roitelet de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

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2024-03-12T07:00:00+01:00

Ce que je sais de toi d’Eric CHACOUR

Publié par Tlivres
Ce que je sais de toi d’Eric CHACOUR

Éditions Philippe REY

 

Les premiers romans sont comme autant d’espoirs de renouveau. C’est un peu comme le printemps et toutes ses promesses… de beaux jours, de belles fleurs, de beaux fruits, de beaux arbres… 

 

Dès sa sortie en librairie en septembre 2023, « Ce que je sais de toi » d’Eric CHACOUR fut plébiscité. Il n’aura fallu qu’un passage à la Librairie L’Étincelle pour qu’il rejoigne ma PAL.

 

Nous partons pour Le Caire. Nous sommes en 1961. Deux enfants, un garçon de 12 ans. Tarek, une fille de 2 ans de moins, Nesrine, se promènent en ville en famille. Il y a un premier échange autour d’une voiture, puis d’un métier. Assez naturellement, l’aîné qui porte les mêmes initiales que son père, sera médecin comme lui. D’une banale discussion se concrétise un destin au sein de cette famille levantine, elle fait partie de la communauté des Chawams, des Chrétiens, des hommes et des femmes occidentalisés, des francophones. C’est dans ce microcosme égyptien que se construit Tarek. À la mort de son père en 1974, il a 25 ans. Il prend e relève de son père dans sa clinique. Mais ça ne saurait lui suffire.

 

 

Ce roman m’a happée dès les premières pages. C’est un excellent premier roman, j’ai vibré. Je ne suis d’ailleurs pas la seule puisqu’il a été honoré de très beaux prix littéraires, le Prix Première Plume (après Anthony PASSERON pour « Les enfants endormis »,  Victoria MAS pour « Le bal des folles », Adeline DIEUDENNE de pour « La vraie vie », Caroline LAURENT et Evelyne PISIER pour « Et soudain, la liberté ») et le Prix Femina des Lycéens. Qui disait que les jeunes ne lisent plus et qu’ils n’ont pas de goût ?

 

Dans ce roman, il y a le portrait dressé d’une Egypte plurielle, celle de cette communauté levantine, celle des bidonvilles (l’occasion d’un petit clin d’œil à Soeur Emmanuelle qui s’était installée là-bas et a beaucoup apporté à la population du  Moqattam), celle encore d’un pays dont le déclin est annoncé. Nombreux seront ceux à quitter le territoire notamment pour le Canada. Eric CHACOUR a puisé dans son histoire personnelle pour en dessiner les contours.

 

Comme j’ai aimé le traitement de la langue et ce qu’elle véhicule avec elle.


Ce langage semblait appartenir au monde des adultes, un continent lointain qu’il te restait à découvrir. Tu ignorais si l’on y échouait un jour, sans s’en apercevoir, pour trop avoir laissé l’enfance dériver, ou s’il s’agissait de terres qui se conquièrent dans la souffrance. P. 16

Et puis, il y a l’amour, lui aussi pluriel. Il y a celui, conventionnel, de Tarek avec Mira, une jeune femme avec qui il a passé de nombreuses années, cette histoire était écrite. Et puis, il en est une autre qui va faire exploser tous les carcans, celui des classes sociales, celui de la sexualité. A l’heure où Eric DUPONT-MORETTI présente les excuses de la France auprès des homosexuels discriminés de 1942 à 1982, il est d’autres territoires dans lesquels l’homosexualité est interdite.

 

Enfin, il y a la narration, parfaitement maîtrisée. Tout commence avec la 2ème personne du singulier, de quoi interpeller le lecteur, le prendre à témoin, le questionner. Lui, qu’en aurait-il pensé ? Comment aurait-il agit ? Pour la suite, vous comprendrez que sa lecture s’impose…

 

La plume d’Eric CHACOUR est absolument magnifique, à la fois grave et poétique, tellement captivante. J’ai savouré ce roman qui va rester longtemps gravé dans ma mémoire, comme ce chocolat, une délicate attention de petit Papa Noël. Je ne connaissais pas le concept « Le chocolat de poche ». L’essayer c’est l’adopter 😉

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2024-01-09T07:00:00+01:00

Plexiglas d’Antoine PHILIAS

Publié par Tlivres
Plexiglas d’Antoine PHILIAS

Ce roman fait partie des « lectures imposées » du Book club. Après 

« Perspective(s) » de Laurent BINET

« Humus » de Gaspard KOENIG (lu un peu avant la sélection)

« Le grand secours » de Thomas B. REVERDY

place à Plexiglas d’Antoine PHILIAS aux éditions Asphalte.

 

Nous voilà arrivés à Cholet avec Elliot, un jeune homme de retour de Rennes. Ses dernières années ont été partagées entre beuveries et petits jobs. Il se rapproche de sa soeur jumelle, Raf, qui habite à La Séguinière. Elle est coiffeuse à domicile et vit avec Jonas depuis une dizaine d’années. Lui travaille chez Leroy Merlin. Leurs parents sont séparés. De passage au Balto, le bar tabac de la galerie commerciale, il rencontre Lulu, la soixantaine, caissière chez Carrefour. Elle vit seule. Elle est syndiquée et fit partie du mouvement des gilets jaunes. Son fils est parti étudier à Paris. Au fil des rencontres dans ce lieu si ordinaire, une relation va se tisser entre lui et elle. On pourrait dire qu’ils sont différents, ils ont finalement tant en commun. 

 

Ce roman social s’échelonne sur une année, du 1er janvier 2020 au 31 décembre suivant. Vous l’aurez compris, Plexiglas fait référence au système de protection mis en place pour se protéger de la prolifération du Covid19. Avec son second roman, Antoine PHILIAS met sous les projecteurs les métiers dits essentiels, ceux qui ne s’arrêteront pas de travailler pendant le confinement, ceux qui besogneront pendant que les autres profiteront de 2 mois de vacances, au soleil, tous frais payés.

 

Certains ne changeraient pourtant pour rien au monde…


Mais tout l'or du monde ne le ferait pas abandonner son équipe. Encore moins maintenant, avec tout ce qu'ils traversent ensemble. Une aventure humaine qui ne peut exister dans les hautes sphères, Charles les a suffisamment fréquentées pour le savoir. Il se trouve exactement là où il doit se trouver. P. 101

Ce roman, c’est celui des emplois « au service de » qui exigent disponibilité et bienveillance mais qui ne sont pas suffisrémunérés, cantonnant toute une classe sociale dans un microcosme, une sphère de la société avec ses codes, sa langue, ses horaires… obligeant les uns et les autres à se marier ensemble pour faire des enfants qui eux, peut-être comme Hugo, le fils de Lulu, feront barrage au déterminisme social, sans oublier pour autant leurs origines.


Podcast sur les oreilles, assis trop près d'un passager à la toux inquiétante, Hugo se dira, quand même, ça fait toujours du bien ces mini-retours au bercail [...]. P. 138

Ce roman dresse le portrait d’une société de consommation. L’auteur nous fait des listes infinies de marques qui composent notre environnement du XXIÈME siècle. A travers eux, c’est tout le système économique qu’il dénonce.
 

Il évoque aussi le numérique qui envahit la vie des gens, les conditions d’accueil en EHPAD…

 

Tout est fait pour créer l’illusion mais quand on gratte le vernis, la réalité est loin d’être belle.

 

Ce roman m’a beaucoup rappelé la BD d’Antoine DAVODEAU, « Les mauvaises gens » qui se passent aussi dans Les Mauges. Les personnages sont attachants, tellement humains.

 

Antoine PHILIAS nous livre une satire de notre société qui fait grincer les dents. Le style de son écriture, vif et acéré, rend le propos cinglant.


[...] survivre d'abord, sortir du merdier ensuite. P. 149

C’est sombre, c’est étouffant. De là à dire qu’il soit militant, il n’y a qu’un pas. On referme le livre avec une cruelle envie de descendre dans la rue et crier ! 

Le travail d’Elizabeth GASKELL a été honorée au XXIème siècle pour « ses descriptions industrielles inédites » d’un Manchester disparu (XIXème). Souhaitons les deux, que le travail d’Antoine PHILIAS soit apprécié comme celui d’un témoin d’une période dictée par les canons de l’économie capitaliste et que ce système disparaisse !

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2024-01-02T07:00:00+01:00

L'enfant dans le taxi de Sylvain PRUDHOMME

Publié par Tlivres
L'enfant dans le taxi de Sylvain PRUDHOMME

Les éditions de Minuit

 

Sylvain PRUDHOMME, je l’avais découvert avec « Par les routes », Prix Femina 2019, un roman intimiste qui m’avait troublée. 

 

Et puis, il y a eu cette rencontre dédicace organisée par l’association Les Bouillons dans les Bibliothèques Municipales d’Angers. Je suis tombée sous le charme de son nouveau roman, "L'enfant dans le taxi". C'est mon #mardiconseil.

 

Tout commence avec une rencontre en terrain hostile. Une femme, une Allemande, un homme, un Français. Nous sommes en 1944. C’est la fin de la guerre. Lui, Malusci est un soldat d’occupation. Il est hébergé dans la ferme de ses parents à elle, près du Lac de Constance. A la sépulture de Malusci, Franz, son gendre, évoque avec Simon, son petit-fils, le secret de famille autour d’un enfant né de cette union, M.. Il aurait plus de 70 ans aujourd’hui. Il n’en faudra pas plus pour que Simon, en pleine séparation avec A. après 20 ans de vie commune, ne reprenne ses recherches. Il est encore loin d’imaginer où tout ça va le mener !

 

Ce roman est d’une profonde sensibilité. Comme j’ai aimé retrouver cette plume dans laquelle chaque mot est savamment pesé.


C’est un roman familial qui explore les relations, les jeux de rôles entre les uns et les autres, les choses révélées et celles cachées.


Puisque depuis toujours dans l’ordre des familles le crime c’est de parler, jamais de se taire. P. 20

Il y a des coups de théâtre aussi. Que dire de la grand-mère qui interdit à son petit-fils de mener l'enquête ? Elle ressemble à la sienne d'ailleurs. Cette histoire, c'est un peu celle de l'auteur...

 

Ce roman touche du doigt la quête et le poids des origines. M., Comme 400 000 enfants, est né d’une relation entre une Allemande et un Français. De l’autre côté du Rhin, les êtres n’étaient pas plus tolérants à l’égard de celles qui se donnaient à l’ennemi, pas sous le joug des armes, non, mais par amour.

 

Les personnages sont très romanesques. Ils sont tellement attachants.

 

Et puis, des pages de la grande Histoire de France s’invitent dans celle d’une famille largement inspirée de celle de l’écrivain. Il n'y a pas que la fin de la seconde guerre mondiale, non. Il y a aussi la guerre d'Algérie.

 

Chez Sylvain PRUDHOMME, il y a encore cette manière, à l’oral comme à l’écrit, d’effleurer les événements et de générer, comme les ronds dans l’eau, des effets collatéraux d’une puissance rare. A bien le regarder lors de cette soirée, à bien l'écouter aussi, l'homme a un je ne sais quoi de Patrick MODIANO. Toutes les interprétations que vous pouvez lui suggérez résonnent comme autant de possibles.


Que je voulais que ma vie soit toujours faite de ça : de moments ouverts, remplis d’interrogation, de vertige. P. 176

Le tout est rythmé par une plume singulière avec une ponctuation réduite à sa portion congrue, une écriture dans laquelle le souffle de la lecture prend tout son sens. A charge de celle et celui qui découvrent le récit de lui donner la lenteur ou l’élan qu’ils souhaitent. Les mots sont tendres et émouvants, empreints de poésie. L’auteur est empathique. 

 

C'est un nouveau roman très réussi aux éditions de Minuit, une première pour lui, pas la dernière c’est certain !

 

#lenfantdansletaxi #sylvainprudhomme #roman #histoire #origines #guerre

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2023-10-03T05:00:00+02:00

Avant la forêt de Julia COLIN

Publié par Tlivres
Avant la forêt de Julia COLIN

Dans cette rentrée littéraire, place à un conte des temps modernes, « Avant la forêt » de Julia COLIN.

 

Tout commence dans un contexte de fin du monde. Le réchauffement climatique n’est plus une perspective mais une réalité, les cultures grillent sur pied sous l’effet des 50 degrés, la pénurie d’essence oblige les véhicules automobiles à s’arrêter sur le bord des routes, le manque de médicaments condamne les populations aux épidémies. Elie et ses parents, comme la famille de Calme, décident de quitter Paris en quête d’un lieu plus supportable. A Lyon, un terrible accident laisse Calme orpheline, elle est prise en charge par la famille d’Elie qui poursuit son exil. Elle refuse le joug de la mafia marseillaise et s’installe finalement dans la vallée de Marat où les parents de Calme étaient propriétaires d’un lopin de terre. Là, les hommes et les femmes font communauté, ils s’entraident, ils troquent leurs ressources pour subsister. Sous l’autorité d’un maire et d’une milice, « exister » a-t-il encore un sens ?

 

Notre monde prêt à basculer dans quelque chose d’apocalyptique inspire la littérature. A travers des personnages de fiction qui ressemblent à des gens ordinaires, Julia COLIN nous offre sa vision, une dystopie. 

 

L’Homme serait-il un loup pour l’homme ? Julia COLIN revisite la comédie Asinaria de Plaute quelques 2000 ans après sa création. L’écrivaine projette le regard de celui qui a sur les inconnus qui arrivent en quête d’un monde meilleur. C’est le sort qui sera réservé demain aux réfugiés climatiques. Comment nous comporterons-nous ? Allons-nous ériger des murs pour s’en protéger et installer des congénères, armés, pour les faire respecter ? Ce roman est bien plus philosophique qu’il n’y paraît. Aucun doute, il est bien publié Aux Forges de Vulcain dont le dessein est de « changer la figure du monde ». 

 

En attendant l’invasion, il faut bien répondre à ses besoins vitaux, manger, dormir, s’abriter, se protéger du froid. La vie quotidienne ne saurait puiser dans ses seules ressources  pour s’assurer un avenir. C’est là que l’administration et la politique prennent le pouvoir pour le meilleur, comme pour le pire. A travers Enric, le maire, et Saule, la cheffe de la milice qui n’est autre que sa fille, Julia COLIN met le doigt sur ce qui fait mal, une autorité dans les mains d’une seule  famille qui joue de ses capacités à choisir de ce qui est bon pour tous. Elle révèle les limites de l’exercice ! 


Dans les dictatures aussi, ça arrive que les gens se portent bien. Ça ne veut pas dire qu’ils sont heureux. À Marseille, on vivait sous le contrôle de la Mafia, on était en sécurité, on mangeait à notre faim. Ça ne les a pas empêchés de me tabasser parce que je refusais leurs interdictions. P. 199-200

Dans un contexte d’écoanxiété, l’autrice nous ouvre une voie… mystérieuse et puise dans les légendes pour donner à la nature des pouvoirs fantastiques mais là, je ne vous en dirais pas plus.


Au début, il ne perçut que les sons habituels : le grincement des branches, le chant d’un oiseau, les bourrasques du vent. Mais, en se concentrant davantage, il crut percevoir, timide mais joyeuse, une nouvelle voix inconnue qui chantait sa joie d’être au monde. P. 206

Ce premier roman est parfaitement réussi. Il est servi par une très belle plume avec des personnages attachants, le tout dans un rythme captivant. C’est une expérience littéraire aussi, à la croisée de différents  chemins. Il fallait oser le sujet, il fallait oser la forme aussi. Pari réussi.

 

Publicité. Livre offert par la maison d’édition. 

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2023-09-26T05:30:00+02:00

Rocky, dernier rivage de Thomas GUNZIG

Publié par Tlivres
Rocky, dernier rivage de Thomas GUNZIG

Au Diable Vauvert

 

Il y a 5 ans, Fred et sa famille, Hélène sa femme, Alexandre et Jeanne ses enfants, sont venus s’installer sur cette île située dans l’Atlantique, à 600 km d’autres terres, une île privée pour se protéger des effets du réchauffement climatique. Ces jours derniers, il ressent une colère l’animer. Plutôt que la révéler à ceux qu’il aime, il préfère s’isoler. S’il n’était que le seul…

 

Ce roman, c’est une lecture coup de 🥊, le premier conseil de Sophie de la toute nouvelle Librairie L’Étincelle installée 65 rue Beaurepaire sur Angers. 

 

 

 

De ce roman, je ne vais pas vous en dire long. En fait, une fois n’est pas coutume, je vous en livre sa 4ème de couverture : 


Parfois, dans ces moments, quand il avait pris un verre de vin et qu’une légère ivresse arrondissait les angles de son esprit, il oubliait que le monde avait disparu.

Cette citation est parfaitement inoffensive. Elle ne dévoile rien de la substantifique moelle de ce roman, ou si peu.

 

Thomas GUNZIG, dont je ne connaissais pas la plume (honte sur moi, il est prolifique et en tous genres littéraires), nous propose une dystopie. Vous ne rêvez pas. Ça se passe « aujourd’hui » !

 

La prose, orchestrée en trois partie, nous offre le regard croisé des quatre personnages principaux du roman. Tout à tour, le lecteur met la focale sur l’un d’entre eux, se nourrit de son histoire personnelle, prend la mesure de son dessein, le tout dans un contexte de grande vulnérabilité dans lequel les proches peuvent représenter la plus grande des menaces. 

 

Le rythme est haletant, c’est au péril de leur vie !


Il fut envahi par un sentiment d’urgence poussé par une force impérieuse venue du fond de son ventre. P. 311

Non, je ne mettrai pas les mots sur cette histoire, loin de moi d’idée de vous la dévoiler ! Sophie m’a dit : « Il est dans le top 3 de cette rentrée littéraire ! » 😉 Suivez le conseil de cette libraire, sortez des sentiers battus, laissez votre curiosité faire le reste, succombez !

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2023-09-19T19:48:08+02:00

Perspective(s) de Laurent BINET

Publié par Tlivres
Perspective(s) de Laurent BINET

Vous aimez la peinture ? Celle de La Renaissance en particulier ? Vous pourriez bien aimer le dernier roman de Laurent BINET, « Perspective(s) » aux éditions Grasset.

 

Nous sommes en 1557 à Florence. Jacopo PONTORMO, peintre de la cité, réalise une commande dans le choeur de l’église San Lorenzo. Il est découvert mort au pied de sa fresque en cours de réalisation. Une partie semble avoir été modifiée. L’artiste a-t-il été tué ? S’est-il suicidé ? Tout ça est très mystérieux. La famille MEDICIS règne sur le territoire. Le Duc demande à Agnello BRONZINO, l’apprenti de feu PONTORMO, d’achever la création. Eléonore de Tomède son épouse, entend également entrer dans la danse pour orienter le travail et conformer l’oeuvre aux canons de la peinture du moment. Dès lors, tous les coups sont permis.

 

L’originalité de ce roman, c’est d’abord sa forme : un échange de correspondances datant de 1557-1558. Si le roman épistolaire concerne souvent 2 protagonistes se répondant au gré de leurs envies, là, l’écriture est au service de plusieurs personnages, de quoi révéler tout un tas de secrets si peu bien gardés !

 

Et puis, il l’est aussi sur le fond. Laurent BINET choisit d’explorer la mort mystérieuse d’un peintre de la Renaissance, Jacopo PONTORMO, l’artiste en charge de la réalisation d’une fresque dans le choeur de l’église de San Lorenzo de Florence. Il y a déjà consacré 11 ans de sa vie, à l’abri des regards, enfin presque.

 

Le tout est servi par une plume haletante. Les tribulations de la famille de MÉDICIS ne manquent pas de fourberie, rendant l’itinéraire de chacun des plus dangereux. Laurent BINET en fait un formidable terrain de jeu, romanesque à souhait. 

 

Comme j’ai aimé replonger dans la Renaissance, cette période d’effervescence artistique, y revisiter les canons de la peinture et croiser Michel-Ange en personne. 

 

Ce roman historique est un petit bijou de cette rentrée littéraire, qu’on se le dise !


Nous, femmes, sommes les pièces qu’on déplace sur l’échiquier des empires, et si nous ne sommes pas sans valeur, assurément nous ne sommes pas libres de nos mouvements. P. 85