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Articles avec #noel en poche catégorie

2022-12-24T07:00:00+01:00

L’Âge de la lumière de Whitney SCHARER

Publié par Tlivres
L’Âge de la lumière de Whitney SCHARER

On poursuit #Noelenpoche avec un magnifique roman, celui de Withney SHARER, "L'âge de la lumière" publié initialement aux éditions de L'Observatoire et désormais chez Le livre de poche.

out commence avec la préparation d’un dîner. Lee MILLER a une soixantaine d’années. Elle est en cuisine. Elle s’apprête à accueillir Audrey WITHERS, Rédactrice en Chef du Magazine Vogue, une amie de longue date. Lee MILLER est hantée, de nombreuses années après, par ce qu’elle a vécu à Saint-Malo lors des bombardements des alliés, la libération d’un territoire qu’elle fut chargée d’immortaliser. Elle lutte contre ses visions en buvant whisky sur whisky. Si un nouveau contrat semble difficile à envisager dans l’état de santé actuel de Lee MILLER, c’est toutefois l’opportunité rêvée de revenir sur une carrière... hallucinante.

La photographie, Lee MILLER est née dedans avec un père amateur du genre. Mais plus que ça, la photographie, elle en fit son alliée, la voie du rebond, après avoir vécu un drame. Dans l’intimité familiale, son père lui proposa de se réconcilier avec son corps. Il réalisa jusqu’à son adolescence des clichés d’elle, nue, peut-être la prédisposition à quelques années de mannequinat. Et puis, Lee MILLER a eu besoin de partir, loin. C’est ainsi qu’elle arriva à Paris en 1929. Elle n’y connaissait personne. C’est à l’inconnu qu’elle accepta d’être conduite dans une fumerie d’opium de Montmartre, chez Drosso très précisément. Elle y fut accueillie par un homme. Elle découvrira plus tard qu’il s’agissait de Man RAY, l’homme avec qui elle partagera une grande partie de sa vie. Man RAY était fils d’un tailleur, il était promis à la succession de l’entreprise familiale mais Man RAY souhaitait être un artiste. Il commença par acheter une presse à imprimer pour éditer une revue avec un ami. C’est à cette époque qu’il commença à peintre. Et puis, il y eut la rencontre avec Adon qu’il épousa. Lui voulait partir vivre à Paris, elle non, leur mariage ne résista pas. Il vécut une dizaine d’années avec Kiki DE MONTPARNASSE, juste avant de rencontrer Lee MILLER. Elle, elle souhaitait faire comme son père, découvrir la technique photographique.

 

C’est une manière tout à fait originale de s’acculturer à la discipline artistique de la photographie. 

Dans une version romancée, Whitney SCHARER et la traductrice Sophie BASTIDE-FOLTZ nous livrent une biographie hors norme, à l’image de la femme dont les clichés dans des robes luxueuses ne sauraient résumer les 70 années de la vie d’une passionnée.

Nous sommes le 24 décembre, retrouvez toutes les publications de ce calendrier de l'avent en faveur de livres à petit prix : 

J1 Ces orages-là de Sandrine COLLETTE
J2 Ce matin-là de Gaëlle JOSSE
J3 Trois jours et une vie de Pierre LEMAITRE
J4 Une bête au Paradis de Céline COULON
J5 La porte du voyage sans retour de David DIOPP
J6 La décision de Karine TUIL
J7 Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND
J8 Hamnet de Maggie O'FARRELL
J9 Ceux qui partent de Jeanne BENAMEUR
J10 Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU
J11 La carte postale de Anne BEREST
J13 Héritage de Miguel BONNEFOY
J14 Impact d'Olivier NOREK
J15 S'adapter de Clara DUPONT-MONOD
J16 La fièvre de Sébastien SPITZER
J17 Là où nous dansions de Judith PERRIGNON
J18 Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
J19 Vert samba de Charles AUBERT
J20 Dahlia de Delphine BERTHOLON
J21 Avant elle de Johanna KRAWCZYK
J22 Le poison du doute de Julien MESSEMACKERS
J23 Sankhara de Frédérique DEGHELT
J24 L'âge de la lumière de Withney SHARER
 
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un Joyeux Noël

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2022-12-23T07:00:00+01:00

Sankhara de Frédérique DEGHELT

Publié par Tlivres
Sankhara de Frédérique DEGHELT

On poursuit #Noelenpoche avec "Sankhara" de Frédérique DEGHELT disponible dans la collection Babel des éditions Actes Sud.

« Sankhara », c’est l’histoire d’un couple qui se déchire à coup d’incompréhension, de confusion, l’amour aurait-il déserté ? C’est la question que se pose assurément Hélène qui, un jour de septembre 2001, part... pour 10 jours de méditation. Elle laisse homme et enfants, leurs jumeaux sont en grande section de maternelle, ils s’apprêtent à faire leur rentrée scolaire. Ses enfants, elle leur laisse une lettre pour expliquer qu’elle reviendra et qu’ils recevront, chaque jour, un nouveau courrier d’elle. Sébastien, lui aussi, se pose des questions sur son couple, son avenir avec Hélène. Mais, lui, journaliste, va subir ce départ d’Hélène. À son attention, sa femme ne laissera aucun mot. Chacun, terriblement déstabilisé par la nouveauté des événements mais aussi profondément conditionné par son environnement social, familial, urbain, professionnel, géopolitique... du moment va puiser dans ce qu’il a de plus intime pour analyser la situation et l’affronter... ou pas !
 
Frédérique DEGHELT explore la situation d’un couple en mal d’amour, à moins que la raison de sa déliquescence soit à chercher ailleurs.
 
Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce livre, c’est d’accompagner Hélène, une femme, dans son initiative. Elle aurait pu choisir de partir en voyage au bout du monde, de partir peindre ou jardiner, je crois que je l’aurais suivie sans condition, d’abord, parce qu’elle décide de prendre son destin en main, qu’elle est active et choisit de prendre de la distance pour mieux voir où ils en sont, elle et Sébastien de leur union, et mieux regarder les choses en face. Et puis, imaginer une retraite, un refuge... à quelque chose de séduisant. 
 
C’est une femme, c’est une mère aussi. Loin d’elle l’idée d’abandonner ses enfants et j’ai trouvé l’idée de ce lien maintenu, coûte que coûte, d’une profonde émotion.
 
Mais, et c’est là où le talent de Frédérique DEGHELT prend toute sa dimension, l’écrivaine va nous faire découvrir deux univers tout à fait singuliers, celui de la médiation et celui du journalisme.
 

Mais quelle jolie manière elle a d’introduire chaque chapitre qui correspond à chacun des dix jours d’absence d’Hélène, tantôt avec une citation d’Albert Camus, tantôt avec l’une de Mahatma GANDHI, tout un programme, à MÉDITER sans modération.

Vous voulez savoir si la chute est de qualité ? Elle est magistrale.

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2022-12-22T07:00:00+01:00

Le poison du doute de Julien MESSEMACKERS

Publié par Tlivres
Le poison du doute de Julien MESSEMACKERS

On poursuit #Noelenpoche avec "Le poison du doute" de Julien MESSEMACKERS aux éditions Le Passage, désormais disponible en poche chez Pocket.

Margaux a 42 ans. Elle est mariée avec Philippe Novak, lui en a 52. Ils ont un garçon de 7 ans, Romain. Ils habitent un pavillon et vivent dans un petit paradis naturel, la Baie de Somme. Elle est infirmière et associée avec une autre professionnelle, Virginie, une amie. Si le relevé du courrier est une activité négligée, une enveloppe retient pourtant l’attention de Margaux. Elle vient des services de police. Elle est adressée à Philippe qui y découvre une convocation. Lors de l’entretien avec les fonctionnaires, il subit un interrogatoire un brin insistant, sous l’oeil de Judith Balmain, Capitaine du SRPJ de Versailles, en charge de l’instruction d’une affaire non élucidée de familicide commise il y a 17 ans maintenant. Plus que cet entretien, une perquisition de la maison est rapidement faite. Tous les effets personnels se retrouvent sens dessus, sens dessous. Il ne faudra pas plus d’un article de presse avec les initiales de Monsieur et le métier de Madame pour que le solide édifice familial ne soit mis à mal, mais là commence toute l’histoire.

Ce thriller psychologique est tout à fait redoutable.

Julien MESSEMACKERS ne s’y trompe pas. Avec des personnages qui pourraient être vous, qui pourraient être moi, le lecteur tombe inévitablement dans le piège de l’identification. Derrière les apparences d’une vie familiale réussie, à en croire le portrait rapidement brossé, pourrait bien se cacher le plus noir des hommes, ou pas. Le titre est parfaitement choisi, c’est bien le doute qui vient s’immiscer dans la routine familiale parfaitement huilée. 

Vous l’avez compris, ce roman est aussi policier. J’avoue que le personnage de Judith Balmain est mijoté aux petits oignons, une femme qui ne lâche rien d’une affaire qui aurait pu être classée depuis longtemps, une femme qui a des convictions et qui a toujours obtenu de sa hiérarchie de poursuivre les investigations, une femme obsédée par chaque détail, une femme, aussi, qui n’hésite pas à jouer avec le feu.

Outre la psychologie des personnages minutieusement ciselée et l’intrigue diaboliquement orchestrée, ce roman choral est aussi remarquable pour sa construction narrative. Tour à tour, Julien MESSEMACKERS donne la parole à chacune des trois femmes autour desquelles tout se joue. 

Bref, ce roman est une pépite de cette fin d’année 2020. Ne passez pas à côté !

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2022-12-21T07:00:00+01:00

Avant elle de Johanna KRAWCZYK

Publié par Tlivres
Avant elle de Johanna KRAWCZYK

On poursuit #Noelenpoche avec le premier roman de Johanna KRAWCZYK, "Avant elleaux Éditions Héloïse d’Ormesson désormais disponible en poche chez Pocket.

Carmen a 36 ans, elle est amoureuse de Raphaël. Tous deux sont les parents d’une petite fille, Suzanne. Carmen est Maîtresse de conférence, spécialiste de l’Amérique Latine. Son père est mort d’un AVC il y a un an et sept mois, sa mère, elle, s’est suicidée quand elle n’avait que 11 ans. Carmen va de mal en pis. Dans le jargon de la psychiatrie, elle est classée TPB, elle souffre des troubles de la personnalité borderline, elle est hypersensible et alcoolique. Un jour, Carmen reçoit un appel téléphonique. Le contrat d’un box de garde-meubles arrive à échéance, elle doit le vider, sinon les biens seront détruits. Quand Carmen arrive sur place, elle découvre que le box ne contient qu’un bureau ancien, un fauteuil et une lampe. Les tiroirs du bureau sont vides. Elle décide de le faire livrer chez elle, un copain s’en charge. A force de persévérance, Carmen trouve une petite clé et dans un des pieds du meuble une boîte avec tout un tas de documents, des photos, des carnets. Ils sont écrits de la main de son père. Elle commence à les lire, elle sombre. Raphaël n’en peut plus, il lui fixe un ultimatum. Elle doit s’en sortir si elle veut poursuivre sa vie avec lui et leur enfant. Carmen consacre ses jours, ses nuits, à découvrir l’histoire familiale, une histoire singulière intimement liée à la grande Histoire de l’Argentine, un scénario de pure folie !

 

Ce premier roman, c’est une lecture coup de poing. J’ai l’impression d’être montée sur un ring et d’avoir été passée à tabac.
 
D’abord, il y a la vie de Carmen, ses souffrances, son « obsidienne » qui la tenaille. Je suis tombée dès les premières pages dans le piège de la psychiatrie tendu par l’autrice, Johanna KRAWCZYK. Tout mon corps s’est mis à vibrer aux soubresauts de Carmen.
 
Et puis, il y a l’histoire, le scénario. Imaginez, vous avez 36 ans et vous ne connaissez quasiment rien de votre famille, vous êtes en quête d’identité. Votre mère a disparu dans des conditions inexpliquées. Votre père a toujours été un taiseux, rien à tirer de lui.
 
Le contexte historique creuse encore l'abîme, la dictature argentine, ces périodes finalement universelles où les hommes deviennent des héros... ou des salauds. Je ne vous en dirai pas beaucoup plus, juste que cette lecture a fait resurgir le souvenir de "Mapuche" de Caryl FEREY !
 
Au fur et à mesure des révélations, le corps de Carmen encaisse, se débat, s’écrase, se relève, se brise. Sous la plume de Johanna KRAWCZYK, les uppercuts sont violents.
 
La construction est habile et audacieuse, le pari réussi. La chute est vertigineuse !

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2022-12-20T07:00:00+01:00

Dahlia de Delphine BERTHOLON

Publié par Tlivres
Dahlia de Delphine BERTHOLON

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Delphine BERTHOLON, "Dahlia", publié initialement chez Flammarion et désormais en poche chez J'ai lu.

Laetitia, Lettie pour les intimes, est une jeune maman. Sa fille de trois ans, Mina, est partie en vacances avec son papa au Botswana en Afrique. Elle se souvient de ses années collèges. Elle vivait alors dans un mobile home avec sa mère, infirmière à domicile. En 1989, elle était en 5ème. Elle était dans la classe de Dahlia, une élève originale arrivée du Havre, surnommée par la bande de copains copines Ortie Gazoil. Son père était chauffeur routier. Lettie aimait beaucoup sa mère Francesca. Et puis, Dahlia avait deux frères, des jumeaux, Gianni et Angelo. Elle se plaignait beaucoup de sa famille qu'elle jugeait trop envahissante et enviait terriblement celle de Lettie. Elles passaient du temps ensemble jusqu'au jour où Dahlia confia un secret à Lettie, un secret qui fait chavirer les existences des deux adolescentes, mais là commence une nouvelle histoire !

J'aime beaucoup les romans de Delphine BERTHOLON pour le décor qu'ils édifient progressivement mais puissamment. Dans une écriture presque cinématographique, elle décrit des atmosphères, ses mots deviennent des révélateurs sensoriels. Comme dans "Coeur Naufrage", au fil des pages, j'ai retrouvé cette impression d'être allongée sur une plage, le sable chaud me chatouillant les orteils. 

Et puis, il y a des références à une époque aujourd'hui révolue, celle des années 1990. Je suis un peu plus âgée que l'écrivaine mais "Dahlia" m'a rappelée ces tubes (Venus des Bananarama, Une femme avec une femme de Mecano, I’m deranged de David Bowie... ça vous dit quelque chose, non ?), la mode, les livres, les "barrils" de lessive customisés et revisités en coffre de rangement... qui ont marqué cette période. Pour la jeunesse, c'était quelque chose...

Enfin, si Delphine BERTHOLON a ce talent pour caractériser un environnement et une échelle temps, vous pouvez bien vous imaginer qu'elle procède de la même manière, brique après brique, pour construire des personnages. Ils pourraient être vous, moi, vos cousins, vos voisins... ce sont des gens un brin ordinaires à qui elle va faire vivre un instant de rupture et imaginer l'après.

Dans ce roman et comme chaque fois, je peux bien l'avouer, la magie a opéré. Je me suis laissée prendre au garrot et puis ma gorge s'est serrée, mon pouls accéléré, jusqu'à la révélation !

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2022-12-19T07:10:00+01:00

Vert samba de Charles AUBERT

Publié par Tlivres
Vert samba de Charles AUBERT

On poursuit #Noelenpoche avec un roman policier de Charles AUBERT, "Vert samba" initialement publié chez Slatkine et Cie maintenant disponible en poche chez Pocket.

Niels Hogan, le narrateur, a quitté son job de directeur commercial à Paris pour se lancer dans la fabrication de leurres pour la pêche dans le sud de la France. Il découvre les plaisirs d'une cabane implantée au bord d'une lagune, l'étang de Thau. C'est là qu'il s'offre quelques petits plaisirs, comme la préparation du thé dans les règles de l'art. C'est là aussi qu'il redécouvre les plaisirs de l'amour. Il a rencontré  Lizzie, journaliste d'investigation et associée avec Vincent dans le cadre du Cormoran Inquirer, une femme qui l'émerveille. Mais depuis quelques temps, les choses ne tournent plus tout à fait rond. Son père montre quelques fragilités, le laissant à penser à la maladie d'Alzheimer. Niels est inquiet. Et puis, il y a la découverte du cadavre d'un ostréiculteur, la mort de cet homme dans des conditions mystérieuses trouble les relations avec Nora, la Directrice d'un établissement pour travailleurs handicapés. En tirant le fil, Lizzie embarque Niels dans son enquête, menée parallèlement à celle de la police, pilotée par Malkovitch, et c'est bientôt toute la pelote qui vient, mais là, danger !

Ce roman policier est une réussite.

D'abord, parce que l'intrigue est parfaitement menée. Jusqu'à la fin du livre, je suis restée suspendue aux indices savamment distribués par Charles AUBERT.

Et puis, il y a les personnages, des êtres que l'on a tout de suite envie d'aimer, des hommes et des femmes, bons, semble-t-il, des êtres attachants, quoi !

Mais encore, ce roman est un véritable jeu de dominos, à chaque pièce son décor, son histoire, ses secrets. 

 

Et puis, en guise d'introduction pour chacun des chapitres, un haïku. Ils sont tous très beaux mais j'avoue que j'ai un faible pour celui-ci :

"Que mon visage

Qui a vu les fleurs de cerisier

Soit frappé par l'obscurité"

de Fura MAEDA

Que c'est délicat !

Vert samba est un excellent roman policier. Je vous le conseille absolument.

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2022-12-19T07:03:00+01:00

Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN

Publié par Tlivres
Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Delphine DE VIGAN, "Les enfants sont rois", publié initialement chez Gallimard et maintenant disponible en poche chez Folio, une nouvelle référence du Book club.

Tout commence avec l’annonce de la disparition d’une enfant, Kimmy Dioré, 6 ans, par la Brigade Criminelle. C’est une star sur les réseaux sociaux. La dernière story publiée par sa mère concernait le choix d’une nouvelle paire de chaussures. Les followers étaient appelés à voter. Nous sommes en 2019. L’enquête policière va remonter le fil de la vie de la famille, et mettre en lumière une évolution de la société depuis les années 2000. Souvenez-vous, c’était l’époque de Loft story. 11 millions de téléspectateurs avaient les yeux rivés sur leur écran, scotchés par des images de la vie quotidienne, le nouveau tremplin de la célébrité, pour le meilleur comme pour le pire.

 

Dans ce roman policier, l’enquête est au coeur du livre et le structure avec la rencontre improbable et pourtant, de deux femmes. Il y a Mélanie Claux, la mère de Kimmy, 17 ans en 2001, fascinée par la télé-réalité et qui va faire de ce nouveau genre le ciment de sa vie.

 

Il y a aussi Clara Roussel, élevée par un couple d’enseignants, des activistes mobilisés contre la vidéosurveillance. L’enfant a été de toutes les manifestations. Elle a surpris ses parents quand elle leur a annoncé qu’elle entrerait à l’école de police. Reconnue pour ses compétences et son professionnalisme, elle accède à un poste de procédurière qui fait toute sa vie.

 

Ces deux femmes n’avaient a priori rien à faire ensemble mais par le jeu de la fiction, Delphine DE VIGAN va faire se croiser deux itinéraires comme les révélateurs d’une prédisposition aux pour et contre les réseaux sociaux.

 

Le roman de Delphine DE VIGAN devient social avec ce qu’il révèle de notre monde d’aujourd’hui et la trace qu’il en laisse.

 

 

Mais plus que ça, c’est aussi un roman militant, engagé, qui dénonce la société de consommation dans ce qu’elle a de plus abject : l’achat de biens qui ne répondent plus à aucun besoin, la mal bouffe… 

 

J’ai retrouvé dans ce roman la puissance de l’écriture de Delphine DE VIGAN, la force du propos. Rien n’est laissé au hasard. L’intrigue est aussi parfaitement maîtrisée. Chapeau !

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2022-12-17T07:00:00+01:00

Là où nous dansions de Judith PERRIGNON

Publié par Tlivres
Là où nous dansions de Judith PERRIGNON

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Judith PERRIGNON, "Là où nous dansions", chez Rivages, aujourd'hui disponible en version poche.

 

Le 29 juillet 2013, un jeune homme vient d'être retrouvé mort au pied de tours abandonnées. Il a été assassiné d'une balle dans la tête. Sarah travaille dans les services de Police. Elle est chargée de trouver l'identité de ce corps dont la morgue regorge. Dans un territoire gangrené par la pauvreté (les familles n'ont même plus les moyens d'offrir des funérailles à leurs proches  et préfèrent les laisser là) et la délinquance (des crimes, il en arrive tous les jours), Sarah sait dès les premiers instants que celui-là n'est pas d'ici. Frat Boy, c'est comme ça qu'elle l'appelle, va rapidement devenir une obsession pour elle. Là commence une nouvelle histoire !

Mais que l'on ne s'y méprenne pas, ce roman n'est pas un policier à proprement parler. L'enquête, que va mener Sarah, est en réalité un prétexte pour relater l'Histoire foisonnante d'un territoire sur 7-8 décennies.

Judith PERRIGNON met le doigt sur une certaine forme de déterminisme, celui des formes urbaines et du niveau de standing des logements. Si nous avons beaucoup parlé ces dernières années du déterminisme territorial, il en est un qui mute avec les années. A Détroit, c'est particulièrement vrai et la vague de gentrification engagée aujourd'hui est là pour nous en convaincre.

Et puis, il y a le street art, une expression artistique qui, dès les années 1930, y a trouvé sa place. Judith PERRIGNON évoque la fresque, les Detroit Industry Murals, réalisée par Diego RIVERA, un certain regard porté sur la condition ouvrière de l'époque par l'artiste mexicain, lui, le révolutionnaire, qui répondait à une commande du capitaliste, Henry FORD. Dans les années 1980, c'est la création de Tyree GUYTON, l'enfant du pays, qui est mise en lumière, le Heidelberg Projet. Et puis enfin, l'autrice honore la mémoire de Bilal BERRENI, alias Zoo Project, et contribue, par la voie de la littérature, à célébrer le dessein qu'il poursuivait à travers le monde, donner à voir les invisibles.

Dans une narration rythmée par les quatre saisons et à travers des personnages profondément attachants (Sarah, Jeff, Ira...), Judith PERRIGNON réussit le pari d'un roman fascinant. 

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2022-12-16T07:00:00+01:00

La fièvre de Sébastien SPITZER

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La fièvre de Sébastien SPITZER

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Sébastien SPITZER, "La fièvre", chez Albin Michel, aujourd'hui disponible chez Le Livre de poche.

Nous sommes quelques jours avant le 4 juillet 1878 à Memphis aux Etats-Unis. Les préparatifs de la Fête de l’Indépendance battent leur plein. Le 4 juillet, c’est aussi la date anniversaire d’Emmy Evans. Son père est derrière les barreaux depuis quelques années. Pour ses 13 ans, quel formidable cadeau que de le voir descendre du navire, le Natchez. Malheureusement, en plein débarquement, un coup d’arrêt est donné. Les voyageurs sont contraints à réembarquer dans l’urgence. Un malade vient d’être repéré. Le bateau repart pour être mis en quarantaine. Emmy rentre chez elle, retrouver sa mère dans le cabanon qui fait office d’habitation. Sa mère travaille chez la famille Adams, des Blancs. Elles ne tarderont pas à découvrir que le père d’Emmy était bien arrivé en ville, mais la veille du débarquement. Il avait passé la nuit à la Mansion House, un bordel tenu par Anne Cook. Au petit matin, pris d’une fièvre insoutenable, il sort nu de l’établissement et meurt dans la rue principale de Memphis. Son corps est pris en charge. Les autorités essaient de faire l’omerta sur ce cas de fièvre jaune. Keathing, lui,  un proche du Ku Klux Klan, Chef du Memphis Daily et témoin de la prolifération de la maladie, dévoile dans les pages de son journal l’état de la situation. Un exode massif de la population s’engage, là commence une nouvelle histoire !

 

L’écrivain concourt au devoir de mémoire de la grande Histoire des Etats-Unis avec une focale sur celle de la condition noire. Il rappelle, s’il en était nécessaire, à quel point le racisme peut gangrener une société, au péril de la vie des minorités.

C’est dans ce contexte historique et politique des plus tendus que la maladie fait son apparition, en quelque sorte, la double peine, celle qui va faire tomber 5 000 hommes, femmes et enfants de Memphis.

Dans une plume tendre et délicate, l’auteur décrypte avec minutie la psychologie de chacun des personnages et dresse des portraits d’une rare beauté. C’est un roman prodigieux.

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2022-12-15T06:58:26+01:00

S'adapter de Clara DUPONT-MONOD

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S'adapter de Clara DUPONT-MONOD

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Clara DUPONT-MONOD, "S'adapter", aux éditions Stock, aujourd'hui disponible chez Le Livre de poche. Nouvelle référence du Book club, ce roman fut couronné par le Prix Goncourt des Lycéens 2021 et Prix Femina de la même année.

 

Il était une fois... c'est avec cette formule que commencent habituellement les contes de fées. Si la phrase n'est jamais prononcée dans le roman de Clara DUPONT-MONOD, c'est pourtant bien dans ce registre littéraire que l'autrice va nous plonger le temps d'une lecture.

Prêtant sa voix à des pierres cévenoles, l'occasion de personnifier Dame Nature qui occupe là une très grande place, Clara DUPONT-MONOD nous livre l'histoire d'une famille qui, après l'aîné et la cadette, voit naître un enfant différent, un enfant condamné à rester allongé et dont l'espérance de vie est comptée. Dans un cocon familial protégé, sous le regard attendri d'un grand frère attentionné et à distance d'une grande soeur révoltée, il se laisse porter. 

Cette fratrie, elle se bat avec ses armes. Dans une narration en trois parties, chacune dédiée à l'un des autres enfants de la famille, il y a cette manière d'aborder le handicap, de le vivre au quotidien, de "S'adapter" toujours, tous les jours. Clara DUPONT-MONOD nous offre un regard croisé.

J'ai beaucoup aimé ce roman pour l'éveil des sens. Il y a de magnifiques passages sur la fusion de l'aîné avec son frère handicapé, tout accaparé à le faire vibrer...

Mais là où la littérature fait son oeuvre, c'est quand elle magnifie la relation du petit dernier avec un être, un brin fantomatique. Je ne vous en dis pas plus, juste que cette partie est écrite tout en beauté et montre le talent de l'écrivaine.

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2022-12-14T07:00:00+01:00

Impact d'Olivier NOREK

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Impact d'Olivier NOREK

On poursuit #Noelenpoche avec un roman d'Olivier NOREK, "Impact", chez Michel LAFON, aujourd'hui disponible en version poche.

Virgil Solal, dans le cadre de ses missions en Afrique et notamment pour assurer la protection d’une bénévole humanitaire, a découvert les charniers du Nigéria, des enfants, des adultes, des vieux, tous rongés par la pollution liée à l’exploitation du pétrole du sous-sol africain. Si des drames assaillent des peuples en voie de développement, Virgil et sa femme, Laura, qui habitent en France, ne sont pas pour autant épargnés des effets de la pollution. Leur petite fille est décédée quelques instants après sa naissance, ses poumons étaient dans l’incapacité de se gonfler d’air, un effet collatéral de notre environnement dégradé. Deux ans après, il engage la greenwar. Il s’attaque à ceux qu’il juge responsables et demande une rançon/caution pour se racheter de leurs erreurs, eux et leurs entreprises internationales aux bénéfices si peu scrupuleux du bien-être de l’humanité. Il commence par le PDG de Total. La stratégie de Virgil Solal intègre une mise à mort en ligne, diffusée dans le monde entier sur les réseaux sociaux. Pour espérer stopper la machine de guerre, un binôme est constitué avec un flic du Bastion 36 et une psychocriminologue. Là commence un nouveau combat.

Ce roman, Olivier NOREK a puisé son inspiration dans une plaque posée en 2019 dans les Pyrénées :


Le glacier d’Arriel, situé le plus à l’ouest des Pyrénées, a disparu, comme 50 % des glaciers pyrénéens ces dernières années. Ils disparaîtront probablement tous d’ici 2040. Cette plaque atteste que nous savons ce qu’il se passe et que nous savons ce qu’il faut faire. Vous seul saurez si nous l’avons fait.

La plume est directe, incisive, rythmée. Olivier NOREK nous parle de globalisation et non de notre petit pré carré, notre nombril, il nous apprend à lever les yeux, regarder à l’horizon. Souhaitons que ça soit pour le meilleur !

La littérature n’est pas exempte de mobilisation. Olivier NOREK signe avec « Impact » un manifeste en faveur de l’humanité. Réveillons-nous !

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2022-12-13T07:00:00+01:00

Héritage de Miguel BONNEFOY

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Héritage de Miguel BONNEFOY

On poursuit avec #Noelenpoche avec aujourd'hui un roman de Miguel BONNEFOY, "Héritage", publié chez Rivages aujourd'hui disponible en poche.

Les Lonsonier se transmettaient le vignoble familial du Jura de génération en génération jusqu’à ce que le phylloxera réduise les ceps sur pied en bois mort. Dès lors, une autre vocation restait à trouver, le Nouveau Monde séduisait les foules, c’était le moment d’embarquer. Le fils Lonsonier pris le bateau au Havre. Drogué par une diseuse de bonne aventure, il se mit à halluciner. Craignant qu’il ne soit malade de la typhoïde, le capitaine du navire décida de le faire accoster à Valparaiso au Chili. C’est là qu’il rencontrera Delphine, d’origine bordelaise, avec qui il aura trois enfants, trois garçons, qui tous, seront engagés dans l’armée pour sauver la France des griffes de l’occupant. Deux tomberont dans les tranchées de la Marne, seul Lazare en réchappera avec des blessures de guerre au poumon. A son retour, il fonde une famille avec Thérèse. Leur fille, Margot, triste, que les jeux d’enfants n’intéressent pas, choisira d’être aviatrice, un destin qui ne sera pas sans faire de cheveux blancs à ses parents. Mais là commence d’autres aventures sur fond de seconde guerre mondiale et de dictature en Argentine.

 Ce roman, c’est un voyage entre les continents avec la découverte de l’Amérique du Sud par des Français, c’est aussi un voyage dans le temps dans lequel vont s’égrener les grands événements du XXème siècle, les guerres mondiales et la dictature en Argentine. J’ai adoré me laisser porter par les aventures de cette famille et la transmission entre générations. Le roman devient une véritable saga.

Plus que tous, c’est le personnage de Margot qui m’a « emballée ». Hors norme dès sa plus tendre enfance, son portrait et l’approche de son comportement par sa mère m’ont fait penser à Helen et Kate KELLER dans le roman d’Angélique VILLENEUVE "La belle lumière".

Le rythme est fougueux, la plume enchanteresse et le roman captivant. C'est assurément un très bon crû. 

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2022-12-12T07:00:00+01:00

Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

Publié par Tlivres
Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

On poursuit #Noelenpoche avec un roman étranger, celui de Delia OWENS, "Là où chantent les écrevisses", initialement chez Seuil éditions, désormais disponible chez Points. Coup de coeur.

Nous sommes le 30 octobre 1969, un homme est retrouvé mort, dans le marais, au pied de la tour de guet. C'est le corps de Chase Andrews, le fils unique d'un couple connu à Barkley Cove pour sa réussite avec le garage, la Western Auto. Marié, beau garçon, Chase avait le monde à ses pieds. Le marais, c'était son terrain de jeu. Il y bravait les courants avec son hors-bord. Dans sa jeunesse, il avait passé beaucoup de temps avec Kya, une fille de son âge, abandonnée de tous dès sa plus tendre enfance. La première à quitter le foyer avait été sa mère. En 1952, n'en pouvant plus de recevoir les coups de son alcoolique de mari, Ma avait pris sa valise et, sous les yeux  de l'enfant, s'en était allée, sans se retourner. Et puis, ce fut le tour de la fratrie, même Jodie, le frère, n'avait pas résisté à l'attrait d'un ailleurs. Et encore, le père. Si, au début, il passait quelques nuits par semaine à la cabane, un jour, il n'était plus revenu. Enfin, Tate. Le garçon l'avait guidée un soir qu'elle s'était perdue. Leur amitié n'avait pas résisté aux études universitaires du jeune homme. Kya, qui n'avait que 7 ou 8 ans, avait d'abord vécu des vivres qu'il restait à la maison, et puis, elle avait dû prendre la barque du père, se rendre au village, échanger les moules, qu'elles ramassait à l'aube, avec quelques denrées de première nécessité. C'est là qu'elle avait fait connaissance avec Jumping et sa femme, Mabel. Lui, vendait du carburant pour les bateaux, elle, avait pris la petite de pitié, c'était la seule à voir dans la Fille du marais, un être humain, une enfant, celle que le village tout entier méprisait. Loin de tous, Kya avait voué un amour fou à la nature. Elle s'était gorgée des baignades en eaux douces, enivrée de la beauté des paysages et comblée de sa relation aux oiseaux. De là à penser que ça soit Kya qui ait tué Chase, il n'y a qu'un pas, à moins que...

J'ai été émerveillée, je dois le dire, par les descriptions de la  faune et de la flore des marais.

"Là où chantent les écrevisses" est un roman d'apprentissage, c'est celui d'une enfant qui s'est construite dans la solitude.

Ce roman, c'est un page-turner, savamment ponctué de poésie. Un bijou !

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2022-12-11T07:00:00+01:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
La carte postale de Anne BEREST

On poursuit #Noelenpoche avec aujourd'hui un coup de coeur, "La carte postale", le roman de Anne BEREST publié chez Grasset et aujourd'hui disponible chez Le livre de poche

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant. 
 
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
 
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible. 
 
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est, de la grande littérature comme je l'aime.

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2022-12-10T07:00:00+01:00

Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU

Publié par Tlivres
Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU

On poursuit #Noelenpoche avec aujourd'hui "Une sirène à Paris" de Mathias MALZIEU, initialement édité chez Albin Michel aujourd'hui disponible chez Le livre de poche.

« Surprisiers : ceux dont l’imagination est si puissante qu’elle peut changer le Monde - du moins le leur, ce qui constitue un excellent début ». Vous ne rêvez pas, vous voilà de nouveau happé.e.s par l’appel du large du talentueux Mathias MALZIEU. 

Gaspard est malheureux. Son amoureuse, Carolina, l’a récemment quitté. Sa grand-mère, Sylvia Snow, la fondatrice du Flowerburger, vient de décéder. C'était le sel de sa vie. Alors, quand son père, Camille, décide de vendre la péniche qui accueillait ce cabaret extraordinaire, c’est un peu comme si toute sa vie à lui disparaissait. C’est là que Gaspard œuvrait, il émerveillait les spectateurs de ses tours de magie. C’est là que ses rêves devenaient réalité. C’est le cœur en peine qu’il va se promener le long des quais de Seine. Le fleuve est en crue. La capitale offre un nouveau visage que les badauds cherchent à immortaliser. Un chant langoureux appelle Gaspard, un éclair bleu le foudroie. Il ne rêve pas, il voit « Une sirène à Paris ». Dès lors, tout peut arriver.

Si vous ne connaissez pas encore la plume féerique de Mathias MALZIEU, c’est le moment de plonger. Le chanteur de Dyonisos a une imagination à couper le souffle. Il nous offre un conte des temps modernes avec une histoire rocambolesque, à partager sans modération.
 
Avec ce livre, il nous invite une nouvelle fois à faire ce petit pas de côté pour offrir à la réalité de nouveaux habits, merveilleux, poudrés d’étoiles. 
 
La prose est illuminée, le destin de Gaspard revisité avec une parenthèse heureuse de deux jours et deux nuits, c’est le temps pendant lequel une sirène peut survivre loin des fonds marins. Dès lors, chaque seconde compte.
 
Mathias MALZIEU, je l’ai découvert avec Métamorphose en bord de ciel
 
Et puis il y a eu « Journal d’un vampire en pyjama », prodigieux.

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2022-12-09T07:00:00+01:00

Ceux qui partent de Jeanne BENAMEUR

Publié par Tlivres
Ceux qui partent de Jeanne BENAMEUR

On poursuit #Noelenpoche avec aujourd'hui "Ceux qui partent" de Jeanne BENAMEUR, un roman publié chez Actes Sud aujourd'hui disponible dans la collection Babel.

Nous sommes en 1910. Les émigrants accostent sur Ellis Island, l'île située aux abords de New-York, la porte d'entrée pour les Etats-Unis. C'est là que les services de l'immigration oeuvrent au quotidien, décidant de l'avenir de celles et ceux qui ont tout quitté pour l'eldorado américain. Parmi les valises et autres ballots, il y a Donato Scarpa, un comédien italien qui brandit Eneide, le texte de Virgile, comme un étendard. Il est accompagné de sa fille, Emilia. Tous deux ont choisi de réaliser les trois semaines de voyage pour vivre libres, loin de ce territoire qui a vu mourir leur femme et mère, Grazia. D'autres n'ont pas eu le choix comme Esther Agakian partie d'Arménie, là où la terreur de la mort sévit. Il y a Gabor, bohémien, et les siens, ces hommes et femmes de la route. La communauté des émigrants vivent ces premiers moments en terre inconnue sous le regard d'Andrew Jonsson, un étudiant en droit qui passe son temps libre à photographier ces êtres en transit. Il immortalise ces instants, rien n'est laissé au hasard, pas même une main passée dans les cheveux, une tête baissée, un regard furtif... il décrypte les émotions de ces hommes et ces femmes qui ont rompu le fil de leurs origines pour vivre une vie meilleure. Certains seront admis à fouler le sol de ce nouveau continent, d'autres pas. Tous attendent d'être jugés, mesurés, auscultés... la file d'attente est longue, beaucoup vont passer cette première nuit en terre étrangère en dortoir, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, à moins que le destin en décide autrement, là commence une toute nouvelle histoire.

Avec ce roman de Jeanne BENAMEUR, outre les personnages éminemment romanesques, ce qui m'a le plus intéressée, c'est le point de rupture, celui qui fait que l'on quitte un territoire pour un autre, que l'on abandonne une langue pour en adopter une autre, que l'on dit adieu aux siens, morts ou vivants... et qui nous fait devenir quelqu'un d'autre.

Le point de rupture, c'est celui qui permet de repousser les limites, celui qui fait passer à autre chose. Il y avait une vie avant, il y aura une vie après. C'est l'intervalle que Jeanne BENAMEUR explore avec une délicatesse infinie à travers un panel de personnages qui tous ont un itinéraire distinct, des parcours de vie différents, mais se verront marqués à vie par cette épreuve, y compris d'un point de vue charnel.

Les mots sont émouvants, les phrases belles et poétiques. Je me suis surprise à glisser régulièrement, une nouvelle fois, des marque-pages comme autant d'étoiles dans un ciel nocturne. Je sors de cette lecture totalement envoûtée par le charme, l'effet Jeanne BENAMEUR !

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2022-12-08T07:00:00+01:00

Hamnet de Maggie O’FARRELL

Publié par Tlivres
Hamnet de Maggie O’FARRELL

On poursuit le calendrier de l'Avent avec des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Maggie O'FARRELL avec "Hamnet", un roman édité chez Belfond, maintenant disponible chez 10/18. Ce roman, c'est une nouvelle référence du Book club.

Dans l’atelier de gantier du grand-père, un jeune garçon, l’ainé, subit les coups et blessures de son père. Il devient précepteur et enseigne le latin aux frères d’Agnès dans une ferme des Hewlands. Agnès, un brin sauvageonne et mystérieuse ne manque pas de le fasciner, elle et sa crécerelle. Ils sont fous amoureux et se laissent porter par l’élan de l'amour. Ce qui devait arriver arriva. Agnès est enceinte. Les deux familles n'ont rien en commun et pourtant, de cette relation naîtra un arrangement raisonnable. La famille du jeune homme accueillera Agnès en son sein. Là s'ouvre une nouvelle page de la vie de chacun, pour le meilleur comme pour le pire.

Hamnet est un roman social. L'écrivaine restitue la vie des hommes et des femmes du XVIème siècle. Elle décrit avec minutie le quotidien des différentes classes sociales, des urbains et des ruraux dans tout ce qui les différentie, leur habitat, leurs vêtements, les sons qui font le sel de leur vie, leurs traditions jusque dans l'accouchement avec des scènes profondément émouvantes.

Si Maggie O'FARRELL fait état d'une condition féminine largement dévolue aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants, à travers l'itinéraire d'Agnès, elle nous emmène sur des chemins pour le moins mystérieux. La femme est guérisseuse, elle détient des pouvoirs un brin surnaturels et communique avec la nature. Agnès est un personnage éminemment romanesque que j'ai beaucoup aimé côtoyer le temps de la lecture.

Ce roman pourrait n'être que tout cela et il mériterait déjà d'être lu. Mais il recouvre une autre dimension, théâtrale celle-là. Il est question de création artistique et du jeu du comédien. 

Quel plaisir de retrouver la plume de Maggie O'FARRELL et la traduction de qualité de Sarah TARDY.

Vous vous souveniez peut-être d'un autre roman de Maggie O'FARRELL, "En cas de forte chaleur", c'est avec lui que j'avais découvert le talent de l'autrice, un roman dans la même veine que "L'enfant de l'étranger" de Alan HOLLINGHURST si vous connaissez. 

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2022-12-07T07:00:00+01:00

Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND

Publié par Tlivres
Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND

On poursuit le calendrier de l'Avent avec des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Anne-Dauphine JULLIAND et sa "Consolation", éditée chez Les Arènes, et maintenant disponible chez J'ai lu.

Ce récit de vie, peut-être qu’il n’aurait jamais croisé mon existence s’il n’y avait eu le Book club. 

Vous n’allez pas tarder à découvrir le drame qui l’a fauchée, il se décline en réalité au pluriel, et malgré la tragédie qu’ils recouvrent, ils tiennent en une seule phrase, la première du livre. Plus précisément, ils tiennent en quatre mots :


J'ai perdu mes filles.

Anne-Dauphine JULLIAND explore les tréfonds de son âme et nous livre son regard, personnel, sur les épreuves qu’elle a vécues. Elle nous apprend à les décrypter, les apprivoiser, les faire sienne, et à les partager. Les taire serait d’infliger une double peine.

 

L’autrice nous livre son chemin, certains diront de croix.
 
Si j’appréhendais cette lecture, j’en ressors grandie.
 
Elle m’a fait toucher du doigt tout ce qui devient subtil lorsque vous êtes éprouvé, toutes ces manifestations d’humanité qui font battre plus vite le cœur. J’ai fondu devant la présence de cette infirmière avec ces seuls mots, « je suis là », ou bien encore ces funérailles avec les ongles vernis rouges de toutes les personnes qui se joignaient à sa peine.
 
Eblouissant !

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2022-12-06T07:00:00+01:00

La décision de Karine TUIL

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La décision de Karine TUIL

On poursuit le calendrier de l'Avent avec des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à Karine TUIL avec "La décision", un roman édité chez Gallimard, et maintenant disponible chez Folio.

Ce roman, je l'ai découvert lors de la venue de Karine TUIL sur Angers dans le cadre des Entretiens Littéraires organisés à la Collégiale Saint-Martin par le Département de Maine-et-Loire, et cette rencontre dédicace avec l'autrice, un moment inoubliable avec une femme d'une profonde humilité.

Alma Revel, la narratrice, a 47 ans. Alma est née dans une famille aux origines communistes. Son père s'est notamment investi dans la guérilla vénézuélienne en 1968. Il a été incarcéré pendant 11 ans avant de mourir. Sa mère est partie pour le sud, elle s'est remariée et vit dans les montagnes du Valgaudemar. Alma est mariée avec Ezra Halevi, écrivain juif pratiquant, depuis 25 ans. Ils sont en procédure de divorce. Elle est mère de trois enfants, Milena, Marie et Elie (des jumeaux). Dans la vie professionnelle, elle est juge anti-terroriste au Palais de Justice de Paris. Elle encadre 11 magistrats et coordonne l'action des policiers. Comme une philosophie, dans son bureau est affichée une phrase de Marie CURIE : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. » C'est ce qu'Alma s'attache à faire notamment quand elle reçoit dans son bureau des personnes emprisonnées de retour de Syrie dont elle va devoir décider, soit du maintien en prison, soit d'une libération sous contrôle judiciaire. Dans sa vie personnelle comme sa vie professionnelle, elle est à la croisée des chemins, pour le meilleur comme pour le pire !

Karine TUIL nous livre un thriller psychologique de haute volée.

Le procédé narratif est ingénieux. Karine TUIL alterne les chapitres avec les interrogatoires du jeune homme. Peut-il gagner sa confiance ? A-t-il le droit à une deuxième chance ? J'ai vécu les séances de confrontation la peur au ventre. 

Ce roman, c’est une prise de conscience du poids qui pèse sur les épaules d’individus en prise directe avec la menace djihadiste en France et qui veillent incessamment sur notre sécurité.

Et puis, il y a le rapport à la religion. J'ai beaucoup aimé le fil savamment tissé autour de la judéité, la transmission entre les générations par la voie des mères, le sursaut de la foi à des moments que nul ne peut anticiper, les ressentiments avec les musulmans...

Karine TUIL nous livre un roman poignant, tout en tension. La plume est nerveuse, le suspens à son comble, l'intrigue parfaitement maîtrisée jusqu'à cette chute... effroyable. 

Vous aimerez peut-être aussi  "L'insouciance"...

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2022-12-05T07:00:00+01:00

La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON de David DIOP

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La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON de David DIOP

On poursuit avec le calendrier de l'Avent des cadeaux littéraires à petit prix, c'est #Noelenpoche.

Place aujourd'hui à David DIOP avec "La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON", un roman édité chez Seuil, aujourd'hui disponible chez Points. Cette invitation au voyage, je la dois une nouvelle fois à mes amies du Book club.

Michel Adanson est un naturaliste français. Six mois avant de mourir, il écrit une longue lettre à sa fille pour lui raconter sa vie. Nous sommes en 1806. Il se souvient de sa mission au Sénégal pour répertorier les espèces. Il se souvient aussi de Maram, une jeune femme, noire. Surnommée la revenante, il se devait de découvrir son secret, une esclave noire n’est jamais revenue au pays !

David DIOP relate les quelques années passées par Michel ADANSON au Sénégal, un homme un peu plus ouvert que les colons en mal d’esclavage.
 
L’auteur nous livre un roman haletant. La vie de Michel ADANSON est à de nombreuses reprises mise en danger. C’est un roman d’aventure, une véritable épopée.
 
J’ai personnellement aimé le regard moderne de cet homme. Son altruisme et son approche de l'interculturalité faisaient de lui un homme hors du commun.
 
Michel ADANSON prêtait une attention toute particulière à celles et ceux qui étaient différents de lui. Il savait prendre du recul, analyser ce qui fait de nous l’humanité. 
 
L’auteur nous livre un roman salutaire dans une plume inspirante. Revenir sur Michel ADANSON, c’est assurer à ses travaux la postérité. C’est aussi inscrire la mémoire  du peuple noir du Sénégal dans le grand livre de notre Histoire.

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