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2020-08-31T11:35:00+02:00

Fou rire de Mauricette TOUSSAINT

Publié par Tlivres
Fou rire de Mauricette TOUSSAINT

Ma #lundioeuvredart est une nouvelle sculpture de Mauricette TOUSSAINT, une artiste angevine.

Dans la collection "Fou rire", celle-là porte le numéro 28, je l'ai découverte très récemment à Bouchemaine le long du Quai de la Noë. A Bouchemaine, il faut dire qu'elle est chez elle, son atelier est effectivement installé à La Pointe. C'est d'ailleurs un cadeau de l'artiste à la commune à la fin de l'année dernière. Elle trouvait que le quai, récemment rénové et particulièrement fréquenté par les familles, pouvait offrir un très bel écrin, elle ne s'est pas trompée !

Dans ces sculptures en bronze, j'avoue que ce visage plongé dans ses mains, les yeux légèrement fermés par le fou rire que l'on soupçonne, est absolument magnifique.

Celle découverte aux alentours de la Place Ney sur Angers, que je vous avais déjà présentée, faisait apparaître un corps nu, sur toute sa hauteur. Là , on découvre un traitement tout en pudeur. La jeune fille repose sur ses genoux dans une posture enfantine, le corps couvert par une robe légère dont le traitement sur les cuisses prend toute sa dimension.

Personnellement, j'adore les oeuvres de cette artiste.

Outre leur beauté esthétique, j'aime aussi le message qu'elles véhiculent, une certaine idée de la joie, de la gaieté et de l'allégresse. Elles donnent du baume au coeur, de quoi bien commencer cette nouvelle semaine marquée notamment par la rentrée scolaire. Et puis, comme chacun sait, le rire est communicatif. Alors, vous aussi, riez !  

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2020-08-29T06:00:00+02:00

La femme qui reste de Anne de ROCHAS

Publié par Tlivres
La première de couverture du roman "La femme qui reste" de Anne de ROCHAS avec un petit clin d'oeil à "La Maison Bleue" de JUSSERAND construite à Angers entre 1927 et 1929. On retrouve la fresque de Banksy de Londres qui orne tous mes coups de coeur 2020 !

La première de couverture du roman "La femme qui reste" de Anne de ROCHAS avec un petit clin d'oeil à "La Maison Bleue" de JUSSERAND construite à Angers entre 1927 et 1929. On retrouve la fresque de Banksy de Londres qui orne tous mes coups de coeur 2020 !

Alors que la rentrée littéraire ne fait que commencer, roulement de tambours s'il vous plaît pour un premier roman, celui de Anne de ROCHAS publié aux éditions Les Escales. "La femme qui reste" est un coup de coeur, l'un de ces romans inoubliables, pour la forme, l'écriture est prodigieuse et la narration sensationnelle, le fond aussi, du pur génie !

Quelques mots de l'histoire.

Nous sommes en 1925 en Allemagne. Clara Ottenburg s'apprête à participer à la fête donnée à l'école des arts décoratifs de Burg Giebichenstein. Elle ne saurait toutefois s'en contenter. Ce qu'elle veut, elle, c'est intégrer le Bauhaus, cette école d'art créée par Walter GROPIUS, Architecte et Urbaniste à qui on doit notamment la Cité de Dessau-Törten. L'établissement est sur le point de quitter Weimar pour Dessau, peu lui importe, la distance n'y fera rien. Clara sait ne pas pouvoir compter sur le soutien de sa mère, une jeune veuve, elle se reposera sur sa tante Louise qui croit profondément en ses capacités à prendre part au groupe d'intellectuels et d'artistes avant-gardistes, des illuminés de la création portés par un mentor de la coopération. Son principe à lui, GROPIUS, c'est le travail en équipe pluridisciplinaire. Il pense que les disciplines gagnent à travailler toutes ensemble pour créer une oeuvre unique. Et même si les femmes ont une prédisposition à être affectées à l'atelier des tisserandes, ce qui met Clara hors d'elle, il n'en demeure pas moins qu'elle ne laisserait sa place de Bauhauserin pour rien au monde. Avec Theo et Holger, elle va se laisser porter par le vent de liberté qui souffle alors sur cette école dont la renommée est internationale. Il faut dire que Vassily KANDINSKY et Paul KLEE y sont en résidence, rien de moins ! Beaucoup de grands noms s'y côtoient donc, qu'ils soient en apprentissage ou comme "maîtres" d'une certaine forme de modernité. Les années folles alimentent l'euphorie créatrice d'une jeunesse exaltée que rien ne saurait arrêter, ou presque. Hannes MEYER fait partie des enseignants de la première heure, sa matière à lui, c'est l'Architecture. Il succède à Walter GROPIUS en tant que Directeur. L'idéologie communiste fait ses premiers pas dans les murs de l'école alors que le nazisme gronde à l'extérieur. Chacun aura à choisir son chemin, pour le meilleur... ou pour le pire.

Ce premier roman de Anne de ROCHAS est absolument remarquable.

Il l'est, d'abord, parce qu'il brosse une fresque de soixante-dix années de l'Histoire de l'Allemagne, depuis l'effervescence artistique des années 1920 avec ces hommes et ces femmes aux desseins fabuleux jusqu'à la chute du Mur de Berlin en 1989, en passant par les sombres années de la seconde guerre mondiale. Le récit est passionnant et profondément singulier. En effet, si la littérature regorge de romans avec ce dernier épisode comme toile de fond, ils sont peu nombreux à dresser le portrait de la vie quotidienne des Allemands sous le régime nazi. Anne de ROCHAS prend le parti de décrire Berlin au rythme de la chronologie des événements. Il y a la féerie de la ville, cette capitale européenne où tout est permis, largement convoitée par une jeunesse en mal d'interdits. C'est l'époque de "L'Opéra de quat'sous" de Bertolt BRECHT et Kurt WEILL. Il y a aussi les années 1940 où elle finit ruinée, totalement exsangue. Il y a enfin la création de la R.D.A., République Démocratique Allemande, et la construction du mur qui finira par tomber en 1989. Le pari est audacieux et parfaitement réussi. Dans ce registre, je ne me souviens que de "La chambre noire" de Rachel SIEFFERT, trois nouvelles qui m'avaient captivées. Cette lecture date de quelques dizaines d'années maintenant mais elle continue de me hanter. Je crois que ça sera également le destin de "La femme qui reste".

Outre cette première distinction, il y a une construction narrative extrêmement intelligente. Le livre mêle formidablement fiction et réalité. Ainsi, dans un exercice littéraire fantastique, Anne de ROCHAS construit son roman autour de trois personnages sortis tout droit de son imagination. Il y a Clara Ottenburg, Theodor Schenkel de Hambourg et Holger Berg, le Bavarois. Tous trois vont permettre à l'écrivaine de tisser une toile dans laquelle elle fera se croiser une cinquantaine d'artistes en tous genres dont le point commun aura été de se former ou d'enseigner au Bauhaus. Le parcours d'Otti BERGER m'a profondément émue. Je ne connaissais pas cette femme d'origine austro-hongroise partie étudier à Vienne et qui, malgré une surdité partielle, la conséquence d'une maladie contractée enfant, montera son propre atelier textile et réalisera des lainages pour la haute couture, la maison Chanel s'il vous plaît.

 


Otti n’a pas besoin d’entendre. Tous les rythmes, toutes les variations, la moindre modulation passent par ce regard à ciel ouvert, un regard à capter le bruit du vent, le chant des oiseaux, à écouter les étoiles. P. 159

Avec le personnage d'Otti BERGER, Anne de ROCHAS, elle-même créatrice textile qui a beaucoup travaillé avec Yves SAINT-LAURENT, saisit l'opportunité de magnifier sa discipline artistique et d'expliquer l'indéfectible lien qui unit l'artiste à la matière. Les mots sont puissants, les images d'une profondeur esthétique :


Elle aime la voir jouer infiniment avec les écheveaux, les disposant par ordre chromatique, par matières, superposant les fils sur son index tendu, par deux, par trois, elle a toujours ce même geste doux et brusque à la fois, de torsion, puis de relâchement, quand la réponse lui est venue. Otti la presque sourde converse avec la matière, le mouvement de ses mains leur sert de langue commune. P. 190

Il y a Lux FEININGER aussi, photographe et peintre. Quand on fait connaissance avec lui, il n'est encore qu'un enfant, son père, Lyonel FEININGER, peintre, enseigne au Bauhaus, c'est l'un des "maîtres".

Toutes et tous ont fait partie de cette communauté portée par la fougue artistique des grands jours... 


Peu importe d’où ils viennent, de quel pays, de quel milieu, le Bauhaus leur donne une nouvelle identité, un nouveau passeport, un nom qui viendra toujours, dans ce lieu même et où qu’ils se trouvent, avant leur patronyme ou leur nationalité : Bauhaüsler. P. 58

Ils sont cinquante hommes et femmes dont Anne de ROCHAS assure la mémoire. Inspirée de faits réels, elle nous livre dans les toutes dernières pages quelques éléments de biographie qui viendront renforcer la véracité du propos, l'occasion aussi pour moi de (re)découvrir des itinéraires d'Artistes tout à fait extraordinaires. 

Plus qu'une école d'art, le Bauhaus, c'est un courant de pensée. C'est d'ailleurs à ce titre que le régime en place les a fichés comme les instigateurs de "l'art dégénéré". Devant l'oppression du nazisme, beaucoup ont choisi de migrer. Certains réussiront à échapper aux griffes du Führer, d'autres auront des destins plus tragiques.

La littérature offre cette possibilité de revisiter la grande Histoire, une manière de nourrir le souvenir d'une époque que l'on voudrait révolue à jamais et avouons que Anne de ROCHAS, dans ce premier roman, l'assure tout en beauté. Je me suis délectée des 463 pages de "La femme qui reste", un livre foisonnant dans une plume d'une éblouissante poésie. Chaque mot est savamment choisi...


J’ai commencé à faire cela en 1933, quand j’ai compris que certains mots étaient remplacés par d’autres, ou qu’ils changeaient de sens, qu’ils perdaient leur signification pour devenir des outils. [...] J’ai noté aussi tous les nouveaux mots, ceux dont il fallait se méfier, qui rampaient dans les cendres de ceux qui avaient été brûlés. P. 402

Anne de ROCHAS prend aujourd'hui la voie de l'écriture, grand bien lui fasse. Je lui souhaite un immense succès et de réitérer l'essai. Il me tarde déjà de retrouver la grandeur de sa prose.

Enorme coup de coeur, ne passez pas à côté !

Retrouvez la version audio de cette chronique...

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2020-08-28T06:00:00+02:00

La belle lumière d’Angélique VILLENEUVE

Publié par Tlivres
La belle lumière d’Angélique VILLENEUVE

Editions le Passage

  

Je me souviens de la lecture de « Maria » comme si elle datait d’hier. C’est dire si j’avais hâte de retrouver la plume d’Angélique VILLENEUVE. Quelle joie de lire ses mots !

 

Ce nouveau roman, « La belle lumière », commence avec une scène tout à fait saisissante. 

 

Nous sommes en 1886, aux Etats-Unis, à Tuscumbia, dans les bois. Kate KELLER, la mère, est toute attentionnée à l’itinéraire de sa fille, Helen, que l’on soupçonne... différente. Elle est en réalité aveugle, sourde et muette.

 

Kate a épousé un homme, Arthur, à la tête d’un journal, âgé de 20 ans de plus qu’elle. L’enfant naît 2 ans après leur mariage. Tout se passe « normalement » (si normalité il y a), jusqu’à ses 19 mois. Là, elle est prise de fortes fièvres. Sa mort est annoncée. Le bébé survit pourtant mais avec des séquelles profondes. Si les apprentissages de la vie quotidienne de l’enfant sont difficiles, il est un champ dans lequel Helen évolue en s’affranchissant de toute forme de handicap, c’est celui des fleurs, des roses très précisément. A sa naissance, un premier rosier, « Pâquerette », créé par une roseraie lyonnaise, avait été offert à Kate, celui-là ne supportera pas les différences de températures entre la France et les Etats-Unis mais il sera le point de départ d’une collection tout à fait exceptionnelle au sein de laquelle Helen « s’épanouira comme une fleur » ! Mère et fille évoluent dans une famille élargie. Il y a la soeur d’Arthur, il y a deux fils d’un premier mariage, il y a une nièce orpheline et, pour les servir, des hommes et des femmes, noirs. Virginia s’occupe de la maison, Yates du jardin, Hilliott des chevaux. C’est dans cet environnement interculturel que Kate va mener son plus grand combat, celui de l’éducation de sa fille par la voie d’un apprentissage « adapté », mais là commence une toute nouvelle histoire.

 

Dans « Eldorado », Laurent GAUDE disait :


Ils étaient beaux de cette lumière que donne l'espoir au regard.

Dans ce roman d’Angélique VILLENEUVE, c’est une déclinaison à la troisième personne au féminin que personnellement je conjuguerai au pluriel !

 

Ce roman, c’est un formidable message d’espoir, notamment à tous les parents d’enfants porteurs d’un handicap. 

 

Dans le regard posé par Kate KELLER, il y a un amour incommensurable, de ceux qui, dans une vie « normale » passeraient pour communs, mais qui, là, face aux difficultés quotidiennes rencontrées, sont la révélation d’une force redoutable. Kate KELLER est animée d’une grande lucidité sur l’état de santé de sa fille et revendique ses potentiels développements. Il y a des passages juste fabuleux de l’enfant évoluant au milieu des rosiers...



Elle en possède en profondeur le répertoire, en tout cas mieux que tout autre ici, odeur, texture, forme et poids, férocité des épines. Elle sait tout. D’une manière étrange, mais tout. Kate en est convaincue. Entre elles, les fleurs et les mains sont des solides liens. P. 80

Pour autant, Angélique VILLENEUVE sait alerter tout en finesse sur les limites de l’exercice :


L’espoir d’un jour meilleur, pense Kate, est une faute de goût s’il est exprimé devant n’importe qui. P. 138

Angélique VILLENEUVE sait aussi exprimer avec beaucoup de gravité la solitude endurée par cette femme face au regard des autres posé sur sa fille. Elle décrit avec force et violence les doutes qui l’assaillent, le déchirement qui la torture. Bon gré, mal gré, Kate KELLER va poursuivre sa lutte contre tous jusqu’à la voie, tout à fait « miraculeuse », de la langue des signes, manuelle, pratiquée à l’Institution Perkins. 


Après quelques recherches, elle a réussi à collecter des informations sur l’origine de la dactylologie. Il s’agit d’un système inventé autrefois par un groupe de moines espagnols qui avaient fait voeu de silence mais souhaitaient communiquer entre eux malgré tout. P. 191

L’exploration par l’écrivaine de la relation mère/fille, mise à l’épreuve du handicap et plus largement de la différence, est tout à fait passionnante d’autant que, vous l’avez compris, Angélique VILLENEUVE honore la mémoire d’une écrivaine, militante politique, Helen KELLER décédée en juin 1968, cette femme extraordinaire qui fut la première femme handicapée diplômée de l’université. Que de chemin parcouru !

 

Il fallait l’empathie d’une mère pour comprendre que, si Helen avait des comportements violents pendant sa tendre enfance, ils étaient liés à son incapacité à communiquer avec son environnement, emprisonnée qu’elle était dans sa plus profonde intimité :


Elle sent l’odeur légère de la vieille poupée monter vers ses narines, en sent le poids sur ses cuisses, c’est un poids de rien et une odeur de tout. De l’enfance qui ne peut être dite mais se tient encore à l’intérieur d’elle, bien plus vaillante qu’elle ne l’aurait crue. P. 182

Certains y verront peut-être là l'expression d'un instinct... maternel !

 

Sans nier des passages d’une intense gravité, Angélique VILLENEUVE magnifie l’itinéraire de Kate et Helen KELLER dans une plume d’une extrême sensibilité. Dans une écriture presque cinématographique, l’écrivaine brosse le portrait détaillé d’une époque, de la vie d’une famille américaine, d’un environnement naturel aussi. Il y a des descriptions de paysages tout à fait exceptionnelles avec l’éveil des sens, vous les verrez, vous les entendrez, vous les sentirez ! 

 

De cette lecture, je sors « illuminée » par la beauté des mots, et c'est loin d'être un vain mot ! 

 

Elle ne saurait, pourtant, me faire oublier l'inaccessibilité de certains publics à des supports internet. Aussi, c'est avec "La belle lumière" que je lance, sur le blog, les enregistrements vocaux de mes chroniques ! A votre bon coeur...

Mon avis sur le roman d'Angélique VILLENEUVE, "La belle lumière", sorti en librairie le 27 août 2020 

 

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2020-08-26T18:01:27+02:00

En attendant Bojangles d’Ingrid CHABBERT et Carole MAUREL

Publié par Tlivres
En attendant Bojangles d’Ingrid CHABBERT et Carole MAUREL
« En attendant Bojangles », c’est d’abord un premier roman découvert en 2016 (déjà !) avec les 68 Premières fois, l'occasion d'un petit clin d'oeil à toute l'équipe. Ce roman, ce fut un énorme coup de coeur pour moi.


Certains ne deviennent jamais fou... Leurs vies doivent être bien ennuyeuses.

C'est ainsi que s'ouvrait le roman d'Olivier BOURDEAUT, avec une citation de Charles BUKOWSKI, tout un programme !

 

La première planche de BD, elle, fait la place belle à la musique.

En attendant Bojangles d’Ingrid CHABBERT et Carole MAUREL

C’est dans une maison rythmée par les titres de Nina SIMONE que vit une famille pleine de fantaisie, un brin fantasque, parfois totalement déjantée. Monsieur et Madame sont amoureux fous. Ils ont un petit garçon et un animal de compagnie  d’un genre plutôt insolite, un volatile, Madame Superfétatoire !

 

Le quotidien de cette famille n’est qu’ivresse.

En attendant Bojangles d’Ingrid CHABBERT et Carole MAUREL

Leur petit chérubin ne saurait respecter les règles imposées par l’école. Papa et Maman prendront donc le relais de l’éducation de leur fils entre la maison et leur résidence secondaire, leur Château en Espagne, rien de moins !

 

La danse, les cocktails, les soirées entre amis, la folie douce de la mère, la passion dévorante de ce couple EXTRAordinaire, le désarroi du garçon, la maladie aussi, tout y est parfaitement restitué dans des illustrations lumineuses et colorées, pleines d’énergie. Il y a une effervescence et une espièglerie incroyables dans les planches dessinées par Carole MAUREL, rencontrée sur le Salon du Livre de Paris, nous avions alors échangé sur « Collaboration horizontale ».

 

Je ne connaissais pas encore le talent d’Ingrid CHABBERT. Le duo est brillant, bravo Mesdames. Votre album est un jubilé d'émotions, de tendresse et de romantisme, c’est ma #MercrediBD !

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2020-08-25T17:00:00+02:00

Nos espérances de Anna HOPE

Publié par Tlivres
Nos espérances de Anna HOPE
 
Vous vous souvenez peut-être de mon passage à la Librairie Richer lors du déconfinement, j'avais choisi notamment "Nos espérances" de Anna HOPE, l'occasion d'un petit clin d'oeil à Marie de la Librairie de Chalonnes-sur-Loire Le Renard qui lit !
 
Nous sommes en 2004. Trois jeunes femmes de 29 ans, Hannah, Lissa et Cate, partagent une même maison le long du London Fields Park. Elle savourent avec gourmandise les petits plaisirs de la vie. Célibataires, elles ont la chance de vivre dans une maison et d'accéder à un poumon vert de "haute qualité environnementale". Elles mangent des produits sains. Elles se laissent porter par les opportunités de rencontres, de fêtes... loin des soucis logistiques que d'autres ont à surmonter. Elles rêvent de leur avenir. Quelques années plus tard, elles se retrouvent. Cate vit avec Sam, second dans un restaurant, dans le Kent. Mère d'un tout petit garçon, Tom qu'elle allaite encore, elle se morfond. Hannah, elle, partage le grand amour avec Nathan. Leur vie serait parfaite s'ils arrivaient à avoir un enfant, malheureusement, elle vit hantée par les échecs répétés d'ovulations. Leur projet se concrétisera-t-il un jour ? Quant à Lissa, elle, va de casting en casting. Elle rêve du rôle du grand soir. Réussira-t-elle à le décrocher ?

Le roman de Anna HOPE, c’est avant tout un livre sur l’amitié, une relation établie entre trois femmes, des Londoniennes, au début des années 2000, à un moment de leur vie où tout paraissait facile. Elles savouraient le plaisir de vivre dans une maison, certes délabrée, mais qui était leur petit coin de paradis, elles menaient une vie insouciante. L’écrivaine va mettre cette relation à l’épreuve des années et de la vie. Saura-t-elle résister au baby-blues de Cate, aux échecs répétés du corps de Hannah dans la conception d’un enfant et ceux de la vie professionnelle de Lissa. Lors de leurs retrouvailles, des tensions vont se jouer et les pousser dans leur retranchements. Cette génération va regarder celle d’avant, en particulier leurs propres mères, pour y puiser de la force mais... toutes sont différentes, aussi !

Personnellement, j'ai été profondément touchée par un personnage que l'on pourrait qualifier de secondaire et pourtant... c'est la mère de Lissa. Elle a illuminé cette lecture avec sa manière à elle de mener sa vie, peut-être une affaire de sensibilité, à moins que ça ne soit une affaire d'âge !!!   

Quand on parle de mère, on en vient très vite au sujet de la maternité (peut-être le thème de la semaine d'ailleurs, on en reparlera !). C'est d'ailleurs l'un des sujets principaux de ce roman avec une approche moderne du sujet. Anna HOPE l'illustre avec trois portraits de femmes, tous différents. Il y a celle qui n'a pas d'enfant, pas de petit ami non plus. Il y a celle qui essaie par tous les moyens d'en avoir un et la dernière, enfin, nouvellement mère, qui sombre en plein baby blues. Autant de portraits qui donnent à voir des réalités qui, même si elles datent du début des années 2000, n'ont pas pris une ride, je crois.
 
Cette lecture permet de questionner notre approche personnelle de la maternité. Impossible de ne pas penser à cette phrase de Simone de BEAUVOIR "On ne naît pas femme, on le devient". On ne naît pas mère, non plus, on le devient. Je suis toujours intéressée par la relecture de l'instinct maternel qui donne à voir une évolution sociétale majeure, peut-être à cause (ou grâce à) la voie de l'émancipation de la femme de son propre corps et la porte ouverte à une forme de liberté impossible quand on imaginait une prédisposition des femmes à jouer le rôle de mère auprès de leurs enfants, mieux que tout homme ne pourra jamais le faire.
 
Plus encore, Anna HOPE explore l'intimité de ces trois personnages en abordant leur sexualité. Entre Hannah, Cate et Lissa, ce sont des vies différentes, des aspirations tout autant. Là aussi, le regard de trois femmes sur l'aventure d'un jour jusqu'aux ébats commandés par un calendrier menstruel permet de balayer large !
 
J'imagine assez facilement qu'Anna HOPE ait puisé dans son parcours personnel (la même génération que les trois femmes) pour nourrir des personnages sortis tout droit de son imagination et à qui elle invente des itinéraires aussi rocambolesques que réalistes. Mais, peu importe finalement. Je crois que Cate, Hannah, Lissa, ça pourrait être vous, ça pourrait être moi, chaque femme pourra se reconnaître dans l'une d'entre elles.
 
Pour les hommes qui seraient tentés par ce roman, qu'ils se rassurent, de belles places leur sont aussi réservées !
 
La narration avec les deux temporalités est parfaitement orchestrée. Les mots sont tendres, sans jugement, juste là pour montrer que nous sommes tous différents ! 
 
Ce roman de Anna HOPE, ce fut un beau moment de lecture, l'un de ceux qui semblent vouloir s'envoler au premier courant d'air et qui, pourtant, continuent après quelques semaines de m'interpeller. Plus que d'être femme, voire mère, ne serions-nous pas déterminées à devenir ce que nous sommes par notre enfance, notre éducation, notre milieu social... ? La question, une fois le livre fermé, continue de me tarauder. Je crois que le ver était déjà dans le fruit et que le roman de Anna HOPE n'a fait qu'aggraver la situation !

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2020-08-24T06:00:00+02:00

La naissance de Vénus de Jacques COQUILLAY

Publié par Tlivres
La naissance de Vénus de Jacques COQUILLAY

Vous rêvez d'un peu de fraîcheur ? J'ai quelque chose pour vous.

Si vous arrivez en train sur Angers, vous ne pourrez pas passer à côté de "La naissance de Vénus", une sculpture de Jacques COQUILLAY, également artiste peintre, pastelliste.

Face au parvis de la Gare Saint-Laud, cette oeuvre monumentale en bronze est sublimée par le fond bleu et les jets d'eau de la fontaine installée au beau milieu du rond-point dont on réussit aisément à oublier la présence. L'arbre situé en arrière-plan fait barrage à un environnement très urbain. 

Personnellement, j'aime ce corps féminin, nu, pour ses lignes et le sentiment de bien-être et de plénitude, qu'il inspire.

Au-delà, il s'agit d'une représentation contemporaine de Vénus, déesse de l'amour dans la mythologie romaine, un sujet qui a inspiré de nombreux artistes peintres et sculpteurs de la Renaissance, à commencer par l'illustre Sandro BOTTICELLI. "La naissance de Vénus", c'était le nom d'une de ses toiles réalisée en 1485-1486. 

C'est ma #lundioeuvredart, l'opportunité de commencer cette nouvelle semaine tout en beauté.

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2020-08-19T20:05:49+02:00

Otto l’homme réécrit de Marc-Antoine MATHIEU

Publié par Tlivres
La première de couverture de l’album de Marc-Antoine MATHIEU « Otto l’homme réécrit »

La première de couverture de l’album de Marc-Antoine MATHIEU « Otto l’homme réécrit »

Editions Delcourt

Ouvrir une BD de Marc-Antoine MATHIEU, Scénariste et Illustrateur, c’est embarquer pour un voyage éminemment philosophique. Avec « Otto l’homme réécrit », c’est particulièrement vrai.

Otto est un artiste. Il réalise des performances avec son corps qu’il confronte à un miroir. Et puis, un jour, en plein spectacle, c’est le vide. Le public croit un instant à un exercice parfaitement maîtrisé mais en réalité, il n’en est rien. Otto perd tous ses moyens et mesure son degré de vulnérabilité. Quelques jours après, il est informé du décès de ses parents. Il hérite d’une maison, totalement vide à l’exception d’une malle mystérieuse avec laquelle il apprendra, dans une lettre laissée à son attention par ses parents, qu’elle recèle d’innombrables souvenirs de ses sept premières années de vie comme autant de preuves factuelles d’une éventuelle prédisposition de sa vie d’adulte.

Le doute est désormais semé dans votre esprit.

Tout au long de l’album, Marc-Antoine MATHIEU va s’attacher à vous faire sortir de votre zone de confiance et vous accompagner dans les questionnements qui ne vont pas manquer de vous assaillir sur les origines de l’humanité.

Dès les premières pages, Marc-Antoine MATHIEU convoque Spinoza avec une citation extraite de « Éthique »...

 


Les hommes se trompent en ce qu’ils se croient libres ; et cette opinion consiste en cela seul qu’ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes par où ils sont déterminés .

Dans cet album, il y a le texte. Rien n’est laissé au hasard, pas même le nom du personnage : Otto, un mot palindrome pour conforter l’effet miroir, l’image renvoyée par l’ombre de l’artiste.

Le texte, il est présent mais avec parcimonie.

Non, ce sont les images, deux par page, toutes composées seulement de noir et de blanc (comme une signature de Marc-Antoine MATHIEU), qui vont guider vos réflexions autour de la mémoire, du mystère des souvenirs qui, un temps, restent reclus dans un coin de votre cerveau, et pour lesquels parfois un petit rien va déclencher un irrépressible déferlement. 

Otto l’homme réécrit de Marc-Antoine MATHIEU

Le propos est subtil, un brin angoissant mais ô combien fascinant.

Je vous laisse pénétrer les limbes d’Otto et on en reparle !

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2020-08-18T17:05:00+02:00

Carmen et Teo de Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL

Publié par Tlivres
La première de couverture du roman "Carmen et Teo" de Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL. En arrière plan, un petit clin d'oeil, fleuri, avec un Mandevilla laxa, communément appelé Jasmin du Chili.

La première de couverture du roman "Carmen et Teo" de Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL. En arrière plan, un petit clin d'oeil, fleuri, avec un Mandevilla laxa, communément appelé Jasmin du Chili.

Mon #mardiconseil, c'est un roman écrit à quatre mains. Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL ont collaboré à l'écriture de "Carmen et Teo" sous la baguette d'une talentueuse Cheffe d'Orchestre, je parle bien sûr de l'éditrice, Caroline LAURENT. Et oui, il fait partie de la Collection Arpège lancée en janvier 2019 chez Stock. Vous vous souvenez bien sûr de celui de Caroline CAUGANT "Les heures solaires", l'un de mes coups de coeur ! Aujourd'hui, je fais une petite place à ce roman sorti en librairie au lendemain du confinement. Pas de chance, à moins que ce rendez-vous manqué ne soit rattrapé !
 
Quelques mots de l'histoire. Nous partons pour le Chili. Carmen naît dans une famille privilégiée d'une mère aux origines aristocratiques, professeure de littérature et comédienne, d'un père architecte et enseignant à l'Université. Pendant sa jeunesse, Carmen, une urbaine, part un été avec le Père Mariano Puga, elle découvre la tribu Mapuche, sa grande pauvreté, son histoire aussi, une tribu massacrée par les Espagnols, ces colons européens, et les créoles chiliens. Parallèlement, Teo, lui, naît dans une famille pauvre de la région de Tarapaca, une région minière où est alors exploité le salpêtre, cette poudre blanche qui est étendue sur les sols européens pour les enrichir. Quand l'Europe décide d'utiliser des produits alternatifs, toute la chaîne de production s'arrête, obligeant les mineurs à s'exiler vers Santiago pour trouver du travail. L'enfant de la campagne n'a alors que 7 ans. Dans un contexte politique des plus tendus, nous sommes au début des années 1970, Carmen et Teo vont prendre part, chacun à leur mesure, aux événements qui soulèvent leur pays. Salvador Allende décède lors du coup d'Etat du 11 septembre 1973 dans le Palais Présidentiel bombardé. Là commence une toute nouvelle histoire, avec un grand H (aussi) !
 
"Carmen et Teo", c'est avant tout un roman historique. Delphine GROUES est Directrice de l'Institut des compétences et de l'innovation de Sciences Po, elle a écrit une thèse sur la protestation populaire chilienne. Olivier DUHAMEL, connu notamment pour ses interventions sur Europe 1 et LCI au sujet des institutions et de la vie politique, a écrit "Chili" publié en 1974. Tous deux sont des spécialistes et nous font revivre une page de l'Histoire du Chili, une page dont personnellement je n'avais que très peu de connaissances. 
 
Le propos est dense mais tout à fait accessible je vous rassure. 
 
La passionnée d'urbanisme que je suis ne peut passer à côté de la prédisposition des hommes et des femmes à inter-réagir avec des événements nationaux, voire mondiaux, en fonction de leur territoire d'origine. Mais plus que ça, ce qui m'a permis d'apprécier ce roman foisonnant, c'est le fait, je crois, que Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL se soient inspirés de parcours de vie bien réels, des gens un brin ordinaires dont ils ont fait des personnages de romans. Teo que vous pourrez retrouver, en chair et en os, dans la vidéo de la rencontre en ligne réalisée avec Nicolas AUVINET de la Librairie Richer d'Angers, ne manquera pas de vous émouvoir, j'en suis certaine.
 
Ce qui, personnellement, m'a captivée, c'est la formidable euphorie que vivait à l'époque une jeunesse assoiffée de liberté et qui voyait dans les mouvements communistes l'opportunité d'un régime égalitaire. Delphine GROUES et Olivier DUHAMEL font se croiser deux regards différents sur la situation politique du moment, une femme, un homme, dont les origines sociales ne sont pas sans impacter leurs façons respectives de voir le monde. Si les parents de Carmen étaient tout acquis à la cause défendue par leur fille, chez Teo, l'heure était à la soumission avec des parents contraints de vivre avec fatalisme, pour le meilleur et pour le pire, les aventures de leur fils, à l'image peut-être de ce que pouvaient vivre des familles françaises lors des événements de 1968. Nous sommes à la même période et les co-auteurs font eux-mêmes un pont entre les deux pays avec les études supérieures réalisées par Carmen dans la capitale à l'Université de Vincennes, université d'un nouveau modèle lancé par Edgar FAURE alors Ministre de l'Education Nationale.
 
La narration à quatre mains est parfaitement orchestrée, à tel point que l'on ne saurait soupçonner qui a écrit telle ou telle phrase. Il y a une harmonie dans le propos absolument remarquable. Chapeau Madame, Monsieur, pour la partition proposée !
 
Si ce roman concourt à la mémoire d'un pays d'Amérique du Sud et de son Histoire, il est aussi un formidable roman d'aventure qui peut s'apprécier comme un beau moment d'évasion littéraire à parcourir le monde au bras d'attachants personnages.
 
Je vous le conseille, tout simplement !   

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2020-08-17T20:25:33+02:00

Fleur de Jeanne d'Eva CZAPLICKI

Publié par Tlivres
Fleur de Jeanne d'Eva CZAPLICKI
Au gré de la visite d'un lieu tout à fait insolite et éphémère au coeur d'Angers, je suis tombée en admiration devant une sculpture réalisée par Eva CZAPLICKI, une artiste de Rambouillet, c'est ma #lundioeuvredart.
 
"Fleur de Jeanne", c'est une sculpture de femme dans une expression éminemment sensuelle. Dite "ode à un papillon", ses bras et ses doigts, travaillés dans la finesse et la longueur, donnent un côté délicat à la création et font penser effectivement à une envolée légère et délicate.
 
J'adore personnellement la teinte marron de la création, cette couleur qui confère une sensation de chaleur.
 
Ses créations en argile ne pouvaient quitter son atelier en raison de la trop grande fragilité. Grâce à un financement participatif, Eva CZAPLICKI a pu les réaliser en bronze, une nouvelle perspective pour la promotion de son art.
 
Forte de l'expérience de deux salons, elle réussit aujourd'hui à vendre ses oeuvres. L'exposition angevine qui la met actuellement au devant de la scène viendra peut-être conforter sa notoriété dans le monde de l'art. C'est en tout cas dans cet objectif que travaille Art Project Partner, une association dont je vous ai déjà parlé. Elle a organisé en octobre-novembre 2019 sur Angers l'événement "Arts au couvent" dans le quartier de Nazareth, une opération absolument remarquable. 
 
Cette fois, dans une maison abandonnée, Doris KOFFI présente l'Urb'Expo. Sur quatre niveaux, 12 artistes se partagent les espaces, des street artistes pour la plupart. Me concernant, cette découverte était la surprise du jour. Je ne m'attendais pas à voir des sculptures entre ces murs délabrés, et pourtant, quel subtil mariage. Les oeuvres sont magnifiées par les matériaux qui l'entourent (du schiste, du tuffeau, de la brique, du bois...), les rais de lumière qui se glissent à travers les interstices du bâti et les ouvertures parées d'un grillage bienvenu pour éviter aux pigeons qu'ils ne s'approprient le site. 
 
Votre curiosité est aiguisée. Vous souhaitez, vous aussi, visiter cette exposition avant que le bâtiment ne soit aménagé en logements étudiants, alors précipitez-vous, le 24 août il sera trop tard. Pour la réservation, rdv sur le site de Art Project Partner.

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