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2019-04-30T06:00:00+02:00

Le matin est un tigre de Constance JOLY

Publié par Tlivres
Le matin est un tigre de Constance JOLY

Flammarion

Comme vous le savez, je ne participe pas à l'opération des 68 Premières fois pour la rentrée littéraire de janvier 2019. Mais il est bien difficile de ne pas résister au chant des sirènes, alors, je picore avec parcimonie dans la sélection de nos fées et fais de très jolies découvertes, comme la plume de Constance JOLY dans "Le matin est un tigre". En ouvrant ce roman, je ne savais pas encore qu'il résonnerait formidablement bien avec la sculpture de Marie MONRIBOT découverte la veille : "Introspection". 

Alma et Jean s'aiment depuis longtemps maintenant, enfin, s'aiment est peut-être un grand mot. Disons qu'ils cohabitent ensemble et entretiennent une relation empreinte de tendresse. L'amour s'est étiolé avec les années. Il y a bien leur fille, Billie, de 14 ans, mais le mal qui la ronge de l'intérieur fragilise plus encore le couple. Alma est bouquiniste à Paris, elle a repris l'affaire de sa mère décédée quand elle était encore jeune. Elle est persuadée qu'un chardon croît à l'intérieur du corps de sa fille. Rongée par un sentiment de culpabilité, et si elle lui avait transmis ses peurs et ses angoisses, Alma se décide à répondre à l'invitation d'un vieil homme, fasciné par ses collections de beaux livres, alors même que Billie est au plus mal. Et si sa guérison était à portée de main...

Dès les premières pages, j'ai été happée par la relation fusionnelle qui lie la mère à sa fille. Alma et Billie nourrissent une complicité redoutable que rien ne saurait rompre au point d'imaginer un langage rien que pour elles, des codes facilitant leur compréhension et les isolant de l'environnement extérieur. Pas étonnant que Jean peine à trouver sa place dans un cocon familial trop étroit pour lui. Alors, quand une mystérieuse maladie s'empare du corps de Billie, il devient de plus en plus difficile d'affronter à trois la dure réalité.


On n’entre pas facilement dans le malheur des autres, il est comme un bois trop sombre, une terre dévastée et lointaine pleine des grincements de la nuit. P. 50

Alma est elle-même une femme torturée. Avec la maladie de sa fille, ce sont ses propres démons qui resurgissent du passé. Toutes les deux se retrouvent unies par la malédiction de la filiation. J'ai été profondément touchée par leur mal-être, la douleur qui les tourmente et leur incapacité, dans cet état charnel et psychique, à mettre un pied devant l'autre.

Affronter la maladie de Billie devient pourtant la raison d'être d'Alma. L'écrivaine dresse le portrait d'une mère meurtrie qui va puiser dans son fort intérieur pour résister aux épreuves de la vie, chercher l'issue que le monde médical ne saurait trouver à la pathologie de sa fille. Elle est persuadée d'être la seule à pouvoir la libérer du mal qui l'assaille.

Constance JOLY aurait pu se contenter de mettre des mots sur des maux mais c'était sans compter sur la délicatesse et la grâce de sa plume. Elle réussit admirablement à imager son dessein et ainsi, à offrir des respirations dans un propos que tout obsède.


Elle a besoin de poésie. D’un espace où les mots sortent des clôtures du sens. Elle les visualise, comme des moutons sautant par-dessus la barrière, des mots libres, dans de grandes prairies tendres. P. 111

Le livre refermé, je le sens infuser lentement, j'ai envie de le savourer encore longtemps ! 

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2019-04-29T06:56:29+02:00

Introspection de Marie MONRIBOT

Publié par Tlivres
Introspection de Marie MONRIBOT

Vendredi dernier, lors du vernissage de l'Exposition à l'Espace Artistique de l'Anjou, j'ai retrouvé l'artiste Marie MONRIBOT dont les oeuvres me fascinent. 

Souvent en marbre de carrare, il y avait aussi des sculptures en pierre demi dure. L'une d'entre elles m'a captivée, elle a  résonné immédiatement en moi, il s'agit de celle dénommée "Introspection".

Sublimée de façon suggestive, "Introspection" évoque ce mouvement opéré sur soi, ce regard intérieur.

Je la trouve magnifique, j'aime sa couleur, sablée, ses formes, douces et délicates, sa chaleur aussi. Avez-vous déjà posé votre main sur une sculpture ? Sur les conseils de Marie, je l'ai réalisé l'année dernière. Depuis, je les frôle, les caresse, les touche et me surprend à ressentir la puissance de la pierre, une sensation EXTRAordinaire. Vous aussi, offrez-vous ce plaisir !

Introspection de Marie MONRIBOT

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2019-04-26T06:00:00+02:00

Le baiser de Gustav de Martine MAGNIN

Publié par Tlivres
Le baiser de Gustav de Martine MAGNIN

Editions Pierre Philippe

Comme j'aime ne plus lire les quatrièmes de couverture et me laisser porter par un nom d'auteur, un titre, une illustration...

Avec "Le baiser de Gustav" de Martine MAGNIN, si vous êtes assis(e), vous pourriez bien tomber de votre chaise ! Les surprises sont au rendez-vous, je ne vais vous en dévoiler qu'avec parcimonie.

Lucie est dans le coma. Parisienne, mère de deux jeunes enfants, elle est victime d'un attentat. Son mari est à son chevet, deux femmes prennent son relais, sa sœur et sa meilleure amie. Tous sont encouragés par le personnel soignant, ils doivent tenir bon, croire au réveil de Lucie, lui parler, la masser, faire un peu comme si de rien n'était !

Avec "Vigile" de Hyam ZAYTOUN, mon cœur s'est emballé dès la première page, ma respiration s'est coupée, je n'ai retrouvé un rythme cardiaque normal qu'en le refermant. Il n'y avait (que) 124 pages. Martine MAGNIN nous fait vivre un même tour de force, mais là, accrochez-vous, il y a 210 pages au programme ! Ouvrir le roman "Le baiser de Gustav", c'est assurément monter dans un ascenseur émotionnel, vous allez être suspendu(e) aux lèvres des médecins, vous allez vous emballer pour un frémissement de paupières, vous allez perdre espoir aussi...

Vous allez encore, et c'est là une originalité de la narration, accompagner Lucie dans ses délires. Entre deux environnements, ses pensées naviguent, il y a la réalité qu'elle aimerait parfois retrouver...


Vivre, c’est heurter, mais le courage, c’est affronter. P. 154

et les rêves dans lesquels elle apprécie de se ressourcer, cet univers cotonneux, douillet, merveilleux, qui la met à l'abri des agressions, au sens propre comme au figuré. Cette lecture m'a profondément rappelé "L'Hôtel des deux mondes" d'Eric-Emmanuel SCHMIDT, que j'avais adorée d'ailleurs. Il y a ce fil tendu entre la vie et la mort sur lequel Lucie marche comme un funambule, une temporalité pendant laquelle rien n'est joué, tout peut encore arriver, un lieu de transition, cette chambre d'hôpital dans laquelle la patiente est appareillée pour surVIVRE. Le champ onirique offre des envolées paradisiaques, des pauses salutaires, des moments entre parenthèses empreints de sérénité, de calme et de douceur. Le roman tout entier est affaire d'équilibre.

De l’écrivaine, j'avais déjà lu "Qu'importe le chemin", un roman bouleversant, un véritable page-turner. A l'époque je disais : "Vous voilà harponné(e) par le destin de cet enfant et Martine MAGNIN ne vous lâchera plus jusqu'à la toute dernière page." Je suis prête à prendre les paris qu'il s'agit là d'une signature singulière de l'auteure, une certaine manière d'aborder la vie, les sentiments, les relations d'amitié, la maternité... le tout mené tambour battant et en beauté s'il vous plaît.

En parlant de beauté justement, Martine MAGNIN invite prodigieusement l'art, la peinture, le grand Klimt dans un roman déjà haut en couleur. Là, je ne vous dévoile pas de grand secret, le titre est à lui seul évocateur. Quant à la première de couverture, elle est une copie de la toile du maître autrichien mondialement connue, une de ces œuvres que l'on se délecte à regarder, l'œil attiré par moult détails, charmé par la splendeur des étoffes, séduit par l'expression du visage de la femme portée tout entière par le désir, enveloppée par les bras et la cape de l'être cher.

Si T Livres ? T Arts ? vous propose souvent de choisir entre deux disciplines, avec "Le baiser de Gustav" vous savourerez le mariage des deux, un pur bonheur que de découvrir des annotations sur les œuvres de l'artiste venant savamment ponctuer le propos de Martine MAGNIN. Si on a l'habitude de dire qu'un livre est un bel objet, je crois que celui-là revêt une dimension toute particulière. On a envie de le poser sur un chevalet et de lui octroyer une place de choix dans sa bibliothèque !

L’écrivaine rivalise d’ingéniosité pour nous peindre un tableau familial divers et varié. Outre le fait d’accompagner Lucie, chacun tente de mener sa vie, partagée entre le travail, les enfants pour certains... Le quotidien est ponctué de mille et une péripéties donnant du rythme au roman, les destins se croisent, les histoires s’entremêlent, et la chute, quelle chute, juste magistrale !

Le tout servi par une plume sur laquelle je ne reviens pas, je crois que tout est dit, enfin presque... les mots sont tendres, les phrases belles, le propos lumineux, l'écrivaine nous met, le temps d'une lecture, sous perfusion. Elle nous fait une injection de sa philosophie de vie pour renforcer la confiance en soi et nous inciter à aller jusqu'au bout de nos envies. Elle nous fait couler un goutte-à-goutte de plaisir et de volupté. Je crains déjà le sevrage !

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2019-04-25T06:47:22+02:00

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Publié par Tlivres
Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Parce qu'il est nécessaire de petites piqûres de rappel en faveur du droit international des femmes, j'aime partager cette lecture du dernier roman de Corinne ROYER : "Ce qui nous revient".

L'écrivaine assure la mémoire d'une femme spoliée, la "Découvreuse oubliée". Elle évoque l'histoire de Marthe GAUTIER, la première à avoir mis en évidence le chromosome surnuméraire de la trisomie 21.

Ne serait-ce que pour ça, c'est un livre à mettre dans toutes les mains. Mais c'est sans compter aussi sur la poésie de la plume, les mots posés sur des sentiments, des émotions. En guise d'amuse-bouche, je vous livre ma #citationdujeudi !

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2019-04-18T19:25:30+02:00

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Publié par Tlivres
Médée chérie de Yasmine CHAMI

Il y a des romans qui vous marquent à jamais, des histoires qui vous happent dès les premières pages et vous fascinent longtemps après en avoir terminé la lecture.

Assurément, "Médée chérie" de Yasmine CHAMI fait partie de cette catégorie de livres qui agissent comme des révélateurs, nous invitent à une prise de conscience...

Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous invite à le découvrir.

Je profite de la #citationdujeudi pour vous en livrer un amuse-bouche !

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2019-04-15T18:23:42+02:00

La valse d'Amélie Poulain de Yann TIERSEN

Publié par Tlivres
La valse d'Amélie Poulain de Yann TIERSEN

Ma #lundioeuvredart est musicale. Je saisis l'opportunité du tout dernier album de Yann TIERSEN : "All" pour vous remémorer ces quelques notes de musiques connues de toutes les générations... "La valse d'Amélie Poulain" est juste sublime, à partager sans modération bien sûr.

Si vous aimez cet artiste et que vous avez envie de connaître son actualité, outre la visite de son site, je vous invite à écouter l'interview d'Augustin TRAPENARD dans Boomerang, que du plaisir !

Alors, savourez...

 

 

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2019-04-14T06:00:00+02:00

L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Publié par Tlivres
L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Editions Sonatine

Traduit de l'anglais par Héloïse ESQUIE

Ce document est le tout dernier de la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019, un livre inoubliable.

Nous sommes aux États-Unis. En 1992, Ricky Langley, 19 ans, tue Jeremy Guillory âge de 6 ans. Par le passé, Ricky Langley avait été condamné à deux reprises pour agression sexuelle. Le petit Jeremy a-t-il été victime de ce type de faits avant sa mort ? Après ? C’est ce que la narratrice va tenter de trouver en déroulant le fil de l’enquête, de la vie de Ricky Langley aussi.

 
Pourquoi ce travail titanesque ?
 
Parce que cette histoire résonne cruellement avec ce qu’a vécu Alexandria MARZANO-LESNEVICH dans sa plus tendre enfance, elle et sa sœur ont été abusées par leur grand-père. Les parents sont avocats, chacun cherche un bon motif pour protéger l’autre et faire en sorte que cette histoire ne soit pas dévoilée sur la place publique.


C’est la logique à laquelle je ne trouverai jamais d’explication : dans ma famille, une douleur, ce sera toujours la mienne ou la tienne, à monter l’une contre l’autre et à mettre en balance, jamais une douleur collective, jamais une douleur de famille. P. 179

Toute son enfance et sa jeunesse, elle vivra avec la peur terrifiante que de nouveaux actes soient perpétrés, toute sa vie, elle mènera le combat contre les traces laissées à jamais, dans son âme, dans son corps aussi.

Ce document est effroyable dans ce qu’il révèle de deux histoires, vraies, qu’il entrecroise savamment avec minutie. 

Alexandria MARZANO-LESNEVICH donne au récit une dimension profondément humaine. Tout au long de ce document riche et foisonnant, elle ne va manquer de montrer ô combien ce sont des hommes qui sont coupables d’actes aussi odieux. Elle mène le même combat que Thierry ILLOUZ mais avec d’autres moyens, là, il s’agit de regarder les êtres avec les yeux d’une victime qui se refuse à nier la situation. 
 
Sa sœur, devenue adulte, a choisi un autre parti, le déni. Alexandria MARZANO-LESNEVICH, elle, met les mots sur ses blessures, physiques et psychiques. Elle ne peut les oublier. Si pour certains, elle invente, elle ne rêve pas quand un examen gynécologique pose la question de l’origine de cicatrices vaginales !


Le passé est dans mon corps. P. 348

Par le biais de l’écriture, Alexandria MARZANO-LESNEVICH cherche la voie de la résilience. Elle nous retrace le fil de sa vie, bafouée, torturée... par des faits commis à l’intérieur de sa propre famille. La mort de son grand-père ne résoudra rien. Elle doit aller plus loin. 


Que ces mots deviennent aussi tenaces que les souvenirs que je porte dans mon corps. P. 359

C’est l’histoire du meurtre du petit Jeremy qui lui ouvrira la voie et lui donnera un terrain d’exploration favorable à un cheminement personnel salvateur. 
 
L’écrivaine pose un regard d’une extrême lucidité sur les pulsions sexuelles des hommes et dénonce, avec l’affaire du petit Jeremy, un système américain incapable d’y pallier. Les recherches réalisées sont impressionnantes, rien n’est laissé au hasard, l’auteure a étudié scrupuleusement toutes les archives pour retracer l’ensemble des débats. 
 
Ce récit de vie est particulièrement intéressant et éclairant pour les mots posés. Il a l’extrême mérite aussi de se construire autour de deux situations  distinctes pourtant tellement ressemblantes. 
 
La plume est précise, dense, la traduction est de très bonne qualité. Les répétitions n’y feront rien, j’ai été fascinée par le destin d’Alexandria MARZANO-LESNEVICH et souhaite qu’elle puisse poursuivre dans la voie de l’écriture, elle à un talent fou.
 
Ce document est en lice pour le #GrandPrixdesLectrices2019 avec :
 
La loi de la mer de Davide ENIA
 
Même les monstres de Thierry ILLOUZ
 
Tu t'appelais Maria SCHNEIDER de Vanessa SCHNEIDER
 
Les inséparables de Dominique MISSIKA
 
Pirate N° 7 de Elise ARFI
 
Suzanne de Frédéric POMMIER
 

Il fait aussi partie du 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore 

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2019-04-12T12:42:05+02:00

Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE

Publié par Tlivres
Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE
 
Ce roman fait partie de la dernière sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019. Il est classé dans la catégorie des policiers.
 
Ce roman, il vous captive d'abord par la beauté de la première de couverture. De couleur sépia, elle fait apparaître une femme qui donne le sein à son bébé, ce portrait de la maternité est juste magnifique. Quand vous y regardez de plus près, vous réalisez que la photographie est en réalité un montage, qu'un découpage est intervenu et qu'une pièce du "puzzle" est décalée, à l'image de ce que faisait Picasso avec ses croquis. Ce qui peut paraître une ombre dans le tableau n'est rien à côté de ce qui vous attend, ce roman est une lecture coup de poing, un roman noir... mais aussi tellement lumineux, je vous explique !
 
Rose a 14 ans, c'est l'aînée d'une fratrie de 4 filles. Ses parents sont des paysans. Un jour, son père, Onésime, l'emmène avec lui. Rose fait l'objet d'un contrat diabolique. Elle est vendue à un homme moyennant une petite somme d'argent, de quoi assurer pour quelques temps la survie du reste de la famille. Les remords n'y feront rien, le sort de Rose est ainsi jeté. Elle devient l'employée d'une maison qui renferme de nombreux secrets, à commencer par l'existence de l'épouse de "l'acheteur" qui serait gravement malade. Rose ne l'a jamais vue. Le médecin du village vient régulièrement lui rendre visite, de quoi susciter la curiosité de l'adolescente. Elle sera bien malgré elle entraînée dans un scénario des plus machiavéliques.
 
Ce roman est noir, je vous l'ai dit. Il m'a beaucoup rappelé mes lectures d'il y a une trentaine d'années, ces livres qui brossent le portrait de la maltraitance, que dis-je, la torture en milieu rural. Rose est accueillie par des rustres dans une campagne profonde, là où le rapport dominant/dominé relève plus de l'esclavage que de la relation humaine, là où les hommes se comportent comme des bourreaux, se gaussant de martyriser plus faible que soi, là où le maître des lieux décide de la vie ou de la mort de ceux qu'il emploie, là où les sévices corporels condamnent au silence.
 
Franck BOUYSSE imagine une histoire absolument démoniaque, un scénario morbide dont je n'ose pas imaginer les images portées au cinéma.
 
Si la première partie est empreinte de sauvagerie, j'ai beaucoup aimé la seconde dans ce qu'elle a de plus fort. Rose incarne le personnage d'une jeune femme révoltée, pleine de courage, que rien ne saurait abattre, pas même l'indicible, impossible à vous dévoiler. Rose va trouver le moyen de s'extraire de toute cette violence, elle va puiser la force dans son âme pour surmonter tout ce qu'elle endure physiquement, elle va trouver la voie des mots :


Les mots, ils me font sentir autrement, même enfermée dans cette chambre. Ils représentent la seule liberté à laquelle j'ai droit, une liberté qu'on peut pas me retirer, puisque personne, à part Génie, sait qu'ils existent. P. 233

Ce roman est un hymne à l'écriture. Nul besoin de vouloir être écrivain pour se plier à l'exercie, le seul fait de coucher les mots sur le papier peut délivrer du poids qui vous assaille. Franck BOUYSSE fait preuve d'énormément de poésie à leur égard : 


C’est toujours ce qui se passe avec les mots nouveaux, il faut les apprivoiser avant de s’en servir, faut les faire grandir, comme on sème une graine, et faut bien s’en occuper encore après, pas les abandonner au bord d’un chemin en se disant qu’ils se débrouilleront tout seuls, si on veut récolter ce qu’ils ont en germe. P. 268

Franck BOUYSSE, je la découvre. Marie de la librairie "Le Renard qui lit" l'encense, c'est évidemment un très bon conseil de lecture.

Parfaitement structuré dans un roman choral, le propos est servi par une plume éminemment belle. La chute est juste magistrale.

Ce policier est en lice avec : 

Sirènes de Joseph KNOX

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Rituels d'Ellison COOPER

Dura Lex de Bruce DESILVA
 
Rivière tremblante de Andrée A. MICHAUD
 
La disparition d'Adèle Bedeau de Graeme MACRAE BURNET
 
Présumée disparue de Susie Steiner 

Il fait aussi partie du

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-04-11T20:48:03+02:00

Vigile de Hyam ZAYTOUN

Publié par Tlivres
Vigile de Hyam ZAYTOUN

Le Tripode

Dernier roman de la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019 : place à "Vigile" de Hyam ZAYTOUN.

Une nuit, la narratrice se réveille. Elle est interpellée par un bruit singulier, un vrombissement. Quelques secondes suffisent pour qu'elle prenne conscience qu'il s'agit de l'homme avec qui elle partage sa vie qui respire ainsi. Il est en arrêt cardiaque. Dès lors, le temps prend une dimension toute particulière. Elle allume la lumière, appelle les pompiers, commence le massage, il durera 30 minutes. 30 minutes qui lui paraîtront une éternité alors que pour Antoine, il y a urgence à vivre. Quand les pompiers arrivent, ils prennent le relais, elle reporte son attention sur Margot et Victor, leurs enfants de 6 et 3 ans, ils ont tout vu ! Dès lors, c'est une toute nouvelle page de leur vie qui est à écrire... 

Ecrire, oui, écrire pour Antoine. Plongé dans un coma thérapeutique, il ne se souviendra pas de ces instants, et des jours suivants. Alors, dans une phrase pleine de poésie, de tendresse, Hyam ZAYTOUN nous explique les raisons de ce livre.


Ce n'est pas ton stylo, c'est le mien mon amour. Mais, à défaut, je te les raconte, ces premiers de ta deuxième vie. P. 113
 

Ce roman, elle le dédie à l'homme qu'elle aime. Elle s'adresse à lui avec une narration à la deuxième personne du singulier et lui témoigne des moments d'espoir, de doute, de confusion, d'effondrement aussi. Elle lui explique ô combien la famille, les amis, les voisins, ont partagé avec elle, ses enfants, les périodes d'euphorie et d'anéantissement. Dès les premières heures où il est accueilli à l'hôpital, elle va faire en sorte d’oublier qu'il est maintenu en vie par un respirateur et lui murmurer à l'oreille des mots d'amour, lui rappeler de beaux souvenirs vécus ensemble

Avec "Vigile", elle lui explique la mobilisation de chacun pour assurer sa surveillance, l'implication du personnel médical pour lui laisser à elle, à eux, des temps de respiration.

 
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Ce roman, 


C'est une histoire de pulsation. P. 11
 

vous le lirez en apnée totale, 125 pages pendant lesquelles le temps, subitement, sera suspendu.

"Vigile" est une formidable preuve d'amour et de courage. Quand certains auraient eu instinctivement le réflexe d'éloigner les enfants des scènes de la vie de leur père, Hyam ZAYTOUN a souhaité les y faire participer. Elle prend le parti qu'il va s'en sortir et fait entrer les enfants dans cette mécanique. Quel audace !

"Vigile" est un hymne à la vie, une formidable leçon que Hyam ZAYTOUN donne au lecteur. La plume est délicate, le propos lumieux. C'est un premier roman et il est parfaitement réussi.

Dans sa catégorie, il est en lice avec :

Le Chant des revenants de Jesmyn WARD

Une maison parmi les arbres de Julia GLASS

Ma dévotion de Julia KERNINON

La vraie vie de Adeline DIEUDONNE

Asta de Jon Kalman STEFANSSON

La neuvième heure de Alice McDERMOTT

La douce indifférence du monde de Peter STAMM

Un gentleman à Moscou de Amor TOWLES

Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Il fait aussi partie de la sélection des 68 Premières fois :

avec :

Suiza – Bénédicte Belpois

Les petits garçons – Théodore Bourdeau

Les heures solaires – Caroline Caugant

Comme elle l’imagine – Stéphanie Dupays

Tête de tambour – Sol Elias

Le matin est un tigre – Constance Joly

Les mains de Louis Braille – Hélène Jousse

Ivoire – Niels Labuzan

Écorces vives – Alexandre Lenot

Des hommes couleur de ciel – Anaïs Llobet

Varsovie-Les Lilas – Marianne Maury-Kaufmann

L’odeur de chlore – Irma Pelatan

Saltimbanques – François Pieretti

A la ligne – Joseph Ponthus

Boys – Pierre Théobald

L’Appel – Fanny Wallendorff

Vigile – Hyam Zaytoun

San Perdido – David Zukerman

Enfin, je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore 

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2019-04-11T06:00:00+02:00

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Publié par Tlivres
Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur une lecture émouvante de cette rentrée littéraire de janvier 2019.

Le tout dernier roman de Laurence TARDIEU : "Nous aurons été vivants" est d'une profonde sensibilité.

Dans la même veine que "A la fin le silence", la plume de l'écrivaine excelle dans la description des souffrances liées à l'absence. Laurence TARDIEU fait de l'art un fil conducteur, la voie de la résilience, pour panser des plaies liées à un secret de famille très, trop, bien gardé dont le poids devient insupportable pour la jeune génération.

J'ai adoré, tout simplement ! 

 

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2019-04-10T20:28:22+02:00

La sélection du Prix du Livre Inter 2019 est sortie !

Publié par Tlivres
La sélection du Prix du Livre Inter 2019 est sortie !

Vous êtes peut-être passé.e à côté de la sélection du Prix du Livre Inter 2019... alors, séance de rattrapage, rien que pour vous !

Emmanuelle BAYAMACK-TAM - _Arcadie (_P.O.L)

Franck BOUYSSE - Né d’aucune femme - (La manufacture des livres)

Sarah CHICHE - Les enténébrés (Seuil)               

Maylis de KERANGAL - Un monde à portée de main (Verticales) 

Léonor de RÉCONDO - Manifesto (Sabine Wespieser)     

Elisabeth FILHOL - Doggerland (P.O.L.)   

Jean-Claude GRUMBERG - La plus précieuse des marchandises (Seuil)

Capucine et Simon JOHANNIN - Nino dans la nuit (Allia) 

Serge JONCOUR - Chien-Loup (Flammarion) 

Philippe VASSET - Une vie en l'air (Fayard) 

Deux de mes coups de coeur en font partie.

Rendez-vous le 10 juin pour connaître le roman primé. Que le meilleur gagne !

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2019-04-08T19:45:52+02:00

Entre el tiempo de José TOLA

Publié par Tlivres
Entre el tiempo de José TOLA

Souvenir souvenir de notre dernier voyage au Pérou.

Sur La Costa Verde dans le quartier de Miraflores de Lima, vous pouvez voir de nombreuses oeuvres d'artistes péruviens : "El beso" de Victor DELFIN, Cupido de Marcelo WONG... Il y a aussi Le Petit Prince qui est le fruit du travail du collectif du Grupo Vallas qui agit au quotidien en la faveur des mal-voyants et favorise ainsi leur accès à la culture, un très beau geste à souligner.

Pour la #lundioeuvredart et pour varier les plaisirs, je vous propose "Entre el tiempo", une sculpture monumentale de José TOLA.

Cet artiste contemporain, né en 1943, est connu pour des toiles conjuguant le noir et la couleur, représentant des êtres à mi-chemin entre l'homme et l'animal... j'aime ce pas de côté par rapport à la réalité. Et vous ?

Aujourd'hui, je viens avec le côté pile, je reviendrais un autre jour pour le côté face !

 

 

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2019-04-06T07:40:13+02:00

La mer monte de Aude LE CORFF

Publié par Tlivres
La mer monte de Aude LE CORFF

Stock

 

 

Le tout dernier roman de Aude LE CORFF, vous l'avez lu ?

 

Non, pas encore ! Et bien, si vous cherchez une bonne action à réaliser aujourd'hui, je crois qu'un passage dans votre librairie préférée s'impose.

 

Vous ne sauverez pas la planète, ça non, les générations qui vous ont précédées ont lancé un mouvement tel que ses effets sont maintenant inéluctables, mais vous soutiendrez la création littéraire et plus généralement les métiers du livre, chapeau ! Je suis prête à lancer aussi les paris que vous succomberez au charme de la plume de Aude LE CORFF et lirez comme un page-turner l’histoire de Lisa ! Alors, vous êtes convaincu(e) ? Non, pas encore ! Je vous en dis plus.

 

Lisa vit seule. C'est l'apanage de nombre d'hommes et de femmes qui, aujourd'hui - nous sommes en 2042, préfèrent la solitude aux concessions imposées par la vie commune. Sa santé est suivie à la loupe par toutes les applications et autres microprocesseurs qui ont envahi sa vie, totalement instrumentalisée par les objets qui l'entourent et qui se chargent, pour son bien, de prendre les choses en main. Les drones et autres robots font partie de son quotidien et réalisent à sa place des tâches qui ne méritent pas que l'on s'y attarde. Et puis, elle est jeune, elle n'a rien connu d'autre. Les générations d'avant peuvent déplorer la fonte des glaciers, la montée des eaux, mais tout ça fait désormais partie de la mémoire collective. Lisa a quand même un ami, en chair et en os, avec qui elle partage quelques soirées. C'est un peu comme une parenthèse  dans ses relations de tous les jours, à croire que côtoyer ses congénères a encore du bon ! Elle en profite pour lui confier ses états d'âme. Lisa, qui semble vivre une vie tout à fait ordinaire, est obsédée par un mal qu'elle traîne depuis sa plus tendre enfance, quelque chose qui lui vrille les tripes, qui la torture dans sa chair. Mais d'où vient ce mal ? Et s'il était perpétué par sa mère, Laure ? Mais là commence une toute autre histoire...

 

Il y a des destins qui vous happent dès les premières pages d'un roman, celui de l'humanité tel qu'elle pourrait exister en 2042 (non vous ne rêvez pas, c'est dans une vingtaine  d'année) fait partie de ceux-là. Pourquoi me direz-vous ? Et bien parce que son portrait est saisissant.

 

Je me souviens de la lecture (au siècle dernier !) de Globalia de Jean-Christophe RUFIN mais d'aucun ne s'aventurerait aujourd'hui à partager la perspective de l'an 2000 telle que certains d'entre nous ont pu la vivre, au risque de passer pour un vieux démodé sentant la naphtaline.

Non, avec Aude LE CORFF, le scénario est tout autre. Il est tellement plausible qu'on se demande même pourquoi il n'est pas encore là. Imaginez ! Tous ses écrans qui envahissent notre vie, pourquoi ne pas intégrer directement sur notre rétine une petite cellule qui ferait oublier cet accessoire si décrié ? Vous vous attendiez à autre chose ? Les discours sur la réduction du temps hebdomadaire de consultation des écrans auront volé en éclats et seront purement et simplement oubliés pour laisser place à d’autres, plus actuels !

 

Le propos est ironique, vous l'aurez compris, mais tellement réaliste qu'il réussit à nous faire froid dans le dos. Ce roman est porteur d'un propos militant, assurément, mais pas de ceux largement médiatisés aujourd'hui. Non ! Aude LE CORFF a une longueur d'avance, elle dénonce, elle, l'hypocrisie de tout ce que l'on nous vend pour notre bien-être, assurément ! 

 

Elle nous alerte aussi sur l'infantilisation de l'être humain avec tous ces objets qui se substituent aux souhaits de l'homme, cet être faible, qui ne saurait de lui-même utiliser les escaliers plutôt que les ascenseurs pour assurer le nombre de pas quotidiens nécessaires pour lutter contre l’obésité et les accidents cardiovasculaires. Dans le monde tel qu'il est projeté par l'écrivaine, l'ascenseur refusera tout simplement de vous transporter dans les étages !

 

Et puis, comme une prédisposition à ce qui m’attendait dans ce roman, mon téléphone portable sur lequel je prends désormais toutes mes notes (quand je vous dis que le monde décrit par Aude LE CORFF est déjà là !) avait crû bon de modifier « mer » par « mère », il était dans le vrai ! Là, vous pouvez rire, jaune !

 

Dans ce roman, l’auteure, habituée à raconter des histoires rocambolesques (souvenez- vous de « L’importun » et de « Les arbres voyagent la nuit ») nous dévoile la vie de Lisa dans ce qu’elle a de plus intime. Les destins de mère et fille s’entremêlent pour laisser se dévoiler lentement failles et blessures.


La cicatrice est encore visible, me rappelant que je ne peux pénétrer l’esprit de ma mère sans en payer le prix. P. 72

Chacune a les siennes mais la mémoire transgénérationnelle fait qu’elles se retrouvent liées, chacune empoisonnée par la toxicité de la relation à l’autre.


Mon corps déjà émettait des signaux douloureux, une oppression qui le quittait rarement au creux de la poitrine et de la gorge, et alors tout me revenait. P. 72

J’ai ressenti jusque dans mes tripes les soubresauts des corps, la douleur des souffrances perpétuées à travers les âges.

 

Je ne vous en dirai pas plus. Ah, si ! Ne lisez surtout pas la 4ème de couverture, laissez-vous porter par ces quelques lignes, faites moi confiance !

 

Tous ces destins se côtoient dans un roman où l’alternance des chapitres donne du rythme, tantôt la grande Histoire, l’intérêt général, tantôt la petite, l’intérêt particulier, pour nous livrer une sage philosophie de vie.


Pour continuer à vivre, il faut accepter de ne pas tout comprendre. P. 147

La plume de Aude LE CORFF est juste sublime, elle vous séduira par sa sensibilité et sa puissance. Elle parle de secrets de famille, de tragédies, de souffrances, tout en beauté, et la chute est juste magistrale.

 

C’est un coup de cœur. Trois romans, trois coups de coeur, je crois que vous pouvez juste l’acheter !

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-04-05T05:20:49+02:00

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Publié par Tlivres
Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Allary éditions

Recevoir une enveloppe inconnue dans sa boîte aux lettres, y découvrir un roman, s’interroger sur celui ou celle qui se cache derrière ce cadeau et puis faire le lien... un immense merci Charlotte, « Les miroirs de Suzanne » de Sophie LEMP m’ont profondément touchée, je suis encore sous le charme.

Tout commence avec une scène terriblement déstabilisante. Suzanne s’absente de son appartement parisien. Quand elle rentre, elle s’aperçoit qu’il a été visité. Son ordinateur est parti. Après quelques minutes de désarroi, elle se rassure, le disque dur externe sur lequel elle fait des sauvegardes régulières est toujours à sa place. La vie de famille reprend son cours presque ordinaire mais dans la nuit qui suit, Suzanne ne dort pas, elle pense à ses journaux intimes d’adolescente. Elle avait récemment acheté un coffret à clé pour les accueillir. Elle n’a pas pensé à vérifier qu’ils sont toujours là. Quand elle se lève, elle découvre leur disparition. Passionnée qu’elle est des mots, elle se lance dans l’aventure de les réécrire en puisant dans ses souvenirs. Là commence une toute nouvelle histoire...

Ce roman est remarquable dans la façon qu’il a de vous captiver dès les premières pages avec cette intrusion violente dans l’intimité de Suzanne. Ensuite, vous ne le lâcherez plus !


Derrière des cahiers d’une jeune fille en fleur, ce sont des histoires d’amour qui se révèlent, l’effervescence des sentiments, les premiers désirs, les premiers mots, les premiers contacts, les premiers gestes d’une sexualité en devenir... C’est finalement toute l’histoire de Suzanne, sa construction personnelle qui se dessine dans ce qu’elle a de plus subtil, d’inattendu aussi. Suzanne vit au rythme de ses émotions, fortes celles-là, violentes, douloureuses aussi.

Un amour d’adolescente c’est un peu comme une fleur de magnolia, c’est beau, délicat, raffiné, précieux. Et puis avec le temps, très court, les pétales commencent à s’ouvrir, jaunissent, s’étiolent, tombent à terre, sont piétinés par des passants et disparaissent. Mais la réalité, c’est que l’arbre, lui, reste !

Avec ce magnifique roman, Sophie LEMP touche ce qu’il y a de plus sensible. Elle effleure toutes ces réalités qui font qu’un adulte est ce qu’il est. Si j’ai beaucoup aimé découvrir les traces indélébiles laissées par Antoine dans l’esprit et le corps de Suzanne, vivant au gré de la réminiscence des images et qui en dit long sur notre mémoire, ce qui m’a fascinée, c’est le pouvoir des mots.

Il y a ceux qui s’expriment librement, d’autres qui peinent à se laisser apprivoiser, d’autres encore qui sont incapables d’être formulés :


Mais les mots indociles restent coincés dans sa gorge. Pas un son ne sort de sa bouche. P. 103

Les mots sont là comme des révélateurs de ce que l’on vit, ressent, supporte, affronte...

Sophie LEMP en fait un véritable terrain d’exploration et nous brosse un formidable tableau de l’écriture.


Entendre des artistes s’exprimer sur le caractère envahissant, exclusif, de la création lui avait toujours paru étrange, loin de ce qu’elle ressentait. Pour la première fois, elle en faisait l’expérience. P. 105

Mais l’histoire de Suzanne pourrait vous paraître sirupeuse s’il n’y avait celle de Martin, livreur à vélo, qui, menée en parallèle, va insidieusement s’en approcher.

Sophie LEMP dévoile ainsi tout le jeu de sa propre écriture, parfaitement structurée, rigoureusement organisée, rythmée comme un métronome donnant alternativement et systématiquement la voix à Suzanne, et puis à Martin. Toutes deux sont des chambres d’écho, assurent une certaine résonance pour en décupler les effets.


Ce roman est une ode à la lenteur, au besoin de laisser infuser, se délecter. Dans un monde où tout devient urgent, « Les miroirs de Suzanne » nous invitent à méditer sur nos envies, le sens de notre existence aussi.

Je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

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Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

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Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

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Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

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Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

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2019-04-04T06:51:34+02:00

Joséphine BAKER par CATEL et BOCQUET

Publié par Tlivres
Joséphine BAKER par CATEL et BOCQUET

Nous sommes le 4 avril.

Ce même jour, en 1968, Martin LUTHER KING était assassiné à Memphis dans le Tennessee.

Dans la biographie de Joséphine BAKER éditée par Casterman écritures et signée de Catel MULLER et José−Louis BOCQUET, il y a de très beaux passages sur le pasteur afro-américain qui martelait : "I have a dream".

C'est l'occasion aussi d'en extraire ma #citationdujeudi, une phrase de l'artiste américaine venue chanter à Paris, une façon d'honorer la cause noire et d'assurer la mémoire des lois ségrégationnistes qui sévissaient aux Etat-Unis.

Parce que qu'il faut savoir d'où l'on vient pour savoir qui l'on est...

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2019-04-03T17:23:23+02:00

Noire d'Emilie PLATEAU

Publié par Tlivres
Noire d'Emilie PLATEAU
 
Ou « La vie méconnue de Claudette COLVIN »
d’après Tania de MONTAIGNE
 
Aujourd’hui, place à la #mercrediBD. J’avoue ne pas être fidèle de cette rubrique et pourtant... régulièrement je tombe sous le charme !
 
Là, coup de ❤️, vous avez reconnu le timbre signé Nicolas PICHON !
 
Merci à Antoine du Renard qui lit de Chalonnes-sur-Loire pour ses conseils.
 
Avec ce roman graphique, Émilie PLATEAU vous lance une invitation au voyage.
 
Un voyage à travers le monde, destination L’Alabama aux États-Unis. Un voyage dans le temps aussi, l’histoire se passe en 1950. Un voyage sous l’angle du genre, vous êtes une femme. Voyage interculturel enfin, vous êtes noire.
 
Vous êtes maintenant prête à vous laisser conter une histoire, vraie !
 
Claudette est née en 1939, elle est élevée avec sa sœur Delphine par une grand-tante et un grand-oncle. Sa sœur meurt enfant de la polio. À 15 ans, alors que Claudette rentre de l’école, elle refuse de céder sa place à une femme blanche dans le bus. Le conducteur intervient dans le respect des règles ségrégationnistes qui sévissent. Claudette est interpellée par la police. Rosa Parks vivra la même fâcheuse aventure, c’est d'ailleurs l'histoire de cette dernière qui sera médiatisée à travers le monde alors que le premier acte de bravoure et de courage relevait d’une adolescente.
 
Avec ce roman graphique, Émile PLATEAU restaure la dignité de Claudette COLVIN. Elle assure la mémoire d’une femme qui, alors qu’elle était toute jeune, a manifesté sa rébellion à l’égard d’un régime qu’elle désavouait, d'une inégalité de traitement qui la révoltait. L'action de Claudette COLVIN est suffisamment remarquable pour que l'on en parle. Effectivement, son geste ne relevait pas d'un collectif mais bien d'une intention personnelle. Chapeau !
Noire d'Emilie PLATEAU

Ce roman graphique est profondément militant. Il oeuvre en faveur de l'égalité des hommes et des femmes et prend, dans la reconnaissance de la cause noire, le relais de Tatia DE MONTAIGNE, auteure de l'essai : "Noire", publié en 2015 chez Grasset dans la collection "Nos héroïnes". Parce que oui, Claudette COLVIN est bien une héroïne. Après une adaptation à la scène au Centre National de Création d'Orléans en 2016, Emilie PLATEAU propose donc une version illustrée à mettre dans toutes les mains, grandes et petites.

Parce qu'il faut savoir d'où l'on vient pour savoir qui l'on est, je voudrais remercier Emilie PLATEAU de nous proposer un formidable outil pédagogique.

Il relate la grande Histoire à travers des mouvements de défense des droits des noirs, de la contre-attaque blanche. Les "Notices historiques" sont là pour vous donner toutes les clés de lecture !

Vous n'aurez bientôt plus aucune excuse de parler de l'action de Claudette COLVIN et des grands mouvements révolutionnaires noir-américains. Au lendemain de l'ouverture de la 17ème édition du Festival Cinémas d'Afrique à Angers et à la veille de l'anniversaire de la mort de Martin LUTHER KING, c'était il y a 51 ans, avouons que cette découverte tombe à point nommé !

Outre le contenu, la forme est aussi à relever.

Le graphisme est un brin naïf et saura séduire les plus jeunes, la police de caractères des bulles est très facile à décrypter, les couleurs dans les nuances de marron sont chaleureuses et attendrissantes.

Ce roman graphique est un bijou, un cadeau à offrir sans modération !

 

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2019-04-01T18:44:04+02:00

Quelle femme ? Quelle femme ! une création de Diane DE LA ROQUE

Publié par Tlivres
Quelle femme ? Quelle femme ! une création de Diane DE LA ROQUE

Vous savez ô combien je suis fan de street-art, un registre dont la diversité et la beauté me fascinent.

Quand, en plus, les créations sont réalisées par des femmes pour honorer d'autres femmes, là, j'avoue qu'elles m'enchantent.

Et quand, enfin, une âme bien intentionnée, qu'elle en soit remerciée, joue le reporter pour que l'initiative soit diffusée le plus largement possible, là, tout simplement, j'applaudis et rédige une chronique d'autant qu'un événement est annoncé samedi 6 avril !

Si vous habitez Paris, peut-être connaissez-vous Le Local 14, situé dans le 14ème arrondissement de Paris :

Quelle femme ? Quelle femme ! une création de Diane DE LA ROQUE

C'est à cette adresse, en extérieur, que vous pourrez découvrir ma #lundioeuvredart, dont la réalisation est en cours, une création de Diane DE LA ROQUE

Cette artiste s'associe à 15 autres femmes : Al Tatou - Corinne Agustin- Diane De La Roque - DrassArt - Gil KD - Hecate Lunamoon - HONEY - Hydrane Lo - Kristx - KTY - Lady K - Lapin Mutant - Lika Kato - Marlène Ehrhard - Miss Fuck - NephilimK.

Elles ont lancé une exposition collective d'art urbain, street-art et graffitis pour questionner l'identité de la femme : "ce qui la définit, ce qui l'enferme, ce qui la libère, ce qui la valorise, ce sur quoi elle s'affirme : âge, genre, culture, religion, transmission, soumission, résignation, acceptation, action, révolution, innovation, permanence, tradition, sexe, excision, procréation, enfantement, allaitement, règles, sang, pouvoir" (extrait publié sur Quefaire.Paris.fr).

Des femmes publiques sont citées : Flora Tristan, Lady Pink, Marie Curie, Simone Veil, Camille Claudel, Simone de Beauvoir, Louise Michel, Malala Lousafzai, Rosa Park, Virginia Wolf, Caroline Aigle, Nadia Comaneci, Marie Curie, Jane Goodall, Coco Chanel, Antoinette Fouque, Soeur Thérésa, Marguerite Duras, Peggy Guggenheim, Alice Guy, Billie Jean King, Germaine Tillion, Olympes de Gouges, Colette, Pina Bausch, Barbara, Marie-José Pérec, Gisèle Halimi, Michèle Obama, Françoise Sagan, Hannah Arendt, Aïssa Doumoura, Pocahontas, Beyoncé, Madonna, Patti Smiths, Debbie Harry, Frida Khalo, Isadora Duncun, Florence Arthaud, Diane Arbus...

mais l'invitation est faite à chaque femme : "ta mère, ta sœur et toi !".
 (extrait publié sur Quefaire.Paris.fr).

Si le vernissage a eu lieu samedi 23 mars, l'exposition est toujours visible du mercredi au vendredi, de 15h à 18h, et les samedi/dimanche de  11h à 14h.

Le Local 14 vous donne rendez-vous samedi prochain, le 6 avril, à 16h pour le finissage. Je ne serai personnellement pas sur Paris. J'aurais tellement aimé... mais vous me raconterez, n'est-ce pas ?

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