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2025-02-11T18:32:21+01:00

Et vous passerez comme des vents fous de Clara ARNAUD

Publié par Tlivres
Et vous passerez comme des vents fous de Clara ARNAUD
 
Et de 2... coups de ❤️ !
 
En choisissant un coeur végétal du Clos Lucé pour orner des créations EXTRAordinaires découvertes en 2025, je ne savais pas que Dame Nature m'émerveillerait autant !
 
Tout commence en 1883, à Arpiet, avec un suspense de folie. Imaginez la scène d'un homme se faufilant dans la tanière d'une ourse pour lui chaparder son petit. Jules rêve d'être montreur d'ours. Pour ça, il faut un animal. Les saltimbanques qu'il côtoie chaque année au village lui ont raconté comment s'y prendre. Il ne restait donc à Jules qu'à se lancer, porté par le rêve plus grand encore d'aller faire fortune avec son animal en Amérique. Depuis, le temps a passé mais l'ours dans les montagnes des Pyrénées continue de fasciner. Gaspard, lui, le craint. Nous sommes en 2022, il reprend l'exploitation de Jean. C'est à lui que revient l'estive avec plus de 800 brebis. Se retrouver seul en haute montagne avec les animaux et la menace permanente d'une attaque le terrifie, d'autant qu'il reste traumatisé de la catastrophe de l'an passé avec Ilia. Quant à Alma, cette biologiste comportementale en a fait le cœur de son travail. Elle l'observe, le
photographie, passe des jours et des jours à attendre qu'il daigne sortir de sa tanière. C'est en réalité une ourse et ses deux oursons qui s'offriront à elle mais pour combien de temps ? Entre la volonté de réintroduire l'ours dans les montagnes et l'activité économique des bergers, deux camps s'affrontent pour le meilleur comme pour le pire.
 
Ce roman, c'est d'abord un rythme. Haletant ! Depuis cette scène foudroyante dans la tanière du plantigrade jusqu'aux dernières pages du livre, vous serez happés par le suspense. La présence de l'ours ne cesse de rebattre les cartes d'une vie... tranquille.
 
Et puis, il y a des personnages. Attachants ! Comme j'ai aimé partir à l'aventure avec Jules à travers le monde, découvrir les États-Unis du début du XXe siècle avec les spectacles en tous genres dont celui d'un montreur d'ours dansant ! Avec Alma, j'ai fait le guet, j'ai contemplé les chaînes des Pyrénées dans l'attente de cette vision, aussi fugace qu'exceptionnelle, d'animaux sauvages. Avec Gaspard, c'est un monde agricole sous pression, des éleveurs experts de leur environnement qui font corps avec la montagne.
 


Et Gaspard avait peu à peu compris qu'être berger n'était pas réductible à un métier, il s'agissait d'une façon de vivre qui mobilisait des connaissances botaniques, topographiques, météorologiques, vétérinaires et un moral à toutes épreuves. P. 60

Et puis, il y a Livio aussi, ce jeune forgeron passionné de roses anciennes, si délicat dans un monde de brutes.
 
Clara ARNAUD s'attache à les décrire dans ce qu'ils ont de passionné et passionnant. Elle met tout particulièrement la focale sur la solitude qu'éthologues et bergers vénèrent...


Tout autour, elle sentait la forêt bouger, la montagne respirer, et elle comprit ce qu'elle avait trouvé ici : une solitude pleine. La solitude désirable que la langue anglaise distingue de la loneliness, subie, endurée. Un écart au monde, un pas de côté, un refuge. P. 205

au risque de se couper du monde.
 
Mais ils ne seraient rien sans le personnage principal du roman qu'est Dame Nature à l'image de ce que révèle la première de couverture. Clara ARNAUD la magnifie de ses mots dans ce qu'elle a de sublime et d'hostile aussi. Passer quelques jours de vacances en montagne ne saurait révéler l'âpreté et la rudesse des éléments.
 
J'ai adoré ce livre. J'ai vibré, j'ai contemplé, j'ai eu chaud, j'ai eu froid, j'ai eu peur, bref, cette lecture est une véritable expérience sensorielle au cœur du vivant. J'y étais !
 
Enfin, pour le symbole, ce roman signe le top départ de l'aventure de La Cohue à Angers le 10 décembre 2024, l'occasion de remercier Anne pour cette éblouissante référence ❤️ Je crois que je vais passer la voir pour commander "La verticale du fleuve" !
 

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2025-02-04T21:03:53+01:00

Cordillera de Delphine GROUÈS

Publié par Tlivres
Cordillera de Delphine GROUÈS
Après ce premier coup de ❤️ de l'année, "Les braises de Patagonie", je n'ai pas mis longtemps à retrouver la prose de Delphine GROUÈS aux éditions Le cherche midi, l'occasion d'un petit clin d'œil à l'équipe de La Cohue.
 
Il me tardait de retrouver Valentina Silva que j'avais quittée en laissant couler de chaudes larmes.
 
Nous sommes en 1901 (une cinquantaine d'années plus tôt). Cécilio et Luisa sont mariés, ils ont deux jeunes garçons, Esteban et Joaquín de 7 et 6 ans. De retour de la Cordillère où il était parti observer la fonte des neiges, Cecilio découvre la maladie de Joaquín, il l'attend à mourir. Les parents décident d'essayer de sauver leur fils aîné de l'épidémie en le confiant à l'oncle Demetrio de passage, troubadour, aveugle. C'est lui qui transmettra l'amour de la poésie à Esteban. Joaquín s'en sortira pourtant. Adolescents, les deux garçons doivent trouver leur voie, Esteban choisira celle des mots, Joaquín, le métier d'arriero. Mais ces itinéraires ne seraient rien sans l'amour, c'est là que commencent de nouveaux épisodes de vies fascinantes au cœur de la Cordillère des Andes.
 
Ce roman, je l'ai lu en savourant la beauté des mots de Delphine GROUÈS, cette formidable conteuse passionnée par le Chili.
 
Que je vous rassure, vous pouvez très bien lire "Cordillera" après "Les braises de Patagonie". Vous saurez ainsi ce qu'est devenu Valentina avant que le fil de sa vie ne soit savamment détissé jusqu'aux origines. Vous ne l'admirerez que plus !
 
Entre les deux romans s'équilibrent les éléments. Là, la terre est au cœur de l'épopée, la terre dans ce qu'elle a de plus naturel, de plus beau, et dans ce qu'elle subit aussi du fait des hommes, les entrailles déchiquetées pour l'exploitation de son sous-sol.
 
Le pendule balance du côté des hommes cette fois. Ils sont sous les projecteurs. Leur condition n'est pas de tout repos. Il y a ceux qui travaillent la terre, ceux qui s'occupent des animaux. Il y a ceux encore qui passent leur vie dans les mines de salpêtre, de soufre, de cuivre... Tous, sous le joug de puissants. Pas étonnant de voir des oppressions émerger un mouvement, le Parti ouvrier socialiste du Chili.
 
Si les femmes vivent plutôt dans l'ombre des hommes, il n'en demeure pas moins que celles qui vont à l'université réussissent à se faire une place notamment dans le registre de la médecine, à l'image d'Eloísa DIAZ INSUNZA et Belén de SÁRRAGA, des personnages non pas de fiction mais de réelles femmes puissantes du Chili que Delphine GROUÈS a choisi d'honorer dans "Cordillera".


Tu pourrais être guérisseuse et docteur, reprit Cecilio. Hériter tout le savoir des guérisseurs et avoir un diplôme en plus pour convaincre les gens que tu as raison. P. 265

Sous la plume de l'écrivaine, les personnages aux itinéraires foisonnants sont profondément attachants.
 
J'avoue aimer tout particulièrement quand Delphine GROUÈS parle de l'art à travers les siècles. La première de couverture est admirable en ce sens, regardez la beauté de ces dessins, ils font référence à l'art rupestre dont les traces restent gravées dans les rochers. Si la culture s'incarne de façon concrète à travers des objets, elle devient patrimoine lorsqu'il s'agit des langues. "Cordillera" est un mot emprunté à l'espagnol comme beaucoup d'autres à travers le roman, une manière de montrer que les mots se transmettent à travers les générations comme autant de témoignages du passé.
 
Quant à les associer au service d'un récit il n'y a qu'un pas...


C'est ainsi qu'Esteban découvrit le pouvoir des mots. Grâce à eux, Demetrio hypnotisait son auditoire, l'emmenait sur les terres lointaines des exploits des pairs de Charlemagne ou des pitreries de personnages burlesques. Les mots étaient blottis dans les bras ancestraux des decimas, comme ce mot chante. P. 25

Les livres ne sont pas en reste, comme j'aime leur description :


Prendre le livre entre ses mains, sentir sa texture, l'odeur du papier. Déchiffrer le titre, tourner lentement la première page, l'ultime respiration avant d'amorcer la lecture, la première phrase, l'envolée. P. 100

Ce roman n'est qu'envolée depuis la première... jusqu'à la dernière ligne, c'est un bijou. Si vous ne l'avez pas encore lu, réjouissez-vous.

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