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2024-06-21T08:00:00+02:00

Les voleurs d’innocence de Sarai WALKER

Publié par Tlivres
Les voleurs d’innocence de Sarai WALKER

Gallmeister

 

Nouvelle référence du Book club, bonne pioche avec cette lecture "imposée" !

 

Nous voilà au Nouveau-Mexique, dans le sud des Etats-Unis. Sylvia Wren, artiste, partage sa vie avec Lola, une femme qui voyage à travers le monde pour son activité professionnelle. Alors qu'elle est seule, Sylvia reçoit une lettre, puis deux, d’une journaliste qui pense qu’elle pourrait être Iris Chapel, une femme du Connecticut, portée disparue en 1957 à l'âge de 20 ans. Elle se serait enfuie d'un hôpital psychiatrique. Avec ces lettres, ressurgissent immanquablement les souvenirs de l'enfance d'Iris. Elle faisait partie d'une fratrie de 6 filles, toutes portant des noms de fleurs mais frappées par une malédiction transmise de mère en fille depuis plusieurs générations. La mère d'Iris, Belinda, a elle-même vécu un calvaire qui la maintiendra la quasi totalité de sa vie isolée ou éloignée des siens. C'est une très longue histoire familiale qui commence alors.

 

Je ne connaissais pas encore la plume de Sarai WALKER, une écrivaine américaine. Publiée chez Gallmeister, vous pouvez facilement imaginer à quel point le récit va s'étirer dans le temps, pour votre plus grand plaisir évidemment.

 

Ce roman, vous l'avez compris, est celui d'une famille dont l'itinéraire est malmené. Les femmes, tout juste mariées, décèdent au lendemain de leur nuit de noces. Ces tragédies auraient peut-être pu être évitées, encore aurait-il fallu écouter Belinda, cette femme considérée comme folle dont on a oublié pourquoi les lobes de ses oreilles ont un jour été coupés.

 

Dès lors, le propos prend une toute autre dimension. Quels mystères cette femme peut-elle bien porter ? Et sa fille Iris ?

 

J'ai beaucoup aimé explorer cette saga familiale, cheminant au fil chronologique des révélations.

 

Le propos est fascinant autant qu'il est effrayant. Souvenons-nous, dans les années 1950 aux Etats-Unis, des femmes étaient brûlées parce que considérées comme des sorcières, des êtres soupçonnés de pouvoirs maléfiques que l'on préférait éliminer pour garder la main mise sur le reste du troupeau !

 

Le personnage d'Iris est absolument fascinant. Comme j'ai aimé porter son regard sur la vie, faire preuve de bienveillance et de compréhension pour sa mère, faire ses pas de côté pour mieux résister.

 

Et puis, cerise sur le gâteau, il y a l'art, avec une inspiration avouée de l'écrivaine dans les oeuvres de Georgia O'KEEFFE et ses tableaux de fleurs que j'ai eu la chance de découvrir lors d'une exposition temporaire au Musée Georges POMPIDOU. 

 

L'Iris blanc en référence au "Lavender Iris" de l'artiste est subtilement décrit :


Je la retournai pour voir la peinture : une fleur blanc crème aux nuances roses et bleues sur un fond vert clair. Je rougis, sans trop savoir pourquoi. Puis je compris ce qu'était en réalité le sujet du tableau. C'était bien un iris, effectivement, mais c'était aussi Veronica. Daphne avait transformé son esquisse de l'espace entre les jambes de Veronica, les courbes et les replis délicats, en une fleur. P. 382

Un brin gothique avec cette présence irrépressible de la mort et du mystère qui l'entoure, cette lecture m'a profondément émue. Vous admirerez d'ailleurs la première de couverture d'une grande beauté avec le serpent rappelant la Genèse avec Adam et Eve.

 

En lien avec une narration à la première personne du singulier, qui permet de faire corps avec Iris, la traduction de l’américain par Janique JOUIN-DE-LAURENS est bouleversante.

 

Et puisque l'opportunité m'en ai donné, quittons-nous en musique en écoutant le titre "Lady sings the blues" de Billie HOLIDAY, l'une des références musicales de Sarai WALKER.

Retrouvez les références du Book club :

"Le royaume désuni" de Jonathan COE

"Le roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN

 "Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le disede Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

Bakhita de Véronique OLMI

Ceux qui s'aiment se laissent partir de Lisa BALAVOINE

Tosca de Muriel SZAC

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