Ma #citationdujeudi est extraite de l'un de mes derniers coups de coeur, je veux parler de Murène de Valentine GOBY, un pur bijou.
2020-01-30T08:10:03+01:00
"Les plus belles découvertes cesseraient de me plaire si je devais les garder pour moi." Sénèque
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2020-01-30T08:10:03+01:00
Ma #citationdujeudi est extraite de l'un de mes derniers coups de coeur, je veux parler de Murène de Valentine GOBY, un pur bijou.
2020-01-28T19:53:10+01:00
Mon #mardiconseil, c'est le tout dernier roman de Santiago H. AMIGORENA : "Le Ghetto intérieur" publié aux éditions P.O.L..
Je vous en livre aujourd'hui les premières lignes :
"Le 13 septembre 1940, à Buenos Aires, l'après-midi était pluvieuse et la guerre en Europe si loin qu'on pouvait encore se croire en temps de paix. L'avenida de Mayo, cette grande artère bordée d'immeubles Art nouveau qui sépare la Présidence du Congrès, était presque vide ; seuls quelques hommes pressés, quittant leurs bureaux du centre-ville un journal au-dessus de la tête pour conjurer les gouttes, couraient sous la pluie pour attraper un bus ou un taxi et rentrer à la maison. Parmi ces passants furtifs, un homme âgé de trente-huit ans, Vicente Rosenberg, protégé par son chapeau, avançait d'un pas posé mais irréfléchi vers la porte du Tortoni, un café à la mode où l'on pouvait, en ce temps-là, croiser aussi bien Jorge Luis Borges et des gloires du tango que des réfugiés européens comme Ortega y Grasset, Roger Caillois ou Arthur Rubinstein. Vicente était un jeune Juif."
2020-01-27T21:12:12+01:00
Pour ma #lundioeuvredart, je vous propose de repartir pour la Nouvelle-Zélande et de découvrir une oeuvre de Paul DRIBBLE : "Fruits of the garden". A Wellington, il y a cette création de 2002 qui associe judicieusement différents registres. Cette sculpture me rappelle "La folie des grandeurs" de Magritte et puis, il y a ces fruits.
J'aime beaucoup la regarder avec, en "fond d'écran", la nature, le ciel, l'océan, assurément un très bel écrin.
J'avais envie de la partager avec vous !
2020-01-26T07:00:00+01:00
Cette semaine, j’ai beaucoup évoqué l’œuvre de Sandrine COLLETTE, notamment à travers ses deux derniers romans s’inspirant du réchauffement climatique et des catastrophes qu’il pourrait générer.
Il y a eu « Juste après la vague » et puis « Et toujours les Forêts », deux romans noirs, un registre littéraire dans lequel l’écrivaine excelle.
Pour continuer sur le même thème, j’invite aujourd’hui une toute jeune artiste, Belge, celle-là même qui a battu tous les records des ventes en 2019 et que je verrai en concert jeudi prochain. C’est Angèle bien sûr.
Cet été, elle a joué quelques notes de musique et fredonné quelques paroles... je vous laisse les écouter. C’est ma #chansondudimanche.
2020-01-25T20:20:01+01:00
2020-01-25T07:00:00+01:00
Mathieu, tout d’abord merci d’accepter de répondre à mes questions.
Après notre rencontre lors des Journées nationales du Livre et du Vin de Saumur et le Salon du Livre de Paris, je suis progressivement devenue une inconditionnelle de votre plume. Vous êtes aujourd’hui l'auteur de quatre romans. Il y a eu « Je me suis tue », puis « Un fils parfait » et « Est-ce ainsi que les hommes jugent ? » et tout dernièrement : « Disparaître ». Avant d’évoquer la toute nouvelle rentrée littéraire qui vous anime, je voudrais que vous nous parliez de votre rapport à l’écriture ? Est-ce qu’enfant vous souhaitiez devenir écrivain ?
Enfant, je voulais être Gary Cooper. Pas acteur, non. Gary Cooper. J’ai tout raté… Je suis d’abord un grand lecteur. Comme vous, je lis un ou deux livres par semaine, depuis l’adolescence. L’idée de l’écriture m’est venue de mes correspondances. Les gens à qui j’écrivais (avant les mails, les tweets
et Messenger) me disaient tous que j’avais une « plume ». Il aura fallu attendre mes 45 ans pour que je finisse par me décider à en faire quelque chose.
Si je puis me permettre, vous n'avez en réalité rien raté du tout, mon cher Mathieu. Expliquez-nous, dans quel environnement aimez-vous écrire ? Une pièce de la maison en particulier ? Une ambiance singulière ?
J’écris dans le salon, quand tout le monde dort. Et j’écoute le Concerto pour piano n°20 de Mozart. Mes filles savent quand j’écris, et elles rigolent.
Vos quatre romans ont été publiés chez Grasset. Qu’est-ce qui fait que l’on reste fidèle à une maison d’édition ?
J’adore le jaune… Je suis avant tout fidèle à Martine Boutang, mon éditrice, qui sait me dire quand ce que je fais est bien, et quand il est nécessaire de re-travailler.
Outre la maison d’édition, vos quatre romans ont un point commun. Ils évoquent tous des affaires judiciaires et tournent autour d’enquêtes policières. Pourquoi ?
Ils évoquent d’abord la fragilité des situations. Il suffit d’un grain de sable pour que tout bascule. Ensuite, j’adore cet environnement judiciaire. La justice, c’est ce qui nous permet de vivre ensemble. Sans la justice, c’est la loi du plus fort, partout.
Quelles sont vos sources d’inspiration ? Les actualités (faits divers) ? Les jugements des tribunaux ?
J’adore les faits divers. Ce sont les contes de fées (ou plutôt les histoires de sorcières) modernes. Le concentré de la vie est là : l’amour, la haine, la violence, la méchanceté, la tristesse, la joie. J’aime décortiquer ce qui se passe dans la tête de quelqu’un, et plonger le lecteur dans la peau d’un personnage.
Justement, parlons de vos personnages, comment les construisez-vous ?
Je les étoffe au fur et à mesure du roman. Je démarre sans bien les connaître, et je finis avec des gens dont je me sens très proche !
Claire est un personnage récurrent dans vos quatre romans. Pourquoi ?
Ah, mais vous voulez tout savoir !! Une fille dont j’ai été éperdument amoureux, à 17 ans. Et qui n’a jamais voulu de moi.
« Un fils parfait » a été revisité en 2019 par le réalisateur Didier BIVEL pour en faire un téléfilm pour France 2. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
C’était très intense. J’ai trouvé que les acteurs rendaient un très bel hommage à Maxime et Daphné, et que le film était beau. Bien sûr, la fin a été rendue plus « acceptable » pour un film à une heure de grande écoute. Mais je suis très fier que, d’un coup, 5 millions de personnes aient été sensibilisées au sujet de l’inceste.
Le mois dernier, à l'occasion de la rentrée littéraire de janvier, est sorti votre tout dernier roman : "Disparaître". Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Une histoire d’amour, qui finit mal…
Comme tous vos romans, j’ai lu « Disparaître » en apnée totale, impossible de le lâcher dès la première page tournée. Je crois qu’il ne faut pas en dire beaucoup plus. Laissons à vos lecteurs le privilège de la découverte ! Je suppose qu’un vaste tour de France va désormais s’engager pour vous pour la promotion de ce roman. Comment vivez-vous le métier de « VRP » ? Qu’est-ce que ça vous apporte personnellement ?
C’est formidable de rencontrer ses lectrices et ses lecteurs, de pouvoir discuter avec eux. Je suis très touché de la fidélité de certaines ou certains. Comme la vôtre, chère Annie !
Vous allez être accueilli par bon nombre de librairies. Avez-vous une adresse particulière à nous conseiller ?
A Paris, je suis un inconditionnel de Tome 7, rue Saint-Dominique. Si vous passez à Bourg-en-Bresse, il faut voir Lydie Zanini de la librairie du Théâtre. Et à Nancy, précipitez-vous au Hall du Livre.
Je suppose que, lorsque l’écriture vous le permet, vous lisez beaucoup. Quel est votre dernier coup de coeur ?
L’art de perdre, d’Alice Zeniter. Je suis resté sans voix.
Que lisez-vous actuellement ?
La tentation, de Luc Lang.
Enfin, si vous deviez « Disparaître » avec un seul livre dans votre valise. Quel serait-il ?
Les misérables, de Victor HUGO. Ou Le vicomte de Bragelonne, d’Alexandre DUMAS.
Je suis ravie d’avoir lancé le bal de la rentrée littéraire de janvier 2020 avec vous, mon Cher Mathieu. Un grand merci. Je vous souhaite un immense succès avec ce nouveau roman dont la chronique ne saurait tarder !
2020-01-24T17:40:00+01:00
L'univers littéraire de Sandrine COLLETTE est reconnaissable entre tous. J'ai, de mon côté, lu "Juste après la vague", "Six fourmis blanches" et "Un vent de cendres", et tout récemment "Et toujours les Forêts".
Corentin est né d'une mère séquestrée, une mère qui était condamnée à porter l'enfant de la honte. Elle ne sera libérée au grand jour que lorsque son bébé sera prêt à naître. Mais ce bébé, Marie n'en voulait pas. Alors, après sa naissance, elle a pris l'habitude de le confier à d'autres, et puis un jour, elle l'abandonne dans la forêt, à deux pas de la maison d'Augustine. C'est elle qui va l'élever. Les études supérieures le guident vers la ville. Dans la cité urbaine, il va se lier d'amitié avec des étudiants de son âge qui fréquentent les galeries souterraines. Un jour, la "catastrophe" se produit. Lorsqu'il sort de la galerie, le monde est dévasté. Là commence une nouvelle histoire, à la vie, à la mort.
Comme pour "Juste après la vague", Sandrine COLLETTE puise son inspiration dans l'actualité environnementale, le réchauffement climatique. Elle nous livre un scénario apocalyptique. Les couleurs ont disparu, les sons aussi, il ne reste plus qu'une nature dévastée, noire, brûlée, avec seulement quelques survivants, condamnés à l'isolement.
Arracher au sol de quoi survivre chaque jour leur prenait tout leur temps, toute leur énergie. Pour l’avenir, pour les rêves, il n’y avait plus de force. P. 37
Comme dans chaque roman, l'écrivaine se focalise sur un petit noyau d'individus dont elle va explorer les tréfonds jusqu'à faire émerger la sauvagerie. Réduits à satisfaire leurs besoins vitaux, les hommes, affamés, perdent la raison ! La psychologie de Corentin, Augustine et les autres, est sondée, scrutée, fouillée à l'envi. Sous la plume de Sandrine COLLETTE, ils deviennent effroyables devant des choix qui ne le sont pas moins.
Les hommes étaient intrinsèquement des meurtriers. Ils puaient la mort. P. 169
Dans ce roman, comme dans beaucoup d'autres de Sandrine COLLETTE, il est question de survie. Elle démontre ô combien nous ne sommes pas tous égaux dans la façon, instinctive, de fixer nos priorités. L'écrivaine illumine par le jeu de l'écriture la philosophie de chacun, le petit brin d'espoir qui donne à l'un, à l'autre, la force de faire un nouveau pas. Elle cerne les contours de la maternité, la relation du père aux enfants aussi. À chacun sa manière de RÉSISTER devant une nature impitoyable pour l’Homme qui s’est acharné à la détruire et de croire en un éventuel renouveau. Assurément, c'est une lecture coup de poing !
Si d'aventure vous pensiez que Sandrine COLLETTE risque, avec le temps, de manquer d'imagination pour renouveler son genre, il n'en est absolument rien, je tiens à vous en convaincre.
Si personnellement, je suis progressivement devenue une lectrice inconditionnelle de ses histoires, j'avoue être toujours totalement scotchée par l'intrigue, que dis-je, les intrigues. Parce que, lorsqu'on a le talent de Sandrine COLLETTE, on ne recule devant rien. L'écrivaine livre une histoire rythmée par les pièges qu'elle ne manque pas de tendre à ses personnages. A peine l'un évité qu'un nouveau apparaît, donnant ainsi au roman une cadence infernale.
Quant à la chute, elle est magistrale, bien sûr !
2020-01-23T07:00:00+01:00
Ma #citationdujeudi est extraite d'un roman noir, le registre de prédilection de Sandrine COLLETTE : "Juste après la vague".
Elle y explorait déjà la dimension de la mère dans un contexte... tout à fait particulier, qui résonne profondément avec celle abordée dans son tout nouveau roman : "Et toujours les Forêts" aux éditions Grasset.
La chronique, c'est pour demain !
2020-01-21T08:15:41+01:00
Mon #mardiconseil, c'est le tout dernier roman de Sandrine COLLETTE : "Et toujours les Forêts" publié chez Lattès. Il fait partie des 5 romans finalistes pour le Prix RTL Lire 2020.
Sandrine COLLETTE, j'ai lu "Juste après la vague", "Six fourmis blanches" et "Un vent de cendres".
Cette écrivaine s'est spécialisée dans le roman noir, son tout dernier est absolument effroyable.
Je vous en livre aujourd'hui les premières lignes :
"Les vieilles l'avaient dit, elles qui voyaient tout : une vie qui commençait comme ça, ça ne pouvait rien donner de bon.
Les vieilles ignoraient alors à quel point elles avaient raison, et ce que cette petite existence qui s'est mise à pousser là où on n'en voulait pas connaîtrait de malheur et de désastre. Bien au-delà d'elle-même : ce serait le monde qui chavirerait. Mais cela, personne ne le savait encore.
A cet instant, c'était impossible à deviner."
2020-01-18T07:00:00+01:00
Depuis quelques temps déjà, je réfléchissais à une nouvelle rubrique sur le blog autour des arts. Avec la nouvelle année, j'ai décidé de me lancer. Je partagerai donc avec vous, une fois par mois, la visite d'un atelier.
La première à m'ouvrir sa porte, c'est Alix de BOURMONT.
J'ai découvert son travail lors de l'événement organisé par Doris KOFFI à l'automne 2019 au Couvent de Nazareth sur Angers. La salle qui accueillait plusieurs de ses créations, dont "Le jardin du Couvent" et "Trans-humans" dont je vous ai déjà parlé, m'avait captivée. Ses oeuvres me touchaient profondément.
Assez naturellement, j'ai eu envie d'aller plus loin et notamment de la rencontrer, quelle bonne idée !
Rendez-vous était donné samedi dernier. Au réveil, grand ciel bleu, soleil franc, je ne savais pas encore que la météo donnerait le ton de cette journée, et de ce rendez-vous en particulier.
A mon arrivée dans l'impasse, un haut mur de schiste clôture l'enceinte, orné de jolies ferronneries, un lieu empreint des matériaux traditionnels de la région, le patrimoine architectural a son importance, c'est certain.
Sa voix, chaleureuse, résonne à l'interphone. Le visage souriant, le regard pétillant, assurément, cette rencontre promet d'être belle. Alix m'offre un café. Il est servi dans une tasse aux ailes d'ange comme une invitation à partager son petit coin de paradis. La conversation s'engage, un peu comme si l'on se connaissait depuis longtemps déjà, et puis vient le moment où, nous entrons dans l'atelier, les choses sérieuses commencent.
Expliquez-nous, Alix, dans quelle discipline artistique créez-vous ?
Je suis peintre et je fais aussi beaucoup de dessin.
Qu'est-ce qui a prévalu à l'aménagement de cet atelier ?
Et bien, il y a deux ans, nous avions un mois pour trouver une maison sur Angers. La première que nous avons visité était celle-ci, elle nous a tout de suite plu. Il y avait des travaux à réaliser bien sûr. Nous avons transformé le garage en atelier. Nous avons fait installer une très grande fenêtre, côté nord, pour bénéficier d'une lumière stable, régulière, complétée par une lumière artificielle, et le tour était joué. De l'atelier, je vois le jardin, je suis en permanence en contact avec la nature.
L'atelier fait partie de la maison, vous vivez en famille, comment structurez-vous vos journées de travail ?
Le matin, je vais faire un tour dans le jardin, j'écoute les oiseaux, je m'imprègne de l'atmosphère. C'est devenu un besoin pour moi avant même de commencer quoi que ce soit. Dans cette maison, peu importe le lieu où l'on est, on est dehors partout, c'est très agréable et ça me pose, ça me permet de m'ancrer, me stabiliser. L'environnement est très calme, c'est presque incroyable. Le matin est pour moi important, je me rends compte que je peux travailler efficacement. Je crée plusieurs heures, 3 ou 4, et puis ensuite, je fais autre chose. Je dois assurer l'approvisionnement de l'atelier. Comme je suis une autodidacte, j'essaie de nouvelles matières, de nouveaux papiers, certains sont trop fins, ils se déforment avec l'humidité, j'en cherche d'autres. En fait, réaliser me demande beaucoup d'attention, de concentration, et puis, dessiner, c'est exigeant aussi pour le corps, on est debout, assis seulement pour les petits formats. Il est important de couper, et puis, la famille me rattrape, l'administratif aussi.
Avec quels autres matériaux travaillez-vous ?
J'utilise le fusain, j'adore son toucher, il y a l'encre aussi, l'acrylique. J'ai abandonné l'huile parce que je n'ai pas la patience d'attendre le séchage. Quand je suis dans mon idée, il faut que j'avance, je ne peux pas m'arrêter pour revenir dessus, ce n'est pas ma façon de travailler. J'ai fait aussi beaucoup de pastels secs, c'est abandonné aujourd'hui, mais j'aimais bien.
Comment s'organise le travail de création ?
Je fais beaucoup de croquis en amont. Je dessine des idées sur des carnets. Je prends des notes. Je travaille sur la base de mes ressentis. Quand je pense à un animal en particulier, je fais des recherches sur internet pour nourrir mon projet. Je me lance enfin sur la toile mais l'idée chemine jusqu'à la fin. Je peux y revenir en permanence, la modifier, la faire évoluer.
Combien de temps mettez-vous à créer une oeuvre ?
On me demande souvent ça. En fait, c'est très variable. Je travaille parfois dans un tunnel de création. Sur une semaine par exemple, je pars et passe mon temps à créer, ça marche beaucoup mieux, beaucoup plus vite que si je travaille trois jours, puis deux matins... ça m'oblige à reprendre et redémarrer. Mais, je ne peux pas quantifier le temps de création en amont. Pour la réalisation elle-même, on n'a pas la même capacité à travailler chaque jour. Il y a des matins où tout se fait très bien, et puis il y a des jours où on n'a pas notre main, on n'a pas la bonne énergie. Je travaille aussi beaucoup les détails, là, les heures filent.
Qu'est-ce qui singularise vos créations ?
Il y a le noir et le blanc, qui sont universels, sur lesquels j'ajoute une tâche de couleur, à l'image de l'élan par exemple.
Je peux aussi travailler en monochrome de couleur terre. Je recherche la vie dans toutes mes oeuvres, c'est pour ça que je lie le végétal à l'animal. Les oiseaux sont absolument partout. Ils symbolisent la liberté, la légèreté, la vivacité. C'est l'univers animalier qui me parle le plus. Certains existent dans la nature, d'autres relèvent de mon imagination. Et puis, il y a les roses, je les aime beaucoup. Quand j'ai envie de me défouler, je vais jardiner. Je fais des boutures de roses tout le temps. Cette fleur me fascine. On la retrouve un peu partout. Je recherche la poésie quand je crée une toile et la rose incarne bien ça. Il y a de la fragilité, quelque chose de féminin qui m'inspire. Les troncs d'arbres, les écorces, sont aussi des éléments que j'utilise régulièrement. Ils donnent du mouvement. L'univers peut être exotique, des lianes, des choses que l'on ne trouve pas chez nous.
Il y a donc le monde des animaux et des végétaux récurrents dans vos oeuvres. Qu'en est-il de l'humain ?
Et bien, si on regarde "Trans-humans" par exemple, une toile particulièrement colorée celle-là, l'Homme y est représenté. Si habituellement, les animaux nous regardent de face, l'oeil perçant, chez l'humain, je travaille différemment. Je prends en compte le fait que l'Homme réfléchit, trop peut-être ! Je lui ai consacré une série l'année dernière. J'ai volontairement choisi de laisser le végétal envahir une partie du visage pour cacher ses yeux.
Comment se compose une toile ? Vous travaillez d'abord votre fond je suppose.
Oui, c'est ça. Je soigne beaucoup mes fonds. Même s'ils sont blancs, les gens n'y pensent pas mais ils exigent beaucoup de travail. D'une manière générale, je n'aime pas le grain. J'aime dessiner sur un support lisse. Je dois donc peindre plusieurs couches avant de réellement dessiner.
On n'a pas parlé de votre formation. Enfant, saviez-vous déjà que vous seriez peintre un jour ?
J'ai toujours beaucoup dessiné, oui. Mon rêve était de faire les Beaux-Arts mais ça n'était pas possible, alors, j'ai fait des études d'architecte. J'ai aussi eu tout un tas de métiers, j'ai été experte en feng shui par exemple. Je me suis mise à la peinture très tard. Quand je travaillais sur Paris, j'avais négocié mon lundi matin. A l'époque, je faisais de la copie. C'est là que j'ai appris à utiliser la peinture à l'huile. Et puis, après, j'ai décidé de réaliser des choses plus personnelles. Je suis allée sur Nantes, j'ai travaillé dans l'atelier d'une femme qui m'y a aidée.
Quelle est votre actualité ?
Je viens de déposer des oeuvres pour une exposition à Lyon avec une vente aux enchères, une nouvelle expérience. Je suis présente en permanence cette année à Rablay-sur-Layon au village d'artistes où beaucoup de petits formats sont exposés pour permettre aussi à tous d'accéder à mes oeuvres. Tout le monde ne peut pas se permettre d'acheter une grande toile. Je ne sais absolument pas ce que je ferai dans quelques mois.
Enfin, parce que le blog lie les arts à la littérature. Quel rapport entretenez-vous avec les livres ?
Je lis beaucoup, et de tout. Je peux lire un polar parce que j'ai besoin de couper. Je lis aussi dans le domaine de la psychologie. J'ai beaucoup de livres sur la nature, sur des artistes que j'apprécie. J'achète toujours les livres des expositions. Je suis une fan totale de B.D. Je lis en ce moment « Trois amis en quête de sagesse » de Christophe ANDRE, Alexandre JOLLIEN et Mathieu RICARD. L’un de mes livre préféré est « Je reviendrai avec la pluie » de Takuji ICHIKAWA.
Je vois que l'heure tourne Alix, il me reste à vous remercier. J'ai passé un moment hors du temps à vos côtés, vous partagez admirablement votre passion. Je ne manquerai pas de suivre votre actualité sur les réseaux sociaux bien sûr, facebook, instagram, et votre site internet. Et puis l'opportunité nous sera certainement donnée de nous revoir !
Avant de nous quitter, Alix me fait part d'une publication récente : "Confidences" dont le premier numéro est sorti à l'automne sur Angers. Elle est à l'initiative de Thomas MILLOT et Pascal GUIRAUD qui ont décidé de mettre en lumière des femmes dont les portraits sont absolument saisissants. Alix nous y dévoile tout un tas d'autres "Confidences".
2020-01-17T07:52:13+01:00
La nécessité n’allège pas l’horreur du geste. P. 40
Elle nous fait toucher du doigt aussi les aléas de leur santé psychique, la force de caractère dont il faut faire preuve chaque matin pour surmonter les obstacles qui ne manquent pas de se présenter dans la journée, et puis tout ce qu’il faut d’ingéniosité pour contrer les lois de la gravitation.
Appareiller, il l’enseigne, c’est tenter de rapprocher les mouvements extérieurs des mouvements intimes, raccorder le désir et la technique. P. 114
Mais, bien sûr, le défi n’aurait pas été suffisant à relever pour Valentine GOBY qui déroule comme un tapis rouge le handisport comme la voie de la résilience, celle qui permettra d’espérer un retour à la dignité humaine. Monter sur la plus haute marche d’un podium devient rapidement l’objectif à atteindre. Pourquoi se contenter du plaisir offert par le sport, du bien-être, quand il peut vous apporter une reconnaissance, nationale, internationale, quand il peut vous faire devenir un champion ?
Par le jeu de l’écriture, Valentine GOBY fait se croiser le destin de François, un personnage de fiction, avec celui de celles et ceux qui se sont battus pour qu’ aujourd’hui les disciplines sportives para-olympiques soient ce qu’elle sont. L’écrivaine assure la mémoire de Ludwig GUTTMANN, juif allemand, exilé en Angleterre, qui, dans les années 1930, est à l’origine du projet de pratiquer du sport après une blessure de guerre. En 1948, quand commencent les Jeux Olympiques de Londres, à l'hôpital de Stoke-Mandeville, il lance des jeux pour paraplégiques. Elle rend hommage à l'Amicale sportive des mutilés de France créée le 7 mai 1954, c'est la première association française de handisport. Ce roman est non seulement le travail d’une plume éminemment prodigieuse mais c’est aussi une masse colossale de recherches pour retracer notre Histoire, celle d’une certaine forme de différence qui finit par susciter les applaudissements d’une majorité médusée devant les records battus par des hommes et des femmes.
L’opportunité est plus belle que la nécessité, elle admet l’espérance en plus de l’instinct, le pari que la mutation incarne une chance et non une planche de salut. P. 156
J'ai beaucoup aimé aussi dans ce roman, l'éloge du travail artisanal, celui des couturiers. C'est tout en beauté et en sensualité qu'elle nous dévoile un univers professionnel hors du commun, là où se côtoient les matières, là où la précision et la finesse des actes sont rois. Un petit joyau qui pourrait susciter des vocations...
n ajuste des aubes et des robes anciennes, on coud du blanc, les tissus crissent et moussent comme une eau de torrent, tulle, crêpe, organdi, mousseline, satins, dentelles et soies doux et frais à la vue, au toucher. P. 73
Enfin, elle consacre des pans entiers à la nature comme la source d'un renouveau, celle qui peut permettre à des hommes et des femmes de se reconstruire, d'y puiser la force, l'énergie, la puissance d'affronter ce qui les assaille. C'est elle aussi qui suscite la méditation par la voie de l'observation. Elle loue la nécessité d'oublier le temps qui passe pour s'imprégner du silence, se poser et REGARDER.
Il voit à ras de sol, lichens qui tracent sur la roche d’étranges continents, bouquets de gentianes bleu vif à calice renflé, parterres de myrtilles et de fraises des bois, carlines aux pétales d’argent. P. 121
Je sors de cette lecture profondément émue. Si je me suis plongée tête baissée dans l'itinéraire de François, j'ai aussi pleuré toutes les larmes de mon corps sur ce roman. Il y a des moments d'une éblouissante émotion. Je pense notamment aux lectures assurées par l'infirmière, Nadine, des lettres de la mère de François, empêchée de voir son fils. Il y a aussi les passages consacrés à Sylvia, la soeur de François, qui va mettre tout son coeur à nourrir un ficus effeuillé pour assurer sa survie, jolie métaphore du corps de son frère.
Valentine GOBY, une nouvelle fois, nous livre un roman d'une densité extraordinaire. Il est incroyablement lumineux !
Enorme coup de coeur. Une nouvelle fois, le graff de Banksy accompagne merveilleusement bien ce roman, "There's always hope" !
2020-01-16T07:00:00+01:00
Il y a des romans qui restent très présents dans votre esprit, même quelques mois après leur lecture.
Il en est un qui m'a particulièrement marquée, c'est "Une joie féroce" de Sorj CHALANDON aux éditions Grasset, sorti en septembre dernier.
La force inouïe qui transcende ce livre me laisse à penser que l'Homme a cette capacité à puiser, tout au fond de lui, y compris dans les conditions les plus dramatiques, l'énergie et la vigueur de se rebeller, se battre, se défendre, affronter la réalité qui l'oppresse.
Ce roman vous fait cruellement aimer la vie. Qu'on se le dise !
2020-01-14T07:02:33+01:00
Mon #mardiconseil, c'est le tout dernier roman de Valentine GOBY : "Murène" publié chez Actes Sud lors de la #RL2019 de septembre.
De Valentine GOBY, j'ai lu "Un paquebot dans les arbres", un immense coup de coeur. Il y a eu aussi "Le rêve de Jacek" et "Le cahier de Leïla".
Et puis, je me souviendrais toute ma vie de cette rencontre formidable à la Médiathèque de Mazé, La Bulle, un moment inoubliable.
Je vous en livre aujourd'hui les premières lignes :
"La nuit plaque des rectangles noirs aux vitres de la piscine. Face au bassin se tient François, très droit, immobile, pieds nus écartés sur le carrelage froid, dans l'odeur du chlore et le fracas d'un plongeon. Il fixe son reflet tordu par les remous. Il vient ici pour la première fois. Il n'est jamais entré dans une piscine. De l'eau à ciel fermé, à angles droits, au périmètre apprivoisable, 25 mètres par 12,5 bordés de céramique, toutes contraintes qui le rassurent comme le rassure l'heure tardive, il n'y a plus personne pour le voir même dans les coursives, sauf le maître nageur et son fils qui plonge côté profond."
2020-01-13T20:02:34+01:00
Ma #lundioeuvredart, je l'ai découverte une nouvelle fois dans la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande.
Toute de noir, l'oeuvre de Michael PAREKOWHAI, intitulée "Chapman's Homer" en référence au poème de John KEATS d'octobre 1816, allie la dimension du deuil, de la souffrance, et représente parfaitement la douleur des habitants frappés par les séismes meurtriers de 2011, et celle de la distinction, de l'élégance et de la sobriété.
Cette création est particulièrement surprenante dans le mariage subtil d'un taureau, symbole de la force, de l'énergie, de la sécurité aussi dans l'univers animalier, avec un piano, relevant du registre musical, et plus globalement artistique.
Monumentale, cette oeuvre de l'artiste néo-zélandais, a été présentée pour la première fois lors de la 54ème biennale de Venise en 2011. Elle fut depuis exposée à Paris au Musée Branly. De retour en Nouvelle-Zélande, elle s'est retrouvée dans différents coins de la ville pour finalement s'installer en façade de la Christchurch Art Gallery Te Puna O Waiwhetu, tout comme "You are here" de Matt AKEHURST.
2020-01-12T09:16:08+01:00
Ce matin, nous sommes dimanche. J’allume la radio, les premières notes de musique résonnent, elles sont dynamiques, percutantes, je m’y intéresse, les paroles me captivent, elles parlent de la France et brossent le portrait de territoires marqués par leur singularité, leurs traditions, leur réputation aussi.
« Bienvenue chez moi », c’est le titre de ma #chansondudimanche. Il y a des années, Florent Pagny avait déjà chanté sur ce titre, là c’est la nouvelle génération qui prend le micro.
Bigflo & Oli (ou B&O), je ne connaissais pas, ce sont deux frères, Toulousains, Florian et Olivio. Le premier album de ce groupe de rap « La Cour des grands » est pourtant sacré disque d’or en 2015 quatre mois après sa sortie !
En fait, cette chanson résonne formidablement bien avec toutes les chroniques de ces derniers jours qui tournent toutes autour du sujet du territoire.
Tout à commencé avec « Par les routes » de Sylvain PRUDHOMME, retrouvez les premières lignes du Prix Femina 2019 et Prix Landerneau, et la chronique.
Et puis, il y a eu "You are here", ma #lundioeuvredart consacrée à Matt AKEHURST, une création découverte à Christchurch en Nouvelle-Zélande.
J’ai enchaîné avec la #citationdujeudi extraite d’un premier roman, l’un de mes préférés de la sélection des 68 Premières fois de la rentrée littéraire de septembre 2019 : « J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi » de Yoan SMADJA.
J’ai terminé enfin avec ce premier coup de ❤️ de l’année : « Rivage de la colère » de Caroline LAURENT, dont je vous livre les premières lignes et une chronique toute entière.
Bigflo & Oli, avec leur chanson, c’est un peu comme la cerise sur le gâteau. En plus, elle est extraite de l’album intitulé « La vie de rêve ». Et s’il n’y avait pas de hasard dans la vie...
Maintenant, je vous laisse écouter !
2020-01-11T07:00:00+01:00
Après « Et soudain, la liberté », un livre écrit à quatre mains avec Evelyne PISIER, Grand Prix des Lycéennes Elle, Prix Marguerite Duras et Prix Première Plume, Caroline LAURENT s'invite dans cette rentrée littéraire de janvier avec « Rivage de la colère », un roman historique bouleversant, un coup de coeur, tout simplement, l'occasion d'un clin d'oeil à l'équipe de la Librairie Richer.
Tout commence avec une conversation établie par un fils avec sa mère, que l'on soupçonne disparue. Il lui rend compte de sa mission, de son combat, et d'un aboutissement que l'on comprend imminent. L’heure est grave, rendez-vous est donné à la Cour de Justice Internationale de La Haye. L’instant d’après, nous sommes en 1967 au nord de l’océan Indien. Marie-Pierre Ladouceur dite Marie vit sur l’île Diego Garcia avec sa fille, Suzanne, et toute sa famille. Elle travaille au coprah, la production de noix de coco. L’île est administrée par les Anglais. Marcel Mollinart est administrateur. Un tout jeune garçon, Mauricien, Gabriel, débarque sur l'île, il est recruté pour être secrétaire. Entre Marie et Gabriel commence une histoire d’amour. Après quelques mois, Marie est enceinte. Elle donne naissance à un garçon, Joséphin, bien noir, bien fort, qui ne laisse présumer d’aucun métissage. Le vent de la décolonisation souffle sur l’archipel mais c'est sans compter sur un "arrangement" préalable entre puissants. Alors que l’île Maurice accède à son indépendance en 1968, celle de Diego Garcia reste dans le giron britannique sous le statut de British Indian Ocean Territory. Elle a été monnayée, comme l'existence de ses habitants, trois millions de livres. Et pour en faire quoi ? Une base militaire américaine ! Mollinart a bien essayé de séduire les foules pour un départ volontaire vers l'île Maurice mais tous n'y succomberont pas. Marie tient a sa terre d'origine, elle tient à sa dignité aussi. La pression s'organise alors jusqu'à la déportation manu militari des Chagossiens. Marie se retrouve dans la cale d’un navire avec sa fille, malade, son fils, et quelques menus effets personnels. Une nouvelle vie commence alors.
Caroline LAURENT est une formidable conteuse. Elle nous offre une épopée éminemment romanesque avec le personnage de Marie dont les aventures, y compris amoureuses, sont tumultueuses. Elle nous dresse un portrait de femme haut en couleur, de ces femmes libres que rien ne saurait arrêter, pas même les hommes. Enfant, elle ne supportait pas les chaussures, les brides, les liens, elle allait et venait pieds nus !
Le courage est l’arme de ceux qui n’ont plus le choix. P. 17
Le personnage de Gabriel n’en est pas moins bouleversant avec une mère décédée alors qu’il n’était qu’un enfant, un père focalisé exclusivement sur son fils aîné, un ignoble personnage usant de son pouvoir, abusant aussi.
Quant à l’amour, impossible, entre un Mauricien et une Chagossienne, il n’en fallait pas plus pour nous captiver et nous tenir en haleine de bout en bout de ces 400 pages.
Mais ce qui m’a fascinée le plus dans ce roman, c’est aussi et surtout qu’il s’inspire d’une histoire vraie, celle d’un peuple sacrifié par des hommes que l'on dit grands de ce monde ! Dans la démarche de Caroline LAURENT, il y a la volonté de porter au grand jour une page de l'Histoire, de rendre publics des faits, méconnus.
J'accuse le silence qui entoure depuis trop longtemps notre drame. Il est temps aujourd'hui de faire tomber les masques. P. 127
Dès les premières lignes, j’ai ressenti la force d’un propos au service d’un peuple exilé, arraché à sa terre, pour que justice lui soit rendue. Prêter sa plume aux Chagossiens est devenu pour elle :
Comme une nécessité... P. 292
L'écrivaine égrène les années 1967-1975 comme autant de souvenirs d'une tragédie humaine et pose le mot "déportation" pour qualifier le déracinement de ces hommes et ces femmes, ces enfants aussi, de leur terre. C'est aussi les modalités de leur "accueil" qui sont dénoncées. Reclus aux confins de la ville, le ghetto n'était rien de moins qu'un bidonville où régnaient la misère et un grand dénuement !
Le passé ne se change pas, tout au mieux il s’affronte. P. 193
Au fil du roman, j'ai senti se propager en moi une violente colère, une de ces rages que seules les dernières pages m'ont permis d'apaiser.
Avec "Rivage de la colère", l'autrice explore les sujets de l'identité, de l'indépendance, de la mémoire.
Caroline LAURENT mêle astucieusement et avec un immense talent la fiction à la réalité. Par le jeu de l'écriture et l'alternance des narrations, elle trace le sillon de la reconnaissance des droits de tout un peuple, peut-être la voie de la justice...
Caroline LAURENT, c'est aussi une très belle personne, de ces femmes profondément généreuses qui offrent leur plume pour donner de la voix à ceux qui n'en ont pas. Elle nous livre un roman engagé. Si aujourd'hui, à la lumière de l'instrumentalisation d'un peuple, de son exil contraint et forcé, de son arrachement à sa terre, au profit de stratégies géopolitiques abjectes, il nous est facile de choisir notre camp, pour l'écrivaine, le combat des Chagossiens, qu'elle a fait sien, est beaucoup plus fort. Franco-Mauricienne, Caroline LAURENT entretient une relation personnelle avec ces territoires. On comprend aussi pourquoi elle y a mis tout son coeur et nous livre aujourd'hui un roman intime et émouvant. Elle a puisé dans ses propres racines et son parcours personnel la puissance des mots qu'elle a posés sur l'indicible.
Quand j'ai choisi le graffiti de Banksy pour orner mes coups de coeur de l'année, je ne savais pas qu'il illustrerait à merveille l'itinéraire des Chagossiens : "There is always hope". C'est aussi par ces mots que s'ouvre le roman :
Ce n'est pas grand chose, l'espoir. P. 15
Et s'il n'y avait pas de hasard dans la vie...
2020-01-10T07:00:00+01:00
Ma #Vendredilecture est un tout nouveau roman, sorti hier en librairie.
Vous vous souvenez de Caroline LAURENT ? Elle est éditrice mais elle est également écrivaine. Elle avait signé un roman à quatre mains avec Evelyne PISIER : "Et soudain, la liberté".
Elle nous revient avec "Rivage de la colère" aux éditions Les Escales, un coup de coeur je dois bien l'avouer, le premier de l'année !
Aujourd'hui, je vous en livre les premières lignes, rendez-vous demain pour ma chronique...
"Ce n'est pas grand chose, l'espoir.
Une prière pour soi. Un peu de rêve pilé dans la main, des milliers d'éclats de verre, la paume en sang. C'est une ritournelle inventée un matin de soleil pâle.
Pour nous, enfants des Îles là-haut, c'est aussi un drapeau noir aux reflets d'or et de turquoise. Une livre de chair prélevée depuis si longtemps qu'on s'est habitué à vivre la poitrine trouée.
Alors continuer. Fixer l'horizon. Seuls les morts ont le droit de dormir. Si tu abandonnes le combat, tu te trahis toi-même. Si tu te trahis toi-même, tu abandonnes les tiens.
Ma mère.
Je la revois sur le bord du chemin, la moitié du visage inondée de lumière, l'autre moitié plongée dans l'ombre. Ma géante aux pieds nus. Elle n'avait pas les mots et qu'importe ; elle avait mieux puisqu'elle avait le regard. Debout, mon fils. Ne te rendors pas. Il faut faire face. Avec la foi, rien ne te sera impossible... La foi, son deuxième étendard. Trois lettres pour dire Dieu, et Dieu recouvrait sa colère, son feu, sa déchirure, la course éternelle de sa douleur."
Ce roman prodigieux est une invitation au voyage, à travers les territoires d'abord. Caroline LAURENT nous emmène loin. Elle nous plonge en plein océan Indien, sur l'archipel des Chagos, aux abords de l'île Maurice.
C'est un voyage dans le temps aussi qu'elle nous propose avec "Rivage de la colère" en assurant la mémoire d'une page de l'histoire, celle qui se targue de son grand H et marque les générations.
C'est un voyage éminemment romanesque enfin avec des personnages hauts en couleur, un portrait de femme absolument remarquable.
Ce roman, c'est un bijou.
J'en profite pour faire un petit clin d'oeil à l'équipe de la Librairie Richer.
2020-01-09T20:55:18+01:00
Ma #citationdujeudi est extraite d'un premier roman découvert avec les 68 Premières fois, l'un de ceux que j'ai le plus aimés de la sélection de la rentrée de septembre 2019 : "J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi" de Yoan SMADJA aux éditions Belfond.
Yoan SMADJA signe assurément un roman bouleversant, de ceux qui vous font mesurer la fragilité de l'humanité, dans ce qu'elle a de plus noir, et de plus lumineux aussi.
Je ne saurais dire si mes larmes, qui ont abondamment coulé, étaient de chagrin ou de plaisir...
2020-01-07T21:09:36+01:00
Elle comparait les mots à de vieux soldats au service de la langue depuis des siècles. Elle disait qu’ils ne nous arrivaient pas tout neufs, qu’ils avaient servi dans bien des batailles avant les nôtres. Que choisir un mot plutôt qu’un autre c’était faire entrer dans son livre un vétéran avec toute une histoire, toute une mémoire, il ne fallait pas se tromper ou c’était la troupe entière des mots choisis jusque-là qui risquait de de trouver dépareillée. P. 55
Cette plume, c’est une découverte pour moi, je crois qu’elle va rapidement me manquer.
Vous avez d’autres romans de Sylvain PRUDHOMME à me conseiller ?
2020-01-06T07:55:13+01:00
Ma #lundioeuvredart, la toute première de l'année, donne à voir la mondialisation de l'art. Elle cite des oeuvres en indiquant la direction du lieu de création et le nom de l'artiste.
Si, lorsque vous randonnez, vous avez l'habitude de situer le lieu où vous êtes par rapport à d'autres avec des indications de distance notamment, il est moins fréquent de voir l'usage dévoyé au profit de l'art.
Et puis, cette oeuvre a un histoire particulière. Initialement accueillie par la Galerie d'art Te Puna o Waiwhetu, elle est exposée depuis 2011 à l'extérieur, la galerie ayant fermé pour cause de dommages liés aux trois tremblements de terre qui ont sévi dans la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande cette année-là. Elle prend instantanément une toute autre signification.
Cette oeuvre, elle symbolise la volonté d'affirmer que la ville continue d'exister (d’ailleurs il suffit de se promener dans les rues pour prendre conscience de tous les chantiers de rénovation en cours, sans compter sur tous ces bâtiments qui viennent d’être livrés donnant l’impression d’une ville nouvelle sans aucune ride à son actif), qu'elle s'ancre malgré les stigmates (la Cathédrale laisse encore apparaître son cœur béant), elle s’impose au regard du badaud pris à témoin : "You are here".
Plus globalement, c'est une manière aussi de réaffirmer que la Nouvelle-Zélande, malgré son insularité, fait partie du monde.
Je la trouve belle cette oeuvre, toute de jaune vêtue, la couleur du soleil, celle qui réchauffe, qui fait du bien, celle aussi du rayonnement. Cette création contribue à afficher la fierté de tout un peuple, des hommes et des femmes meurtris dans leur chair (185 sont morts, 1500 à 2000 ont été blessés) sur la voie de la résilience.
Bravo à Matt AKEHURST, un jeune artiste local, pour cette création et tout ce qu’elle véhicule.
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