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Articles avec #mes citations catégorie

2024-01-18T07:00:00+01:00

Plexiglas d’Antoine PHILIAS

Publié par Tlivres
Plexiglas d’Antoine PHILIAS

Ma #citationdujeudi est extraite du 2d roman d’Antoine PHILIAS : "Plexiglas" aux Éditions Asphalte.

 

C’est une bouffée d’air tendre et délicate, émouvante quand on sait à quel point le roman véhicule un climat de morosité à travers l’observation d’une société instrumentalisée par les grandes chaînes et les entreprises du CAC40, canons du capitalisme. Des fulgurances comme celle-ci, il y en a quelques unes. La rareté leur donne un côté précieux.

Nous voilà effectivement parachutés à Cholet avec Elliot, un jeune homme de retour de Rennes. Ses dernières années ont été partagées entre beuveries et petits jobs. Il se rapproche de sa soeur jumelle, Raf, qui habite à La Séguinière. Elle est coiffeuse à domicile et vit avec Jonas depuis une dizaine d’années. Lui travaille chez Leroy Merlin. Leurs parents sont séparés. De passage au Balto, le bar tabac de la galerie commerciale, il rencontre Lulu, la soixantaine, caissière chez Carrefour. Elle vit seule. Elle est syndiquée et fit partie du mouvement des gilets jaunes. Son fils est partie étudier à Paris. Au fil des rencontres dans ce lieu si ordinaire, une relation va se tisser entre lui et elle. On pourrait dire qu’ils sont différents, ils ont finalement tant en commun.

Avec cette citation, je mets en lumière ce qui lie un petit fils à son grand-père, son regard porté sur ce qui reste d’une vie au moment où elle s’éteint et cette proposition, folle mais tellement séduisante, de célébrer dignement toutes les vies dites ordinaires. C’est vrai, quoi ? Personne avant lui n’y a jamais pensé, et pourtant, ça aurait de l’allure, non ?

A défaut de pouvoir mener à bien la proposition d’Elliot, ce personnage de fiction qui a un peu à voir avec la vie personnelle de l’auteur, Antoine PHILIAS se colle au sujet en se posant comme observateur des métiers qualifiés d’essentiels pendant le confinement de mars-mai 2020 pour faire front au Covid19. Il les caractérise dans ce qu’ils ont de factuels, les réveils nocturnes, les horaires matinaux, le travail manuel dans des conditions éprouvantes, usant les corps et les âmes. Il les fait vivre aussi, seul ou en famille, décrypte leur langue, leurs comportements. Antoine PHILIAS en propose une étude sociologique qui, par la voie du roman, se trouve incarnée. Le sujet devient objet littéraire.

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2023-10-05T06:00:00+02:00

L'Ultime testament de Giulio CAVALLI

Publié par Tlivres
L'Ultime testament de Giulio CAVALLI

Ma #citationdujeudi est extraite d'un roman de cette rentrée littéraire, un roman un brin loufoque qui m'a fait beaucoup rire... jaune ! C'est "L'Ultime testament" de Giulio CAVALLI aux éditions de L’Observatoire.

Fausto Albini est emmené à l’hôpital, inconscient. Il est architecte pour le comité électronique national. Lorsqu’il retrouve ses esprits, il subit un long interrogatoire. Il vit dans un pays où le sourire est interdit. En réalité, ce sont toutes les émotions qui sont proscrites. L’homme partage sa vie avec Marta Tinelli pour 5 ans. C’est une femme assignée avec laquelle il a eu 2 enfants, mis à disposition de la communauté. Tous deux font partie de la classe 5 de DF !

Ce roman, c’est une pépite. Je l’ai dévoré.

L'auteur et Lise CAILLAT, traductrice, nous font vibrer. À la fin de la  lecture, on se sent tellement vivant !!!

J'ai choisi cette citation en particulier pour tout ce qu'elle évoque des livres, ces fenêtres sur le monde, leur capacité à ouvrir le champ des possibles. Impossible de résister au pouvoir de ce livre-là !

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2023-09-14T06:34:07+02:00

La nature exposée d'Erri DE LUCA

Publié par Tlivres
La nature exposée d'Erri DE LUCA

Ma #citationdujeudi est extraite du roman d'Erri DE LUCA, "La nature exposée".

Le narrateur est un homme qui vit en montagne. Il a un plus de 60 ans et aide les migrants à franchir la frontière. Service annoncé comme payant, lui, rend l’argent une fois arrivés en terrain libre. Cette pratique aurait pu rester inconnue si un livre ne lui avait un jour rendu hommage. Là, c’est la rupture avec ses amis forgeron et boulanger qui, eux, gardent l’argent, le condamnant à son tour à l’exil. Il quitte le village. Sculpteur, il lui est proposé de dévoiler la nudité drapée d’un Christ. Il se lance dans l’aventure.

Dans ce roman dense, Erri DE LUCA nous propose de regarder la religion par le filtre artistique et de partir à la découverte de son évolution à travers l’histoire. Le traitement de la « nature », entendez par-là la nudité, le sexe, au fil du temps, s’est trouvée exposée, puis cachée, à l’image de cette sculpture que l’Eglise tient à dévoiler, la libérer de ce drapé venu blasphémer la création. L’écrivain explore la dimension du sacré et du profane.

L’auteur a choisi, non pas de nous livrer le travail de création, mais les subtilités de celui de la rénovation. Le narrateur est un restaurateur, il refuse d’apposer sa signature sur la pierre réhabilitée et d’être présent à l’inauguration.

Pourquoi cette citation aujourd'hui ?

Tout simplement parce qu'elle résonne fortement avec ma lecture du roman, "Perspective(s)" de Laurent BINET aux éditions Grasset, une lecture réalisée dans le cadre du Book club.

Nous sommes dans la même veine. Promis, je vous en dirai plus très vite. Pour le moment, je savoure !

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2023-04-27T06:00:00+02:00

Les Bourgeois de Calais de Michel BERNARD

Publié par Tlivres
Sur l'image, un cadre doré et puis cette citation : Elle posa sur lui un regard bleu marine avant de le reporter sur l’objet que manipulaient ses doigts graissés par l’argile mouillée. Concentrée sur la tâche, sa pensée appliquait la même force que ses mains sur la matière. Ses lèvres serrées barraient d’un trait dur, étrangement sensuel le bas de son visage.

Sur l'image, un cadre doré et puis cette citation : Elle posa sur lui un regard bleu marine avant de le reporter sur l’objet que manipulaient ses doigts graissés par l’argile mouillée. Concentrée sur la tâche, sa pensée appliquait la même force que ses mains sur la matière. Ses lèvres serrées barraient d’un trait dur, étrangement sensuel le bas de son visage.

Ma #citationdujeudi est extraite de mon dernier coup de coeur, "Les Bourgeois de Calais" de Michel BERNARD.

Cette citation évoque tout en beauté la présence de Camille CLAUDEL dans l'atelier parisien du sculpteur.

À l’âge de 13 ans, Auguste RODIN se souvient de la découverte en famille de la statue du Maréchal Ney, la création du père RUDE inaugurée en 1853. L’homme qu’il est devenu travaille la glaise et fabrique des plâtres que le bronze immortalisera. « L’Âge d’Airain », réalisé il y a une dizaine d’année quand il habitait encore Bruxelles, sera prochainement installé dans le Jardin du Luxembourg. Rodin a 44 ans quand Omer DEWAVRIN, Maire de Calais, pousse la porte de l’atelier parisien de la rue de l’Université. RODIN en bénéficie depuis 4 ans pour réaliser « La Porte de l’Enfer » destinée au Musée national des arts décoratifs. L’élu lui passe une commande au nom de la municipalité, celle de réaliser une oeuvre pour honorer la mémoire d’Eustache DE SAINT-PIERRE, l’un des six Bourgeois de Calais portés volontaires pour remettre, pieds nus, cheveux découverts et la corde au cou, la clé de la cité vaincue au roi d’Angleterre, Edouard III. 

Comme j'ai aimé ce roman pour la médiation qu'il propose d'une oeuvre en particulier.

Mais plus que ça, le roman relate une page de notre Histoire, il y décrit les rues et activités de la capitale, de quoi vous émerveiller de ce que l'époque révèle de créatif.

Ce roman, c'est un bijou... à offrir sans modération.

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2023-04-20T05:56:19+02:00

Petit traité du racisme américain de Dany LAFERRIERE

Publié par Tlivres
Petit traité du racisme américain de Dany LAFERRIERE

Dany LAFERRIERE est venu à Angers en février dans le cadre des Entretiens littéraires de la Collégiale Saint-Martin.

 

 

J'ai eu l'immense chance d'écouter l'Académicien et l'honneur d'échanger quelques mots avec lui au moment de la dédicace de son "Petit traité du racisme en Amérique" publié chez Grasset.

 

L’écrivain choisit un registre littéraire hybride pour dénoncer les violences faites aux Noirs aux Etats-Unis.

 

Dany LAFERRIERE traite d'un sujet grave, l'atteinte portée à des hommes et des femmes, à la vie à la mort.

 

Le livre est composé d'un florilège de textes pouvant aller de quelques lignes à quelques pages dans lesquels l'écrivain égrène des faits, des émotions, des sentiments, il nous fait vibrer, quoi !

 

Dany LAFERRIERE use d’une arme redoutable : l’humour. J’aime tout particulièrement ce clin d’oeil à Miles DAVIS.

 

Ce livre fait partie de ces essentiels, ces repères qui nous rappellent, s'il en était nécessaire, que nous faisons tous partie de  l'Humanité. 

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2023-04-13T06:04:43+02:00

La nuit des béguines d’Aline KINER

Publié par Tlivres
La nuit des béguines d’Aline KINER

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un roman tout à fait exceptionnel  "La nuit des béguines" d'Aline KINER.

Nous sommes en 1310. Philippe LE BEL est au pouvoir. Ysabel fait partie de cette communauté de femmes du « Grand béguinage de Paris ». Partie de sa Bourgogne natale, elle y est entrée après le décès de son second mari. Là, elle oeuvre à l’hôpital, elle soigne le corps et l’esprit de personnes accueillies dans de terribles conditions, parfois de la rue, comme cette jeune femme rousse, Maheut, dont la chevelure suffirait à la condamner. Ysabel tient le savoir des vertus des plantes de sa grand-mère Leonor. La communauté est alors tenue par Perrenelle la Chanevacière, une femme riche qui a pourtant fait le choix de la modestie et l’humilité. Respectée de toutes les femmes, elle gère cette maison de main de maître et assure la pérennité de l’institution mais jusqu’à quand ? L’inquisition gronde hors des murs, des êtres sont condamnés et conduits au bûcher Place de la Grève pour hérésie. Dès lors, vouloir sauver l’humanité relève d’un grand dessein…

Ce roman d’Aline KINER relève d’une formidable épopée.

Il y a d’abord cette communauté de femmes, libres, oeuvrant à l’intérieur comme à l’extérieur des murs de l’institution. Elles peuvent être cheffes d’entreprises, faire du commerce, gérer leurs biens sans qu’aucun homme n’ait à y redire. Nous sommes au 14ème siècle, le modèle est avant-gardiste. 

Le sujet de la transmission entre ces femmes et l’approche de la vieillesse sont profondément émouvants comme l'évoque cette citation aujourd'hui.

Ce roman historique est haletant. Aline KINER réussit parfaitement à égrener les évènements de cinq années dans un suspense fascinant sur 310 pages. La plume est éminemment descriptive à l’image de celle de Jessie BURTON, souvenez-vous de « Miniaturiste ».

Le récit est rocambolesque, les personnages profondément attachants.

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2023-03-30T16:57:26+02:00

La maison des solitudes de Constance RIVIERE

Publié par Tlivres
La maison des solitudes de Constance RIVIERE

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de revenir sur une plume qui m'a profondément marquée, celle de Constance RIVIERE.

Il y a d'abord eu « Une fille sans histoire », l’occasion d’un petit clin d’œil à l’équipe des 68 Premières fois, et puis « La maison des solitudes », second roman sorti en poche très récemment et dont j'extrais ma #citationdujeudi.

Elisabeth, la narratrice, est la fille d'Anne, comédienne, en rupture avec ses parents. Sa grand-mère maternelle est accueillie à l’hôpital dans un état critique, son mari est décédé 9 mois plus tôt. En plein confinement, Elisabeth réussit à rester en salle d’attente. En 1995, les grands-parents s’étaient installés dans une maison familiale. C’est là qu’Elisabeth a passé de nombreuses vacances. Des souvenirs, elle en a plein la tête, y compris ses tentatives d’en découdre avec des secrets trop bien gardés.

L’écrivaine creuse le sillon de l’exploration des traumatismes psychologiques. Si je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sans déflorer l’histoire, je peux toutefois évoquer le fait que Constance RIVIÈRE prenne, une nouvelle fois, appui sur un fait de société pour s’élancer. Dans son premier roman, les attentats du Bataclan, dans son second, le confinement lié au Covid avec les drames humains générés chez les proches dans l’incapacité de se porter au chevet des malades hospitalisés. C’est un peu comme si chacun avait besoin d’un événement, un uppercut, pour ouvrir les vannes et libérer la pression qui l’assaille.

Et puis, il y a ce sujet, l'histoire des murs !

Ce roman pourrait être terne, il est au contraire profondément lumineux dans la possibilité qu’il offre à chacun de mettre sens dessus dessous les fondations de sa vie pour accéder à une certaine forme de sérénité.

Cette lecture est profondément troublante. Constance RIVIÈRE réussit une nouvelle fois un tour de force dans une plume acérée où chaque mot est terriblement pesé. Lecture coup de poing.

La maison des solitudes de Constance RIVIERE

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2023-03-23T07:00:00+01:00

Les Mangeurs de nuit de Marie CHARREL

Publié par Tlivres
Les Mangeurs de nuit de Marie CHARREL

Je poursuis la déclinaison de #marsaufeminin avec ma #citationdujeudi extraite du dernier roman de Marie CHARREL "Les Mangeurs de nuit" aux éditions de l'Observatoire, sorti après Les Danseurs de l'aube", deux coups de coeur.

S'il s'agit d'honorer la plume d'une écrivaine qui me fascine, il s'agit aussi aujourd'hui d'assurer la mémoire d'une migration de femmes, japonaises, instrumentalisée avec des mariages arrangés, à destination du Canada.

Nous partons pour le Canada revisiter son Histoire à travers des personnages aussi attachants que mystérieux. Il y a Hannah, une femme qui vit recluse depuis une dizaine d'année dans une maison en haute montagne. Elle porte en elle les traces de sa famille meurtrie par un courant migratoire croyant en l'eldorado mais qui, en posant le pied en terre américaine, révéla à Aika Tamura la grossière erreur de croire en un mariage arrangé. Elle fit partie en 1926 de ces "picture bride", des japonaises qui, en l'absence d'avenir dans leur pays, consentirent à une union sur photographies avec un étranger. Aika n'avait que 17 ans, lui, Kuma, 45. Et puis, il y a Jack, un creekwalker, l'un des 150 hommes recrutés pour veiller sur les cours d'eau et compter les saumons de la Colombie-Britannique. Il passe sa vie avec ses deux chiens. Hannah et Jack ont tous deux été bercés par des contes pour enfants. La réalité s'est chargée de leur faire vivre un tout autre destin. 

A l'ouest du Canada, donc, il y a eu l'installation de Japonais, des hommes, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Ils se lancent dans la pêche. Et puis, en 1907, éclatent des émeutes à leur encontre. Les Japonais perdent leurs licences professionnelles, ce n'est que le début de la déchéance de leurs droits de citoyens. C'est pourtant là que des femmes les rejoignent, notamment les "picture bride". Tous sont promis à une vie dans des camps. Ils vont devoir SURvivre.

Je ne connaissais pas les "picture bride", ces femmes bernées par des photographies d'hommes séduisants qui leur promettaient monts et merveilles. Dans la pauvreté, vulnérables, elles réalisaient leur voyage financé par les dernières économies de leurs familles vers un soi-disant eldorado. C'est un tout autre destin qui les attendait. 

Je loue Marie CHARREL pour cette révélation, elle contribue à la mémoire de ces hommes et ces femmes qui ont passé une partie de leur vie dans des camps.

Je vous conseille chaleureusement ce roman historique de Marie CHARREL. Il est foisonnant et servi par une plume prodigieuse. Si vous ne la connaissez pas encore, c'est peut-être le moment de la découvrir !

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2023-03-16T08:20:58+01:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
La carte postale de Anne BEREST

Je poursuis la déclinaison de #marsaufeminin avec ma #citationdujeudi extraite d'un roman coup de coeur, un roman dont je me souviens comme à la première heure, je parle de "La carte postale" d'Anne BEREST chez Grasset et désormais disponible en poche chez Le livre de poche.

Anne BEREST est une écrivaine brillante.

Je vous dis quelques mots de ce roman.

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu.
 
Ce que j'aime avec la citation choisie, c'est la référence au personnage de Myriam. La femme est éprise de liberté et fascinée par l'art, le chemin tout tracé vers l'homme qu'elle épousera le 15 novembre 1941. Il s'agit de Vicente PICABIA, le fils de Francis PICABIA, l'artiste de l'avant-garde.
 
Et puis, le choix des mots dans la langue anglaise donne une dimension éminemment poétique. Il met aussi le doigt sur ce qui relève du vivant et traduit à lui, seul, l'élan d'espoir qui souffle sur une famille exposée aux pires tragédies. 
 
"La carte postale" d'Anne BEREST navigue entre deux registres littéraires, celui du récit de vie et celui du roman. L'écrivaine nous offre un grand moment de littérature, une lecture empreinte d'humanité servie par une plume absolument fascinante. J’ai vibré, j’ai frissonné, j'ai encaissé, j’ai chuté aussi, mais j'ai aimé, passionnément !

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2023-03-09T07:00:00+01:00

Quand tu écouteras cette chanson de Lola LAFON

Publié par Tlivres
Quand tu écouteras cette chanson de Lola LAFON

Je poursuis la déclinaison de l'opération #marsaufeminin. 

Impossible de passer à côté d'une écrivaine dont la plume est d'une incroyable puissance, elle me fait vibrer. Je veux parler de Lola LAFON.

J'ai récemment lu "Quand tu écouteras cette chanson".

Ce titre est publié aux éditions Stock dans la collection Ma nuit au musée, une idée de génie cette collection.

Le concept est (relativement) simple, encore fallait-il y penser ! Un.e écrivain.e passe une nuit dans un musée et nous en livre un récit.

Si Jakuta ALIKAVAZOVIC avait choisi la salle des Cariatides du Musée du Louvre pour s'émerveiller, la nuit venue, de l'ombre de la Vénus de Milo, Lola LAFON a choisi, elle, un lieu sur lequel la Shoah a marqué son empreinte comme le tatouage sur le bras gauche des hommes et des femmes, juifs, dans les camps de concentration.

Elle a choisi l'Annexe du Musée Anne FRANK, le lieu où la famille FRANK a vécu clandestinement pendant 25 mois, 40 mètres carré pour 760 jours de survie, à l'abri des regards et des oreilles du peuple hollandais, lui, qui, en 1940, capitule et s'astreint à appliquer les mesures anti-juives. Otto et son épouse Edith, Margot et Anne leur deux filles, hébergeront quatre autres des leurs jusqu'au 4 août 1944, ce jour où la Gestapo accède au troisième étage de l'immeuble de bureaux d'Opekta.

A travers ce récit, Lola LAFON s'attache à restituer l'authenticité de la prose de la jeune adolescente pour en assurer la postérité.

Lola LAFON excelle dans les liens tissés entre les destins brisés des deux jeunes femmes, le sien et celui d'Anne FRANK, toutes deux intimement liées par leur judéité. 

J'ai été touchée en plein coeur par ce texte qui navigue entre les registres de la littérature, l'histoire romancée d'une page de la vie d'une adolescente devenue célèbre malgré elle, le récit de vie personnel de l'écrivaine, la médiation culturelle d'un des lieux les plus visités des Pays-Bas. Vous pouvez en découvrir les premières lignes.

La plume est profondément émouvante. Elle vous serre le coeur du mal qui ronge les générations, de l'ignominie humaine qui fait front. Quant à dire plus jamais ça, la chute est foudroyante.

S'il n'était qu'un brin d'espoir, retenons que l’appartement des Frank de Merwedeplein soit devenu un lieu de résidence d'écrivains persécutés, un lieu de création, un lieu de vie, quoi !

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2023-03-02T07:13:16+01:00

Ma double vie avec Chagall de Caroline GRIMM

Publié par Tlivres
Ma double vie avec Chagall de Caroline GRIMM

Tout au long du mois, je vais décliner #marsaufeminin.

Après

Une farouche liberté, cette BD qui honore Gisèle HALIMI

place aujourd'hui à une plume féminine tout à fait fascinante, celle de Caroline GRIMM.

Je poursuis ma lecture de la biographie de "Sonia DELAUNAY, une vie magnifique" de Sophie CHAUVEAU. J'en suis à la fin des années 1920 quand l'artiste souffre d'un profond surmenage. Le couple part à la Bourboule se reposer. Le peintre, Marc CHAGALL et sa femme Bella, font partie de l'aventure.

Il ne m'en fallait pas plus pour saisir l'opportunité de la #citationdujeudi et revenir sur ce roman, "Ma double vie avec Chagall" tout à fait prodigieux.

Chagall, c’est le peintre du plafond de l’Opéra Garnier, une commande qui lui est confiée par Malraux, Ministre de la culture. Il y rend hommage à quatorze compositeurs. Chagall a alors 77 ans. Il travaille gratuitement comme un cadeau fait à la France qui lui a tout donné. C’est le pays qui l’a accueilli, lui, Moïche Zakharovitch Chagalov, quand il a quitté son shtetl, son petit village biélorusse de Vitebsk pour se vouer à la peinture, faire fortune et rentrer demander la main de Bella ROSENFELD, la femme dont il est fou amoureux. Quand il arrive dans la capitale, il est accueilli par Victor MEKLER. Il a tout à apprendre. Il trouve de nouveaux maîtres, John SINGER SARGENT et Ignacio ZULOAGA. Il se nourrit des richesses parisiennes. Il s’installe dans un atelier rue de Vaugirard, la Ruche. Il se lie d’amitié avec Blaise CENDRARS sur fond de cubisme. Si les Français ne montrent pas d’intérêt particulier pour son art, les Allemands, eux, y sont sensibles. Il rentre chez lui, retrouve ses racines et Bella, elle qui croît en sa réussite et impose le mariage à sa famille bourgeoise. Malheureusement, leur vie amoureuse commence avec la guerre. Les frontières se ferment. Ainsi commence la vie de l’artiste qui va cumuler les rendez-vous manqués, avec le public, avec son pays...
 
Caroline GRIMM réussit la prouesse de relater une vie ponctuée de mille et une tribulations, tout en beauté. Chagall et Bella sont éminemment romanesques. En rupture avec leurs familles, ils vivent leur passion amoureuse et leur passion de l’art, contre tous. Ils sont beaux, ils sont fous, ils sont portés par l'allégresse des sentiments, des émotions, de tout ce qui fait vibrer deux coeurs à l'unisson. L'écrivaine s'est largement documentée pour restituer tout le piment d'une existence hors du commun. 
 
Ce roman, c'est un coup de ❤️.

La plume de Caroline GRIMM, je la connaissais pour l'avoir découverte en 2014 avec la lecture de "Churchill m'a menti". Je me plais à parcourir ma chronique de l'époque... alors que "T Livres ? T Arts ?" n'existait pas encore. Imaginez, nous étions encore à l'époque de "L'Antre des Mots" ! Et devinez quoi... c'était déjà un coup de ❤️ !

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2023-02-23T12:35:00+01:00

Place Médard de Roland BOUDAREL

Publié par Tlivres
Place Médard de Roland BOUDAREL

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un coup de coeur, "Place Médard" de Roland BOUDAREL.

Gwenn est née le 11 novembre 1862 à Quimper. Elle sera élevée par Constance et l’Amiral dans une maison où est installée une grande bibliothèque, de quoi lui donner le goût de la littérature. Pour parfaire son éducation, elle est envoyée comme servante dans une famille bourgeoise. Quand elle revient, les garçons et les filles de son âge sont déjà mariés. Seul reste Pierrick, un garçon boitillant. Les deux familles s’accordent, Gwenn devient l’épouse du paysan et partage son foyer avec ses beaux-parents, d’ignobles gens. Gwenn vend le lait des vaches place Médard, elle n’en fait jamais assez, jusqu’au jour où Gwenn échange quelques mots avec un peintre, Gibus. De mauvaises langues le répéteront à Pierrick qui, fou de rage et rongé par la jalousie, va marquer sa femme au fer rouge, une empreinte laissée à vie sur son sein. Dès lors, sa vie va basculer et marquer de nombreuses générations d’une malédiction.

Dans ce roman, il est question de transmission comme vous l'aurez compris. Comme j’ai aimé suivre la lignée de ces femmes, de génération en génération, des femmes hautes en couleur, des femmes qui, confrontées à des hommes absents, vont assumer seules l’avenir de leur progéniture, des mères honorables. L’auteur tisse le fil d’une succession de femmes aussi singulières qu'elles sont uniques, ayant en commun cette même volonté d’avancer.

Ce roman pourrait être qualifié de genre. Les descriptions des scènes de vie, des villes et des villages, sont éblouissantes. L’écrivain s’attache à décrire de façon presque cinématographique la vie quotidienne des personnages.

 

Le suspens de ce roman est chaque fois alimenté par une quête, à travers les ans et les territoires.
 
Roland BOUDAREL égrène les histoires familiales comme on enfile des perles délicates pour en faire un collier.  À chacune sa densité, et ses fragilités !
 
Outre les qualités remarquables de la plume, ce qui m’a beaucoup plus dans ce roman, c’est sa construction. Les révélations des secrets bien gardés s’imbriquent les unes dans les autres comme les pièces d’un puzzle parfait.
 
Si vous avez envie d'en savoir plus, n'hésitez pas à lire l'interview que Roland BOUDAREL m'a si gentiment accordée.

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2023-02-16T07:00:00+01:00

L'heure des oiseaux de Maud SIMONNOT

Publié par Tlivres
L'heure des oiseaux de Maud SIMONNOT

Ma #citationdujeudi est extraite d'une lecture récente, celle du roman de Maud SIMONNOT : "L'heure des oiseaux" publié aux Editions de L’Observatoire, une lecture coup de poing recommandée par le Book club.

J'ai choisi deux phrases qui donnent à voir l'union de deux êtres en perdition.

Je vous dis quelques mots de l'histoire :

Il y a Lily, une enfant accueillie à l’orphelinat de l’île de Jersey, une terre anglo-normande. Elle porte une attention toute particulière à un enfant, le Petit. Tous deux essaient de se protéger des coups, mais, dans les années 1900, la maison de dieu se révèle des plus violentes. En 2008, une découverte macabre met en émoi la population de l'île. La narratrice, une ornithologue, a tout intérêt, des dizaines d’années après, à faire la lumière sur les détails de la tragédie. Une nouvelle page de l'Histoire s'ouvre alors !

A travers ce roman, inspiré d'une histoire vraie, "L'heure des oiseaux", Maud SIMONNOT revient sur les sévices portés des hommes d'église sur des enfants, des êtres fragiles retirés de familles vulnérables, des familles pauvres de l'île de Jersey. Honte sur la maison de dieu qui se révélait un lieu de tortionnaires.

Elle dénonce non seulement les faits, mais aussi celles et ceux qui savaient et qui n'ont rien fait pour faire cesser la tragédie. Elle dénonce encore celles et ceux qui continuent de se taire et ne permettent pas encore d'écrire la véritable histoire de ce territoire.

Le jeu de la narration, les chapitres courts... sont autant d'éléments qui renforcent le pouvoir des mots de Maud SIMONNOT. La plume est ciselée, les personnages écorchés. Coup de maître, chapeau !

Une nouvelle fois, il s'agit d'un texte publié par les Editions de L’Observatoire. De cette maison, je vous conseille également :

 

"Les Mangeurs de nuit" de Marie CHARREL

"Celle qui fut moi" de Frédérique DEGHELT

"Au café de la ville perdue" de Anaïs LLOBET

"Les nuits bleues" de Anne-Fleur BURTON

"Il est juste que les forts soient frappés" et "Les enfants véritables"  de Thibault BERARD

"Simone" de Léa CHAUVEL-LEVY

"Les danseurs de l'aube" de Marie CHARREL

"Le poids de la neige" de Christian GUAY-POLIQUIN

"Juste une orangeade" de Caroline PASCAL

"Les déraisons" d'Odile D'OULTREMONT

"L'âge de la lumière" de Whitney SHARER

"Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien SPITZER

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2023-02-09T20:35:09+01:00

Les Enfants endormis d’Anthony PASSERON

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Les Enfants endormis d’Anthony PASSERON

Ma #citationdujeudi est extraite du premier roman d'Anthony PASSERON : "Les Enfants endormis" aux éditions Globe.

Je vous en dis quelques mots :

Il y a cette famille d’artisans bouchers, de pères en fils, des gens connus de tout le village, des gens qui se tuent au travail. Alors, quand le fils aîné, Désiré, se destine à des études, un nouvel élan souffle sur la lignée. C’est le fils cadet qui, lui, sera soumis à la relève, lui n’aura pas le choix de son avenir professionnel. Mais avec les études, Désiré découvre la vie en ville. Il côtoie des jeunes qui n’ont que faire du modèle ancestral. Ce qu’ils veulent, eux, c’est vivre. Dès lors, ils repoussent les limites, bravent tous les dangers. Désiré lâche l’école. Direction Amsterdam. Quand il en reviendra, plus rien ne sera pareil. La drogue fait partie de sa vie, la drogue dure, l’héroïne. Il se pique, lui et ses amis de l’époque. Ils partagent les mêmes seringues, celles-là mêmes qui véhiculent le VIH. Mais le virus est à cette époque loin d’être maîtrisé. Ce ne sont que les balbutiements de la recherche médicale dans le domaine, le début d’un des plus grands combats scientifiques du XXème siècle. 

Ce roman résonne profondément avec l'actualité. Peut-être avez-vous entendu parler du décès de Daniel DEFERT... cet homme ne vous dit peut-être rien. C'est pourtant lui qui est à l'origine de la création de l'association Aides.

Si nous avons beaucoup parlé d'un virus ces trois dernières années, il en était un autre dans les années 1980 qui décimait les 4 H. Il en faisait aussi des parias.

J'ai énormément appris avec ce roman parfaitement construit.

"Les Enfants endormis", c'est aussi une autre époque. L'auteur décrit la vie dans un village de campagne orchestré par les notables, les artisans faisaient partie des rouages du système. Alors, quand un fils tombe malade, sa femme et leur fille aussi, tout ce qui a été construit à mains nues s'écroule.

Ce roman, il est militant.

Il assure la mémoire de celles et ceux qui ont succombé. Ils étaient des hommes et des femmes, comme nous, et pourtant, ils sont décédés d'un virus pendant que les instituts de recherche menaient une autre guerre, celle de la notoriété, de l'argent. C'est abject. Plus jamais ça !

Il honore aussi Willy ROZENBAUM, infectiologue, qui a fait preuve d’une incroyable ténacité. S'il est passé à côté du Prix Nobel de Médecine en 2008, il trouve là un hommage vibrant qui vient couronner son combat.

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2023-02-02T08:14:32+01:00

La cause des femmes de Gisèle HALIMI

Publié par Tlivres
La cause des femmes de Gisèle HALIMI

Sur fond des discussions actuelles au Parlement sur l'entrée ou non du droit à l'avortement dans la Constitution française, je me remémore les mots de Gisèle HALIMI.

Ma #citationdujeudi est extraite de "La cause des femmes", mon 2000ème post sur Instagram. Il faut toujours frapper fort quand il s'agit de protéger les femmes, protéger leur santé, protéger leur liberté de jouir comme elles l'entendent de leur corps.

Bien sûr, certaines jeunes femmes connaissent Gisèle HALIMI, née le 27 juillet 1927 et décédée le 28 juillet 2020. Il suffit d'écouter Judith CHEMLA au micro de Rebecca MANZONI dans Totemic pour s'en convaincre. L'actrice a décidé de faire résonner sa voix, quel choix salutaire !

Nous sommes en avril 1971, Gisèle HALIMI signe le Manifeste des 343, rédigé par Simone DE BEAUVOIR et publié dans Le Nouvel Observateur. 343 femmes publiques déclarent avoir avorté. Elles s'exposent, à l'époque, à des poursuites pénales, voire à des peines d'emprisonnement. 

Le Manifeste est une première étape, une façon d'engager le combat en faveur de l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG).

Quelques mois après, Gisèle HALIMI, avocate à la Cour d'Appel de Paris, et Simone DE BEAUVOIR, créent le mouvement "Choisir la cause des femmes", un mouvement féministe qui va organiser les manifestations.

Il faudra toutefois attendre le procès de Marie-Claire en 1972 pour que l'opinion publique adhère à la cause.

Dès lors, les revendications s'amplifient jusqu'à l'adoption, quatre ans plus tard, de la loi Veil, dépénalisant l'avortement en France.

Tout une histoire, toute notre Histoire autour du sujet.

Alors, quand ce matin, au réveil, j'entends à la radio que les députés et sénateurs s'échignent autour des mots. L'avortement, c'est un droit ou une liberté ? Je ne peux pas m'empêcher de la citer.

Les voix de Gisèle HALIMI, Simone DE BEAUVOIR et Simone VEIL, entre autres, nous manquent profondément aujourd'hui pour nous éclairer.

A défaut de les voir participer au débat du moment, que les femmes, de toutes générations, que les hommes se nourrissent de leurs mots. Je conseille "La cause des femmes" à toutes et tous. Le livre est désormais disponible en version poche chez Folio, un petit budget pour une grande cause, ça serait dommage que la loi de réforme des retraites fasse oublier celle qui encadrera le droit des femmes pour l'avenir.
 

Si les mots de Gisèle HALIMI ont un sens, ceux de Simone DE BEAUVOIR aussi...


N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.

Il fut un temps nous étions Charlie, pourquoi ne pas être Simone aujourd'hui ?

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2023-01-26T08:18:50+01:00

Au long des jours de Nathalie RHEIMS

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Au long des jours de Nathalie RHEIMS

Ma #citationdujeudi est extraite d'une lecture récente, le dernier roman de Nathalie RHEIMS, "Au long des jours" aux Editions Léo SCHEER.

La narratrice, Nathalie RHEIMS voue une passion aux mots. Au lycée, elle aspire à des cours de théâtre. Quand son père lui lance le défi :

"Si tu réussis à entrer au Conservatoire, je t'autorise à arrêter le lycée."

elle redouble d’effort. Elle se souviendra toujours de cette audition rue Blanche. Ils étaient 600, ils finiront à 17, elle en fera partie. Avec cette activité professionnelle, c'est un peu comme tisser le fil d'une nouvelle vie, plus rien ne se passera comme avant. Elle va entrer dans un nouvel univers, celui de la scène, d'une vie nocturne, de la fréquentation d'hommes et de femmes célèbres. Et puis, alors qu'elle joue un petit rôle dans "La Mante Polaire" aux côtés de la grande Maria CASARÈS dans le rôle principal, Christiane, une figurante, lui présente l'homme (secret de polichinelle, il figure sur la première de couverture, c'est Marcel MOULOUDJI) qui va bouleverser sa vie. Elle a 18 ans, lui 37 ans de plus. Dès lors commence une folle histoire d'amour.

Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est plus que tout l'amour des mots !

Nathalie RHEIMS évoque cette jeunesse éprise de textes qui n'en a que faire de la mode, des Beatles qui révolutionnent la musique, non, elle, ce qui l'émerveille, ce sont les paroles des chansons des années 1950-1960, des chansons engagées. Et puis, il y a le théâtre, et enfin la poésie. Elle évoque à qui veut l'entendre Jacques PREVERT et son recueil "Paroles". De là à plonger elle-même dans le registre de l'écriture, il n'y a qu'un pas.

Ce roman, je vous en parle parce que la plume est magnifique, les phrases éminemment romanesques et d'une profonde sensibilité. 

Je découvre qu'il s'agit du 23ème livre de Nathalie RHEIMS. Que de réjouissances à venir en retrouvant ses mots.

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2023-01-19T08:04:14+01:00

La sauvagière de Corinne MOREL DARLEUX

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La sauvagière de Corinne MOREL DARLEUX

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un premier roman exquis, "La sauvagière" de Corinne MOREL DARLEUX aux Éditions Dalva.

Il y a dans ce conte onirique un rapport au corps tout à fait exceptionnel. Meurtri par l’accident, endolori, ankylosé, il cherche la voie d’une SURvie. On mesure à travers le personnage de fiction de la narratrice dont on ne connaît ni le nom ni les origines qu’un corps, la chair, les organes… ont leur propre rythme, leur propre existence. Ne parlons-nous pas de mort cérébrale ? Ce premier roman, c’est une invitation à faire une pause, se recentrer sur son corps, y puiser la lumière, l’énergie, la vie, quoi !
 
Et puis, comme le laisse préfigurer la citation, il y a la force de l’environnement, une nature profonde, la forêt, les montagnes, une forme de refuge, autant d’éléments propices à la reconstruction psychique.
 
Comme j’ai aimé que l’écrivaine aille puiser dans une autre langue que la nôtre pour y trouver un terme tellement approprié pour décrire ce que le vent peut apporter de puissant, de force et d’allégresse…
 
Ce roman, c’est encore une invitation à observer et se nourrir de ce qu’ils peuvent nous apporter de réconfort, une certaine forme de substitut à la frénésie qui nous entoure. Ils ont cette sensibilité qui permet à l’individu de prendre conscience de son humilité. S’il s’agissait là d’une voie pour sauver l’humanité…
 
Ce premier roman écrit dans une plume poétique, délicate et sensuelle, nous propose de faire corps avec la nature, d’entrer en fusion avec ce qu’elle a de vivant. Le dessin de la première de couverture, sublime, une oeuvre d’art réalisée par Pedro TAPA, le dévoile à elle seule. « La sauvagière » est « À découvrir », je confirme ! 

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2023-01-05T23:45:35+01:00

L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

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L'Archiviste d'Alexandra KOSZELYK

Ma #citationdujeudi je suis allée la puiser dans « L’Archiviste » d’Alexandra KOSZELYK publié Aux Forges de Vulcain.

Je n’ai plus de secret pour vous. Vous savez à quel point j’aime la plume de cette écrivaine.

Mais son dernier roman a résonné très fortement avec la lecture récente du dernier livre de Lola LAFON « Quand tu écouteras cette chanson » et j’ai eu envie de vous en reparler.

K est une jeune femme, l’Archiviste. Sa sœur Mila est photographe et journaliste. Leur mère a fait une attaque cérébrale quelques jours avant l’invasion russe en Ukraine. Elle a passé un temps dans le coma. Depuis son réveil, son ouïe reste atrophiée. Alors que K se trouve dans une galerie souterraine et assure la conservation des œuvres du chaos, elle reçoit la visite d’un commanditaire qui lui confie une mission, revisiter les créations d’artistes dissidents, les falsifier, réorienter leur propos au service de la propagande. Il a un moyen de pression sur K, une photo de sa sœur Mila, prisonnière de guerre. Elle n’a d’autre choix que de se soumettre pour éviter à sa sœur une mort certaine.

 

Avec ce roman, Alexandra KOSZELYK décline le verbe RÉSISTER sous toutes ses formes.

 

C’est bien sûr le premier point commun entre ces deux histoires, l’une de fiction, l’autre inspirée d’une histoire vraie.

 

Mais ce qui m’a profondément touchée, c’est aussi l’instrumentalisation de la culture. Dans l’un, il s’agit de falsifier les textes et les œuvres d’art pour assurer la postérité du régime en place, de la propagande, dans l’autre c’est à des fins commerciales et politiques. Pourquoi nous priverions-nous d’orienter le Journal d’Anne Frank ?

 

Les deux femmes, chacune à leur manière, font de leur écriture un acte militant. Pour Alexandra KOSZELYK, il y a ce sursaut de résistance à la déclaration de guerre de La Russie à l’Ukraine et par la voie du roman un hommage rendu aux poètes et artistes en tous genres de son pays d’origine. Pour Lola LAFON, il y a ce rapport à la judéité. Comment avancer ? Continuer de vivre pour les générations hantées par les fantômes des victimes de la Shoah.

 

Alexandra KOSZELYK, comme Lola LAFON, luttent à mains nues, armées de leur stylo ou de leur clavier d’ordinateur. Elles nous livrent des textes marqués par la grande Histoire, des textes forts. Je vous les recommande absolument.

 

Parfois on se dit que l’on aimerait garder en mémoire certaines citations, les encadrer. C’est désormais chose faite avec cette très belle phrase pour évoquer la mobilisation d’une mère dans l’éducation artistique de ses deux filles, des jumelles. Elle m’inspire profondément !

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2022-09-15T06:00:00+02:00

Faire corps de Charlotte PONS

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Faire corps de Charlotte PONS

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un #secondroman de la #selection2022 des 68 Premières fois, "Faire corps" de Charlotte PONS aux Editions Flammarion.

Ce livre résonne profondément avec l'interview d'hier de Virginie EFIRA et Rebecca ZLOTOWSKI, elles répondaient au question de Léa SALAMÉ dans le 7/9.30 de France Inter pour la promotion d'un film qui sortira au cinéma le 21 septembre et que je me promets d'aller voir : "Les enfants des autres".

Il y est question d'une femme qui s'attache à l'enfant d'une autre et pose la question : "Qu'est-ce qu'être mère ?".

Sandra, la narratrice du roman de Charlotte PONS, a la quarantaine. Depuis le drame de son petit frère, elle a pris la décision de ne jamais être mère. De fait, ses aventures avec les hommes n’ont été que de courte durée, des soirées sans lendemain. Quand son ami d’enfance, Romain, homosexuel, lui fait part de son désir d’un enfant et des nombreuses tentatives de GPA (Gestation Pour Autrui) aux Etats-Unis, sans succès, Sandra se retrouve malgré elle au cœur d’une sombre histoire de prêt de son corps.

Avec ce roman, Charlotte PONS explore les différentes dimensions d’une mère et de l’identité d’une femme à travers le filtre de la maternité.

Ce roman aurait pu être militant, il ne l’est pas, il met toutefois le doigt sur les enjeux éthiques, sociaux, économiques, sanitaires, politiques… que revêt la GPA. L’écrivaine nourrit notre position personnelle sur le sujet. 

La plume de Charlotte PONS est directe et les mots puissants. J'ai été frappée en plein cœur.

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2022-09-08T19:16:36+02:00

Saint Phalle Monter en enfance de Gwenaëlle AUBRY

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Saint Phalle Monter en enfance de Gwenaëlle AUBRY

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur le dernier livre de Gwenaëlle AUBRY, "Saint Phalle Monter en enfance" aux éditions Stock, un essai qui revisite une partie de la vie de Niki DE SAINT PHALLE, cette artiste que j'aime tant.

Nul doute que Charles ROUX aurait quelque chose à en dire, peut-être quelques copies doubles, à moins que ça ne soit un roman !

Au fil de XII chapitres, dont les titres sont choisis parmi les vingt-deux cartes du jeu, les Arcanes majeurs, Gwenaëlle AUBRY propose une forme de médiation artistique singulière autour de l’œuvre de Niki de SAINT PHALLE, le Jardin des Tarots réalisé sur la colline de Garavicchio en Toscane.

Elle déroule le fil de l’existence d’une artiste hors norme. La vie avait bien mal commencé pour elle avec ce viol incestueux à l’âge de 11 ans, l’été des serpents. A l’instar de sa mère qui voulait tout cacher, Niki de SAINT PHALLE montre tout, elle se joue de tout pour mieux se venger. Elle se marie avec Harry MATHEWS comme les règles de la bourgeoisie l’y obligent. C’est avec lui qu’elle a deux enfants mais ils ne sauraient la retenir au foyer familial. L’appel de l’art est trop fort. Elle rencontre Jean TINGUELY avec qui elle va jouir de l’existence. Lui est un passionné de Formule 1. Tous deux me font penser au couple formé par « Gabriële » BUFFET et PICABIA. Ils sont fougueux, ils croquent la vie à pleines dents, enivrés par la vitesse de leur bolide comme des événements.

Dans une narration à la première personne du singulier, Gwenaëlle AUBRY prête sa plume tantôt à la voix de Niki de SAINT PHALLE, tantôt à sa démarche personnelle. J’ai beaucoup aimé le croisement des trajectoires et le concept de « Monter en enfance ».

J'en suis sortie enivrée !

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