Ma #citationdujeudi est extraite du 2d roman d’Antoine PHILIAS : "Plexiglas" aux Éditions Asphalte.
C’est une bouffée d’air tendre et délicate, émouvante quand on sait à quel point le roman véhicule un climat de morosité à travers l’observation d’une société instrumentalisée par les grandes chaînes et les entreprises du CAC40, canons du capitalisme. Des fulgurances comme celle-ci, il y en a quelques unes. La rareté leur donne un côté précieux.
Nous voilà effectivement parachutés à Cholet avec Elliot, un jeune homme de retour de Rennes. Ses dernières années ont été partagées entre beuveries et petits jobs. Il se rapproche de sa soeur jumelle, Raf, qui habite à La Séguinière. Elle est coiffeuse à domicile et vit avec Jonas depuis une dizaine d’années. Lui travaille chez Leroy Merlin. Leurs parents sont séparés. De passage au Balto, le bar tabac de la galerie commerciale, il rencontre Lulu, la soixantaine, caissière chez Carrefour. Elle vit seule. Elle est syndiquée et fit partie du mouvement des gilets jaunes. Son fils est partie étudier à Paris. Au fil des rencontres dans ce lieu si ordinaire, une relation va se tisser entre lui et elle. On pourrait dire qu’ils sont différents, ils ont finalement tant en commun.
Avec cette citation, je mets en lumière ce qui lie un petit fils à son grand-père, son regard porté sur ce qui reste d’une vie au moment où elle s’éteint et cette proposition, folle mais tellement séduisante, de célébrer dignement toutes les vies dites ordinaires. C’est vrai, quoi ? Personne avant lui n’y a jamais pensé, et pourtant, ça aurait de l’allure, non ?
A défaut de pouvoir mener à bien la proposition d’Elliot, ce personnage de fiction qui a un peu à voir avec la vie personnelle de l’auteur, Antoine PHILIAS se colle au sujet en se posant comme observateur des métiers qualifiés d’essentiels pendant le confinement de mars-mai 2020 pour faire front au Covid19. Il les caractérise dans ce qu’ils ont de factuels, les réveils nocturnes, les horaires matinaux, le travail manuel dans des conditions éprouvantes, usant les corps et les âmes. Il les fait vivre aussi, seul ou en famille, décrypte leur langue, leurs comportements. Antoine PHILIAS en propose une étude sociologique qui, par la voie du roman, se trouve incarnée. Le sujet devient objet littéraire.