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2016-04-30T15:06:08+02:00

L'homme de Lewis

Publié par Tlivres

Traduit de l'anglais par Jean-René DASTUGUE

 

L'homme de Lewis

2ème tome d'une trilogie, après "L'île des chasseurs d'oiseaux"


Peter MAY, je l'ai rencontré sur le Salon du Livre de Paris 2015. L'homme est quelqu'un de singulier, un visage dont on se souvient à jamais, un timbre de voix reconnaissable entre tous... et ses livres, et bien, ils sont à son image !


Dans ce 2ème tome, Macleod prend sa retraite. Il est tout juste divorcé. Il retrouve sa terre natale, son île, pour commencer une nouvelle vie. Il envisage de restaurer la vieille bâtisse abandonnée de ses parents. Mais à peine vient-il de quitter la police qu'elle se rappelle à lui. Un cadavre est retrouvé dans la tourbière, le corps incroyablement préservé des marques du temps. Son ADN conduit directement les enquêteurs à la famille de Marsaili, son amour de jeunesse, et plus précisément à son père qui souffre de la maladie d'Alzheimer et dont l'épouse ne supporte plus la présence à domicile. Marsaili va devoir affronter des réalités qu'elle ne soupçonne pas encore. Macleod va la guider sur cette voie !


C'est de nouveau un très bon roman policier où le suspense vous prend à la gorge dès le prologue.


L'espace d'un instant, elle se retrouve égarée dans une mer d'incompréhension, puis la réalité la submerge et son cri est emporté par le vent qui fouette le visage. P. 9

J'ai adoré partir sur les traces de cet homme mystérieux, le père de Marsaili dont la fille croyait tout savoir. Concours de circonstances, les évènements se produisent justement à un moment où la mémoire se fragilise, les souvenirs s'envolent un à un, laissant les proches devant un vide abyssal que peut-être personne n'arrivera jamais à combler... Qui était cet homme ? Quel a été sa vie ? son enfance ? sa jeunesse ?


La maladie d'Alzheimer est particulièrement bien abordée avec ces moments de grand désarroi devant l'oubli et ces sursauts de grande lucidité. La plume de Peter MAY sur le sujet peut être très poétique :


Il était difficile de savoir ce qu'il pensait, ou ressentait, ou à quel point il était conscient de ce qui se passait autour de lui. Il était perdu quelque part dans un brouillard qui occupait son esprit. Peut-être, certaines fois, ce brouillard s'éclaircicait-il un peu, mais Fin savait qu'il y aurait aussi des moments où il retomberait comme une brume d'été et obscurcirait toute clarté et toute raison. P. 57

Je suis personnellement très sensible aux parfums et à la réminiscence des souvenirs qu'ils engendrent. J'ai été troublée à la lecture de ce passage :


Au moment où il était entré dans la maison , il avait été saisi par ce parfum de roses qui avait toujours accompagné la mère de Marsaili. Cela fit surgir en lui un flot de souvenirs. P. 108

C'est un très beau roman sur la vieillesse aussi et le temps qui passe :


Lorsqu'on est jeune, une année vous semble être une partie importante de votre vie et on a l'impression qu'elle dure éternellement. Quand on est âgé, il y en a tant qui sont passées que celles qui restent défilent trop vite. P. 70

Enfin, j'ai beaucoup aimé me retrouver en territoire insulaire. Là où le climat est hostile, là où les hommes et les femmes partagent une communauté comme nulle part ailleurs... Cette lecture m'a rappelé "Pour l'amour d'une île" de Armelle GUILCHER, "La mémoire des embruns" de Karen VIGGERS, "Une vie entre deux océans" de M.L. STEDMAN, "Churchill m'a menti" de Caroline GRIMM... tous des coups de coeur !


Je me plongerai avec plaisir dans le 3ème et dernier tome de la trilogie écossaise : "Le braconnier du lac perdu".

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2016-04-26T21:15:19+02:00

Temple GRANDIN, croquée par Pénélope BAGIEU

Publié par Tlivres
Temple GRANDIN, croquée par Pénélope BAGIEU

Vous commencez à avoir l'habitude de ce rendez-vous hebdomadaire avec Pénélope BAGIEU, cette illustratrice hors du commun.

Nous en sommes au 16ème portrait de femme sur les 25 annoncés sur le blog "Les Culottées" !

Cette fois-ci, il s'agit de Temple GRANDIN, cette Américaine qui, sans la ténacité de sa mère, aurait vraisemblablement été internée à vie.

Elle a aussi eu la chance de croiser sur son chemin un professeur Xavier... "Vous n'êtes pas ici à cause de vos faiblesses mais grâce à vos capacités", dit-il. Je vous laisse méditer !

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2016-04-23T08:06:24+02:00

Journal d'un vampire en pyjama de Mathias MALZIEU

Publié par Tlivres

"Me faire sauver la vie est l'aventure la plus extraordinaire que j'aie jamais vécue". Voici la 4ème de couverture ! Une seule phrase, simple, concise, qui en dit long sur le récit de Mathias MALZIEU, le chanteur du groupe Dionysos.

Mathias MALZIEU a bien failli perdre la vie :

"Je viens de traverser l'enfer en stop. Le véritable enfer. Pas celui avec du feu et des types à cornes qui écoutent du heavy metal, non, celui où tu ne sais plus si ta vie va continuer". P. 11

Je me souvenais de la lecture de "Métamorphose en bord de ciel", on s'envolait alors pour le paradis !

 

Là, voici le diagnostic : "Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique, risque de crash imminent." C'est lui qui en parle le mieux !

Ce récit relate son parcours, depuis le 6 novembre 2013 jusqu'au 24 décembre 2014, cette parenthèse dans sa vie d'artiste alors même que la sortie du film d'animation qu'il réalise "Jack et la mécanique du coeur" est annoncée pour le 5 février 2016, l'aboutissement de 6 ans de travail !

Je ne vais pas vous cacher que ce récit est triste, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps à sa lecture ! Emotions garanties dans des moments de doute mais aussi et certains, dans des moments d'immense bonheur.

C'est un MAGNIFIQUE récit d'une expérience peu ordinaire vécue par un homme extraordinaire. Il porte sur la vie ce regard malicieux qu'il arborait lors de sa séance dédicaces sur le Salon du Livre de Paris en mars dernier.

Il joue avec les mots pour rendre le récit poétique à l'image de ce "marteau-pique-coeur". La mort prend tout de suite une autre dimension sous sa plume. Elle devient "Dame Oclès". Impressionnante certes, mais tellement plus imagée !

Ce récit est une ode au monde médical :


Ils pilotent des canots de sauvetage avec de tout petits gouvernails dans des tempêtes de détresse. P. 79

Et quand malgré tout ça, Mathias MALZIEU doute de sa capacité à sur-vivre, il s'accroche à l'écriture :


L'urgence fait pousser des graines de livres en moi. Je les arrose toutes et m'applique à penser que je vais trouver mon haricot magique pour crever le plafond de l'hôpital. P. 99

Ce récit, c'est un formidable hymne à la vie. Apprécions tous les plaisirs du quotidien qui deviennent si précieux quand nous en sommes privés :


Savourer les sensations minuscules avec l'appétit épique d'une traversée du Grand Canyon. P. 221

Mathias MALZIEU est un rêveur et s'il sait que tous n'ont pas ce gène, il sait aussi qu'il est un élément indispensable pour relever de très grands défis :


Bien sûr, on en trouvera toujours pour venir s'essuyer les pieds sur vos rêves [...]. C'est d'ailleurs exactement parce qu'ils ont raison qu'ils ne prennent pas en compte la passion. P. 146

Ce récit est écrit pour tous, enfants et adolescents (il suffit de regarder les files d'attente aux dédicaces pour s'en convaincre !), adultes, en bonne et moins bonne santé. C'est un petit jubilé de tendresse qui pourrait être d'un très grand réconfort.

Coup de coeur pour ce récit déjà sacré Prix Essais France Télévision

Et Caro, tant pis pour la dédicace, Mathias MALZIEU est bien en vie ! Il ne va pas manquer de nous combler encore longtemps, j'en suis persuadée !

Et pour poursuivre ce très beau moment de complicité avec lui tout au long de son récit de vie, quoi de mieux que d'écouter son dernier album au titre éponyme.

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2016-04-22T11:49:31+02:00

De ce pas de Caroline BROUÉ

Publié par Tlivres
De ce pas de Caroline BROUÉ

C'est le 1er d'une longue série de 1ers romans mais il pourrait s'agir de 1ers romans sortis il y a quelques années, découverts récemment comme...

Balzac et la petite tailleuse chinoise ou bien Pour l'amour d'une île...


Non, là, il s'agit de 1ers romans exceptionnels.


D'abord, ils font partie des 68 premières fois, ce collectif créé à l'initiative de Charlotte MILANDRI qui donne déjà lieu, après quelques jours seulement, à une frénésie folle sur la toile !


Ensuite, il s'agit de 1ers romans tout juste sortis des presses pour la rentrée littéraire d'hiver et qui attendent encore leurs heures de gloire pour ceux qui bénéficieront des honneurs de la rentrée littéraire de septembre 2016. C'est donc de l'actu, rien que de l'actu !


Enfin, parce qu'il s'agit de 1ers romans qui seraient sans doute passés inaperçus sans le coup de pouce de l'Insatiable et des 75 doux.ces et dingues lancé.e.s dans l'aventure !


Alors, quand je me surprends à aller faire le relevé du courrier (j'en avais perdu l'habitude devant le si peu d'objets osant encore reposer dans ma boîte aux lettres !), et que je découvre une enveloppe légèrement gonflée par le volume du livre et adressée à mon nom, je saute au plafond ! Et ce n'est encore rien...


Maintenant, à livre exceptionnel, moment exceptionnel.


Dimanche soir, je m'isole pour une parenthèse de 2h30 rien qu'à moi, un plaid, une théière pleine de son meilleur crû, Le Thé Rose Congou n° 23, blottie dans mon fauteuil préféré, je me lance...

De ce pas de Caroline BROUÉ

De ce pas, c'est le titre du 1er roman de Caroline BROUÉ.


Autant vous le dire tout de suite, je vais passer 2h30 en apnée totale et ce n'est pas peu dire à la lecture des 1ères lignes :


Afrique du Sud, au large de Gansbaaï, juin 2005, Marjorie est enceinte de six mois. Elle nage avec masque, palmes et tuba, à quelques dizaines de mètres du bateau quand, tout d'un coup, il lui semble voir une masse qui se rapproche. Tout va très vite dans sa tête, la Shark Alley, ce couloir marin connu dans le monde entier pour sa concentration de grands requins blancs [...].


Marjorie est une jeune femme. Sa mère est décédée l'année dernière d'un cancer foudroyant. Son père est disparu depuis longtemps. Elle vit avec Paul et porte son enfant. Elle se souvient de son parcours, son exil, sa migration. Elle a quitté le Cambodge avec sa mère en 1975. Son père a organisé ce départ dans la précipitation alors que les victimes du génocide ne se comptent déjà plus. Elle arrive en France et intègre l'Ecole de Danse de l'Opéra.


Ce roman est construit comme un puzzle. Il apparaît dans sa version achevée dans les premières pages et puis progressivement, chaque pièce va se détacher pour devenir une entité à part entière que Caroline BROUÉ va nous faire explorer dans les moindres détails.

"Prodigieux" comme le dit elle-même l'écrivaine P. 93.

J'ai été subjuguée par la grâce, le raffinement de la danse. Il y a des paragraphes entiers dédiés à ces pas qui, guidés par des danseurs étoiles, deviennent des oeuvres artistiques à part entière et d'une beauté extraordinaire.


C'est un balloté. Un saut d'un pied sur l'autre, d'avant en arrière. Ou plutôt, un dérivé de ballotté. Deux mouvements lancinants s'affrontaient et se répondaient en même temps : d'un côté l'hésitation, de l'autre la stabilité. L'homme et la femme commençaient par balancer les bras, poignets joints, paumes ouvertes vers le sol, genoux fléchis, en quatrième position, tête droite, avant de se relever en développé." P. 18

La danse ne serait rien sans le corps bien sûr, mais plus subtil, il ne serait rien sans la pensée, les 2 intimement liés dans la réalisation d'une chorégraphie :


Qu'est-ce qui fait bouger le squelette ? Les muscles. Et qu'est-ce qui active les muscles ? La pensée. Vous n'arriverez à rien en danse sans la pensée." P. 19


Caroline BROUÉ ne va pas se contenter d'aborder l'art par la seule voie de la danse, elle va aussi emprunter celle de la peinture et là, c'est encore tout un spectacle !


J'ai été profondément émue par l'itinéraire de cette jeune femme sur le chemin de la résilience, une jeune femme marquée par son propre déracinement, l'absence de son père, la souffrance liée à la mort de sa mère, et puis sa douleur devant un corps qu'elle ne maîtrise plus.


J'ai été frappée par la manière de Caroline BROUÉ de ponctuer ce roman par un terme de façon récurrente : "construire". Tantôt décliné seul...


Construire, c'est aller des fondations au dernier étage de la maison. C'est à la fois bâtir en partant de rien, fixer ensemble les différentes parties d'un objet, élaborer quelque chose, et disposer dans un certain ordre." P. 29

Tantôt pronominal : "se construire" P. 74, il s'offre parfois une 2ème chance : "se reconstruire" P. 72.


Mais il arrive qu'il soit aussi plongé dans le chaos et là, il devient nom : "destruction" P. 118 !


J'ai mesuré le poids et l'énergie des souvenirs dans cette façon qu'à l'être humain d'avancer :


Les souvenirs ne sont pas prophètes. Ils disent l'époque révolue, celle qui s'est pour toujours éteinte, et qu'une mélodie ou la sérénité d'un feu de cheminée ravivent un bref instant." P. 57

De ce pas de Caroline BROUÉ

Pour moi, un roman est complet lorsqu'il flirte avec l'Histoire. Et là, avec le personnage de Justine, je suis comblée.


En fait, à bien y regarder : l'art, la psychologie et l'Histoire s'y retrouvent mêlés sous une plume parfaitement maîtrisée. Ce roman porte très bien le costume d'un coup de coeur !

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2016-04-19T19:28:20+02:00

Wu Zetian croquée par Pénélope Bagieu

Publié par Tlivres
Wu Zetian croquée par Pénélope Bagieu

Si vous ne savez pas à quoi peut mener la littérature, je vous invite à découvrir le portrait de cette femme peu ordinaire.

Wu Zetian est la 1ère femme impératrice.

Croquée par Pénélope Bagieu pour le blog "Les Culottées", son itinéraire devient une réelle aventure !

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2016-04-17T16:00:13+02:00

Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai SIJIE

Publié par Tlivres
Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai SIJIE

Encore un 1er roman, mais toujours pas dans la série des 68 ! Celui-ci date de 2000 et m'a été conseillé par ma fille, un très bon choix (elle me connaît bien !).


Nous sommes à la fin de l'année 1968, la révolution culturelle est engagée en Chine. Les enfants des intellectuels sont envoyés à la campagne pour une "rééducation". Le narrateur a 17 ans, ses parents sont médecins. Il est accompagné de Luo, 18 ans, fils d'un dentiste qualifié "ennemi du peuple". Tous les 2, ils vont arriver dans la montagne du Phénix du Ciel. Ils vont être logés dans une maison sur pilotis et cohabiter avec les truies. Ils vont travailler avec les paysans et assurer le transport des engrais vers les sommets, là où les prés sont cultivés. Cette activité quotidienne va bientôt être bouleversée par une visite faite au tailleur et la rencontre avec sa fille, cette beauté ingénue. Sur le chemin du retour, ils vont porter assistance à une jeune "binoclard", un autre adolescent en rééducation qui doit mener un buffle dont le coup de queue vient de faire voler les lunettes dans la boue. Ils ne savent pas encore qu'il sera la source de magnifiques découvertes littéraires.


Dai SIJIE décrit avec beaucoup de pudeur les conditions de vie de ces jeunes plongés dans un tout nouvel univers. Il nous fait voyager à leurs côtés. Ce ne sont pas des délinquants, leur seul défaut est d'être né dans un environnement familial de bourgeois. Le choc des cultures est joliement décrit. J'ai beaucoup aimé cette scène de la découverte du violon du narrateur à leur arrivée par l'ensemble du village, moment traité avec beaucoup d'humour.


Bien sûr, la vie est difficile, les jeunes garçons vivent dans la pauvreté. Mais, heureusement, ils ont des livres ! C'est en toute clandestiné bien sûr, c'est ce qui fait le charme de toute cette histoire !


C'est un très beau roman sur le pouvoir de la littérature, cette capacité à entraîner les lecteurs vers d'autres horizons porteurs d'espoir d'une autre vie possible. Le passage sur les nouvelles est excellent :



[...] les recueils de nouvelles, qui vous racontent une histoire bien ficelée, avec des idées brillantes, quelquefois amusantes ou à vous couper le souffle, des histoires qui vous accompagnent toute votre vie. P. 136

Je trouve que c'est particulièrement bien résumé !


Et puis, dans ce village, il y a de très beaux moments de bonheur, celui du séjour du tailleur et du peuple en liesse est assez exceptionnel :



Les cris des enfants qui couraient derrière lui, les rires des femmes qui sortaient leurs tissus, prêts depuis des mois, l'explosion de quelques pétards, les grognements des cochons, tout cela créait une ambiance de fête. P. 151

Balzac et la Petite Tailleuse chinoise de Dai SIJIE

A côté des personnages des garçons, il y a aussi une fille, la petite tailleuse chinoise. Alors que l'année 2016 célèbre le 60ème anniversaire du Planning Familial en France, son itinéraire permet de se remémorer les conditions de vie de femmes, certes du siècle dernier, mais c'était encore hier... Elle a bien mérité, elle aussi, de faire partie des "Simone" !

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2016-04-16T22:16:09+02:00

De ce pas de Caroline BROUÉ

Publié par Tlivres
De ce pas de Caroline BROUÉ
De ce pas de Caroline BROUÉ

Voici le 1er de la "douce" aventure... Je reviens prochainement avec une chronique !

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2016-04-16T06:00:09+02:00

Pour l'amour d'une île de Armelle GUILCHER

Publié par Tlivres
Pour l'amour d'une île de Armelle GUILCHER

Un petit bijou, ce roman, et une nouvelle fois, conseillé par Gérard COLLARD de la Griffe Noire, encore lui !


C'est un 1er roman mais pas dans la collection des 68 !!! Je suis en rodage avec celui de Armelle GUILCHER, sorti en 2014 !


Marine et Yves, son frère aîné, vivent avec leur grand-père. Leurs parents sont décédés quand ils étaient encore enfants. Nous sommes en 1960, le 25 décembre. Les jeunes se retrouvent pour fêter Noël ensemble. Une bouteille de whisky circule, Marie-Anne à l'air sainte-nitouche est mise au défi de goûter, elle boit à pleines gorgées et répond aux provocations du groupe sur l'existence d'un "amant". Un nom est rapidement prononcé, celui de l'Abbé Jaouenn. La nouvelle se répand dès le lendemain dans tout le village qui s'offusque du comportement de la jeune fille. Marie-Anne est l'amie de Marine, elle va être mise en quarantaine par ses parents le temps des vacances et reprendra l'école sous le poids de la honte. Marine, jeune fille désinvolte souhaite vivre son adolescence en toute indépendance, mais c'est sans compter sur la présence du Docteur Jaouenn, le médecin du village et frère de l'Abbé, qui semble accorder une importance capitale au sort de Marine qui n'a qu'une idée en tête, retrouver la terre de ses origines, cette île bretonne sur laquelle elle a vécu sa plus tendre enfance jusqu'à la mort de ses parents.


C'est un formidable roman construit sur un secret de famille que la jeune fille va découvrir malgré elle. Marine va mener son enquête sur les traces de la mort de son père d'abord, de sa mère ensuite. J'ai été très émue par sa quête et son parcours, un très beau portrait de femme !



Oublier c'était renier les raisons qui lui avaient permis de grandir, de s'aguerrir, de se façonner dans les deuils, les chagrins, pour finalement renaître, reconstruite, fortifiée, apaisée. P. 394

C'est aussi un très beau roman sur la vieillesse et sur ce que peuvent apporter les grands-parents et plus largement les anciens aux jeunes générations. La personnalité du grand père est particulièrement attachante, tout comme celle de la tante Lucie.



Je l'avoue volontiers. Je me plais en la compagnie des vieillards. Il se dégage d'eux une telle aura due à leur expérience, qu'il ne leur est pas utile de raconter, d'expliquer ou de démontrer, leur présence suffit à nourrir mon imaginaire. P. 75/76


C'est enfin un magnifique roman sur les îles bretonnes, le climat bien trempé de ces territoires où la nature offre un spectacle permanent :


[...] il y avait la mer, le vent, les oiseaux, mouettes et goélands qui criaient à longueur de journée, les bateaux qui quittaient le port ou y entraient. Tout cela lui remplissait la tête et les yeux. Elle avait l'impression d'un tableau en mouvement permanent et son attention était constamment en éveil. P. 246

Le portrait des îliens est non moins négligeable avec ce lien irrépressible à leur terre.



J'aime mon île. Chaque fois que j'y viens, j'éprouve des émotions pures et communie étroitement avec le décor environnant. Ici, je touche du doigt quelque chose qui, partout ailleurs, m'échappe, peut être une intégration totale, physique et intellectuelle, avec ce pays que j'admire par dessus tout. P. 67


La beauté des paysages et la solitude leur offrent un sentiment de plénitude :



Elle marchait sur une bande de terre, avec l'océan de part et d'autre. Et la sérénité qui émanait de ce paysage, simplement rythmé par la marée et le cri des mouettes, apportait au corps un bien-être si intense qu'il en était douloureux. P. 241


Mais n'allez pas croîre que ce sentiment soit à la portée de chacun. Gare à celui dont l'histoire pourrait bien l'en tenir éloigné.


Ce roman vient de sortir en poche, ne vous en privez pas, c'est un excellent choix !

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2016-04-15T10:29:48+02:00

Kinderzimmer de Valentine GOBY

Publié par Tlivres
Kinderzimmer de Valentine GOBY

J'ai rencontré Valentine GOBY l'année dernière au Salon du Livre de Paris. Elle m'avait alors dédicadé "Kinderzimmer". C'était une très belle rencontre avec un échange très spontané, naturel, joyeux.


Pourtant, depuis un an, je passe devant ma bibliothèque sans jamais me décider à me lancer dans ce roman.


Et puis, il y a quelques jours, je me suis dit que c'était son heure !


Nous sommes à la fin de la 2de guerre mondiale. En 1944, Mila, investie dans la Résistance pour le codage des messages via des partitions musicales, est arrêtée. Elle est incarcérée avec d'autres femmes à la Prison de Fresnes. Et puis vient le transfert vers Romainville et ensuite le camp de concentration de Ravensbrück. Aux côtés de sa cousine Lisette, elle découvre un univers où les femmes sont des mortes vivantes, leurs corps sont en lambeaux.


Alors que la vie de ces femmes ne tient qu'à un fil, une formidable envie de vivre les pousse à avancer...



[...] ce n'est pas la peur qu'elle voit, c'est une démente envie de vivre. P. 75



Tu voulais vivre. Tu n'iras pas te jeter contre les barbelés. Mourir maintenant ou plus tard ça ne t'est pas égal. P. 87




Vivre c'est ne pas devancer la mort, à Ravensbrück comme ailleurs. P. 88


Malheureusement, je n'irai pas jusqu'à la fin de ce roman. Les descriptions auront eu raison de moi. Depuis les plaies suintantes en passant par les corps meurtris, purulents, dégoulinant de de tous ce que les organes peuvent produire comme liquides aux odeurs insupportables, j'ai ressenti de telles nausées que je n'ai pas pu aller jusqu'au bout. Les scènes de la Kinderzimmer, cette maternité improvisée, et la mort irréversible de tous les nourissons dans des conditions inimaginables, m'ont fait refermer le livre, le coeur au bord des lèvres.


J'avoue ma faiblesse.


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2016-04-13T06:00:01+02:00

Le poids du papillon de Erri DE LUCA

Publié par Tlivres

Traduit de l'italien par Danièle VALIN

Le poids du papillon de Erri DE LUCA

J'ai découvert la plume de Erri DE LUCA récemment avec "Le jour avant le bonheur" et je replonge déjà avec "Le poids du papillon" cette fois.

Un tout petit roman de 81 pages pour changer des 593 pages de "Carthage" de Joyce Carol OATES, tout en légèreté à l'image du titre...

Je vous livre quelques citations pour vous mettre dans l'ambiance :


Sa mère avait été abattue par un chasseur. Dans ses narines de petit animal se grava l'odeur de l'homme et de la poudre à fusil. [...] Resté seul, il grandit sans frein ni compagnie. Quand il fut prêt, il partit à la rencontre de la première harde, défia le mâle dominant et fut vainqueur. Il devint roi en un jour et en duel. P. 11



L'homme en avait tué plus de trois cents. [...] L'homme avait déjà un certain âge, une grande partie de sa vie à monter braconner en montagne. P. 18/19


Vous l'aurez compris, ce roman relate le duel qui va opposer 2 maîtres, chacun dans son registre, le roi des chamois et le braconnier le plus redouté des Alpes Italiennes.


Ce roman est un condensé de poésie. La nature et les animaux y sont magnifiquement décrits. Les hommes, quant à eux, passent pour des ingrats, ceux par qui l'équilibre naturel devient si fragile.


Avec les hommes, le pire était de nouveau possible. P. 47

J'ai beaucoup aimé la manière d'Erri DE LUCA d'aborder la vieillesse, tout en finesse...


Vieillir et ne pas presser le pas [...] Les vieux doivent rallonger les temps de travail, alors que les journées raccourcissent en même temps que leurs forces. P. 47

Assurément un très beau roman !

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2016-04-12T06:00:23+02:00

Christine JORGENSEN, vous connaissez ?

Publié par Tlivres
Christine JORGENSEN, vous connaissez ?

Encore un, pardon, UNE femme croquée avec malice par Pénélope BAGIEU dans le blog "Les Culottées".

Quel parcours, quelle ténacité, quel prix payé pour pouvoir s'assumer !

Bravo Madame Christine JORGENSEN !

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2016-04-11T12:01:31+02:00

Carthage de Joyce Carol OATES

Publié par Tlivres

Traduit de l'anglais par Claude SEBAN

Carthage de Joyce Carol OATES

Quand vous passez devant le présentoir des Nouveautés à la Bibliothèque et que le dernier roman de Joyce Carol OATES vous tend les bras, impossible de résister bien sûr !!!

En route pour "Carthage" près de la réserve forestière de Nautauga dans l'Etat de New-York, au Sud du Saint-Laurent et de la frontière avec le Canada. Nous sommes en juillet 2005, Cressida, une jeune fille de 19 ans disparaît le jour où sa soeur, Juliet, a rompu ses fiançailles avec Brett Kincaid, soldat rentré blessé d'Irak. Une grande battue est organisée mais le corps de la jeune fille demeure introuvable. Dans la voiture de Brett, des traces de sang sont retrouvées, celui de Cressida. Il devient le suspect n° 1.

Je ne vous en dit pas plus au risque de vous dévoiler une partie des 593 pages de ce très grand roman de Joyce Carol OATES.

Pour celles et ceux qui connaissent le style de cette écrivaine, vous retrouverez un environnement marécageux dans lequel l'écrivaine aime vous transporter, de ces lieux humides particulièrement glauques.


C'était une partie de la rivière fréquentée par les pêcheurs, à la fois marécageuse et hérissée de rochers ; les empreintes étaient nombreuses entre les rochers, superposées les unes aux autres, remplies d'eau par une averse récente. P. 24

Côté personnages, vous retrouverez aussi des êtres au passé douloureux : les 2 soeurs entretenaient une rivalité connue de tous. Il y avait l'intelligente, Cressida, qui intriguait, et la belle, Juliet, qui attirait les amis et entretenait une relation amoureuse avec l'homme qu'elle devait épouser. Brett aussi a eu un parcours difficile. Mal en famille, il s'engage une douzaine de jours après les attentats qui ont frappé New-York le 11 septembre 2001 et se retrouve à combattre en Irak où la guerre ne va pas non plus l'épargner.

Côté forme, vous aimerez partir sur les traces de cette jeune fille et avancer au gré des indices savamment distribués au gré des chapitres de ce très bon roman.

Personnellement, j'aime la manière qu'à Joyce Carol OATES de disséquer la psychologie de ses personnages, d'étudier les motivations d'un engagement des Américains dans la guerre, garçons et filles, de nous faire entrer en prison pour y découvrir avec subtilité la différence entre une incarcération et un emprisonnement... et tout ça, dans la longueur. Les romans de Joyce Carol OATES ont cette caractéristique aussi de la longueur, 500, 600 pages à vous délecter en eaux sombres !

Je garderai en mémoire de « Carthage » cette relation exceptionnelle entretenue entre la mère de la victime et Brett Kincaid, emprisonné, et qui aurait pu être son gendre. J'ai été profondément touchée par leurs moments d’intimité :


Le temps qu'ils passaient ensemble étaient essentiellement silence. En les voyant dans le parloir, on aurait pu les prendre pour une mère et un fils liés par un chagrin singulier. Ce silence apportait un profond réconfort à Brett. A la façon d'un médicament si puissant qu'il ne peut passer d'un seul coup dans le sang, mais doit y être libéré lentement sur une période de plusieurs heures, plusieurs jours. P. 514


Il est de plus en plus difficile pour moi de décrire les romans de Joyce Carol OATES tellement je suis acquise à la cause. Ce que je peux vous dire simplement c’est qu’il s’agit toujours de page-turner. Ses thrillers sont originaux, singuliers, hors pair. Ils vous happent jusqu'aux dernières pages, toujours hautes en rebondissements !

Si vous ne connaissez pas encore, commencez comme moi avec "Les Chutes" (je suis encore assourdie par le bruit des Chutes du Niagara, c’est dire à quel point ce roman m’a marquée !) et puis enchaînez avec celui que vous voudrez...

La fille du fossoyeur

Mudwoman

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2016-04-07T06:00:49+02:00

L'imprévisible de Metin ARDITI

Publié par Tlivres
L'imprévisible de Metin ARDITI

Metin ARDITI, je l'ai rencontré sur le Salon du Livre de Paris en 2012. Il m'avait alors dédicacé "Le Turquetto", un grand moment de complicité pour un grand moment de littérature. J'avais aussi beaucoup aimé "Prince d'orchestre"


Je me suis donc laissée assez naturellement tentée par "L'imprévisible", édité en 2006.


Anne-Catherine fait partie de la haute société. Elle divorce et souhaite vendre un tableau. Elle fait appel à un professeur d'histoire de l'art à la retraite pour une estimation de la valeur de cette oeuvre. Guido Gianotti est son homme !


Ces deux êtres que tout oppose : les environnements sociaux, l'âge... vont être amenés à faire connaissance, se découvrir, s'apprivoiser, voire plus si affinités. Tout ça sur un fond artistique, la peinture florentine de la Renaissance, tout un programme !


Personnellement, je ne connaissais pas encore les oeuvres de Bronzino et pourtant, il a réalisé la fresque de la Chapelle d'Eléonore de Tolède ! Les découvrir par le biais d'un roman de Metin ARDITI est une formidable opportunité je dois bien le dire.


Je suis toutefois restée un peu sur ma faim avec ce roman. Est-ce parce que j'en attendais trop ? Est-ce parce qu'il a été écrit plus tôt dans l'itinéraire de Metin ARDITI ?


Dans tous les cas, j'ai passé un beau moment de lecture et je me replongerai avec plaisir dans un énième roman de cet auteur.


Vous en avez à me conseiller ?

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2016-04-06T21:02:26+02:00

Immense joie !

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Immense joie !

J'ai découvert aujourd'hui que je vais faire partie de cette formidable aventure.

Immense joie que de partir à la découverte de tous ces 1ers romans comme autant de 1ères fois...

L'année 2016 devrait être marquée par de très belles découvertes littéraires... nous les partagerons bien sûr !

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2016-04-05T12:43:46+02:00

Giorgina REID, une écologiste qui pourrait bien faire des émules...

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Giorgina REID, une écologiste qui pourrait bien faire des émules...

Grâce à Pénélope BAGIEU, chaque mardi, sur le blog "Les Culottées", on découvre des portraits de femme peu ordinaires et qui méritent d'être connues !

Giorgina REID fait partie de celles-là !

Présentée comme une gardienne de phare, elle a été beaucoup plus loin avec une initiative qui a montré ses résultats et qui mériterait d'être partagée avec le plus grand nombre pour lutter contre l'érosion qui grignote des territoires habités à vitesse grand V.

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2016-04-04T06:00:40+02:00

Nous sommes deux de Marianne RUBINSTEIN

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Nous sommes deux de Marianne RUBINSTEIN

Poursuivons sur le registre de l'amour avec le dernier roman de Marianne RUBINSTEIN, rencontrée sur le Salon du Livre de Paris !


Axel et Emma sont jumeaux. Lui est chef d'entreprise, elle est prof. Ils annoncent à leurs parents qu'ils se marient, tous les 2 le même jour ! Commence alors la construction d'une nouvelle famille... Axel présente Philippine de Langles, Emma David Cohen. Les préparatifs du mariage sont bien sûr parasités par d'autres événements, par des réminiscences de l'enfance et de l'adolescence, par des souvenirs douloureux de personnes décédées dont le manque se fait sentir, par la diversité des catégories sociales, par les religions...


Bref, je ne vous en dis pas plus car c'est justement la richesse de ce roman. Ce panel de personnages contraints de se côtoyer pendant une année donne à voir la société d'aujourd'hui avec ses plaisirs mais aussi ses contraintes, son formalisme... ce qui pourrait être une richesse peut devenir rapidement le poison des relations humaines !


Personnellement, j'ai été profondément touchée par l'itinéraire d'Emma, cette jeune femme qui va au bout de ses convictions, un très beau portrait.


J'ai adoré disséquer la gémellité, je ne la connais pas au quotidien et ce roman permet d'en donner une certaine approche.


Je vous livre l'un de ces extraits glissés en italique dans un calendrier bien rythmé entre le 22 septembre et le 26 octobre de l'année suivante :



S'il avait dû se comparer à Emma, Axel n'aurait pas insisté sur leurs similitudes. Au contraire, ils n'avaient ni le même tempérament, ni les mêmes goûts, ni les mêmes désirs. Pourtant, il était bien obligé de reconnaître que par des chemins différents, ils aboutissaient souvent au même endroit. Une force d'attraction secrète les faisait converger, qu'il imaginait comme un ruisseau souterrain où ils auraient été plongés à la naissance et dont le murmure les guiderait sans qu'ils en aient conscience. C'était cela, sa petite mythologie personnelle et intime. P. 107

J'ai apprécié la construction de ce roman. Je ne connaissais pas encore l'écriture de Marianne RUBINSTEIN mais je trouve très astucieuse l'idée de ces sursauts dans l'intimité des jumeaux au gré des préparatifs du mariage, outre la surprise bien sûr du "Nous sommes deux", les 2 en question n'étant pas ceux que nous pourrions imaginer avec l'image de couverture !


Faites comme moi, laissez-vous surprendre...

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2016-04-03T08:30:44+02:00

La patience des buffles sous la pluie de David THOMAS

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La patience des buffles sous la pluie de David THOMAS

Après la lecture choc du roman de Delphine BERTHOLON : "Les corps inutiles", j'ai eu envie d'un peu d'amour... et comme nous sommes dimanche, je pense que vous apprécierez aussi !

Sur les conseils de Noukette, je me suis laissée tentée par "La patience des buffles sous la pluie" de David THOMAS, un recueil de 69 nouvelles qui parlent d'amour. L'auteur soigne les détails !

Je ne suis pas très fan habituellement de ce genre littéraire, craignant la frustration à la lecture d'une chute qui intervient quelques pages, que dis-je quelques lignes seulement, après le lancement de l'aventure... mais je dois bien avouer que c'est peut-être là que l'on reconnaît le plus grand talent !


J'ai pris beaucoup de plaisir à déguster ces petites gourmandises.


Noukette nous en avait donné un petit aperçu avec "Recommandé", "Mots doux", "16224 minutes". Personnellement, j'ai choisi de vous livrer :



Je ne peux pas m'empêcher, au premier regard je projette. Aux premiers mots, je projette. Au premier coup de fil, je projette. Au premier rendez-vous, je projette. Au premier baiser, je projette. A la première nuit, je projette. J'envoie toujours le plus loin possible ce qui m'arrive. Comme pour me préserver, comme pour m'assurer que je vais vivre tant de temps tranquille, à l'abri, protégée, préservée de l'ennui, de moi-même et de cet emmerdement chronique qui me vibre dessus comme une onde. Parce que ça sert à ça, l'amour, à m'oublier, à ne plus m'entendre, à ne plus m'écouter, à ne plus me demander ce que je fous là à poursuivre une vie que j'ai un mal de chien à supporter toute seule. Ça sert à me remplir de quelqu'un d'autre que moi-même. Ça sert à me reposer de moi-même, l'amour.

Alors, on retourne sous la couette ?

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2016-04-02T15:08:42+02:00

Les corps inutiles de Delphine BERTHOLON

Publié par Tlivres
Les corps inutiles de Delphine BERTHOLON

Jamais 2 sans 3, c'est ce que dit le proverbe, non ? Et bien, je me mets en 4 (je suis en très grande forme !!!) pour le respecter à la lettre et me replonger, avec plaisir, dans l'univers de Delphine BERTHOLON.


Après "L'effet Larsen" et "Grâce", j'ai enfin mis la main sur "Les corps inutiles" en Bibliothèque !!!


Vous avez été très nombreux à publier sur la toile : Entre les lignes, Les carnets d'Eimelle, Bricabook, Ma collection de livres, Blablabla mia, Clara et les mots, Cultur'elle, L'insatiable Charlotte... et tous les avis sont élogieux. Epoustouflant !


Je ne vais pas dénoter avec ma chronique... Je vais même poursuivre cette chaîne en y ajoutant mon maillon !


Clémence est une jeune fille, elle a quinze ans, c'est la fin de l'année scolaire, il y a une fête organisée entre copains et copines. Après quelques menus arrangements avec la réalité pour convaincre les parents de donner leur accord pour cette sortie exceptionnelle, Clémence prend le chemin de la maison d'Amélie. Insouciante, elle profite de ce moment de liberté. MAIS bientôt résonne une voix :


Ne bouge pas, ne crie pas. Ou je te crève. P. 14


Je ne vous en dis pas plus de ce qui va se passer dans les minutes qui vont suivre, dans les heures, les semaines, les mois, les années... parce que le corps garde la mémoire de tous les instants, et de ceux marqués par une telle violence à un point incommensurable !


Delphine BERTHOLON dédie ce roman au corps, à son hypersensibilité, à sa fragilité mais aussi à sa capacité d'affirmer sa force, sa puissance. Le corps est singulier et donne à voir une personnalité, on imagine très aisément cette jeune fille rousse aux yeux vairons. Mais le corps est aussi composé de mille et une pièces comme autant de pores de la peau. Aller au-delà de l'apparence pour en comprendre ses subtilités, analyser ses symptômes, là commence toute une histoire !


Ce roman de Delphine BERTHOLON aborde une nouvelle fois la dimension mère/fille. Je me souviens encore de "L'effet Larsen", j'avais été profondément émue par la complicité établie par Nola avec sa mère, sombrant dans la dépression. Dans « Les corps inutiles », c'est un tout autre angle qui est pris. Clémence fait de sa mère la responsable de tous ses maux :



Elle lui en voulait, à sa mère.

C'était injuste, mais elle lui en voulait - d'habiter ce quartier où les hommes cherchaient à violer les jeunes filles, lui en voulait de l'avoir fabriquée ainsi, avec cette chevelure rousse et ce regard étrange qui excitait certains. Lui en voulait aussi de ne rien pouvoir dire, obligée de se taire pour garder un avenir, un peu de liberté, un ersatz d'existence. De l'aimer trop, sans la laisser grandir. De vouloir qu'elle soit quelque chose d'autre qu'elle-même, une sorte d'enfant idéale, obéissante, infaillible, fabriquée en tube et activée par télécommande. P. 68


Lorsqu'on est une mère, d'une fille de surcroît, on reçoit une claque magistrale avec ce roman. Alors que chaque mère est persuadée de donner le meilleur pour sa fille, ses preuves d'amour deviennent ici le poison de leur relation. Plus encore, la volonté de sécuriser l'itinéraire de son enfant devient son pire handicap pour se construire lui-même. Il est terrible de se voir reprocher ce qui pourrait paraître a priori comme une chance extraordinaire mais je comprends le propos et, poussé à l’extrême, je m’interroge sur les conséquences du contexte de violence actuel sur la jeune génération de demain. Ce roman est sorti un mois après les attentats de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, il n’en porte donc pas encore la trace indélébile. Depuis, nous avons connu ceux du 13 novembre 2015. Comment, en tant que parent, ne pourrions-nous pas être imprégnés collectivement de ce contexte et le répercuter sur notre progéniture que nous voulons à tout prix protéger ? Mais à quel prix justement, individuel celui-là ? C’est ce que nous fait mesurer l’écrivaine avec talent, sans aucune concession, à l’image de la lame du couteau qui effleure le corps de Clémence.


Ce roman va encore plus loin dans les effets collatéraux. Mère et fille, et plus largement parents/enfant, sont privés du dialogue et se retrouvent dans l'incapacité de mettre des mots sur ce qui s'est passé, alors même que la gravité des faits justifierait à elle-seule d'en parler. Comment aborder la réalité de la vie dans un tel contexte ?


Quoi qu'il en soit, nous étions tous bien protégés d'une chose : la vérité. P. 189

Qu'est-ce qu'un viol ? Qu'est-ce qu'un abus sexuel ? Qu'est-ce qu'une agression sexuelle ? Qu'est-ce que le harcèlement sexuel ? Depuis les actes collectifs, Place Tahrir au Caire en Egypte, à Cologne en Allemagne la nuit du Nouvel An, jusqu'aux actes individuels, personne n'est épargné, les filles comme les garçons, il suffit de s'intéresser à l'Eglise Catholique et aux actes de pédophilie qui ne cessent d'être dévoilés. Nul acte ne doit être négligé ni hiérarchisé, celui qui est le plus grave est celui, me semble-t-il, qui nous arrive, à charge pour l'environnement familial, les amis... d'aider la victime à soigner son âme, et son corps.


Et devant un tel tableau, comment réagir ? Et bien, Delphine BERTHOLON décide d'en rire (mais attention, avec cette écrivaine, le rire est jaune !). La revanche prise sur l'homme, sur les hommes, sur la société toute entière est ingénieuse. Je me suis laissée surprendre et c'est aussi le charme de la littérature, se laisser porter par une issue que l'on n'aurait pas soupçonnée...


Et même si Delphine BERTHOLON s'interroge sur l'humanité :


(Est-on encore un être humain, dans de telles conditions ? C'est quoi d'abord, l'humanité ?) P. 155


C'était déjà une question qu'elle se posait dans "Grâce"... elle lui fait encore un peu confiance en provoquant des rencontres inattendues mais ô combien précieuses sur le chemin de la résilience. J'ai été bouleversée par le personnage du policier et encore par ce jeune homme qui vit dans les arbres ! Vous voulez savoir pourquoi, et bien lisez "Les corps inutiles".


Ce roman est très dense. Chaque fois que j'y repense, j'y retrouve de petits détails qui sont autant de richesses.


Une nouvelle fois, je vais m'en souvenir très longtemps. C'est, je crois, la marque de fabrique des romans de Delphine BERTHOLON !

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