Traduit de l'anglais par Jean-René DASTUGUE
2ème tome d'une trilogie, après "L'île des chasseurs d'oiseaux"
Peter MAY, je l'ai rencontré sur le Salon du Livre de Paris 2015. L'homme est quelqu'un de singulier, un visage dont on se souvient à jamais, un timbre de voix reconnaissable entre tous... et ses livres, et bien, ils sont à son image !
Dans ce 2ème tome, Macleod prend sa retraite. Il est tout juste divorcé. Il retrouve sa terre natale, son île, pour commencer une nouvelle vie. Il envisage de restaurer la vieille bâtisse abandonnée de ses parents. Mais à peine vient-il de quitter la police qu'elle se rappelle à lui. Un cadavre est retrouvé dans la tourbière, le corps incroyablement préservé des marques du temps. Son ADN conduit directement les enquêteurs à la famille de Marsaili, son amour de jeunesse, et plus précisément à son père qui souffre de la maladie d'Alzheimer et dont l'épouse ne supporte plus la présence à domicile. Marsaili va devoir affronter des réalités qu'elle ne soupçonne pas encore. Macleod va la guider sur cette voie !
C'est de nouveau un très bon roman policier où le suspense vous prend à la gorge dès le prologue.
L'espace d'un instant, elle se retrouve égarée dans une mer d'incompréhension, puis la réalité la submerge et son cri est emporté par le vent qui fouette le visage. P. 9
J'ai adoré partir sur les traces de cet homme mystérieux, le père de Marsaili dont la fille croyait tout savoir. Concours de circonstances, les évènements se produisent justement à un moment où la mémoire se fragilise, les souvenirs s'envolent un à un, laissant les proches devant un vide abyssal que peut-être personne n'arrivera jamais à combler... Qui était cet homme ? Quel a été sa vie ? son enfance ? sa jeunesse ?
La maladie d'Alzheimer est particulièrement bien abordée avec ces moments de grand désarroi devant l'oubli et ces sursauts de grande lucidité. La plume de Peter MAY sur le sujet peut être très poétique :
Il était difficile de savoir ce qu'il pensait, ou ressentait, ou à quel point il était conscient de ce qui se passait autour de lui. Il était perdu quelque part dans un brouillard qui occupait son esprit. Peut-être, certaines fois, ce brouillard s'éclaircicait-il un peu, mais Fin savait qu'il y aurait aussi des moments où il retomberait comme une brume d'été et obscurcirait toute clarté et toute raison. P. 57
Je suis personnellement très sensible aux parfums et à la réminiscence des souvenirs qu'ils engendrent. J'ai été troublée à la lecture de ce passage :
Au moment où il était entré dans la maison , il avait été saisi par ce parfum de roses qui avait toujours accompagné la mère de Marsaili. Cela fit surgir en lui un flot de souvenirs. P. 108
C'est un très beau roman sur la vieillesse aussi et le temps qui passe :
Lorsqu'on est jeune, une année vous semble être une partie importante de votre vie et on a l'impression qu'elle dure éternellement. Quand on est âgé, il y en a tant qui sont passées que celles qui restent défilent trop vite. P. 70
Enfin, j'ai beaucoup aimé me retrouver en territoire insulaire. Là où le climat est hostile, là où les hommes et les femmes partagent une communauté comme nulle part ailleurs... Cette lecture m'a rappelé "Pour l'amour d'une île" de Armelle GUILCHER, "La mémoire des embruns" de Karen VIGGERS, "Une vie entre deux océans" de M.L. STEDMAN, "Churchill m'a menti" de Caroline GRIMM... tous des coups de coeur !
Je me plongerai avec plaisir dans le 3ème et dernier tome de la trilogie écossaise : "Le braconnier du lac perdu".