Le Book club a encore frappé ! C'est à lui que je dois cette nouvelle lecture d'un roman de Maggie O'FARRELL cette année. Après "Hamnet", place au roman autobiographique de l'écrivaine britannique : "I am, I am, I am".
La narratrice est depuis sa plus tendre enfance éprise de liberté. Mais depuis toujours, son corps s'est mis en tête d'entraver son itinéraire. Victime d'une encéphalite, elle a vécu un an en fauteuil roulant. A 18 ans, elle plaque tout. Elle vit dans une caravane et travaille à l'hôtel de montagne. Lors d 'une pause, elle décide de randonner près du lac noir. Elle y rencontre un homme, étrange. Elle aura le réflexe de retirer immédiatement la lanière des jumelles qu'il vient de lui passer au tour du coup. Elle doit sa survie à ce geste instantané, ce réflexe presque animal d'échapper à un prédateur. Deux semaines plus tard, une jeune femme de 22 ans y sera retrouvée morte, violée, étranglée et enterrée dans un fossé.
Cette histoire date de 1990. C'est la première relatée par Maggie O'FARRELL mais elle s'inscrit dans une série de 17. Tout au long du roman, vous allez vibrer avec elle, vivre des moments de peur intense, souffrir dans votre chair, frissonner, et puis, apprécier ce soulagement de voir que la vie continue.
Maggie O'FARRELL raconte 17 périodes de sa vie où tout aurait pu basculer et choisit de prendre la plume pour les décrire :
L’expression qui est apparue sur son visage était celle d’un choc si profond, si viscéral, que j’ai su alors que plus jamais de ma vie je ne la raconterais, du moins oralement. P. 28
En numérologie, le nombre 17 fait partie de vos alliés. En chinois, il est dit comme chanceux, porteur d'espoir. C'est aussi un nombre qui représente la force, la confiance en soi. Nul doute que Maggie O'FARRELL est née sous une bonne étoile pour avoir résisté à toutes les agressions de ce corps qu'elle nous apprend à minutieusement décrypter. Comme j'ai aimé l'aborder d'un point de vue clinique et le voir mis à l’épreuve. Ce roman, c’est un hymne à la vie.
Ce livre, c'est aussi une oeuvre d'art. Il y a la première de couverture que je trouve sublime, ce papier glacé bleu turquoise sur lequel est dessiné un coeur, rouge, puissant, avec des vaisseaux sanguins représentés comme des plantes, une branche avec des feuilles, rouges aussi, une fleur d'oeillet, un arbre mort. Vous découvrirez dans le roman une continuité, en monochrome cette fois. Chaque chapitre est associé au nom d'une partie du corps et fait l'objet d'un dessin d’anatomie.
Revenons à la couleur rouge, souvent associée au sang, la matrice, la source de la vie. Disons que ce roman a une signification particulière pour moi, il résonne avec une réalité toute personnelle. Le titre, "I am, I am, Iam", une expression monosémique (j'ai découvert le terme !), empruntée à Sylvia PLATH et extraite de "La Cloche de détresse" résume à elle-seule l'année 2023 qui s'annonce comme une année de tranmission...
Enfin cette phrase qui résume tout ce que j'aimerais crier à la terre entière :
Je n’étais mère que depuis dix minutes lorsque j’ai rencontré cet homme, mais il m’a appris, par un simple geste, l’une des choses les plus importantes sur le rôle de parent : qu’il faut de la gentillesse, de l’intuition, du toucher, et que, parfois, il n’y a même pas besoin de mots. P. 89
Un immense merci au Book club pour cette référence. Retrouvez toutes les autres...