Nouvelle référence du Book club, "Le Roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN. Nous avons l'immense chance d'avoir une représentation de Vleel dans notre équipe, alors, de là à nous faire adorer la littérature quebécoise, vous comprendrez qu'il n'y a qu'un pas !
Le narrateur, un écrivain, vit à la campagne avec sa femme, Livia, son chien, Pablo, son chat, Lennon. Et puis, il y a son frère, schizophrène, dont il partage les tribulations, pour le meilleur comme pour le pire.
Au fil de 63 chapitres d'une, deux ou trois pages, Jean-François BEAUCHEMIN égrenne le quotidien d'un aidant, entendez par là une personne qui partage le quotidien d'une autre, l'accompagne dans sa vie, lui porte assistance, un travail à temps plein quoi !
Le propos, bien qu'empreint de lucidité et de transparence sur les évènements, est profondément lumineux.
Des exemples, j'en aurais mille. Mais je vais retenir cette merveilleuse image, le roitelet, pour décrire son frère :
A ce moment, je me suis dit pour la première fois qu'il ressemblait avec ses cheveux courts aux vifs reflets mordorés, à ce petit oiseau délicat, le roitelet, dont le dessus de la tête est éclaboussé d'une tâche jaune. Oui, c'est ça : mon frère devenait peu à peu un roitelet, un oiseau fragile dont l'or et la lumière de l'esprit s'échappaient par le haut de la tête.
Le "je" employé dans la narration vient renforcer la proximité établie tout au long du roman avec les personnages. J'ai eu l'impression, le temps de cette lecture, de vivre au milieu d'eux, dans leur maison et puis dehors.
Les descriptions de la nature sont prodigieuses. Elles sont autant d'invitation à s'y ressourcer pour s'apaiser.
Et puis, il y a la poésie qui teinte les mots. Jean-François BEAUCHEMIN use d'une plume tendre et délicate pour explorer les tréfonds de l'âme, là, chahutée par la maladie mentale.
Pendant quatre ou cinq secondes, j’ai senti s’emballer le sismographe de mon coeur et décrire l’affolant tracé d’un tremblement de terre. P. 111
Il y a encore ce rapport à l'Autre dans ce qu'il a de plus beau, de plus riche, de plus grand à nous offrir. Il questionne tout au long de ce 23ème roman notre place au monde.
Il me semblait que ma vie s’éclairait, que la naissance à laquelle j’avais participé de si près m’aidait à prendre ma mesure, à établir un ordre de grandeur quant à la place que je me préparais à occuper dans le monde. P. 10
J'ai été profondément émue par l'absence de jugement du narrateur sur les comportements de son frère, s'émancipant de fait des conséquences. Leur complicité est absolument fabuleuse. Tous deux sont profondément attachants dans ce qu'ils expriment. Et quelle plus belle preuve d'amour ?
S’il me faut absolument être un autre que moi-même, annonça-t-il, c’est à toi que je veux ressembler. P. 106
Le roman de Jean-François BEAUCHEMIN va vous serrer le coeur, j'en suis sûre.
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"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX
Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE
Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN
"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT
"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON
"Ultramarins" de Mariette NAVARRO