Photo du livre d'Alexandra KOSZELIK, en toile de fond mon tee-shirt, un cadeau offert par ma fille elle aussi passionnée de littérature, il y est écrit : "L'écriture c'est le coeur".
Alexandra KOSZELYK, je crois que tout ce qu'elle écrit me fait vibrer !
Il y a eu "À crier dans les ruines", "La dixième muse" et "L'Archiviste", tous des romans adultes Aux Forges de Vulcain que j'ai adorés, et puis "Le sanctuaire d'Emona", un roman jeunesse de la Collection R de Robert Laffont, un coup de ❤️
Si je connais depuis longtemps Alexandra, je l'avais interviewée pour T Livres ? T Arts ? à la sortie de son 3ème roman, et plus récemment au 122 dans le cadre des soirées littéraires de l'association Les Bouillons, jamais, non jamais je ne serai allée sur un terrain intime que je soupçonnais douloureux.
Mais là, c'est Alexandra KOSZELYK qui prend la plume pour nous livrer un texte très personnel. Elle nous apprend le décès de sa mère dans un accident de voiture duquel elle a survécu avec son frère. Leur père mourra de ses blessures quelques jours plus tard. Elle n'avait alors que 8 ans. Si tous se sont évertués pendant son enfance à lui cacher la vérité, c'était pour mieux lui donner à la quarantaine l'opportunité de se délivrer d'un texte profondément émouvant, un texte qui s'est subitement imposé à elle, lors d'une résidence d'écriture sur sa terre natale. Elle a ressenti un irrépressible besoin d'écrire sur son histoire.
À l'image de "L'Archiviste", roman écrit d'une traite les jours qui ont suivi l'invasion de l'Ukraine en février 2022, "Pages volées" a mûri au fond d'elle pour surgir tel un souffle, une respiration après une phase d'apnée.
[...] déposer mes mots est une manière de reprendre la barre de ma navigation, de faire avec la houle de mes souffrances d'enfant, non contre elle. P. 33
Tour à tour roman (d'autofiction), recueil de poèmes, ce texte construit comme un journal intime, devient au fil des pages un essai autour de la littérature, la lecture
Le lecteur est celui qui se dénude au moment d'entrer dans un sanctuaire. Il est avide de découvertes. En refermant le livre, il portera de nouveaux habits, sera allé à la rencontre d'autres vies, d'autres histoires, et portera vers l'autre le regard d'un ami. P. 85
et l'écriture.
Travailler, effacer, raturer, s'étendre, se restreindre, couper, remettre. Arriver à la phrase qu'on trouve juste, passer sur d'autres en pensant qu'elles le sont, sans être certain qu'elles le soient, avoir l'oeil de l'éditeur, mais aussi de ses proches, amis, lecteurs, en discuter avec d'autres... P. 178
Elle creuse le sillon de ce qui forge sa plume. Ce texte protéiforme transcende les limites des registres littéraires (ce qui prouve bien qu'elle peut exceller dans tous !) pour tisser les fils de son existence et révéler la femme qu'elle est devenue aujourd'hui, l'écrivaine, une oeuvre se constituant progressivement...
Survivre, c'est vivre deux fois. Pour moi. Et pour eux qui ne le pouvaient plus. P. 41
Parce que tout mérite d'être expliqué (les avides de synchronicités vont être servis !), Alexandra KOSZELYK dévoile ce qui l'a construit à travers les richesses de la langue, qu'elle soit orale, écrite, celle des livres et celle des éléments (la mer, la forêt, la nature quoi !)... elle fait feu de tout bois pour nous offrir un livre lumineux (n'est-elle pas solaire !), empreint d'espoir, avec cette quête de laisser une trace de ses sentiments, ses doutes, ses convictions aussi.
Chaque mot est un barreau d'échelle qui m'élève, là où la réalité fait de moi une orpheline. P. 91
Il y est question d'origines, d'identité, de transmission intergénérationnelle, Alexandra KOSZELYK écrit sur la vie. David MEULEMAN sont éditeur ne s'y est pas trompé, ce texte (il a décidé de ne publier que celui-là à la rentrée littéraire), il est fort, il est poignant tout en étant puissant, c'est un inclassable, un livre qui vous marque "À la vie à l'amor" (aphorisme emprunté à Miss. Tic). C'est ma #vendredilecture !