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Articles avec #t une femme catégorie

2024-03-19T07:00:00+01:00

Bakhita de Véronique OLMI

Publié par Tlivres
Bakhita de Véronique OLMI

Coup de ❤️  pour le roman de Véronique OLMI : « Bakhita » découvert grâce au Book club, bonne pioche. C'est aussi l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'illustratrice, Cristina SAMPAIO.

 

Ce roman, édité chez Albin Michel et maintenant Le livre de poche, lauréat du Prix FNAC 2017, relate la vie d’une femme au destin aussi effroyable que fascinant.

 

À l’âge de 7 ans, dans son village du Darfour, sa soeur, Kishmet, venue rendre visite à ses parents, est razziée. Elle est enlevée par des négriers qui mettent le feu au village pendant que les femmes battent le sorgho et les hommes cueillent les pastèques. Nous sommes dans les années 1870. Ces pratiques sont courantes. D’autres encore sont à l’oeuvre. Celle qui deviendra Bakhita est chargée avec son amie de mener les vaches à la rivière. En chemin, elles rencontrent deux hommes qui guident la plus belle vers un bananier. C’est là que sa vie bascule. Elle est vendue à des négriers musulmans et destinée à l’esclavage. Les femmes, les enfants, sont emprisonnés, ils sont ensuite enchaînés puis emmenés à travers le pays pour rejoindre les grands marchés. Bakhita est achetée à El Obeid, là elle va vivre l’enfer pendant plusieurs années jusqu’à ce que les « propriétaires » en difficultés financières ne décident de vendre ceux qu’ils battent à mort. Bakhita croise le chemin d’un consul italien, Signore Legnani, qui l’achète pour l’affranchir. Commence alors pour elle une nouvelle vie !

 

Ce roman est l’odyssée d’une femme qui aurait pu mourir chaque jour des mauvais traitements qu’elle subissait depuis sa plus tendre enfance. Elle poussera pourtant son dernier souffle à l’âge de 78 ans.

 

La première partie du roman est insupportable d’inhumanité. Elle relate cette page de la grande Histoire de l’Afrique qui torturait ses congénères et marchandait la vie des êtres parmi ses matières premières. Si la littérature évoque la traite négrière transatlantique, je n’avais encore jamais lu sur ce que Tidiane N’DIAYE, anthropologue, dénomme « Le génocide voilé » dans son livre éponyme. C’est rien de moins que l’extermination de tout un peuple subsaharien par les arabo-musulmans qui est abordé dans le roman de Véronique OLMI, qu’elle soit honorée pour le devoir de mémoire auquel elle concourt. 

 

À travers cette biographie, c’est aussi la force de la générosité que l’écrivaine encense. L’existence de Bakhita est marquée par toutes celles à qui elle a tenu la main pour continuer d’avancer, qu’il s’agisse d’enfants comme elle, condamnées à l’esclavage, ou plus tard de ces petites filles orphelines accueillies par les religieuses italiennes. Son corps conservera à jamais les traces des sévices qu’elle a subis, son esprit, lui, l’empreinte des déchirements liés aux séparations.

 

Et puis, il y a la révélation de la foi, religieuse, catholique, comme une nouvelle forme d’espoir dans un pays occidental qu’elle apprend à découvrir. 

 

J’ai été frappée par sa façon singulière de s’approprier le monde, où qu’elle soit, avec qui elle soit, comme un appel aux sens en l’absence de la maîtrise de la langue. 


Elle ne comprend pas la phrase, elle comprend le sentiment. Et c’est comme ça que dorénavant elle avancera dans la vie. Reliée aux autres par l’intuition, ce qui émane d’eux elle le sentira par la voix, le pas, le regard, un geste parfois. P. 53

Malgré les apprentissages aux couvents, Bakhita rencontrera toute sa vie des difficultés dans l’expression orale et la lecture. 

 

Parce que le hasard des lectures construit parfois des ponts en littérature. Comme chez  « Oma », il y a chez Bakhita la force de l’humour. Quelle plus belle distinction !


[…] ils donnent à la honte un peu de dignité. Bakhita apprend cela, qu’elle gardera toute sa vie comme une dernière élégance : l’humour, une façon de signifier sa présence, et sa tendresse aussi. P. 46

Vous ne le savez peut-être pas encore mais Bakhita est cette femme béatifiée et canonisée par le Pape Jean Paul II. Elle est déclarée sainte en 2000.

 

Ce roman historique est absolument prodigieux. Il rend grâce à une femme remarquable de bonté qui honore tout un peuple. 

 

Je ne connaissais pas encore la plume de Véronique OLMI, elle est juste captivante. Mon #Mardiconseil est un coup de ❤️

Retrouvez les références du Book club :

Le royaume désuni de Jonathan COE

Le roitelet de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

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2024-01-15T07:00:00+01:00

Helen K., texte et mise en scène d'Elsa IMBERT

Publié par Tlivres
© Pascale Cholette

© Pascale Cholette

Ma #lundioeuvredart c'est un spectacle vivant, un hommage rendu à « Helen K. » avec un texte et une mise en scène d'Elsa IMBERT, librement inspirés de la vie d’Helen KELLER.

Le Théâtre Le Quai d'Angers a eu la très belle idée de le programmer à l'attention notamment du jeune public (+ 8 ans).

Après "La belle lumière" d'Angélique VILLENEUVE, très beau roman relatant la vie d'une femme EXTRAordinaire, j'ai découvert une parfaite interprétation des différentes phases de la vie d’Helen KELLER. C'est toujours troublant de voir des images se superposer sur le film que je m'étais moi-même créé à sa lecture. Je suis tombée sous le charme.

D'abord, il y a le décor, quelques accessoires et la présence de la nature, un élément qui m'avait profondément touchée dans le livre. Je me souvenais de ces passages où Helen arpentait les allées de rosiers de la propriété familiale. On doit la qualité du travail aux Ateliers de La Comédie de Saint-Etienne.
 

Et puis, il y les prestations artistiques de chacun, chacune.

Marion LUCAS, danseuse, nous offre une performance dans sa représentation du handicap. Helen KELLER va effectivement tomber malade à l'âge de 18 mois. Une scarlatine est diagnostiquée. Elle est traitée. Repartie comme elle était arrivée, elle laisse l'enfant aveugle et sourde. J’ai été frappée par l’évolution du « langage » du corps au fil des apprentissages d’Helen et de sa capacité à communiquer avec son entourage. Au début, saccadé et violent, atterrissant souvent à plat ventre, au sol, traduisant l’abandon. A la fin, maîtrisé et paisible, debout, témoignant de son harmonie avec le monde extérieur.

Cette pièce est pleine d'espoir. Elle donne à voir l'évolution d'une enfant considérée comme « un zombie » jusqu'à son intégration à l'Université d'Harvard grâce à la langue des signes. Mais puisqu'elle est aveugle, me direz-vous, comment est-ce possible ? Annie SULLIVAN, son éducatrice, expérimente avec Helen la méthode du Docteur ANAGNOS de l’Institut Perkins, une langue des signes qui passe par le toucher, les lettres qui composent les mots sont formées avec les doigts. 

Dans le rôle d’Annie SULLIVAN, la comédienne, Noémie PASTEGER, de la Comédie Française, nous offre une représentation de ce qu’ont pu vivre Helen KELLER et Annie SULLIVAN ensemble, depuis la phase d’apprivoisement jusqu’à la phase d’exclusive complicité. 

Bien sûr, ce spectacle me rappelle mon sujet de philo au bac : « le langage ne sert-il qu’à parler ? ». Nul doute que quelques jours après cette formidable soirée, je pourrais en écrire quelques copies doubles ! J’y évoquerai comme Elsa IMBERT « la transformation de la perception du monde ».

Et puis, cette pièce, c’est aussi un formidable média pour faire évoluer le regard sur les enfants « différents ». Les enfants, ils étaient nombreux dans la salle, des très jeunes avec parents et/ou grands-parents, d’autres accompagnés par des professeurs. Nul doute qu’ils évoquent aujourd’hui cette soirée avec ce qu’ils en ont perçu et qu’un pas, conscient ou inconscient, a été franchi dans leur manière de percevoir et « accueillir » l’autre. Tout est affaire d’éducation et dans ce champ, les arts ont toute leur place. Mission accomplie vendredi grâce au travail aussi d’Elsa IMBERT qui a imaginé, outre l’intervention d’une danseuse et d’une comédienne, d’un conteur, un homme qui incarne de nombreux personnages en réalité, soit en les jouant, soit en faisant un pas de côté pour les observer et traduire leurs pensées. Dans le rôle, Stéphane PIVETEAU excelle.

Je suis sortie de ce spectacle émerveillée par la qualité de la représentation. Je suis rentrée chez moi aussi avec cette pensée que tout est toujours possible, même les désirs les plus fous. Souvenons-nous, Helen KELLER fut la première personne handicapée diplômée de l’université. L’optimiste que je suis a parfois besoin d’une petite piqûre de rappel ! Qu’elle était belle 🥰 


L’amour, n’est-ce pas cela ? - L’amour, dit-elle, est quelque chose de subtil comme les nuages qui, tout à l’heure, voilaient la face éclatante du soleil. Puis, en termes plus simples, car je ne pouvais comprendre ceux-là : - Vous ne pouvez toucher les nuages mais vous sentez la pluie et vous savez quelle est, après un jour de chaleur, son action bienfaisante sur les fleurs et la terre altérées. L’amour, non plus, vous ne sauriez le toucher ; mais vous sentez de quel charme il pénètre les choses. Sans l’amour vous ne connaîtriez pas la joie, vous ne prendriez au jeu aucun plaisir.

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2023-03-21T21:50:11+01:00

Requiem Poème sans héros et autres poèmes de Anna AKHMATOVA

Publié par Tlivres
Requiem Poème sans héros et autres poèmes de Anna AKHMATOVA

Gallimard

Anna AKHMATOVA (pseudo de Anna GORENKO), je l’ai découverte avec « L’Archiviste » d’Alexandra KOSZELYK. C’est une poétesse qui, pendant 20 ans, est allée faire la file d’attente d’une prison en quête de son fils.

 

Et là, en ouvrant le recueil de poésie de Diglee, "Je serai le feu", que vois-je ? Un texte d'Anna AKHMATOVA.

 

Je cherche quelques informations sur cette poétesse et découvre qu'elle est née à Odessa le 11 juin 1889 et décédée le 5 mars 1966.

 

Je lis que cette femme, née dans un milieu bourgeois, a fait l'objet de persécutions du régime stalinien à partir de 1917. 

 

Assoiffée de liberté, rebelle, définie comme réactionnaire par le parti au pouvoir, elle choisira de rester sur la terre qui l’a vue naître. 

 

Elle résistera par ses vers, parfois lus devant ses amis et appris pendant la nuit, brûlés au petit jour pour ne laisser aucune trace compromettante.

 

J'aime les femmes fortes, les femmes qui défendent des causes communes.

 

Et puis, je voue une admiration sans borne aux femmes qui résistent avec leur crayon, qui écrivent pour dénoncer, qui décrivent avec leurs mots l'ignominie des hommes qui continue de sévir.

 

Alors quitte à présenter sa poésie, autant proposer un recueil complet : « Requiem Poème sans héros et autres poèmes » dont la structuration varie dans le temps :


Mais il faut noter que, dès ses débuts, elle n’a cessé d’une édition à l’autre, de remanier ses recueils : l’ordre des poèmes, leur groupement en cycles, tout était sujet à changer. P. 12

Pourquoi ? Pour déjouer les affres du pouvoir qui cherche dans ses écrits ce qui pourrait la faire tomber. Il la condamnera dans les années 1920 puis en 1946. 

 

Ce livre regorge de poèmes, des courts, des longs. Je pourrais vous en citer tant… mais il me semble que celui-là s’impose de lui-même aujourd’hui :


Printemps. Le matin est ivre de soleil,
Plus net le parfum des roses sur la terrasse,
Le ciel a plus d’éclat qu’une faïence bleue.
Le cahier est relié en maroquin très souple,
J’y lis ses stances et des élégies,
Qui furent écrites pour ma grand-mère.

Je vois le chemin jusqu’à la grille, les bornes
Se détachent en blanc sur l’émeraude du gazon.
Oh ! Ce coeur est plein d’un amour exquis, aveugle.
Et quelle joie ! Ces couleurs dans les massifs,
Et dans le ciel le cri aigu du corbeau noir,
La voûte du cellier au profond de l’allée.

Ces quelques lignes sont extraites du Chapitre « Tromperie » dédié à M.A. ZMUNCHILLA. Nous sommes en 1912.

 

En naviguant sur internet, j’en ai trouvé une version animée…

Avec ce recueil, je coche la case 4 du challenge #marsaufeminin de Flo and Books, j’assure la mémoire d’une poétesse 🙌

 

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2023-03-19T07:00:00+01:00

Les p'tites jolies choses de Joyce JONATHAN

Publié par Tlivres
Les p'tites jolies choses de Joyce JONATHAN

Ma #chansondudimanche, vous allez peut-être la mettre en boucle toute la journée, c'est finalement tout le bonheur que je vous souhaite.

Je l'ai extraite du registre musical de Joyce JONATHAN, une jeune femme, française, artiste, autrice, compositrice, pianiste, guitariste... de quoi décliner #marsaufeminin tout en beauté.

Sa chanson, c'est un texte qui ressemble un peu à "La première gorgée de bière" de Philippe DELERM. Ses paroles magnifient "Les p'tites jolies choses" qui ne retiennent plus notre attention dans la vie trépidante que nous menons chaque jour et qui sont pourtant l'essentiel.

Ce titre c'est une invitation à s'arrêter quelques minutes, se poser et savourer. Avouons que ça a du charme, non ?

Et puis, ce que j'aime, c'est le rythme, il me vient l'envie de danser en cuisine... c'est entraînant. N'oublions pas que le bonheur passe aussi par le corps !

Il y a enfin la voix de l'artiste, douce, joyeuse et réjouissante.

Et puis encore, la musique. Mais là, écoutez !

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2023-03-19T07:00:00+01:00

Drumming de Anne Teresa DE KEERSMAEKER

Publié par Tlivres
Drumming de Anne Teresa DE KEERSMAEKER

Anne Teresa DE KEERSMAEKER était invitée par le CNDC dans le cadre du Festival Conversations pour son spectacle « Drumming » donné au Théâtre Le Quai d’Angers.

Parlons du spectacle, de la danse contemporaine donc.

Tout commence avec un solo, une femme en robe blanche, une veste légère, fluide, blanche aussi, teintée d’orange. Elle se fond parfaitement dans le décor mais c'est sans compter sur l’énergie du mouvement, une première performance qui en appelle progressivement d’autres. Des danseurs la rejoignent, un à un, deux à deux, jusqu’à se retrouver une douzaine.

Outre la beauté des gestes, j’ai été frappée par la mise en scène épurée et le rythme trépidant.

Mais plus que tout, c’est le jeu des couleurs, un spectacle en monochrome. Il y a du noir et du blanc, du tout blanc, du tout noir, dans les vêtements mais sur les peaux aussi.

En écrivant ces quelques lignes, il me vient cette idée que Dany LAFERRIERE pourrait aimer ce spectacle, cette mixité des hommes et des femmes, des Blancs et des Noirs, à se côtoyer, à s'animer, à faire corps comme nous aimerions que l'Humanité puisse le faire.

Petite parenthèse, je reviens au spectacle.

L’ensemble est judicieusement composé et vitaminé par quelques touches d’orange, en harmonie avec le décor : un sol, orange, avec quelques rouleaux installés sur les côtés, au fond, un très grand mur, blanc. Il y a du peps.

Et puis, il y a la musique, les percussions de Steve REICH qui viennent rythmer les allées et venues des danseurs, des sons répétés à l’infini pour accompagner les lignes droites, obliques et arrondies, tracées par les corps. 

Loin des canons de la danse classique, à l’opposé des cheveux tirés à quatre épingles dans des chignons serrés des femmes, là les chevelures volent au vent, libérées. Elles renforcent la puissance du mouvement. 
Ce spectacle est audacieux et parfaitement réussi, il est d’une grande beauté. C’est le fruit du travail de Anne Teresa DE KEERSMAEKER, chorégraphe belge, et sa compagnie, Rosas.

Il m'a beaucoup fait penser au film "En corps" de Cédric KLAPISCH et Santiago AMIGORENA.

Je crois que j'aime profondément le genre. Je ne pourrais sans doute pas l'expliquer avec des mots mais il me fait vibrer.

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2023-02-08T07:00:00+01:00

Quand une autrice se livre... portrait de Marie CHARREL

Publié par Tlivres
Copyright Audrey DUFER

Copyright Audrey DUFER

Marie CHARREL, j'ai découvert votre talent avec votre roman "Les Danseurs de l'aube", un énorme coup de cœur, et puis, le dernier sorti, "Les Mangeurs de nuit", m'a de nouveau transportée.

Tout d'abord, je tiens à vous remercier de m'accorder un peu de votre temps précieux pour répondre à quelques-unes de mes questions.

Donc, comme je l'évoquais, votre roman, "Les Mangeurs de nuit" publié aux éditions de l'Observatoire, est sorti en librairie tout début janvier. Si vous deviez nous le présenter, qu'en diriez-vous ?

« Les Mangeurs de nuit » évoquent la rencontre entre deux solitaires, Hannah et Jack, au cœur des forêts de Colombie britannique – une rencontre bercée par les mythes et le rapport à la nature. Hannah et Jack ont en commun d’avoir derrière eux un passé difficile, lié aux tourments de l’Histoire. Pour Hannah, il s’agit de l’immigration japonaise en Amérique du Nord, et pour Jack, de la tragédie des Amérindiens. Ils partagent également une même connexion au « monde sensible » et sauront s’apprivoiser grâce à cela, malgré leurs différences. Les légendes sont très présentes au fil du récit, tout comme la figure de l’ours. Elles tissent un lien entre les histoires d’Hannah et Jack.

 

La vue du bureau de Marie CHARREL, là où elle a écrit une grande partie de son dernier roman

 

Ce roman est historique. Il témoigne d'une page du début du XXème siècle de la grande histoire nord-américaine. Nous sommes au Canada dans la province de la Colombie-Britannique. Pourquoi explorer cette migration japonaise ?

Le roman s’est d’abord construit autour de Jack, un « compteur de saumon » : son travail est de remonter les cours d’eau afin de compter - littéralement- les saumons à la haute saison. Ces informations, récoltées par 150 autres comme lui, permettent au autorités canadiennes d’établir les quotas de pêche.

La région où il vit, la Colombie Britannique, est aussi celle où les immigrés japonais ont, durant la Seconde guerre mondiale, été enfermés dans des camps d’internement : suite à Pearl Harbor, le gouvernement, calquant sa politique sur celle des Etats-Unis, redoutait que certains soient des espions à la solde de Tokyo. Il s’agissait bien sûr de simples travailleurs, souvent là depuis deux générations, et relativement peu nombreux… 

Mêler ces deux histoires m’est très vite apparu comme une évidence : la concordances des lieux l’imposait.

La migration, c'était également un thème scruté dans "Les Danseurs de l'aube" avec les Roms condamnés à abandonner leur logement social en Hongrie. Qu'avez-vous à nous dire ?

On réalise souvent a posteriori qu’un thème traverse plusieurs livres ! Sans prétendre que l’histoire ne cesse de se répéter -elle ne le fait jamais à l’identique-, il est frappant de constater que lors des périodes de crise, en particulier économique, c’est sur les immigrés, les étrangers ou les personnes considérées comme telles que les crispations se concentrent. Ils servent de bouc-émissaires, sont ostracisés. Ces résurgences de l’intolérance est terrifiante. L’actualité ne manque hélas pas d’exemples, quel que soit le continent. En la matière, il n’y a aucun progrès, il est impossible d’avoir la certitude qu’une page est tournée pour de bon.

Et puis nous restons sensiblement à la même époque. Que représente pour vous cette période ? Qu'est-ce qu'elle vous inspire ?

Cette période est un concentré de tout ce que la nature humaine est capable de produire en termes d’horreur et de cauchemardesque, mais aussi de courage, de résistance et de don de soi. C’est un terreau romanesque très fort lorsque l’on tente d’ausculter la nature humaine, justement.

D’un point de vue personnel, mon arrière-grand-tante, connue sous le nom d’artiste de Yo Laur, a été déportée à Ravensbrück après une vie de peintre et d’aventurière. Elle a réalisé des dessins dans le camp, qui ont pu être miraculeusement sortis. Nous les avons retrouvés. J’ai tenté de retracer son destin dans un livre précédent (« Je suis ici pour vaincre la nuit », chez Fleuve Editions) et pour ce, j’ai passé énormément de temps dans les archives européennes. Je suis également allée en Allemagne et en Algérie pour enquêter sur elle. Depuis ce livre, cette période m’habite un peu plus fort encore.

 

Le bureau de Marie CHARREL

 

Vous êtes journaliste de profession. Pourquoi opter pour le roman ? Qu'est-ce qu'il permet de plus ou de différent ? Pourquoi pas une biographie des Jumeaux Rubinstein ?

Le journalisme et l’écriture romanesque sont bien sûr des exercices très différents, mais il existe une forme de correspondance entre les deux. Dans le cadre des recherches pour mes livres, j’utilise des méthodes d’enquête parfois comparables à celles du journalisme. Grâce à cela, mes trois derniers romans sont construits sur des faits réels.

J’ai choisi d’écrire un roman où Sylvin Rubinstein apparaît comme un personnage plutôt qu’une biographie pour profiter de la liberté qu’offrent le roman et la fiction : celle d’imaginer son intériorité, les sentiments qui le traversaient, les décrire – ce que l’on ne peut dresser qu’à l’état d’hypothèses dans une biographie -, tout en se basant sur les éléments véritables de sa vie.

J’avais également à cœur d’entremêler son histoire à celle de deux danseurs contemporains, Lukas et Iva, qui partent sur ses traces. Ce, afin d’explorer les échos de l’histoire.

Au reste, il existe déjà une merveilleuse biographie de Sylvin (non traduite, écrite par Kuno Kruse), retraçant son incroyable destin de danseur de flamenco, tueur de nazi travesti pendant la guerre, et ce qu’il a vécu ensuite. Mon roman n’évoque que quelques épisodes du début de sa vie. Il ne vise pas à l’exhaustivité, mais à faire découvrir ce résistant hors du commun en le mettant en scène.

J'imagine que vous réalisez de nombreuses recherches en amont de vos romans. Comment les organisez-vous ?

Oui ! Il y a d’abord une phase assez joyeuse et chaotique où j’amasse énormément de matériau autour du thème qui m’intéresse : livres, ouvrages scientifiques, films, documentaires, articles, interviews…

Je me rends autant que possible dans les lieux évoqués. Pour « Les danseurs de l’aube », je suis allée à Hambourg où Sylvin a vécu pour rencontrer son biographe, puis à Grenade pour mieux comprendre le flamenco. J’avais également déjà visité plusieurs villes évoquées dans le livre lors de reportages, comme Varsovie ou Lisbonne.

Je fais feu de tout bois, je tâtonne et accumule des pages et des pages de notes dans lesquelles je puise lorsque je tiens le fil rouge de l’histoire.

Chez vos personnages, il y a aussi dans ces deux derniers romans quelque chose en commun de l'ordre de la résistance, individuelle (chez vos personnages principaux) et collective (je me souviens de la communauté anarchiste dans le théâtre du Schanzenviertel dans "Les Danseurs de l'aube" et puis là, le mouvement des Bâtisseurs). Pourquoi ? 

Là encore, ce n’est pas de l’ordre du conscient – j’ai réalisé que les personnages ont ce point commun après coup. Ce thème était d’ailleurs déjà très présent dans les livres précédents. Cela tient sans doute au fait que la résistance est l’une des qualités que j’admire le plus. La capacité de dire non. De se battre pour ses valeurs. Je me demande souvent pour quelles raisons certains individus se lèvent un jour pour résister, et pas d’autres. Comment savoir si le moment de le faire est venu ? Si le combat est le bon ? Comment choisir les bonnes armes et ne pas s’y brûler corps et âme ? Doit-on être prêt à tout sacrifier, y compris sa famille ? Ce sont, je crois, des questions que mes personnages se posent également.

Comment créez-vous vos personnages ? Est-ce que dès le début de votre roman vous connaissez leur trajectoire ou bien se construit-elle au fur et à mesure de l'écriture ?

Je m’attache à construire des personnages qui évoluent au fil des pages : il me semble que c’est l’élément essentiel d’un récit romanesque. Qu’ils apprennent, sur eux-mêmes et les autres, qu’ils progressent. Je pose la trame de leur trajectoire avant de commencer à écrire. Et bien sûr, je ne la respecte jamais complètement. 

Et puis, il y a l'art aussi en commun dans ces deux romans. Vous nous offrez de somptueuses descriptions du flamenco dans "Les Danseurs de l'aube", elles sont incandescentes. Avec "Les Mangeurs de nuit", ce sont les contes. Quel rapport entretenez-vous avec les disciplines artistiques ? 

Toutes sont des sources d’inspiration. La peinture est un refuge, littéralement : rien de mieux qu’une heure dans un musée pour expérimenter un voyage intérieur puissant. J’apprécie en particulier les peintres de la première moitié du XXe siècle.

En outre, je ne pourrai pas vivre sans musique. C’est, avec les livres, le meilleur remède face à la brutalité du monde.

En tant que lectrice, j’aime qu’un roman me plonge dans un univers/pays/lieu/métier/ou autre dont je ne connais rien. C’est également ce que je tente modestement d’offrir dans mes romans : dans les deux précédents, une plongée dans le flamenco, puis dans les forêts de Colombie Britannique… Pour y parvenir, je m’immerge intensément moi aussi dans ces univers avant de leur donner vie par écrit. 

Vos deux derniers romans sont publiés aux Editions de l'Observatoire, une maison que j'affectionne tout particulièrement. Comment se passe la phase de (ré)écriture ? 

C’est sans doute le moment le plus intense et excitant dans la vie du livre avant sa publication. Mes deux éditrices, Dana BURLAC et Flandrine RAAB, sont les premières lectrices. Elles soulignent ce qui fonctionne dans le texte, les points forts, mais aussi les faiblesses, les facilités auxquelles le récit cède parfois (les ficelles un peu grosses), les manquements. Leurs remarques sont toujours des suggestions subtiles et intelligentes, jamais directives. Elles aident à aller plus loin, à oser un peu plus encore, à se dépasser. A peaufiner encore le texte par petites touches, jusqu’à avoir la certitude d’avoir donné le meilleur de soi.

J'imagine que vous lisez beaucoup. Pouvez-vous nous présenter votre dernier coup de cœur ?

Il y en a tellement ! Ces derniers mois, « L’été où tout a fondu », de Tiffany McDANIEL, m’a particulièrement marqué, par la force des thèmes qu’il aborde et sa construction implacable. Il évoque l’arrivée d’un garçon afro-américain dans une petite ville des Etats-Unis. Il prétend être le diable et, loin de le regarder pour ce qu’il est – à savoir un garçon pauvre et intelligent -, une partie des habitants, engoncés dans leurs préjugés, vont le prendre au pied de la lettre...      

Je vous retiendrai bien encore mais je dois me résigner. C'est l'heure de nous quitter. Je vous souhaite un immense succès avec votre dernier roman "Les Mangeurs de nuit" et la version poche du précédent, "Les Danseurs de l'aube". Merci, très sincèrement, pour cet entretien.

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2023-01-30T21:15:55+01:00

Le bras de fer de la réforme des retraites selon Anne DERENNE

Publié par Tlivres
Le bras de fer de la réforme des retraites selon Anne DERENNE

Ma #lundioeuvredart, c'est un dessin de presse.

Je deviens complètement fan de ce genre artistique.

Je trouve que les illustrateurs ont un immense talent pour représenter une situation simplement et remplacer tous les discours.

Là, c'est le bras de fer qui oppose actuellement le gouvernement à la société française à propos de la réforme des retraites.

Ce dessin est la création de Anne DERENNE, une jeune femme qui dessine notamment en partenariat avec Cartooning for Peace. Vous vous souvenez peut-être de cette exposition sur les grilles du Jardin des Plantes et du Musée Pincé à Angers en faveur de l'égalité femmes/hommes.

En naviguant sur internet, j'ai découvert son site... et puis son blog de dessins de presse. Elle est extrêmement active.

Mais Anne DERENNE est également dessinatrice pour la jeunesse, un créneau qui m'intéresse de plus en plus. Elle est aussi autrice et alimente un blog !

Bref, Anne DERENNE, c'est une artiste qu'il faut suivre absolument !

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2022-08-13T06:00:00+02:00

Laissez-moi vous rejoindre de Amina DAMERDJI

Publié par Tlivres
Laissez-moi vous rejoindre de Amina DAMERDJI
 
Le bal des 68 Premières fois  se poursuit avec un premier roman fascinant, « Laissez-moi vous rejoindre » de Amina DAMERDJI.
 
Une femme, Haydée SANTAMARÍA, à peine la soixantaine, se souvient de son enfance à Encrucijada à Cuba. Nous sommes en 1951, dans les pas de son frère, Abel, 6 ans plus jeune qu’elle, elle adhère au Parti orthodoxe, fondé par Eduardo CHIBÁS à La Havane en 1947. Prío SOCARRÁS est alors Président de la République. Haydée SANTAMARÍA ne sait pas encore que l’élan de la révolution cubaine la fera descendre dans la rue, l’impliquera jours et nuits en faveur du soulèvement, jusqu’au 26 juillet 1953…
 
Haydée SANTAMARÍA a l’arme à feu dans la bouche, elle s’apprête à tirer. 
 
Dans une narration à la première personne, comme une longue confession qui va vous prendre aux tripes, et par la voie du roman, une pure fiction, Amina DAMERDJI rend hommage à une révolutionnaire cubaine, une guerillera.
 
De ce mouvement, on se souvient bien sûr de Fidel CASTRO et de Che GUEVARA, les portraits emblématiques de cette révolte. L’autrice vient rendre justice à une femme militante, une prisonnière politique. En réalité, par la voie de cette biographie, Amina DAMERDJI rend hommage à toutes les femmes qui y étaient investies. A défaut, ne finiraient-elles pas, elles aussi, comme "Les grandes oubliées" ?
 
J’ai aimé découvrir les premières heures de son engagement pour son pays :


Mais c’est aussi parce que c’était la première fois que je manifestais dans un cortège. Peu à peu, la force de ces voix vibrant à l’unisson a fait battre mon cœur d’une manière spéciale, plus lentement mais plus puissamment aussi. P.

Son appartement deviendra progressivement le QG de la mobilisation révolutionnaire, elle vouera sa vie au combat jusqu’à l’assaut de la caserne de Moncada à Santiago de Cuba.
 
Quelle aurait été sa vie sans la présence d’Abel et ses actes politiques ? Le roman montre l’amour fraternel que vouait Haydée SANTAMARÍA pour son frère, Abel, mort sous les balles du régime...


Je pensais surtout à travers deux grands yeux brillants derrière leurs lunettes sales, ceux de mon frère. P. 89

Elle vouait à son frère un amour inconditionnel. Etait-elle une révolutionnaire dans l'âme qui n'attendait que son frère pour se révéler ? Son frère lui a-t-il permis de trouver une cause à défendre ? Dans tous les cas, Haydée SANTAMARÍA lui aura été fidèle toute sa vie. Rien, ni personne, ne viendra éroder ce lien, pas même Boris Luis SANTACOLOMA, lui aussi militant, l'amoureux de Haydée SANTAMARÍA.
 
Dans ce portrait brossé par l’écrivaine d'une femme publique, j'ai aimé découvrir aussi sa condition de femme des années 1950. 
 
Ce roman résonne comme une détonation, celle de l’arme de Haydée SANTAMARÍA contre elle-même, fatiguée d’avoir chaque année à tenir le même discours, tenir debout alors que les autres, eux, sont tombés fièrement sous les balles des militaires.
 
La plume de Amina DAMERDJI est fascinante et son premier roman une révélation. Merci aux fées des 68 d'avoir fait une place à ce roman historique dans cette #selection2022.
 
Avant de nous quitter, vous prendrez bien quelques notes de musique, du jazz revisité par le grand Franck SINATRA, c'est une référence de l'écrivaine elle-même.

Retrouvez les autres références de la #selection2022 :

"Une nuit après nous" de Delphine ARBO PARIENTE

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Faire corps" de Charlotte PONS

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

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2022-07-28T18:43:56+02:00

Anne-Marie GARAT s'est éteinte

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Anne-Marie GARAT s'est éteinte

 Anne-Marie GARAT, j'avais eu la chance de la rencontrer à la Librairie Richer d'Angers. 

Je viens de découvrir qu'elle s'est éteinte le 26 juillet dernier. 

Son sourire, son regard, son énergie, sa pétillance... me manquent déjà. Heureusement que ses romans assurent la postérité d'une formidable conteuse, elle nous entraîne dans des aventures tout à fait exceptionnelles au bras de personnages éminemment romanesques, notamment des femmes dont les portraits sont hauts en couleur.

Son univers littéraire nous fait voyager à travers le temps, les territoires... Je pense notamment au roman « Le Grand Nord-Ouest » qui se passe aux Etats-Unis dans les années 1930,  et puis à « L’enfant des ténèbres » et "Dans la main du diable".

 

Il est encore possible d'écouter sa voix. Augustin TRAPENARD l’avait accueillie le 27 février 2020 dans son émission « Boomerang », un pur moment de bonheur.

 

Je vous laisse savourer !

 

 

 

 

 

 

  

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2022-07-02T11:35:33+02:00

Simone, éternelle rebelle de Sarah BRIAND

Publié par Tlivres
Simone, éternelle rebelle de Sarah BRIAND

Simone VEIL s’est éteinte le 30 juin 2017. 

Certains la disait effrontée, Sarah BRIAND la qualifie ainsi : « Éternelle rebelle ». C’est le titre d’une fascinante biographie, celle d’une grande Dame qui a tant agit en faveur des droits des femmes. Sa voix nous manque tellement aujourd’hui. C’est ma #Vendredilecture.

Tout commence avec l'extrait du discours de réception de Simone VEIL à l'Académie Française prononcé par Jean d'Ormesson, nous sommes en 2010, mais ce moment de consécration ne saurait cacher son passé douloureux dont elle s'est attachée à assurer la mémoire. Le numéro 78651 figure sur son bras à l'encre bleue, il fut longtemps sa seule identité. Déportée alors qu'elle n'avait que 16 ans, Simone VEIL a survécu à la Shoah.

 

Le 22 décembre 2004, par un froid glacial, elle retrouve le camp d'Auschwitz Birkenau, elle est accompagnée de ses enfants et petits-enfants, un moment d'une très grande intensité.

 

Simone a toujours été rebelle, c'est peut être ce qui lui a permis de survivre à l'indicible et à mener une existence toute entière dédiée à la défense de causes d'intérêt général.

 

Elève brillante, Simone va suivre les conseils de sa mère :


Faire des études pour pouvoir travailler et être indépendante financièrement. P. 61

Elle ne sait pas encore que l'homme qu'elle épouse en 1946 s'opposera à sa volonté, mais c'est son compter sur la personnalité de Simone, rebelle, elle l'est, y compris dans son propre foyer.

 

En 1957, elle entre au Ministère de la Justice, elle est magistrate. Elle travaille à la direction de l'Administration pénitentiaire, elle doit inspecter les prisons françaises. Son indignation devant l'état des geôles va la pousser à faire valoir les droits des prisonniers notamment en matière de santé. C'est d'ailleurs pour ce ministère qu'en 1974 le tout nouveau Premier Ministre Jacques Chirac la nommera.

 

Sa carrière politique ne fera que commencer, elle sera sur le devant de la scène le 26 novembre de la même année pour prononcer son discours en faveur de la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, l'un des engagements de campagne pris par le Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing.

 

Sarah BRIAND focalise sur le côté profondément humain de cette femme qui avait un charisme à toute épreuve. Simone était une épouse, elle fut également une mère, une grand-mère et même une arrière-grand-mère. J'ai adoré les passages sur sa tribu et notamment l'imaginer préparer le déjeuner du samedi, devenu un rituel.

 

Cette femme n'a pas été épargnée par les épreuves de la vie, il y a eu des décès d'êtres chers. Depuis le tout dernier,  celui de son mari, elle ne sortait plus pour des événements publics.

 

Sarah BRIAND a su montrer une femme "ordinaire" avec ses forces, elle en avait beaucoup, et ses faiblesses.

 

J'ai adoré les passages sur sa complicité avec Marceline LORIDAN et Paul SCHAFFER, ses deux amis connus en déportation avec lesquels elle entretiendra une relation incommensurable.

 

C'est un portrait pluriel que nous brosse Sarah BRIAND :


L'adolescente qui aimait lire, la jeune déportée qui n'a cessé de lutter, l'épouse, la mère, la grand mère, l'amie, la ministre, la présidente du Parlement européen, la discrète, la combattante, la passionnée, l'éternelle rebelle, est accueillie sous la Coupole. P. 167

Elle évoquait bien sûr celle de l'Académie française.

 

Une autre coupole l’accueille désormais, elle et son mari, Antoine, celle du Panthéon, une consécration pour une femme EXTRA-ordinaire.

 

Magnifique biographie, à lire, et relire, sans «modération.

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2022-03-31T22:23:13+02:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Clio VAN DE WALLE et clap de fin !

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Mars au féminin, tapis rouge pour Clio VAN DE WALLE et clap de fin !

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs.

C'est aujourd'hui le dernier jour de l'édition 2022, l'opportunité d'inviter le 6ème art à faire son entrée.

En 2021, j'ai eu l'immense chance de faire partie d'un jury populaire, le bureau des 100 lecteurs et lectrices retenu.e.s par le Théâtre Le Quai d 'Angers pour choisir un texte parmi sept, un texte inspiré de la phrase de Rosa PARKS :


Je suis fatiguée d'être traitée comme une citoyenne de seconde zone.

L'initiative de Thomas JOLLY, comédien, metteur en scène, directeur du Théâtre Le Quai, et Damien GABRIAC, responsable artistique, a été mise en oeuvre par Jenny DODGE, responsable de projet, avec le concours de Laurence BEDOUET, assistante.

Un immense merci à toute l'équipe pour nous avoir fait vivre cette aventure.

J'avoue, des textes de théâtre, je n'en avais pas relu depuis le lycée (je ne compte plus les années). J'ai donc repris contact avec les didascalies et les narrations sous forme de scènes, une expérience littéraire pas comme les autres.

Nous avons évalué les textes, fait notre choix, et débattu.

Et puis, il y a eu les résultats, un texte lauréat, celui d'une femme, pétillante, pleine d'énergie, Clio VAN DE WALLE, qui a travaillé avec Bernard SOBEL. Sur son tee-shirt noir lundi soir était écrit : "I do what I want", c'est dire si elle est éprise de liberté, un thème qui lui est cher.

Clio VAN DE WALLE est une artiste, comédienne, c'est aussi la directrice artistique de la Compagnie de théâtre Indigo. Elle écrit des pièces de théâtre donc, ainsi que des textes politiques, la femme est militante et souhaite faire entendre sa voix. Quelle belle idée !

C'est avec "Bien né.e.s, du mauvais côté de l'Eau" que j'ai découvert l'autrice dont la plume est éminemment percutante. Dans la préface du livre qui accueille sa pièce, elle dit :


Le Livre que vous tenez entre vos mains est un objet dangereux, un objet incandescent et flamboyant.

et pour introduire son texte, un extrait du poème Home de Warsan SHIRE


Il faut que tu comprennes
Que personne ne pousse ses enfants sur un bateau
A moins que l'eau ne soit plus sûre que la terre ferme.

Vous l'avez compris, il s'agit de la condition des réfugiés incarnée dans la pièce par Tauri, une star, une femme d'une quarantaine d'années qui se trouve sur un bateau où le champagne coule à flot. C'est là que bientôt elle va dérouler le fil de sa vie, de son exil, son déracinement.

Quant à la mise en scène, réalisée en l'espace de trois mois et demi, un temps record au cours duquel Mélanie LERAY n'a pas chômé mais là commence une autre histoire derrière laquelle se cache... UNE autre FEMME !

Bravo à Clio VAN DE WALLE pour la qualité de sa prose. En attendant, qui sait, de découvrir une autre pièce, Sanga, dont la création est prévue à l'automne prochain au Théâtre de La Flèche à Paris, je me réjouis de lire "Nuit, ma liberté !", un texte qu'elle avait proposé dans le cadre de la première édition du DESC.

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2022-03-30T20:55:23+02:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Julie BIRMANT

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Mars au féminin, tapis rouge pour Julie BIRMANT

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs.

Place une nouvelle fois au 9ème art.

Il y a quelques semaines, je vous ai présenté une BD, un album tout à fait truculent, signé de deux femmes et dédié à des femmes, des « Drôles de femmes ».

Le scénario est original, il est signé de Julie BIRMANT qui a collaboré avec Catherine MEURISSE.

Il est organisé autour des interviews de femmes, des femmes drôles, parfois malgré elles.

En arrière plan, une toile de Nathalie-Audrey Dubois

En arrière plan, une toile de Nathalie-Audrey Dubois

Tout commence avec celui de Yolande MOREAU, un bijou, un portrait tendre, émouvant. 

Et puis il y a aussi Maria PACOME, Anémone, Dominique LAVANANT, Amélie NOTHOMB, Tsilla CHELTON, Florence CESTAC, Michèle BERNIER, Sylvie JOLY, Claire BRETECHER.

Les entretiens sont éblouissants de sincérité, il y a de l’authenticité et une façon de croquer les personnages que j’aime tout particulièrement.

Cet album, c’est une réussite, d’abord parce qu’il met en lumière des femmes inspirantes, des femmes qui se sont affranchies des carcans de la société pour s’épanouir et se réaliser. Et puis, le graphisme vient souligner leur fantaisie, l’énergie qu’elles ont dû déployer. Il y a de la tension dans les personnages, jusque dans la police de caractères des textes. 

Julie BIRMANT, vous la connaissiez peut-être pour "Pablo" (Pablo PICASSO), lauréat du Grand Prix RTL de la Bande dessinée en 2012. Elle avait alors travaillé avec Clément OUBRERIE.

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2022-03-30T20:28:57+02:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Marie VINGTRAS

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Mars au féminin, tapis rouge pour Marie VINGTRAS

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs.

Celle de Marie VINGTRAS, je l'ai découverte très récemment avec son premier roman publié aux éditions de l'Olivier. "Blizzard" fait partie de la #selection2022 des 68 Premières fois.

La publication de ma chronique est prévue le samedi 9 avril prochain mais je souhaitais absolument évoquer l'écriture de la toute jeune femme avant de clore ce mois de mars haut en couleurs.

Et puis, en naviguant sur la toile, j'ai mis la main sur un podcast qui lui était dédié. Au micro, Julien LECLERC, dans le cadre de ses "Balades artistiques", j'ai trouvé intéressant de partager avec vous cette interview.

A vos écouteurs !

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2022-03-29T21:41:47+02:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Marcia BURNIER

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Mars au féminin, tapis rouge pour Marcia BURNIER

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs.

J'ai fait connaissance avec celle de Marcia BURNIER avec "Les orageuses" chez Cambourakis éditions lors de la #selection2021 des 68 Premières fois.

C'était il y a un an et pourtant, cette lecture n'a pas pris une ride. Je m'en souviens comme au premier jour, gage d'une très grande qualité !

Il était une fois... on pourrait croire au conte de fées mais vous allez voir que l’on en est bien loin, à moins que la vengeance et la réparation ne soient un brin fabuleuses. 
 
Il était une fois, donc, un gang de filles, toutes des meufs violées, des filles dont les corps n'en font qu'à leur tête. Comment être bien dans sa peau quand vous avez été contraintes, souillées, pénétrées par des membres abjects ? Mia, Lucie, Leo, Lila, Inès... sont autant de femmes que la colère anime. Pourquoi la violence serait l’apanage des hommes ? Franchement, quelle question !  Ces femmes qui se ressemblent, donc, décident de faire communauté avec un objectif : se faire justice soi-même puisqu'elles ne peuvent compter sur les institutions pour leur rendre leur du. Et si elles réglaient d'abord leurs comptes avec leurs assaillants, leurs prédateurs ?
 
Vous l’aurez compris, le ton est ironique, un brin sarcastique.
 
Ce livre se structure autour d’un scénario burlesque, une manière de tourner en dérision tout ce qui agresse les femmes. Il m'a fait penser à "Une joie féroce" de Sorg CHALANDON. Marcia BURNIER a ce talent de vous surprendre, vous faire emprunter une voie que vous n'aviez pas imaginée.
 
Il y a des passages magnifiques sur l'art du tatouage et ce pourquoi certaines femmes s'y adonnent jusqu'à couvrir des pans entiers de leur corps, une certaine forme de rédemption.
 
La plume est belle, l’objet dérangeant.
 
La première de couverture est une œuvre d’art, vraiment. C'est la création de Marianne ACQUA, je vous invite à aller visiter son compte Instagram.

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2022-03-29T21:38:38+02:00

Je serai le feu de Diglee

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Je serai le feu de Diglee

Mon #Mardiconseil c'est un livre EXTRAordinaire : "Je serai le feu" de Diglee.

S'il y a des femmes qui parlent des "Grandes oubliées", je pense à Titiou LECOQ bien sûr, il y en a d'autres qui consacrent leurs ouvrages à des femmes pour leur assurer la postérité.

Ce mois-ci, il y a eu la BD de Catherine MEURISSE et Julie BIRMANT, "Drôles de femmes" qui croquent avec gourmandise des femmes qui nous ont fait rire, et parfois le font toujours, de ces 4 ou 5 dernières décennies : Valérie BERNIER, Dominique LAVANANT, Florence CESTAC, Yolande MOREAU, et bien d'autres encore.

Et puis, il y a la démarche de Diglee. Peut-être connaissez-vous Diglee... personnellement, c'est une découverte pour moi, un très joli cadeau de ma grande fille.

Diglee s'improvise dans différents registres, la bande dessinée, le roman... elle est également présente sur toile avec son "Blog d'illustratrice", une belle entrée en matière dans l'univers d'une "illustratrice, lectrice, féministe". Elle n'hésite pas non plus à se mettre en scène avec de nombreuses vidéos postées sur sa chaîne Youtube. Elle y chronique notamment des livres. J'aime son style décomplexé, elle est nature et c'est comme ça qu'on l'aime. Elle est drôle mais attention, parfois, le rire est jaune. Diglee est une militante, elle a ses combats.

Là, l'idée de cet ouvrage lui est venue en rencontrant une libraire, Marie-Josée COMTE-BEALU, veuve du poète Marcel BEALU.

C'est un livre toilé aux reflets dorés enflammés, quel plus joli cadeau ? Je suis comblée.

Diglee explique elle-même être passée pendant sa jeunesse à côté de poétesses. De là à dire que l'Education Nationale ne connaissait que les hommes, il n'y a qu'un pas que je crois pouvoir rapidement franchir.

Diglee, elle, a choisi d'en honorer cinquante qu'elle classe entre :

Les filles de la lune

Les prédatrices

Les mélancoliques

Les magiciennes

Les excentriques

Les insoumises

Les alchimistes du verbe

Les consumées

J'y ai retrouvé Andrée CHEDID, l'occasion d'un petit clin d'oeil au Book Club qui nous avait proposé "Le message". Mais je dois bien l'avouer, je n'en connaissais que très peu. Après la lecture de "Je serai le feu", j'aurais comblé un certain nombre de lacunes.

Pour chaque rubrique, une présentation du genre poétique. Ainsi, 


Les filles de la Lune sont les poétesses lyriques. Celles qui à chaque vers invoquent la nature, ses couleurs, ses fleurs, ses bruits et ses parfums [...]. P. 10

A chaque femme, une illustration, (n'oublions pas que Diglee est illustratrice et j'avoue qu'elle a particulièrement soigné ses dessins), des éléments biographiques et puis, des poèmes bien sûr. Quel bonheur que de s'arrêter quelques minutes pour en lire un, ou deux, savourez, tout simplement.

Je vous propose "Le temps qui passe" de Maya ANGELOU :

"Ta peau aurore

La mienne crépuscule.

L'une peint le début

d'une fin certaine.

L'autre, la fin

d'un certain préambule."

Des vers, il y en a pour tous les goûts, toutes les humeurs.

Tiens, tiens, les traductions des textes en anglais sont le fruit du travail de Clémentine BEAUVAIS, je crois que j'ai rendez-vous avec elle dans le cadre de la #selection2022 des 68 Premières fois, le monde est petit, non ?

Ce livre, il peut rester sur votre table de salon et devenir l'un de vos fidèles amis.

Comme j'aime stopper l'instant, admirer l'esthétisme de l'ouvrage et m'y plonger. C'est une invitation à appuyer sur la touche "pause" de la vie et à se faire plaisir. C'est bien simple, je ne peux plus m'en passer ! Merci infiniment à celle qui a eu la délicate attention de le glisser dans la hotte du Père Noël, je l'aime !

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2022-03-28T18:00:00+02:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Isabel GUTIERREZ

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Mars au féminin, tapis rouge pour Isabel GUTIERREZ

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs.

Je viens de découvrir celle d'Isabel GUTIERREZ avec la lecture, dans le cadre de la #selection2022 du bal des 68 Premières fois, de son premier roman, "Ubasute" aux éditions La fosse aux ours, c'est un coup de coeur que je vous présenterai samedi 2 avril.

L'opération #marsaufeminin sera terminée mais je ne pouvais pas ne pas la citer !

En attendant, vous pouvez en écouter un extrait lu par Céline Hamel, médiathèques du réseau BiblioFil.

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2022-03-28T18:00:00+02:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Julie RUOCCO

Publié par Tlivres
Mars au féminin, tapis rouge pour Julie RUOCCO

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs, des plumes découvertes ces derniers mois.

J'ai fait connaissance avec celle de Julie RUOCCO, "Furies" de Julie RUOCCO chez Actes Sud, dans le cadre de la #selection2022 des 68 Premières fois,.

Bérénice est archéologue de formation. Elle part en mission. Elle a pris l’habitude de faire l’aller-retour. Elle recèle des antiquités. Mais arrivée à Kilis, une ville turque à la frontière avec la Syrie, au moment où elle doit choisir les bijoux qu’elle rapportera en France, une voiture explose. C’est un attentat suicide. Sonnée, elle s’enfuie avec le sac ensanglanté. Elle trouve refuge chez sa logeuse. Lors d’une sortie, près du grillage de la frontière, une mère lui confie son enfant. Une petite fille. Bérénice dont la vie est en danger assume cette nouvelle responsabilité. Elle doit rentrer en France avec elle mais pour ça, un passeport est nécessaire. Elle s’adresse à un homme qui fait de faux papiers. Il fait revivre tous ceux de son village, assassinés, en transmettant leurs noms à ceux qui cherchent encore à sauver leur vie. Avec lui et l’enfant, Bérénice va laisser s’étirer le temps, à la vie, à la mort.

Ce roman, c’est une claque, un roman puissant qui parle de la guerre en Syrie, une guerre civile engagée depuis 2011. Souvenez-vous, soufflait alors l’élan du Printemps arabe !

L'écrivaine fait de la guerre un objet littéraire, une tragédie, et revisite les événements à travers des personnages de fiction.

Dans un récit rythmé par les explosions, elle a cette capacité à faire émerger de la torpeur et l’hébétude des instants de grâce, des moments aussi précieux que fulgurants comme autant de ponts dressés entre les hommes que plus rien ne retient.

Julie RUOCCO nous livre un roman percutant, une bombe… à retardement. Souvenez-vous bien d'elle, nul doute que Julie RUOCCO est promise à un très beau parcours en littérature.

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2022-03-27T20:10:44+02:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Agathe SANJUAN

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Mars au féminin, tapis rouge pour Agathe SANJUAN

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs, des plumes découvertes ces derniers mois.

J'ai fait connaissance avec celle de Agathe SANJUAN avec la lecture de son premier roman, "La maison enchantéeaux éditions Aux Forges de Vulcain.

Zoé est arrivée sur Paris pour travailler. Elle est passionnée d'art. A ses heures perdues, elle fréquente les galeries. C'est au cours de l'une de ses flâneries qu'elle découvre des estampes. Elle s'intéresse à la discipline, explore la technique, devient fidèle d'une maison et se lie avec Julien, le jeune homme qui l'accueille, la guide, l'oriente. C'est avec lui aussi qu'elle fera la visite d'un musée privé, un brin mystérieux...

Si vous aimez l'art mais que vous n'avez pas de formation particulière, vous apprécierez certainement d'accompagner Zoé dans ses tribulations. 

Zoé, c'est un personnage profondément attachant, une jeune femme que rien ne prédisposait à aimer l'art. A la maison, quand elle était enfant, il n'y avait pas d'oeuvres. Elle a donc fait ses armes seules. Agathe SANJUAN restitue parfaitement le sentiment de solitude que l'on peut éprouver parfois quand on est passionné par une discipline et qu'il est difficile d'en parler avec parents, famille et amis, sans avoir l'impression de les "gaver". C'est pourtant là que les choses deviennent intéressantes, quand les êtres dévoilent leur vraie nature.

Agathe SANJUAN nous plonge au coeur d'une discipline, les estampes. Elle va, un peu comme sait très bien le faire Maylis DE KERANGAL, le temps d'une lecture, nous apprendre les techniques, replacer dans le contexte historique les différents mouvements, enrichir nos connaissances.

Enfin, il y a la qualité de la plume. Je suis littéralement sortie "enchantée" par les mots de la jeune femme, Agathe SANJUAN, dont l'écriture est éminemment romanesque. Elle n'en fait pas trop, juste ce qu'il faut pour éveiller notre curiosité et nous tenir en haleine. Entre fiction et onirisme, elle nous propose de découvrir "La maison enchantée" tout en volupté, bravo !

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2022-03-25T19:18:01+01:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Isabelle DANGY

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Mars au féminin, tapis rouge pour Isabelle DANGY

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs, des plumes découvertes ces derniers mois.

 

Isabelle DANGY, c’est avec « Les nus d’Hersanghem » aux éditions Le Passage que nous avons fait connaissance, un roman plein de poésie.
 

Grégoire Arakelian arrive de Marseille à Hersanghem en avril, il est nommé au Tribunal de Grande Instance pour un premier poste de greffier. Marie, sa fiancée, est restée à Marseille, sa ville d’origine, malgré leur quatre années d’amour. Elle ne se sentait pas prête. Grégoire, de son côté, fait connaissance avec Monsieur Vivien, comptable à la retraite, qui lui fait visiter la ville. Tous deux arpentent les lieux. Au gré de leurs promenades, Grégoire prend des photos qu'il expédie à Marie. Il devient l'ambassadeur de Hersanghem pour lever les doutes de sa bien-aimée. Mais aujourd'hui, les vibrations changent. La ville vit au rythme de l'événement qui ponctue l'année, la braderie estivale, le dernier week-end de juillet. Grégoire perd tous ses repères. Pire encore, le temps est à l'orage !

 

Peut-être aurez-vous la même tentation que moi et irez chercher Hersanghem sur internet... Vous n'y trouverez rien, cette ville relève de la pure imagination de l'écrivaine, mais quelle imagination ! 

 

Dans un processus littéraire original, Isabelle DANGY va créer de toutes pièces une cité avec ses propres espaces publics, ses monuments et autres aménagements. Au gré d'une succession de chapitres répondant aux doux noms du Quai d’Hazebrouck, du cinéma du centre Jasmyn... l'écrivaine nous offre un paysage urbain à parcourir, paysage regardé par le filtre de l'appareil photographique.

 

Mais là où les choses deviennent vraiment intéressantes, c'est lorsqu'elle en brosse le paysage humain. Isabelle DANGY explore avec une incroyable minutie les hommes et les femmes qui y habitent, celles et ceux qui en composent la vie, à l'image du gardien de Beffroi. Dans une approche un brin anthropologique, elle va, les uns, les autres, les mettre à nu. 

 

Je crois que je ne suis pas la seule à avoir apprécié cette lecture. Elle fait partie des 20 sélectionnées pour le Prix du Livre Orange 2022
 

 

 

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2022-03-24T23:01:45+01:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Ariane BOIS

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Mars au féminin, tapis rouge pour Ariane BOIS

L'opération #marsaufeminin est l'occasion de mettre des plumes féminines sous les projecteurs, des plumes découvertes ces derniers mois.

Ariane BOIS a écrit "L'amour au temps des éléphants" aux éditions Belfond.

Arabella Cox, rebelle, insoumise depuis sa plus tendre enfance, bercée par les histoires de sa grand-mère inspirées de sa propre expérience de missionnaire adventiste en Afrique australe, est fascinée par le cirque. Elle assiste, indignée, à l’effroyable spectacle, la mort d’un éléphant par pendaison. Nous sommes dans le Tennessee en 1916. Tous les journalistes sont là pour couvrir l’événement. Lors de la parade du cirque, la veille, dans les rues de Kingsport, l’éléphante Mary a tué son dresseur devant une foule apeurée. Arabella a profondément été affectée par l’assassinat du pachyderme. Elle poursuit sa vie d’adolescente sous le regard exigeant de son père, adventiste du 7ème jour. Et puis, il y aura une histoire de jeunesse, dénoncée par son frère. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, Arabella est renvoyée de la famille par son père. Elle part pour New-York où elle suit une formation d’infirmière, mais là ne sera qu’une première étape de son itinéraire à travers le monde.

Arabella est un personnage haut en couleurs, un très beau portrait de femme, c’est sans conteste l’héroïne du livre. Petite, elle ne faisait rien comme les autres enfants de son âge. Elle aura repoussé les limites jusqu’au point de rupture avec son père mais c’est sans doute là le plus beau cadeau qu’il ait pu lui faire, lui offrir la voie de la liberté. Et puis, Arabella est éminemment romanesque. Elle va vivre une histoire d’amour fougueuse et une histoire d’amitié absolument magnifique, les deux intimement liées par une même allégresse.

« L’amour au temps des éléphants » est un brillant roman d’aventure, un foisonnant roman historique, le tout servi par une plume jubilatoire. Je vous le conseille absolument.

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