2022-11-16T07:00:00+01:00
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2022-11-15T19:17:00+01:00
Qui sait de Pauline DELABROY-ALLARD
Mais ma peau a gardé les frissons trouvés sous terre, et je suis sonnée, poursuivie par la vision des mains rouges sur la paroi de la grotte. J’aurais voulu mettre ma main sur celle de la roche. Toucher l’autre femme à travers les âges, traverser le temps. P. 30
Sans doute que c’est dans les histoires qu’on existe vraiment, que c’est dans la fiction que se dissimule la vérité, qu’il n’y a pas d’autre endroit où vivre. P. 148
2022-11-14T19:02:59+01:00
La maternité revisitée par Fiumani
Après
Oui ça bouge de Mario DI NINO
L'enceinte de Jean-Joseph DIX-NEUF
je cherchais une création sur la maternité.
Force est de constater qu'en matière de street art, le sujet est peu exploité. Vous comprendrez que je succombe devant le charme de la création de Fiumani, un artiste italien, un designer né à la fin des années 1980, une #lundioeuvredart découverte grâce à Urbanvibescommunity, merci.
Cette réalisation mixe en réalité deux disciplines artistiques.
Il y a celle du sticker utilisée pour représenter la silhouette d'une femme enceinte, peinte en noir, à la bombe, sur un mur.
Il y a aussi celle de la sculpture, une sorte de bas-relief, pour représenter le bébé qui croît dans le ventre de cette femme.
Le procédé est tout à fait ingénieux. Il part d'un baigneur, un bébé en plastique. De face, l'oeil est attiré par la forme et le contraste des couleurs. De profil, on découvre l'EXcroissance. L'artiste illustre ainsi l'évolution du corps de la mère pendant cette période éphémère (certes, elle dure 9 mois, mais elle reste toute relative dans la vie d'une femme) que j'admire. S'il est bien un domaine dans lequel l'homme ne peut rivaliser avec la femme, c'est bien sur la gestation d'un bébé, ce super pouvoir donné aux femmes d'enfanter, d'assurer le renouvellement des générations et l'avenir de l'humanité.
Fiumani a l'habitude de marier la peinture à des accessoires avec des réalisations tout à fait surprenantes. Je vous invite à consulter son compte Instagram, il regorge de pépites.
Belles découvertes.
Je vous quitte en musique, le titre choisi par Fiumani pour accompagner la vidéo de sa création...
2022-11-13T17:49:53+01:00
Vivre de Michel BERGER
Nous sommes aujourd'hui le 13 novembre 2022.
Il y a 7 ans se produisait l'indicible avec les attentats du Bataclan, un triste anniversaire aujourd'hui.
"Vivre" n'a jamais pris autant de sens.
"Vivre", c'est le titre inédit de Michel BERGER écrit il y a 40 ans et tout juste sorti dans les bacs.
Dès les premières notes, vous reconnaitrez les tonalités et le rythme reconnaissables entre tous. La signature de l'artiste est bien là !
"Vivre", c'est un hymne à Dame Nature, c'est aussi une ode à la vie, quel plus belle philosophie ?
Les paroles sont très belles et particulièrement inspirantes.
Le titre enregistré aux Etats-Unis aurait dû figurer sur l'album "Beauséjour", mais l'absence de place l'a condamné à rester loin du grand public. Le retour n'en est que plus fort et émouvant.
Je vous laisse savourer...
2022-11-11T07:00:00+01:00
Un raisin au soleil de Lorraine HANSBERRY
Éditions indépendantes L’Arche
Le théâtre, je crois que je n'avais pas relu de pièce depuis de lycée.
Et puis, il y a l'aventure du DESC (Département d'Ecritures pour la Scène Contemporaine) #2 organisée par le Théâtre Le Quai sous la houlette de Thomas JOLLY (oui, c’est lui qui en est à l’initiative, l’homme a un immense talent, bravo!). J'ai eu l'immense chance de faire partie des 100 juré.e.s et d'assister à la représentation de "Bien né.e.s" Du mauvais côté de l'Eau" de Clio VAN DE WALLE, texte lauréat de l'édition et mis en en scène par Mélanie LERAY.
Le thème de cette édition était portée par cette citation de Rosa PARKS : "Je suis fatiguée d'être traitée comme une citoyenne de seconde zone.".
Et puis, il y a eu cette proposition de la Maison d'éditions L'Arche de découvrir la première œuvre théâtrale de Lorraine HANSBERRY. Nous sommes dans la même veine !
Lorraine HANSBERRY a été la première femme noire à voir sa pièce produite sur Broadway. Elle fut aussi la plus jeune dramaturge et auteure noire à être distinguée par le Prix du Cercle des Critiques New-Yorkais en 1958-1959. Je ne pouvais décemment pas refuser.
"Un raisin au soleil", c'est une histoire familiale jouée dans un huis clos, la salle de séjour de la famille Younger, une famille noire américaine dans les années 1950. Elle habite Southside, le quartier noir de Chicago. Cette famille noire est composée de Ruth (femme de ménage) et Walter Lee Younger (chauffeur), la trentaine. Ils ont un fils, Travis. Avec eux vivent Lena, la mère de Walter Lee d'une soixantaine d'années, et Beneatha, la soeur de Walter Lee, la vingtaine, qui fait des études de médecine. Toute la famille est suspendue à l'arrivée d'un chèque de 10 000 dollars d'assurance-vie. Lena veut acheter une maison, s’émanciper de cet appartement de misère mais voilà, cette somme d'argent suscite autant de rêves qu'il y a de Younger !
Avoir des rêves, voilà bien le coeur de ce texte. Pour chacun des personnages, l’espoir d’un ailleurs, l’espoir d’une autre vie, sont autant de motivations pour avancer. Lorraine HANSBERRY, militante, a fait des rêves un étendard, quelques temps avant que Martin LUTHER KING n’en fasse un discours éminemment politique. Souvenez-vous, « I have a dream », nous étions en 1963.
Largement inspirée de l'histoire personnelle de l'autrice, cette pièce de théâtre met en lumière les conditions de vie d'une famille noire et révèle les discriminations raciales de l'époque. Le logement agit comme un déterminisme géographique dès lors qu'il se trouve dans un ghetto. Souhaitons que les temps aient changé !
Cette famille, c'est le catalyseur de tous les conflits.
Il y a l'intergénérationnel bien sûr, celui-là même qui puise sa source dans les différences d'âges et de regards, exacerbé quand il s'agit de vivre sous le même toit, qui plus est dans un logement exigu et insalubre.
Il y a l’opposition entre les enfants. Si la fratrie permet quelques solidarités bienvenues, il en est d'autres qui sont explosives. Les ambitions de chacun ont la vie dure quand il s’agit de les défendre au sein de sa propre famille.
Il y a ceux encore qui s'infiltrent dans les failles de la société, les classes sociales et les inégalités, et qui montent les uns contre les autres.
Ce texte d’une profonde sensibilité est une leçon de vie. Les femmes en particulier de la famille Younger aiment à décliner le verbe RÉSISTER. Lorraine HANSBERRY brosse des portraits hauts en couleur de femmes de tempérament. Comme j’ai aimé Lena, Ruth et Beneatha, des femmes inspirantes qui, à l’image de cette petite plante verte, cherchent la lumière pour SURvivre.
J’ai vibré, j’avoue, j’y étais dans cet appartement, d’autant qu’en termes de formes, les didascalies se sont faites discrètes pour me laisser apprécier exclusivement la qualité des dialogues.
Ce texte, profondément engagé et politique, est à partager sans modération avec les adultes et les jeunes publics. J’aimerais tellement maintenant le voir joué !
Merci à Claire STAVAUX de publier cette pièce inédite en français et à Samuel LEGITIMUS et Sarah VERMANDE pour la traduction. Les arts sont toujours vivants !
2022-11-08T15:47:05+01:00
Lalalangue (prenez et mangez en tous) de Frédérique DORUZ
Frédérique VORUZ est une artiste. Elle a plusieurs cordes à son arc. Elle est comédienne, metteuse en scène, chanteuse.
Elle joue son seule-en-scène autobiographique Lalalangue – Prenez et mangez-en tous, mis en scène par Simon ABKARIAN, la première est annoncée aujourd’hui au Théâtre du Rond-Point.
A défaut de voir le spectacle, je lis le livre tiré de la pièce et publié aux éditions Harpercollins, dans la collection Traversée, proposé dans le cadre d’une Masse critique de Babelio.
Quand sa mère était jeune, elle était passionnée d’alpinisme comme son mari. Enceinte de jumeaux, elle fait une chute d’escalade, perd une jambe et ses deux garçons. Le père des enfants se sort de l’accident avec « seulement » un bras cassé. Quand la mère de Frédérique sort du coma et découvre l’état du chaos, elle se jure de se venger sur ses enfants. Elle en aura 7 qu’elle meurtrira, plus ou moins, la dernière subira toute sa haine, c’est Frédérique !
Ce récit de vie est terrifiant, on peine à croire qu’une mère ait tant d’aversion pour ses enfants, le fruit de sa chair, et pourtant…
Frédérique décrit un quotidien des plus sombres et pourtant…
Et pourtant, l’autrice est sur les planches !
Ce qui m’a beaucoup plus c’est sa quête du pourquoi, pourquoi tant de ressentiment, pourquoi ce bannissement systématique de toute forme de féminité.
Dans un récit ponctué par des dialogues de Frédérique VORUZ avec sa psychiatre, une perle cette femme, on est amené à faire un pas de côté et prendre soudainement conscience de ce qui se trame.
Il y a aussi des dessins qui nous éclairent plus encore sur ce qui se joue dans le cercle familial. Frédérique VORUZ fait la démonstration que les enfants qui y sont élevés sont conditionnés par l’éducation qu’ils reçoivent. Pour être soi-même, REnaître, il faut pouvoir s’en libérer, s’en émanciper, s’envoler du nid n’a jamais été aussi bien illustré que par l’itinéraire de Frédérique VORUZ.
La préface de Simon ABKARIAN nous met sur la voie avec cette courte phrase : « Parfois, écrire est un art de la survie. » Je puis vous assurer qu’elle résonnera beaucoup plus fort quand vous terminerez votre lecture !
Frédérique VORUZ nous livre une leçon de vie et la preuve d’un immense amour. J’ai maintenant une irrésistible envie de voir la pièce 😃
2022-11-07T20:31:53+01:00
Pile ou face de Doline LEGRAND DIOP
Ma #lundioeuvredart est l’occasion de revenir sur l’exposition temporaire « Art staff » installée cet été dans les jardins du Parc de Pignerolles à Saint-Barthélémy d’Anjou.
Vous pouviez y découvrir 50 personnages, un Botero revisité par des artisans d’art mais aussi des peintres comme Doline LEGRAND DIOP, Angevine elle aussi.
Je vous ai déjà parlé de cette jeune artiste et ses créations à l’occasion de La Rezidence initiée par Doris KOFFI et son association Artproject Partner.
Comme une signature, du noir, du blanc, et là, de la couleur, un cœur qui bat.
J’aime la composition, les écritures comme autant de symboles d’une autre langue, un autre continent, une autre histoire.
J’aime aussi le visage de profil, qui donne une autre dimension.
J’aime l’idée du « Pile ou face », et là, du recto verso.
Et vous, vous aimez ?
2022-11-06T12:32:50+01:00
This Is Not Our World
Il y a des moments où prendre connaissance des actualités nous donne un drôle de sentiment, celui de ne pas être à sa place, de ne pas trouver sa place, dans le monde tel qu'il se montre à nos yeux, tel que l'Homme le dessine et le proclame. La semaine dernière n'a pas manqué de nous en montrer un florilège !
Il n'en fallait pas plus pour me donner l'envie de partager avec vous le titre "This Is Not Our World" merveilleusement interprété par deux grands artistes, Moby d'une part, Nicola Sirkis d'autre part.
Moby, Richard MELVILLE HALL, a de nombreuses cordes à son arc. Il est photographe, producteur et réalisateur mais aussi chanteur, interprète, musicien... Vous avez bien lu MELVILLE, oui, Moby est l'arrière arrière neveu de l'auteur de Moby Dick. Maintenant, vous n'oublierez plus jamais son nom, c'est certain.
Nicola Sirkis, lui, n'est autre que Nicola connu pour être le chanteur et guitariste du groupe de pop rock Indochine.
Ces deux artistes ont eu l'idée d'un single sorti en septembre dernier.
Il est interprété en anglais pour Moby, en français pour Nicola Sirkis, histoire de faire résonner le propos à travers le monde. Parce que oui, ce titre est militant, c'est un acte politique contre la montée de l'extrême droite et les catastrophes écologiques. Tous deux nous alertent sur les faits des hommes et leurs impacts sur Dame Nature, sublimée dans le clip.
Non, ce n'est pas notre monde ! Ecoutons ce que les deux hommes ont a nous dire.
Mais si vous n'avez pas envie d'écouter le message, entendez ces sons, ces tonalités, la beauté de la musique et des voix, laissez-vous bercer par ce bijou...
2022-11-04T07:00:00+01:00
Mesure 217 de Françoise LHOIR
Collection Évasion des éditions Academia distribuée par les éditions L'Harmattan
Les premiers romans, quand ce ne sont pas les 68 Premières fois qui les proposent, ils viennent à moi comme « Mesure 217 » de Françoise LHOIR proposé dans le cadre d’une Masse Critique de Babelio. Une nouvelle fois, bonne pioche !
Marie est violoncelliste dans l’Orchestre National de Belgique. Elle est mariée avec Beaudouin, enseignant, le père de leurs deux enfants, Jérôme et Odile. Marie a une sœur, Béatrice, son aînée de 4 ans, partie vivre aux Etats-Unis. Elle est mariée avec Scott avec qui elle a eu une fille, Morgane, adolescente, dont l’itinéraire personnel est chahuté. Béatrice demande à Marie d’accueillir Morgane chez elle pour lui offrir une pause. C’est aussi à ce moment-là qu’un garçon, Sacha (son nom de scène), prodige, l'un des cinq très jeunes talents, est accueilli par l’Orchestre National de Belgique. Il est aussi « différent ». Il ne manquait plus que Caroline, la grande amie de Marie, un brin fantasque, pour offrir un nouvel horizon à tout ce petit monde.
Françoise LHOIR, autrice belge, nous propose un premier roman trépidant. Le récit est ponctué de péripéties qui donnent du rythme à la narration, un petit bijou.
Je ne vais pas pouvoir vous le cacher bien longtemps, la musique est un personnage à part entière de ce roman délicat et grisant à la fois.
On croirait voir les personnages tourner lentement sur eux-mêmes en se destinant force courbettes, comme dans les boîtes à musique anciennes. Le chef, métamorphosé à son tour en prince des salons galants, choisit de laisser la danse onduler jusqu’au dernier point d’orgue, pour ne pas ternir le bal. P. 41
J’avais eu le nez fin de me lancer dans un Mooc sur L’orchestre, quelle bonne idée ! Je me suis délectée de la plume de Françoise LHOIR pour illustrer l’organisation très structurée et hiérarchisée d’un orchestre. C’est aussi grâce à l’écrivaine que j’ai pu mettre le doigt sur le registre musical et la discipline de travail quotidienne des artistes.
Et puis, il y a aussi et surtout la capacité de la musique à vous embarquer et vous enivrer, en premier lieu les musiciens bien sûr, les hommes et les femmes qui lui vouent leur vie professionnelle, mais aussi le public, vous, moi.
Enfin, il y a le rapport à la musique pour des enfants/ados contraints et forcés par leurs parents à faire de cette discipline leur violon d’Ingres (sans jeu de mot !). Outre le fameux solfège dont beaucoup témoignent de leur martyre dans leurs jeunes années d’apprentissage, là, il y a la musique sclérosée par tout un système, depuis les auditions jusqu’aux prestations, formatées depuis la nuit des temps. Que de frustrations !
Après le premier mouvement, la partition est abandonnée, et les jeunes gens, sans se concerter, poursuivent la même évocation en improvisant, comme de coutume, abandonnant progressivement la gravité du début pour laisser exploser une folle exubérance. P. 184
Mais il n’y a pas que la musique qui soit abordée par ce roman d’une profonde sensibilité. Non, il y a d’abord le rapport des enfants avec leurs parents, et vice et versa, à la période de l’adolescence, et cette incapacité parfois, à échanger sur des sujets qui touchent à l’intimité.
Il y a encore l’approche de ce que l’on appelle maintenant communément les « enfants différents » sans bien savoir ce que ça peut vouloir dire. Ne sommes-nous pas tous singuliers, donc tous différents ? Bref, à travers deux personnages de fiction, celui de Morgane et celui de Sacha (Jacques dans la vie), Françoise LHOIR montre la difficulté à « s’intégrer » dans une communauté d’âges, en particulier lorsqu’un jeune souffre du syndrome d’Asperger. Le mot est lâché. En plus de lire « La différence invisible », la BD de Mademoiselle Caroline et Julie DACHEZ, je vous conseille absolument de lire ce roman qui explore les comportements qui y sont liés, une acculturation tout en douceur pour des symptômes qui ne le sont pas moins.
Dans une narration s'étalant sur 9 mois, l'écrivaine offre la voie d'une REnaissance. Dans une danse qui pourrait se jouer en 4 mouvements, là, 4 chapitres aux doux titres, depuis le rocambolesque jusqu'au rationnel.
Vous l’avez compris, ce roman m’a fait vibrer. Il est à lire sans modération, par les adultes comme les jeunes, un excellent roman passerelle.