Encore un beau portrait de femme croqué par Pénélope BAGIEU... Quelle aventure !
2016-01-26T06:49:50+01:00
"Les plus belles découvertes cesseraient de me plaire si je devais les garder pour moi." Sénèque
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2016-01-26T06:49:50+01:00
Encore un beau portrait de femme croqué par Pénélope BAGIEU... Quelle aventure !
2016-01-25T07:21:39+01:00
Kokoro fait partie du Prix Cezam. C'est le 1er roman peut-être d'une longue série que je vais lire... il m'a tendu les bras samedi à la Bibliothèque, je l'ai pris !
Kokoro, c'est un roman à l'image de ce que représente sa couverture, quelques gourmandises à savourer sans modération.
Les parents de Koichi et sa soeur Seki ont disparu dans un incendie alors que leurs enfants n'avaient que 12 et 15 ans. Ils ont construit leur vie comme ils ont pu. Seki est mariée, elle a des enfants, elle occupe un emploi à responsabilité. Koichi se cherche.
Kokoro, c'est un regard porté sur le chemin parcouru par les 2 enfants.
C'est aussi la mémoire des lieux.
C'est enfin la place de la grand-mère pour ces deux êtres en construction. Une grand-mère que l'on voudrait tous avoir ! Je me suis d'ailleurs bien retrouvée dans cette petite phrase :
Et les tiroiRs-fouillis qu'elle entretenait en répétant pour elle-même : Dans ton jardin secret, n'oublie pas un carré pour les mauvaises herbes. P. 77
Chez moi, ce n'est pas un carré mais un jardin !
Kokoro, c'est aussi une forme narrative singulière : des chapitres qui peuvent aller de 3 lignes à 1 ou 2 pages. C'est enfin un très beau texte composé de phrases poétiques, imagées et délicates.
Il est toujours difficile de noter le 1er des 10 livres sélectionnés...
Je vais lui mettre 7. Peut-être gardera-t-il cette place jusqu'en juin 2016...
2016-01-24T22:26:42+01:00
L'opéra, pour moi, c'est chaque fois une découverte. Néophyte dans le genre, je prends mon abonnement en début d'année sans vraiment savoir ce qui m'attend... et je me laisse porter par la programmation !
Mardi soir, c'était "Les chevaliers de la table ronde", un opéra bouffe, entendez par là, un opéra comique plutôt sur le registre bouffon !
C'est en fait un tout nouveau spectacle, il n'a été créé qu'en novembre 2015 à l'Opéra National de Bordeaux alors même que l'oeuvre originale date, elle, de 1866. C'est donc une version revue et corrigée, interprétée par la Compagnie Les Brigands.
Les décors se déclinent en noir et blanc, les rayures sont tantôt verticales, tantôt horizontales. Et tout y passe, depuis les papiers peints jusqu'aux costumes !
Quant à l'histoire, tout tourne autour de l'amour ! Il y a l'enchanteresse Mélusine qui retient Roland emprisonné, condamné à une vie d'oisiveté. Il y a la duchesse Totoche, mariée et infidèle. Il y a le Duc Rodomont qui, lors d'un tournoi, offre la main de sa fille en lot de consolation. Bref, le sujet est traité de façon loufoque.
Les voix sont magnifiques.
La composition de l'orchestre est très limitée. Là, pas de fosse pleine de musiciens, juste une petite poignée d'artistes qui ont su se faire oublier par la mise en scène mais sans lesquels le spectacle n'aurait pas été de cette qualité !
Encore une très belle soirée passée !
Prochain spectacle à La Collégiale Saint-Martin le 16 mars...
2016-01-19T13:20:06+01:00
Après "Le dernier gardien d'Ellis Island", véritable coup de coeur de l'année 2015, je me suis délectée avec "Nos vies désaccordées" et "Les heures silencieuses".
J'avais noté depuis quelques semaines déjà la parution du tout dernier roman de Gaëlle JOSSE.
Vous comprendrez que je me sois précipitée dans ma librairie préférée le 7 janvier dernier pour mettre la main sur ce qui était déjà une star de la blogosphère ! J'aurais aisément embrassé le libraire quand il m'a tendu l'objet de mes convoitises, à peine sorti des cartons, mais je sais me tenir, j'ai résisté !
Ensuite, il y a cette période pendant laquelle on se réjouit de l'avoir mais on ne veut pas s'y mettre sans avoir, devant soi, quelques heures pour le savourer.
Comme tous les autres livres de Gaëlle JOSSE, nous sommes sur un roman court (196 pages) mais je sais aussi que je relis parfois plusieurs fois une même phrase tellement je la trouve belle, juste, bien écrite quoi !
Samedi dernier, 5-6 heures seule, me voilà installée avec une théière pleine, un plaid, le fauteuil le long de la baie vitrée pour capter chaque rayon de soleil qui va se présenter (petit clin d'oeil à l'auteure, je n'ai pas de chat, moi !), et là, c'est parti...
1er chapitre, nous sommes en Lorraine, à Lunéville exactement, en 1639. Le Maître de la Tour est dans son atelier avec ses 2 apprentis, son fils, Etienne, qui prendra sa succession, Laurent, présent depuis 7 ans et dont le talent ne trompe pas. C'est une toute nouvelle toile qui va prendre forme sous le pinceau de l'artiste.
2ème chapitre, nous sommes à Rouen en 2014. Une femme se souvient d'un amour qui a pris fin, un amour qui s'est terminé sans que tout ait été dit, un amour dont elle a souffert et qu'elle avait semblé avoir oublié.
Je ne vous en dit pas plus. Simplement que c'est une merveille.
C'est un magnifique roman sur la peinture au 17ème siècle, sur la création artistique, sur la nécessité de s'isoler pour pouvoir laisser libre cours à son imagination, créer un univers favorable à l'expression de l'artiste. Les descriptions de l'atelier, l'atmosphère qui y règne, les odeurs qui s'en dégagent, la présence du modèle qui se plie aux désirs de l'artiste pour adopter la posture idéale... sont autant de détails qui m'ont rappelé une oeuvre que j'avais adorée de Tracy CHEVALIER : "La jeune fille a la perle".
Et puis, il y a l'histoire de cette femme, de cet être déchiré dont on soupçonne la lente reconstruction. Un véritable parcours du combattant ! J'ai plongé sans retenue dans son univers, ses souffrances, ses réflexions sur l'amour, l'empreinte de ses souvenirs...
Aimer, c'est aussi garder la mémoire commune de certains lieux. P. 139
Qu'est-ce qui unit ces 2 parcours ? L'ombre de leurs nuits bien sûr, comme le titre le laisse entendre... mais aussi, la passion.
La passion artistique que rien ni personne ne pourrait arrêter tant la création est vive :
Mon oeuvre est plus grande que ne le sont ma personne et ma vie. P. 156
La passion amoureuse aussi qui vous emporte jusqu'à en perdre la raison :
Ta voix comme une flambée, une brûlure, un embrasement, une irradiation. P. 71
Il y a autre chose encore mais que je ne vais pas vous dévoiler !
J'ai beaucoup aimé retrouver l'écriture de Gaëlle JOSSE, son rapport à la langue. Les phrases sont judicieusement travaillées. Elles sont le reflet d'une grande sensibilité. Les mots sont justes, minutieusement choisis. C'est cette quête qui l'unit avec son personnage féminin, cette traductrice :
Je me suis aperçue que les langues et la danse, c'était presque pareil. Danser avec les mots ; créer un autre geste. De la beauté, parfois. Je fais de mon mieux, j'aime ce travail, chercher, errer dans un texte pour la joie d'approcher de temps en temps quelque chose de juste. P. 104-105
Et pour pousser encore plus loin les joies de l'écriture et atteindre la perfection, l'écrivaine fait intervenir une 3ème voix, histoire de jouer un peu plus encore avec les formes narratives, un bijou !
Vous commencez ce roman, impossible de le lâcher. Lisez donc cette phrase, P. 22 :
J'ignore que la tempête m'attend un peu plus loin.
Moi, je ne résiste pas !
2016-01-18T19:23:37+01:00
Un nouveau portrait de femme croqué par Pénélope BAGIEU sur son blog, "Les Culottées".
Excellent !
2016-01-18T13:13:42+01:00
C'est un réel plaisir de retrouver Riad SATTOUF pour l'Arabe du futur 2.
Sur la forme, rien ne change : même graphisme, mêmes couleurs, même police de caractère, toujours ces petites annotations pour éclairer le lecteur sur l'ambiance, l'atmosphère, l'environnement... tout est normal puisque nous sommes dans le n° 2 !
Sur le fond, nous poursuivons donc avec cette BD autobiographique. Le petit Riad a grandi, nous sommes en 1984-1985 et comme le dit la 4ème de couverture : "Ce livre raconte l'histoire vraie d'un écolier blond dans la Syrie d'Hafez Al-Assad".
Riad a 6 ans, l'âge d'aller à l'école. Sa mère a bien essayé par tous les moyens de retarder cette entrée en classe mais en vain. Elle doit bien accepter de le laisser grandir !
Riad découvre un nouvel univers. Il est surpris par le comportement de la maîtresse, par la violence du maître qui lui succédera, par la nécessité d'apprendre par coeur le texte du Coran sans aucune explication...
Stigmatisé pour ses cheveux blonds, Riad continue d'être victime de violences, d'actes anti-sémites. La guerre contre Israël fait des émules dans la jeune génération.
La mère de Riad se plaignant du manque de modernisme en Syrie et des conditions de vie des femmes notamment pour cuisiner, son mari décide de partir à la recherche de l'électroménager qu'il lui faut. Sous les yeux de Riad se dévoilent le marché noir, la corruption, les biens arrivant du Liban dans les coffres des voitures de taxi.
Riad entend aussi les traductions peu scrupuleuses de son père qui s'accommode des réalités pour plaire tantôt à sa femme, tantôt à sa famille syrienne.
Quand Riad revient au Cap Fréhel le temps de vacances en France, le choc des cultures est grand, Riad s'imprégnant de tout ce qui l'entoure. Il a quitté une grand-mère paternelle voilée, confinée à la maison, que la famille s'attache à couvrir le soir de dizaines de couvertures à l'image d'un tombeau, et découvre une grand-mère maternelle divorcée, libre de ses mouvements, qui vit seule, qui l'emmène à la pêche aux coquillages !
La référence aux vestiges archéologiques de Palmyre m'a peinée. Les ruines étaient inscrites au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 1980, elles figurent désormais dans la liste des biens "en péril"... une seule consolation, Riad les a vues !
A découvrir absolument. Vivement le n° 3...
2016-01-17T20:07:27+01:00
Qui peut mieux parler de la vie de Noreen RIOLS qu'elle-même !
Personnellement, je suis tombée sous le charme de sa voix chaleureuse, claire, pleine de conviction encore, de Noreen RIOLS lors de son passage à l'émission de Stéphanie DUNCAN du 2 novembre 2014 : "Les femmes, toute une histoire".
Disponible en podcast sur France Inter, je ne peux que vous inciter à l'écouter pour vous mettre en appétit d'un livre : "Ma vie dans les services secrets" qui retrace avec beaucoup de minutie le parcours d'une femme hors norme.
A 18 ans, comme toutes les jeunes filles en Angleterre, les études s'arrêtent. Concours de circonstance, nous sommes en 1940, elle est donc destinée aux usines de fabrication des munitions. Mais Noreen RIOLS, elle, décide de choisir de son avenir. Elle s'inscrit pour participer aux forces armées de Grande Bretagne. 1 premier acte ô combien audacieux de cette femme !
Elle se retrouve au Ministère de la Guerre Economique puis dans les services secrets mis en place par Churchill, le "Special Operations Executive", S.O.E.. Bilingue, elle présente toutes les caractéristiques pour être recrutée. Commence alors une folle aventure au service de la Résistance, Noreen RIOLS intègre la section F du S.O.E..
Elle servira "d'appât" pour tester les agents potentiels sur le départ. Elle transmettra également sur les ondes de la BBC des messages destinés aux Résistants. Les phrases dans lesquelles une couleur était intégrée leur étaient spécifiquement adressées pour faire savoir qu'une opération avait réussi avec la mise à disposition d'hommes, d'armes...
Cette autobiographie est particulièrement riche de détails qui, en temps de guerre, prennent une dimension toute particulière, au péril parfois d'une ou de plusieurs vies.
Je pense notamment au passage concernant les agents prêts à partir en mission. Un soin tout particulier était porté aux vêtements.
S'ils avaient été infiltrés en France en portant des habits de coupe anglaise, même après qu'on leur aurait ôté leurs étiquettes d'origine pour y coudre celle des "Galeries Lafayette" ou du "Printemps" à la place, cela aurait pu les trahir. P. 93
Ce sont aussi des agents doubles qu'il convient de se méfier à l'image de Henri DERICOURT qui
travaillait ostensiblement pour le S.O.E., mais aussi pour la Gestapo et l'Abwehr (le Renseignement militaire allemand). P. 103
Noreen RIOLS est la seule femme a avoir participé au S.O.E. et encore vivante aujourd'hui sur les 30 qui ont asssuré la même mission. Elle ne manque pas de rendre hommage aux jeunes mariées et à toutes ces femmes, mères, qui laissaient alors leurs enfants au couvent ou à des proches pour servir le S.O.E.. Elle se souvient de l'une d'elles
Odette SAMSON laissa ainsi ses trois fillettes, dont une à peine âgée de trois ans [...]. P. 124
Noreen RIOLS raconte sa rencontre plus tard avec la fille d'Odette SAMSON qui n'avait que 6 ans à l'époque et qui lui disait alors
Maman, maman, comment peux-tu faire ça ? Comment peux-tu nous laisser ?
et qui plus tard, devenue adulte, dira :
Je suis fière de ma mère et de ce qu'elle a fait. P. 125
Elle retrace aussi cette fraternité qui unifiait les hommes et les femmes par temps de guerre et sa fragilité quand le climat s'apaise
Il y avait le sentiment d'unité que nous éprouvions tous pendant ces années tragiques, lorsque nous nous battions pour la même cause, ce sentiment d'unité s'évaporant malheureusement dès que les hostilités prirent fin. P. 190
Elle évoque enfin ses ressentiments à l'égard du Général de GAULLE, lui-même à la tête d'un réseau, le M16. Alors que le régime nazi allemand menaçait leurs peuples, lui et Churchill entretenaient une rivalité malsaine et totalement inappropriée en temps de guerre.
Le Général de GAULLE n'a jamais voulu reconnaître le S.O.E., il vouait plus d'estime pour l'Abwehr et le Renseignement militaire allemand, dit-elle. Surprenant, non ? La guerre terminée, il refusera aux 480 agents de la section F le statut de Compagnons de la Libération.
De ces agents, il faut savoir que 104 ont été exécutés dans des camps de concentration ! Noreen RIOLS rend hommage en annexe à son autobiographie à ces "Agents de la section F qui moururent pour libérer la France". De la P. 321 à la P. 334, elle fait part de leur identité et relate leurs faits jusqu'aux conditions de leur exécution.
J'ai beaucoup aimé lire cette autobiographie, comme celle de Jeanne HEON-CANONE il y a quelques semaines. Ces récits de vie nous en disent beaucoup sur le parcours de ces résistant.e.s qui méritent d'être honoré.e.s à leur juste valeur. Ils.Elles se sont battu.e.s pour notre LIBERTE. C'est une page de notre Histoire dont Noreen RIOLS assure la mémoire.
2016-01-13T07:21:39+01:00
Gérard COLLARD a encore frappé ! C'est absolument incroyable... quand il présente un coup de coeur avec son amie Valérie EXPERT, à chaque fois j'adhère !!!
Nous sommes à la toute fin du XIXème siècle, c'est en 1899 que naît Joseph GUILLEMIN à Nantes. Son père est boulanger, sa mère vend le pain, et cet enfant naît avec un bec-de-lièvre. Son destin est tout tracé : il sera boulanger, comme son père et son grand-père "Avec cette tête-là" !
Mais c'est sans compter sur une scolarité agitée. Bouc émissaire de l'ensemble des élèves, il se fait maltraiter à l'insu de tous les adultes et dans des conditions odieuses. Entre boucs émissaires, des liens se créent ! David ARAN vient d'arriver. Son physique est singulier :
Petit et plutôt chétif, le nouveau venu avait le cheveu très noir, la peau mate et de grands yeux de myope qui, à travers des lunettes à monture métallique, lui donnaient un air de batracien étonné. P. 51
Au physique s'ajoute un nom de famille difficile à porter : Aran. Les métaphores ne tardent pas à tomber :
Tu pues le poisson, Aran. Dégage ! C'est ma place ! P. 55
Il n'en fallait pas plus pour que ces deux-là unissent leurs forces, à l'école et en dehors. Alors même que l'activité familiale occupe une grande partie des loisirs de Joseph, ses parents l'autorisent à inviter David à la maison, conscients de la solitude vécue par leur fils unique. Commencent alors des allées et venues entre les 2 familles : Joseph découvre un niveau de vie plus aisé, un univers culturel axé autour de la musique, l'expression de sentiments comme jamais il ne s'y était autorisé, excepté avec sa grand-mère aujourd'hui disparue.
Excellents élèves, leur scolarité va être menée en duo jusqu'au lycée. C'est à ce moment-là que la Guerre éclate et que leurs chemins vont se séparer.
Ce roman relate le magnifique parcours initiatique d'un garçon sur lequel s'abattent les déterminismes. Le 1er repose sur la catégorie sociale et l'activité professionnelle à laquelle sa famille ne peut imaginer qu'il échappe. Le 2d correspond au physique, objet de discrimination, y compris au sein de son propre environnement familial.
Avant même cette rencontre avec son ami David, la personne qui va être la plus importante dans l'ambition et l'espérance d'être autre chose qu'un boulanger pour Joseph, c'est sa grand-mère, une femme instruite et cultivée.
[...] s'intéressant à tout et soucieuse de transmettre à son petit-fils non seulement ce qu'elle savait, mais aussi l'appétit de ce qu'elle ne savait pas. P. 12
Ce passage très beau et très juste montre la richesse des apports des grands-parents dans la construction d'un enfant.
Le rapport aux livres qu'entretenait cette femme résonne totalement avec vos réalités quotidiennes, j'en mettrais ma main à couper ! Je pense aussi que je me serai bien entendue avec cette femme !
Les romans étaient le pain quotidien d'Yvonne Guillemin. Elle lisait lentement, prenait des notes, s'instruisait et complétait ainsi, pièce par pièce, un patchwork de connaissances lui permettant non pas de briller dans la conversation, mais parfois de surprendre. P. 49
Outre les apports de la littérature, François FOLL emmène également son.sa lecteur.rice sur le champ de la musique, des difficultés de son apprentissage mais aussi de la qualité des résultats à force d'entraînement. Le piano est parfaitement en harmonie avec le milieu juif dans lequel évolue David. Et pourquoi pas chez un boulanger ?
Ce roman présente aussi la qualité d'être historique. La 1ère partie reflète les conditions de vie d'une famille d'artisans du début du XXème siècle, la 2de relate tout un pan de notre Histoire, la condition de soldat des tranchées pendant la 1ère guerre mondiale. Ce roman est d'ailleurs dédié au grand-père de l'auteur, vraiment dénommé Joseph et lui aussi rescapé du Chemin des Dames.
Tous ces ingrédients portés par une écriture fluide, romancée, émouvante, donnent une puissance à ce roman exceptionnel. Cerise sur le gâteau, il fait 388 pages, de quoi le savourer à l'envi ! C'est un coup de coeur, assurément !
Merci Gérard !
Je ne résiste pas à partager cette très belle citation... qui donne un sens à la vie !
Les nouveaux ne savaient pas encore ce qu'était pour les rescapés des tranchées le simple fait d'être en vie, de sentir un rayon de soleil sur sa peau, de faire longuement tourner en bouche le liquide sombre d'un mauvais pinard, de déguster un plat chaud de haricots et de patates à la sauce bricolée. Bref, faute d'avoir cotoyé la mort, ils ignoraient le plaisir qu'il y avait à se sentir simplement vivant. P. 253
2016-01-12T22:03:04+01:00
Pénélope BAGIEU, c'est une jeune femme très active.
Auteure de BD, elle a déjà sorti un certain nombre d'albums : chez Delcourt, "Ma vie est tout à fait fascinante" et la série "Joséphine", chez Gallimard plus récemment, "California Dreamin'". Ces couvertures vous disent peut-être quelque chose :
Elle a aussi nourri pendant plusieurs années un blog avec des chroniques sur ses périples à l'international tout à fait croustillantes comme celle de son séjour en Irlande par exemple.
Elle s'est retrouvée également au coeur d'un mouvement écologique en 2013 mené par l'Association Bloom. Elle a ainsi illustré la lutte contre la pêche avec chalutage profond.
Elle est aussi très présente sur la toile sur le site de Mademoizelle où elle présente des BD d'autres auteur.e.s sous forme de vidéos.
Aujourd'hui, place à un nouveau défi : Pénélope BAGIEU se lance dans la promotion du parcours de 25 femmes audacieuses qui ont décidé un jour de prendre leur destin en main.
Avant, sur Le Monde, il y avait Plantu. Et bien, depuis lundi, il doit faire une petite place à une collègue. Tiens, tiens, ça me rappelle la polémique sur les 30 nominés du Festival de BD d'Angoulême. Vous ne croyez pas aussi bien dire ! Le lancement du blog était prévu fin janvier, mais vu la tournure des événements, la rédaction du journal Le Monde a décidé de le lancer dès maintenant. Excellente idée !
Les Culottées, le nom sonne bien pour des femmes hors norme qui se sont affranchies des pressions sociales de leur époque. Il colle aussi très bien au personnage de Pénélope BAGIEU, cette jeune femme dont le regard sur les événements de la vie est pour le moins singulier et humoristique. Ses yeux malicieux témoignent d'une très belle vivacité d'esprit !
Il en faut plus pour vous convaincre ? Le 1er portrait de femme est dédié à Clémentine DELAIT, cette femme à barbe française devenue la mascotte des poilus !
Rendez-vous chaque lundi sur le site LeMonde.fr ...
Culottée, Pénélope BAGIEU, non ?
2016-01-11T22:30:39+01:00
Riad SATTOUF, on ne parle que de lui ces derniers jours et il le vaut bien !
Riad SATTOUF est cet homme qui a fait trembler le monde du Festival BD d'Angoulême et qui a révélé, au grand jour, l'absence totale de femmes sur la liste des 30 nominés.
Alors que le Collectif des créatrices de BD contre le sexisme avait appelé au boycott du Festival et que personne n'avait réagi, ou presque, il n'aura fallu qu'un post de Riad SATTOUF pour faire exploser la bulle !
Riad Sattouf
1 Mutual Friend · January 5 at 5:29pm ·
Bonjour!
J'ai découvert que j'étais dans la liste des nominés au grand prix du festival d'Angoulême de cette année. Cela m'a fait très plaisir !
Mais, il se trouve que cette liste ne comprend que des hommes.
Cela me gêne, car il y a beaucoup de grandes artistes qui mériteraient d'y être.
Je préfère donc céder ma place à par exemple, Rumiko Takahashi, Julie Doucet, Anouk Ricard, Marjane Satrapi, Catherine Meurisse (je vais pas faire la liste de tous les gens que j'aime bien hein !)...
Je demande ainsi à être retiré de cette liste, en espérant toutefois pouvoir la réintégrer le jour où elle sera plus paritaire! Merci!
On se voit à Angoulême!
Riad
Riad SATTOUF aurait pu être une femme, peu importe. Il doit être reconnu en tant qu'individu pour les valeurs qu'il revendique mais aussi et surtout, pour son art, il s'agit d'un auteur de BD.
Il s'est fait remarquer avec "L'Arabe du futur", lauréat en 2014 du Grand Prix RTL de la BD et en 2015 du Prix du Premier Album au Festival BD d'Angoulême.
La moindre des choses, aujourd'hui, est de présenter cet album magnifique qui retrace "l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d'Hafez Al-Assad", entre 1978 et 1984. Et cette histoire est celle de Riad SATTOUF justement.
Roman graphique autobiographique, "L'Arabe du futur" retrace sa petite enfance composée de voyages et marquée par le choc des cultures. Son père est Syrien, sa mère est Française. Ses parents se sont rencontrés sur les bancs de l'Université à Paris. Quand son père est diplômé, il cherche un poste qu'il trouve en Lybie. Lui et sa mère découvrent une autre manière de vivre. Pour la naissance du 2ème enfant, sa mère et Riad prennent l'avion pour la Bretagne, retour au Cap Fréhel. Un dernier voyage l'emmènera en Syrie, sur la trace des origines de son père.
Cet album est riche d'enseignements historiques. Il permet de replacer dans leurs contextes des hommes et des femmes qui ont vécu sous les régimes de Kadhafi et Hafez Al-Assad, 2 hommes arrivés au pouvoir suite à des coups d'Etat.
J'aime beaucoup le graphisme de l'album. Les dessins sont simples, la bichromie avec l'alternance de pages oranges, bleues, roses, permet de se repérer dans la chronologie des événements. La police de caractère est très lisible, ce qui permet de profiter pleinement du plaisir de la lecture.
Ce qui est très drôle, c'est l'humour de l'auteur mis au service du regard d'un enfant sur son environnement, sa famille, ses grands-parents, paternels et maternels, ses oncles et tantes, ses cousins...
Cet album met aussi le doigt sur les différences, les stéréotypes. Quand un petit garçon aux longs cheveux blond platine débarque en Lybie, tout est possible...
2016-01-10T10:18:28+01:00
La période est marquée par un anniversaire douloureux. Il y a un an, le 7 janvier, des hommes et des femmes tombaient sous les balles de terroristes au siège de Charlie Hebdo, un profond chagrin m'envahit.
Mais il y a un an aussi, le 11 janvier, un cri de liberté était lancé par une très large mobilisation de citoyens. Dans toutes les villes de France, des hommes et des femmes disaient stop à la peur, un très beau signe d'espérance.
Entre ces 2 dates naissait T Livres ? T Arts ?
Alors, aujourd'hui, je voudrais souffler cette 1ère bougie avec vous...
Cette bougie, elle vous appartient à vous comme à moi.
Sans vous, le blog ne serait rien !
Je pourrais me contenter de rédiger mes critiques dans un cahier que je glisserais soigneusement dans le tiroir d'une commode.
Mais voilà : "Les plus belles découvertes cesseraient de me plaire si je devais les garder pour moi."
Cette phrase n'est pas de moi ! Elle est de Sénèque mais elle témoigne tellement du plaisir que je prends à partager mes coups de coeur, mes déceptions aussi parfois, que je l'emprunte allègrement.
Nos échanges permettent de nourrir la réflexion, de porter des regards différents, sur les livres, objet de toutes nos convoitises, mais aussi plus largement sur l'art.
Alors même que le blog n'a qu'un an, il comptabilise déjà :
2 729 visiteurs uniques
5 085 pages vues
Pour fêter l'événement comme il se doit, je vous ai prévu un petit cadeau...
J'ai fait le bilan des différentes catégories d'articles et force est de constater que certaines ne sont pas les plus pertinentes. Je pense notamment à la rubrique "Mes adresses" qui a finalement été peu alimentée (petit jeu de mot, je me sens en pleine forme aujourd'hui !).
Alors, j'ai décidé de la remplacer par "Mes auteurs".
Là, je vais m'attacher à publier tout au long de l'année, 26 articles pour les 26 lettres de l'alphabet.
A chacune, correspondront des noms d'auteurs et la liste de leurs livres. Certains billets sont de mon crû, d'autres pouvant être rédigés par ce groupe de lectrices qui faisait partie de l'équipe de L'Antre des Mots.
Il faut toujours se souvenir d'où l'on vient ! Un grand coup de chapeau parce qu'elles m'ont aidée à faire mes premiers pas sur la toile.
L'Antre des Mots n'est pas mort ! Il continue d'être largement visité puisqu'en un an, malgré l'absence de billets nouveaux, il a quand même accueilli plus de 10 300 visiteurs !
Vous êtes formidables et j'ai envie de passer une nouvelle année avec vous, une année pleine de découvertes, une année qui nous permette de nous émanciper, de rêver, d'imaginer d'autres possibles, de passer les frontières, de plonger au coeur de l'humanité... bref, de VIVRE !
Alors, on se lance ?
2016-01-09T20:14:21+01:00
Je suis toujours curieuse de découvrir des parcours de vie d'immigrés notamment à travers des albums comme autant d'outils pédagogiques pour nous aider à faire évoluer notre regard.
L'année dernière, je vous avais présenté la collection "Français d'ailleurs", ces albums illustrés de Valentine GOBY. Avec "Le rêve de Jacek", c'est le mouvement migratoire venu de Pologne dans les années 1930 avec une seule et même direction, le Nord pour travailler à la mine. 30 années plus tard, ce sont les Algériens qui arrivent à Billancourt pour travailler dans l'industrie automobile, "Le cahier de Leïla" relate leur parcours.
Là, il s'agit de découvrir des hommes et des femmes venus d'ailleurs pour travailler en Pays de la Loire sur la base de 8 récits. Ils sont venus de Somalie, d'Angola, de Tchétchénie, du Chili, du Gabon, de Russie... Il y a aussi ces chibanis arrivés à Saint-Nazaire.
Cet album retrace l'histoire de l'immigration comme une composante de l'Histoire de la France. Des Universitaires ont contribué à sa réalisation.
Edité par le Centre Interculturel de Documentation, il est ponctué d'éléments historiques, démographiques comme autant de repères.
Il est illustré par différents auteurs : Nicolas DESIRE-FRISQUE, Didier GARGUILO, Izou, Diane MOREL, Polina, Delphine VAUTE, Yas, Hélène CRUSSON-RIPOCHE.
Légèrement conditionnée par la polémique qui règne autour des nominés du Festival de BD d'Angoulême, je me fais la réflexion que là, ce sont seulement 3 hommes qui ont contribué à la réalisation de cet ouvrage. Les femmes sont au nombre de 5. Tiens donc, y aurait-il des femmes illustratrices ? Mais bien sûr et quel talent !
Personnellement, j'ai été touchée par les dessins d'Izou aux couleurs chatoyantes, des dessins empreints de féerie et de mouvement. A l'image de ceux de Rebecca DAUTREMER, tiens, encore une femme !
J'ai beaucoup appris à la lecture de cet album et j'aimerais qu'il circule entre les mains d'adultes, d'enfants, pour éclairer chacun sur l'Autre parce que notre regard importe.
Je voudrais citer Amin MAALOUF :
C'est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c'est notre regard aussi qui peut les libérer.
A l'aube de cette année 2016, cette lecture pourrait peut-être nous aider à construire un monde meilleur...
2016-01-09T13:55:11+01:00
Encore une référence du café littéraire ! Un tout petit livre, seulement 55 pages, mais d'une très grande intensité.
Il s'agit du 1er récit autobiographique d'Agota KRISTOF, romancière. Vous la connaissez ?
Elle est née en Hongrie en 1935, d'un père instituteur, et d'une mère au foyer. Elle mène sa vie d'enfant aux côtés de ses 2 frères, baignée dans un monde d'instruction.
Elle est passionnée de lecture :
Je lis. C'est comme une maladie. Je lis tout ce qui me tombe sous la main, sous les yeux : journaux, livres d'école, affiches, bouts de papier trouvés dans la rue, recettes de cuisine, livres d'enfants. Tout ce qui est imprimé. P. 5
Son grand-père offre une animation aux habitants du village le dimanche, il demande à sa petite-fille de lire le journal. Il est fier d'elle.
Ses lectures développent son imagination, elle imagine des histoires, écrit des poèmes... jusqu'à l'âge de ses 14 ans. Là, elle entre en internat où seules les filles sont admises. Les règles de vie sont strictes. Elle est loin de ses frères et de sa famille. Elle souffre terriblement du manque de liberté. Alors, pour oublier ses moments de solitude, elle anime les soirées avec des amies en mettant en scène des histoires.
A l'extérieur, et depuis plusieurs années déjà, son pays est en guerre. L'année 1953 est marquée par la mort de Staline, les suivantes le seront par celle de milliers de personnes, 30 000 en Hongrie en 1956.
Mariée avec une petite fille de 4 mois à charge, Agota KRISTOF décide de quitter la Hongrie. Ils franchissent la frontière par le biais d'un passeur. Ils arrivent en Suisse. Elle y trouve un emploi à l'usine. Elle commence à écrire des pièces de théâtre et puis vient le moment de la publication de son 1er roman.
Ce tout petit récit autobiographique est une véritable perle.
Il nous fait toucher du doigt les richesses de la lecture et cette capacité à s'émanciper de son environnement, y compris quand le contexte est grave.
Le titre pourtant nous interpelle : "L'analphabète". En fait, elle aborde avec beaucoup de justesse l'exil, l'apprentissage des langues et cette déchirure lorsqu'elle s'est rendue compte qu'en terre étrangère elle ne pouvait lire, elle qui croyait qu'il n'existait qu'une seule langue dans le monde entier :
Je ne pouvais pas imaginer qu'une autre langue puisse exister, qu'un être humain puisse prononcer un mot que je ne comprendrais pas. P. 21
Elle met aussi des mots sur ce mal du pays, cette force irrépressible des origines. Alors même que leurs conditions de vie se sont améliorées, elle ne vit plus dans un pays en guerre, elle travaille et peut nourrir sa famille, elle a un toit pour dormir. Et pourtant, impossible d'être heureuse.
Comment lui expliquer, sans le vexer, et avec le peu de mots que je connais en français, que son beau pays n'est qu'un désert pour nous, les réfugiés, un désert qu'il nous faut traverser pour arriver à ce qu'on appelle "l'intégration", "l'assimilation". A ce moment-là, je sais que certains n'y arriveront jamais.P. 44
C'est un magnifique témoignage qui nous éclaire une nouvelle fois sur la condition de réfugiés. Malgré la bienveillance, la solidarité des accueillants, jamais rien n'est gagné !
J'ai maintenant bien envie de lire Agota KRISTOF. Vous avez des références à me conseiller ?
2016-01-07T07:00:10+01:00
Une pensée aujourd'hui à ces hommes et ces femmes qui ont payé de leur vie NOTRE liberté d'expression...
2016-01-05T22:41:17+01:00
Quand il m'arrive de manquer de références de livres à lire (je plaisante bien sûr !!!), je fréquente les cafés littéraires...
C'est comme ça que j'ai récupéré celui de Paola PIGANI : "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures".
Je dois bien l'avouer, j'ai totalement fait confiance aux lectrices qui ne tarissaient pas d'éloge pour ce livre, en ignorant même jusqu'au sujet.
Et là, surprise ! Quand ce n'est pas moi qui cherche les romans historiques, ils viennent à moi !
Nous sommes dans la région d'Angoulême en novembre 1940. L'ordre est donné par la Feldkommandantur aux sans domicile fixe de rejoindre le camp des Alliés. Alba a 14 ans à l'époque. Sa famille, comme de nombreuses autres, va devoir s'y installer. La sédentarisation devient la règle, les roulottes doivent être mises au rebut et les chevaux vendus. Même le feu est interdit. Pour combien de temps ?
C'est un magnifique roman sur les Tziganes, leurs modes de vie, leurs rites, leurs traditions, leur relation fusionnelle avec Dame Nature, source de richesses. Il retrace cette soif de liberté que seul le mouvement peut assouvir. Il met en valeur la place des femmes parfaitement incarnée par le personnage d'Alba, et plus encore par Rita, cette vieille femme qui fait obéir l'ensemble du clan, hommes, enfants, tous s'y soumettent. Ce roman m'a fait penser à "Grâce et dénuement" d'Alice FERNEY dans cette approche ô combien respectueuse des Tziganes et de leur condition.
C'est aussi un roman qui a le mérite de relater, une nouvelle fois, une page de l'Histoire négligée par les programmes scolaires. Ce roman est écrit sur la base des témoignages d'Alexienne Winsterstein qui a inspiré le personnage d'Alba. 350 Tziganes furent internés au camp des Alliés entre 1940 et 1946. Il s'agit du dernier camp d'internement libéré sur la trentaine qui a existé en France occupée. Au total, ils ont accueilli 6500 hommes, femmes et enfants.
Il traduit le désarroi de ces familles contraintes de se regrouper et de renoncer à leur existence passée :
Durant la toute dernière partie du voyage, ils avancent hébétés comme si on leur avait intimé l'ordre de marcher sur l'eau. De fait, c'est une horde de noyés qui franchit le portail du camp des Alliés ce jour de novembre 1940. P. 37
Il s'attache à décrire leurs conditions de vie. Nous sommes en temps de guerre. La misère, la faim, le froid... guident leurs moindres faits et gestes.
J'ai été bouleversée par cette scène des fêtes de Noël. Une parenthèse avec des femmes belles, lavées, des enfants gâtés avec des sucettes de caramel réalisées dans des cuillères à café, et puis ce spectacle d'ombres chinoises donné par Louis, le père d'Alba. Un très beau moment de fraternité.
Ce roman met le doigt sur le choc des cultures qu'exacerbe ce type de structures. Comme souvent, il y a les dominés et les dominants. Pour les premiers, il s'agit d'imposer à ce peuple une manière d'être, de vivre...
Le camp d'internement se veut être un camp d'éducation où tout le monde doit oublier son mode de vie antérieur, apprendre les joies de la sédentarisation, le plaisir de vivre dans les ersatz de maisons qui se putréfient sur des sols froids et humides, traversés de toutes sortes de rongeurs et d'insectes nocifs, le plaisir d'être coupés de la bienfaisance des arbres, du vent et de la lune. P. 61-62
Pour les dominés, il y a la force irrépressible des origines, des valeurs, des codes, des références, et les déchirements qu'occasionnent l'abandon de ce qui donnait un sens à leur vie, à l'image de leurs animaux...
Leurs chevaux sont leurs ailes, leur puissance, leur signe extérieur de richesse. P. 55
Je fais partie de celles et ceux qui pensent que les livres peuvent nous permettre d'évoluer dans notre relation à l'Autre. Dans le contexte actuel d'afflux de migrants en Europe et plus près de nous, en France, le roman de Paola PIGANI donne indéniablement un éclairage tout particulier sur les écueils de certaines modalités d'intégration. Essayons de ne pas les renouveler !
2016-01-03T12:40:11+01:00
Pour commencer l'année 2016 comme il se doit, je dédie ce 1er billet à une femme d'exception : Jeanne HEON-CANONNE.
J'ai fait sa découverte au gré d'un roman, un coup de coeur de la fin de l'année 2015 : "L'importun" de Aude LE CORFF.
L'écrivaine cite cette femme. Elle fait référence à la prison d'Angers, à l'emprisonnement et la torture des Résistants de la région avant leur déportation. Je me suis rapidement fait la réflexion que je ne connais, en réalité, rien de cette page de l'Histoire alors que je suis née dans cette ville, que j'y vis toujours, et qu'elle fait un peu partie de ma vie, mes parents sont nés en 1944, au moment même où une nouvelle page de la 2de guerre mondiale était écrite, une page oubliée. Aude LE CORFF a fait un magnifique travail en la retraçant.
Et ma curiosité a encore grandi quand j'ai découvert que Jeanne HEON-CANONNE avait laissé une trace de son itinéraire dans un témoignage intitulé "Les hommes blessés à mort crient" dans lequel figure une Lettre-préface d'Albert Camus. Il ne m'en fallait pas plus pour me connecter à la Librairie en ligne de La Griffe Noire, et là, surprise, il est disponible !
Livré quelques jours plus tard, il m'a accompagné dans le passage à la nouvelle année. Je vous livre quelques éléments de sa vie :
Tout commence le 20 juin 1944, le jour de leur arrestation, celle de son mari et de Jeanne HEON-CANONNE, tous deux médecins installés près de la Gare. Ils ont récemment transféré leur cabinet à leur domicile, Rue Paul Bert à Angers. Ils ont 3 enfants, elle est enceinte de 3 mois. Ils sont emprisonnés par la Police Allemande. Ils sont séparés et plongés dans un univers de torture. Alors qu'ils découvrent les messages écrits sur les murs de la Prison d'Angers par leurs précédents occupants, qu'ils entendent les cris de ceux qui subissent les pires châtiments, Jeanne HEON-CANONNE écrit :
Il faudra jusqu'à la mort protéger les camarades en liberté pour leur permettre de continuer le travail, même si je dois perdre Michel... P. 27
Pour moi, une seule ligne de conduite : tenir tête, résister à la terreur, résister à l'intimidation, résister à la panique, résister au désespoir, surtout résister au règlement. Veiller chaque jour à accomplir un acte positif de résistance, pour convaincre l'ennemi qu'il peut asservir nos corps, mais que nos esprits demeurent libres. P. 46
Son mari est soupçonné de participer au réseau des Cheminots Résistants, d'avoir fait évader des officiers des Hôpitaux d'Angers, des centaines de familles juives, de rédiger de faux certificats pour empêcher les transferts vers l'Allemagne...
Elle puise sa force dans la foi religieuse :
Celui qui pense que la prière est une vaine redite, celui-là n'a pas prié, torturé dans son corps et dans son âme, il n'a pas prié avec sa faiblesse, avec ses péchés. P. 44
Elle craint plus que tout que la Gestapo s'en prenne à ses enfants. La Libération approche, elle craint que les Allemands ne se vengent sur leurs familles, celles
des terroristes, c'est ainsi qu'on nous appelle...P. 88
Je vais toutefois vous inciter à le lire...
Parce que, d'abord, c'est un très beau témoignage, intime dédié à ses enfants (Danielle, François, Annette), qui a trouvé la voie de la publication qui permet aujourd'hui de rendre hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont lutté, se sont battus contre l'occupant, au péril parfois de leur vie et de celle de leurs proches.
Quelle abnégation ! Quand je lis ce type de témoignage, je ne peux m'empêcher de penser à la chanson de Jean-Jacques GOLDMAN : "Né en 17 à Leidenstadt". Moi qui est mariée, moi qui est 2 enfants, qu'aurais-je fais si j'avais été à sa place ?
Parce ce que, outre la présentation de ces hommes et de ces femmes, ce témoignage brosse le portrait de toute une région sous l'occupation. Découvrir l'Histoire qui s'est passée dans les rues d'Angers, de Saumur, sur les bords de Loire... me touchent profondément. Ce sont des lieux où j'aime me promener et je découvre, au gré de cette lecture, une page insoupçonnée.
Parce ce qu'enfin, nous ne savons malheureusement pas de quoi sera fait notre avenir... l'année 2015 s'est achevée avec les attentats du 13 novembre à Paris. Les Français sont meurtris par ce nouvel épisode d'actes barbares. Cette femme avec un grand F pourrait bien nous montrer le chemin de la liberté...
Je vous propose de terminer avec une citation d'Albert CAMUS, la 1ère phrase de sa Lettre-préface : "
Je n'ai pas besoin de vous dire que la vérité, quand elle a malheureusement ce visage-là, ne peut s'aborder ni se quitter sans la plus sincère des compassions. P. 7
2016-01-01T19:15:23+01:00
Je vous souhaite une très belle année
riche de découvertes livresques,
qui fassent souffler un vent de liberté
et vous offrent de vastes horizons...
On en reparle sur la toile !
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