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2019-10-31T08:45:28+01:00

Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

Publié par Tlivres
Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

Ma #citationdujeudi est extraite d'un premier roman sélectionné par les 68 Premières fois : "Ceux que je suis" d'Olivier DORCHAMPS aux éditions Finitude, un petit jubilé de tendresse, d'émotion, de bienveillance pour évoquer l'exil, le déracinement, cette double culture qui marque de son empreinte des êtres qui ont eu la (mal)chance de naître dans un autre pays que celui dans lequel ils vivent tous les jours.

Je vous le conseille absolument.

Et puisque nous clôturons aujourd'hui le mois d'#Octobrerose, elle est toute teintée de rose. Le #rubanrose a 25 ans. #Tousunispourunememecouleur et pour le dépistage du #cancerdusein.

Retrouvez toutes mes chroniques de cette sélection :

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Tous tes enfants dispersés de Beata UMUBYEYI MAIRESSE

L'imprudence de Loo HUI PHANG

Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

Une fille sans histoire de Constance RIVIERE

J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi de Yoan SMADJA

 

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2019-10-29T20:25:09+01:00

La chaleur de Victor JESTIN

Publié par Tlivres
La chaleur de Victor JESTIN

Parce que cette #RL2019 de septembre est particulièrement riche en émotions et que les fées des 68 Premières fois savent repérer le talent de primo-romanciers, mon #mardiconseil est une lecture coup de poing.

Vous ne me croyez pas ?

Lisez donc les premières lignes de « La chaleur » de Victor JESTIN...


Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire, comme les enfants dans les faits divers. Oscar n’était pas un enfant. On ne meurt pas comme cela sans le faire exprès à dix-sept ans. On se serre le cou pour éprouver quelque chose.

Vous êtes sous le choc ? Moi aussi !

On en reparle samedi 😉

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2019-10-28T07:57:24+01:00

L’Estacade du casino Marie-Christine au Havre de Raoul DUFY

Publié par Tlivres
© Photo : P. Richard Eells © Artists Rights Society (ARS), New York / Adagp, Paris, 2019

© Photo : P. Richard Eells © Artists Rights Society (ARS), New York / Adagp, Paris, 2019

Ma #lundioeuvredart est une toile de Raoul DUFY (1877-1953) "L’Estacade du casino Marie-Christine au Havre" réalisée en 1906.

Le Musée d'Art Moderne André Malraux consacre à l'artiste, jusqu'au 3 novembre 2019, une exposition temporaire. Pas moins de 80 oeuvres y sont réunies avec pour seul sujet, la Ville du Havre.

Cette ville, qui a vu naître Raoul DUFY, a été totalement détruite pendant la seconde guerre mondiale. Si d'aventure son histoire vous intéresse, je vous conseille le roman "Par amour" de Valérie TONG CUONG, un immense coup de coeur me concernant.

Toute teintée de rose, je profite de cette oeuvre pour soutenir la cause d'#Octobrerose. Le #rubanrose a 25 ans, #tousunispourunememecouleur et pour le dépistage du #cancerdusein.

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2019-10-26T06:00:00+02:00

J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi de Yoan SMADJA

Publié par Tlivres
J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi de Yoan SMADJA

Belfond

Parce que je ne lis plus les quatrièmes de couverture, 
Parce que je résiste aux chroniques avant d'avoir découvert par moi-même un roman,
et parce que j'adore voir la magie des choix très éclectiques des fées des 68 Premières fois opérer,
je ne savais absolument pas à quoi m'attendre avec le premier roman de Yoan SMADJA et puis vous assurer, maintenant, que c'était mieux ainsi !

Sacha Alona est grand reporter. Elle, qui depuis sa plus tendre enfance, croque la vie à pleines dents, avide de découvertes à réaliser, d'expériences à faire et de défis à relever, elle prend l'avion au printemps 1994 à destination du Cap en Afrique du Sud, missionnée qu'elle est pour relater les premières élections démocratiques post-apartheid. Très vite, avec Benjamin, photographe, Sacha flaire une filière d'armes. Elle découvre des machettes en quantités effroyables et qui, coupantes des deux côtés, ne peuvent répondre aux besoins de seuls agriculteurs africains. Elles sont faites pour tuer. Sans l'accord de son employeur, elle s'envole pour le Rwanda où la guident ses pas... elle ne sait pas encore qu'en quelques mois sa vie basculera. Elle croisera effectivement sur son chemin, un homme, Daniel Kobeysi, chirurgien obstétrique, originaire de Kigali, qui partage sa vie entre sa famille de Butare et les patientes des montagnes des Virunga. Sacha et Benjamin lui demanderont de les mener jusqu'à Paul Kagamé, alors vice-président, pour l'interviewer. Mais très vite, leur destin est percuté par les événements, l'attentat perpétré contre l’avion du Président Habyarimana, l'assassinat du Premier Ministre du Rwanda  avec 10 casques bleus belges chargés de sa protection. Daniel est torturé par l'angoisse de ne pas retrouver sa femme, Rose, et son fils, Joseph, menacés du génocide Tutsi qui sévit dans tout le pays. Tous trois vont partager des moments d'intimité alors même que l'humanité sombre dans l'ignominie.

Ce premier roman est absolument bouleversant.

Il l'est d'abord par le sujet même du livre. Si le génocide du Rwanda apparaît aujourd'hui, plus de 20 après, en littérature, chaque auteur a sa manière de le traiter en lien, souvent, avec sa propre histoire. Dans "Tous tes enfants dispersés" de Beata UMUBYEYI MAIRESSE, l'écrivaine, originaire de Butare, relate le retour au pays aujourd'hui d'une expatriée en France dès les premiers jours des massacres et évoque de façon suggestive la destruction d'une ethnie à travers les souvenirs égrenés par sa mère. Là, avec Yoan SMADJA, vous allez vivre les faits de l'intérieur, lui qui s'est rendu sur place 12 ans après le génocide.

Il l'est encore parce que vous allez, aux côtés de Sacha et Benjamin, participer à l'action de grands reporters dans des pays en guerre. Vous allez monter dans des véhicules improbables, vivre des embuscades et des montées d'adrénaline aux check-points, réagir instinctivement dans des moments d'extrême urgence, vous allez VOIR aussi ! Voir l'histoire se dérouler sous vos yeux, la capturer avec un appareil photo et les voir diffusés au monde entier ou bien l'écrire alors même que les mots vous manquent pour relater l'indicible.


Ceux qui ne savent qu’écrire n’ont pas d’issue, car il n’y a pas de mots. P. 200

Yoan SMADJA rend un vibrant hommage à une profession qui, chaque jour, met en danger la vie d'hommes et de femmes pour permettre à l'information d'être ce qu'elle est, pour permettre à une forme de liberté de perdurer, coûte que coûte. Il y a un très beau moment d'émotion partagé entre Sacha et Benjamin :


Ils esquissèrent un sourire, finirent même par rire, tels des enfants qui se seraient déguisés pour jouer, tels des adultes qui savaient apprécier le bonheur d’un instant, avant que le sol ne se dérobe sous leurs pieds. P. 184

ll l'est aussi parce que vous allez vous interroger sur le pourquoi des faits ? Comment l'Homme peut-il devenir aussi sauvage ? Comment peut-il un jour arriver à tuer ses voisins, ses amis, voire sa propre famille. Yoan SMADJA revient sur les années qui ont précédé le génocide, il explique comment des faits, mis les uns à la suite des autres, ont réussi à instrumentaliser des hommes.


La peur est un mécanisme efficace pour installer l’idée d’un « eux contre nous » obsessionnel. P. 102

L'écrivain concourt au devoir de mémoire. 1994, c'était hier, et nous alerte sur ce que pourrait devenir demain.

Il l'est enfin dans la forme narrative, un hymne à l'écriture. Yoan SMADJA va, dans un procédé ingénieux, se faire côtoyer deux plumes, celle de Sacha qui relate les faits pour son métier et celle de Rose, cette femme qui, tout au long des événements, va écrire à son mari, Daniel, pour lui conter sa vie et celle de son fils au cas où... Le jeu de l'alternance entre chapitres et correspondances vont rythmer un brillant roman.

Quant à la chute, et puisque, moi, je n'ai pas pris comme Sacha d'engagement, je me suis autorisée à pleurer toutes les larmes de mon corps. 

Yoan SMADJA signe assurément un premier roman bouleversant, de ceux qui vous font mesurer la fragilité de l'humanité, dans ce qu'elle a de plus noir, et de plus lumineux aussi. Je ne saurais dire si mes larmes étaient de chagrin ou  de plaisir... 

Retrouvez mes précédentes chroniques :

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Tous tes enfants dispersés de Beata UMUBYEYI MAIRESSE

L'imprudence de Loo HUI PHANG

Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

Une fille sans histoire de Constance RIVIERE

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2019-10-25T07:31:08+02:00

Vaincre à Rome de Sylvain COHER

Publié par Tlivres
Vaincre à Rome de Sylvain COHER

Actes Sud

Lecteurs que vous êtes, je suis sûre que vous avez toujours rêvé de courir un marathon EN LISANT.

Et bien, c’est maintenant possible ! Votre rêve devient réalité grâce à l’initiative de Sylvain
COHER.

Imaginez... sur la ligne de départ : 69 coureurs de 35 nationalités. 11 sont africains et vous en faites partie. Vous êtes éthiopien. 11, c’est aussi le numéro de votre dossard ! Vous faites 55 kilos. Vous êtes chrétien orthodoxe (ça vous semble un détail mais, on ne sait jamais, la foi et le spiritualisme pourraient vous être utiles !). Vous vous apprêtez donc à vous lancer dans une performance de haut niveau. Non seulement vous allez courir 42,195 kilomètres (c’est long !) mais encore, vous allez essayer d’arriver le premier (c’est à dire monter sur la plus haute marche du podium !) et pour couronner le tout (je ne sais pas vraiment comment vous l’annoncer !), vous allez courir pieds nus (oubliez donc les marques de chaussures high-tech, tout ça n’est que futilité quand vous avez un mental de gagnant !). Ah oui, j’oubliais, nous sommes à Rome et en 1960 (elle est bien cette épreuve sportive, vous venez de gagner presque 60 ans rien qu’en ouvrant le livre (vous n’étiez d’ailleurs pas nés pour nombre d’entre vous !). Vous vous appelez Abebe BIKILA. 1, 2, 3, partez !

Ce roman est tout à fait original. J’avais bien lu « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » de Haruki MURAKAMI. Nous étions en 2012... à J-7 de ma course à pied, un marathon justement ! J’avais beaucoup aimé la préparation réalisée par l’auteur, son humilité et sa modestie devant le défi à relever. A l’époque, ça m’avait fait du bien !

Là, rien de tout ça. Vous êtes venu pour gagner, vous allez gagner. Vous êtes coaché par un suédois, il croit en vous, rien ne peut vous arrêter... à condition de respecter quelques règles, notamment de ne pas jouer avec le feu dès le début de la course mais bien d’attendre le bon moment pour vous échapper... sans craindre d’être rattrapé !

Sylvain COHER va égrener les chapitres au rythme des kilomètres parcourus et des temps réalisés. Si vous focalisez le regard sur votre chrono, votre ami le plus cher le temps de la course, vous allez aussi ressentir chaque muscle. Là, il n’est pas utile de réfléchir ! Votre corps va se rappeler à vous. L’écrivain décrit formidablement bien les tensions du sportif de haut niveau. Il évoque les 20 premières minutes comme donnant le ton de l’épreuve. Il parle aussi des 30ème et 40ème kilomètres comme autant de repère dans la vie de votre organisme. Attention, la réserve de glycogène s’épuise, vous risquez de passer dans le rouge !

Ce roman, c’est aussi un itinéraire éminemment touristique. Vous allez avoir la chance de visiter Rome comme personne ne l’a jamais fait avant vous. Vous allez, certes à vive allure, découvrir le Colisée Trastevere, L’Obélisque d’Aksoum, les thermes de Caracalla, la route de Christophe Colomb, la
Place des Nations Unies, la Place du 25 Mars 1957, Le Cielo, La porte Saint-Sébastien, L’arc de Drusus, Le parc des Scipioni, La rue Saint-Grégoire et terminer avec l’Arc de Constantin. Vous allez repérer aussi la végétation : les cyprès, les chênes verts, les pins parasols...

Mais tout cela ne sera rien si vous n’aviez une revanche historique à prendre. Cette course relève du registre guerrier :


C’est la guerre, admet la Petite Voix. C’est la guerre contre la guerre et je reste dans le tracé de ma tranchée pour les trente-cinq kilomètres que je dois encore parcourir. P. 38

Souvenez-vous, 25 ans plus tôt, Mussolini lançait ses troupes pour contrer le fléau noir éthiopien. Abebe BIKILA veut prendre sa revanche, il veut représenter son pays et conquérir Rome. Il veut restaurer l’honneur des siens en passant le premier sous l’Arc Constantin, le symbole des ambitions coloniales du fasciste italien. Avec cette course, Sylvain COHER revient sur une page de la grande Histoire, souvent méconnue. Pour éviter qu’elle ne tombe dans l’oubli collectif, l’auteur en assure la mémoire. Rien que pour ça, bravo !
 


Aller contre la montre est un travail de mémoire puisque la mémoire seule peut nous rendre ce que l’on croyait perdu. P. 95

L’auteur fait d’Abebe BIKILA un héros, l’un de ces sportifs qui va « vaincre » les soldats. Peu importent les armes !


Ce que l’on perd à la guerre on le reprend autrement ; les militaires et les sportifs sont toujours là pour satisfaire ce besoin qu’à l’humanité de se confronter à elle-même. P. 159

Ce roman est prodigieux. Il allie de façon tout à fait audacieuse deux registres très éloignés l’un de l’autre et nous livre un roman à la première personne dans une plume profondément humaine. Quant au rythme, vous allez finir votre lecture essoufflé, mais peut-être rien de plus, en réalité ! Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne récupération !

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2019-10-25T06:00:00+02:00

Quand un auteur se livre... Portrait de Gilles MARCHAND !

Publié par Tlivres
Quand un auteur se livre... Portrait de Gilles MARCHAND !

Immense plaisir aujourd'hui de vous (re)présenter Gilles MARCHAND !

Gilles, tu es l'auteur de trois livres, 2 romans, 2 coups de coeur me concernant, et un recueil de nouvelles. Peux-tu nous parler de ton rapport à l’écriture ? Qu'est-ce qu'elle représente pour toi ?

Alors, je tiens à ajouter un autre roman que j'ai coécrit avec Éric BONNARGENT « Le Roman de Bolaño" aux éditions du Sonneur. Et un recueil de lettres de motivation : "Dans l'attente d'une réponse favorable" (ne l'achetez pas si vous cherchez un travail, il ne vous sera d'aucune aide, sauf si vous cherchez un emploi d'œuvre d'art ou de super héros !).

Si je tiens à les mentionner, ce n'est pas pour ajouter deux lignes à ma bibliographie mais parce qu'ils comptent beaucoup dans mon rapport à l'écriture.

Cela fait longtemps que j'écris, moins que je suis publié. Je pense que si un jour je ne suis plus publié, je continuerai à écrire. Un peu à la manière dont je joue de la guitare peut-être : dans mon salon, uniquement pour mon plaisir.

Tu as tout à fait raison Gilles de préciser ces autres écrits que je ne connais pas personnellement (honte sur moi !) mais qui constituent aujourd'hui ton "patrimoine" littéraire ! Dans quel environnement écris-tu ? Une pièce en particulier ? Une ambiance singulière ?

J'écris là où je peux quand je peux. Le plus souvent possible. Je m'installe dans mon canapé et je me lance, je pose mon ordinateur sur une table ou sur mes genoux, je coupe la musique et j'écris. Pas besoin d'ambiance particulière.

Trois de tes livres ont été publiés "Aux forges de Vulcain". Qu’est-ce qui fait que l’on reste fidèle à une maison d’édition ?

David Meulemans, mon éditeur, est devenu un ami. Je lui dois énormément. A lui et à l'équipe des éditions Anne Carrière : Les Forges de Vulcain font partie d'un collectif d'éditeurs qui s'entraident. Cette fidélité est importante car nous construisons une œuvre ensemble. Je dois avouer également que je reste attaché aux éditions du Sonneur qui avaient publié ce "Roman de Bolaño". J'aime admirer les gens avec lesquels je travaille. C'est le cas de David, de Valérie Millet, de Stephen Carrière. Ils sont différents, mais tous, à leur manière m'ont bluffé et continuent de le faire régulièrement.

Il y a donc eu "Une bouche sans personne", ton premier roman repéré par les fées des 68 Premières fois, c'est d'ailleurs dans ce cadre que nous nous sommes rencontrés. Tu évoquais une page de notre Histoire. Tu peux nous en dire quelques mots ?
Difficile d'en dire plus sans dévoiler cette histoire qui apparaît comme un fantôme tout au long du livre mais que l'on ne découvre qu'à la fin. Ce que je peux dire c'est que le personnage du grand-père est inspiré par mon grand-père paternel. Et que j'ai eu l'occasion de beaucoup parler de l'événement historique dont il est question à la fin du livre au cours de la tournée que j'ai effectuée auprès des libraires, des médiathèques et des lycées. Certains ne connaissaient pas cette histoire.

Et puis, il y avait, déjà, cette singularité dans ta plume. Si certains la comparent à celle de Boris VIAN, personnellement, je la trouve unique tout simplement. Elle est pleine de fantaisie et nous fait naviguer entre réalité et imaginaire. Elle s'est d'ailleurs largement confirmée dans ce registre avec la sortie de ton roman : "Un funambule sur le sable". D'où te vient cette caractéristique ? Est-elle naturelle chez toi ?

Difficile de dire ce qui est naturel. Je suis le fruit de mes lectures, des musiques que j'ai écoutées, des films et des expositions que j'ai vus. Ce qui est certain c'est que j'ai essayé de m'affranchir de mes influences littéraires. Si on retrouve dans ma plume une certaine fantaisie ou légèreté (alors que les sujets abordés sont plutôt lourds), c'est un héritage de beaucoup d'artistes dont j'ai admiré le travail. Et puis, cette fantaisie me permet de me déguiser, de me cacher pour écrire certaines choses que je n'oserais pas écrire frontalement. Lorsque je me relis, j'essaie de revenir aux intentions, de voir ce qui pourrait être perçu comme purement gratuit. J'aime bien sortir le lecteur de sa zone de confort en ajoutant quelques notes surréalistes mais il faut que cela ait du sens.

Tu peux nous dire quelques mots du personnage de Stradi ? Qu'est ce qui te l'a inspiré ?

Stradi, le personnage principal du Funambule sur le sable... difficile de dire par qui ou quoi il a été inspiré. Peut-être qu'il est une espèce d'incarnation de tous ceux et celles qui ont un jour souffert de n'être pas né comme tout le monde.

Et puis, la bienveillance, la  délicatesse, l'amour des gens ont littéralement explosé avec le recueil des nouvelles "Des mirages plein les poches". Que représente le registre des nouvelles pour toi ?

La nouvelle est un genre auquel je suis très attaché. Raconter un monde, emporter le lecteur en seulement quelques pages, c'est une vraie gageure.

Alors, parlons de ton actualité maintenant. Que fais tu ?

Je continue à défendre mes nouvelles dont la sortie en poche est annoncée pour novembre...

J'ai la chance d'avoir été sélectionné pour le prix des lycéens et apprentis de la région Ile-de-France... alors je vais aller à leur rencontre. J'ai encore quelques salons et médiathèques qui m'invitent. 

Je me suis laissée dire que la rentrée littéraire de septembre 2020 pourrait être le bon moment pour toi pour une nouvelle publication. Sans te mettre la pression bien sûr, est ce que tu confirmes ?

C'est exact. J'ai achevé l'écriture de la première version du roman. Il y a encore beaucoup de travail mais le rendez-vous est pris pour la rentrée littéraire 2020.

Comme tu le sais, cet entretien est diffusé en partenariat avec Page des libraires. J’en profite donc pour faire un petit clin d’œil à Anne de la Librairie Richer et Marie de la librairie Le Renard qui lit qui t'ont accueilli dans leurs murs pour une rencontre dédicace. Quelles relations as-tu avec les professionnels du livre ? 

Des liens assez forts. J'ai eu la chance d'être énormément soutenu par les libraires. Les libraires indépendants et également par des chaînes comme Cultura et la Fnac. J'en ai rencontré beaucoup, participé à des rencontres, des salons. Depuis trois ans, je suis au contact de ces passionnés qui doivent se battre au quotidien.

As-tu une adresse particulière à nous conseiller ? 

La librairie L'Attrape-Cœurs dans le dix-huitième qui vient de racheter une pharmacie pour s'agrandir. C'est sur le côté Nord de Montmartre, un bel endroit chaleureux avec des libraires fantastiques.

Je sais que tu lis beaucoup. Quel est ton dernier coup de cœur ?

"1984" d'Eric Plamondon, une trilogie regroupant Hongrie-Holywood express, Mayonnaise et Pomme S. C'est drôle, érudit, intelligent, poétique. J'ai également été assez impressionné par le dernier LAHRER "Pourquoi les hommes fuient ?"

Que lis-tu actuellement ?

"Le Wagon à vaches" de Georges HYVERNAUD. Génial. Je l'avais déjà lu en 2007 et il était déjà génial. C'est bon de savoir qu'il y a des choses qui ne changent pas.

Merci de tout coeur Gilles pour cet entretien, je sais ton temps précieux ! Rendez-vous est pris pour septembre 2020 alors...

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2019-10-24T06:50:46+02:00

Opuss 77 d'Alexis RAGOUGNEAU

Publié par Tlivres
Opuss 77 d'Alexis RAGOUGNEAU

Ma #citationdujeudi est extraite d'un très beau roman de la #RL2019 de septembre : "Opus 77" d'Alexis RAGOUGNEAU publié aux éditions Viviane HAMY.

Dans ce roman,  j'ai été fascinée par la puissance de la musique, le pouvoir d'enivrement, la jouissance et l'abandon de soi qu'elle procure.

J'ai aussi été captivée par l'analyse faite par l'écrivain de l'interprétation musicale, cette manière, chaque fois singulière, de s'approprier l'oeuvre d'autrui.

"Opus 77" a d'ailleurs beaucoup résonné à ce titre avec "La nature exposée" d'Erri DE LUCA dans lequel le propos tourne autour d'une sculpture et de sa rénovation, là aussi, deux êtres confrontés à la création artistique. 

Cette citation est toute teintée de rose en soutien à l'opération #Octobrerose. Le #rubanrose a 25 ans. #tousunispourunememecouleur et contre le #cancerdusein.

 

 

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2019-10-23T07:33:11+02:00

J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan SMADJA

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J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan SMADJA

Parce qu'il y a des romans de cette #RL2019 de septembre dédiés au génocide du Rwanda mais qu'ils sont, chacun, uniques dans leur genre, je vous livre aujourd'hui les premières lignes du premier roman de Yoan SMADJA : 


C'est en avril 1994 que j'ai demandé à Dieu de divorcer.

A-t-il accepté ? Je crois qu'il ne m'a jamais répondu. D'ordinaire, le printemps est une saison dorée. En avril 1994, il n'en fut rien. J'y ai vu un pays tout de vert, de terre et d'affliction vêtu.

La première impression se fait depuis le ciel. Je suis navrée pour les journalistes arrivés par la route, car leur a échappé ce que le Rwanda offre à la fois de plus singulier et de plus beau : l'enchevêtrement des collines, leur géométrie inachevée, tourmentée, d'une beauté à couper le souffle.

Un roman prodigieux découvert grâce aux 68 Premières fois :

 

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2019-10-21T12:19:31+02:00

Le poisson de Par’Adie au Couvent de Nazareth

Publié par Tlivres
Le poisson de Par’Adie au Couvent de Nazareth

Dans un cadre tout à fait exceptionnel, 6000 mètres carrés de bâtiments voués à la démolition  au cœur d’un parc de 5 hectares sur Angers, et grâce à l’action de l’association Art Partner Project, une centaine d’artistes a relevé le pari fou de créer un événement artistique éphémère : #artsaucouvent.

Adie BERNIER, peintre et dessinatrice de Chalonnes-sur-Loire fait partie de ces artistes qui, par leurs créations, offrent au visiteur un labyrinthe tout à fait exceptionnel en termes de diversité.

Si les réalisations d'Adie BERNIER m'ont interpellée, c'est d'abord parce qu'une invitation au Par'Adie ne se refuse pas bien sûr, mais c'est aussi parce qu'elles sont particulièrement colorées et à géométrie variable.

J'aime beaucoup ce poisson. Il est tout à fait singulier dans son appropriation de l'espace, dans un angle avec deux faces, l'une unie, l'autre bigarrée.

Et puis, cette bouche, en forme de coeur, est comme une invitation à l'embrasser, tendre baiser. Elle est aussi toute rose, une belle opportunité de soutenir #octobrerose et de lutter contre le #cancerdusein grâce au dépistage et d'être #tousunispourunememecouleur. Le #rubanrose a 25 ans !

C'est ma #lundioeuvredart. Vous l'aimez ?

Vous pouvez la voir jusqu'au 15 novembre, tout comme "Le jardin du Couvent" réalisé par Alix de BOURMONT, et plein d'autres oeuvres encore.

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2019-10-19T05:41:12+02:00

Une fille sans histoire de Constance RIVIERE

Publié par Tlivres
Une fille sans histoire de Constance RIVIERE

Editions Stock

Tout commence avec une scène de tribunal, le jugement est sur le point de tomber. Adèle est prisonnière de son corps qui ne réussit pas à expulser le mot qui ferait toute la différence, celui qui lui offrirait la voie de la résilience, à elle et aux personnes qu'elle a trompées, abusées, manipulées. Les premiers faits remontent au 13 novembre 2015, le jour des attentats du Bataclan à Paris. Adèle habite au-dessus de la salle de spectacles. Adèle dort le jour, vit la nuit. Du bord de sa fenêtre, elle observe les hommes, les femmes, ceux qui sont à l'extérieur. Elle s'imagine une vie à travers eux. Alors, quand elle allume son poste de télévision pour comprendre le pourquoi des voitures de police, d'ambulances au bas de chez elle, qu'elle découvre le portrait d'une femme brandissant une photo de son fils, disparu, Matteo, le jeune homme qu'Adèle connaît, elle sort de chez elle et se rend à l'Ecole militaire, là où des équipes s'affairent à accueillir les proches des victimes dans l'attente de nouvelles. C'est à cet endroit qu'Adèle commence à semer les premières graines de ce qui sera bien plus qu'une affaire d'usurpation d'identité !

Dans chaque sélection des 68 Premières fois, il y a une lecture coup de poing. Je n'en suis qu'à la moitié mais je crois que ce premier roman de Constance RIVIERE va allègrement pouvoir endosser ce costume parfaitement ajusté.

Dès les premières pages, le ton est donné, cinglant, percutant. Chaque mot est terriblement pesé. Tel un uppercut, ce livre va vous couper le souffle et vous tenir en haleine tout au long des 183 pages. Vous ne retrouverez un rythme cardiaque normal qu'une fois la lecture achevée.

A travers Adèle, l'écrivaine décrypte le phénomène absolument incroyable et pourtant bien réel d'une terrible imposture, celle du statut de victime d'un attentat. Le scénario, imaginé par Constance RIVIERE, est implacable. Chaque carte est  délicatement posée sur un château qui aurait pu ne pas s'écrouler, mais... le lecteur le sait dès le début, le jugement est tombé.


[...] une fausse victime ne valait pas mieux qu’un terroriste, sacrifiant sa part d’humanité au besoin d’exister, prêt à tout écraser pour un quart d’heure de gloire [...]. P. 132

J'ai été littéralement happée par le personnage d'Adèle, subjuguée par une construction qui, dès la naissance, tournait autour du sujet de l'identité. Et puis, avec l'âge, les conséquences des traumatismes n'ont fait que s'accentuer jusqu'à autoriser une jeune femme à se mettre dans la peu d'une autre pour EXISTER.


Elle était devenue quelqu’un, toute seule, en quelques semaines, avec une identité qui lui serait bientôt propre. P. 128

Dans ce roman choral où tour à tour, Saïd, le bénévole de La Croix Rouge, Francesca, la mère de Matteo, vont prendre la parole pour exprimer leur perception des choses, ces petits détails qui ont induit, peu à peu, le doute, la confusion. Le lecteur mesure les moments effroyables auxquels chacun a été confronté. J'ai personnellement été très touchée par le rapport au corps, il y a une approche d'une hypersensibilité des impacts des événements. Là, pas de balles, mais des mots,  des paroles, des postures qui dévoilent à l'extérieur le chambardement dans lequel sombre chacun à l'intérieur.


Mais dedans, c’était fini, le chaos imposé par une douleur innommable, une douleur qui n’a pas de nom, dans aucune langue. P. 73-74

La plume, j'en ai déjà parlé, l'histoire, je ne vous en dirai pas plus, mais un seul conseil, lisez ce premier roman, une prouesse littéraire. 

Merci les fées des 68 Premières fois pour cette nouvelle très belle découverte.

Retrouvez mes chroniques :

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Tous tes enfants dispersés de Beata UMUBYEYI MAIRESSE

L'imprudence de Loo HUI PHANG

Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

 

 

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2019-10-17T06:48:05+02:00

Tous tes enfants dispersés de Beata UMUBYEYI MAIRESSE

Publié par Tlivres
Tous tes enfants dispersés de Beata UMUBYEYI MAIRESSE

Ma #citationdujeudi est extraite d'un premier roman de la #RL2019 de septembre : "Tous tes enfants dispersés" de Beata UMUBYEYI MAIRESSE aux éditions Autrement et découvert avec les  68 Premières fois

Les fées se sont penchées sur le berceau d'une plume sensible, délicate et poétique, mise au service d'un parcours de résilience. Blanche est une survivante du génocide des Tutsis de 1994 au Rwanda. Une vingtaine d'années après, elle retourne sur sa terre d'origine et nous livre ses sentiments, elle qui, depuis qu'elle s'est expatriée, n'a jamais vraiment trouvé sa place mais parfois, des êtres qui lui ont tendu la main.

Ce roman, c'est une page de notre Histoire, ce sont aussi des parcours de femmes, mais c'est plus encore une fiction sur le futur qui peut être écrit par la nouvelle génération, ces enfants issus de l'immigration qui portent un regard singulier sur leur double culture et y voient la capacité de créer du lien.

Profondément optimiste pour l'avenir et empreint d'une telle humanité, il va vous donner du baume au coeur j'en suis persuadée. 

Toute teintée de rose, cette #citationdujeudi concourt à l'événement #Octobrerose, une façon de soutenir la cause du dépistage du cancer du sein.

Retrouvez mes chroniques de la sélection en cours des 68 Premières fois :

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Tous tes enfants dispersés de Beata UMUBYEYI MAIRESSE

L'imprudence de Loo HUI PHANG

Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

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2019-10-15T06:00:00+02:00

Une fille sans histoire de Constance RIVIERE

Publié par Tlivres
Une fille sans histoire de Constance RIVIERE

Parce qu'il y a des romans de cette #RL2019 de septembre qui nous éclairent sur des comportements humains absolument glaçants, inimaginables et pourtant... je vous livre les premières lignes aujourd'hui du premier roman de Constance RIVIERE : "Une fille sans histoire", publié aux éditions Stock et découvert avec les 68 Premières fois :


Il ne faisait pas particulièrement froid pour une nuit de presque hiver, mais ça ne changeait pas grand-chose pour elle, qu'il pleuve ou qu'il vente, chaque soir, Adèle ouvrait grand sa fenêtre. Elle avait peur de l'air vicié qui s'installe si vite dans les petits espaces, de la poussière, des microbes, ennemis invisibles mais puissants, qui contaminent et détruisent l'organisme insidieusement. Enfant déjà, son père lui avait appris à laisser les fenêtres de sa chambre ouvertes toute la journée et, dès qu'il faisait un peu chaud et humide, à mettre ses peluches au frigo pour tuer les acariens. Elle s'était parfois dit que ça aurait pu lui faire des amis, ces animaux minuscules, mais elle obéissait toujours à son père. Puis c'était devenu une habitude.

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2019-10-14T06:57:25+02:00

Le jardin du Couvent de Nazareth réalisé par Alix de BOURMONT

Publié par Tlivres
Le jardin du Couvent de Nazareth réalisé par Alix de BOURMONT

Dans un cadre tout à fait exceptionnel, 6000 mètres carrés de bâtiments voués à la démolition  au cœur d’un parc de 5 hectares sur Angers, et grâce à l’action de l’association Art Partner Project, une centaine d’artistes a relevé le pari fou de créer un événement éphémère avec un art qui l’est tout autant, le street art, une expression artistique qui me passionne.

Parce ce que c’est #Octobrerose et parce ce que « Le jardin du Couvent » tel que représenté par Alix de Bourmont est juste sublime, je partage aujourd’hui cette création d’une jeune femme au talent prodigieux. 

J’aime profondément le message qu’elle adresse au public :

 


J’ai conçu cette pièce comme un travail autour de l’idée de transformation et de passage, en accord avec la vie de ce lieu qui s’apprête à disparaître pour donner naissance à autre chose.

Loin de la nostalgie ambiante de voir tout ce patrimoine architectural, environnemental et maintenant artistique, disparaître, le propos d’Alix de Bourmont est porteur d’un nouveau projet, cet autre chose que nous ne connaissons pas, que nous présumons mais que nous ne pouvons encore qu’imaginer. 

J’aime beaucoup l’idée de la naissance comme la promesse d’un avenir... différent.

Et parce que cette citation d’Alix de Bourmont :


Le jardin et la nature font référence au jardin du couvent avec tout ce qu’il a apporté de fruits et de fleurs. Cela évoque aussi la capacité de la nature à foisonner dès que l’homme s’en va ; ici, elle reprend possession de ces lieux à travers le mur.

me fait penser à un roman de cette #RL2019 de septembre : « À crier dans les ruines », impossible de passer à côté d’un petit clin d’oeil à Alexandra KOSZELYK !

Ma #lundioeuvredart est visible jusqu’au 15 novembre 2019 avec les #artsaucouvent. Après, ce seront les publications qui assureront la mémoire des créations et du lieu revisité, une façon comme le signe si bien Rise Up Paint d'écrire son histoire :

 

Le jardin du Couvent de Nazareth réalisé par Alix de BOURMONT

Un immense bravo à la jeune femme sans qui ce projet n’aurait jamais pu voir le jour : Doris KOFFI. Elle incarne à elle seule cette génération pleine de ressources, d'énergie, de fougue aussi. En quelques mois, elle a remué des montagnes pour nous livrer ce labyrinthe artistique, juste sensationnel !

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2019-10-12T06:00:00+02:00

Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

Publié par Tlivres
Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

Finitude

Marwan, le narrateur, rentre tout juste de six semaines  de vacances au Portugal. Agrégé d'histoire, il s'apprête à faire sa rentrée des classes quand Capucine, sa compagne, lui annonce qu'elle le quitte. Après quatre années passées à ses côtés, elle en aime un autre que lui. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, c'est à ce moment-là que son père décède. Le garagiste de Clichy, installé rue de Paris depuis une trentaine d'années, lui qui n'a jamais cessé de travailler, s'en est allé à l'âge de 54 ans. Marwan découvre les dernières volontés de son père, se faire enterrer dans son pays, le Maroc. C'est aussi lui que son père a désigné pour l'accompagner dans son rapatriement. Il prend l'avion avec Kabic, le meilleur ami de son père. Il ne sait pas encore qu'au cours de ce  voyage, il découvrira une histoire familiale ponctuée de secrets bien gardés sur deux générations. Plus jamais sa vie ne sera comme avant. 

Olivier DORCHAMPS nous livre un roman intimiste. Il nous fait entrer à pas de velours dans la vie d'une famille d'origine marocaine. Le père et la mère sont de là-bas. Le père a gardé sa nationalité alors que son épouse et les trois enfants, trois garçons nés sur le territoire français, ont été naturalisés. C'est tout en pudeur que l'auteur dévoile une existence tiraillée entre la terre d'origine et celle d'adoption, entre deux langues, deux cultures. Le Maroc, les enfants n'y sont allés que lors de vacances. Marwan se souvient des listes de gadgets qu'ils avaient à emmener pour la famille, il se souvient aussi de la difficulté à communiquer avec les cousins avec lesquels ils ne partageaient que les liens du sang. Quand ils étaient considérés là-bas comme de riches français, Marwan voyait ô combien ses parents luttaient chaque jour pour payer les études. Ali est devenu avocat, Foued en est à sa dernière année de faculté.

Les premières pages déroulent le fil de la vie de cette famille, aujourd'hui parisienne, avec tout ce qu'elle traduit de problématiques d'intégration. Olivier DORCHAMPS montre à quel point il est difficile d'être comme les autres quand vous êtes regardé à jamais à travers le filtre de la différence :


Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois. P. 100

Ce qui m'a beaucoup intéressée, c'est l'effet de rupture avec ce bain, contraint et forcé, dans un pays que Marwan ne connaît pas, à un moment où la famille est fragilisée par la mort, torturée par la douleur, tenaillée par le manque, déjà. Il y a l'atterrissage en terre étrangère et ce premier étonnement devant les rouages d'une société qui vit autrement :


J’avais oublié qu’au Maroc, il y a toujours un métier dont on ignore l’existence en Occident, soit qu’il a été remplacé par une machine, soit qu’on s’est habitué au self-service. P. 130

J'ai beaucoup aimé l'analyse du rapport au temps aussi, révélée avec un trait d'humour mais qui traduit bien la différence de sensibilité exprimée par les mots :


L'expression en français c'est mieux vaut tard que jamais, Mo.
En français oui, parce que les Français sont obsédés par le temps qui passe. Ici on a tout le temps, inch’allah, mais aucune certitude, alors on dit mieux vaut sûr que jamais. P. 136

A travers les yeux de Marwan, Olivier DORCHAMPS dresse le portrait d'un pays, explique ses codes, son mode de vie, son rapport à la religion, la condition des femmes aussi. L'auteur le fait avec beaucoup de bienveillance, sans jugement aucun.  

J'ai adoré le personnage de Kabic, ce vieux sage qui guide les pas du jeune homme contraint, malgré lui, à tenir un rôle dans un costume trop grand pour lui. Marwan n'a plus de père, il peut compter sur cet ami pour tracer sa voie :   


Si tu commençais par accepter d’être l’enfant de deux pays, tu te sentirais mieux, en France et ici. P. 164

Dans une intrigue parfaitement maîtrisée autour de secrets qui vont, au fil des conversations, se dévoiler, Olivier DORCHAMPS décrypte les rouages de la mémoire intergénérationnelle, ces empreintes qui se transmettent inconsciemment avec la filiation :


Car la blessure de Mi Lalla, sa hchouma, est un héritage indélébile, une douleur qu’elle nous a transmis malgré elle et qui perdure inconsciemment en chacun de ses petits-enfants. P. 207

Olivier DORCHAMPS nous livre un premier roman dans une plume délicate, poétique, marquée par une profonde humanité, une réussite.

Mesdames les fées, une nouvelle fois, vous avez encore frappé !

Retrouvez mes chroniques :

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Tous tes enfants dispersés de Beata UMUBYEYI MAIRESSE

L'imprudence de Loo HUI PHANG

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2019-10-08T06:00:00+02:00

Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

Publié par Tlivres
Ceux que je suis d'Olivier DORCHAMPS

Parce qu'il y a des romans de cette #RL2019 de septembre qui nous emmènent sur des terres d'origine, celles-là même qui peuvent donner un sens à la vie, je vous livre aujourd'hui les toutes premières lignes du premier roman d'Olivier DORCHAMPS : "Ceux que je suis" aux éditions Finitude, découvert avec les 68 Premières fois :


Il a souvent fait ça ; rentrer tard sans prévenir. Oh, il ne buvait pas et ma mère avait confiance, il travaillait. Il travaillait depuis trente ans, sans vacances et souvent sans dimanches. Au début, c'était pour les raisons habituelles : un toit pour sa famille et du pain sur la table, puis après qu'Ali et moi avions quitté la maison, c'était pour ma mère et lui ; pour qu'ils puissent se les payer enfin, ces vacances ! En embauchant Amine pour les tâches lourdes au garage, il avait souri : non seulement il aidait un petit jeune qu'il connaissait depuis toujours, mais en plus il allait pouvoir emmener ma mère au cinéma, au restaurant, à la mer ; la gâter. Et la vie aurait moins le goût de la fatigue.

Un roman empreint d'humanité, une réussite.

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2019-10-07T07:06:10+02:00

Un graff de Seth

Publié par Tlivres
Un graff de Seth

Seth est un Street-Artist bluffant d’ingéniosité et ses créations sont d’une très grande sensibilité.

Pour #Octobrerose, je choisis aujourd’hui cette fresque réalisée rue Brochant à Paris dans le 17ème arrondissement.

Cette #lundioeuvredart sublime les livres, j’💓 tout simplement.

 

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2019-10-05T06:00:00+02:00

L'imprudence de Loo HUI PHANG

Publié par Tlivres
L'imprudence de Loo HUI PHANG

Actes Sud

Elle a 23 ans, cette Vietnamienne qui vit à Cherbourg. C’est aussi la narratrice du roman « L’imprudence », elle qui consomme les hommes comme son frère le shit depuis qu’il a fait faux bon à une carrière sportive de haut niveau et que son amoureuse l’a quitté. Son premier voyage au Laos, elle l’a fait à l’âge de 17 ans. Elle est contrainte aujourd’hui d’y retourner, en urgence, pour assister avec son frère et sa mère aux funérailles de sa grand-mère Wàipó. C’est dans ce chamboulement émotionnel et sur sa terre d’origine qui ne l’a pas vue grandir qu’elle va partager des moments d’intimité avec son grand-père, des moments de complicité qui vont la mettre sur la voie de la liberté.

C’est après une deuxième rencontre, fugace mais intense, incandescente physiquement, que la narratrice doit partir au bout du monde, le temps pour elle d’apprivoiser le manque, elle qui passe d’un homme à un autre, regarde les mâles avec des yeux de concupiscence comme personne, assouvit ses désirs sexuels sans s’interroger une seule seconde sur les dangers qui la guettent. Ce roman commence de façon originale. Alors que nous sommes toutes et tous, chaque jour, happés par les violences faites aux femmes mises au jour dans les médias et sur les réseaux sociaux, on en viendrait presque à oublier que des jeunes filles puissent donner leur consentement à des hommes croisés un jour dans la rue pour des pratiques sexuelles ardentes. Et que des hommes puissent les suivre, en toute impunité, sans courir le risque de se retrouver le lendemain impliqué dans une affaire de viol. Mais là, il s’agit d’un roman, d’une fiction, tout y est permis.

Une fois le pas décalé, vous ne pourrez plus que suivre la narratrice en terres étrangères qui vous réservent bien d’autres surprises.

J’ai beaucoup aimé la façon de Loo HUI PHANG de traiter de l’exil et de nous éclairer avec les deux faisceaux de la fratrie, celui de la narratrice bien sûr qui a quitté le Laos quand elle n'avait qu'un an, et celui du frère arraché à sa terre vietnamienne quand il avait une petite dizaine d’années. Entre eux deux, il n'y a pas qu'une affaire de genre, il y a aussi une enfance marquée à jamais par un territoire, des codes, un mode de vie !

Elle, dès son arrivée au Laos, elle ressent sa différence.


Au premier regard, cela est prononcé. Je ne suis pas d’ici. Tout le monde le voit. Tout le monde le sait. Je sais que l’on sait. Et cette chose est posée là, entre les autres et moi. P. 100

L’écrivaine explore le jeu de la langue et des conséquences sur la construction des hommes. Après Lenka HORNAKOVA CIVADE dans "La Symphonie du Nouveau Monde", Jeanne BENAMEUR dans "Ceux qui partent" et Beata UMUBYEYI MAIRESSE dans "Tous tes enfants dispersés", c'est au tour de Loo HUI PHANG d'en faire le sujet d'un roman de la #RL2019.


Je me figure ma petite mécanique du langage. Le viet imbibe une partie de mon cerveau, comme un liquide amniotique dans lequel flottent des pensées, des souvenirs repliés. P. 45

Enfin, il y a un magnifique portrait dressé de la grand-parentalité, tant à travers le personnage de Wàipó et de ses relations avec son petit-fils que du grand-père avec la narratrice. Il est question de transmission et quand il s’agit de secrets de famille, alors là, commence une toute autre histoire.

La plume de Loo HUI PHANG est éminemment délicate, sensuelle, émouvante. Elle nous livre un premier roman d’une profonde sensibilité.

Merci les fées des 68 Premières fois pour cette nouvelle très belle découverte.

Retrouvez mes chroniques :

A crier dans les ruines d'Alexandra KOSZELYK

L'homme qui n'aimait plus les chats d'Isabelle AUPY

Tous tes enfants dispersés de Beata UMUBYEYI MAIRESSE

 

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2019-10-03T06:00:00+02:00

Mille petits riens de Jodi PICOULT

Publié par Tlivres
Mille petits riens de Jodi PICOULT

Parce qu'il est des lectures qui laissent des souvenirs impérissables,

Parce que je soutiens la cause #Octobrerose,

ma #citationdujeudi est tout de rose vêtue et extraite du roman "Mille petits riens" de Jodi PICOULT, un immense coup de coeur.

Ce roman dresse le portrait d'une Amérique rongée par le racisme, les déterminismes, sociaux, urbains... les discriminations qu'elle ne veut pas voir, pas nommer, pas explorer, instrumentalisant de fait la justice alors qu'elle est censée jouer le rôle de régulatrice d'une société.

Jodi PICOULT nous livre un formidable plaidoyer en faveur de l'interculturalité, de la reconnaissance de l'Autre dans toutes ses dimensions, ses richesses, ses failles, sa sensibilité...

Je vous le conseille absolument !

 

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