Ma #lundioeuvredart est une création d'Emmanuel KIEFFER, un sculpeur honoré par la Ville de Saumur avec l'acquisition de cette oeuvre exposée dans le cadre du festival Art(t)Cheval de 2015.
Cet homme a décidé par son art d'honorer les chevaux, lui qui est originaire d'une lignée de forgerons et qui, tout jeune, s'est dédié au métier de maréchal-ferrant.
J'aime beaucoup cette sculpture pour ce qu'elle a d'élégant, de léger, mais aussi pour le mouvement qu'elle insuffle.
L'artiste ne se consacre pas exclusivement à des sculptures monumentales de chevaux. Je vous invite à visiter sa galerie, elle vous révélera de bien belles surprises !
Il est des exils contraints et forcés, et l'irrépressible besoin de retourner sur sa terre d'origine. Dans cette sélection des 68 Premières fois, et sur ce thème, j'ai déjà lu "A crier dans les ruines" d'Alexandra KOSZELYK, une énorme coup de coeur de cette #RL2019, mais au bras de Beata UMUBYEYI MAIRESSE, c'est une toute autre histoire qui va se dérouler sous vos yeux.
Blanche est infirmière. Elle est mariée à Samora, un comptable d'orgine martiniquaise. Elle a un enfant, Stokely. Elle vit en France en famille mais sa terre d'origine la tenaille. Elle est originaire du Rwanda et survivante du génocide des Tutsis de 1994. Une vingtaine d'années après, elle foule le sol qui l'a vu naître, le village de Butare. Elle retrouve les siens, enfin, ce qu'il en reste. Elle engage une conversation avec sa mère, Immaculata, qui elle, n'a pas quitté son pays. Elle est restée prostrée 3 mois dans la cave d'une librairie. Plus un mot ne sort de sa bouche. Quant à Bosco, son frère, ce garçon, différent, il a fait la guerre. Soldat, il est rentré à la maison, torturé à jamais par le fantôme des siens. D'un pays ravagé par la violence des coups, mortels, d'une famille martyrisée par ce qu'elle a vu, entendu, ressenti, il ne reste plus rien du passé de Blanche, ou si peu. C'est pourtant ce qu'elle va tenter de conquérir avec ce retour au pays. Là commence une toute nouvelle histoire.
Ce roman, c'est celui d'une terre, colonisée, une terre africaine qui a vu l'homme blanc marquer de son empreinte l'homme noir. Et l'indépendance acquise en 1962 ne permettra pas d'effacer les traces à jamais laissées par des années passées sous le joug d'êtres qui se croyaient supérieurs. Là, ils s'agissaient de Belges, ailleurs, c'était les Français. La grande Histoire du Rwanda est marquée à jamais par cette page. 1894-1994, c'est le temps qu'il aura fallu au ver pour contaminer le fruit, un siècle de guerres intestines pour arriver au génocide que l'on connaît, celui qui a fait entre 800 000 et 1 000 000 de morts.
Ce roman, c'est aussi celui d'une famille, celle de l'écrivaine. A dimension autobiographique, le propos relate un retour aux sources de la femme contrainte à l'exil. Depuis sa plus tendre enfance, sa mère s'évertuait à lui proposer la voie de la France pour réussir dans la vie. Alors, quand la guerre a commencé, elle n'a plus pu reculer.
Toute sa vie, Blanche, et certainement Beata UMUBYEYI MAIRESSE, a été tiraillée entre deux cultures. Son éducation a été marquée par le souci de sa mère de la libérer de son africanité. Elle devait abandonner le kinyarwanda, sa langue maternelle, et apprendre le français pour pouvoir épouser un homme blanc. L'écrivaine montre à quel point il est difficile de naviguer entre deux registres :
Posséder complètement deux langues, c’est être hybride, porter en soi deux âmes, chacune drapée dans une étole de mots entrelacés, vêtement à revêtir en fonction du contexte et dont la coupe délimite l’étendue des sentiments à exprimer. P. 151
Et puis, s'il n'y avait que les mots. Sa couleur de peau, elle, ne changeait pas, avec cette impression permanente de ne jamais être à sa place, au bon endroit.
Ce roman, c'est encore l'histoire de femmes. J'ai été profondément touchée par la malédiction de la filiation avec cette incapacité, pour Immaculata et Blanche, mère et fille, de mettre au monde un enfant par les voies naturelles comme si la maternité devait les marquer à vie de leur chemin de croix, l'occasion pour l'écrivaine de remettre en question l'instinct maternel, ce petit quelque chose de supplémentaire et naturel qu'auraient les femmes par rapport aux hommes dans leur relation à l'enfant :
L’instinct maternel, ceux qui l’ont inventé ne savent pas ce qu’ils disent, ils n’ont pas la moindre idée, ne sauraient qu’en faire s’ils s’agissait d’eux. P. 36
Et si l'enfant, un garçon, venait rebattre les cartes d'une famille douloureusement marquée par la grande Histoire ! Avec le personnage de Stokely, Beata UMUBYEYI MAIRESSE nous livre un hymne à la vie, un propos lumineux, plein d'espoir, qui prend appui sur la jeune génération pour surmonter les affres du passé et imaginer le fil d'une existence à venir.
La plume est éminemment poétique, je vous en livre un petit condensé :
J’attendais cette question avec la même anxiété qu’au temps d’avant et dans ma tête mes pensées chiffonnées étaient semblables à un drap blanc fatigué de la longue nuit de mon absence, dans les replis duquel je cherchais une aiguille pour reprendre mon travail de mémoire. Mais n’est-ce pas pour cela que j’étais revenue ici, pour tisser une virgule entre hier et demain et retrouver le fil de ma vie ? P. 28
et le style narratif tout à fait remarquable. L'emploi de la seconde personne du singulier permet à l'écrivaine de s'adresser au lecteur, lui faire une place dans la conversation et l'inviter à partager une certaine intimité, un pari audacieux ici parfaitement réussi.
Quant à la chute, elle est juste magnifique !
Merci aux fées des 68 Premières fois que de nous l'avoir proposé dans ce très beau défilé des premiers romans de l'automne 2019.
Très chère Lenka, nous nous connaissons depuis quelques temps maintenant, depuis la sortie de "Giboulées de soleil" en fait. C'était il y a un peu plus de trois ans. Les fées des 68 Premières fois l'avaient sélectionné comme un premier roman prometteur, elles ne s'y étaient pas trompées.
Trois romans, trois coups de cœur pour moi ! Tu as accepté de répondre à mes questions aujourd'hui, tu m'en vois ravie !
Avant d'aborder cette rentrée littéraire tout à fait sensationnelle te concernant, peux-tu nous parler de ton rapport à l’écriture ? Qu'est-ce qu'elle représente pour toi ?
Vassily Kandinsky a dit à propos de la peinture qu’elle est une nécessité intérieure. Je trouve que cela exprime parfaitement mon rapport à l’écriture, et à la peinture aussi. Une nécessité fondamentale.
Dans quel environnement écris-tu ? Une pièce en particulier ?
Il y a, pour moi, plusieurs temps d’écriture. Les premières notes et les idées, je peux les prendre pratiquement n’importe où, dans une gare, en marchant, sur la terrasse d’un café, j’ai toujours un carnet avec moi. Ensuite, il y a un temps de travail de composition, d’écriture proprement dit, et là, il me faut le calme, la solitude, un certain retrait, quelque chose de presque monacal. Mais pas nécessairement chez moi.
Tes trois romans ont été publiés chez Alma Editeur. Qu’est-ce qui fait que l’on reste fidèle à une maison d’édition ?
Mis à part deux ou trois personnes très intimes, des lecteurs- privilégiés, on fait lire son texte, parfois encore en cours d’écriture, d’abord à son éditeur. C’est une grande chose, alors il faut beaucoup de confiance, une relation tout à fait particulière. Je fais confiance à Alma.
Ton tout dernier roman « La Symphonie du Nouveau Monde » vient de sortir en librairie. Peux-tu nous dire ce qui t'a inspirée ?
Grâce à une rencontre il y a quelques années avec un membre du corps diplomatique tchèque, j’ai entendu, pour la première fois, parler de Vladimír Vochoč, le consul tchécoslovaque à Marseille entre les années 1938 - 1941. Son histoire était passionnante, mais encore plus intriguant était le fait que lui-même et son action, pourtant héroïque, était presque oubliés, en tout cas tout à fait inconnus du grand public. Cette question de la mémoire et de l’oubli, des silences imposés et subis, y compris volontairement, tout cela était déjà la matière très intéressante pour un roman.
Et puis ce personnage de la poupée, une prodigieuse invention. Peux-tu nous en parler ?
Impertinente, perspicace, curieuse, elle est au cœur des événements mais garde une distance qui lui permet de voir et dire des choses. C’est une narratrice idéale. Puis, malgré le fait qu’elle soit une poupée de chiffon, elle possède véritablement un cœur. Et elle prétend même de respirer et d’avoir une âme !
Ce roman "La Symphonie du Nouveau Monde" tient un propos militant. Il concourt au devoir de mémoire notamment d'un homme, pourquoi ?
Les rapports entre l’individu et la grande Histoire m’intéressent profondément. Dans les "Giboulées du soleil", il s’agissait de la transmission entre les générations dans un contexte historique contraignant, "Une Verrière sous le ciel" examine les frontières intérieures de l’individu et celles entre la vérité et la réalité, les illusions et les possibilités.
Le consul Vochoč est actif, engagé, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour infléchir le cours de cette grande Histoire, et il en est conscient.
Le roman mêle la réalité historique et la fiction. En arrière-plan, il y a une réflexion sur la relation entre le pays et la langue, entre la langue et la vérité des êtres. Ils sont tous, à un moment donné, sur cette très ténue limite entre la loyauté et la désobéissance.
Justement, Lenka, dans les trois romans, tu as une approche toute singulière de la langue. Tu écris tes romans dans ta langue d'adoption, le français, pourquoi ?
C’est une expression et un exercice de liberté. Le français me permet d’exprimer avec plus de justesse et précision même l’indicible dans ma langue maternelle. C’est comme la découverte d’un nouveau territoire, de la nouvelle manière d'appréhender, comprendre, sentir et ensuite reformuler le monde.
J’écris aussi en tchèque. Il s’agit souvent des textes plus courts, notamment pour la radio.
Dans tous tes romans, les personnages principaux sont des femmes, émancipées, avides de liberté. Quel message veux-tu transmettre à la jeune génération ?
Aucun. Je propose, je conte des destins. La littérature, à mon avis, suscite plus de questions qu’elle n’apporte des réponses. Moi, je suis libre dans mon écriture, le lecteur dans sa lecture. C’est ça qui est formidable, cette rencontre des deux libertés autour d’un texte, d’une histoire, d’une idée.
Et puis, il y a les arts ! Dans "Giboulées de soleil", tu évoquais la broderie et la littérature, dans "Une verrière sous le ciel", il y avait la peinture et la sculpture, dans ton dernier roman "La Symphonie du Nouveau Monde", il y a la musique. Quel rapport personnel entretiens-tu avec les arts ? Qu'est-ce qui te fascine dans ces disciplines ?
L’art fait partie intégrante de la vie, mais parfois on ne prend pas le temps pour s’en apercevoir, pour l’apprécier, le goûter. Je ne hiérarchise pas les arts, c’est la question de support technique pour essayer de toucher ou d’approcher quelque chose d’essentiel.
Je disais en introduction que ta rentrée littéraire est on ne peut plus réjouissante. "La Symphonie du Nouveau Monde" figure dans la première sélection du prestigieux Prix Renaudot, un prix que tu as déjà reçu. C'était en 2016, les lycéens avaient salué la qualité de tes "Giboulées de soleil". Comment vis-tu cet engouement pour ton livre ?
D’avoir la reconnaissance de la part de ses paires, c’est bien sûr réjouissant et je l’apprécie énormément. Que les lycéens aient aimé mon premier roman, "Giboulées de soleil", c’était un cadeau précieux. Ce sont des lecteurs exigeants. Je ne peux souhaiter pour "La Symphonie du Nouveau Monde" que le même accueil auprès des lecteurs !
Les libraires sont nos premiers lecteurs « innocents et professionnels », ils découvrent les romans avec leur sensibilité mais aussi avec un œil bien averti et esprit aiguisé.
Ils sont les passeurs des livres et leur regard, jugement et soutien sont primordiaux. Dire simplement « merci à eux » est peut-être banal, mais ça vient du fond du cœur.
Outre le formidable accueil que t'a réservé le collectif Les libraires ensemble puisqu'il fait partie de leur top 100, l'occasion d'un petit clin d'œil à la Librairie Richer. Quelles relations as-tu avec les professionnels du livre ?
Sans les libraires et les libraires indépendants, le monde du livre serait bien plus restreint et triste. Je suis toujours heureuse de revenir chez des libraires qui m’ont déjà invitée et de rencontrer des nouveaux. C’est d’ailleurs assez magique de constater que chaque libraire apporte à sa librairie une ambiance, un esprit particulier.
Petite surprise Lenka, rien que pour toi, une nouvelle jeune libraire qui vient de rejoindre l'équipe Richer te fait un petit clin d'oeil, coup de coeur de Sarah pour ton dernier roman !
As-tu une adresse particulière à nous conseiller ?
J’ai mes adresses préférées, puisque j’ai de la chance de connaître un certain nombre d’excellents libraires. La relation avec son libraire a quelque chose de très singulier. Le libraire est comme un ami. Je souhaite à chacun de trouver cette relation d’amitié singulière.
Je sais que tu lis beaucoup. Quel est ton dernier coup de cœur ?
Il y a quelques semaines, j’ai lu le dernier livre de Michèle LESBRE « Le rendez-vous à Parme » que j’ai beaucoup aimé. Puis un roman d’une auteure tchèque.
Que lis-tu actuellement ?
Je suis plongé dans un ouvrage "Les yeux de Rembrandt" de Simon SCHAMA, et je lis aussi le récit de Tibor DERY, "Niki".
Enfin, si tu devais partir t'installer sur une île déserte avec un seul livre dans ta valise. Quel serait-il ?
Alors là, j'hésite entre un dictionnaire et un atlas du monde. Je pourrais prendre les deux ?
Quel joli cadeau tu m'as offert, Lenka, en acceptant cette interview. Je suis très touchée et t'en remercie infiniment. Ce moment de presque intimité touche à sa fin. Il ne me reste plus qu'à te souhaiter bonne chance pour les prix littéraires, nul doute que les distinctions pleuvront au cours de l'automne prochain. J'ai déjà hâte d'y être !
Parce que le tout dernier roman de Sorj CHALANDON m'a profondément touchée et qu'il m'a aussi transportée avec un scénario des plus farfelus,
Parce ce que ce livre "Une joie féroce" est un hymne à la vie, c'est le témoignage d'un quotidien souvent douloureux mais que rien ne saurait arrêter, pas même une communauté de quatre femmes prêtes à en découdre avec la maladie,
Parce qu'il est souvent décrié et pas assez, à mon goût, présenté dans ce qu'il a de plus singulier, à commencer par la signature d'un grand homme de la littérature,
Parce ce que nous sommes à quelques jours du lancement des opérations "Octobre rose", j'ai teinté #macitationdujeudi de la couleur fétiche.
Parce qu'il y a des livres qui, dans le bal de la #RL2019 de septembre, vous font regarder la société d'un autre oeil, vous offrent ce regard décalé sur l'actualité, place aujourd'hui à "L'Imprudence" chez Actes Sud de Loo HUI PHANG, un premier roman repéré par les fées des 68 Premières fois.
Il est sorti en librairie le 21 août dernier.
Aujourd'hui, je vous en propose les premières lignes... juste une mise en bouche !
Il y a cinq heures à peine, dans l'intimité fugace d'un escalier, je faisais l'amour avec Florent. Je ne savais pas son nom alors. Juste l'indécent braquage de sa mise polie par son impérative, hurlante, souveraine envie de moi.
Sorti en mars 2019, ce premier roman était passé inaperçu, enfin presque. C'était sans compter sur le travail inlassable des fées des 68 Premières fois qui ont ce talent de mettre sous les projecteurs des livres qui, aussi petits qu'ils puissent paraître, ont tout de grands.
"L'homme qui n'aimait plus les chats" fait partie de ceux-là, une fable tout à fait éclairante sur notre monde moderne.
Fermez les yeux et laissez vous porter par la première phrase : "Imagine une île avec des chats."
Nous voilà partis, en terre étrangère, insulaire, un brin onirique, où les hommes vivraient avec des chats, ces animaux de compagnie qui peuvent décider librement de côtoyer l'homo sapiens ou de s'en défaire. Ils n'ont rien à voir avec les chiens, ça non, les chiens, eux, sont tenus en laisse par leurs maîtres. Ils ont besoin qu'on leur serve le repas, qu'on les sorte pour leurs besoins. Les chats peuvent être indépendants, ils se satisfont de ce qu'ils débusquent dans la nature, ils chassent, eux ! Chiens et chats ne font d'ailleurs pas bon ménage, et ce n'est pas d'aujourd'hui, le proverbe date du XVIème siècle et n'a pas pris une ride. Alors, quand les chats disparaissent mystérieusement de cette île chimérique et que l'administration décide de leur offrir des chiens en remplacement, chiens qu'il conviendrait d'appeler chats, il y a ceux qui acceptent et d'autres pas. La morale de cette histoire...
Isabelle AUPY, à travers un propos métaphorique dans lequel elle réserve une place de choix aux animaux, vous l'aurez compris, nous renvoie en miroir ce sur quoi repose notre société aujourd'hui.
Si la dictature par la force tend à disparaître, celle de l'incitation, beaucoup plus insidieuse, tend à se développer de façon sournoise et préoccupante.
Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd’hui, il ne fallait plus la force, il fallait créer le manque et le besoin. P. 62
A travers cette fable des temps modernes, l'écrivaine dénonce les nouveaux modes d'oppression, à chacun de réfléchir à son mode de vie et à ce qui peut nous abrutir, nous couper de nos proches quand des relations avec de soi-disant amis nous accaparent, nous abêtissent. J'aime bien ce terme pour montrer ô combien il peut être facile de perdre son statut d'être cultivé, intelligent, pour sombrer dans la bêtise humaine, celle qui guide les moutons.
Heureusement, dans le troupeau, il y en a de plus éclairés qui, pour sauver leur peau, choisissent de quitter la meute pour trouver leur voie, généralement dans des terres isolées :
Sinon, on était tous des réfugiés comme on dit. Oui, on venait ici trouver refuge, on fuyait le continent parce qu’on n’y arrivait plus, qu’on cherchait un mieux-vivre, un mieux-être, ou pas forcément mieux d’ailleurs. On voulait trouver une manière d’être comme soi, tout simplement. P. 47
La prise de distance avec ses pairs permet de réfléchir à sa propre quête, d'identifier ce qui nous fait vibrer, ce qui nous semble être une priorité.
Certes, elle peut être territoriale et prise au premier degré, mais la prise de distance peut aussi être nourrie par la littérature. Isabelle AUPY, à travers le personnage du gardien de phare, nous permet de toucher du doigt les bienfaits de la lecture, cette activité intellectuelle qui nous permet d'endosser le costume d'un Autre et, le temps d'un livre, de porter sur la société un regard différent.
Tout ce qui s’était passé, et tout ce que j’avais pu lire qui y ressemblait, se plantaient comme une graine qu’on ne voit pas encore germer. P. 104
J'ai adoré me laisser prendre au jeu de l'écrivaine, me surprendre à sourire devant certaines situations mais attention, le texte est plus grave qu'il n'en paraît, vous allez rire jaune, en fait ! Dans une plume qui parfois relève d'une construction enfantine, Isabelle AUPY grossit encore le trait, vous pourriez bien finir par pleurer, à moins que vos valises ne soient déjà faites et que votre billet pour une île déserte ne soit déjà pris.
Bravo les fées, vous avez encore frappé, et tout en beauté !
Après "A crier dans les ruines" d'Alexandra KOSZELYK, énorme coup de coeur de cette #RL2019, "L'homme qui n'aimait plus les chats" d'Isabelle AUPY se hisse sur le podium de cette nouvelle saison automnale des 68 Premières fois.
Parce qu'il y a des livres qui, dans le bal de la #RL2019 de septembre, nous font vivre des moments haletants, historiques, absolument fantastiques, place aujourd'hui à Sylvain COHER et son tout dernier roman "Vaincre à Rome" publié chez Actes Sud.
Il est sorti en librairie le 21 août.
Aujourd'hui, je vous en propose les premières lignes... histoire de vous mettre dans les starting-blocks !
Celui qui vient de tirer le coup de revolver garde le bras en l'air puis le descend à regret comme s'il venait de faire une chose irréparable : l'une de ces choses que l'on fait en tenant une arme alors que les autres n'en ont pas. Les oiseaux s'envolent et puisque l'un part devant tous les autres suivent sans demander leur reste. Instantanément la foudre soulève des nuées qui s'étendent bien au-delà des ruines.
Alexis RAGOUGNEAU, je ne connaissais pas sa plume, honte sur moi, d'autant que son dernier roman faisait partie de la sélection pour le Prix Goncourt 2017. Bref, je ne connaissais pas, vous peut-être non plus, mais très sincèrement, ne passez plus à côté, réjouissez-vous de la découvrir. Alors, pourquoi pas avec "Opus 77".
Tout commence lors des funérailles de Claessens, bien connu en sa qualité de Chef d'Orchestre de la Suisse romande. Sa fille, Ariane s'installe au piano. Soliste internationale d'un peu plus de 25 ans, elle s'apprête à jouer la marche funèbre pour honorer son père. Elle surprend l'assistance en faisant résonner, dans la basilique, les premières notes de l'Opus 77, le concerto du compositeur russe, Dimitri CHOSTAKOVITCH. La présence de la famille de Claessens se résume à celle d'Ariane. Son frère, David, de 2 ans son aîné, n'est pas présent. Pourquoi ? C'est là que commence réellement toute l'histoire.
Il y a une libraire (qui se reconnaîtra) qui dit qu'à chaque rentrée littéraire, elle a besoin de lire un roman des éditions de Minuit. Si je suis d'accord avec elle, j'opte personnellement aussi pour les éditions Vivane Hamy. L'année dernière, j'avais découvert "Hôtel Waldheim" de François VALLEJO. Si je vous en parle, c'est parce que cette année, j'ai sombré dans la même atmosphère, je m'en suis imprégnée et l'ai savourée.
Dès les premières lignes, Alexis RAGOUGNEAU fait du lecteur un spectateur, un voyeur pourrait-on dire. Devant lui, s'étalent les lambeaux d'une vie de famille. Je ne vous en dirai pas beaucoup plus pour ne pas déflorer l'histoire, c'est là tout le suspens du roman ! Simplement vous dire toutefois que le froid qu'inspire la première scène, celle du dernier hommage rendu au père, va vous glacer le sang.
Mais, pour que vous ne redoutiez pas de lire "Opus 77", parce que c'est un roman puissant que je vous conseille absolument, je voudrais vous parler de musique. Alexis RAGOUGNEAU en fait quasiment un personnage du roman. Elle habite la famille qu'elle a inoculé sur deux générations. Le père s'est marié avec une jeune femme d'origine israélienne, Yaël, de 20 ans sa cadette. Elle était soprano. Quand lui a gravi les échelons, elle est descendue aux enfers. Leurs enfants, bercés à longueur de journée par les notes de musique qui rythmaient leur quotidien, se sont orientés, bon gré mal gré, eux aussi vers cet univers. Mais plus que ça, Alexis RAGOUGNEAU nous fait toucher du doigt les exigences de l'élitisme. Le Chef d'orchestre se doit d'être le leader de toute une équipe, ô combien hiérarchisée. L'art dans ce qu'il a de plus grand. L'écrivain explore l'abnégation rendue nécessaire pour atteindre les sommets. Sur cette voie, certains s'y épanouissent, d'autres y dépérissent.
La concurrence est féroce. La somme de travail phénoménale, le don de soi total, obligatoire, sine qua non. P. 22
J'ai été fascinée par la puissance de la musique, le pouvoir d'enivrement, la jouissance et l'abandon de soi qu'elle procure :
Le paradoxe de l’interprétation est que la façon la plus directe de communiquer avec le public est d’oublier son existence. P. 177
Mais outre la musique, ce qui m'a captivée dans ce roman, ce sont les relations établies entre les membres de la famille. Il y a le père et le fils qui se livrent une guerre sans merci.
Mais David ne participe pas à la même bataille. Il n’est pas là pour gagner une compétition. C’est son existence d’homme, le passage de l’adolescence à l’âge adulte, qui se joue ; et s’il faut lui en trouver un, c’est bien ce monsieur au frac noir, celui qui dirigera l’orchestre dans un instant, qui fait office de rival. P. 206
Il y a le père et la fille aussi. Alors même que le père misait sur le garçon, l'aîné de surcroît, sur qui il exerçait une telle pression, à la vie à la mort, c'est finalement la fille qui excelle dans le registre musical, celle qui a passé son enfance aux pieds de ses parents jouant du piano, celle à qui le père vouait une certaine indifférence sans jamais rien exiger d'elle, celle en qui personne ne croyait et qui s'est forgée une personnalité dans l'ombre de tous. Aujourd'hui, c'est elle qui est dans la lumière, une belle leçon de vie et un merveilleux sujet à méditer que l'éducation de nos chères têtes blondes. Sur le chemin de l'égalité garçon fille, il nous reste encore quelques étapes à franchir !
Le personnage d'Ariane, devenue adulte, est tout à fait fascinant. Il n'y a pas de demi mesure dans tout ce qu'elle entreprend, une vie guidée par la passion que rien ne saurait plus arrêter. Il est effrayant aussi dans ce qu'elle a d'asocial, inaccessible, insensible, que l'homme ne saurait satisfaire dans ce qu'il a de plus humble et modeste.
Ce roman est puissant par l'atmosphère qu'il propose et dans laquelle est plongé son lecteur, condamné, lorsqu'il a commencé la lecture de L'Opus 77, à le lire d'une traite, en apnée totale. Il est absolument remarquable aussi pour la qualité de la plume. Assurément, un très grand roman de cette #RL2019.
Et pour que la boucle soit bouclée, quittons-nous en musique s'il vous plaît avec "Opus 77".
Parce qu'il y a des livres qui, dans le bal de la #RL2019 de septembre, nous emmènent en voyage, nous font découvrir des territoires, des hommes aussi, place aujourd'hui à Beata UMUBYEYI MAIRESSE et son premier roman "Tous tes enfants dispersés" publié aux éditions Autrement.
Il est sorti en librairie le 21 août dernier.
Aujourd'hui, je vous en propose les premières lignes... histoire de vous plonger dans l'atmosphère !
C'est l'heure où la paix se risque dehors. Nos tueurs sont fatigués de leur longue journée de travail, ils rentrent laver leurs pieds et se reposer. Nous laissons nos coeurs s'endormir un instant et attendons la nuit noire pour aller gratter le sol à la recherche d'une racine d'igname ou de quelques patates douces à croquer, d'une flaque d'eau à laper. Entre eux et nous, les chiens, qui ont couru toute la journée, commencent à s'assoupir, le ventre lourd d'une ripaille humaine que leur race n'est pas près d'oublier. Ils deviendront bientôt sauvages, se mettront même à croquer les chairs vivantes, mouvantes, ayant bien compris qu'il n'y a désormais plus de frontières entre les bêtes et leurs maîtres.
Mais pour l'heure, la paix, minuscule, clandestine, sait qu'il n'y a plus sur les sentiers aucune âme qui vive capable de la capturer.
Cette lecture, qui m'a bouleversée je peux le dire, fait partie de la sélection des 68 Premières fois :
Jeanne BENAMEUR nous revient avec une formidable épopée romanesque comme elle sait si bien les écrire.
Nous sommes en 1910. Les émigrants accostent sur Ellis Island, l'île située aux abords de New-York, la porte d'entrée pour les Etats-Unis. C'est là que les services de l'immigration oeuvrent au quotidien, décidant de l'avenir de celles et ceux qui ont tout quitté pour l'eldorado américain. Parmi les valises et autres ballots, il y a Donato Scarpa, un comédien italien qui brandit Eneide, le texte de Virgile, comme un étendard. Il est accompagné de sa fille, Emilia. Tous deux ont choisi de réaliser les trois semaines de voyage pour vivre libres, loin de ce territoire qui a vu mourir leur femme et mère, Grazia. D'autres n'ont pas eu le choix comme Esther Agakian partie d'Arménie, là où la terreur de la mort sévit. Il y a Gabor, bohémien, et les siens, ces hommes et femmes de la route. La communauté des émigrants vivent ces premiers moments en terre inconnue sous le regard d'Andrew Jonsson, un étudiant en droit qui passe son temps libre à photographier ces êtres en transit. Il immortalise ces instants, rien n'est laissé au hasard, pas même une main passée dans les cheveux, une tête baissée, un regard furtif... il décrypte les émotions de ces hommes et ces femmes qui ont rompu le fil de leurs origines pour vivre une vie meilleure. Certains seront admis à fouler le sol de ce nouveau continent, d'autres pas. Tous attendent d'être jugés, mesurés, auscultés... la file d'attente est longue, beaucoup vont passer cette première nuit en terre étrangère en dortoir, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, à moins que le destin en décide autrement, là commence une toute nouvelle histoire.
Le site d'Ellis Island, je l'avais abordé avec Gaëlle JOSSE et son roman "Le dernier gardien d'Ellis Island", nous étions alors en 1954 et à 9 jours de la fermeture du centre d'accueil. J'ai eu une nouvelle fois l'opportunité de l'appréhender avec l'œuvre de JR exposée à la Maison Européenne de la Photographie de Paris en janvier cette année, une photographie avait capté mon attention : le regard d'enfants hospitalisés sur l'île, des yeux d'une profonde tristesse, qui en disent long sur le chemin parcouru.
Avec ce roman de Jeanne BENAMEUR, outre les personnages éminemment romanesques, ce qui m'a le plus intéressée, c'est le point de rupture, celui qui fait que l'on quitte un territoire pour un autre, que l'on abandonne une langue pour en adopter une autre, que l'on dit adieu aux siens, morts ou vivants... et qui nous fait devenir quelqu'un d'autre.
Car émigrer, c’est laisser les ancêtres et ceux qu’on a aimés dans une terre où l’on ne retournera pas. P. 23-24
Le point de rupture, c'est celui qui permet de repousser les limites, celui qui fait passer à autre chose. Il y avait une vie avant, il y aura une vie après. C'est l'intervalle que Jeanne BENAMEUR explore avec une délicatesse infinie à travers un panel de personnages qui tous ont un itinéraire distinct, des parcours de vie différents, mais se verront marqués à vie par cette épreuve, y compris d'un point de vue charnel.
Et elle pressent que le changement immense qui traverse les vies qui émigrent passera par elle, elle ne sait pas encore comment mais elle pressent oui, dans cet instant suspendu, que ce qu’on nomme le départ passe et repassera toujours par son corps à elle. P. 19
Jeanne BENAMEUR convoque les arts pour tisser un lien entre les êtres. J'ai adoré côtoyer le temps d'une lecture Emilia, cette jeune italienne, peintre, qui par la voie d'une toile empreinte de rouge va susciter une vive émotion chez Esther. Ce moment d'intimité entre ces deux femmes en transit est d'une très grande sensibilité. Il y a aussi Gabor et son violon, des notes de musique pour mettre du baume sur les plaies béantes de la séparation dont la cicatrisation laissera sur les corps une trace à jamais.
On ne peut pas raconter la puissance de la musique mais on peut la voir éclairer les corps épuisés. P. 66-67
Il y a enfin Andrew et son appareil photo. Le jeune garçon prend des clichés qui assureront la mémoire de ces instants partagés, une jolie manière d'immortaliser ces moments de grande émotion. Il souhaite aussi que ses vues servent de tremplin à des rêveries.
Oui son ambition est que la photographie joue pleinement son rôle d’image, qu’elle déclenche aussi chez ceux qui la contemplent l’imaginaire, comme elle le fait pour lui. P. 90
La photographie, Jeanne BENAMEUR avait déjà longuement exploré cette discipline artistique dans Otages intimes. Etienne était alors reporter de guerre, il voulait à travers ses clichés témoigner de ce qui se passait dans le monde, que l'on n'oublie pas des territoires, comme des hommes, en voie de disparition. Là, l'écrivaine choisit de miser sur une autre quête, celle d'ouvrir le champ des possibles, de faire rêver !
Quant aux livres, Jeanne BENAMEUR leur accorde une place de choix...
Dans sa pension, il y aura aussi des livres parce qu’ils vous emportent et vous reposent de tout, parce que parfois ils vous conduisent même là où vous pensiez qu’en vous il n’y avait plus rien. P. 250
Dans les textes de Jeanne BENAMEUR, il est régulièrement question de transmission. Je suis littéralement tombée sous le charme du moment d'intimité partagé entre Andrew et son père venu d'Islande. Il y a quelque chose de profond et fort qui va se jouer entre eux comme l'ouverture d'une nouvelle voie, celle de la liberté. L'écrivaine nous permet de mesurer le poids des secrets de famille et le besoin impérieux de savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va. Juste magnifique.
J'aime profondément la plume de Jeanne BENAMEUR qui pèse avec minutie chaque mot. J'adore sa manière très singulière d'explorer la langue comme un élément du patrimoine de chacun :
Une langue est plus sûre qu’une maison. Rien ne peut la détruire tant qu’un être la parle. P. 166
Les mots sont émouvants, les phrases belles et poétiques. Je me suis surprise à glisser régulièrement, une nouvelle fois, des marque-pages comme autant d'étoiles dans un ciel nocturne. Je sors de cette lecture totalement envoûtée par le charme, l'effet Jeanne BENAMEUR !
Après "Mis sous silence" de Shirley GITANE, voilà une main toute entière dans une dimension monumentale. Réalisée par G. TENIER si j'en crois le blog de Quercus, elle est orientée vers le ciel. En ce jour ensoleillé, le contraste du blanc du plâtre avec le bleu est saisissant.
Cette #lundioeuvredart est une sculpture exposée sur le rond-point de la Baumette à Angers, à deux pas d'un lieu éminent de l'apprentissage, l'école des Compagnons du Devoir où l'artisanat est roi.
Outre l'oeuvre en tant que telle, j'ai eu envie de partager la citation de Henri FOCILLON à son socle :
L'esprit fait la main. La main fait l'esprit créant un univers inédit. Elle y laisse partout son empreinte. Educatrice de l'Homme, elle le multiplie dans l'espace et dans le temps.
Elle est extraite d'un livre intitulé "Eloge de la main", publié en mars 2018 dans lequel Henri FOCILLON évoque la virtuosité de la main, sa capacité à créer, à oeuvrer.
Entre une sculpture et une lecture, il n'y a qu'un pas même s'il semble qu'entre les deux se soit écoulée un peu plus d'une vingtaine d'années. Peut-être en connaissez-vous la raison... ?
Elle Magazine fait l’éloge de la fureur d’aimer à travers le portait de Claire Berest dont le dernier roman vient d’être publié aux Editions Stock. Elle nous livre « Rien n’est noir », une biographie, haute en couleur, de Frida Kahlo et explore sa relation amoureuse avec Diego Rivera, passionnée, sulfureuse, incandescente 🔥 C’est l’un de mes coups de ❤️ de cette #RL2019.
Retrouvez ma chronique ci-après 🤓
Hier, en rentrant d'une promenade en ville, je vois une affiche à l'entrée de la Tour Saint-Aubin d'Angers. Elle annonce une exposition intitulée "Chasse, Animalités et Animosités". Si le thème ne m'inspire pas a priori, il y a un oeil au coeur de la présentation qui m'invite à aller voir !
Quelle bonne idée ! Là, une jeune femme, Shirley GITANE, dessine. Elle est illustratrice et poétesse. Tout autour, des créations dans les tons grisés, des dessins réalisés au crayon de bois mais pas que.
Je commence ma découverte avec une série de portraits, amusants. Sur commande, elle revisite votre visage par la représentation d'un animal, l'un a choisi le pic-vert, une autre le chat. Si moi j'ai immédiatement pensé à la citation "L'homme est un animal, me dit-elle" extraite de la chanson "Déjeuner en paix" de Stéphane ESCHER, Shirley GITANE dit, elle, volontiers s'amuser entre "être" et "paraître", un peu comme s'il s'agissait d'un jeu de rôles dans lequel on pouvait choisir d'incarner tel ou tel animal. Nul doute que le sujet pourrait animer quelques débats philosophiques !
Je suis ensuite arrivée au coeur du sujet, la chasse. Les dessins du gibier mort seraient presque séduisants. Vous n'y verrez aucune trace de sang, non, juste des animaux que l'on croirait endormis, parfois dans des cocons improbables mais douillets, une certaine représentation de la mort, sereine, le tout dans un tracé talentueux, fin, net, parfois ombré.
Dans l'exposition, j'ai été particulièrement attirée par les dessins qui témoignent, pour moi, du brin de fantaisie de l'artiste, de son esprit décalé, lorsqu'elle choisit de mettre le fusil dans les mains ou sur l'épaule d'un lapin. Drôle, vivant, offensif, saisissant aussi !
Mais le clou de l'exposition, c'est ma #lundioeuvredart, une création présentée sous une cloche en verre. Dans ce qui fut un bougeoir, Shirley GITANE a installé deux doigts blancs, sculptés, entre lesquels elle a disposé un parchemin. A l'image de l'acquéreur (et oui, cette oeuvre est déjà vendue !), on a envie de connaître le message qui y est peut-être inscrit, gravé serait plus juste. L'artiste laisse planer le doute...
Et comme les disciplines artistiques communiquent entre elles, "Mis sous silence" ma fait penser à tous ces romans qui évoquent les secrets de famille conservés à l'abri des regards (là, du toucher !), les doigts rappelant le fait de l'homme.
Cette création n'a pas grand chose à voir avec le thème mais l'exposition est en réalité une présentation du Cabinet de curiosités de l'artiste. Alors, vous aussi, laissez-vous surprendre ! Rendez-lui visite de 13h à 19h tous les jours, le 9 septembre il sera trop tard !
Quant au titre de l'exposition qui associe avec subtilité deux mots, "Animalités" et "Animosités", en ce jour de rentrée, j'en rédigerai bien une copie-double, non ?
Parce qu'il y a des livres qui, dans le bal de la #RL2019 de septembre, nous emmènent en voyage, nous font découvrir des territoires, des hommes aussi, place aujourd'hui à Audur AVA OLAFSDOTTIR et son tout dernier roman "Miss Islande" publié chez Zulma.
Il sortira en librairie le 5 septembre.
Aujourd'hui, je vous en propose les premières lignes... histoire de vous plonger dans l'atmosphère !
Je suis tombée par hasard sur un nid d'aigle quand j'étais enceinte de toi, à cinq mois de grossesse, un creux de deux mètres tapissé de roseaux des sables au bord de la falaise, près de la rivière. Deux aiglons dodus s'y blottissaient, j'étais seule, l'aigle tournoyait au-dessus de moi et de son nid, il battit violemment des aides, dont l'une était déplumée, mais ne m'attaqua pas. Je supposais que c'était une femelle. Elle me suivit tout du long jusqu'à la porte de la maison, une ombre noire au-dessus de ma tête comme un nuage qui passe devant le soleil.