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2022-07-28T18:43:56+02:00

Anne-Marie GARAT s'est éteinte

Publié par Tlivres
Anne-Marie GARAT s'est éteinte

 Anne-Marie GARAT, j'avais eu la chance de la rencontrer à la Librairie Richer d'Angers. 

Je viens de découvrir qu'elle s'est éteinte le 26 juillet dernier. 

Son sourire, son regard, son énergie, sa pétillance... me manquent déjà. Heureusement que ses romans assurent la postérité d'une formidable conteuse, elle nous entraîne dans des aventures tout à fait exceptionnelles au bras de personnages éminemment romanesques, notamment des femmes dont les portraits sont hauts en couleur.

Son univers littéraire nous fait voyager à travers le temps, les territoires... Je pense notamment au roman « Le Grand Nord-Ouest » qui se passe aux Etats-Unis dans les années 1930,  et puis à « L’enfant des ténèbres » et "Dans la main du diable".

 

Il est encore possible d'écouter sa voix. Augustin TRAPENARD l’avait accueillie le 27 février 2020 dans son émission « Boomerang », un pur moment de bonheur.

 

Je vous laisse savourer !

 

 

 

 

 

 

  

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2022-07-27T06:49:19+02:00

Les Maisons vides de Laurine THIZY

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Les Maisons vides de Laurine THIZY

Parce que je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres depuis belle lurette, dans le cadre de l'édition estivale #jamaissansmon68, je vous propose de revenir sur un roman de la #selection2022 des 68 Premières fois : "Les maisons vides" de Laurine THIZY aux Éditions de L’Olivier, lauréat du Prix du roman Marie-Claire et du Prix Régine DEFORGES du premier roman. 

Le rapport au corps est le fil rouge de ce premier roman orchestré d’une main de maître. Depuis ses premiers jours, Gabrielle a dû apprendre à dompter ce corps, inachevé du prématuré, mal formé par l’infirmité, maîtrisé par la pratique sportive qui ne manque pas de reprendre ses droits dès le premier effort abandonné. C’est le jeu d’équilibre d’une vie qui, chez Gabrielle, prend une dimension toute particulière.

Laurine THIZY aborde les sujets de la maladie, la mort et la religion, pour ne citer que ceux-là.

Quelle plume, la main de fer dans un gant de velours,

Quelle construction narrative, une alternance de chapitres méticuleusement rythmés,

Quel premier roman, une lecture coup de poing, tout simplement.

J'en suis sortie K.O., bravo !

Si vous aussi prônez un été #jamaissansmon68, vous pouvez aussi opter pour...

"Les enfants véritables" de Thibault BERARD

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Furies" de Julie RIOCCO,

 

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD...

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #lesmaisonsvides #laurinethizy

 

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2022-07-12T06:00:00+02:00

Une princesse modèle de David BRUNAT

Publié par Tlivres
Une princesse modèle de David BRUNAT

Les Éditions Héloïse d’ORMESSON, je les aime pour leur ton, leur sensibilité, je les aime passionnément pour leur approche de l’art. Il y a eu "Baisers de collection" de Annabelle COMBES, "Ma double vie avec Chagall" de Caroline GRIMM, je découvre maintenant avec admiration la vie d’Hélène GALITZINE, modèle du peintre Henri MATISSE, sous la plume de David BRUNAT : « Une princesse modèle », un premier roman.

Si Hélène GALITZINE a du sang princier dans les veines, elle vivra surtout l’effondrement de tout un empire. A 8 ans, son père décède du typhus dans les geôles de l’armée rouge, laissant sa veuve seule pour élever une fratrie de quatre enfants. La famille s’exile en Allemagne puis en Italie. Elle s’installe à Arco près du Lac de Garde, là où sa mère s’emploiera à tenir une pension de famille. Hélène est une enfant qui aime la vie, éprise de liberté dont l’éducation sera confiée à des religieuses. Sa mère décédée, un nouveau départ est envisagé avec sa tante. Cette fois, c’est Nice qui devient le lieu de vie de la famille, c’est là qu’elle va se marier, avoir deux filles, travailler dans la haute couture et rencontrer le peintre, le maître du fauvisme avec qui elle va vivre des moments d’une intense complicité, une nouvelle vie s’offre désormais à Hélène GALITZINE.

Dès les premières lignes du roman, David BRUNAT nous fait part de sa démarche et des espaces de liberté qu’il s'est accordés pour évoquer l’itinéraire d’une femme dont la postérité est aujourd’hui assurée par la voie des toiles peintes de Henri MATISSE.


Mais après tout, un romancier peut affabuler à sa guise et n’a pas de comptes à rendre à la vérité. Ce n’est pas un historien, mais un faiseur d’histoires. Pas un mémorialiste, mais un machiniste des sentiments. Pas un moraliste, mais un conteur et un marionnettiste. P. 26

L'auteur s'approprie la voix d'Hélène GALITZINE  elle-même pour retracer un itinéraire aussi chahuté que rocambolesque. Il brosse le portrait d'une femme "modèle", une femme qui a su s'adapter aux circonstances de la vie, à moins que son existence relève d'une autre puissance. David BRUNAT nous fait ainsi toucher du doigt les contours du destin, un sujet universel et intemporel. De tous temps, l’homme s’est intéressé à la force suprême ou au hasard des coïncidences pour justifier le fil de son existence.

A partir de l'histoire singulière d'une famille d'immigrés, russes, David BRUNAT évoque un large mouvement migratoire ayant donné lieu à une implantation massive dans le sud de la France, notamment sur Nice. Il s'en saisit aussi pour retracer une fresque historique sur une quarantaine d'années, donnant à voir une page de la grande Histoire.

Enfin, et là c'est un autre sens du mot "modèle" que va explorer David BRUNAT pour nous faire entrer dans l'atelier du peintre Henri MATISSE. Hélène GALIT fut l'une des muses du grand maître du fauvisme. C'est à travers les confidences d’Hélène GALITZINE que l’on découvre les centres d’intérêt du peintre, ses sources d’inspiration. Elle rencontrera Lydia DELECTORSKAYA, modèle également, qui, à la mort de l’artiste, vouera sa vie à une juste reconnaissance de la grandeur de son art.

Si la question de l'immortalité transcende le roman, l'art peut assurément devenir le canal de la postérité, c'est le fil que va tisser David BRUNAT. Que le peintre du bonheur, comme ses modèles, en soient assurés, plus jamais je ne regarderais une toile de l'artiste comme avant.

Plus confidentielle et pourtant, la maternité peut elle aussi offrir une certaine forme de postérité. Je ne l'avais jamais abordée de cette manière...


Mais l’expérience de la maternité constitua, à sa façon, une révélation spinoziste. […] Une descendance est une forme d’immortalité ou du moins d’existence continuée. P. 77-78

C'est aussi pour ça que j'aime la littérature, porter un nouveau regard sur les choses de la vie. 

Dans un exercice narratif à deux voix, David BRUNAT pose des questions existentialistes et philosophiques, la cerise sur le gâteau d'un roman historique et artistique. Un premier roman prometteur sachant que l'homme a déjà fait ses preuves en matière d'écriture, il est homme de lettres et a déjà écrit des récits de vie sur Steve JOBS, Giovanni FALCONE, et puis un livre sur l'histoire du Titanic.

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2022-07-05T20:43:02+02:00

Le retrait de la Constitution américaine du droit à l’avortement illustré par Carrilho

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Le retrait de la Constitution américaine du droit à l’avortement illustré par Carrilho

Ma #lundioeuvredart est une nouvelle création de l’artiste portugais, Carrilho.

 

J’ai découvert l’illustrateur caricaturiste au mois de mars sur Angers dans le cadre de la campagne menée en partenariat avec @cartooningforpeace en faveur de l’égalité femmes hommes. Ses dessins sont minimalistes et tellement suggestifs, pas besoin d’en écrire un roman !

 

Vous imaginez bien que le retrait de la Constitution américaine du droit à l’avortement ne pouvait pas le laisser indifférent.

 

Là, les piliers de la Cour Suprême de Washington et puis, un pied (d’un homme bien sûr) donnant un coup à une femme sur un brancard, dévalant les marches de l’édifice. Chaque détail est important, y compris la couleur de peau. Nous savons toutes et tous que celles qui seront les plus exposées aux États-Unis seront les femmes les plus précaires, en particulier les afro-américaines. 

 

Je suis toujours impressionnée par la capacité des caricaturistes à représenter un contexte politique en quelques coups de crayons. Quel talent !

 

Quand ils deviennent militants et qu’ils mettent leur art à la disposition d’une cause féministe, je partage bien sûr  

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2022-07-04T17:41:49+02:00

Comme il vous plaira de William SHAKESPEARE

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Comme il vous plaira de William SHAKESPEARE

Cette édition du Festival d’Anjou est éclectique. Place à un texte classique , shakespearien, qui date de 1599, adapté par Pierre-Alain LELEU et mis en scène par Léna BRÉBAN. 

 

Deux jeunes femmes, des cousines, Rosalinde et Célia, vivent leur vie, à l’abri de préoccupations domestiques jusqu’au jour où les rivalités de leurs pères n’en tâchent leur avenir. Le jeune Duc bannît sa nièce après son frère aîné. Rosalinde et Célia décident dd ne pas se soumettre et s’enfuient dans la forêt d’Arden. Là, c’est une toute autre communauté qu’elles vont rencontrer, obligées de se travestir pour survivre, abandonner leur identité. 

 

La comédie pastorale du dramaturge anglais est totalement revisitée en conte des temps modernes, une version loufoque dans laquelle des parenthèses musicales et chantées sont autant de prétextes à lâcher prise et pouffer de rire.

 

Ainsi résonnent les notes de 

 

Perfect day de Lou REED

Moi si j’étais un homme de Diane TELL

Creep de Radiohead

Love is all de Roger GLOVER

 

Et enfin, 

La philosophie de Georges MOUSTAKI

 

« Nous avons toute la vie pour nous amuser

Nous avons toute la mort pour nous reposer… »

 

Avec cette ritournelle, il ne pouvait en être autrement… Le spectacle est dynamique, c’est vivant et plein d’énergie.

 

La pièce a récemment été récompensée de quatre Molière, dont deux pour les comédiennes Barbara SCHULZ et Ariane MOURIER aux prestations exceptionnelles.

 

Une nouvelle fois, le Château du Plessis-Macé a offert un très joli décor pour une soirée théâtrale pleine de surprises.

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2022-07-03T16:41:02+02:00

Summertime d’Ella FITZGERALD

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Summertime d’Ella FITZGERALD

Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Cette #chansondudimanche était citée par l’autrice du second roman que je vous présenterai samedi prochain.

Summertime est un titre qui date de 1935, composé par George GERSHWIN, largement repris notamment par Ella FITZGERALD en 1967.

Il s’agissait d’un opéra Gospel-Blues dans lequel le compositeur donne à voir un quartier afro-américain de Charleston en Caroline du Sud où les hommes et les femmes chantent, dansent, sont joyeux malgré la Grande Dépression qui sévit.

Allez, maintenant, j’ai assez parlé. Musique 🎶 

 

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2022-07-02T11:35:33+02:00

Simone, éternelle rebelle de Sarah BRIAND

Publié par Tlivres
Simone, éternelle rebelle de Sarah BRIAND

Simone VEIL s’est éteinte le 30 juin 2017. 

Certains la disait effrontée, Sarah BRIAND la qualifie ainsi : « Éternelle rebelle ». C’est le titre d’une fascinante biographie, celle d’une grande Dame qui a tant agit en faveur des droits des femmes. Sa voix nous manque tellement aujourd’hui. C’est ma #Vendredilecture.

Tout commence avec l'extrait du discours de réception de Simone VEIL à l'Académie Française prononcé par Jean d'Ormesson, nous sommes en 2010, mais ce moment de consécration ne saurait cacher son passé douloureux dont elle s'est attachée à assurer la mémoire. Le numéro 78651 figure sur son bras à l'encre bleue, il fut longtemps sa seule identité. Déportée alors qu'elle n'avait que 16 ans, Simone VEIL a survécu à la Shoah.

 

Le 22 décembre 2004, par un froid glacial, elle retrouve le camp d'Auschwitz Birkenau, elle est accompagnée de ses enfants et petits-enfants, un moment d'une très grande intensité.

 

Simone a toujours été rebelle, c'est peut être ce qui lui a permis de survivre à l'indicible et à mener une existence toute entière dédiée à la défense de causes d'intérêt général.

 

Elève brillante, Simone va suivre les conseils de sa mère :


Faire des études pour pouvoir travailler et être indépendante financièrement. P. 61

Elle ne sait pas encore que l'homme qu'elle épouse en 1946 s'opposera à sa volonté, mais c'est son compter sur la personnalité de Simone, rebelle, elle l'est, y compris dans son propre foyer.

 

En 1957, elle entre au Ministère de la Justice, elle est magistrate. Elle travaille à la direction de l'Administration pénitentiaire, elle doit inspecter les prisons françaises. Son indignation devant l'état des geôles va la pousser à faire valoir les droits des prisonniers notamment en matière de santé. C'est d'ailleurs pour ce ministère qu'en 1974 le tout nouveau Premier Ministre Jacques Chirac la nommera.

 

Sa carrière politique ne fera que commencer, elle sera sur le devant de la scène le 26 novembre de la même année pour prononcer son discours en faveur de la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, l'un des engagements de campagne pris par le Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing.

 

Sarah BRIAND focalise sur le côté profondément humain de cette femme qui avait un charisme à toute épreuve. Simone était une épouse, elle fut également une mère, une grand-mère et même une arrière-grand-mère. J'ai adoré les passages sur sa tribu et notamment l'imaginer préparer le déjeuner du samedi, devenu un rituel.

 

Cette femme n'a pas été épargnée par les épreuves de la vie, il y a eu des décès d'êtres chers. Depuis le tout dernier,  celui de son mari, elle ne sortait plus pour des événements publics.

 

Sarah BRIAND a su montrer une femme "ordinaire" avec ses forces, elle en avait beaucoup, et ses faiblesses.

 

J'ai adoré les passages sur sa complicité avec Marceline LORIDAN et Paul SCHAFFER, ses deux amis connus en déportation avec lesquels elle entretiendra une relation incommensurable.

 

C'est un portrait pluriel que nous brosse Sarah BRIAND :


L'adolescente qui aimait lire, la jeune déportée qui n'a cessé de lutter, l'épouse, la mère, la grand mère, l'amie, la ministre, la présidente du Parlement européen, la discrète, la combattante, la passionnée, l'éternelle rebelle, est accueillie sous la Coupole. P. 167

Elle évoquait bien sûr celle de l'Académie française.

 

Une autre coupole l’accueille désormais, elle et son mari, Antoine, celle du Panthéon, une consécration pour une femme EXTRA-ordinaire.

 

Magnifique biographie, à lire, et relire, sans «modération.

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2022-07-02T06:00:00+02:00

Les enfants véritables de Thibault BERARD

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Les enfants véritables de Thibault BERARD

Le bal des 68 Premières fois se poursuit. 

Après :

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

 

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON,

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

 

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD,

place au second roman de Thibault BERARD, "Les enfants véritables" chez Les éditions de L’Observatoire, un coup de coeur.
Théo élève seul ses enfants, Simon et Camille, de 7 et 4,5 ans, depuis le récent décès de sa compagne Sarah. Cléo fait son entrée, tout en délicatesse, dans ce cocon familial meurtri. Elle est douce, Cléo, elle est gentille, et puis, c'est l'amoureuse de papa, alors chacun lui fait une petite place mais les démons ne cessent de hanter tout ce petit monde. Derrière les sourires se cachent la douleur de l'absence et du manque, la peur de la mort aussi. S'il est difficile d'accepter cette nouvelle présence et le petit pas de côté fait avec les habitudes, ce n'est pas plus simple pour Cléo, qui, elle-même, a connu une famille loin des standards. Elle a été élevée par son père, Paul, dans la vallée de l’Ubaye. Quand elle n'avait que 7 ans, elle a dû faire une place à César dont le père, alcoolique, était décédé. Il habitait juste à côté et Paul avait un grand coeur, alors, il l'avait adopté. Quant à Solène, c'était le fruit d'une relation extraconjugale. Diane Chastain n'a jamais assumé son rôle de mère. Cette « mère-herbe-folle » avait besoin d'air et disparaissait régulièrement. Après 15 mois d'absence, elle est rentrée à la maison. Elle était enceinte. Là aussi, Paul a fait amende honorable. Il aimait trop sa femme pour ne pas accepter ce bébé à naître. Alors pour Cléo, cette entrée en matière, c'est un peu comme un plongeon vers l'inconnu !
Dès les premières pages, je me suis prise à penser que mon hamac allait rapidement devenir une piscine ! A la page 54, les premières larmes coulaient sur mes joues, des larmes de chagrin mais aussi, des larmes de bonheur, le bonheur de lire des mots aussi forts, aussi beaux.

Thibault BERARD explore avec gourmandise et tout en délicatesse l'entrée de Cléo, le personnage principal de cet opus, dans la famille de Théo. Il s'agit d'un lent apprivoisement, de l'un, de l'autre, des uns, de l'autre, parce que oui, il y a une communauté initiale... à trois, et un individu de plus qui va progressivement chercher sa place, un peu comme un corps étranger à greffer dont on attend l'acceptation ou le rejet. Au gré, des opportunités, festives les premières, courantes de la vie pour les suivantes, les choses lentement s'organisent sous l'autorité d'un chef d'orchestre, Théo, le dénominateur commun de tous. Théo c'est le père, Théo c'est l'homme fou amoureux de Cléo, Théo c'est l'amant de Cléo.

Les fondations de cette nouvelle famille reposent sur ses épaules, à lui. C'est un sacré pari pris sur l'harmonie d'un groupe, l'alliance entre ses membres, la solidarité, la fraternité, l'équilibre, tout ce qui a besoin, pour se construire, de beaucoup d'amour, mais aussi, de mots. Avec Thibault BERARD, je suis toujours impressionnée l'exploration des maux. A chaque sujet, l'expression et le partage de sentiments, d'états d'âme, d'émotions que l'auteur sait allégrement transmettre à ses lecteurs.

Thibault BERARD traite ici magnifiquement de la mère, légitime et d'adoption, de son rôle, de sa place. A travers deux personnages qu'il fait se croiser, celui de Diane Chastain, la mère de Cléo, cette actrice qui a préféré se consacrer à sa vie professionnelle, et celui de Cléo qui consacre ses jours et ses nuits à tisser du lien. Ce que j'aime chez Thibault BERARD, c'est qu'il n'y a pas de jugement, chacun mène sa vie comme il croit bon de la mener, faisant des choix, les assumant... ce qui n'empêche pas d'avoir des prises de conscience et de vouloir changer du tout au tout.

L'écrivain restitue magnifiquement les sensations des femmes et leur rôle dans l'approche des enfants, ces trésors de candeur, qu'elles vont accompagner, au fil du temps, dans leur construction d'adulte. Il est question de transmission dans la relation et de confiance pour permettre à chacun de trouver sa voie, s'émanciper et passer à l'expression de soi... Ainsi se construit une constellation avec toutes ces étoiles qui ne demandent qu'à scintiller.

 

Ce roman, une nouvelle fois, est largement inspiré de la vie personnelle de l'auteur, mais pas que. Il y a aussi toute une part de son livre suggérée par son imaginaire. Et ce qui est merveilleux chez Thibault BERARD, c'est le jeu de la narration. Si dans les premières pages, il prête sa plume à Diane Chastain, un personnage féminin, il trouve un équilibre ensuite avec le "je" de Paul, son compagnon. Et puis, un peu comme quand vous montez dans un manège de chevaux de bois, passée l'installation, il y a la mise en mouvement dans un rythme lent, s'accélérant progressivement pour terminer dans un tourbillon enivrant. Là, les voix se multiplient, résonnent entre elles, se lient, se croisent, s'entrecroisent... dans une ivresse totale.

L'écrivain, qui a le souci du détail, pousse la fantaisie jusque dans les titres de chapitres qui, pour certains, prendront la forme d'une ritournelle.

Impossible de vous quitter sans la playlist de Thibault BERARD, j'y ai choisi "Ready to start" de Arcade Fire. Cette chanson colle à merveille au propos, je vous assure, parce que... je ne vous ai pas tout dit !

https://youtu.be/9oI27uSzxNQ

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2022-06-30T18:40:46+02:00

Celle qui fut moi de Frédérique DEGHELT

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Celle qui fut moi de Frédérique DEGHELT

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur une lecture récente qui a pris beaucoup de place dans mon esprit, le dernier roman de Frédérique DEGHELT "Celle qui fut moi" aux éditions de l'Observatoire.

Sophia L traverse une période difficile de son existence. Elle a récemment divorcé et subit de sa mère, malade d’Alzheimer depuis deux années, son agressivité grandissante, un symptôme bien connu de la pathologie. Perdue dans ses pensées, elle confie à sa propre fille qu’elle appelle « Mademoiselle », ses tourments. Elle se souvient de sa fille évoquant dans sa plus tendre enfance son autre maman, "une belle et grande femme aux yeux verts", vivant dans un pays exotique. Ses dessins étaient inspirés de décors insulaires un brin tropicaux, tout en couleurs. Si les propos de l’enfant avaient à l’époque le don de la mettre en colère, remettant chaque jour en question sa filiation maternelle, il semble que cette histoire lui devienne aujourd’hui insupportable. Il faut dire que cette femme avait choisi d’abandonner sa famille bourgeoise et une carrière promise aux plus riches pour vivre une histoire d’amour avec un modeste fils d’immigré italien, une histoire aussi improbable que rocambolesque. La maternité lui avait longtemps résisté au point d’imaginer recourir à l’adoption. Et puis, il y avait eu deux naissances, à un an d’intervalle, une fille d’abord, l’ingrate, un garçon ensuite, le préféré des deux, vivant désormais en Australie et se contentant de subvenir financièrement aux besoins de sa mère. Alors que Sophia L prend de plus en plus en charge sa mère, elle ressent un besoin irrépressible d’en découdre avec son passé, l’histoire de sa vie, à moins que ça ne soit de celle d’avant…

 

Le roman prend la dimension d’un thriller psychologique au fil des évocations aux lisières de la magie et du spiritisme. Confrontée à la réalité de certaines images longtemps apparues sans explication dans son esprit, Sophia L éprouve la sensation oppressante de toucher du doigt sa vie d’avant. Et  Frédérique DEGHELT de poser incessamment la question : « Qu’est-ce qu’un être humain ? ». De tout temps, l’Homme s’est interrogé sur une vie après la mort. Dans ce roman, il est question d’incarnation et de réincarnation.
 
Je suis sortie de ma lecture une nouvelle fois subjuguée par la beauté de la prose de l’autrice et envoûtée par le sens des mots. Combien de fois me suis-je interrogée moi-même sur l’existence du destin ? Ce roman a fait résonner ma profonde sensibilité.
 
Celui-là, comme tous les autres, je vous le conseille absolument !

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2022-06-30T08:38:53+02:00

Les combats d’une effrontée au Festival d’Anjou

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Les combats d’une effrontée au Festival d’Anjou

Le 30 juin 2017 s’éteignait Simone VEIL, l’icône des combats de femme.

 

Le 15 juin 2022, un brillant hommage lui était rendu, un spectacle hors du commun programmé dans le cadre du Festival d’Anjou, une interprétation assurée par Christiana REALI avec la complicité de Noëmie DEVELAY-RESSIGUIER.

 

Mise en scène par Pauline SUSINI à partir de l’autobiographie de Simone VEIL, la pièce de théâtre relate une histoire familiale déchirée et meurtrie par la Shoah. Et puis, son retour à la vie, les secrets bien gardés au risque d’une incompréhension de celles et ceux qui ne l’avaient pas vécue. 

 

Elle s’est battue pour assurer sa SURvie dans les camps de la mort, elle a mené ensuite mille et un combats, à commencer par celui de tenir tête à son mari pour avoir une activité professionnelle, elle sera magistrate. 

 

Plus rien ne pourra alors l’arrêter. Contactée par Jacques CHIRAC, elle deviendra Ministre de la Santé. C’est là qu’elle mènera celui de la dépénalisation de l’IVG, une loi du 29 novembre 1974. Derrière des apparences classiques et des émotions cachées, elle était d’une très grande modernité et ne lâchait rien, y compris devant les menaces de mort au moment de la promulgation de la loi. Quand le droit à l’avortement recule aux États-Unis, sa voix me manque. J’aimerais qu’elle porte un regard sur les événements des derniers jours et nous éclaire sur les perspectives d’avenir pour les femmes, en France. 

 

Elle terminera sa carrière politique au sein de l’Union Européenne.

 

Effrontée elle l’était, peut-être la plus belle qualité pour réussir tous les combats qu’elle a engagés et réussis.

 

Sur scène, par le biais d’une émission de radio, les deux actrices vont progressivement échanger et nouer le lien des générations.

Quelle plus belle joie que de découvrir aussi dans les gradins de toutes jeunes personnes venues s’imprégner de la grandeur d’une femme qui a écrit une page de notre Histoire.

 

J’ai été bluffée par le jeu de la comédienne italo-portugaise qui restitue à la perfection la posture, les mimiques (les mains dans les cheveux pour lisser sa coiffure jusqu’au chignon, le regard tourné vers l’arrière pour laisser passer l’émotion), les intonations de la voix de la grande Dame que fut Simone VEIL. C’est à s’y méprendre celle dont je me souviens sur les écrans de télévision des années 1970.

 

Les parenthèses musicales, les extraits de témoignages comme celui de Marceline LORIDAN-IVENS, son amie de toujours, et de films d’époque, résonnent dans le cloître, moments hors du temps.

 

Dans l’assistance, un silence monacal. Chacun retient sa respiration jusqu’au tonnerre d’applaudissements. Un spectacle sensationnel.

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2022-06-29T06:00:00+02:00

Quand le Musée d'Art hispano-américain Isaac Fernández BLANCO fait campagne en faveur du dépistage précoce du cancer du sein

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Quand le Musée d'Art hispano-américain Isaac Fernández BLANCO fait campagne en faveur du dépistage précoce du cancer du sein

Partons en Argentine, à Buenos Aires, visiter le Musée d'Art hispano-américain Isaac Fernández BLANCO.
Cet établissement a été créé dans un ancien palais construit dans les années 1920 par Martin NOEL, un architecte argentin formé à Paris.

La maison néocoloniale accueille des collections sud-américaines.

Ce musée fait parler de lui dans les médias en ce moment. Il s'inscrit effectivement dans la lutte contre le cancer du sein et propose aux visiteurs de réaliser des palpations d'oeuvres d'art. Habituellement, il est interdit de s'approcher trop près, encore moins d'oser poser le doigt sur une toile. Là, le visiteur peut le faire en toute impunité. Il y est même incité et c'est pour une bonne cause.

Il accueille une exposition temporaire, "L'art de l'auto-examen", dans laquelle des oeuvres classiques de Rubens, Rembrandt... ont été revisitées par le musée, en relief. Pour aller plus loin, ont été cachés quelques symptômes fréquents lors du développement du cancer du sein, invisibles à l'oeil nu mais repérables au toucher.

Cette exposition fait suite aux travaux du Docteur Liliana SOSA qui en aurait repéré dans des toiles des maîtres.

Il n'en faudra pas plus pour que l'association Movimiento ayudo cancer de mama (MACMA) se saisisse de l'information et travaille avec le concours de l'agence David Buenos Aire. 

Bravo pour cette initiative qui fait suite à une vidéo dans laquelle l'association faisait chanter des seins.
A l'heure où les réseaux sociaux censurent les images laissant apparaître des tétons, "cacher ce sein que je ne saurai voir", autorisons-nous ce petit pas de côté, c'est pour la bonne cause !

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2022-06-29T06:00:00+02:00

Cet été, #jamaissansmon68 !

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Cet été, #jamaissansmon68 !

Cet été, ça sera #jamaissansmon68 ! 

Je reviendrai régulièrement sur mes lectures de la #selection2022, histoire de mettre sous les projecteurs des premiers et seconds romans qui méritent toute votre attention.

Alors, aujourd'hui, récap de mes belles lectures :

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY, lauréat du Prix du roman Marie-Claire,

"Furies" de Julie RIOCCO, lauréat du Prix Saint-Georges de la Librairie Gibier de Pithiviers

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ, un coup de coeur,

"Les envolés" d'Etienne KERN, sacré Goncourt du Premier roman 2022

"Blizzard" de Marie VINGTRAS, lauréat du Prix des Libraires et du Prix [métro] Goncourt,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS,

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL,

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ,

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD,

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN,

"Aux amours" de Loïc DEMEY,

"La fille que ma mère imaginait" de Isabelle BOISSARD.

Alors, certains vous font envie ?

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2022-06-28T15:32:09+02:00

Le prix de nos larmes de Mathieu DELAHOUSSE

Publié par Tlivres
Le prix de nos larmes de Mathieu DELAHOUSSE

Les Éditons de L’Observatoire, je les apprécie pour leurs romans, souvent des coups de ❤️ à l’image de ceux de Thibault BERARD, « Il est juste que les forts soient frappés » et « Les enfants véritables », celui d’Anaïs LLOBET « Au café de la ville perdue », ou encore de Marie CHARREL « Les danseurs de l’aube », et de Withney SCHARER « L’âge de la lumière », mais aussi de Sébastien SPIZTER « Ces rêves qu’on piétine », et d’Odile D’OULTREMONT « Les déraisons ».

 

 

Je ne les connaissais pas sur le registre des essais, c’est aujourd’hui chose faite avec « Le prix de nos larmes » de Mathieu DELAHOUSSE que j’avais entendu au micro de Léa SALAME sur France Inter. Il a exploré ces deux dernières années les rouages du fonds d’indemnisation des victimes d’attentats. 

 

Que savons-nous de son organisation quand nous n’y sommes pas confrontés ?

 

C’est grâce à cet essai que j’ai découvert les fondements juridiques, d’abord une loi de 1982, dite Badinter, reconnaissant le statut de victime, et puis en 1986, la création d’un fonds de garantie pour les victimes d’actes terroristes, une exception française, européenne, voire mondiale. Ce n’est qu’en 1990 que les victimes du terrorisme seront reconnues victimes civiles de guerre avec pour conséquence, notamment pour les enfants de victimes, d’être déclarés pupilles de la Nation.

 

C’est aussi sous la plume de Mathieu DELAHOUSSE que j’ai compris le mode de financement du fonds, 5,90 euros prélevés sur chaque contrat d’assurance de biens immobiliers, un fonds financés par les Français sans qu’ils le sachent vraiment.

 

En qualité de journaliste, Mathieu DELAHOUSSE va accéder aux audiences qui caractérisent les préjudices subis et fixent les indemnisations. C’est là que se confrontent deux filtres de lecture des attentats :


Plusieurs fois durant ces journées dans la petite salle blanche, des cas similaires affleurent et, dans une danse macabre, on chaloupe entre les critères stricts du fonds et ceux, plus souples et imparfaits, de la vie. P. 79

Aux chiffres, aux critères d’évaluation, sont opposés la peine, le deuil d’un amour perdu, d’une mère, d’un père, d’un enfant… 

 

Et cette question posée en boucle, quel est le prix d’une vie ? La réparation passe-t-elle par l’argent ?

 

Bien sûr, à l’image de notre société, certains passent au-delà du chagrin et voient dans le fonds l’opportunité de gagner de l’argent sur le dos de blessés à vie, de morts, c’est juste indécent.

 

Le comble de la mascarade, c’est bien sûr l’usurpation d’identité, se faire passer pour une victime, s’imaginer une vie… jusqu’à se croire sur parole. Les cas sont rares mais diaboliques.


On ne se résout pas vraiment à imaginer que, parfois, des diables soufflent à ces âmes perdues que « qui ne tente rien n’a rien ». Et sur ces pauvres innocents s’y accrochent. P. 80

Cet essai, porté par une plume pudique et bienveillante, est très intéressant. Il donne à voir un microcosme de la justice française.

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2022-06-27T06:00:00+02:00

Skin de Chiharu SHIOTA

Publié par Tlivres
Skin de Chiharu SHIOTA

Mes dernières lectures célébraient le kintsugi, l’art japonais qui magnifie les brisures des objets en céramique ou porcelaine avec de la poudre d’or, sublimant les failles au lieu de chercher à les dissimuler. Je pense bien sûr à « Celle qui fut moi » de Frédérique DEGHELT et « La patience des traces » de Jeanne BENAMEUR.

Je voulais rester dans le registre du Japon.

J’ai retrouvé une œuvre d’art textile réalisée par Chiharu SHIOTA, une artiste contemporaine, et découverte au Musée des Beaux Arts d’Angers lors d’une exposition temporaire de 2017.

« Skin », qui veut dire « peau » en français, est une création de 2016.

Chiharu SHIOTA offre à une toile blanche une seconde peau avec des morceaux de tissus de toutes les couleurs, assemblés à des objets de récupération, une douce évocation du passé, avec des fils noirs et rouges piqués et entrelacés. 

L’artiste représente tout en beauté les relations humaines, la singularité et la diversité des individus, leur capacité à s’unir pour faire corps, tous ensemble.

Cette installation monumentale était spectaculaire. C’est ma #lundioeuvredart. 

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2022-06-26T06:00:00+02:00

Ready to start de Arcade Fire

Publié par Tlivres
Ready to start de Arcade Fire

Le bal des 68 Premières fois se poursuit.

Il y en a qui s'imposent de fait, par leur tonalité, leurs paroles, leur titre.

Il y en a d'autres qui sont puisées dans la playlist du romancier comme ma #chansondudimanche aujourd'hui.

Vous ne saurez que samedi prochain qui se cache derrière un coup de coeur de cette #selection2022. 

Là, parlons un peu de Arcade Fire. Il s'agit d'un groupe de rock québécois lancé dans les années 2000. Il a sorti son 6ème album, WE, très récemment, en mai 2022. 

Ce titre, "Ready to start", est comme une invitation à engager une lecture qui deviendra inoubliable. C'est un single sorti en octobre 2010.

Dès la première phrase il est question de sang, c'est bien l'objet du livre dont je vous parlerai très bientôt, le sang de la filiation.

Mais je crois que j'ai assez parlé, maintenant musique !

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2022-06-25T06:00:00+02:00

La fille que ma mère imaginait de Isabelle BOISSARD

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La fille que ma mère imaginait de Isabelle BOISSARD

Le bal des 68 Premières fois se poursuit. 

Après :

"Aux amours" de Loïc DEMEY

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN

place au premier roman de Isabelle BOISSARD : "La fille que ma mère imaginait" chez Les Avrils.

Il y a cet anniversaire avec un cadeau original, un atelier d’écriture, et puis un nouveau grand départ, le lot commun des expatriés, toujours entre deux avions. Après Limoges, en guise d’amuse-bouche, l’étranger, le grand saut. Après la Suède, l’Italie, place à Taïwan, l’Asie, changement d’environnement, de climat, de cuisine… une sacrée épreuve pour une conjointe-suiveuse, c’est comme ça qu’est appelée celle qui suit son mari qui travaille, celui qui entretient sa famille, mais tout ça ne serait rien encore sans un appel téléphonique des plus alarmants…
 
Au rythme d’un journal intime, alimenté au gré des émotions de la narratrice dont on devine qu’elles sont largement inspirées du parcours personnel de la primo-écrivaine, le roman dévoile le quotidien d’une femme en mal du pays, mal-être, mal tout court. 
 
Vendu comme ça, ce premier roman pourrait être un brin dissuasif mais surtout, ne reculez pas, non, ce roman c’est un ton, humoristique, caustique, vous allez rire, jaune !
 
La jeune femme, mère de deux enfants, mariée avec Pierre, sœur de deux garçons, fille d’un père décédé d’un cancer quand elle n’avait que 10 ans, et d’une mère… dont je vais taire le sort, elle a beaucoup de choses à dire sur sa vie… plurielle ! Ne vous attendez pas à de la bienveillance, non, la narratrice vous sert le tout à bâton rompu, en toute franchise, à bas le conformisme et autres arrangements raisonnables. Toutes vérités ne seraient pas bonne à dire, là, le venin est craché pleine figure !
 
Vous allez être poussé dans le mur. A vous de voir si vous avez envie d’être l’avocat du diable et l’inviter à modérer le propos…
 
Outre le fait de découvrir ce territoire méconnu qu’est Taïwan, ses tribulations politiques depuis la fin de l’occupation japonaise, j’ai beaucoup aimé l’humour qui traverse l’ensemble du roman


J’aimerais que le corps soit une chose extérieure que l’on puisse déposer devant soi. On pourrait passer son corps à la machine, le faire sécher, le recoudre, et pourquoi pas une fois trop usé, le jeter. Il suffirait alors de s’en acheter un nouveau. Neuf ou bien d’occasion, si on est écolo. Puisque tout le monde semble avoir un complexe, je suis convaincue qu’il aurait un marché incroyable pour troquer ou vendre son corps. www.leboncorps.com. P. 33

Et puis, il y a l’approche de la langue, cette partie visible de l’iceberg de ce qu’est chacun…


Le problème n’est pas d’appendre la langue, mais de comprendre toute une conception du monde. Il n’y a pas un filtre, mais de multiples interprétations. P. 71

Un élément incontournable de l’interculturalité. J’ai beaucoup pensé au père de l’ethnopsychiatrie, Tobie NATHAN, qui dit la même chose en d’autres mots.
 
Il y a encore cette analyse de ce que peut être une mère…


Une vraie mère courage. De celles qui se surpassent, qui se dépassent même. Mais se dépasser, c’est aussi prendre le risque de passer à côté de soi. P. 134

Il y a son regard sur ce qu’elle vit de sa relation avec ses filles et celui, surtout, posé sur celui de sa propre mère. 
 
Ce premier roman est très réussi, d’abord parce qu’il m’a fait rire. C’est suffisamment rare pour le préciser ! Je vais pouvoir préparer mon calendrier de l’ #Aventlitteraire sereinement ! Il est singulier aussi dans le regard posé sur le monde, cynique. A méditer sans modération !
 
Impossible de vous quitter sans quelques notes de musique. J’invite Rihanna à chanter son titre « Farewell »… savourez 🎶 
http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/06/farewell-de-rihanna.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/06/farewell-de-rihanna.html

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2022-06-24T06:00:00+02:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
Photographie des éditions Grasset

Photographie des éditions Grasset

Le roman de Anne BEREST, "La carte postale" était lauréat du Prix Renaudot des Lycéens et du Goncourt version américaine, le roman est une nouvelle fois honoré avec le Grand Prix des Lectrices Elle 2022.

Vous vous souvenez peut-être que l'année dernière, c'était Claire BEREST qui avait remporté le même prix avec "Rien n'est noir" célébrant l'artiste Frida KAHLO.

Claire et Anne sont soeurs dans la vie.

Anne puise dans leur histoire familiale pour nous livrer un roman exceptionnel, un coup de coeur, le 80ème du blog.

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant. 
 
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
 
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible. 
 
"La carte postale", c’est la révélation de moult secrets de familles, parfois sciemment cachés, parfois totalement subis par une génération qui va pouvoir, désormais, s’émanciper de ce poids trop lourd à porter. Mais c'est aussi une démarche intellectuelle autour du sens du mot "juif". 
 
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est, de la grande littérature comme je l'aime.
 
Anne BEREST a été interviewée par l'équipe de VLEEL (Varions les éditions en live) le 28 octobre dernier. Vous pouvez visionner l'émission.

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2022-06-23T06:00:00+02:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Ma #citationdujeudi est l'occasion de revenir sur un coup de coeur, un premier roman sélectionné par les fées des 68, un roman inoubliable, un roman qui me fait frissonner rien que de l'évoquer. Il s'agit de "Ubasute" de Isabel GUTIERREZ aux éditions La fosse aux ours.

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

Il y a tout un tas de manières d’imaginer sa fin de vie.

Aux Etats-Unis, les gens font appel à une doula, cette personne qui va tout prendre en charge, se substituant aux enfants souvent occupés à vivre leur vie, loin, comme l'évoque si tendrement Jodi PICOULT dans son dernier roman, "Le Livre des deux chemins". Cette pratique arrive depuis peu en France.

Au Japon, il y aurait une tradition, l'ubasute, qui consisterait à demander à quelqu’un de nous porter sur son dos pour l'ascension d’une montagne, là où l’on rendrait notre dernier souffle.

S’il est question de faire de la mort son alliée, ce roman n’en est pas moins profondément lumineux. Le portrait de femme de Marie est fascinant. En attendant le grand jour, Marie revisite sa vie et, dans une narration qui alterne la première et la troisième personnes du singulier, elle nous livre ses confidences. Outre cette décision, tellement courageuse, du choix du moment et des modalités de sa fin de vie, elle est en quête d’une paix intérieure, une libération, une certaine forme de pardon.

 

La prose est tendre et délicate, les mots sont beaux. « Ubasute », c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir. Ce roman je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

Et pour que ce moment s'achève tout en beauté, vous prendrez bien quelques notes de musique... aussi ! "Sublime et silence" de Julien DORE.

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/sublime-et-silence-de-julien-dore.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/sublime-et-silence-de-julien-dore.html

Retrouvez mes lectures de cette #selection2022 :

"Aux amours" de Loïc DEMEY

 "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Les maisons vides" de Laurine THIZY,

"Furies" de Julie RIOCCO,

"Ubasute" d’Isabel GUTIERREZ,

"Les envolés" d'Etienne KERN,

"Blizzard" de Marie VINGTRAS,

 

"Saint Jacques" de Bénédicte BELPOIS

 "Les confluents" de Anne-Lise AVRIL

"Le parfum des cendres" de Marie MANGEZ

 

"Jour bleu" de Aurélia RINGARD

"Debout dans l'eau" de Zoé DERLEYN

#68premieresfois #68premieresfoisetplussiaffinité #68premieresfois2022 #litteraturefrancaise #premiersromans #68unjour68toujours
#bookstagram #jamaissansmon68 #selection2022 #premierroman #7anscasefete #onnarretepasles68 #un68sinonrien #touchepasamon68 #jepensedoncje68  #ubasute #isabelgutierrez

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2022-06-21T06:00:00+02:00

Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND

Publié par Tlivres
Consolation de Anne-Dauphine JULLIAND

Ce récit de vie, peut-être qu’il n’aurait jamais croisé mon existence s’il n’y avait eu le Book club. Nouvelle référence et pas des moindres : « Consolation » de Anne-Dauphine JULLIAND publié initialement chez Les Arènes Eds et maintenant chez J'ai lu.

Vous n’allez pas tarder à découvrir le drame qui l’a fauchée, il se décline en réalité au pluriel, et malgré la tragédie qu’ils recouvrent, ils tiennent en une seule phrase, la première du livre. Plus précisément, ils tiennent en quatre mots :


J’ai perdu mes filles.

 

quatre mots comme le fil rouge du livre, profondément lumineux malgré la douleur, la souffrance, le deuil…
 
En parlant de la mort de deux enfants, deux filles, Thaïs et Azylis, toutes les deux de la même maladie dégénérative, la leucodystrophie métachromatique, Anne-Dauphine JULLIAND, leur mère, nous parle de la vie, des sentiments, des émotions qui l’ont traversée et le font encore, certains jours avec tendresse et délicatesse, certains instants avec violence et fracas à l’image d’un éléphant qui entrerait dans un magasin de porcelaine, broyant tout sur son passage, foulant du pied tout ce qui a été précieusement construit.
 
Dans ce récit de vie, autobiographique, l’écrivaine brosse le portrait de la « Consolation », toujours avec beaucoup de poésie…


La consolation est une histoire d’amour écrite à l’encre des larmes. P. 11

Anne-Dauphine JULLIAND explore les tréfonds de son âme et nous livre son regard, personnel, sur les épreuves qu’elle a vécues. Elle nous apprend à les décrypter, les apprivoiser, les faire sienne, et à les partager. Les taire serait d’infliger une double peine.


Le silence donne l’illusion de tenir la réalité à distance. Ce qui n’est pas dit ne prend pas corps, ni pour les autres ni pour soi-même. P. 113

L’autrice nous livre son chemin, certains diront de croix.
 
Si j’appréhendais cette lecture, j’en ressors grandie. Elle m’a fait toucher du doigt tout ce qui devient subtil lorsque vous êtes éprouvé, toutes ces manifestations d’humanité qui font battre plus vite le cœur. J’ai fondu devant la présence de cette infirmière avec ces seuls mots, « je suis là », ou bien encore ces funérailles avec les ongles vernis rouges de toutes les personnes qui se joignaient à sa peine. Pleurer, pourquoi m’en cacher ?


Pleurer, c’est avoir confiance dans le monde. P. 80

Et j’ai confiance en vous !
 
J'ai pris l'habitude avec les 68 d'accompagner mes lectures de musique. Là, elle s'est imposée à moi. Le livre terminée, je suis partie me promener. Les écouteurs sur les oreilles, j'ai commencé par zapper sur les différentes radios et puis, j'ai entendu ses notes... et enfin, ses paroles ! Comme une évidence, je vous propose "Save your tears" de The Weeknd.

Retrouvez toutes les références du Book club :

"La porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel ADANSON" de David DIOP

"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE

"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" de Maggie O'FARRELL

 "Les enfants sont rois" de Delphine DE VIGAN

"Au-delà de la mer" de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE,

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU,

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD,

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD, 

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME,

"Il n'est pire aveugle" de John BOYNE...

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2022-06-20T06:00:00+02:00

Tissue of Time de Coderch et Malavia

Publié par Tlivres
Tissue of Time de Coderch et Malavia

Ma #lundioeuvredart, je l'ai puisée une nouvelle fois dans les collections de la Galerie In Arte Veritas, installée 16 rue des Lices à Angers. Elle regorge de sculptures absolument prodigieuses.

Vous vous souvenez peut-être très récemment de "Plénitude" de Claude JUSTAMON. 

Et puis, il y a les oeuvres réalisées par un duo d'artistes espagnols, Coderch et Malavia. Je vous ai déjà présenté "My life is my message", une création d'une impressionnante délicatesse dans le traitement des tatouages d'inspiration maorie et qui m'inspire une profonde sérénité.

Je vous propose de rester dans le même registre aujourd'hui avec "Tissue of time".

Il s'agit d'une sculpture en trois dimensions en bronze, patinée noire, posée sur socle, d'une hauteur totale d'un mètre cinquante (à quelques centimètres près, la mienne !).

La sculpture représente le corps d'une femme que l'ont reconnaît aux traits de son visage et au développement de sa poitrine qui lui confère une grande sensualité.

Sa posture est, en elle-même, toute une histoire. La femme est accroupie, reposant sur la pointe des pieds, les fesses sur les talons, les avant-bras sur les genoux, le tout donnant à l'ensemble l'image d'un parfait équilibre, conforté par l’alternance des pleins et des vides. Cette posture est souvent pratiquée en Asie mais je ne l'avais pas encore vue sculptée.

Le port altier donne une puissante élégance à cette femme qui semble confortablement installée et pouvoir rester ainsi des heures.

Les formes sont lisses dans des masses plutôt rondes et globalement homogènes au-devant du personnage, il n'en est pas de même pour le dos dont la position du corps génère un étirement de la colonne vertébrale, révèle des os saillants et une structuration complexe.

La femme est représentée nue, à l'exception de sa tête.

Là, un morceau de tissu, couvrant l'intégralité de son crâne, qui me fait penser au chèche touareg. La tête est ainsi couverte pour se protéger des aléas du temps. Les deux pans de tissu, dans des plis parfaits, se croisent sous le menton pour maintenir l'ensemble mais l'originalité repose dans le fait de les laisser libre, à pendre, au vent.

Le titre de l'oeuvre, que l'on pourrait traduire en français par "Le tissu du temps", représente le temps qui passe, les années qui, de haut en bas de la sculpture, marquent l'individu des étapes de la vie. A la naissance, tout semble ficelé, parfaitement organisé, et puis, avec l'âge, le champ des possibles, le lâcher-prise, l'acceptation des événements comme ils se présentent.

Je suis profondément touchée par la sérénité incarnée par les oeuvres de Coderch et Malavia. Je crois que je pourrais les regarder pendant des heures. Elles me font du bien. Elles pourraient être ma représentation de l'art-thérapie !

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