Le roman de Anne BEREST, "La carte postale" était lauréat du Prix Renaudot des Lycéens et du Goncourt version américaine, le roman est une nouvelle fois honoré avec le Grand Prix des Lectrices Elle 2022.
Vous vous souvenez peut-être que l'année dernière, c'était Claire BEREST qui avait remporté le même prix avec "Rien n'est noir" célébrant l'artiste Frida KAHLO.
Claire et Anne sont soeurs dans la vie.
Anne puise dans leur histoire familiale pour nous livrer un roman exceptionnel, un coup de coeur, le 80ème du blog.
Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms :
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession.
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant.
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible.
"La carte postale", c’est la révélation de moult secrets de familles, parfois sciemment cachés, parfois totalement subis par une génération qui va pouvoir, désormais, s’émanciper de ce poids trop lourd à porter. Mais c'est aussi une démarche intellectuelle autour du sens du mot "juif".
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est, de la grande littérature comme je l'aime.
Dans les pas de Flo and books, et pour cette édition 2021 du mois de #marsaufeminin, j'ai choisi de dérouler le tapis rouge à Claire BEREST.
Cette plume, je l'ai découverte avec "Rien n'est noir", un roman incandescent et jubilatoire qui relate une page de la vie de Frida KAHLO, celle de sa passion amoureuse pour Diego RIVERA, lauréat du #GrandPrixdesLectricesElle 2020.
« Rien n’est noir » est une très belle opportunité de prendre connaissance des toiles peintes par Frida KAHLO, personnellement j’ai un faible pour « La Colonne brisée » réalisée en 1944.
Avec « Rien n’est noir », vous plongez aussi au coeur de l’Histoire du Mexique et du streetart qui se distingue encore aujourd’hui. Vous visitez aussi le monde et côtoyez les hommes, capitalistes, en quête de montrer ô combien leur pouvoir est grand.
La narration est foisonnante, à l’image de la vie de l’artiste célébrée. Elle est poétique aussi.
Claire BEREST maintient un rythme ahurissant qui donne à cette lecture une vivacité et un dynamisme absolument remarquables.
Ce roman existe en poche...
Et puis, il y a eu "Gabriële", un roman à quatre mains, le livre de Anne et Claire BEREST, deux soeurs, sur leur grand-mère qui n'est autre que Gabriële BUFFET, l'épouse de Francis PICABIA.
Là aussi, il y a une vertigineuse histoire d'amour. Gabriële est une femme EXTRAordinaire, de celles qui marquent leur vie avec l'empreinte de la liberté. Elle n'a pas vécu que de bons moments avec un mari artiste à l'ego surdimensionné, elle est même restée dans l'ombre de celui qu'elle adule.
Sous la plume des soeurs BEREST, une expérience littéraire audacieuse mais parfaitement réussie, Gabriële devient un personnage de roman dont le lecteur découvre le parcours avec une véritable frénésie. La narration du tourbillon artistique est exaltée. "Gabriële" devient rapidement un page-turner, une épopée à vous couper le souffle, une biographie époustouflante.
Ce roman existe aussi en poche
J'ai lu deux romans de Claire BEREST, deux coups de coeur, des romans tout à fait EXTRAordinaires.