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Articles avec #grand prix des lectrices elle catégorie

2022-06-24T06:00:00+02:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
Photographie des éditions Grasset

Photographie des éditions Grasset

Le roman de Anne BEREST, "La carte postale" était lauréat du Prix Renaudot des Lycéens et du Goncourt version américaine, le roman est une nouvelle fois honoré avec le Grand Prix des Lectrices Elle 2022.

Vous vous souvenez peut-être que l'année dernière, c'était Claire BEREST qui avait remporté le même prix avec "Rien n'est noir" célébrant l'artiste Frida KAHLO.

Claire et Anne sont soeurs dans la vie.

Anne puise dans leur histoire familiale pour nous livrer un roman exceptionnel, un coup de coeur, le 80ème du blog.

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant. 
 
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
 
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible. 
 
"La carte postale", c’est la révélation de moult secrets de familles, parfois sciemment cachés, parfois totalement subis par une génération qui va pouvoir, désormais, s’émanciper de ce poids trop lourd à porter. Mais c'est aussi une démarche intellectuelle autour du sens du mot "juif". 
 
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est, de la grande littérature comme je l'aime.
 
Anne BEREST a été interviewée par l'équipe de VLEEL (Varions les éditions en live) le 28 octobre dernier. Vous pouvez visionner l'émission.

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2021-03-13T14:32:09+01:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Claire BEREST

Publié par Tlivres
Mars au féminin, tapis rouge pour Claire BEREST

Dans les pas de Flo and books, et pour cette édition 2021 du mois de #marsaufeminin, j'ai choisi de dérouler le tapis rouge à Claire BEREST.

Cette plume, je l'ai découverte avec "Rien n'est noir", un roman incandescent et jubilatoire qui relate une page de la vie de Frida KAHLO, celle de sa passion amoureuse pour Diego RIVERA, lauréat du #GrandPrixdesLectricesElle 2020.

« Rien n’est noir » est une très belle opportunité de prendre connaissance des toiles peintes par Frida KAHLO, personnellement j’ai un faible pour « La Colonne brisée » réalisée en 1944.

Avec « Rien n’est noir », vous plongez aussi au coeur de l’Histoire du Mexique et du streetart qui se distingue encore aujourd’hui. Vous visitez aussi le monde et côtoyez les hommes, capitalistes, en quête de montrer ô combien leur pouvoir est grand.

La narration est foisonnante, à l’image de la vie de l’artiste célébrée. Elle est poétique aussi.

Claire BEREST maintient un rythme ahurissant qui donne à cette lecture une vivacité et un dynamisme absolument remarquables. 

Ce roman existe en poche...

Et puis, il y a eu "Gabriële", un roman à quatre mains, le livre de Anne et Claire BEREST, deux soeurs, sur leur grand-mère qui n'est autre que Gabriële BUFFET, l'épouse de Francis PICABIA.

Là aussi, il y a une vertigineuse histoire d'amour. Gabriële est une femme EXTRAordinaire, de celles qui marquent leur vie avec l'empreinte de la liberté. Elle n'a pas vécu que de bons moments avec un mari artiste à l'ego surdimensionné, elle est même restée dans l'ombre de celui qu'elle adule. 

Sous la plume des soeurs BEREST, une expérience littéraire audacieuse mais parfaitement réussie, Gabriële devient un personnage de roman dont le lecteur découvre le parcours avec une véritable frénésie. La narration du tourbillon artistique est exaltée. "Gabriële" devient rapidement un page-turner, une épopée à vous couper le souffle, une biographie époustouflante.

 Ce roman existe aussi en poche 

J'ai lu deux romans de Claire BEREST, deux coups de coeur, des romans tout à fait EXTRAordinaires.

Claire BEREST mérite bien son hashtag #femmesdelettresalhonneur (initié par Moonpalaace) tout comme Anne DE ROCHASCarine JOAQUIM,

et puis Alexandra KOSZELYK, Sandrine COLLETTE, Angélique VILLENEUVE, Louise MEY, Catherine ROLLAND, Carole ZALBERG, Marie CHARVET, Fatou DIOME, Adelaïde BON et Johanna KRAWCZYK.

Mars au féminin, tapis rouge pour Claire BEREST

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2020-11-26T13:05:00+01:00

L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Publié par Tlivres
L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Ma #citationdujeudi est extraite du document lauréat du #GrandPrixdesLectricesElle2019, édité chez Sonatine et maintenant chez 10 18.

Il s'agit de "L'empreinte" de Alexandria MARZANO-LESNEVICH, traduit de l'anglais par Héloïse ESQUIE.

Ce document foisonnant s'inspire de deux histoires, vraies, que l'écrivaine fait s'entrecroiser avec subtilité.

Alexandria MARZANO-LESNEVICH, contrairement à sa soeur qui a choisi le déni, met les mots sur ses blessures, physiques et psychiques. Elle ne peut les oublier. 

Le corps est largement évoqué dans ce livre.

Assez naturellement, il m'a fait penser à l'interview de l'artiste Yseult par Augustin TRAPENARD récemment dans Boomerang sur France Inter.

Je vous invite à écouter le podcast (il y a d'ailleurs une interprétation de "Laissez moi danser" de Dalida absolument sublime), à moins que vous ne préfériez l'écouter chanter son titre, "Corps" justement.

Vous pouvez aussi prendre les 2 !

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2020-09-01T06:00:00+02:00

Ásta de Jon Kalman STEFANSSON

Publié par Tlivres
Ásta de Jon Kalman STEFANSSON

Coup de ❤️ pour le roman de Jón Kalman STEFANSSON, il sort en format poche chez Folio, l’occasion de revenir sur Ásta publié aux éditons Grasset. C'est mon #mardiconseil.

Nous sommes dans les années 1950 à Reykjavik en Islande. Helga a 19 ans, Sigvaldi 30. Ils vivent le parfait amour. Ils ont une enfant de 7 mois. Une nouvelle grossesse se profile. Ils cherchent un prénom pour le bébé à venir, une autre fille. En mémoire d'une lecture qu'ils avaient partagée, « Gens indépendants » de Halldór LAXNESS (Prix Nobel de littérature), et qui les avait beaucoup émus, ils choisissent Ásta. A une lettre près, le prénom de la fillette aurait signifié "amour", mais voilà, cette lettre va faire toute la différence ! La grossesse d'Helga est marquée par ses crises de nerfs, un peu comme si la maternité faisait resurgir le passé et tourmentait les âmes par des souvenirs douloureux. Avec la naissance, les sentiments s'apaisent malgré une vie de famille chahutée par une économie en perte de vitesse. Sigvaldi est contraint d'exercer deux métiers pour permettre à sa femme et ses enfants de vivre. Il est marin. Il est peintre en bâtiment aussi, il a monté son entreprise avec un associé. Un jour, il tombe d'une échelle. Un peu sonné, il se remémore les bons moments de son existence. Il culpabilise aussi. S'il n'avait pas été un bon père pour sa fille...  

Ce roman d'apprentissage est absolument EXTRAordinaire.

Dès la première page, j'ai été totalement happée par le tourbillon des destins qui se croisent, se lient, se délient, se relient, perturbés qu’ils sont, comme le climat islandais. Il y est question d'amour, de passion, l'incandescente, celle qui brûle, enflamme, et s'éteint pour ne plus laisser derrière elle que quelques cendres. Mais c'est sans compter, parfois, sur un léger souffle qui suffit à rallumer le tison que l'on croyait à jamais disparu. Il n'y a pas de demi-mesure, juste l'immense sensation d'exister.


Avoir hâte. Surtout quand il s’agit de retrouver une personne qui vous est chère. Alors, on se sent vivant. P. 217

Dans ce roman dont la construction narrative est exceptionnelle émerge un certain rapport au temps. Il y a d'abord celui qui prend appui sur les deux générations de couples, Helga et Sigvaldi d'une part, Ásta et Josef d'autre part. Mais il y aussi celui qui se déploie au rythme des sentiments, tantôt il y a urgence à vivre, assouvir sa passion, chaque minute, chaque heure compte, tantôt les mois, les années, s'étirent inlassablement.


Nous avons tant à faire que parfois, on dirait que notre existence va plus vite que la vie elle-même. P. 42

Enfin, j'ai été profondément touchée par cette espèce de déterminisme dans les générations de femmes, un peu comme si, avec la filiation, elles se transmettaient une partie de leur histoire qui se répéterait indéfiniment. J'avais déjà mesuré cette fragilité dans le roman de Lenka HORNAKOVA-CIVADE et ses "Giboulées de soleil".

Mais là, sous la plume de Jón Kalman STEFANSSON, la tragédie devient une fatalité, emportant tout sur son passage, y compris la raison. L'histoire d'Ásta est ponctuée par des périodes de profonde dépression, certaines réalités sont trop lourdes à porter.


L’ignorance vous rend libre alors que la connaissance vous emprisonne dans la toile de la responsabilité. P. 264

L’exercice littéraire est époustouflant dans la maîtrise des scénarios. Ce roman fait un peu plus de 490 pages, j'aurais aimé qu'il en fasse 100, 200, 300 de plus, totalement habitée que j'ai été par le personnage d'Ásta.

A saluer également la qualité de la traduction proposée par Eric BOURY, juste prodigieuse !

Ásta, je l’ai découvert dans Le cadre du 50e prix des lectrices Elle en 2019. Je faisais partie des heureuses élues, l’occasion de saluer Olivia de Lamberterie et toute l’équipe des jurées.

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2020-06-23T06:00:00+02:00

Rien n'est noir de Claire BEREST

Publié par Tlivres
Rien n'est noir de Claire BEREST
Pour l'édition 2020, les jurées du #GrandPrixdesLectricesElle ont choisi dans la catégorie "Roman" "Rien n'est noir" de Claire BEREST aux éditions Stock. Autant vous dire que je suis ravie. 
 
#Mardiconseil est l'occasion, pour moi, de revenir sur un coup de coeur.
 

Claire BEREST nous emmène à la rencontre de Frida KAHLO, un portrait tout à fait saisissant.

Nous sommes en 1928. Alors que l’artiste Diego RIVERA réalise une fresque murale monumentale pour le Ministère de l'Education, Frida, l’effrontée de 20 ans sa cadette, l’interpelle et lui demande de descendre de son échafaudage pour lui montrer quelque chose. Elle a, avec elle, deux tableaux. Elle veut son avis. Il lui donne rendez-vous le dimanche suivant avec une nouvelle toile. C’est ainsi qu’une relation passionnelle va s’engager entre deux personnages hauts en couleur : Diego RIVERA dont la qualité du travail artistique va grandissante, Frida KAHLO promise dès son plus jeune âge à un parcours atypique (à 15 ans, elle fait partie des premières filles à entrer à la Prépa) et ambitieux (passionnée d’anatomie et de biologie, elle veut être médecin). C’est à 18 ans que Frida KAHLO a un terrible accident de bus avec de multiples blessures qui la clouent à un lit d’hôpital pendant 3 mois et l’obligent à une nouvelle intervention chirurgicale l’année suivante. C’est alors que Frida demande à son père, allemand d’origine, photographe de formation, passionné de piano, de lui apporter un chevalet, des pinceaux et de la peinture. Grâce à l’installation judicieuse d’un miroir au sommet de son lit à baldaquin, Frida commence à peindre, bien qu’alitée. Une nouvelle page de sa vie s’ouvre alors...
 
Avec « Rien n’est noir », vous plongez au coeur de l’Histoire du Mexique et du streetart 


La peinture est devenue monumentale, accessible et édifiante, elle donne aux analphabètes le droit de lire leur histoire nationale, aux pauvres, le droit de vibrer gratis, à tous, leurs racines indiennes sublimées. P. 31

À travers l’itinéraire d’une femme éminemment romanesque,  Claire BEREST égrène, comme autant de bijoux dont se pare Frida KAHLO, des souvenirs historiques qui font que le monde est ce qu’il est aujourd’hui. Vous visitez le monde et côtoyez les hommes, capitalistes, en quête de montrer ô combien leur pouvoir est grand. 
 
"Rien n'est noir", c’est aussi une histoire d’amour, ardente, bouillonnante, impétueuse, entre deux artistes, mais aussi deux personnalités totalement débridées. Rien ne saurait les arrêter ! Diego RIVERA ose faire un pied de nez au commanditaire de l’oeuvre du RCA Building en y ajoutant effrontément une figure de Lénine comme la touche finale d’une création artistique devenue militante. Le ton est donné. Vous imaginez bien que la vie de ces deux-là ne va pas être un long fleuve tranquille. Ils vont s’aimer passionnément, se haïr aussi ! A leur séparation, Frida KAHLO s’offre tous les hommes qu’elle peut, ils subliment tous Diego RIVERA dans ce qu’ils ont de faible, fragile, et elle en jouit. 
 

Claire BEREST honore la mémoire d’une grande Dame de la peinture.


Peindre est une facette d’elle-même parmi d’autres, un trait de sa personnalité, comme de jurer constamment, de collectionner les poupées ou de se méfier des gens qui se prennent au sérieux. P. 209


Parce qu'aucun détail n'est laissé au hasard, l'écrivaine intitule ses chapitres des couleurs primaires utilisées par Frida KAHLO et donne la signification de la nuance évoquée, initiant ainsi le lecteur au symbolisme des couleurs, les associations mentales, les fonctions sociales et les valeurs morales qui y sont liées.

La narration est foisonnante, à l’image de la vie de l’artiste célébrée et Claire BEREST maintient un rythme ahurissant qui donne à cette lecture une vivacité et un dynamisme absolument remarquables. J’en suis sortie envoûtée !
 
Ne passez pas à côté de "Rien n'est noir" de Claire BEREST. Je ne suis pas la seule à le dire, elles sont 120 lectrices à l'avoir choisi, bravo Mesdames !

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2020-02-27T08:25:58+01:00

La loi de la mer de Davide ENIA

Publié par Tlivres
La loi de la mer de Davide ENIA

Il y a des lectures qui résonnent profondément entre elles. Je pense notamment au premier roman d'Alain GIORGETTI "La nuit nous serons semblables à nous-mêmes" et l'essai de Davide ENIA "La loi de la mer", publié chez Albin Michel, traduit par Françoise BRUN, découvert dans le cadre du Prix des Lectrices Elle 2019.

J'ai choisi d'en extraire ma #citationdujeudi et je vous la livre. A méditer sans modération bien sûr !

 

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2019-05-26T09:20:48+02:00

50ème sélection du Prix des Lectrices Elle

Publié par Tlivres
50ème sélection du Prix des Lectrices Elle

Comme vous le savez, j'ai eu l'immense chance cette année de participer au 50ème Prix des Lectrices Elle, 50, tient donc, on dirait que les choses sont bien faites !!!

Cette aventure ne se conjugue pas encore au passé, nous n'avons pas franchi la ligne d'arrivée et les lauréats ne sont pas proclamés, alors, nous pouvons toutes y aller de nos pronostics...

Certaines se sont déjà lâchées, elles ont dévoilé leur trio de tête comme Moonpalaace avec qui je partage un coup de coeur !

Pour moi, les trois romans qui m'ont le plus transportée, exaltée, surprise, envoûtée, enivrée... ce sont :

 

Dans la catégorie des romans

Asta de Jon Kalman STEFANSSON chez Grasset

"Sous la plume de Jón Kalman STEFANSSON, la tragédie devient une fatalité, emportant tout sur son passage, y compris la raison. 

L’exercice littéraire est époustouflant dans la maîtrise des scénarios. Ce roman fait un peu plus de 490 pages, j'aurais aimé qu'il en fasse 100, 200, 300 de plus, totalement habitée que j'ai été par le personnage d'Ásta.

A saluer également la qualité de la traduction proposée par Eric BOURY, juste prodigieuse !"

 

Dans la catégorie des documents

L'empreinte d'Alexandria MARZANO-LESNEVICH chez Sonatine Editions

"L’écrivaine pose un regard d’une extrême lucidité sur les pulsions sexuelles des hommes et dénonce, avec l’affaire du petit Jeremy, un système américain incapable d’y pallier. Les recherches réalisées sont impressionnantes, rien n’est laissé au hasard, l’auteure a étudié scrupuleusement toutes les archives pour retracer l’ensemble des débats. 
 
Ce récit de vie est particulièrement intéressant et éclairant pour les mots posés. Il a l’extrême mérite aussi de se construire autour de deux situations  distinctes pourtant tellement ressemblantes. 
 
La plume est précise, dense, la traduction est de très bonne qualité. Les répétitions n’y feront rien, j’ai été fascinée par le destin d’Alexandria MARZANO-LESNEVICH et souhaite qu’elle puisse poursuivre dans la voie de l’écriture, elle à un talent fou."

 

Dans la catégorie des policiers

Rituels d'Ellison COOPER chez Cherche midi

"Ce premier roman est haletant de bout en bout. Je me suis surprise à tourner les pages frénétiquement pour connaître dans les toutes dernières l'auteur de faits absolument terrifiants. La chute est magistrale.

Les stratagèmes complexes mis en oeuvre relèvent d'un terrible psychopathe monté de toutes pièces par une écrivaine spécialiste notamment des neurosciences et des religions.

J’ai été captivée par ces domaines d’expertise qu’Ellison COOPER rend tout à fait accessibles. J'adore ce registre qui mise sur l'urgence à agir dans un contexte de menace permanent.

La plume est fluide, l’intrigue totalement maîtrisée."

 

Et maintenant, que les meilleurs gagnent, parce que beaucoup d'autres ont été très bons aussi, j'ai passé de merveilleux moments de lecture avec :

Le Chant des revenants de Jesmyn WARD

Vigile de Hyam ZAYTOUN

Une maison parmi les arbres de Julia GLASS

Ma dévotion de Julia KERNINON

La vraie vie de Adeline DIEUDONNE

Asta de Jon Kalman STEFANSSON

La neuvième heure de Alice McDERMOTT

La douce indifférence du monde de Peter STAMM

Un gentleman à Moscou de Amor TOWLES

Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

La loi de la mer de Davide ENIA
 
Même les monstres de Thierry ILLOUZ
 
Tu t'appelais Maria SCHNEIDER de Vanessa SCHNEIDER
 
Les inséparables de Dominique MISSIKA
 
Pirate N° 7 de Elise ARFI
 
Suzanne de Frédéric POMMIER
 

Sirènes de Joseph KNOX

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Rituels d'Ellison COOPER

Dura Lex de Bruce DESILVA
 
Rivière tremblante de Andrée A. MICHAUD
 
La disparition d'Adèle Bedeau de Graeme MACRAE BURNET
 
Présumée disparue de Susie STEINER

 

et je tiens dès à présent à remercier toute l'équipe de Elle qui a fait un travail extraordinaire pour notre plus grand plaisir.

Nous allons toutes nous retrouver le 3 juin prochain pour fêter comme il se doit les 50èmes lauréats du Prix des Lectrices Elle, alors, pour nous y retrouver, je vous donne quelques indices dans la photo. A très vite maintenant !

 

 

 

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2019-04-14T06:00:00+02:00

L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Publié par Tlivres
L'empreinte de Alexandria MARZANO-LESNEVICH

Editions Sonatine

Traduit de l'anglais par Héloïse ESQUIE

Ce document est le tout dernier de la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019, un livre inoubliable.

Nous sommes aux États-Unis. En 1992, Ricky Langley, 19 ans, tue Jeremy Guillory âge de 6 ans. Par le passé, Ricky Langley avait été condamné à deux reprises pour agression sexuelle. Le petit Jeremy a-t-il été victime de ce type de faits avant sa mort ? Après ? C’est ce que la narratrice va tenter de trouver en déroulant le fil de l’enquête, de la vie de Ricky Langley aussi.

 
Pourquoi ce travail titanesque ?
 
Parce que cette histoire résonne cruellement avec ce qu’a vécu Alexandria MARZANO-LESNEVICH dans sa plus tendre enfance, elle et sa sœur ont été abusées par leur grand-père. Les parents sont avocats, chacun cherche un bon motif pour protéger l’autre et faire en sorte que cette histoire ne soit pas dévoilée sur la place publique.


C’est la logique à laquelle je ne trouverai jamais d’explication : dans ma famille, une douleur, ce sera toujours la mienne ou la tienne, à monter l’une contre l’autre et à mettre en balance, jamais une douleur collective, jamais une douleur de famille. P. 179

Toute son enfance et sa jeunesse, elle vivra avec la peur terrifiante que de nouveaux actes soient perpétrés, toute sa vie, elle mènera le combat contre les traces laissées à jamais, dans son âme, dans son corps aussi.

Ce document est effroyable dans ce qu’il révèle de deux histoires, vraies, qu’il entrecroise savamment avec minutie. 

Alexandria MARZANO-LESNEVICH donne au récit une dimension profondément humaine. Tout au long de ce document riche et foisonnant, elle ne va manquer de montrer ô combien ce sont des hommes qui sont coupables d’actes aussi odieux. Elle mène le même combat que Thierry ILLOUZ mais avec d’autres moyens, là, il s’agit de regarder les êtres avec les yeux d’une victime qui se refuse à nier la situation. 
 
Sa sœur, devenue adulte, a choisi un autre parti, le déni. Alexandria MARZANO-LESNEVICH, elle, met les mots sur ses blessures, physiques et psychiques. Elle ne peut les oublier. Si pour certains, elle invente, elle ne rêve pas quand un examen gynécologique pose la question de l’origine de cicatrices vaginales !


Le passé est dans mon corps. P. 348

Par le biais de l’écriture, Alexandria MARZANO-LESNEVICH cherche la voie de la résilience. Elle nous retrace le fil de sa vie, bafouée, torturée... par des faits commis à l’intérieur de sa propre famille. La mort de son grand-père ne résoudra rien. Elle doit aller plus loin. 


Que ces mots deviennent aussi tenaces que les souvenirs que je porte dans mon corps. P. 359

C’est l’histoire du meurtre du petit Jeremy qui lui ouvrira la voie et lui donnera un terrain d’exploration favorable à un cheminement personnel salvateur. 
 
L’écrivaine pose un regard d’une extrême lucidité sur les pulsions sexuelles des hommes et dénonce, avec l’affaire du petit Jeremy, un système américain incapable d’y pallier. Les recherches réalisées sont impressionnantes, rien n’est laissé au hasard, l’auteure a étudié scrupuleusement toutes les archives pour retracer l’ensemble des débats. 
 
Ce récit de vie est particulièrement intéressant et éclairant pour les mots posés. Il a l’extrême mérite aussi de se construire autour de deux situations  distinctes pourtant tellement ressemblantes. 
 
La plume est précise, dense, la traduction est de très bonne qualité. Les répétitions n’y feront rien, j’ai été fascinée par le destin d’Alexandria MARZANO-LESNEVICH et souhaite qu’elle puisse poursuivre dans la voie de l’écriture, elle à un talent fou.
 
Ce document est en lice pour le #GrandPrixdesLectrices2019 avec :
 
La loi de la mer de Davide ENIA
 
Même les monstres de Thierry ILLOUZ
 
Tu t'appelais Maria SCHNEIDER de Vanessa SCHNEIDER
 
Les inséparables de Dominique MISSIKA
 
Pirate N° 7 de Elise ARFI
 
Suzanne de Frédéric POMMIER
 

Il fait aussi partie du 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore 

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2019-04-12T12:42:05+02:00

Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE

Publié par Tlivres
Né d'aucune femme de Franck BOUYSSE
 
Ce roman fait partie de la dernière sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019. Il est classé dans la catégorie des policiers.
 
Ce roman, il vous captive d'abord par la beauté de la première de couverture. De couleur sépia, elle fait apparaître une femme qui donne le sein à son bébé, ce portrait de la maternité est juste magnifique. Quand vous y regardez de plus près, vous réalisez que la photographie est en réalité un montage, qu'un découpage est intervenu et qu'une pièce du "puzzle" est décalée, à l'image de ce que faisait Picasso avec ses croquis. Ce qui peut paraître une ombre dans le tableau n'est rien à côté de ce qui vous attend, ce roman est une lecture coup de poing, un roman noir... mais aussi tellement lumineux, je vous explique !
 
Rose a 14 ans, c'est l'aînée d'une fratrie de 4 filles. Ses parents sont des paysans. Un jour, son père, Onésime, l'emmène avec lui. Rose fait l'objet d'un contrat diabolique. Elle est vendue à un homme moyennant une petite somme d'argent, de quoi assurer pour quelques temps la survie du reste de la famille. Les remords n'y feront rien, le sort de Rose est ainsi jeté. Elle devient l'employée d'une maison qui renferme de nombreux secrets, à commencer par l'existence de l'épouse de "l'acheteur" qui serait gravement malade. Rose ne l'a jamais vue. Le médecin du village vient régulièrement lui rendre visite, de quoi susciter la curiosité de l'adolescente. Elle sera bien malgré elle entraînée dans un scénario des plus machiavéliques.
 
Ce roman est noir, je vous l'ai dit. Il m'a beaucoup rappelé mes lectures d'il y a une trentaine d'années, ces livres qui brossent le portrait de la maltraitance, que dis-je, la torture en milieu rural. Rose est accueillie par des rustres dans une campagne profonde, là où le rapport dominant/dominé relève plus de l'esclavage que de la relation humaine, là où les hommes se comportent comme des bourreaux, se gaussant de martyriser plus faible que soi, là où le maître des lieux décide de la vie ou de la mort de ceux qu'il emploie, là où les sévices corporels condamnent au silence.
 
Franck BOUYSSE imagine une histoire absolument démoniaque, un scénario morbide dont je n'ose pas imaginer les images portées au cinéma.
 
Si la première partie est empreinte de sauvagerie, j'ai beaucoup aimé la seconde dans ce qu'elle a de plus fort. Rose incarne le personnage d'une jeune femme révoltée, pleine de courage, que rien ne saurait abattre, pas même l'indicible, impossible à vous dévoiler. Rose va trouver le moyen de s'extraire de toute cette violence, elle va puiser la force dans son âme pour surmonter tout ce qu'elle endure physiquement, elle va trouver la voie des mots :


Les mots, ils me font sentir autrement, même enfermée dans cette chambre. Ils représentent la seule liberté à laquelle j'ai droit, une liberté qu'on peut pas me retirer, puisque personne, à part Génie, sait qu'ils existent. P. 233

Ce roman est un hymne à l'écriture. Nul besoin de vouloir être écrivain pour se plier à l'exercie, le seul fait de coucher les mots sur le papier peut délivrer du poids qui vous assaille. Franck BOUYSSE fait preuve d'énormément de poésie à leur égard : 


C’est toujours ce qui se passe avec les mots nouveaux, il faut les apprivoiser avant de s’en servir, faut les faire grandir, comme on sème une graine, et faut bien s’en occuper encore après, pas les abandonner au bord d’un chemin en se disant qu’ils se débrouilleront tout seuls, si on veut récolter ce qu’ils ont en germe. P. 268

Franck BOUYSSE, je la découvre. Marie de la librairie "Le Renard qui lit" l'encense, c'est évidemment un très bon conseil de lecture.

Parfaitement structuré dans un roman choral, le propos est servi par une plume éminemment belle. La chute est juste magistrale.

Ce policier est en lice avec : 

Sirènes de Joseph KNOX

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Rituels d'Ellison COOPER

Dura Lex de Bruce DESILVA
 
Rivière tremblante de Andrée A. MICHAUD
 
La disparition d'Adèle Bedeau de Graeme MACRAE BURNET
 
Présumée disparue de Susie Steiner 

Il fait aussi partie du

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

et plein d'autres encore !

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2019-04-11T20:48:03+02:00

Vigile de Hyam ZAYTOUN

Publié par Tlivres
Vigile de Hyam ZAYTOUN

Le Tripode

Dernier roman de la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019 : place à "Vigile" de Hyam ZAYTOUN.

Une nuit, la narratrice se réveille. Elle est interpellée par un bruit singulier, un vrombissement. Quelques secondes suffisent pour qu'elle prenne conscience qu'il s'agit de l'homme avec qui elle partage sa vie qui respire ainsi. Il est en arrêt cardiaque. Dès lors, le temps prend une dimension toute particulière. Elle allume la lumière, appelle les pompiers, commence le massage, il durera 30 minutes. 30 minutes qui lui paraîtront une éternité alors que pour Antoine, il y a urgence à vivre. Quand les pompiers arrivent, ils prennent le relais, elle reporte son attention sur Margot et Victor, leurs enfants de 6 et 3 ans, ils ont tout vu ! Dès lors, c'est une toute nouvelle page de leur vie qui est à écrire... 

Ecrire, oui, écrire pour Antoine. Plongé dans un coma thérapeutique, il ne se souviendra pas de ces instants, et des jours suivants. Alors, dans une phrase pleine de poésie, de tendresse, Hyam ZAYTOUN nous explique les raisons de ce livre.


Ce n'est pas ton stylo, c'est le mien mon amour. Mais, à défaut, je te les raconte, ces premiers de ta deuxième vie. P. 113
 

Ce roman, elle le dédie à l'homme qu'elle aime. Elle s'adresse à lui avec une narration à la deuxième personne du singulier et lui témoigne des moments d'espoir, de doute, de confusion, d'effondrement aussi. Elle lui explique ô combien la famille, les amis, les voisins, ont partagé avec elle, ses enfants, les périodes d'euphorie et d'anéantissement. Dès les premières heures où il est accueilli à l'hôpital, elle va faire en sorte d’oublier qu'il est maintenu en vie par un respirateur et lui murmurer à l'oreille des mots d'amour, lui rappeler de beaux souvenirs vécus ensemble

Avec "Vigile", elle lui explique la mobilisation de chacun pour assurer sa surveillance, l'implication du personnel médical pour lui laisser à elle, à eux, des temps de respiration.

 
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Ce roman, 


C'est une histoire de pulsation. P. 11
 

vous le lirez en apnée totale, 125 pages pendant lesquelles le temps, subitement, sera suspendu.

"Vigile" est une formidable preuve d'amour et de courage. Quand certains auraient eu instinctivement le réflexe d'éloigner les enfants des scènes de la vie de leur père, Hyam ZAYTOUN a souhaité les y faire participer. Elle prend le parti qu'il va s'en sortir et fait entrer les enfants dans cette mécanique. Quel audace !

"Vigile" est un hymne à la vie, une formidable leçon que Hyam ZAYTOUN donne au lecteur. La plume est délicate, le propos lumieux. C'est un premier roman et il est parfaitement réussi.

Dans sa catégorie, il est en lice avec :

Le Chant des revenants de Jesmyn WARD

Une maison parmi les arbres de Julia GLASS

Ma dévotion de Julia KERNINON

La vraie vie de Adeline DIEUDONNE

Asta de Jon Kalman STEFANSSON

La neuvième heure de Alice McDERMOTT

La douce indifférence du monde de Peter STAMM

Un gentleman à Moscou de Amor TOWLES

Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Il fait aussi partie de la sélection des 68 Premières fois :

avec :

Suiza – Bénédicte Belpois

Les petits garçons – Théodore Bourdeau

Les heures solaires – Caroline Caugant

Comme elle l’imagine – Stéphanie Dupays

Tête de tambour – Sol Elias

Le matin est un tigre – Constance Joly

Les mains de Louis Braille – Hélène Jousse

Ivoire – Niels Labuzan

Écorces vives – Alexandre Lenot

Des hommes couleur de ciel – Anaïs Llobet

Varsovie-Les Lilas – Marianne Maury-Kaufmann

L’odeur de chlore – Irma Pelatan

Saltimbanques – François Pieretti

A la ligne – Joseph Ponthus

Boys – Pierre Théobald

L’Appel – Fanny Wallendorff

Vigile – Hyam Zaytoun

San Perdido – David Zukerman

Enfin, je participe au 

orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures

La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

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Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

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2019-03-17T07:00:00+01:00

Le Chant des revenants de Jesmyn WARD

Publié par Tlivres
Le Chant des revenants de Jesmyn WARD

Belfond

Traduit de l'américain par Charles RECOURSÉ

Et de 3 !

Après "Anatomie d'un scandale" de Sarah VAUGHAN et "Pirate N° 7" d'Elise ARFI, voici le dernier de la sélection du mois, "Le Chant des revenants" de Jesmyn WARD dans la catégorie des romans en lice pour le #GrandPrixdesLectricesElle2019.

Jojo a treize ans aujourd'hui. Il vit avec sa petite soeur, Kayla, chez ses grands-parents. Ils y savourent les plaisirs de la nature, s'occupent des animaux de la ferme, évoluent dans un cocon bienveillant. Leur vie pourrait être paisible mais c'est sans compter sur les turbulences occasionnées par Leonie, leur mère, droguée, qui fuit le chagrin de la mort de son frère intervenue alors qu'il n'était qu'un adolescent. Les enfants préfèrent l'appeler par son prénom plutôt que de lui dire maman. Leur père, Mickaël, lui, est en prison. Quand Leonie apprend qu'il est sur le point de sortir, elle fait monter les enfants dans sa voiture et les embarque dans un voyage à hauts risques.

Ce roman m'a profondément troublée dans ce qu'il décrit de la grand-parentalité. La littérature fait de plus en plus la part belle à cette relation qui unit deux générations liées l'une à l'autre. Dans un roman choral à plusieurs voix, l'auteure porte un regard différent selon l'angle porté. Ainsi, il y a l'adolescent qui, bien malgré lui, est sollicité pour jouer le rôle de père auprès de sa petite soeur, traumatisée par une mère inconstante. Il est aussi celui sur qui s'appuie un grand-père vieillissant dont les forces physiques vont en diminuant et qui transmet son savoir avant qu'il ne soit trop tard. Leonie regarde d'un autre oeil, elle, cette complicité qui la dérange.

J'ai été touchée aussi par les liens de la fratrie. Jojo, très instinctivement, offre à sa petite soeur l'amour dont elle a besoin pour prendre confiance en elle et affronter la fougue d'une mère que la maternité a fait grandir précocement. Il y a beaucoup de tendresse dans l'attention portée par le garçon, j'ai beaucoup aimé les descriptions de ces petits gestes qui sont pour sa soeur autant de fondations qui seront nécessaires à la construction de sa vie.

Jesmyn WARD saisit l'opportunité du voyage rendu nécessaire par la libération du père pour brosser une fresque d'une Amérique dévastée, rongée par la misère et le racisme. Les paysages comme les hommes sont désolants, le tableau est profondément sombre.

Le #GrandPrixdesLectricesElle2019 me permet de découvrir des auteurs étrangers, c'est une vraie chance j'en ai conscience. Après la plume de Sarah VAUGHAN, c'est celle de Jesmyn WARD que je lis pour la première fois. Et même si ce roman, relativement lent, n'a pas été transcendant, je crois que je prendrais plaisir à aller plus loin avec "Bois sauvage", "Ligne de fracture" ou bien "Les Moissons funèbres". Qu'est-ce que vous me conseillez ?

Je participe au 

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Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

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2019-03-16T07:00:00+01:00

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Publié par Tlivres
Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Préludes

Traduit de l'anglais par Alice DELARBRE

Le dernier roman de Sarah VAUGHAN fait partie des romans en lice pour le #GrandPrixdesLectricesElle2019 dans la catégorie des policiers. J'avoue que je n'avais rien lu d'elle avant, je remercie donc tout particulièrement le jury des lectrices Elle d'avoir retenu "Anatomie d'un scandale".

La première scène du livre surprend Kate en pleine décompression. Nous sommes en décembre 2016. L'avocate pénaliste depuis 19 ans sort d'une plaidoirie difficile, elle a échoué dans la défense d'une femme violée par son mari. Elle s'est spécialisée depuis plusieurs années dans ce genre d'affaires. La perruque enlevée, les pieds déchaussés, elle reprend ses esprits dans son bureau en sirotant un whisky. Elle se laisse bercer par des pensées qu'elle ne peut avoir que dans l'intimité de son bureau. C'est le moment que choisit son clerc pour lui proposer le dossier de sa vie. Il n'en faut pas plus pour que la professionnelle, carriériste, passionnée, se remette au travail. Elle ne sait pas encore que l'affaire qui oppose Olivia Lytton, assistante parlementaire, à James Whitehouse, sous-secrétaire d'Etat, son patron, va lui donner du fil à retordre et faire resurgir du passé de douloureux souvenirs.

Avec ce roman, Sarah VAUGHAN nous immerge dans des décors britanniques d'aujourd'hui et des années 1990. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire toutes les descriptions de ces colleges. J'ai retrouvé l'ambiance de celui de Benjamin WOOD : "Le complexe d'Eden Bellwether", un coup de coeur, l'occasion de faire un petit clin d'oeil aux éditions Zulma.

L'auteure ne manque pas de brosser le portrait d'une génération d'étudiants portés par l'invincibilité de la jeunesse qui, éloignés de leurs parents, profitent de leur liberté tout juste acquise pour repousser indéfiniment les limites. C'est aussi à ce moment-là que nombre d'étudiantes trouvent leur prince charmant. Sophie n'est pas très intéressée par les études, elle se repose sur le travail de Holly, une jeune fille d'origine modeste un peu perdue dans cet univers social richissime. Elle préfère se consacrer à la quête du chevalier qui lui assurera une vie de princesse. James Whitehouse semble le candidat tout trouvé. Les années ont passé, il a gravi les échelons de la société jusqu'à devenir un homme hautement convoité à qui rien ni personne ne résiste à moins que...

Ce roman, c'est l'histoire du procès d'une femme contre un homme, de la maîtresse bafouée par son amant et qui, avec l'aide d'une amie, pose le mot viol sur leur dernière relation sexuelle menée à la hâte dans un ascenseur minuscule de Westminster. Pour couronner le tout, l'affaire est dévoilée dans la presse, le scandale éclabousse James Whitehouse mais aussi sa famille, sa femme, ses enfants. Il menace aussi le Premier Ministre, un ami avec qui il a fait les 400 coups.

Sarah VAUGHAN sème autant de petites graines dans l'esprit du lecteur qu'il est nécessaire pour le happer et le tenir en haleine jusqu'à la toute dernière page. Véritable thriller psychologique, ce livre se lit quasiment d'une traite. J'ai été personnellement captivée par le destin de ces femmes blessées par des hommes peu scrupuleux de leurs désirs. L'écrivaine décrit un monde politique hanté par la presse, instrumentalisé par le pouvoir. Il n'en est que plus humain et se risque à jouer avec le feu !

La plume est fluide et dense, elle fait de ce roman un très bon livre.

Et si, comme moi, vous ne connaissiez pas encore Sarah VAUGHAN, nul doute que vous aviez déjà lu une traduction d'Alice DELARBRE. Elle a notamment traduit l'intégralité de l'oeuvre de Victoria HISLOP, ça vous donne une petite idée de son talent.

Maintenant, à vous de jouer !

Je participe au 

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La mer monte de Aude LE CORFF

Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP

Edmonde de Dominique DE SAINT PERN

D'origine italienne de Anne PLANTAGENET

Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Vigile de Haym ZAYTOUN

Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU

Médée chérie de Yasmine CHAMI

Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE

Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES

Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON

La nuit se lève d'Elisabeth QUIN

Ce qui nous revient de Corinne ROYER

Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur

Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT

Piano ostinato de Ségolène DARGNIES

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2019-03-15T07:00:00+01:00

Pirate N°7 d'Elise ARFI

Publié par Tlivres
Pirate N°7 d'Elise ARFI

Editions Anne Carrière

"Pirate n° 7" fait partie des documents en lice pour le #GrandPrixdesLectricesElle2019.

Elise ARFI est avocate. Elle revient sur une affaire peu ordinaire à laquelle elle a consacré quelques années de sa vie, professionnelle et personnelle. Le 20 septembre 2011, elle est l'avocate commise d'office pour défendre X SD, un jeune Somalien expatrié de la Corne d'Afrique où il sévissait avec d'autres pirates. Un couple de Français s'est aventuré en eaux troubles. A bord de leur catamaran, ils sont attaqués, l'homme est assassiné sous les yeux de son épouse, prise en otage puis libérée. Fahran Abchir Mohamoud a tenté le coup pour une centaine de dollars. Le voilà parachuté à l'autre bout de la planète pour être jugé. Commence alors le parcours du combattant d'Elise ARFI. Fahran n'a pas de papier, il ne peut attester de son identité ni, plus grave encore, de sa date de naissance. Sur la base des tests osseux, la justice le considérera comme majeur et lui imposera donc le système carcéral des plus de 18 ans. Elise ARFI a perdu son premier combat, elle en perdra d'autres au péril de la vie de son protégé. Elle le retrouvera à l'hôpital, là, un poumon vient de lui être retiré. Fahran criera au scandale, il pensera être victime d'un trafic d'organes. Il ne tardera pas à sombrer dans la folie et commettre plusieurs tentatives de suicides. Elise ARFI ira pourtant jusqu'au bout !

Ce texte court de 181 pages est d'une violence effroyable.

Bien sûr, les faits sont rappelés dans leur ensemble mais ce n'est pas là qu'est le coeur du livre. Non, le projet d'Elise ARFI est ailleurs. Il porte un regard critique sur la justice française, le régime carcéral qui déshumanise les individus, leur fait perdre leur dignité, les rend fous.

Elise ARFI n'a que 10 ans quand l'affaire Malik OUSSEKINE se produit. C'est pourtant là qu'elle va puiser sa vocation. Elle a toujours su qu'elle était faite pour le pénal, son combat à elle, c'est de sauver la dignité des hommes et des femmes qu'elle défend. Elle déroule le fil de son existence et nous fait part de ses convictions personnelles, de sa foi dans la justice. 


Il faut tout donner, puiser au fond de soi pour accéder à sa liberté de ton, se dégager enfin du regard des autres. P. 11

Elle ne sait pas encore à quel point elle sera exposée dans l'affaire de Fahran.

A la lecture du document, j'ai eu l'impression que tout était perdu d'avance. Il faut dire que Fahran cumule beaucoup de handicaps. Il est soupçonné d'... mais, tiens donc, voilà que je me surprends à tirer les conclusions d'un discours tenu par une professionnelle du barreau. En France, ne sommes-nous pas présumés innocents ? La question est fondée, à moins que la subtilité du sujet ne repose sur le fait qu'il s'agisse d'étrangers ! Fahran ne maîtrise pas la langue française, il est à plus de 4 500 kilomètres de chez lui, il est séparé de sa famille, sa mère lui manque terriblement. En plus de l'exil, du déracinement, du choc culturel, Fahran est maltraité par le système, par les autres détenus aussi. Son corps en porte les traces à chaque visite de son avocate avec qui s'établit progressivement une relation singulière, comme une complicité, la seule peut-être à le considérer comme un être humain, à communiquer avec lui avec bienveillance.

"Pirate N° 7", c'est un peu comme le combat de la dernière chance d'Elise ARFI. Torturée par la culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur dans la défense de Fahran, c'est un peu comme si l'écrivaine voulait se racheter en alertant l'opinion publique, écrire un livre pour se libérer du terrible poids qui pèse sur ses épaules.

Nul doute qu'elle doit jubiler en ce moment. Hasard du calendrier, nous sommes le vendredi 15 mars 2019, il y a quelques jours que le Conseil Constitutionnel planche sur une question de constitutionnalité : "le recours aux tests osseux pour définir l'âge de mineurs isolés étrangers est-il constitutionnel ?" Si le cas d'école présenté aux Sages concerne le régime social auquel un jeune Guinéen peut prétendre, il en va de même pour ceux qui tombent sous le coup de la justice. La décision pourrait avoir de lourdes conséquences sur les affaires en cours. Le sujet est passionné et passionnant, associations, professionnels de la santé sont en lutte contre un système dont la fiabilité est mise en cause, des radiographies de la main et du poignet ne sauraient déterminer l'âge d'un individu notamment parce que les tables de référence ont été établies en 1930 sur des populations nord-américaines qui n'ont rien à avoir avec celles sur lesquelles les tests sont aujourd'hui appliqués. L'avenir nous dira si Elise ARFI a bien fait d'aller sur ce terrain-là même si l'histoire ne se réécrit pas bien sûr. Peut-être trouvera-t-elle enfin le moyen de tranquilliser sa conscience.

La littérature invite à une mise à distance nécessaire pour aborder des sujets aussi complexes et dans lesquels il est question de vie ou de mort.

Dans une plume fluide et percutante, Elise ARFI nous confronte à la violence de notre société et nous dévoile les rouages d'un système pénitentiaire archaïque à cent mille lieues des droits de l'Homme, un éclairage particulièrement utile pour décrypter l'actualité et se construire sa propre opinion.

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2019-02-22T07:00:00+01:00

Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Publié par Tlivres
Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Gallimard

Dans la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019, place à un roman historique foisonnant avec "Maîtres et esclaves".

Xi Yan porte une palanche avec des seaux de grain. Elle est en fin de grossesse et la naissance du bébé est imminente. La violence de la douleur lui coupe la respiration. Elle s'écroule par terre, tétanisée par les pas des soldats qui arrivent. Ils la repèrent et s'approchent. Ils décident d'aller prévenir son mari pour qu'il la soutienne. Tian Yongmin est un paysan, pauvre, il est peintre à ses heures. C'est la risée du village avec son oisiveté de lettrés. Avec sa femme, ils vivent dans le Sichuan, au pied de l'Himalaya. Le bébé est un garçon du signe du Tigre. Ses parents l'appelleront Kewei. Nous sommes en 1950 en pleine collectivisation, le peuple est affamé, c'est la misère. Comme le veut la tradition, un banquet de naissance est pourtant organisé. Le Chef du parti prend place parmi les amis. Tian Yongmin ne cache pas sa position à l'égard du régime en place, plongeant l'assistance dans un silence assourdissant. A un an, et bien que l'ordre ait été donné de cacher tous les pinceaux, Kewei réussit toutefois à prendre un morceau de bois pour en faire un crayon de fortune. La malédiction touche la famille. Kewei grandira tout comme sa passion pour la peinture, c'est avec son entrée aux Beaux Arts de Pékin que sa vie basculera !
Ce roman compose une grande fresque historique des années 1950 jusqu'à aujourd'hui. 

L'écrivain prend appui sur un personnage de fiction, un peintre né dans une famille pauvre, pour aborder la grande Histoire de la Chine. 

Il s'ouvre sur une scène absolument magistrale. Dès les premières lignes, j'ai été captivée par le destin de cette famille. Mon intérêt s'est quelque peu émoussé avec les descriptions de scènes de la vie courante composées de mille et un détails. Au crédit de Paul GREVEILLAC toutefois, le lecteur est baigné dans un univers dont toutes les composantes lui sont contées. L'auteur s'attache à décrire les traditions, la manière qu'a la famille de s'y soumettre. J'ai beaucoup aimé lire les passages sur la place des femmes. 

Et puis, l'auteur aborde l'art dans un régime totalitaire. Il donne à voir la manipulation des oeuvres, leur instrumentalisation par le pouvoir. Kewei travaillera pour le Grand Timonier, de quoi nous faire rêver de liberté artistique, d'émancipation. Nous en sommes à cent mille lieues.

Avec l'âge, Kewei évolue, pas aussi vite que le régime toutefois. Passé d'esclave à maître, de pauvre à riche, l'homme montre ses limites dans sa capacité d'adaptation. Là aussi, les réflexions vont bon train. Les régimes dictatoriaux marquent-ils à jamais l'esprit des hommes de leur empreinte idéologique ? A maintes reprises, j'aurais aimé qu'il prenne une autre voie mais non, Kewei est tout à son parti, enfin, celui d'hier, pour lequel il continue de travailler comme si rien n'avait changé. Le personnage est impressionnant dans ce qu'il a de plus pervers et laisse en bouche une saveur douce amère. 

Ce livre est une épopée éminemment romanesque. Paul GREVEILLAC, dont je découvre la plume, a ce talent de donner à des personnages suffisamment d'étoffe pour qu'on aime à les suivre sur plusieurs générations. Avec une petite centaine de pages en moins, toutefois, je crois qu'il aurait été parfait.

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2019-01-27T12:15:09+01:00

Rituels d'Ellison COOPER

Publié par Tlivres
Rituels d'Ellison COOPER

Cherche midi

Traduit de l'anglais par Cindy COLIN KAPEN

En ouvrant "Rituels", je ne savais pas que je tomberai dans le piège machiavélique parfaitement maîtrisé d'Ellison COOPER.

Depuis la découverte du corps d'une jeune femme emprisonnée dans une cage dans la cave d'une maison abandonnée de Washington en passant par l'étude neurologique de tueurs en série jusqu'à l'exploration de rituels de civilisations aujourd'hui disparues, j'ai tout aimé dans ce roman policier qui est devenu rapidement un page-turner.

Ce premier roman est haletant de bout en bout. Je me suis surprise à tourner les pages frénétiquement pour connaître dans les toutes dernières l'auteur de faits absolument terrifiants. La chute est magistrale.

Les stratagèmes complexes mis en oeuvre relèvent d'un terrible psychopathe monté de toutes pièces par une écrivaine spécialiste notamment des neurosciences et des religions.

J’ai été captivée par ces domaines d’expertise qu’Ellison COOPER rend tout à fait accessibles. J'adore ce registre qui mise sur l'urgence à agir dans un contexte de menace permanent.

La plume est fluide, l’intrigue totalement maîtrisée, c'est l'un de mes préférés de la sélection du #grandprixdeslectriceselle2019 aujourd'hui !

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2019-01-18T13:05:57+01:00

Suzanne de Frédéric POMMIER

Publié par Tlivres
Suzanne de Frédéric POMMIER

Équateurs littérature

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du #grandprixdeslectriceselle2019.

Pour tout vous dire, je ne connaissais pas Suzanne ! Vous non plus d’ailleurs et c’est relativement normal. Suzanne n’est pas une femme célèbre, ce n’est pas une femme publique, mais c’est la plus grande femme au monde pour son petit-fils, Frédéric POMMIER, qui, tout au long de ce récit va nous faire découvrir sa grand-mère depuis sa plus tendre enfance jusqu’à sa vieillesse. Elle a 95 ans, elle vient d'être hospitalisée. Suzanne est née en 1922 au Havre. Elle vit son enfance au gré des projets de ses parents et puis vient l’adolescence, son amour pour Pierre, un amour plus fort que tout, un amour indéfectible, à la vie, à la mort. Elle passe son bac et se marie. Ils auront l’immense joie de donner naissance à une petite Marguerite, Jean, lui, décédera à 8 semaines pour une cause inexpliquée, leur plus grand malheur avec, comme toile de fond, la deuxième guerre mondiale. Iris, Rose et Violette viendront, comme une brassée de fleurs de printemps, égayer leur vie. Suzanne est une femme qui aime la croquer à pleines dents. Elle vit un peu comme elle conduit son bolide :


Avec, elle roule à 120 /h sur des nationales limitées à 90. Sur l’autoroute, elle fait des pointes à 150 km/h. P. 192

C’est une femme originale, libre, féministe, qui sait ce qu’elle veut et entend bien le faire savoir, à son mari, à sa famille. Elle est moderne aussi, elle joue au tennis et s’y distingue. Mais voilà, Suzanne, comme tout être humain, vieillit. A l’image de la narration faite d’alternance de chapitres dédiés à ses plus belles années et à ses séjours en structures, la vieillesse se rappelle inlassablement à Suzanne. Imaginez recevoir un bouquet de jonquilles de sa fille et ne pouvoir en changer l’eau seule, devoir vivre avec cette odeur pestilentielle que les fleurs diffusent dans la chambre avec leur pourrissement, n’est-ce pas vous renvoyer au visage vos fragilités physiques qui ne font que s’aggraver, année après année ? Progressivement, elle perd de sa superbe et de sa confiance. Quoi répondre au personnel quand il l’humilie ?


Avec « Suzanne », Frédéric POMMIER dénonce les paradoxes de notre société. Quand les personnes âgées vivent au gré de l'expression de leur corps qui leur donne une dimension profondément humaine, le système, lui, s'acharne à les déshumaniser. L’usage du simple « on » quand les agents s’adressent à Suzanne lors d'une visite m’indigne. 


On a du monde. P. 199

En me plongeant dans Le Larousse, je trouve un pronom indéfini pour : « Un être humain non précisé : quelqu’un. » ou bien encore « Des personnes dont l’identité n’est pas connue ou précise. » 

Mais dans la situation évoquée, c'est tout à fait inadapté. J’en tremble !

Autre chose, quand les personnes âgées ont tout leur temps, le personnel des structures lui ne l’a pas. Tout est fait dans l’urgence, générant un mal-être dans le personnel, frustré de ne pouvoir apporter les soins qu’il estimerait utile. L’écrivain nous renvoie en miroir une problématique que nous n'avons sans doute pas anticipé à la mesure du phénomène. Avec le papy-boom, qui n’est pas né hier, avouons-le, c’est une marée humaine du 4ème âge qui se profile sans que les services aient été calibrées à la hauteur des besoins. Bientôt, c'est presque demain, les demandes vont exploser. Auprès des institutions, auprès des familles aussi. Il y a des alternatives à la structure bien sûr, avec notamment les services de maintien à domicile, mais le cas de Suzanne vient révéler ô combien cette solution est difficile à mettre en oeuvre quand la santé se dégrade irrémédiablement.

Bien sûr, il y a le déchirement des descendants, les enfants des personnes âgées en premier lieu qui, eux, endossent, bien malgré eux, le costume d'aidant. Et puis il y a les petits-enfants qui, eux, entretiennent une relation singulière, faite exclusivement de plaisir,  avec leurs aïeux. Les grands-parents libérés de l'éducation, les petits-enfants émancipés de la réponse logistique à un besoin, trouvent un équilibre dans l'affection, la gentillesse, la bonté... 
Dans ce récit, il y a bien quelques images de l'amour du petit-fils pour sa grand-mère, mais trop peu à mon goût. Si j'ai admiré le personnage de Suzanne, éminemment romanesque, quand elle était plus jeune, je ne suis malheureusement pas tombée en empathie. Peut-être la faute à la forme narrative, plutôt journalistique. Si je m’y attendais d’une historienne, Dominique MISSIKA, pour « Les inséparables », j’aurais préféré très largement que Frédéric POMMIER use d’un autre registre littéraire, pourquoi pas celui du roman ?

Peut-être aurais-je le plaisir un jour de le rencontrer et de lui poser la question...

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2019-01-04T08:00:46+01:00

Une maison parmi les arbres de Julia GLASS

Publié par Tlivres
Une maison parmi les arbres de Julia GLASS

Gallmeister
Traduit de l’américain par Josette CHICHEPORTICHE

Depuis que je me suis lancée dans l’aventure du #GrandPrixdesLectricesElle2019 je renoue avec les auteurs américains et leur capacité à vous faire vivre des aventures éminemment romanesques.

Quelques mots de l’histoire :

Nous sommes dans le Connecticut. Tommy va accueillir Nicholas Greene, l’acteur qui jouera le personnage de Mort Lear, cet auteur-illustrateur de livres jeunesse, auprès duquel elle vivait depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle était en quelque sorte sa gouvernante, elle assurait la logistique, partageait son quotidien, vivait sous le même toit et était devenue sa confidente. Elle est en plein désarroi, lui vient de mourir. Surprenant, il lui a légué l’intégralité de son œuvre pour la vendre aux enchères afin de financer l’ouverture d’un centre d’hébergement pour des jeunes garçons sans-abri. Ce rebondissement testamentaire mystérieux, intervenu un mois avant son décès, n’est pas sans indigner Meredith Galarza, Conservatrice en chef du Musée du Livre contemporain, qui entretenait une relation étroite avec l’écrivain et comptait sur son engagement verbal de lui réserver des dessins en vue d’une exposition dans l’équipement en réhabilitation et extension. Coup de tonerre ! Pour qui ? Pourquoi ?

Le décor est planté. Julia GLASS nous propose de remonter le temps et visiter la mémoire des différents personnages au cœur de ce livre foisonnant. L’écrivaine fait d’hommes et de femmes des personnages romanesques à l’envi. Leur enfance les a marqués d’une empreinte indélébile qui ne va pas manquer de se révéler dans leur vie d’adultes. Sous le vernis se cachent des parcours de vie parfois énigmatiques, de quoi nourrir des histoires qu’elle nous conte à merveille.

Avec l’alternance de deux temporalités, Julia GLASS cadence un roman entre l’actualité du moment, déclinée en journées, et les flashbacks du passé, en années. Sa prose est composée de mille et une anecdotes comme les pièces d’un puzzle que le lecteur va voir sous ses yeux lentement s’assembler.

La plume est généreuse, alanguie, elle nourrit aussi des questions on ne peut plus philosophiques. Connaissons-nous vraiment nos proches, ceux avec qui nous partageons notre vie ? Où les auteurs puisent-ils leur inspiration ? Quelle est la vocation du cinéma ? Entre réalité et fiction, un film biographique doit-il s’en tenir à l’authenticité des faits ou bien imaginer une certaine vérité ? Quel est le sens de l’interprétation de l’acteur dans le rôle qu’il a à jouer ? Jusqu’où doit (ou peut) aller son incarnation ? Un sujet qui n’est pas sans me rappeler la lecture très récente du dernier roman de Maylis de KERANGAL « Un monde à portée de main » en quête de la signification de la copie, de la reproduction. Il semble bien qu’il n’y ait pas que l’écaille de tortue qui rassemble ses deux écrivaines !

Le rythme est lent, on se prend à inviter dans notre quotidien les personnages du roman, à les côtoyer pendant quelques jours et à se surprendre d’avoir hâte de les retrouver la nuit tombée, un peu comme s’ils faisaient partie de la famille.

A peine ce livre refermé, je crains déjà de me sentir abandonnée…

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2018-12-23T07:00:00+01:00

Ma dévotion de Julia KERNINON

Publié par Tlivres
Ma dévotion de Julia KERNINON

La brune au rouergue
 

Le Jury de décembre du #GrandPrixdesLectricesElle 2019 m'a offert la possibilité de découvrir la plume de Julia KERNINON, éminemment romanesque. Je le remercie, c'est une révélation !

Helen a 72 ans, Frank 80. Ils se croisent à Londres, ils se retrouvent devrais-je dire, ils ont passé une partie de leur vie ensemble. Ils se sont rencontrés très jeunes, à Rome. Ils sont tombés amoureux, ont choisi de faire un brin de chemin ensemble. Il y a eu des hauts et des bas comme dans toute vie de couple. Elle lui a consacré toute sa vie, tout accepté, jusqu'au jour où... Là, subitement, en face à face, elle se délivre de son fardeau !

Ce roman commence de façon très ingénieuse. Une rencontre, la surprise après 23 ans de silence, et puis la confession. Le contexte est audacieux, le résultat est prodigieux.

Dès les premières pages, je me suis laissée portée par l'épopée de ces deux enfants. Leurs pères travaillent dans la même ambassade. Un jour, au gré d'une phrase

« Toi aussi, tu détestes ta famille ? » 

ils se solidarisent.

Leur amitié les aide à surmonter les épreuves de l'adolescence, une relation amoureuse prend progressivement place. Helen porte l'ambition de Frank de devenir peintre. Avec son soutien, notamment matériel, il s'initie, se perfectionne, se voit reconnu par le monde de l'art, prend de la distance vis-à-vis d'elle, et puis revient, de temps en temps, chercher sa complicité. 

J'ai beaucoup aimé le personnage d'Helen dans ce qu'elle avait de rébellion au début de son existence. Féministe, elle souhaitait s'émanciper du modèle soumis de sa mère et de celle de Frank.


[...] nos mères oisives et sublimes auxquelles je me jurais de ne jamais ressembler. P. 29

Enfant qu'elle était, elle portait un regard critique sur le statut de ces femmes qui suivaient leurs maris, d'ambassade en ambassade. Au contact de Frank, elle choisit sa voie, travaille avec ténacité, lui donne tout jusqu'au jour où un drame se produit.

Ce roman est celui d'une vie. Julia KERNINON décrit avec minutie les sentiments, les émotions, elle évoque les silences aussi, les non-dits qui vont contaminer la relation établie. La chute est absolument magistrale. 

La narration à la deuxième personne du singulier est comme une interpellation permanente du lecteur qui se voit conférer la place de témoin.

"Ma dévotion" est un roman comme je n'en avais pas lu depuis longtemps avec des personnages au caractère bien trempé. J'ai apprécié, le temps d'une lecture, de les côtoyer.

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2018-12-22T07:00:00+01:00

Dura Lex de Bruce DESILVA

Publié par Tlivres
Dura Lex de Bruce DESILVA

Actes Sud

Traduit par Laure MANCEAU

Je poursuis la délicieuse aventure du #GrandPrixdesLectricesElle 2019 avec la sélection du Jury de décembre ! 

Comme vous le savez, je ne suis pas une habituée du registre policier mais devinez quoi, je commence à y prendre goût !

Je vous dis quelques mots de "Dura Lex".

Nous sommes à Rhode Island aux Etats-Unis. En 1992, une jeune femme et sa petite fille de 4 ans sont sauvagement assassinées au couteau de cuisine. Elles sont trouvées baignant dans une mare de sang, recouvertes d'un drap. L'enquête est sans résultat.  Deux ans plus tard, nouvel homicide, une femme et ses deux filles de 8 et 12 ans en sont victimes. Kwame Diggs est jugé coupable, c'est le plus jeune tueur en série. Dans cet état américain, le droit prévoit que tout jeune délinquant sorte de prison à 21 ans. Pourtant, Kwame Diggs continue d'y croupir, jugé pour possession de drogue et agression de gardiens. Et si ces deux nouvelles condamnations étaient montées de toutes pièces pour maintenir en prison un homme dont l'opinion publique craignait les récidives ? 

C'est autour de cette question que va s'organiser l'intrigue de cet excellent polar, mais pas que...

Je remercie tout d'abord Bruce DESILVA d'avoir rapidement expédié les scènes macabres pour orienter son propos sur des terrains qui m'ont totalement captivée. J'avoue ne pas être particulièrement fan de ces descriptions !

J'ai trouvé, par exemple, très intéressante l'analyse faite de la construction mentale du tueur en série et de l'évolution, notamment, du rôle de l'éducation donnée par la mère au gré des recherches réalisées ces dernières années en matière de criminologie. Au chevet d'un bébé, je ne me suis souvent posée la question de son avenir. Que deviendra-t-il ? Ange ou démon ? Bruce DESILVA emmène le lecteur sur le chemin de la psychologie, voire de la psychiatrie, cette partie du livre est passionnante.

Ce qui m'a aussi séduite, c'est le rapport de force établi entre les journalistes et les policiers, les deux camps s'affrontant dans un jeu, tantôt ponctué de collaborations , tantôt parasité par une concurrence farouche. J'ai beaucoup aimé suivre le travail méticuleux de Mulligan, sa déontologie aussi parce qu'il va rapidement être question de cela. Jusqu'où peuvent aller les journalistes dans leurs investigations ? Ont-ils les mêmes droits que les services de police dont c'est le coeur de métier ? 

Mais ce ne sont pas les seules questions que pose "Dura Lex" ! Bruce DESILVA met aussi le doigt sur la révélation d'informations susceptibles de remettre en question les décisions prises par la justice. Avec le doute insinué sur les vraies ou fausses accusations qui pèsent sur les épaules de Kwame Diggs, l'auteur explore le devoir des journalistes. Ont-ils l'obligation de diffuser toutes les informations en leur possession ? S'affranchir de la communication de certains éléments ne reviendrait-il pas à instrumentaliser l'opinion publique, celle-là même qui tend de plus en plus à s'inviter dans le champ de la justice ?

Ce policier ne manque pas de résonner avec le roman de Mathieu MENEGAUX : "Est-ce ainsi que les hommes jugent ?" Il s'intéresse notamment à l'entrée, dans le champ du droit, de la société civile. Peut-elle revendiquer le maintien en prison d'un homme dont elle a peur ? Peut-elle s'émanciper du registre émotionnel et bénéficie-t-elle de l'expertise nécessaire pour pouvoir en juger ? Ne risque-t-elle pas de le présumer coupable ? 

C'est un peu tous ces sujets que vous aborderez avec ce page-turner très bien construit. Sa qualité relève non seulement du talent de l'auteur mais aussi, bien sûr, de celui de sa traductrice. Je voudrais saluer le travail de Laure MANCEAU qui nous livre un roman palpitant. Bravo à tous les deux !

Et parce qu'il est toujours difficile de se quitter, je vous propose de le faire en musique avec "For What It Is Worth" de Buffalo Springfield, dont il est fait référence dans "Dura Lex"

"There's something happening here
What it is ain't exactly clear..."

 

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2018-12-11T07:00:00+01:00

Les inséparables de Dominique MISSIKA

Publié par Tlivres
Les inséparables de Dominique MISSIKA

Seuil
 

J'avoue que c'est avec un immense plaisir que j'ai découvert la sélection du Jury de décembre du #GrandPrixdesLectricesElle 2019.

Plonger dans la destinée de cette grande Dame qu'est Simone VEIL, reposant aujourd'hui avec son mari, Antoine, au Panthéon, fut un moment fascinant et éminemment instructif. 

Bien sûr, j'avais lu "Simone, éternelle rebelle", une biographie rédigée par Sarah BRIAND, journaliste et réalisatrice de documentaires. Elle est remarquable du point de vue de la femme publique, retraçant l'ascension politique de Simone VEIL.

Avec "Les inséparables", Dominique MISSIKA, historienne, nous livre un récit de vie empreint de l'intimité de Simone VEIL. Elle naît dans une famille bourgeoise, cultivée, de La Ciotat. Elle est la dernière d'une fratrie de quatre enfants, trois filles et un garçon. Son père est architecte. Malgré son second Prix de Rome, avec la crise de 1929, son carnet de commandes se raréfie. Il faut penser à déménager. La famille JACOB s'installe dans un logement de Nice. Denise, la deuxième, pratique le scoutisme très tôt et s'investit auprès des réfugiés, elle s'occupe des enfants juifs dont les parents ont été déportés. Elle est recrutée par le Mouvement de Résistance Franc-Tireur et se prénomme désormais Miarka, en souvenir de sa lecture du roman de Jena RICHEPIN. Nous sommes en 1943, la guerre gronde, la famille, juive, est menacée. Simone est exclue du lycée pour ses origines. Elle passe son bac en candidate libre. Les épreuves sont avancées. Alors qu'elle savoure les premiers instants de liberté de fin d'examen, elle est arrêtée le  30 mars 1944.

A partir de cette date, la vie de Simone JACOB bascule comme celle de sa famille toute entière. Dominique MISSIKA décrit les conditions de la déportation. Seules reviendront Madeleine, Denise et Simone, leur mère décédera d'épuisement quelques semaines avant la libération. Quant aux hommes, le père et le frère de Simone, ils ne reviendront jamais de Lituanie. 
La singularité de ce récit repose, pour partie, dans l'exploration que fait l'historienne des conditions de vie de rescapées des camps de la mort. Les trois soeurs, à leur retour, sont confrontées à la vie ordinaire, au regard de celles et ceux qui ne peuvent imaginer à quel point l'humain peut être foncièrement mauvais. Orphelines, elles se reposent les unes sur les autres, et puis, bientôt, de femmes, elles vont devenir des épouses et ensuite des mères. Toutes les fondations de la famille JACOB ont été détruites, elles vont essayer de se REconstruire sous les noms JAMPOLSKY, VERNAY et VEIL. Elles seront profondément marquées par le décès accidentel de leur soeur Madeleine et de son fils, au retour d'un week-end passé chez Simone, en famille, à Stuttgart. Dominique MISSIKA s'attache à nous décrire leur quotidien, ponctué de moments de bonheur et de profonde tristesse.

Mais son originalité réside, sans conteste, dans les relations établies entre Simone VEIL et Denise VERNAY. Dès leur retour, les deux femmes prennent conscience du fossé qui les sépare. L'une a été arrêtée dans un acte de résistance, l'autre parce qu'elle était juive. Denise VERNAY fait l'objet de toutes les attentions, elle est honorée, invitée par les grands noms pour sa bravoure, quand Simone VEIL reste dans l'ombre. De leur état de santé transparaît leur statut. Il y a quelque chose de profondément douloureux qui s'installe entre les deux femmes. Leurs itinéraires feront que les choses s'inverseront progressivement. Simone VEIL prendra le devant de la scène avec son combat en faveur de l'Interruption Volontaire de Grossesse et la carrière politique qu'on lui connaît, quand Denise VERNAY s'évertuera, modestement, à nourrir le souvenir de la Résistance et de la Déportation.

Le propos de Dominique MISSIKA prend la voie d'une réparation. Tout le récit est incarné par l'incipit :

A la mémoire de Denise
A la mémoire de Simone

L'historienne rend un hommage vibrant aux deux femmes, elle restaure un semblant d'égalité. Par les liens qu'elle établit entre elles, elle crée l'opportunité d'un rapprochement des "deux déportations", celle de la Shoah et celle de la Résistance, deux mouvements dont je n'avais absolument pas mesuré les subtilités.

Ce que j'aime dans les documents, c'est qu'il nous font regarder la réalité autrement. Avec "Les inséparables", j'ai mesuré à quelle point notre Histoire peut être fracturée.

Un immense merci aux lectrices du Jury Elle de décembre, c'est un excellent choix !

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