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2024-03-29T07:00:00+01:00

Ceux qui s’aiment se laissent partir de Lisa BALAVOINE

Publié par Tlivres
Ceux qui s’aiment se laissent partir de Lisa BALAVOINE

Gallimard

Avec Lisa BALAVOINE, il y a eu ce rendez-vous manqué avec "Eparse" avec les 68 Premières fois, je ne l'ai pas lu. Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas. Depuis, il y a eu d'autres romans mais pour son dernier, "Ceux qui s'aiment se laissent partir", le Book club a fait le job, et il a très bien fait !

Dans un roman écrit à la première personne du singulier, la narratrice raconte son enfance et son adolescence avec une mère instable, fantasque et extravagante. Rien n'est fait à moitié, ni les hauts, ni les bas. Les parents sont divorcés mais les gardes alternées n'auront pas raison de cette relation fusionnelle, toutes les deux ne font qu'une. L'arrivée d'une petite soeur, 10 ans après, amorce toutefois la brouille des cartes, l'adolescence n'est pas loin, une période où chacun revendique sa singularité et ses secrets. C'est l'époque des portes de chambre fermées. Devenue mère, elle-même se retrouve de l'autre côté de la barrière, face à sa propre fille qu'elle ne reconnaît plus. Cette distance, qui fait mal à en mourir, n'est-elle finalement pas le moment de l'envolée du nid ?

Lisa BALAVOINE nous propose un roman d'autofiction, un roman dans lequel elle livre sa propre expérience d'une certaine forme d'intimité avec sa mère, une relation toxique établie depuis sa plus tendre enfance et qui durera jusqu'à... la fin. 

Plus que l'histoire personnelle d'une écrivaine, j'ai aimé dans ce roman l'évolution du personnage à travers les âges, des souvenirs relatés en quelques mots ou quelques lignes, des états d'âme douloureux couchés sur le papier qui n'ont de lien entre eux que chronologique. S'ils ne sont pas datés comme dans un journal intime, ils suivent pourtant le fil de la vie.

Ce roman, c'est encore l'histoire d'une filiation entre mère et fille. Si la littérature a déjà beaucoup donné dans le genre, il y a cette originalité, là, d'être abordée sur trois générations. Et puis, même si le thème est récurrent, il ne cesse de nous interroger, toujours, sur ce que l'on transmet, consciemment ou inconsciemment, à notre progéniture. Il y a ce que l'on vénère et ce que l'on rejette

 


Je voudrais être comme toi, une femme libre, qui ne dépend de personne, obéit à ses propres règles et suit son seul mouvement. P. 45

J'avoue que ma grand-maternité n'est pas sans prolonger le débat !

Si le ton du roman est globalement triste et poignant, violent même, il n'en est pas moins lumineux, d'abord parce que l'itinéraire, aussi pénible soit-il, offre la possibilité de se construire, de grandir, de s'émanciper pour devenir vraiment soi-même, à l'image des tortues qui ponctuent inlassablement le roman comme autant de parenthèses, toutes orientées vers le même objectif.


Il n’y a plus de tortues dans mes nuits, plus de carapace posée sur mon dos. J’ai la peau nue désormais. C’est une peau neuve, elle te plairait. P. 146

Ce roman, l'écrivaine le dévoile, il répond à une demande formulée par sa mère... 


Je repense à ce que tu m’as demandé : Je voudrais que tu parles de moi. C’est sur toi que j’écris, sur nous. Ces mots que tu ne liras pas sont pour toi. P. 129

Lisa BALAVOINE évoque la terrible souffrance du deuil, la déchirure, la souffrance liée à l'absence. 


L’été commence toujours sur le vide que tu m’as légué. Je m’applique à le combler. P. 147

Ces mots, je crois qu'ils ne sont pas une bouteille jetée à la mer, non, ces mots sont aussi une manière pour l'écrivaine, je crois, de conserver les souvenirs, les protéger des effets du temps, des souvenirs qu'elle chérit, non plus dans un coin de sa tête mais dans un roman. Un acte thérapeutique, non ?

Nouvelle bonne pioche du Book club, une lecture qui m'a fait vibrer, elle m'a chamboulée, elle m'a amenée, moi aussi à me questionner. N'est-ce pas aussi la vocation de la littérature ?

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commentaires

Z
Je crois n'avoir rien lu de cette autrice
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T
C’était mon cas avant… ce roman peut être une excellente opportunité.
M
Je ne connais pas encore cette autrice mais ce roman autobiograhique a l'air en effet poignant...La littérature est là bien entendu pour nous bousculer, nous obliger à nous questionner et à nous remettre en question, je suis bien d'accord. Merci pour cette suggestion de lecture.
Répondre
T
Une découverte alors comme pour moi. Nous sommes d’accord.

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