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Articles avec #essai catégorie

2025-09-23T18:04:34+02:00

Mon vrai nom est Elisabeth d'Adèle YON

Publié par Tlivres
Mon vrai nom est Elisabeth d'Adèle YON
 
Nouvelle bonne pioche du Book club, que dis-je, coup de cœur ! C'est mon #Mardiconseil Merci ma chère Hélène de m'avoir mise sur sa voie.
 
Tout commence avec ce mail adressé à 3 personnes qui sonne comme un au revoir. L'expéditeur est sur le point de se jeter du balcon du 7e étage de son appartement parisien. Le geste est prémédité, il est organisé depuis des mois, depuis la vente de sa maison. Objectif : mourir quand il en est encore temps. Nous sommes le 4 janvier 2023. Derrière l'histoire de Jean-Louis se cache celle d'Elisabeth, sa mère. Leur point commun, un pied dans le vide !
 
Ce livre qui transcende les genres (thèse, récit, correspondances, fiction...), je ne pouvais que l'aimer.
 
Il faut dire que des fées se sont penchées sur son berceau, à commencer par Laurence TARDIEU, l'autrice des romans : 
dans lequel elle disait :


Les choses que tout le monde ignore et qui ne laissent pas de trace n'existent pas.

ainsi que
"Nous aurons été vivants", l'un de mes coups de coeur de l'anée 2019,

et Adrien BOSC, l'éditeur (peut-être vous souvenez-vous de "Capitaine" duquel j'avais extrait une citation :


Car ce n’est pas ce qu’est l’archive qui importe, mais ce qu’elle désigne : un passé.

Mais ça, je ne le découvrirais que dans les remerciements. C'est la cerise sur le gâteau, la sensibilité qu'il faut pour rendre le livre aussi fascinant que bouleversant. Je sors de cette lecture sous le choc, en pleurs sur l'itinéraire de cette femme, en colère sur les méthodes psychiatriques de la 2e partie du XXe siècle.
 
Parce que ce livre, c'est tout ça et beaucoup plus encore.
 
C'est une histoire familiale d'abord, aux origines bourgeoises, dans laquelle les femmes doivent se conformer aux injonctions d'un ordre social, être de bonnes épouses et de bonnes mères. Celles qui comme Élisabeth aspirent à s'en émanciper tomberont sous le joug de la médecine.
 
C'est là que de l'individuel on passe au collectif. Adèle YON, en enquêtant sur l'itinéraire de cette aïeule, relate les méthodes employées et déconstruit les modèles de la psychiatrie. Elle va notamment se focaliser sur la lobotomie, cette opération chirurgicale qui vise à extraire le lobe frontal du cerveau pour supprimer ce que ces femmes auraient en trop !
 
Le mot "femme" est prononcé. Ce livre se veut aussi le témoin de ce que les hommes, les pères, les maris, les frères, les médecins, imposaient au "sexe faible". En lisant Adèle YON, vous verrez à quel point cette expression prend tout son sens dans les pratiques d'une époque et explique les violences faites aux femmes, l'incarnation de la domination masculine, patriarcale, à commencer par la maternité.
 
Ce qui est terrifiant, c'est de voir à quel point la jeune génération est encore imprégnée du passé. Adèle YON révèle qu'elle-même a été élevée avec la crainte d'être fragile comme Elisabeth. C'est parce qu'elle risque de devenir folle qu'elle se lance dans les recherches qui lui permettront d'écrire cette thèse. La filiation, la transmission de génération en génération, est terrifiante. Son livre n'en est que plus puissant.
 
Je pourrais en écrire des pages, tellement il regorge de détails, il est foisonnant et captivant. Il est déjà lauréat de nombreux prix littéraires : Le Grand Prix des Lectrices Elle, le Prix Régine Deforges, le Prix Littéraire du Nouvel Obs, le Prix Essai France Télévisions...
 
Lire un livre, c'est planter un décor, poser des images sur des personnages, parfois inspirées du cinéma. Vous comprendrez que le visage de Virginie EFIRA se soit imposé à moi. Dans "En attendant Bojangles" de Régis ROINSARD, elle interprète divinement bien comment pouvait être traitée la maladie mentale dans les années 1960. 
 
Ce livre fait partie de ceux que je n'oublierai jamais. C'est à ça que je reconnais les coups de coeur !
 
Retrouvez ceux de l'année 2025 :
"Les braises de Patagonie" de Delphine GROUES.

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2025-09-12T06:00:00+02:00

Où les étoiles tombent de Cédric SAPIN-DEFOUR

Publié par Tlivres
Où les étoiles tombent de Cédric SAPIN-DEFOUR
 
La rentrée littéraire, ce ne sont pas que des romans, il y a des essais aussi à l'image de cette lecture #coupdepoing : "Où les étoiles tombent" de Cédric SAPIN-DEFOUR. Elle figure dans la première sélection du Prix Renaudot 2025.
 
"Où les étoiles tombent" est l'histoire bien réelle d'un couple, passionné de montagne, d'ascension, et de parapente. Habituellemt, Mathilde, s'envole la première, Cédric la suit. Là, il part le premier. Quand il se retourne, il ne voit plus de voile, elle est écrasée au sol. C'est le 12 août 2022 que l'accident s'est produit dans la région de Bolzano en Italie, laissant Mathilde entre la vie et la mort.
 
Longtemps Cédric SAPIN-DEFOUR pensera que Mathilde est morte. À tellement l'anticiper, le cerveau a mémorisé l'information au point d'avoir des difficultés à l'effacer.
 
Le jour du 12 août 2022 rayonne à l'image du faisceau lumineux d'un phare. C'est un repère dans le temps à partir duquel est balisée l'existence de Mathilde, depuis sa naissance jusqu'à sa réparation. Le temps est un élément majeur de la prose de Cédric SAPIN-DEFOUR. Il peut être un allié comme un ennemi.


À la fois j'entreprends tout vite pour accélérer vers toi, à la fois il me fait occuper chaque interminable minute, quoi que je choisisse je me trompe d'allure. P. 34

Cédric SAPIN-DEFOUR restitue, comme dans un journal intime, de façon chronologique, les différentes phases de la reconstruction de son épouse. Il y a des faits rapportés de façon presque clinique, il y a aussi des ressentis, des sentiments que seuls ceux qui sont passés tout près de la mort peuvent éprouver. Sans pathos, il y a bien sûr des questions existentielles. Là, l'écrivain prend de la distance par rapport aux réalités qui l'assaillent pour s'interroger sur ce qui faisait, fait, et pourrait faire sens dans sa vie aux côtés ou sans Mathilde. Le propos prend alors une dimension philosophique. 
 
Cet essai va vous faire vivre un véritable ascenseur émotionnel... vous allez évoluer au rythme des réflexions de l'auteur.


Avant de t'endormir, tu m'as dit deux phrases, la première m'a fait quitter le sol de bonheur, la seconde m'y a rabattu violemment.
"On va y arriver."
"Je voudrais que tu restes." P. 182

L'écriture permet d'entretenir la mémoire. L'écrivain dresse un formidable portrait de son épouse, une battante, de ces femmes que rien ne saurait arrêter.
 
L'écriture exorcise aussi les angoisses. Au service de Cédric SAPIN-DEFOUR, l'exercice permet de résister, un verbe dont la dimension impacte le quotidien d'un homme, pétri de douleur, de culpabilité et de souffrance devant l'état de santé de son épouse.
 
L'écriture permet encore de panser les plaies de Cédric SAPIN-DEFOUR. Au fil de l'essai, l'écrivain chemine dans l'appropriation des faits et de leurs impacts sur leur vie à tous les deux.
 
La narration propose d'ailleurs un chassé-croisé de deux temporalités, celle de la reconstruction de Mathilde bien sûr mais celle aussi du fil de cette journée du 12 août 2022 que Cédric SAPIN-DEFOUR s'attache à redérouler. Ce n'est qu'à la fin du récit que vous retrouverez l'analyse de ce qui s'est passé aux environs de 22 heures de cette journée vertigineuse. Ingénieux et parfaitement mené. 
 
Ce livre est lumineux, c'est un hymne à la vie, à la beauté, notamment des montagnes. C'est un essai qui va vous donner envie de croquer votre vie à pleine dents.
 
C'est aussi un livre hérisson, un livre dans lequel j'ai relevé une multitude de citations. J'aurais pu, en réalité, noter chacune des phrases de l'auteur, c'est vous dire si j'ai vibré.
 
Ça sera, en plus des prix littéraires, l'opportunité pour moi de venir régulièrement vous en parler !
 
Aujourd'hui, c'est ma #VendrediLecture.

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2025-03-14T07:00:00+01:00

Après Dieu de Richard MALKA

Publié par Tlivres
Après Dieu de Richard MALKA

Vous connaissez certainement la collection Ma nuit au musée des éditions Stock. Je vous ai notamment parlé de

Jakuta ALIKAVAZOVIC avec "Comme un ciel en nous" et

Lola LAFON avec "Quand tu écouteras cette chanson".

Si Jakuta ALIKAVAZOVIC avait choisi la section des Antiques dans la salle des Cariatides du Louvre et Lola LAFON la Maison d'Anne FRANK, Richard MALKA, lui, a choisi le Panthéon, là où sont accueillies 83 sépultures d'illustres femmes et hommes.

Richard MALKA, vous le savez peut-être, est l'avocat de Charlie Hebdo. Comme Riss, il est menacé de mort depuis les attentats de 2015 et vit sous protection policière.

L'homme est aussi scénariste de romans graphiques et écrivain.

Dans ce livre, il s'adresse à François-Marie AROUET, plus connu sous le nom de Voltaire. L'écrivain et philosophe du XVIIIe siècle repose au Panthéon. L'auteur m'a d'ailleurs donné envie de relire des classiques...

Dans un monologue à la 2ème personne du singulier, Richard MALKA revient sur ce qui préoccupait déjà les Lumières. Impossible de passer à côté de la liberté d'expression, vous l'imaginez, et de ses amis, toute l'équipe du journal assassinée le 7 janvier 2015.


Ces personnes tolérantes partageaient sans exception une même qualité : elles étaient drôles et riaient d'elles-mêmes. C'est un marqueur, une protection contre le dogmatisme et le fanatisme. Le droit aux caricatures est non négociable. P. 82 

Mais il y est aussi beaucoup question de religion.


La religion opprime, on la combat, elle recule, elle laisse un vide, c'est la panique, elle revient, on n'en sort pas.
C'est un cercle vicieux qui ne sera brisé qu'en trouvant un substitut à la consolante transcendance du divin. P. 49

Comme dans "L'art de l'esprit joyeux" d'Alexandre JOLIEN et Laurent JOUVET, le livre est éclairant sur des subtilités qu'il convient de rappeler :


Tes propos sont un cas d'école illustrant la différence, que je me tue à expliquer, entre la critique des religions, qui est salutaire, et la critique des personnes à raison de leur religion, qui est un délit. P. 106

Je me suis laissée porter par la philosophie de Richard MALKA, un homme inspirant qui appelle au respect.

Il évoque encore l'architecture du bâtiment qui l'accueille le temps d'une nuit, inspirée de celui de Rome, avec une coupole à 90 mètres de haut. 

Ce nouvel essai de la collection Ma nuit au musée est presque un incontournable dans les temps troublés que nous traversons. Il est très bien écrit. A conseiller sans modération.

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2024-11-19T20:56:30+01:00

L'art de l'esprit joyeux d'Alexandre JOLIEN et Laurent JOUVET

Publié par Tlivres
L'art de l'esprit joyeux d'Alexandre JOLIEN et Laurent JOUVET

Almora éditions

Ce livre a sa petite histoire. Je m'en suis saisie dans le labyrinthe de la Librairie LHERIAU menant à la dédicace d'Alice ZENITER pour son dernier roman, "Frapper l'épopée". Quelle belle idée !

J'aurais pu choisir un roman de la rentrée littéraire mais Alexandre JOLLIEN me fascine.

J'ai lu de lui "Eloge de la faiblesse" et puis chaque fois que je pense à lui, c'est dans la première et la dernière scènes du film dans lequel il joue avec Bernard CAMPAN, "Presque", elles donnent à voir une telle liberté, une telle insouciance et un tel lâcher prise. Pour autant, ne croyez pas que ça soit plus facile pour lui que pour les autres !

D'ailleurs, c'est après avoir traversé l'une des périodes les plus noires, hanté par ses peurs, qu'Alexandre JOLLIEN s'est mis à converser avec Laurent JOUVET. Il faut dire que ces derniers temps, sa femme Corinne avait choisi de lui lire les sermons de maître ECKHART, un moine dominicain allemand, ceux-là mêmes traduits par Laurent JOUVET.

S'ils ont été pour lui une sorte de bouée de sauvetage pour ce qu'ils recouvraient de spiritualité, il n'en demeurait pas moins que certains de leurs contours demeuraient pour lui encore mystérieux.

C'est l'objet même de ce livre, le croisement du regard d'un philosophe avec celui d'un mystique sur ces textes rédigés au XIIIème siècle.

Structuré comme une conversation, le livre donne lieu à des échanges sur les différences entre la spiritualité et la religion par exemple, ou encore la pitié et la compassion...


...] mais il y a Spinoza qui distingue deux trucs : la pitié et la compassion. Dans la pitié, ce qui est premier, c'est la tristesse. On a de la tristesse de voir l'autre souffrir et on tombe dans la pitié. La compassion, au contraire, ce qui est premier, c'est l'amour, l'amour comme moteur. P. 178

À travers de nombreuses références et citations littéraires, les deux hommes nous donnent les clés de compréhension de ce qu'est cet art de l'esprit joyeux.

Si la spiritualité est universelle et accessible à tous d'après Laurent JOUVET, elle relève toutefois d'un effort individuel pour se désidentifier, se débarrasser de tout ce qui nous conditionne, tout ce qui nous détermine. Au panier la mauvaise conscience, la honte et la culpabilité, il s'agit s'obstacles à surmonter pour atteindre le fond du fond.

Ce livre est passionnant. Le ton est fin et délicat, bienveillant et attentionné, plein d'humour et lumineux, de quoi vous mettre en joie !

Ce #mardiconseil, c'est l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'un des followers assidus du blog, il suffit parfois d'une rencontre pour se (re)connecter !

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2024-08-23T08:25:17+02:00

Pages volées d'Alexandra KOSZELIK

Publié par Tlivres
Photo du livre d'Alexandra KOSZELIK, en toile de fond mon tee-shirt, un cadeau offert par ma fille elle aussi passionnée de littérature, il y est écrit : "L'écriture c'est le coeur".

Photo du livre d'Alexandra KOSZELIK, en toile de fond mon tee-shirt, un cadeau offert par ma fille elle aussi passionnée de littérature, il y est écrit : "L'écriture c'est le coeur".

Alexandra KOSZELYK, je crois que tout ce qu'elle écrit me fait vibrer !

Il y a eu "À crier dans les ruines", "La dixième muse" et "L'Archiviste", tous des romans adultes Aux Forges de Vulcain que j'ai adorés, et puis "Le sanctuaire d'Emona", un roman jeunesse de la Collection R de Robert Laffont, un coup de ❤️

Si je connais depuis longtemps Alexandra, je l'avais interviewée pour T Livres ? T Arts ? à la sortie de son 3ème roman, et plus récemment au 122 dans le cadre des soirées littéraires de l'association Les Bouillons, jamais, non jamais je ne serai allée sur un terrain intime que je soupçonnais douloureux.

Mais là, c'est Alexandra KOSZELYK qui prend la plume pour nous livrer un texte très personnel. Elle nous apprend le décès de sa mère dans un accident de voiture duquel elle a survécu avec son frère. Leur père mourra de ses blessures quelques jours plus tard. Elle n'avait alors que 8 ans. Si tous se sont évertués pendant son enfance à lui cacher la vérité, c'était pour mieux lui donner à la quarantaine l'opportunité de se délivrer d'un texte profondément émouvant, un texte qui s'est subitement imposé à elle, lors d'une résidence d'écriture sur sa terre natale. Elle a ressenti un irrépressible besoin d'écrire sur son histoire.

À l'image de "L'Archiviste", roman écrit d'une traite les jours qui ont suivi l'invasion de l'Ukraine en février 2022, "Pages volées" a mûri au fond d'elle pour surgir tel un souffle, une respiration après une phase d'apnée.


[...] déposer mes mots est une manière de reprendre la barre de ma navigation, de faire avec la houle de mes souffrances d'enfant, non contre elle. P. 33

Tour à tour roman (d'autofiction), recueil de poèmes, ce texte construit comme un journal intime, devient au fil des pages un essai autour de la littérature, la lecture


Le lecteur est celui qui se dénude au moment d'entrer dans un sanctuaire. Il est avide de découvertes. En refermant le livre, il portera de nouveaux habits, sera allé à la rencontre d'autres vies, d'autres histoires, et portera vers l'autre le regard d'un ami. P. 85

et l'écriture.


Travailler, effacer, raturer, s'étendre, se restreindre, couper, remettre. Arriver à la phrase qu'on trouve juste, passer sur d'autres en pensant qu'elles le sont, sans être certain qu'elles le soient, avoir l'oeil de l'éditeur, mais aussi de ses proches, amis, lecteurs, en discuter avec d'autres... P. 178

Elle creuse le sillon de ce qui forge sa plume. Ce texte protéiforme transcende les limites des registres littéraires (ce qui prouve bien qu'elle peut exceller dans tous !) pour tisser les fils de son existence et révéler la femme qu'elle est devenue aujourd'hui, l'écrivaine, une oeuvre se constituant progressivement...


Survivre, c'est vivre deux fois. Pour moi. Et pour eux qui ne le pouvaient plus. P. 41

Parce que tout mérite d'être expliqué (les avides de synchronicités vont être servis !), Alexandra KOSZELYK dévoile ce qui l'a construit à travers les richesses de la langue, qu'elle soit orale, écrite, celle des livres et celle des éléments (la mer, la forêt, la nature quoi !)... elle fait feu de tout bois pour nous offrir un livre lumineux (n'est-elle pas solaire !), empreint d'espoir, avec cette quête de laisser une trace de ses sentiments, ses doutes, ses convictions aussi.


Chaque mot est un barreau d'échelle qui m'élève, là où la réalité fait de moi une orpheline. P. 91

Il y est question d'origines, d'identité, de transmission intergénérationnelle, Alexandra KOSZELYK écrit sur la vie. David MEULEMAN sont éditeur ne s'y est pas trompé, ce texte (il a décidé de ne publier que celui-là à la rentrée littéraire), il est fort, il est poignant tout en étant puissant, c'est un inclassable, un livre qui vous marque "À la vie à l'amor" (aphorisme emprunté à Miss. Tic). C'est ma #vendredilecture !

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2022-08-16T17:30:00+02:00

Socrate médecin pour temps de crises et catastrophes de Jean-Louis CIANNI

Publié par Tlivres
Socrate médecin pour temps de crises et catastrophes de Jean-Louis CIANNI

Éditions Le Relié

A celles et ceux qui continuent de dire que c'était mieux avant, je leur propose la lecture de cet essai, "Socrate médecin pour temps de crises et catastrophes" de Jean-Louis CIANNI que j'ai eu la chance de découvrir grâce à la Masse Critique de Babelio (un grand merci aux organisateurs et à la maison d'éditions !). C'est mon #Mardiconseil.

Ainsi, cinq siècles avant Jésus-Christ, Athènes était en crise :
⦁   la guerre du Péloponnèse 
⦁    l'épidémie de peste
⦁    le pouvoir oligarchique des Trente Tyrans
et s'exposait à sa pure perte.

Socrate, fils d’une sage-femme, condamné à la peine capitale par un tribunal populaire 
pour impiété et corruption de la jeunesse, portait un regard critique sur la société qui l'entourait et s'évertuait à formuler des propositions, qui, n'ont, de fait pas pris une ride.

Les guerres continuent de sévir à travers le monde, il suffit d'ouvrir un journal ou d'écouter les médias pour s'en rendre compte. 

L'épidémie de Covid a généré un confinement, une mise sous cloche des êtres humains, privés de nombreuses libertés. Elle continue de rendre malade des populations à l'échelle internationale.

Quant à la perte de l'humanité, les premiers effets du réchauffement climatique se font cruellement sentir. Et même si l'essai est sorti des presses en mai 2022, la sécheresse estivale, la pénurie d'eau et le développement de terribles incendies en France, ne viendront pas démentir le propos du philosophe et journaliste.

Notre santé mentale et physique est en jeu.

Peut-être pourrions-nous regarder dans le rétroviseur et s'inspirer de ce que disait Socrate à ses jurés. Il les invitait à prendre soin d'eux, avouons que la proposition est séduisante, non ?

En premier lieu, ce que privilégie Socrate c'est notre regard critique, notre capacité à nous questionner. Il nous invite à cultiver notre "sidération". Plus notre étonnement sera grand, plus nous stimulerons notre esprit.


Il se compare à un taon qui pique et stimule un attelage. P. 73

Et puis, Socrate rappelle que l'être humain ne peut vivre seul et s'auto-satisfaire, il doit donc se penser au coeur d'une société, d'un environnement avec lequel il interréagit. C'est donc dans la cité que l'Homme peut assurer sa survie. C'est notamment là qu'il pourra confronter sa propre liberté à celle des autres, ce qui lui donne un sens, tout simplement.


La liberté individuelle veut s’imposer, elle a besoin de s’opposer à d’autres libertés pour exister et s’affirmer. P. 255

Si certains pensent que l'être humain est un individualiste, Socrate montre ô combien il est aussi capable d'être solidaire. Il semble bien que cette valeur ait perduré malgré les siècles. En marge de la lecture de l'essai, je lis dans la presse que les agriculteurs de Baugé ont prêté main forte aux pompiers pour arrêter le feu de la forêt et les habitants du village proposé d'héberger les sinistrés. Voilà qui peut donner un peu de baume au coeur pour l'avenir.


Chaque catastrophe suscite un sentiment de compassion générale qui est la marque de l’humain. P. 250

Enfin et surtout, Socrate nous invite à plus de sagesse :


L’homme juste sera celui qui pourra en toute situation tempérer ses désirs et ses ardeurs et viser à une sagesse à hauteur d’homme. P. 282

J'aime beaucoup l'image qu'avaient Socrate/Platon d'un attelage de deux chevaux, l'un noir correspondant au désir, l'autre blanc pour l'énergie, l'ensemble tenu de main de maître par un cocher. 

La philosophie faisait partie de mes matières préférées en classe de terminale, je n'avais malheureusement pas replongé depuis. Honte sur moi ! Cette expérience orchestrée par Jean-Louis CIANNI est un petit bonheur, une invitation à prendre de la distance par rapport au brouhaha ambiant et à me construire mon avis sur des questions philosophiques qui sont aussi, il faut bien le dire, des questions de vie quotidienne, facteur d'un bien-être à portée de main, pourquoi s'en priver ?

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2022-06-28T15:32:09+02:00

Le prix de nos larmes de Mathieu DELAHOUSSE

Publié par Tlivres
Le prix de nos larmes de Mathieu DELAHOUSSE

Les Éditons de L’Observatoire, je les apprécie pour leurs romans, souvent des coups de ❤️ à l’image de ceux de Thibault BERARD, « Il est juste que les forts soient frappés » et « Les enfants véritables », celui d’Anaïs LLOBET « Au café de la ville perdue », ou encore de Marie CHARREL « Les danseurs de l’aube », et de Withney SCHARER « L’âge de la lumière », mais aussi de Sébastien SPIZTER « Ces rêves qu’on piétine », et d’Odile D’OULTREMONT « Les déraisons ».

 

 

Je ne les connaissais pas sur le registre des essais, c’est aujourd’hui chose faite avec « Le prix de nos larmes » de Mathieu DELAHOUSSE que j’avais entendu au micro de Léa SALAME sur France Inter. Il a exploré ces deux dernières années les rouages du fonds d’indemnisation des victimes d’attentats. 

 

Que savons-nous de son organisation quand nous n’y sommes pas confrontés ?

 

C’est grâce à cet essai que j’ai découvert les fondements juridiques, d’abord une loi de 1982, dite Badinter, reconnaissant le statut de victime, et puis en 1986, la création d’un fonds de garantie pour les victimes d’actes terroristes, une exception française, européenne, voire mondiale. Ce n’est qu’en 1990 que les victimes du terrorisme seront reconnues victimes civiles de guerre avec pour conséquence, notamment pour les enfants de victimes, d’être déclarés pupilles de la Nation.

 

C’est aussi sous la plume de Mathieu DELAHOUSSE que j’ai compris le mode de financement du fonds, 5,90 euros prélevés sur chaque contrat d’assurance de biens immobiliers, un fonds financés par les Français sans qu’ils le sachent vraiment.

 

En qualité de journaliste, Mathieu DELAHOUSSE va accéder aux audiences qui caractérisent les préjudices subis et fixent les indemnisations. C’est là que se confrontent deux filtres de lecture des attentats :


Plusieurs fois durant ces journées dans la petite salle blanche, des cas similaires affleurent et, dans une danse macabre, on chaloupe entre les critères stricts du fonds et ceux, plus souples et imparfaits, de la vie. P. 79

Aux chiffres, aux critères d’évaluation, sont opposés la peine, le deuil d’un amour perdu, d’une mère, d’un père, d’un enfant… 

 

Et cette question posée en boucle, quel est le prix d’une vie ? La réparation passe-t-elle par l’argent ?

 

Bien sûr, à l’image de notre société, certains passent au-delà du chagrin et voient dans le fonds l’opportunité de gagner de l’argent sur le dos de blessés à vie, de morts, c’est juste indécent.

 

Le comble de la mascarade, c’est bien sûr l’usurpation d’identité, se faire passer pour une victime, s’imaginer une vie… jusqu’à se croire sur parole. Les cas sont rares mais diaboliques.


On ne se résout pas vraiment à imaginer que, parfois, des diables soufflent à ces âmes perdues que « qui ne tente rien n’a rien ». Et sur ces pauvres innocents s’y accrochent. P. 80

Cet essai, porté par une plume pudique et bienveillante, est très intéressant. Il donne à voir un microcosme de la justice française.

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