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2022-12-20T07:00:00+01:00

Dahlia de Delphine BERTHOLON

Publié par Tlivres
Dahlia de Delphine BERTHOLON

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Delphine BERTHOLON, "Dahlia", publié initialement chez Flammarion et désormais en poche chez J'ai lu.

Laetitia, Lettie pour les intimes, est une jeune maman. Sa fille de trois ans, Mina, est partie en vacances avec son papa au Botswana en Afrique. Elle se souvient de ses années collèges. Elle vivait alors dans un mobile home avec sa mère, infirmière à domicile. En 1989, elle était en 5ème. Elle était dans la classe de Dahlia, une élève originale arrivée du Havre, surnommée par la bande de copains copines Ortie Gazoil. Son père était chauffeur routier. Lettie aimait beaucoup sa mère Francesca. Et puis, Dahlia avait deux frères, des jumeaux, Gianni et Angelo. Elle se plaignait beaucoup de sa famille qu'elle jugeait trop envahissante et enviait terriblement celle de Lettie. Elles passaient du temps ensemble jusqu'au jour où Dahlia confia un secret à Lettie, un secret qui fait chavirer les existences des deux adolescentes, mais là commence une nouvelle histoire !

J'aime beaucoup les romans de Delphine BERTHOLON pour le décor qu'ils édifient progressivement mais puissamment. Dans une écriture presque cinématographique, elle décrit des atmosphères, ses mots deviennent des révélateurs sensoriels. Comme dans "Coeur Naufrage", au fil des pages, j'ai retrouvé cette impression d'être allongée sur une plage, le sable chaud me chatouillant les orteils. 

Et puis, il y a des références à une époque aujourd'hui révolue, celle des années 1990. Je suis un peu plus âgée que l'écrivaine mais "Dahlia" m'a rappelée ces tubes (Venus des Bananarama, Une femme avec une femme de Mecano, I’m deranged de David Bowie... ça vous dit quelque chose, non ?), la mode, les livres, les "barrils" de lessive customisés et revisités en coffre de rangement... qui ont marqué cette période. Pour la jeunesse, c'était quelque chose...

Enfin, si Delphine BERTHOLON a ce talent pour caractériser un environnement et une échelle temps, vous pouvez bien vous imaginer qu'elle procède de la même manière, brique après brique, pour construire des personnages. Ils pourraient être vous, moi, vos cousins, vos voisins... ce sont des gens un brin ordinaires à qui elle va faire vivre un instant de rupture et imaginer l'après.

Dans ce roman et comme chaque fois, je peux bien l'avouer, la magie a opéré. Je me suis laissée prendre au garrot et puis ma gorge s'est serrée, mon pouls accéléré, jusqu'à la révélation !

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2022-12-20T07:00:00+01:00

La sauvagière de Corinne MOREL DARLEUX

Publié par Tlivres
La sauvagière de Corinne MOREL DARLEUX

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J20

"Le livre le plus réconfortant"

J'ai choisi "La sauvagière" de Corinne MOREL DARLEUX aux Éditions Dalva, un premier roman.
 
La narratrice a été élevée par sa mère, aujourd’hui décédée. Elle a eu un accident de moto. Elle ouvre les yeux dans une maison forestière. Là, y vivent Stella, souffrant de crises clastiques, et puis Jeanne. Entre hallucinations et réalité, son cœur balance, son corps tout entier aussi !
 

Il y a dans ce conte onirique un rapport au corps tout à fait exceptionnel. Meurtri par l’accident, endolori, ankylosé, il cherche la voie d’une SURvie. On mesure à travers le personnage de fiction de la narratrice dont on ne connaît ni le nom ni les origines qu’un corps, la chair, les organes… ont leur propre rythme, leur propre existence. Ne parlons-nous pas de mort cérébrale ? Ce premier roman, c’est une invitation à faire une pause, se recentrer sur son corps, y puiser la lumière, l’énergie, la vie, quoi !

 

Et puis, il y a la force de l’environnement, une nature profonde, la forêt, les montagnes, une forme de refuge, autant d’éléments propices à la reconstruction psychique. 

 

Cet hymne à la nature ne serait rien sans les mots, et le pouvoir de la contemplation.

 

Enfin, dans ce monde alternatif à l’urbain, il y a aussi les animaux. 

 

Ce premier roman écrit dans une plume poétique, délicate et sensuelle, nous propose de faire corps avec la nature, d’entrer en fusion avec ce qu’elle a de vivant. Le dessin de la première de couverture, sublime, une œuvre d’art réalisée par Pedro TAPA, le dévoile à elle seule.

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2022-12-19T21:12:38+01:00

Une œuvre de Hani ABBAS

Publié par Tlivres
Une œuvre de Hani ABBAS

Ma #lundioeuvredart est en prise avec l’actualité. 

Hier, dimanche 18 décembre, c’était la Journée Internationale des migrants. 

 

Cette journée, on n’en parle pas beaucoup. Elle a pourtant été créée en 2000 par l’Organisation des Nations Unies.

 

Alors, pour éviter tous les discours, rien ne vaut une création de Hani ABBAS. Lui-même connaît bien la situation des réfugiés pour la vivre à titre personnel. Il est notamment très investi dans Cartooning for Peace. Si vous voulez faire connaître avec l’artiste, je vous conseille une interview publiée sur le site de l’UNHCR. 
 

Je suis de plus en plus fascinée par le talent qu’ont les caricaturistes et cette façon très personnelle qu’ils ont de synthétiser un problème sociétal en un coup de crayon. 
 

Cette illustration n’y échappe pas. Il y a une double lecture. Un œil pour illustrer le bateau sur lequel sont embarqués des migrants. 3 bouées de sauvetage pour 7 personnes à bord. Et puis, ce qui pourrait être une larme, ou bien l’océan qui sépare les côtes.

Le dessin se suffit à lui-même.

C’est une œuvre d’art 👏

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2022-12-19T07:10:00+01:00

Vert samba de Charles AUBERT

Publié par Tlivres
Vert samba de Charles AUBERT

On poursuit #Noelenpoche avec un roman policier de Charles AUBERT, "Vert samba" initialement publié chez Slatkine et Cie maintenant disponible en poche chez Pocket.

Niels Hogan, le narrateur, a quitté son job de directeur commercial à Paris pour se lancer dans la fabrication de leurres pour la pêche dans le sud de la France. Il découvre les plaisirs d'une cabane implantée au bord d'une lagune, l'étang de Thau. C'est là qu'il s'offre quelques petits plaisirs, comme la préparation du thé dans les règles de l'art. C'est là aussi qu'il redécouvre les plaisirs de l'amour. Il a rencontré  Lizzie, journaliste d'investigation et associée avec Vincent dans le cadre du Cormoran Inquirer, une femme qui l'émerveille. Mais depuis quelques temps, les choses ne tournent plus tout à fait rond. Son père montre quelques fragilités, le laissant à penser à la maladie d'Alzheimer. Niels est inquiet. Et puis, il y a la découverte du cadavre d'un ostréiculteur, la mort de cet homme dans des conditions mystérieuses trouble les relations avec Nora, la Directrice d'un établissement pour travailleurs handicapés. En tirant le fil, Lizzie embarque Niels dans son enquête, menée parallèlement à celle de la police, pilotée par Malkovitch, et c'est bientôt toute la pelote qui vient, mais là, danger !

Ce roman policier est une réussite.

D'abord, parce que l'intrigue est parfaitement menée. Jusqu'à la fin du livre, je suis restée suspendue aux indices savamment distribués par Charles AUBERT.

Et puis, il y a les personnages, des êtres que l'on a tout de suite envie d'aimer, des hommes et des femmes, bons, semble-t-il, des êtres attachants, quoi !

Mais encore, ce roman est un véritable jeu de dominos, à chaque pièce son décor, son histoire, ses secrets. 

 

Et puis, en guise d'introduction pour chacun des chapitres, un haïku. Ils sont tous très beaux mais j'avoue que j'ai un faible pour celui-ci :

"Que mon visage

Qui a vu les fleurs de cerisier

Soit frappé par l'obscurité"

de Fura MAEDA

Que c'est délicat !

Vert samba est un excellent roman policier. Je vous le conseille absolument.

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2022-12-19T07:10:00+01:00

Au café de la ville perdue de Anaïs Llobet

Publié par Tlivres
Au café de la ville perdue de Anaïs Llobet

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J19

"Le livre le plus émouvant"

J'ai choisi "Au café de la ville perdue", le second roman d'Anaïs LLOBET aux éditions de L’Observatoire, un coup de coeur.

La jeune journaliste française installée à une table du café Tis Khamenis Polis suscite bien des convoitises. Il y a Giorgos qui égrène ses souvenirs de Varosha, sa vie là-bas, son hôtel Seaside. Et puis, il y a Ariana, serveuse, qui vient passer ses pauses avec elle et lui raconte l’histoire de sa famille : son père Andreas, élevé par sa tante Eleni récemment décédée. Ses parents à lui se sont évaporés, sa mère, Aridné, était une chypriote turque. Elle serait partie avec un soldat. Lui, rongé par le chagrin, aurait pris la mer, sans jamais revenir. Ariana est habitée par cette filiation. Elle est aussi hantée par cette maison de Varosha dont l'adresse,14, ados Ilios, tournoie autour de son bras. Cette maison, c'est celle que ses grands-parents ont dû abandonner au moment du coup d’Etat de 1974. C’est là que la grande Histoire s’invite à la table des deux jeunes femmes pour ne plus la quitter.
 
Ce roman, c’est un roman dans un roman, celui d’une journaliste qui va, au fil des confessions d’Ariana, tisser celui de la ville morte, Varosha devenue zone militaire. Sa forme littéraire concourt à la mémoire d'une page de la grande Histoire chypriote, une page contemporaine de son Histoire, j'avais 5 ans lors du coup d'Etat. Si l’écrivaine ne qualifie pas son livre d’historique, il se nourrit pourtant d’évènements marquants du passé. 
 
J’ai été fascinée par la quête d’Ariana, la puissance du fantasme de cette maison 14, rue Ilios, sur son itinéraire personnel, ses études d’architecture dictées par la volonté de reconstruire « sa » maison, son besoin irrépressible d'aller sur site et de  lui redonner vie.
 
Aridné, comme Ariana, sont des femmes qui chacune à leur époque, mènent des combats à mains nues. Il y a celui de la paix, il y a celui de la justice aussi. Les deux femmes sont intelligentes. Elles ne sauraient se résigner à accepter la destinée de leur patrie. 
 
Anaïs LLOBET réussit à incarner chacun des camps et lever le voile sur le grand échiquier du monde.
 
Je découvre avec ce roman la plume de Anaïs LLOBET, romanesque à l’envi, sensible, pudique, pleine d’humilité, portée par un profond humanisme. La chute est prodigieuse, bravo !

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2022-12-19T07:03:00+01:00

Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN

Publié par Tlivres
Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Delphine DE VIGAN, "Les enfants sont rois", publié initialement chez Gallimard et maintenant disponible en poche chez Folio, une nouvelle référence du Book club.

Tout commence avec l’annonce de la disparition d’une enfant, Kimmy Dioré, 6 ans, par la Brigade Criminelle. C’est une star sur les réseaux sociaux. La dernière story publiée par sa mère concernait le choix d’une nouvelle paire de chaussures. Les followers étaient appelés à voter. Nous sommes en 2019. L’enquête policière va remonter le fil de la vie de la famille, et mettre en lumière une évolution de la société depuis les années 2000. Souvenez-vous, c’était l’époque de Loft story. 11 millions de téléspectateurs avaient les yeux rivés sur leur écran, scotchés par des images de la vie quotidienne, le nouveau tremplin de la célébrité, pour le meilleur comme pour le pire.

 

Dans ce roman policier, l’enquête est au coeur du livre et le structure avec la rencontre improbable et pourtant, de deux femmes. Il y a Mélanie Claux, la mère de Kimmy, 17 ans en 2001, fascinée par la télé-réalité et qui va faire de ce nouveau genre le ciment de sa vie.

 

Il y a aussi Clara Roussel, élevée par un couple d’enseignants, des activistes mobilisés contre la vidéosurveillance. L’enfant a été de toutes les manifestations. Elle a surpris ses parents quand elle leur a annoncé qu’elle entrerait à l’école de police. Reconnue pour ses compétences et son professionnalisme, elle accède à un poste de procédurière qui fait toute sa vie.

 

Ces deux femmes n’avaient a priori rien à faire ensemble mais par le jeu de la fiction, Delphine DE VIGAN va faire se croiser deux itinéraires comme les révélateurs d’une prédisposition aux pour et contre les réseaux sociaux.

 

Le roman de Delphine DE VIGAN devient social avec ce qu’il révèle de notre monde d’aujourd’hui et la trace qu’il en laisse.

 

 

Mais plus que ça, c’est aussi un roman militant, engagé, qui dénonce la société de consommation dans ce qu’elle a de plus abject : l’achat de biens qui ne répondent plus à aucun besoin, la mal bouffe… 

 

J’ai retrouvé dans ce roman la puissance de l’écriture de Delphine DE VIGAN, la force du propos. Rien n’est laissé au hasard. L’intrigue est aussi parfaitement maîtrisée. Chapeau !

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2022-12-19T07:00:00+01:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J18

"Le livre qui me marquera longtemps"

J'ai choisi un premier roman, celui de Isabel GUTIERREZ , "Ubasute" aux éditions La fosse aux ours.

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

Il y a tout un tas de manières d’imaginer sa fin de vie. Au Japon, il y aurait une tradition, l'ubasute, qui consisterait à demander à quelqu’un de nous porter sur son dos pour l'ascension d’une montagne, là où l’on rendrait notre dernier souffle.

C'est dans cette pratique, ou légende, qu'Isabel GUTIERREZ puise l'inspiration de son premier roman, un coup de coeur de cette #selection2022 des 68 Premières fois.

 

Ce roman, c’est une ode à la vie.

Et puis, il y a cette relation mère/fils, ce dernier moment de complicité, ce sursaut de vie intense avant l’abandon, l’abandon d’un être cher, l’abandon du corps, l’abandon de la vie.

La prose est tendre et délicate, les mots sont beaux. « Ubasute », c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir. Ce roman je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

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2022-12-17T07:00:00+01:00

Lorsque le dernier arbre de Michael CHRISTIE

Publié par Tlivres
Lorsque le dernier arbre de Michael CHRISTIE

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J17

"Mon plus gros pavé de l'année"

J'ai choisi une nouvelle pépite, le premier roman de Michael CHRISTIE : "Lorsque le dernier arbre" aux éditions Albin Michel.

 

Nous sommes en 2038. Jake est orpheline d’une mère musicienne de l’orchestre symphonique de Los Angeles tuée dans un accident de train. Elle est dendrologue, botaniste de formation, c’est une spécialiste des arbres. Depuis 9 ans, elle travaille comme guide de la Cathédrale de Greenwood, une île de la Colombie-Britannique sur laquelle subsiste la dernière forêt primaire que les gens riches viennent visiter comme de précieux vestiges. Partout ailleurs, les arbres ont disparu, c'est le Grand Dépérissement. Les sols s’assèchent. La surface de la planète est recouverte d’une couche de poussière asphyxiante. Lors d'une visite, elle repère deux pins brunis, deux arbres appelés "Doigt d'honneur de Dieu" dont les aiguilles décolorées lui donnent à penser qu'ils sont menacés. Si leur vie est en danger et que le public le découvre, toute la forêt sera abattue. C'est à ce moment-là qu'elle apprend qu'elle pourrait être l'héritière de Harris Greenwood, un grand propriétaire de bois au passé sombre. Dès lors, sa vie bascule !

La littérature s'empare de l'environnement en perdition comme sujet de prédilection. On ne va bientôt plus compter le nombre de romans écologiques mais celui-là, bien sûr, est unique.

 

Ce qui m'a le plus marquée dans ce roman, c'est la dynamique de RESISTANCE qui anime chacun.e d'entre les personnages. Qu'il s'agisse de se confronter à la maladie, au handicap, aux addictions, à un frère, à la société tout entière, aux magnats du pouvoir, qu'il s'agisse d'une action individuelle ou communautaire, qu'il s'agisse encore de lutter contre une certaine forme d'autorité, peu importe, ils tracent leur voie, exploitent leur marge de liberté pour avancer, y compris au péril de leur vie. 

Et ce roman ne serait rien sans sa narration. La structuration ne suit aucune chronologie, les voix résonnent entre elles, et pourtant, jamais, non jamais vous ne perdrez le fil. Du grand art !

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2022-12-17T07:00:00+01:00

Là où nous dansions de Judith PERRIGNON

Publié par Tlivres
Là où nous dansions de Judith PERRIGNON

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Judith PERRIGNON, "Là où nous dansions", chez Rivages, aujourd'hui disponible en version poche.

 

Le 29 juillet 2013, un jeune homme vient d'être retrouvé mort au pied de tours abandonnées. Il a été assassiné d'une balle dans la tête. Sarah travaille dans les services de Police. Elle est chargée de trouver l'identité de ce corps dont la morgue regorge. Dans un territoire gangrené par la pauvreté (les familles n'ont même plus les moyens d'offrir des funérailles à leurs proches  et préfèrent les laisser là) et la délinquance (des crimes, il en arrive tous les jours), Sarah sait dès les premiers instants que celui-là n'est pas d'ici. Frat Boy, c'est comme ça qu'elle l'appelle, va rapidement devenir une obsession pour elle. Là commence une nouvelle histoire !

Mais que l'on ne s'y méprenne pas, ce roman n'est pas un policier à proprement parler. L'enquête, que va mener Sarah, est en réalité un prétexte pour relater l'Histoire foisonnante d'un territoire sur 7-8 décennies.

Judith PERRIGNON met le doigt sur une certaine forme de déterminisme, celui des formes urbaines et du niveau de standing des logements. Si nous avons beaucoup parlé ces dernières années du déterminisme territorial, il en est un qui mute avec les années. A Détroit, c'est particulièrement vrai et la vague de gentrification engagée aujourd'hui est là pour nous en convaincre.

Et puis, il y a le street art, une expression artistique qui, dès les années 1930, y a trouvé sa place. Judith PERRIGNON évoque la fresque, les Detroit Industry Murals, réalisée par Diego RIVERA, un certain regard porté sur la condition ouvrière de l'époque par l'artiste mexicain, lui, le révolutionnaire, qui répondait à une commande du capitaliste, Henry FORD. Dans les années 1980, c'est la création de Tyree GUYTON, l'enfant du pays, qui est mise en lumière, le Heidelberg Projet. Et puis enfin, l'autrice honore la mémoire de Bilal BERRENI, alias Zoo Project, et contribue, par la voie de la littérature, à célébrer le dessein qu'il poursuivait à travers le monde, donner à voir les invisibles.

Dans une narration rythmée par les quatre saisons et à travers des personnages profondément attachants (Sarah, Jeff, Ira...), Judith PERRIGNON réussit le pari d'un roman fascinant. 

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2022-12-16T07:00:00+01:00

La nuit des pères de Gaëlle JOSSE

Publié par Tlivres
La nuit des pères de Gaëlle JOSSE

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J16

"Le livre que j'aurais envie d'offrir à tout le monde"

 

J'ai choisi le dernier roman de Gaëlle JOSSE : « La nuit des pères » chez Notabilia éditions, un texte d'une violence inouïe, pas celle des poings, non, celle des mots. 
 
Isabelle est sur le point d’arriver dans la région de Chambéry à la maison familiale, celle de son enfance. Ça fait longtemps qu’elle n’y est plus revenue. Mais là, elle n’avait pas vraiment le choix. Son frère, Olivier, le lui a demandé. Leur père de 80 ans, veuf, montre les premiers symptômes de la « maladie de l’oubli ». Il a besoin d’elle. Ce n’est pourtant pas de gaieté de coeur. Ce père, il ne l’a jamais aimée, c’est ce qu’elle se dit, il l’a fait souffrir, terriblement, et puis il y avait ce cri… nocturne ! Mais ce séjour bref, quelques jours, pourrait bien lui réserver quelques surprises…
 
Après « Ce matin-là » qui sort tout juste en version poche, « Une longue impatience » aussi, Gaëlle JOSSE nous propose un nouveau roman de l’intime, une histoire familiale marquée par des relations père/fille compliquées. Avec la fin de vie qui  s'annonce, la sensibilité est exacerbée, les sentiments douloureux et les émotions décuplées.
 
Isabelle ne va pas rester seule avec ses fantômes. Dans ce roman choral, d’autres personnages, tous de fiction, vont prendre place et donner de la voix.
 
Les pages se tournent, les confidences se font, les secrets de famille se dévoilent comme autant d’effets de rupture qui donnent à l'écriture une puissance et un rythme foudroyant.
 
Je suis une fidèle de la plume de l'écrivaine, retrouvez :
 

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2022-12-16T07:00:00+01:00

La fièvre de Sébastien SPITZER

Publié par Tlivres
La fièvre de Sébastien SPITZER

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Sébastien SPITZER, "La fièvre", chez Albin Michel, aujourd'hui disponible chez Le Livre de poche.

Nous sommes quelques jours avant le 4 juillet 1878 à Memphis aux Etats-Unis. Les préparatifs de la Fête de l’Indépendance battent leur plein. Le 4 juillet, c’est aussi la date anniversaire d’Emmy Evans. Son père est derrière les barreaux depuis quelques années. Pour ses 13 ans, quel formidable cadeau que de le voir descendre du navire, le Natchez. Malheureusement, en plein débarquement, un coup d’arrêt est donné. Les voyageurs sont contraints à réembarquer dans l’urgence. Un malade vient d’être repéré. Le bateau repart pour être mis en quarantaine. Emmy rentre chez elle, retrouver sa mère dans le cabanon qui fait office d’habitation. Sa mère travaille chez la famille Adams, des Blancs. Elles ne tarderont pas à découvrir que le père d’Emmy était bien arrivé en ville, mais la veille du débarquement. Il avait passé la nuit à la Mansion House, un bordel tenu par Anne Cook. Au petit matin, pris d’une fièvre insoutenable, il sort nu de l’établissement et meurt dans la rue principale de Memphis. Son corps est pris en charge. Les autorités essaient de faire l’omerta sur ce cas de fièvre jaune. Keathing, lui,  un proche du Ku Klux Klan, Chef du Memphis Daily et témoin de la prolifération de la maladie, dévoile dans les pages de son journal l’état de la situation. Un exode massif de la population s’engage, là commence une nouvelle histoire !

 

L’écrivain concourt au devoir de mémoire de la grande Histoire des Etats-Unis avec une focale sur celle de la condition noire. Il rappelle, s’il en était nécessaire, à quel point le racisme peut gangrener une société, au péril de la vie des minorités.

C’est dans ce contexte historique et politique des plus tendus que la maladie fait son apparition, en quelque sorte, la double peine, celle qui va faire tomber 5 000 hommes, femmes et enfants de Memphis.

Dans une plume tendre et délicate, l’auteur décrypte avec minutie la psychologie de chacun des personnages et dresse des portraits d’une rare beauté. C’est un roman prodigieux.

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2022-12-15T07:00:00+01:00

Et mes jours seront comme tes nuits de Maëlle GUILLAUD

Publié par Tlivres
Et mes jours seront comme tes nuits de Maëlle GUILLAUD

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J15

"Le livre le plus déconcertant"

Place au dernier roman de Maëlle GUILLAUD aux éditions Héloïse d’Ormesson, « Et mes jours seront comme tes nuits », une lecture coup de poing.

Hannah est une jeune femme, musicienne, elle joue de la flûte traversière depuis l’âge de 6 ans. Elle avait pris l’engagement auprès de ses parents, si elle commençait, de poursuivre jusqu’à ses 20 ans. Leur mort dans un crash aérien n’y fera rien. Hannah a fait de sa passion son activité professionnelle. Sa vie quotidienne est toutefois désormais rythmée par l’activité du jeudi, rendre visite à Juan, l’homme qu’elle aime, incarcéré. En 3 ans, elle n’a jamais failli un seul jeudi. Le manque a beau la tenailler, la douleur l'écraser, elle ne peut s’y résigner. Entre les souvenirs déchirants du passé et la souffrance du présent, Hannah résiste. Mais si tout ça n’était qu’illusion ?
 
Ce roman est un véritable page-turner, impossible de le lâcher une fois les premières lignes découvertes. Le décor est rapidement planté. Je me suis immédiatement retrouvée aux côtés d’Hannah dans ce RER qui la mène en périphérie, hors champs, là où les familles des détenus se côtoient. Si Hannah ne s’y reconnaît pas, elle en fait, malgré elle, partie. J’ai été frappée par ce qu’elle incarne de la réussite sociale qui, là, ne lui est d’aucune utilité. Au gré de toutes ces années, de ces allées et venues hebdomadaires, de ces immersions dans l'univers carcéral, elle va apprendre les codes, apprendre à se comporter, faire de cette journée du jeudi une parenthèse, dépouillée, mise à nu.
 
De Maëlle GUILLAUD, vous vous souvenez peut-être de « Lucie ou La vocation », son premier roman découvert avec les 68 Premières fois. Il y était déjà question d’enfermement...
 
Ce roman m’a profondément touchée, je suis sortie KO de cette lecture, sous le choc de la beauté de la plume, de la parfaite maîtrise de l'intrigue, coup de maître, chapeau !
 
Le personnage d’Hannah est absolument fascinant, ce livre un formidable cri d'amour. Quant à la chute, juste prodigieuse. Quel talent !

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2022-12-15T06:58:26+01:00

S'adapter de Clara DUPONT-MONOD

Publié par Tlivres
S'adapter de Clara DUPONT-MONOD

On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Clara DUPONT-MONOD, "S'adapter", aux éditions Stock, aujourd'hui disponible chez Le Livre de poche. Nouvelle référence du Book club, ce roman fut couronné par le Prix Goncourt des Lycéens 2021 et Prix Femina de la même année.

 

Il était une fois... c'est avec cette formule que commencent habituellement les contes de fées. Si la phrase n'est jamais prononcée dans le roman de Clara DUPONT-MONOD, c'est pourtant bien dans ce registre littéraire que l'autrice va nous plonger le temps d'une lecture.

Prêtant sa voix à des pierres cévenoles, l'occasion de personnifier Dame Nature qui occupe là une très grande place, Clara DUPONT-MONOD nous livre l'histoire d'une famille qui, après l'aîné et la cadette, voit naître un enfant différent, un enfant condamné à rester allongé et dont l'espérance de vie est comptée. Dans un cocon familial protégé, sous le regard attendri d'un grand frère attentionné et à distance d'une grande soeur révoltée, il se laisse porter. 

Cette fratrie, elle se bat avec ses armes. Dans une narration en trois parties, chacune dédiée à l'un des autres enfants de la famille, il y a cette manière d'aborder le handicap, de le vivre au quotidien, de "S'adapter" toujours, tous les jours. Clara DUPONT-MONOD nous offre un regard croisé.

J'ai beaucoup aimé ce roman pour l'éveil des sens. Il y a de magnifiques passages sur la fusion de l'aîné avec son frère handicapé, tout accaparé à le faire vibrer...

Mais là où la littérature fait son oeuvre, c'est quand elle magnifie la relation du petit dernier avec un être, un brin fantomatique. Je ne vous en dis pas plus, juste que cette partie est écrite tout en beauté et montre le talent de l'écrivaine.

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2022-12-14T07:00:00+01:00

Impact d'Olivier NOREK

Publié par Tlivres
Impact d'Olivier NOREK

On poursuit #Noelenpoche avec un roman d'Olivier NOREK, "Impact", chez Michel LAFON, aujourd'hui disponible en version poche.

Virgil Solal, dans le cadre de ses missions en Afrique et notamment pour assurer la protection d’une bénévole humanitaire, a découvert les charniers du Nigéria, des enfants, des adultes, des vieux, tous rongés par la pollution liée à l’exploitation du pétrole du sous-sol africain. Si des drames assaillent des peuples en voie de développement, Virgil et sa femme, Laura, qui habitent en France, ne sont pas pour autant épargnés des effets de la pollution. Leur petite fille est décédée quelques instants après sa naissance, ses poumons étaient dans l’incapacité de se gonfler d’air, un effet collatéral de notre environnement dégradé. Deux ans après, il engage la greenwar. Il s’attaque à ceux qu’il juge responsables et demande une rançon/caution pour se racheter de leurs erreurs, eux et leurs entreprises internationales aux bénéfices si peu scrupuleux du bien-être de l’humanité. Il commence par le PDG de Total. La stratégie de Virgil Solal intègre une mise à mort en ligne, diffusée dans le monde entier sur les réseaux sociaux. Pour espérer stopper la machine de guerre, un binôme est constitué avec un flic du Bastion 36 et une psychocriminologue. Là commence un nouveau combat.

Ce roman, Olivier NOREK a puisé son inspiration dans une plaque posée en 2019 dans les Pyrénées :


Le glacier d’Arriel, situé le plus à l’ouest des Pyrénées, a disparu, comme 50 % des glaciers pyrénéens ces dernières années. Ils disparaîtront probablement tous d’ici 2040. Cette plaque atteste que nous savons ce qu’il se passe et que nous savons ce qu’il faut faire. Vous seul saurez si nous l’avons fait.

La plume est directe, incisive, rythmée. Olivier NOREK nous parle de globalisation et non de notre petit pré carré, notre nombril, il nous apprend à lever les yeux, regarder à l’horizon. Souhaitons que ça soit pour le meilleur !

La littérature n’est pas exempte de mobilisation. Olivier NOREK signe avec « Impact » un manifeste en faveur de l’humanité. Réveillons-nous !

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2022-12-13T07:05:00+01:00

Une bête au Paradis de Céline COULON

Publié par Tlivres
Une bête au Paradis de Céline COULON

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J13

"Le personnage que je voudrais surtout ne jamais croiser"

Pour l'occasion, je vais faire une place au personnage d'Alexandre du roman de Cécile COULON, "Une bête au paradis", quel homme infâme.

Le Paradis, c’est la ferme où vit la famille Émard. Il y a Émilienne, cette personne âgée de 80 ans, la patronne. Et puis, il y a Blanche, sa petite fille qui vit sa première expérience amoureuse avec Alexandre, un jeune garçon. Il y a Gabriel, le frère de Blanche. Il y a Louis aussi, lui, il est maltraité par son père. Émilienne l’a accueilli sur ses terres. Il est commis. Cette ferme porterait bien son nom s’il n’y avait eu le décès accidentel d’Etienne et Marianne, les parents de Blanche et Gabriel. Et puis aussi, le départ d’Alexandre pour aller faire ses études, abandonnant Blanche à son triste sort. Et Gabriel, dont le corps frêle ploie sous le poids de la douleur de l’absence de ses parents. Que d’être meurtris qui, bon an, mal an, se tuent aux tâches agricoles, les poules, les canards, les pintades, les cochons. Ils vouent leur vie à la terre, du lever au coucher du soleil. Mais cet équilibre ne saurait durer sans quelques bouleversements, là commence une nouvelle histoire.

Blanche va malheureusement croiser ce personnage d'Alexandre à plusieurs reprises dans sa vie, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

La narration de ce roman est tout à fait remarquable. Des verbes à l’infinitif pour marquer l’action et le rythme effréné. Une tension exercée dès les premières pages. Un mystère incroyable est entretenu tout au long du livre avec la bombe qui explose, une déflagration aux milles éclats, le tout servi par une plume éminemment poétique.

L'écart si savamment entretenu tout au long du roman entre l'approche un brin rustique de la vie agricole et la délicatesse des mots employés ne fait que décupler les effets. Ce roman, je ne l’oublierais pas tellement le sujet est puissant, d’ordre sociétal mais impossible de vous en dire plus.

Ce roman, quelle claque ! Encore une puissante référence du Book club !

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2022-12-13T07:00:00+01:00

Héritage de Miguel BONNEFOY

Publié par Tlivres
Héritage de Miguel BONNEFOY

On poursuit avec #Noelenpoche avec aujourd'hui un roman de Miguel BONNEFOY, "Héritage", publié chez Rivages aujourd'hui disponible en poche.

Les Lonsonier se transmettaient le vignoble familial du Jura de génération en génération jusqu’à ce que le phylloxera réduise les ceps sur pied en bois mort. Dès lors, une autre vocation restait à trouver, le Nouveau Monde séduisait les foules, c’était le moment d’embarquer. Le fils Lonsonier pris le bateau au Havre. Drogué par une diseuse de bonne aventure, il se mit à halluciner. Craignant qu’il ne soit malade de la typhoïde, le capitaine du navire décida de le faire accoster à Valparaiso au Chili. C’est là qu’il rencontrera Delphine, d’origine bordelaise, avec qui il aura trois enfants, trois garçons, qui tous, seront engagés dans l’armée pour sauver la France des griffes de l’occupant. Deux tomberont dans les tranchées de la Marne, seul Lazare en réchappera avec des blessures de guerre au poumon. A son retour, il fonde une famille avec Thérèse. Leur fille, Margot, triste, que les jeux d’enfants n’intéressent pas, choisira d’être aviatrice, un destin qui ne sera pas sans faire de cheveux blancs à ses parents. Mais là commence d’autres aventures sur fond de seconde guerre mondiale et de dictature en Argentine.

 Ce roman, c’est un voyage entre les continents avec la découverte de l’Amérique du Sud par des Français, c’est aussi un voyage dans le temps dans lequel vont s’égrener les grands événements du XXème siècle, les guerres mondiales et la dictature en Argentine. J’ai adoré me laisser porter par les aventures de cette famille et la transmission entre générations. Le roman devient une véritable saga.

Plus que tous, c’est le personnage de Margot qui m’a « emballée ». Hors norme dès sa plus tendre enfance, son portrait et l’approche de son comportement par sa mère m’ont fait penser à Helen et Kate KELLER dans le roman d’Angélique VILLENEUVE "La belle lumière".

Le rythme est fougueux, la plume enchanteresse et le roman captivant. C'est assurément un très bon crû. 

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2022-12-12T21:06:08+01:00

Dreams de John DOWLAND et Henry PURCELL par Le Banquet céleste

Publié par Tlivres
Un tableau des Vanités en effet miroir avec le chanteur Damien Guillon et son double danseur Aurélien Oudot. | JULIEN MIGNOT

Un tableau des Vanités en effet miroir avec le chanteur Damien Guillon et son double danseur Aurélien Oudot. | JULIEN MIGNOT

Le mercredi, on a l’habitude de dire que c’est la journée des chérubins. Et bien, mercredi 7 décembre, j’ai retrouvé mon âme d’enfant et j’ai savouré cet instant.

Au Grand Théâtre d’Angers, était interprété « Dreams » de John DOWLAND et Henry PURCELL par Damien GUILLON, contre-ténor, et Aurélien OUDOT, un spectacle féerique, une heure d’émerveillement proposée par la Compagnie Le Banquet céleste, c'est ma #lundioeuvredart.
 
Tout commence en musique avec le son d’instruments anciens, une viole de gambe, un luth, un clavecin, dans un décor onirique dans lequel seules quelques bougies offrent des percées lumineuses. On devine les musiciens derrière un rideau de voile.
 
Et puis, telle une apparition, Damien GUILLON commence sa prestation dans le parterre du Grand Théâtre, monte lentement sur scène et s’immerge dans un décor fabuleux. Sa voix prend l’ascendant.
 
Il y a encore la danse incarnée par Aurélien OUDOT se déplaçant dans une telle légèreté… réelle prouesse artistique, il enchaîne les mouvements gracieux debout, au sol, dans une très grande fluidité.
 
Il y a enfin la mise en scène. Les décors sont teintés de couleurs chaudes, du orange, du violet, tel un enveloppement. Cécile ROUSSAT et Julien LEBEK rivalisent d’ingéniosité pour nous offrir un spectacle tout à fait exceptionnel, entre chimères et réalité. Les effets spéciaux sont prodigieux.
 
Je suis sortie du spectacle enchantée.
 
Si vous avez l'occasion d'aller le voir, c'est assurément un excellent choix.

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2022-12-12T19:25:44+01:00

Les maisons vides de Laurine THIZY

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Les maisons vides de Laurine THIZY

Pour la 3ème année consécutive, deux passionnées de littérature, Nicole et Delphine, nous invitent à composer un calendrier de l'Avent un brin singulier. On y parle de livres, j'adhère bien sûr. C'est l'occasion de revenir sur de belles lectures de l'année.

J12

"Le personnage que j'aurais adoré rencontrer"

Place à Gabrielle, un personnage exceptionnel monté de toutes pièces par une primo-romancière, Laurine THIZY, dans "Les maisons vides" aux Éditions de L’Olivier.

Le rapport au corps est le fil rouge de ce premier roman orchestré d’une main de maître. Depuis ses premiers jours, Gabrielle a dû apprendre à dompter ce corps, inachevé du prématuré, mal formé par l’infirmité, maîtrisé par la pratique sportive, qui ne manque pas de reprendre ses droits dès le premier effort abandonné. C’est le jeu d’équilibre d’une vie qui, chez Gabrielle, prend une dimension toute particulière.

Et puis, il y a ces parenthèses des clowns à l’hôpital, des moments aussi fugaces que bouleversants, aussi rapides que l’éclair, aussi puissants que le tonnerre. Au fil des saynètes, les artistes s’approprient chaque situation et proposent au malade de jouer, lui aussi, un rôle dans le spectacle, celui de la spontanéité, la sincérité, le fruit d’un lâcher prise dans sa plus profonde intimité.

Comme j’ai aimé le parcours initiatique de Gabrielle aux côtés de Maria, la vieille espagnole, celle qui a fuit la guerre civile de son pays, celle qui est arrivée en France en franchissant les montagnes des Pyrénées,

Quelle plume, la main de fer dans un gant de velours, quelle construction narrative, une alternance de chapitres méticuleusement rythmés, quel premier roman, une lecture coup de poing, tout simplement. J'en suis sortie K.O., bravo !

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2022-12-12T07:00:00+01:00

Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

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Là où chantent les écrevisses de Delia OWENS

On poursuit #Noelenpoche avec un roman étranger, celui de Delia OWENS, "Là où chantent les écrevisses", initialement chez Seuil éditions, désormais disponible chez Points. Coup de coeur.

Nous sommes le 30 octobre 1969, un homme est retrouvé mort, dans le marais, au pied de la tour de guet. C'est le corps de Chase Andrews, le fils unique d'un couple connu à Barkley Cove pour sa réussite avec le garage, la Western Auto. Marié, beau garçon, Chase avait le monde à ses pieds. Le marais, c'était son terrain de jeu. Il y bravait les courants avec son hors-bord. Dans sa jeunesse, il avait passé beaucoup de temps avec Kya, une fille de son âge, abandonnée de tous dès sa plus tendre enfance. La première à quitter le foyer avait été sa mère. En 1952, n'en pouvant plus de recevoir les coups de son alcoolique de mari, Ma avait pris sa valise et, sous les yeux  de l'enfant, s'en était allée, sans se retourner. Et puis, ce fut le tour de la fratrie, même Jodie, le frère, n'avait pas résisté à l'attrait d'un ailleurs. Et encore, le père. Si, au début, il passait quelques nuits par semaine à la cabane, un jour, il n'était plus revenu. Enfin, Tate. Le garçon l'avait guidée un soir qu'elle s'était perdue. Leur amitié n'avait pas résisté aux études universitaires du jeune homme. Kya, qui n'avait que 7 ou 8 ans, avait d'abord vécu des vivres qu'il restait à la maison, et puis, elle avait dû prendre la barque du père, se rendre au village, échanger les moules, qu'elles ramassait à l'aube, avec quelques denrées de première nécessité. C'est là qu'elle avait fait connaissance avec Jumping et sa femme, Mabel. Lui, vendait du carburant pour les bateaux, elle, avait pris la petite de pitié, c'était la seule à voir dans la Fille du marais, un être humain, une enfant, celle que le village tout entier méprisait. Loin de tous, Kya avait voué un amour fou à la nature. Elle s'était gorgée des baignades en eaux douces, enivrée de la beauté des paysages et comblée de sa relation aux oiseaux. De là à penser que ça soit Kya qui ait tué Chase, il n'y a qu'un pas, à moins que...

J'ai été émerveillée, je dois le dire, par les descriptions de la  faune et de la flore des marais.

"Là où chantent les écrevisses" est un roman d'apprentissage, c'est celui d'une enfant qui s'est construite dans la solitude.

Ce roman, c'est un page-turner, savamment ponctué de poésie. Un bijou !

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2022-12-11T07:00:00+01:00

La carte postale de Anne BEREST

Publié par Tlivres
La carte postale de Anne BEREST

On poursuit #Noelenpoche avec aujourd'hui un coup de coeur, "La carte postale", le roman de Anne BEREST publié chez Grasset et aujourd'hui disponible chez Le livre de poche

Tout commence au petit matin. La neige a tombé dans la nuit. La mère de Anne BEREST, Lélia, va, en chaussons, cigarette à la bouche, faire le relevé du courrier. L'année 2003 commence tout juste. Au pied de la boîte aux lettres toute disloquée, parmi les cartes de voeux, gît une carte postale avec, au recto, une photographie de l'Opéra Garnier, au verso, quatre prénoms : 
Ephraïm
Emma
Noémie
Jacques
Aussi obscure et impénétrable soit-elle avec ces seuls prénoms comme repères, ceux des grands-parents, oncle et tante de Lélia, "La carte postale" a été rangée au fond d'un tiroir après avoir suscité quelques brefs échanges lors du repas familial. Une bonne dizaine d'années plus tard, alors que Anne BEREST est enceinte et doit se reposer pour sa fin de grossesse, elle prend le chemin de la maison familiale et demande à Lélia de lui raconter la vie de ses ancêtres. Là commence toute l'histoire... ou presque. Si Lélia a fait beaucoup de recherches pour remonter le fil de l'existence des Rabinovitch, "La carte postale", elle, reste une énigme. Quelques années plus tard, elle deviendra une obsession. 
 
"La carte postale", c'est une enquête menée par Anne BEREST, elle-même, écrivaine, réalisatrice. De bout en bout, j’ai été captivée par la recomposition du puzzle familial. Ce roman est empreint d’un mystère jamais résolu qui, sous le feu de son action, prend un nouveau tournant. 
 
Sous la plume de Anne BEREST, la petite histoire, celle de ses ascendants, résonne cruellement avec la grande, celle qui porte un H majuscule, si douloureuse. Elle concourt ainsi non seulement à la mémoire de sa famille, mais aussi à celle de tous les juifs exterminés dans les camps de la mort.
 
Ce qui m’a profondément touchée aussi dans cette lecture, c’est la relation établie par Anne BEREST avec sa mère, Lélia, sans qui rien n'aurait été possible. 
 
Un roman historique, un roman d'aventure, un roman jubilatoire, des personnages éminemment romanesques, tout y est, de la grande littérature comme je l'aime.

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