Ce roman entre sans conteste dans la catégorie du « Nature writing ». Je ne savais pas bien ce que ce genre nouveau révélait de spécificités avant d’être « Encabanée » par Gabrielle FILTEAU-CHIBA.
Maintenant, je sais à quel point vivre en immersion dans la nature fait vibrer tous nos sens !
Là, nous partons pour la Finlande à la rencontre d’une fratrie. Ce sont « Les Filles du chasseur d’ours » d’Anneli JORDAHL.
Les filles sont au nombre de sept. Elles vénèrent leur père, ce héros, pour ses tableaux de chasse. Leur mère, cette femme qui en l’absence de son mari, doit assurer le bon fonctionnement de la ferme, leur donne une éducation rustre et sans concession. Alors, quand leur père succombe sous les coups de l’ours le plus redoutable de la contrée, elles se retrouvent en perte de repères. Leur mère sombre dans la folie jusqu’à en mourir. C’est là qu’un choix déterminant va orienter la vie des filles, loin de la société, au coeur de la forêt, là où leur père élisait domicile quand il partait chasser. Sauvageonnes, elles vont s’exercer à vivre de ce que Dame Nature est en mesure de leur offrir, pour le meilleur comme pour le pire.
Cette histoire c’est un conte des temps modernes, un récit inventé de toutes pièces par une écrivaine dont je découvre le talent. Si vous avez envie de vous déconnecter de votre réalité, je crois bien que ce livre est pour vous.
Il y a des passages avec des descriptions tout à fait exaltantes du rapport du corps à l’eau quand il s’immerge. Vous allez frissonner, de froid, à moins que ça ne soit d’ivresse.
Et puis, dans ce roman, il y a la sororité déclinée à l’échelle d’une fratrie de sept filles, sept êtres dont les comportements sont dictés par l’instinct de survie, sept individus aux réflexes primitifs de se défendre, se nourrir, se réchauffer, s’abriter.
Mais plus que tout, dans ce roman, ce qui m’a captivée ce sont les aspirations de deux d’entre elles, l’une, Simone, pour la spiritualité l’autre, Elga, pour la littérature. Il y a quelque chose de transcendant, de l’ordre du dépassement de soi, c’est absolument fascinant.
Ce roman, un pavé, en lice pour le Prix des Lectrices Elle, est tout à fait original, une lecture qui relève de l’expérience.
Bravo à Anna GIBSON pour la qualité de la traduction.
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