Simone VEIL s’est éteinte le 30 juin 2017.
Certains la disait effrontée, Sarah BRIAND la qualifie ainsi : « Éternelle rebelle ». C’est le titre d’une fascinante biographie, celle d’une grande Dame qui a tant agit en faveur des droits des femmes. Sa voix nous manque tellement aujourd’hui. C’est ma #Vendredilecture.
Tout commence avec l'extrait du discours de réception de Simone VEIL à l'Académie Française prononcé par Jean d'Ormesson, nous sommes en 2010, mais ce moment de consécration ne saurait cacher son passé douloureux dont elle s'est attachée à assurer la mémoire. Le numéro 78651 figure sur son bras à l'encre bleue, il fut longtemps sa seule identité. Déportée alors qu'elle n'avait que 16 ans, Simone VEIL a survécu à la Shoah.
Le 22 décembre 2004, par un froid glacial, elle retrouve le camp d'Auschwitz Birkenau, elle est accompagnée de ses enfants et petits-enfants, un moment d'une très grande intensité.
Simone a toujours été rebelle, c'est peut être ce qui lui a permis de survivre à l'indicible et à mener une existence toute entière dédiée à la défense de causes d'intérêt général.
Elève brillante, Simone va suivre les conseils de sa mère :
Faire des études pour pouvoir travailler et être indépendante financièrement. P. 61
Elle ne sait pas encore que l'homme qu'elle épouse en 1946 s'opposera à sa volonté, mais c'est son compter sur la personnalité de Simone, rebelle, elle l'est, y compris dans son propre foyer.
En 1957, elle entre au Ministère de la Justice, elle est magistrate. Elle travaille à la direction de l'Administration pénitentiaire, elle doit inspecter les prisons françaises. Son indignation devant l'état des geôles va la pousser à faire valoir les droits des prisonniers notamment en matière de santé. C'est d'ailleurs pour ce ministère qu'en 1974 le tout nouveau Premier Ministre Jacques Chirac la nommera.
Sa carrière politique ne fera que commencer, elle sera sur le devant de la scène le 26 novembre de la même année pour prononcer son discours en faveur de la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, l'un des engagements de campagne pris par le Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing.
Sarah BRIAND focalise sur le côté profondément humain de cette femme qui avait un charisme à toute épreuve. Simone était une épouse, elle fut également une mère, une grand-mère et même une arrière-grand-mère. J'ai adoré les passages sur sa tribu et notamment l'imaginer préparer le déjeuner du samedi, devenu un rituel.
Cette femme n'a pas été épargnée par les épreuves de la vie, il y a eu des décès d'êtres chers. Depuis le tout dernier, celui de son mari, elle ne sortait plus pour des événements publics.
Sarah BRIAND a su montrer une femme "ordinaire" avec ses forces, elle en avait beaucoup, et ses faiblesses.
J'ai adoré les passages sur sa complicité avec Marceline LORIDAN et Paul SCHAFFER, ses deux amis connus en déportation avec lesquels elle entretiendra une relation incommensurable.
C'est un portrait pluriel que nous brosse Sarah BRIAND :
L'adolescente qui aimait lire, la jeune déportée qui n'a cessé de lutter, l'épouse, la mère, la grand mère, l'amie, la ministre, la présidente du Parlement européen, la discrète, la combattante, la passionnée, l'éternelle rebelle, est accueillie sous la Coupole. P. 167
Elle évoquait bien sûr celle de l'Académie française.
Une autre coupole l’accueille désormais, elle et son mari, Antoine, celle du Panthéon, une consécration pour une femme EXTRA-ordinaire.
Magnifique biographie, à lire, et relire, sans «modération.
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