Ce roman fait partie des « lectures imposées » du Book club. Après
« Perspective(s) » de Laurent BINET
« Humus » de Gaspard KOENIG (lu un peu avant la sélection)
« Le grand secours » de Thomas B. REVERDY
place à Plexiglas d’Antoine PHILIAS aux éditions Asphalte.
Nous voilà arrivés à Cholet avec Elliot, un jeune homme de retour de Rennes. Ses dernières années ont été partagées entre beuveries et petits jobs. Il se rapproche de sa soeur jumelle, Raf, qui habite à La Séguinière. Elle est coiffeuse à domicile et vit avec Jonas depuis une dizaine d’années. Lui travaille chez Leroy Merlin. Leurs parents sont séparés. De passage au Balto, le bar tabac de la galerie commerciale, il rencontre Lulu, la soixantaine, caissière chez Carrefour. Elle vit seule. Elle est syndiquée et fit partie du mouvement des gilets jaunes. Son fils est parti étudier à Paris. Au fil des rencontres dans ce lieu si ordinaire, une relation va se tisser entre lui et elle. On pourrait dire qu’ils sont différents, ils ont finalement tant en commun.
Ce roman social s’échelonne sur une année, du 1er janvier 2020 au 31 décembre suivant. Vous l’aurez compris, Plexiglas fait référence au système de protection mis en place pour se protéger de la prolifération du Covid19. Avec son second roman, Antoine PHILIAS met sous les projecteurs les métiers dits essentiels, ceux qui ne s’arrêteront pas de travailler pendant le confinement, ceux qui besogneront pendant que les autres profiteront de 2 mois de vacances, au soleil, tous frais payés.
Certains ne changeraient pourtant pour rien au monde…
Mais tout l'or du monde ne le ferait pas abandonner son équipe. Encore moins maintenant, avec tout ce qu'ils traversent ensemble. Une aventure humaine qui ne peut exister dans les hautes sphères, Charles les a suffisamment fréquentées pour le savoir. Il se trouve exactement là où il doit se trouver. P. 101
Ce roman, c’est celui des emplois « au service de » qui exigent disponibilité et bienveillance mais qui ne sont pas suffisrémunérés, cantonnant toute une classe sociale dans un microcosme, une sphère de la société avec ses codes, sa langue, ses horaires… obligeant les uns et les autres à se marier ensemble pour faire des enfants qui eux, peut-être comme Hugo, le fils de Lulu, feront barrage au déterminisme social, sans oublier pour autant leurs origines.
Podcast sur les oreilles, assis trop près d'un passager à la toux inquiétante, Hugo se dira, quand même, ça fait toujours du bien ces mini-retours au bercail [...]. P. 138
Ce roman dresse le portrait d’une société de consommation. L’auteur nous fait des listes infinies de marques qui composent notre environnement du XXIÈME siècle. A travers eux, c’est tout le système économique qu’il dénonce.
Il évoque aussi le numérique qui envahit la vie des gens, les conditions d’accueil en EHPAD…
Tout est fait pour créer l’illusion mais quand on gratte le vernis, la réalité est loin d’être belle.
Ce roman m’a beaucoup rappelé la BD d’Antoine DAVODEAU, « Les mauvaises gens » qui se passent aussi dans Les Mauges. Les personnages sont attachants, tellement humains.
Antoine PHILIAS nous livre une satire de notre société qui fait grincer les dents. Le style de son écriture, vif et acéré, rend le propos cinglant.
[...] survivre d'abord, sortir du merdier ensuite. P. 149
C’est sombre, c’est étouffant. De là à dire qu’il soit militant, il n’y a qu’un pas. On referme le livre avec une cruelle envie de descendre dans la rue et crier !
Le travail d’Elizabeth GASKELL a été honorée au XXIème siècle pour « ses descriptions industrielles inédites » d’un Manchester disparu (XIXème). Souhaitons les deux, que le travail d’Antoine PHILIAS soit apprécié comme celui d’un témoin d’une période dictée par les canons de l’économie capitaliste et que ce système disparaisse !
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