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Articles avec #rl2023_janvier catégorie

2024-03-22T07:00:00+01:00

Résistance 2050 d’Amanda STHERS et Aurélie JEAN

Publié par Tlivres
Résistance 2050 d’Amanda STHERS et Aurélie JEAN

Éditions de L’Observatoire

 

Si après un regard dans le rétroviseur avec « Oma » d’Ariel MAGNUS et « Bakhita » de Véronique OLMI, on portait les yeux droit devant… place aujourd’hui au roman d’Amanda  STHERS et Aurélie JEAN : « Résistance 2050 ». 

 

Imaginons la France coupée en 2 bastions, ceux qui ont fait confiance à la science et ont accepté de se faire poser une puce au niveau du cerveau. Ce petit corps étranger technologique, dont les inventeurs viennent de se voir honorés du Prix Nobel de médecine, les met à l’abri de tout risque sanitaire et leur assure  une vie paisible et harmonieuse, plus d’émotions ni de croyances en de quelconques religions… mais les expose, à qui veut l’entendre, à tout dysfonctionnement, voire piratage, informatique. Face à eux, le clan de ceux qui souhaitent conserver leur liberté de pensée et d’expression, en minorité, plutôt implantés en Bretagne et dans la région de Marseille. A leur tête, deux femmes qui, le temps d’une nuit, vont vivre une folle histoire d’amour. 

 

Tout va très vite aujourd’hui. L’intelligence artificielle se démocratise et s’invite dans nos vies personnelles. L’Homme continue d’afficher son impuissance devant la maladie d’Alzheimer et ses fragilités devant le vieillissement de la population. Pourquoi succomber au charme des progrès technologiques ou résister ? 

 

Le duo d’écrivaines nous propose d’entrer par la petite porte des moyens technologiques pour aborder bien plus largement le dessein politique. A quel projet souhaitons-nous adhérer, celui d’un régime totalitaire ou d’une démocratie ? 

 

Le propos est haletant, le livre un véritable page-turner.

 

Comme sa première de couverture et son format ne le laissent pas supposer, il est publié par les éditions de L’Observatoire que je remercie pour cette lecture tout à fait diabolique. N’avons-nous pas en réalité le choix entre la peste et le choléra ?

 

Roman d’anticipation, dystopie, ce roman à quatre mains est absolument remarquable. Tout y est, l’ancrage dans notre vie quotidienne et la projection à quelques décennies. Les personnages sont attachants, les scénarios tellement glaçants. Chapeau Mesdames !

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2023-04-28T06:00:00+02:00

Le Roitelet de Jean-François BEAUCHEMIN

Publié par Tlivres
Le Roitelet de Jean-François BEAUCHEMIN

Editions Québec Amérique

Nouvelle référence du Book club, "Le Roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN. Nous avons l'immense chance d'avoir une représentation de Vleel dans notre équipe, alors, de là à nous faire adorer la littérature quebécoise, vous comprendrez qu'il n'y a qu'un pas !

Le narrateur, un écrivain, vit à la campagne avec sa femme, Livia, son chien, Pablo, son chat, Lennon. Et puis, il y a son frère, schizophrène, dont il partage les tribulations, pour le meilleur comme pour le pire.
Au fil de 63 chapitres d'une, deux ou trois pages, Jean-François BEAUCHEMIN égrenne le quotidien d'un aidant, entendez par là une personne qui partage le quotidien d'une autre, l'accompagne dans sa vie, lui porte assistance, un travail à temps plein quoi !

Le propos, bien qu'empreint de lucidité et de transparence sur les évènements, est profondément lumineux.
Des exemples, j'en aurais mille. Mais je vais retenir cette merveilleuse image, le roitelet, pour décrire son frère :


A ce moment, je me suis dit pour la première fois qu'il ressemblait avec ses cheveux courts aux vifs reflets mordorés, à ce petit oiseau délicat, le roitelet, dont le dessus de la tête est éclaboussé d'une tâche jaune. Oui, c'est ça : mon frère devenait peu à peu un roitelet, un oiseau fragile dont l'or et la lumière de l'esprit s'échappaient par le haut de la tête.

Le "je" employé dans la narration vient renforcer la proximité établie tout au long du roman avec les personnages. J'ai eu l'impression, le temps de cette lecture, de vivre au milieu d'eux, dans leur maison et puis dehors.

Les descriptions de la nature sont prodigieuses. Elles sont autant d'invitation à s'y ressourcer pour s'apaiser.
Et puis, il y a la poésie qui teinte les mots. Jean-François BEAUCHEMIN use d'une plume tendre et délicate pour explorer les tréfonds de l'âme, là, chahutée par la maladie mentale.


Pendant quatre ou cinq secondes, j’ai senti s’emballer le sismographe de mon coeur et décrire l’affolant tracé d’un tremblement de terre. P. 111

Il y a encore ce rapport à l'Autre dans ce qu'il a de plus beau, de plus riche, de plus grand à nous offrir. Il questionne tout au long de ce 23ème roman notre place au monde.


Il me semblait que ma vie s’éclairait, que la naissance à laquelle j’avais participé de si près m’aidait à prendre ma mesure, à établir un ordre de grandeur quant à la place que je me préparais à occuper dans le monde. P. 10

J'ai été profondément émue par l'absence de jugement du narrateur sur les comportements de son frère, s'émancipant de fait des conséquences. Leur complicité est absolument fabuleuse. Tous deux sont profondément attachants dans ce qu'ils expriment. Et quelle plus belle preuve d'amour ?


S’il me faut absolument être un autre que moi-même, annonça-t-il, c’est à toi que je veux ressembler. P. 106

Le roman de Jean-François BEAUCHEMIN va vous serrer le coeur, j'en suis sûre.

Retrouvez toutes mes références du Book club :

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le dise" de Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

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2023-04-18T17:51:06+02:00

Fuir l'Eden d'Olivier DORCHAMPS

Publié par Tlivres
Fuir l'Eden d'Olivier DORCHAMPS

Editions Pocket

Ce roman, c'est d'abord une rencontre organisée dans le cadre du Prix du Roman Cezam 2023 avec une soirée passée à la Bibliothèque Nelson Mandela d'Angers, un très beau moment comme peut les offrir la littérature.

Olivier DORCHAMPS, j'avais fait connaissance avec sa plume grâce aux 68 Premières fois, l'occasion d'un petit clin d'oeil à l'équipe. Il était alors question de son premier roman : "Ceux que je suis" aux éditions Finitude, un bijou.

J'attendais donc avec impatience de pouvoir le retrouver avec "Fuir l'Eden", déjà lauréat du Prix des Lecteurs de la Maison du Livre, du Prix Louis GUILLOUX, du Prix des Jeunes – Alain SPIESS. C'est une nouvelle fois un roman où l'humain prend toute sa place.

L’Eden, c'est le doux nom (à mourir de rire… jaune) donné à deux immeubles, une tour et une barre, classés auprès du Fonds Mondial pour les Monuments en Grande-Bretagne. L'Eden, c'est l'illustration de ce qu'a pu produire le mouvement architectural du brutalisme en termes de construction de l'après-guerre, pour le meilleur... comme pour le pire. Derrière les intentions de professionnels du bâtiment habitent des hommes et des femmes. Adam sait bien ce qu'il en est. Il aura bientôt 18 ans. Il est né dans un environnement familial violent rongé par l'alcoolisme du père et les violences conjugales. Sa mère a fui, le laissant avec Lauren, sa petite soeur, dans les griffes de l'ogre. Heureusement, leur grand-mère est venue à leur secours pour sauver ce qui pouvait l'être, leur corps et leur âme !

Ce roman, c'est d'abord un procès fait à ces constructeurs qui imaginent, sur plan, des lieux de vie qui n'ont absolument rien d'humains. Là où les hommes et les femmes aspirent à trouver un cocon, on leur offre des lieux tout justes à photographier pour des touristes avides de découvrir la trace d’un grand nom du monde de l’architecture.

La trace, elle, marque au fer rouge celles et ceux qui y habitent. Dis moi où tu vis, je te dirai qui tu es. L’Eden, qui n’a rien d’un coin de paradis, accueille des familles qui accumulent les fractures (sociales, financières…).

J'ai personnellement été profondément touchée par l'itinéraire de cette famille, une jeune femme qui donne naissance à Adam alors qu'elle n'a que 17 ans, un compagnon alcoolique, un projet immobilier qui sera la ruine du couple.


Non, personne ne lui avait jamais dévoilé que devenir une femme signifiait saigner tout sa vie. P. 65

Le personnage d'Adam est profondément émouvant. Il donne à voir ce que l’humain peut trouver de ressources pour se sortir d’une situation de crise. Il s’est fait protecteur de sa sœur jusqu'à lui imaginer une histoire... un conte de fée.


Claire a raison, certains moments méritent de ne pas finir noyés au milieu de centaine de photos. Ils nous appartiennent et se fondent doucement dans nos mémoires. Et il suffit de fermer les yeux pour les revisiter. P. 204

Cette maturité précoce, la charge mentale qui a pesé sur ses épaules, sont autant de cailloux dans sa chaussure le rendant un jour incapable de marcher.

Et puis, il y a cette formidable histoire avec une femme âgée, une professeure d'université, non-voyante, qui demande qu'on lui lise des livres à domicile.


Les livres permettent de mieux vivre et la vie, de mieux lire. C’est une question d’équilibre. P. 178

Je ne vous en dirai pas plus, juste que des bouffées d’air comme celle-ci, Olivier DORCHAMPS vous en réserve quelques unes.

Enfin, ce roman ne serait pas ce qu’il est sans une pointe de suspense. Autour d’une histoire d’amour impossible tourne en boucle un jeune homme assoiffé de liberté !

A la question des bibliothécaire d’une qualité qu’il pourrait revendiquer, Olivier DORCHAMPS répond : « l’altruisme ». Loin de lui l’idée de se targuer d’un trait de caractère que l’on ne retrouverait pas dans sa prose. Laissez-vous porter par sa sensibilité hors pair. Si l’homme aime à concourir à la mémoire d’une société bien mal en point, il croit aussi profondément en l’avenir de l’humanité. Dans un ciel fait de grisaille, lui sait faire la place à des rayons de soleil et dessiner des arcs-en-ciel !

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2023-04-14T06:00:00+02:00

Le muguet rouge de Christian BOBIN

Publié par Tlivres
Le muguet rouge de Christian BOBIN

Cette année, je m’en vais à la découverte de la poésie.

 

Il y a la #poesiedulundi pour partager des textes d’hommes et de femmes, d’hier et d’aujourd’hui, qui m’ont touchés. 

 

Et puis, il y a des recueils tout entier, à l’image de « Je serai le feu » de Diglée et « Requiem » d’Anna AKHMATOVA.

 

Place aujourd'hui au dernier qui sera publié de Christian BOBIN, le poète s’en est allé sur la pointe des pieds, « Le muguet rouge » aux Editions Gallimard est une nouveauté des Bibliothèques Municipales d'Angers.

 

Peut-être l’homme commençait-il à converser avec la grande faucheuse… la mort est le fil d’Ariane de ce recueil comme l’évoque son titre. Saviez-vous que les baies rouges du muguet apparaissant tardivement dans la saison sont un terrible poison ?

 

Christian BOBIN y évoque la mort de sa mère, de son père, de son frère, des hommes, tous.

 

Il y a celle qui est le fait d’autres hommes, et là, pas moyen de se cacher derrière son petit doigt pour celles et ceux qui y ont contribué. A chacun ses responsabilités. 


Hitler n’était personne. Il était juste la totalité des gens qui le suivaient. P. 64

Et puis il y a la mort qu’entraînent les nouvelles technologies, celles qui déshumanisent l’homme, lui font perdre son coeur et son âme.


Un nouvel homme arrive à qui on a volé son coeur. Quand il lève la tête, il ne voit plus de ciel au-dessus. Il est né dans l’avenir. P. 57

Plutôt que s’informer des actualités dans le monde, Christian BOBIN dit volontiers préférer la compagnie de Blaise PASCAL, NERVAL, Alexandre GROTHENDIECK, se remémorer la passion amoureuse pourtant éphémère de Franz KAFKA et Dora DIAMANT.

 

Christian BOBIN parle à être cher qui le soutient sur le chemin.


Ta main gauche sur mon épaule droite en descendant un escalier : quel est ce poids qui m’allège tellement ? P. 41

Ce recueil, c’est un coffre à trésors, les pépites y sont d’une seule phrase ou de plusieurs, chaque fois, elles me crèvent le coeur.

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2023-04-11T06:59:58+02:00

Massif d’Alain GIORGETTI

Publié par Tlivres
Massif d’Alain GIORGETTI

 

Alma éditeur

 

D’Alain GIORGETTI, j’avais lu son premier roman, « La nuit nous serons semblables à nous-mêmes », un coup de ❤️

 

Il nous revient avec « Massif », une lecture coup de poing.

 

Nicolas est divorcé. Sa vie est en lambeaux. Il décide d’aller se ressourcer en forêt. Il flâne et longe une clôture. À son extrémité, presque naturellement, il escalade le rocher qui lui permet d’accéder à un autre espace. Il ne sait pas encore qu’il s’agit d’une propriété privée très bien gardée par une chienne qui ne va pas hésiter à lui planter ses crocs dans le bras. Derrière Lana, une femme, Hélène. Il est subjugué par sa beauté et foudroyé par la passion amoureuse. Une nouvelle page de sa vie reste à écrire, pour le meilleur, à moins que ça ne soit pour le pire !

 

Ce roman commence avec une scène de chaos, je vous en livrerai prochainement les premières lignes, elles sont tout à fait saisissantes. À partir de là, tout peut arriver. Vous naviguez à vue. Ce roman est un thriller psychologique parfaitement réussi.

 

Comme j’ai aimé ces passages où Alain GIORGETTI sublime la nature. Il nous livre des pages éminemment sensorielles. J’ai humé les parfums, j’ai frissonné de l’humidité des sous-bois, j’ai écouté les chants des oiseaux, j’ai vibré quoi !

 

Il y a aussi des pages d’une profonde beauté pour décrire le sentiment amoureux et l’amour, quelle merveille !


Je crois que le baiser, l’art du baiser est à placer au sommet de la pyramide des gestes amoureux. Comme premier abord, comme première ouverture, comme premier voyage dans le corps de l’autre, ce que j’ai ressenti à cet instant précis s’est renouvelé chaque fois. Supérieurement. Délicieusement. Miraculeusement chaque fois entre ses bras. P. 57-58

Et puis, il y a le rapport à l’art. J’ai été fascinée par la révélation, dans la création, d’une autre dimension de la personnalité que celle de la vie quotidienne, que celle dévoilée aux proches, un peu comme si un être nouveau émergeait, une forme de (re)naissance.


C’est beau, Nicolas, avait dit Sarah lors de ma première exposition quelques années auparavant. C’est toujours beau ce que tu fais, un peu trop beau, même. Mais tu n’y es pas, Nicolas ! Je ne sais pas comment dire. Ce n’est pas complètement toi. P. 53

Mais ce livre ne serait rien sans la tragédie qui traverse l’ensemble du roman. Là je ne vous dirai rien 🤐

 

La plume d'Alain GIORGETTI est ciselée, les personnages puissants, l'histoire glaçante.

 

Lisez « Massif » et on en reparle !

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2023-03-25T15:40:13+01:00

Le Grand Saut de Thibault BERARD

Publié par Tlivres
Le Grand Saut de Thibault BERARD

Vous le savez, je ne lis plus les quatrièmes de couverture des livres.

Je leur préfère de beaucoup les premières lignes, à l'image de celles du dernier roman de Thibault BERARD, "Le Grand Saut" publié aux Editions de L’Observatoire.

Léonard, un vieux monsieur tombe dans sa cuisine, il meurt. Son avatar vient le visiter et lui rappelle tous les moments de sa vie, les bons, les plus difficiles. Enfant, il a toujours voulu être poète. Après des études littéraires, il a rencontré Lize dont il est tombé fou amoureux. Et puis, il y a eu la vie de couple rongée par les contraintes quotidiennes. Dans une autre maison, se produit un autre drame. La petite Zoé vit actuellement avec son Papa. Sa Maman est hospitalisée, la fillette ne peut aller la voir. Mais pourquoi est-elle dans cet état insupportable ? Que lui est-il arrivé ? Puisque son père ne lui délivre aucun indice, Zoé va lancer elle-même son enquête. Elle pourrait bien découvrir un secret pas si bien gardé !

 

Quel plaisir de retrouver la plume de Thibault BERARD, ses mots sont d’une éblouissante tendresse, les phrases délicates et le propos fantaisiste. L’écrivain nous livre un nouveau roman intimiste construit autour de deux huis-clos et des destins qui pourraient finir par se croiser sous le jeu de l’écriture. 

J'ai fondu d'émotion devant le personnage de la petite Zoé, une enfant profondément perspicace, sensible, pleine d'énergie et d'ingéniosité.

Et puis, il y a ce secret si bien gardé que je ne vous en dirai rien bien sûr.

Maintenant, vous avez compris, à vous de jouer !

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2023-03-17T21:54:33+01:00

Petit traité du racisme en Amérique de Dany LAFERRIERE

Publié par Tlivres
Petit traité du racisme en Amérique de Dany LAFERRIERE

Ma #Vendredilecture, je la dois à l'équipe de Vleel qui a eu la très belle idée de lancer son #challengedelhiver.

J'avoue avoir un peu cherché un auteur québécois, et en fait, il est venu à moi, enfin pas seulement à moi... Dany LAFERRIERE est venu à Angers dans le cadre des Entretiens littéraires de la Collégiale Saint-Martin il y a quelques semaines. J'ai eu l'immense chance d'écouter l'Académicien et l'honneur d'échanger quelques mots avec lui au moment de la dédicace de son "Petit traité du racisme en Amérique" publié chez Grasset.

A bien y réfléchir, les deux auteurs rencontrés ce jour-là ont un point commun, leur lutte contre la banalisation de faits de violence. L'un titre son roman "Ceci n'est pas un fait divers" pour aborder un féminicide, vous avez reconnu Philippe BESSON bien sûr, l'autre choisit un registre hybride pour dénoncer les violences faites aux Noirs aux Etats-Unis.

Dany LAFERRIERE traite d'un sujet grave, l'atteinte portée à des hommes et des femmes, à la vie à la mort.

Le livre est composé d'un florilège de textes pouvant aller de quelques lignes à quelques pages dans lesquels l'écrivain égrène des faits, des émotions, des sentiments, il nous fait vibrer, quoi !

J'aime tout particulièrement celui qui évoque "L'honneur"


On ne saura jamais ce qui se passe
dans le coeur de la mère
d'un adolescent noir
tué par un policier blanc
qui a voulu faire croire qu'il s'agissait
d'un dangereux criminel
qui l'avait menacé.
Ce n'est pas assez d'avoir pris sa vie
il voulait aussi son honneur. P. 53

Il est question d'honneur encore quand Dany LAFERRIERE dresse le portrait d'hommes et de femmes, noirs, brillants, il leur rend hommage avec toute la noblesse dont sa plume est capable.

J'aime tout particulièrement le passage sur Miles DAVIS...


Il est vexé que des imbéciles, simplement parce qu'ils sont blancs, osent le regarder de haut. [...] Il prend sa revanche dans la musique en planant si haut qu'ils ne peuvent l'atteindre. P. 148

Il y a James VAN DER ZEE aussi, grand photographe américain, et puis, Harriet BEECHER STOWE, pour ne citer qu'eux.

Ce livre, vous pourrez le laisser sur votre table de salon.

Vous pourrez vous en saisir quand vous aurez quelques minutes, il vous donnera à méditer des heures.

Votre famille, vos amis, pourront l'ouvrir, s'en nourrir, il est à partager sans modération pour qu'un jour nous puissions dire : plus jamais ça ! Il fait partie de ces essentiels, ces repères qui nous rappellent, s'il en était nécessaire, que nous faisons tous partie de  l'Humanité. 

Petit traité du racisme en Amérique de Dany LAFERRIERE

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2023-03-14T07:00:00+01:00

Le Grand Saut de Thibault BERARD

Publié par Tlivres
Le Grand Saut de Thibault BERARD

Editions de L’Observatoire

 

Thibault BERARD, je l’ai découvert avec les 68 Premières fois avec son premier roman "Il est juste que les forts soient frappés", un titre qui bat tous les records en version hashtag. Cette autofiction m’a fait vivre un ascenseur émotionnel, un énorme coup de ❤️

 

Et puis il y a eu "Les enfants véritables", un nouveau coup de ❤️ pour un roman différent, toujours inspiré pour partie de sa vie personnelle mais dans un parfait équilibre avec des personnages créés de toutes pièces par un écrivain de talent.

 

Là, avec « Le Grand Saut », 3ème roman publié aux éditions de L’Observatoire que je remercie pour le joli cadeau, le romancier laisse libre cours à son imagination, c’est un bijou.

 

Léonard, un vieux monsieur tombe dans sa cuisine, il meurt. Son avatar vient le visiter et lui rappelle tous les moments de sa vie, les bons, les plus difficiles. Enfant, il a toujours voulu être poète. Après des études littéraires, il a rencontré Lize dont il est tombé fou amoureux. Et puis, il y a eu la vie de couple rongée par les contraintes quotidiennes. Dans une autre maison, se produit un autre drame. La petite Zoé vit actuellement avec son Papa. Sa Maman est hospitalisée, la fillette ne peut aller la voir. Mais pourquoi est-elle dans cet état insupportable ? Que lui est-il arrivé ? Puisque son père ne lui délivre aucun indice, Zoé va lancer elle-même son enquête. Elle pourrait bien découvrir un secret pas si bien gardé !

 

Quel plaisir de retrouver la plume de Thibault BERARD, ses mots sont d’une éblouissante tendresse, les phrases délicates et le propos fantaisiste. L’écrivain nous livre un nouveau roman intimiste construit autour de deux huis-clos et des destins qui pourraient finir par se croiser sous le jeu de l’écriture. 

 

Le titre m’a interpellée. J’ai ainsi cherché dans le dictionnaire la signification de l’expression « Faire le grand saut ».

 

Il y a le sens propre. Ça veut dire mourir. Mais ne craignez rien, avec Thibault BERARD, la mort prend une dimension d'un nouveau genre, un brin fantasque. Quelle formidable idée que cet avatar ! 

 

Et puis il y a le sens figuré ! « Faire le grand saut », ça veut dire aussi faire un changement important, réaliser quelque chose longtemps hésité. Je dois dire que j'ai aimé l’instant de rupture de ce roman, le moment où le vernis craquelle pour laisser place à l’authenticité de l’oeuvre. Impossible de vous en dire plus sans spolier l’histoire. Et je m’en voudrais de rompre avec l’ambiance mystérieuse entre rêves et réalité, chimères et raison, savamment nourrie par l’auteur.

 

Je voudrais juste vous dire que la petite Zoé m’a profondément émue et sa mère bouleversée.


En fait, elle a envie de faire exactement le contraire de s’aérer : elle veut s’enfouir comme une taupe dans les vieux souvenirs, en respirer la poussière douce et chaude à s’en brûler les poumons. Elle veut rentrer sous la terre de sa mère et s’y blottir. P. 73

 

Le sens figuré va bien aussi avec la démarche de Thibault BERARD, qui trouve dans l’imagination le loisir de se développer, tout en beauté.

 

Je voudrais aussi saluer la qualité de la première de couverture, un bon moyen d’illustrer #marsaufeminin. La photographie de Fabrice DURAND représente des garçons sur un plongeoir de bord de mer et une fille, en plein saut. Quelle plus belle invitation à se réaliser !

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2023-02-17T07:00:00+01:00

Ceci n’est pas un fait divers de Philippe BESSON

Publié par Tlivres
Ceci n’est pas un fait divers de Philippe BESSON

Editions Julliard

« Ceci n’est pas un fait divers », c’est d’abord une rencontre avec l’auteur aux entretiens littéraires de la Collégiale Saint-Martin, un très beau moment, tout en simplicité, profondément émouvant notamment avec la diffusion de la bande annonce du film qui sortira au cinéma le 22 février prochain, « Arrête tes mensonges ».

Ce nouveau roman, c’est une lecture coup de poing, une tragédie, qui aurait pu être évitée, prise en pleine figure.

Cécile Morand, c’est un peu l’enfant de Blanquefort, une commune de Gironde. Elle est née dans les années 1970. Ses parents étaient buralistes. Quand sa mère est décédée prématurément d’un cancer foudroyant, c’est Cécile, âgée alors de 18 ans, qui lui a succédé. Et puis, il y a eu cette rencontre avec Franck à l’entrée d’une discothèque, la soirée passée ensemble, une nuit d’amour, une grossesse. Ils ont emménagé ensemble. Ils ont eu un garçon, de 19 ans aujourd’hui, entré à l’Opéra de Paris. Il a quitté le foyer depuis 5 ans pour réaliser son rêve. Et puis, ils ont eu une fille, Léa, 13 ans. Seule Léa est témoin des disputes familiales, jusqu’au jour où, Léa appelle son frère : « Papa vient de tuer Maman ».

Si Philippe BESSON dit volontiers en riant que le roman lui permet de tuer des hommes et des femmes quand il le veut, il ne s’agit là que d’histoires contées et nous savons, celles et ceux qui le lisons, qu’il a cette capacité à construire des personnages aux trajectoires particulièrement chahutées.

Mais là, trêve de sourire. L’affaire est grave. Philippe BESSON s’inspire d’une histoire vraie qui lui a été rapportée par un jeune homme rencontré lors d’une dédicace et qui, après plusieurs mois, lui a délivré cette même phrase.

Ce qui m’a particulièrement fasciné dans ce roman, c’est l’angle d’attaque de Philippe BESSON. Il dédie son roman tout entier à l'exploration de la vie après l'instant de rupture, ce moment qui rend les êtres vulnérables, fragiles, sans repère. 


Quand je raconte, on pourrait croire que cet enchaînement d’émotions a duré longtemps. Mais non, à peine une poignée de secondes. C’est extraordinaire, tous les états qu’on peut traverser en une poignée de secondes. P. 15

C'est aussi le regard porté par un jeune homme de 19 ans, projeté en une fraction seconde, dans la vie d'un adulte qui va non seulement devoir s'assumer, mais aussi assumer la responsabilité de sa soeur cadette. Le cheminement est vertigineux.


Depuis, j’ai appris qu’il faut plonger dans les profondeurs pour comprendre ce qui se passe à la surface. P. 63

Et puis, il y a Léa, l'adolescente qui a tout vécu, qui a tout vu, jusqu'aux derniers instants de la vie de sa Maman.

Alors, non, Philippe BESSON n'écrit pas des romans pour porter un propos militant, il le dit haut et fort. Lui, il raconte des histoires, mais libre aux lecteurs d'en lire ce qu'ils souhaitent. Pour moi, le roman endosse ce costume dès lors qu'il dénonce les rouages de la justice française, aujourd'hui. Un père condamné pour l'assassinat de sa femme peut-il encore exercer l'autorité parentale sur ses enfants ? Et ce n'est pas tout, mais là, je vous laisse le découvrir.

Ce roman, j'irai plus loin, c'est un acte politique fort. Il suffit d'en lire le titre : "Ceci n'est pas un fait divers". Non, jamais un féminicide ne sera (ne devrait être) un fait divers. Au 7 février 2023, ce sont 12 femmes qui ont perdu la vie en France. Jamais, non jamais, je ne me résignerai à un chiffre parce que dernier chacun, c'est une vie de trop qui a été volée et puis, parce que parfois, souvent, il y a des enfants qui porteront le lourd fardeau de cette tragédie, et la transmettront indéfiniment aux générations suivantes. Voilà le véritable sujet du roman de Philippe BESSON ! Ne serait-ce que pour cela, je vous invite très sincèrement à le lire.

Enfin, il y a la plume. De mon côté, j'avais déjà lu "Arrête tes mensonges ", "Les passants de Lisbonne" et "Une bonne raison de se tuer". Si vous l'aimez, vous retrouverez la sensibilité, là, comme une signature de l'auteur.

A l'invitation de Philippe BESSON, terminons en chanson avec "Dommage" de Bigflo et Oli.

v

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2023-02-03T07:00:00+01:00

Regarde le vent de Marie-Virginie DRU

Publié par Tlivres
Regarde le vent de Marie-Virginie DRU

Après la lecture #coupdepoing du roman de Frédéric COUDERC aux éditions Les Escales, "Hors d'atteinte", difficile de rebondir bien sûr.

J'ai pourtant réussi à trouver quelque chose d'intéressant...

Ma #Vendredilecture, c'est le second roman de Marie-Virginie DRU, "Regarde le vent" aux éditions Albin Michel que je remercie pour ce cadeau de rentrée littéraire.

Camille a la quarantaine. Elle est mariée avec Raphaël avec qui elle a eu deux filles, Jeanne et Louise de 12 et 14 ans. Elle est guide conférencière à Paris. Sa grand-mère, Annette, est décédée il y a trois mois. Elle a une irrépressible envie de se mettre à écrire. Comme une adolescente, elle commence à rédiger en cachette. Raphaël est un être torturé et violent. Il met la main sur ce qui apparaît comme le journal intime de sa femme, elle qui s'évertue à remonter le fil des générations passées, des histoires de femmes. Dès lors, tout peut arriver.

Ce roman, je l'ai lu avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Dès les premières pages, Marie-Virginie DRU réussit à instaurer un climat de tension à l'image d'une présence perverse qui s'insinuerait dans la vie de cette famille, telle un prédateur. Elle réussit un tour de force qui va aller en se décuplant. Je dois vous le dire, je n'en ai fait qu'une bouchée. Impossible de lâcher ce page-turner bien après minuit tellement le suspens était à son comble !

Et puis, il y a la thématique. Je suis toujours fascinée par la mémoire intergénérationnelle, ce que nous transmettent inconsciemment nos ancêtres. A la lecture de la citation de Delphine HORVILLEUR en introduction, 


"La buée des existences passées ne s'évapore pas :

elle souffle dans nos vies et nous mène là où nous ne pensions jamais aller."


j'ai plongé !

Marie-Virginie DRU brosse aussi des portraits de femmes fortes, des résistantes, des femmes marquées par des histoires douloureuses, voire dramatiques, de maternité, un peu comme une malédiction qui se transmettrait de mère en fille. 


Sa maman lui a toujours dit qu’une fois mère, on n’était plus jamais tranquille. P. 164 Camille

Enfin, il y a l'objet de toutes les convoitises, le livre familial. Associé aux articles 311 et 312 du Code Pénal qui dit :

"Il y a abus de confiance quand une personne s'approprie un bien que lui a confié sa victime. [...]

Aucune poursuite légale ne pourra être engagée pour l'abus de confiance entre époux."

vous comprendrez que l'enjeu est de taille !

Cerise sur le gâteau : le propos de Marie-Virginie DRU est ponctué de mille et une références culturelles, un petit bijou. Il y a des chansons, des poèmes, des sculptures, etc. Autant de merveilles qui résonnent entre elles. 

Dernier point, la plume, une découverte pour moi. Elle est foisonnante. Les personnages sont de fiction mais Marie-Virginie DRU réussit formidablement bien à leur donner corps. Les descriptions et les vies trépidantes de celles qu'elle décrit sont autant d'invitations à s'identifier à elles. Pari réussi du second roman !

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2023-01-20T12:40:00+01:00

Au long des jours de Nathalie RHEIMS

Publié par Tlivres
Au long des jours de Nathalie RHEIMS

Editions Léo SCHEER


La narratrice, Nathalie RHEIMS voue une passion aux mots. Au lycée, elle aspire à des cours de théâtre. Quand son père lui lance le défi :


Si tu réussis à entrer au Conservatoire, je t'autorise à arrêter le lycée.

elle redouble d’effort. Elle se souviendra toujours de cette audition rue Blanche. Ils étaient 600, ils finiront à 17, elle en fera partie. Avec cette activité professionnelle, c'est un peu comme tisser le fil d'une nouvelle vie, plus rien ne se passera comme avant. Elle va entrer dans un nouvel univers, celui de la scène, d'une vie nocturne, de la fréquentation d'hommes et de femmes célèbres. Et puis, alors qu'elle joue un petit rôle dans "La Mante Polaire" aux côtés de la grande Maria CASARÈS dans le rôle principal, Christiane, une figurante, lui présente l'homme (secret de polichinelle, il figure sur la première de couverture, c'est Marcel MOULOUDJI) qui va bouleverser sa vie. Elle a 18 ans, lui 37 ans de plus. Dès lors commence une folle histoire d'amour.

Je ne suis pas une fan des autofictions mais je remercie les éditions Léo SCHEER de m'avoir permis de lire "Au long des jours", il se révèle être un très joli cadeau.

Je ne suis pas une fan des petits secrets des "people", mais comme je ne connaissais pas Nathalie RHEIMS avant, j'avoue, j'étais loin d'imaginer ce qui m'attendait et c'est très bien ainsi, c'est en réalité le meilleur qu'il puisse m'arriver.

Ce roman, parce que c'est un roman, je l'ai lu comme un roman.

Ce qui m'a séduit, c'est le parcours initiatique d'une jeune fille avec tout ce que cela recouvre de grisant et hasardeux. N'est-ce pas quand nous sommes jeunes que nous bravons tous les dangers ? Elle vit ses premières aventures dans beaucoup de domaines, dont le théâtre. Là, j'avoue avoir été piquée. Je me souviens très bien avoir accompagné une cousine de quelques années mon aînée qui suivait des cours de théâtre avec le rêve d'en faire carrière. Tout ce que relate Nathalie RHEIMS, je l'ai vécu, cette jeunesse éprise des mots qui n'en a que faire de la mode, des Beatles qui révolutionnent la musique, non, elle, ce qui l'émerveille, ce sont les titres des chansons des années 1950-1960.


J'avais fini par le considérer, contrairement aux idées toutes faites, comme un art majeur, parmi les plus difficiles, car il fallait, pour une chanson réussie, la conjonction miraculeuse d'un texte, d'une mélodie, la personnalité et la voix d'un interprète, le tout ramassé en un temps très court.
En moins de trois minutes, une chanson devait raconter une histoire, au même titre qu'un roman, une pièce de théâtre ou un film, et laisser, à celui qui l'écoutait, un souvenir indélébile.

Dès lors, Nathalie RHEIMS nous livre mille et une références de chansons et de poèmes. Parce que Nathalie RHEIMS est follement amoureuse d'un homme qui a vécu sa jeunesse dans les années 1930-1940, elle décrit l'effervescence artistique de l'époque, le bouillonnement intellectuel qui fait vibrer le tout Paris, les cercles très prisés du groupe Octobre,


C’était à la fois un laboratoire de l’avant-garde, un club de rencontre et un hôtel de secours pour les miséreux. p. 47

du clan Sartre. Comme j'ai aimé là aussi la voir nous citer des poèmes inoubliables de Jacques PREVERT et autres grands hommes de lettres, militants aussi.

Outre l'amour des mots, il y a l'amour porté à un homme. Nathalie RHEIMS décrit la passion amoureuse dans ce qu'elle a de plus enivrant. Cette histoire, c'est celle d'une jeune fille en fleur séduite par un homme qui accumule les conquêtes féminines. Il est marié, il va contraindre son amante à une relation clandestine. Nathalie RHEIMS va vivre cette page de sa vie entre parenthèses. Elle n'a alors personne avec qui la partager. Sa mère, son frère et sa soeur, se sont envolés du nid familial. Elle vit sous le même toit d'un père, lui aussi volage.

Ce roman, je vous en parle parce que la plume est magnifique, les phrases éminemment poétiques et d'une profonde sensibilité. 

Peu importe les origines et le statut social de Nathalie RHEIMS et Marcel MOULOUDJI, au fond. Non, peu importe puisqu'il s'agit là du talent d'écrivaine dont je veux parler. Je découvre qu'il s'agit de son 23ème livre, que de réjouissances à venir de retrouver ses mots.

Mais si vous, votre intérêt se porte sur la connaissance d'une page de la vie de célébrités. C'est votre choix, je le respecte. Commencez donc alors par écouter le chanteur fredonner "Au long des jours". Le titre du roman est aussi celui de l'une de ses chansons !

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2023-01-04T07:00:00+01:00

Les Mangeurs de nuit de Marie CHARREL

Publié par Tlivres
Les Mangeurs de nuit de Marie CHARREL

Marie CHARREL nous revient avec "Les Mangeurs de nuit" aux éditions de L'Observatoire que je remercie pour ce très beau cadeau. L'année 2023 promet d'être belle ! Nous sommes le 4 janvier, premier coup de ❤️, l'occasion d'un petit clin d'oeil à Aleksandra SOBOL.

Nous partons pour le Canada revisiter son Histoire à travers des personnages aussi attachants que mystérieux. Il y a Hannah, une femme qui vit recluse depuis une dizaine d'année dans une maison en haute montagne. Elle porte en elle les traces de sa famille meurtrie par un courant migratoire croyant en l'eldorado mais qui, en posant le pied en terre américaine, révéla à Aika Tamura la grossière erreur de croire en un mariage arrangé. Elle fit partie en 1926 de ces "picture bride", des japonaises qui, en l'absence d'avenir dans leur pays, consentirent à une union sur photographies avec un étranger. Aika n'avait que 17 ans, lui, Kuma, 45. Et puis, il y a Jack, un creekwalker, l'un des 150 hommes recrutés pour veiller sur les cours d'eau et compter les saumons de la Colombie-Britannique. Il passe sa vie avec ses deux chiens. Hannah et Jack ont tous deux été bercés par des contes pour enfants. La réalité s'est chargée de leur faire vivre un tout autre destin. 

Vous vous souvenez peut-être du premier roman de Marie CHARREL, "Les Danseurs de l'aube", un coup de ❤️, déjà.

Dans ce roman, il y a tout ce que j'aime, que dis-je, j'adore !

Il y a d'abord la grande Histoire, celle à laquelle je n'ai pas accédé sur les bancs de l'école et qui me manque tant. La littérature me permet heureusement de combler ces failles.

A l'ouest du Canada, donc, il y a eu l'installation de Japonais, des hommes, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Ils se lancent dans la pêche. Et puis, en 1907, éclatent des émeutes à leur encontre. Les Japonais perdent leurs licences professionnelles, ce n'est que le début de la déchéance de leurs droits de citoyens. C'est pourtant là que des femmes les rejoignent, notamment les "picture bride". Tous sont promis à une vie dans des camps. Ils vont devoir SURvivre.

C'est aussi dans ces années-là que des enfants amérindiens sont retirés de leurs familles pour les "éduquer".

L'écrivaine creuse le sillon de l'interculturalité, de la mixité des populations, du rapport dominants/dominés.

Dans ce roman, il y a encore l'aventure. Les parcours de vie de personnages très attachants sont chahutés, la vengeance un plat qui se mange froid. Le souffle romanesque de la plume de Marie CHARREL donne du rythme et tient le lecteur en haleine jusqu'à cette révélation... 

Et puis, dans "Les Mangeurs de nuit", la nature occupe une très grande place. Marie CHARREL nous offre de magnifiques descriptions et nous dévoile les secrets de la biodiversité.


L’avenir de la forêt dépend des saumons : « Les nutriments des arêtes s’enfoncent lentement dans le sol qu’elles fertilisent, irriguant de leurs bienfaits cèdres rouges, épicéas, pins tordus, pruches à l’ombre desquels les buissons de baies s’épanouissent au printemps, buffet des orignaux, des chèvres et des ours, attendant le retour du poisson béni. Sans le saumon, la forêt disparaît. P. 26-27

Quel plaisir de retrouver l'écriture de Marie CHARREL, elle est prodigieuse. Je ne suis d'ailleurs pas la seule à le penser. L'écrivaine fait une entrée remarquée dans la rentrée littéraire. "Les Mangeurs de nuit" font partie des dix romans de la première sélection du prestigieux Grand Prix RTL Lire – Magazine Littéraire 2023. Je lui souhaite le meilleur !

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