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2023-02-17T07:00:00+01:00

Ceci n’est pas un fait divers de Philippe BESSON

Publié par Tlivres
Ceci n’est pas un fait divers de Philippe BESSON

Editions Julliard

« Ceci n’est pas un fait divers », c’est d’abord une rencontre avec l’auteur aux entretiens littéraires de la Collégiale Saint-Martin, un très beau moment, tout en simplicité, profondément émouvant notamment avec la diffusion de la bande annonce du film qui sortira au cinéma le 22 février prochain, « Arrête tes mensonges ».

Ce nouveau roman, c’est une lecture coup de poing, une tragédie, qui aurait pu être évitée, prise en pleine figure.

Cécile Morand, c’est un peu l’enfant de Blanquefort, une commune de Gironde. Elle est née dans les années 1970. Ses parents étaient buralistes. Quand sa mère est décédée prématurément d’un cancer foudroyant, c’est Cécile, âgée alors de 18 ans, qui lui a succédé. Et puis, il y a eu cette rencontre avec Franck à l’entrée d’une discothèque, la soirée passée ensemble, une nuit d’amour, une grossesse. Ils ont emménagé ensemble. Ils ont eu un garçon, de 19 ans aujourd’hui, entré à l’Opéra de Paris. Il a quitté le foyer depuis 5 ans pour réaliser son rêve. Et puis, ils ont eu une fille, Léa, 13 ans. Seule Léa est témoin des disputes familiales, jusqu’au jour où, Léa appelle son frère : « Papa vient de tuer Maman ».

Si Philippe BESSON dit volontiers en riant que le roman lui permet de tuer des hommes et des femmes quand il le veut, il ne s’agit là que d’histoires contées et nous savons, celles et ceux qui le lisons, qu’il a cette capacité à construire des personnages aux trajectoires particulièrement chahutées.

Mais là, trêve de sourire. L’affaire est grave. Philippe BESSON s’inspire d’une histoire vraie qui lui a été rapportée par un jeune homme rencontré lors d’une dédicace et qui, après plusieurs mois, lui a délivré cette même phrase.

Ce qui m’a particulièrement fasciné dans ce roman, c’est l’angle d’attaque de Philippe BESSON. Il dédie son roman tout entier à l'exploration de la vie après l'instant de rupture, ce moment qui rend les êtres vulnérables, fragiles, sans repère. 


Quand je raconte, on pourrait croire que cet enchaînement d’émotions a duré longtemps. Mais non, à peine une poignée de secondes. C’est extraordinaire, tous les états qu’on peut traverser en une poignée de secondes. P. 15

C'est aussi le regard porté par un jeune homme de 19 ans, projeté en une fraction seconde, dans la vie d'un adulte qui va non seulement devoir s'assumer, mais aussi assumer la responsabilité de sa soeur cadette. Le cheminement est vertigineux.


Depuis, j’ai appris qu’il faut plonger dans les profondeurs pour comprendre ce qui se passe à la surface. P. 63

Et puis, il y a Léa, l'adolescente qui a tout vécu, qui a tout vu, jusqu'aux derniers instants de la vie de sa Maman.

Alors, non, Philippe BESSON n'écrit pas des romans pour porter un propos militant, il le dit haut et fort. Lui, il raconte des histoires, mais libre aux lecteurs d'en lire ce qu'ils souhaitent. Pour moi, le roman endosse ce costume dès lors qu'il dénonce les rouages de la justice française, aujourd'hui. Un père condamné pour l'assassinat de sa femme peut-il encore exercer l'autorité parentale sur ses enfants ? Et ce n'est pas tout, mais là, je vous laisse le découvrir.

Ce roman, j'irai plus loin, c'est un acte politique fort. Il suffit d'en lire le titre : "Ceci n'est pas un fait divers". Non, jamais un féminicide ne sera (ne devrait être) un fait divers. Au 7 février 2023, ce sont 12 femmes qui ont perdu la vie en France. Jamais, non jamais, je ne me résignerai à un chiffre parce que dernier chacun, c'est une vie de trop qui a été volée et puis, parce que parfois, souvent, il y a des enfants qui porteront le lourd fardeau de cette tragédie, et la transmettront indéfiniment aux générations suivantes. Voilà le véritable sujet du roman de Philippe BESSON ! Ne serait-ce que pour cela, je vous invite très sincèrement à le lire.

Enfin, il y a la plume. De mon côté, j'avais déjà lu "Arrête tes mensonges ", "Les passants de Lisbonne" et "Une bonne raison de se tuer". Si vous l'aimez, vous retrouverez la sensibilité, là, comme une signature de l'auteur.

A l'invitation de Philippe BESSON, terminons en chanson avec "Dommage" de Bigflo et Oli.

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