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Articles avec #rl2024_janvier catégorie

2024-04-02T06:00:00+02:00

Les filles du chasseur d’ours d’Anneli JORDAHL

Publié par Tlivres
Les filles du chasseur d’ours d’Anneli JORDAHL

Éditions de L’Observatoire

 

Ce roman entre sans conteste dans la catégorie du « Nature writing ». Je ne savais pas bien ce que ce genre nouveau révélait de spécificités avant d’être « Encabanée » par Gabrielle FILTEAU-CHIBA.

 

Maintenant, je sais à quel point vivre en immersion dans la nature fait vibrer tous nos sens !

 

Là, nous partons pour la Finlande à la rencontre d’une fratrie. Ce sont « Les Filles du chasseur d’ours » d’Anneli JORDAHL.

 

Les filles sont au nombre de sept. Elles vénèrent leur père, ce héros, pour ses tableaux de chasse. Leur mère, cette femme qui en l’absence de son mari, doit assurer le bon fonctionnement de la ferme, leur donne une éducation rustre et sans concession. Alors, quand leur père succombe sous les coups de l’ours le plus redoutable de la contrée, elles se retrouvent en perte de repères. Leur mère sombre dans la folie jusqu’à en mourir. C’est là qu’un choix déterminant va orienter la vie des filles, loin de la société, au coeur de la forêt, là où leur père élisait domicile quand il partait chasser.  Sauvageonnes, elles vont s’exercer à vivre de ce que Dame Nature est en mesure de leur offrir, pour le meilleur comme pour le pire.

 

Cette histoire c’est un conte des temps modernes, un récit inventé de toutes pièces par une écrivaine dont je découvre le talent. Si vous avez envie de vous déconnecter de votre réalité, je crois bien que ce livre est pour vous.

 

Il y a des passages avec des descriptions tout à fait exaltantes du rapport du corps à l’eau quand il s’immerge. Vous allez frissonner, de froid, à moins que ça ne soit d’ivresse.

 

Et puis, dans ce roman, il y a la sororité déclinée à l’échelle d’une fratrie de sept filles, sept êtres dont les comportements sont dictés par l’instinct de survie, sept individus aux réflexes primitifs de se défendre, se nourrir, se réchauffer, s’abriter.

 

Mais plus que tout, dans ce roman, ce qui m’a captivée ce sont les aspirations de deux d’entre elles, l’une, Simone, pour la spiritualité l’autre, Elga, pour la littérature.  Il y a quelque chose de transcendant, de l’ordre du dépassement de soi, c’est absolument fascinant.

 

Ce roman, un pavé, en lice pour le Prix des Lectrices Elle, est tout à fait original, une lecture qui relève de l’expérience.

 

Bravo à Anna GIBSON pour la qualité de la traduction. 

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2024-03-26T07:00:00+01:00

Tosca de Murielle SZAC

Publié par Tlivres
Tosca de Murielle SZAC

Éditions Emmanuelle COLLAS

 

Cette nouvelle lecture est une référence du Book club, un roman qui concourt à la mémoire d’un homme qui, menacé de mort, trouvait la force de chanter l’opéra de PUCCINI.

 

Tout commence avec l’arrestation de Juifs par la milice lyonnaise orchestrée par Paul TOUVIER. Chaque fois, des hommes arrivés avec une Traction Avant noire s’invitent dans des familles qui ont pour seul crime d’être Juifs. Français ou étrangers, peu importe, tous sont emmenés, manu militari, vers le peloton d’exécution.

 

Murielle SZAC est journaliste. Depuis le procès de Paul TOUVIER, elle n’a de cesse de vouloir donner un nom à ce jeune homme inconnu, parfois appelé Tosca, fusillé avec six autres hommes au petit matin du 29 juin 1944.

 

Elke nous livre un roman court, poignant, dans lequel elle nous fait partager les dernières heures d’hommes emprisonnés dans un même placard à balai et dont la vie semble peser moins lourd qu’une plume. 

 

La puissance de la plume nous prend à la gorge. A l’image de la chanson de Jean-Paul GOLDMAN, l’écrivaine pose cette question :


Comment se construit-on un destin de héros ou de traître ? P. 38

Portée par l’élan de l’opéra de PUCCINI, Murielle SZAC offre un brillant hommage à ces hommes, et tous les autres.

Quelle plus belle phrase pour résumer la beauté du geste : 


Dans l’obscurité de ce cachot étouffant et surpeuplé, Léo GLASER adresse un merci muet et fervent à tous ces héros de l’ombre. P. 100

Poignant !

Si quelques lectures sont "imposées" cette année avec le Book club, ce roman est hors cycle mais il s'impose, tout simplement.

Retrouvez les références du Book club :

"Le royaume désuni" de Jonathan COE

"Le roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN

"L'autre moitié du monde" de Laurine ROUX

"Mémoire de fille" d'Annie ERNAUX

Futur.e.s, comment le féminisme peut sauver le monde de Lauren BASTIDE

Les étoiles s'éteignent à l'aube de Vincent TURHAN

"L'heure des oiseaux" de Maud SIMONNOT

"Quand tu écouteras cette chanson" de Lola LAFON

"Ultramarins" de Mariette NAVARRO 

"Consolation" de Anne-Dauphine JULLIAND
 
"Malgré tout" de Jordi LAFEBRE
 
"Sidérations" de Richard POWERS

"Hamnet" et "I am I am I am" de Maggie O'FARRELL

 

"Les enfants sont rois de Delphine DE VIGAN
 
"Au-delà de la mer de David LYNCH

"Le messager" de Andrée CHEDID 

"L’ami" de Tiffany TAVERNIER

"Il n’est pire aveugle" de John BOYNE

"Les mouches bleues"» de Jean-Michel RIOU

"Il fallait que je vous le disede Aude MERMILLIOD, une BD

"Le roi disait que j'étais diable" et "La révolte" de Clara DUPONT-MONOD

"Un jour ce sera vide" de Hugo LINDENBERG

"Viendra le temps du feu" de Wendy DELORME

"Bakhita" de Véronique OLMI

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2024-03-15T09:46:24+01:00

Oma d'Ariel MAGNUS

Publié par Tlivres
Oma d'Ariel MAGNUS

Éditions de L’Observatoire

 

Ecrire sur la vie de sa propre grand-mère peut s’avérer hasardeux pour tout un tas de raisons. Votre propre parent pourrait vous proposer un choix qui le serait d’autant plus :


Sois tu attends que ta grand-mère meure, soit tu te débrouilles pour qu’elle ne l’apprenne pas. P. 146

Il n’en faudra pas plus pour Ariel MAGNUS pour se jeter à l’eau et il a sacrément bien fait. Il nous livre un livre exceptionnel, publié pour la première fois en 2006 en espagnol et en 2012 en allemand. Il vient tout juste de sortir en France grâce à la traduction de Margot NGUYEN BÉRAUD et aux éditions de L’Observatoire que je remercie pour ce très beau cadeau.

 

« Oma », traduisez Grand-mère, est donc un livre non seulement inspiré d’une histoire vraie  mais également de l’histoire familiale de l’auteur, Ariel MAGNUS, descendant d’immigrés juifs allemands.

 

« En guise d’avertissement », dès les premières pages, Ariel MAGNUS nous expose son dessein, non pas raconter une énième histoire de survivants de la Shoah, mais se focaliser sur ce qu’en dit sa grand-mère, ce qu’elle a à lui transmettre, à lui, et ce qu’elle acceptera qu’il communique au grand public.

 

Ce projet faisait partie d’échanges réguliers avec sa grand-mère sans jamais aboutir. C’est lorsqu’elle décida de lui rendre visite à Berlin que tout s’est concrétisé.

 

Cette lecture, je l’ai faite d’une traite, en apnée totale.

 

Bien sûr, il y a l’itinéraire de cette femme que je vous laisserai découvrir, un parcours fascinant.

 

Plus que ses années passées sous l’emprise du Führer, ce qui m’a intéressée c’est l’après, la trajectoire donnée à sa vie, parfois guidée par l’opportunité d’un jour, souvent dictée par des convictions personnelles 


Le médecin au Brésil m’avait dit que je ferais mieux de ne pas mettre d’enfant au monde. Mais moi j’ai dit : « J’en veux. » P. 87

et une immense générosité. 

 

Quelle belle âme que cette grand-mère, un sacré personnage, naturellement romanesque, qui a puisé dans sa personnalité, sa force de caractère pour avancer.


En général, elle préfère fermer les yeux sur certaines ombres du passé et se concentrer sur le côté ensoleillé de la rue. P. 136

Des faits historiques, il y en a mais le sillon creusé par Ariel MAGNUS repose bien plus sur leur interprétation, tout en nuance.

Ma grand-mère est une somme de contradictions plus ou moins inconscientes, pour la plupart en rapport avec l’Allemagne et les Allemands, qu’elle aime et déteste à la fois, sans transition. Ses enfants ont été élevés dans ce paradoxe, de même que les enfants de ses enfants. C’est compréhensible. P. 56

Ce livre est empreint d’amour. J’ai été touchée par la profonde tendresse qui anime ces deux générations et la très grande pudeur dans l’expression de leurs sentiments.

 

Le ton, teinté d’humour, fait de ce livre un petit bijou.

 

Ariel MAGNUS nous livre une formidable leçon de vie.

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2024-01-05T07:00:00+01:00

Insula de Caroline CAUGANT 

Publié par Tlivres
Insula de Caroline CAUGANT 

Éditions du Seuil

Cette rentrée littéraire de janvier 2024 nous réserve de très belles surprises. Après deux romans historiques :

"Un monde à refaire" de Claire DEYA

"Une femme debout" de Catherine BARDON

place aujourd'hui à un roman d'atmosphère, foudroyant, "Insula" de Caroline CAUGANT. C'est ma #vendredilecture.

Line est une jeune femme. Sur Paris, elle partage sa vie depuis 5 ans avec Thomas. Lui est professeur de français dans un collège, elle est hôtesse de l’air. Elle est d’astreinte à l’aéroport. Elle lui téléphone et lui annonce qu’elle est « déclenchée », elle part à la place de quelqu’un d’autre à destination du Japon. Le jour de son arrivée, un terrible séisme se produit sur Tokyo. Après quelques jours sans nouvelle, Thomas apprend que Line vient d’être retrouvée sous les décombres après 8 jours et 8 nuits. C’est une miraculée. Elle est vivante. De retour sur Paris, Line est à la fois présente et à la fois absente, c’est elle et ce n’est plus tout à fait elle. Alors commence une nouvelle page de leur vie...

Ce roman, c’est l’itinéraire d’une jeune femme victime d'une catastrophe naturelle et humaine. Elle est en phase post-traumatique. Si elle retrouve son compagnon et son appartement, les éléments de stabilité qui lui permettaient de tenir debout, avant, désormais, tout tangue autour d'elle, tout l'agresse dans son corps, dans sa chair. Cette lecture relève d’une véritable expérience sensorielle. J'ai entendu résonner dans mes oreilles l'inlassable "Tap tap tap." pour signifier sa présence, j'ai respiré le peu d'air qui était offert à Line dans sa cavité, j'ai avalé avec elle le sable qu'elle avait dans la bouche et qui asséchait sa gorge... Sous la plume de Caroline CAUGANT, le chaos dans lequel est plongée Line devient perceptible dans tout ce qu'il a de terrifiant.

Avec cet événement, tous les fantômes de sa vie d'avant resurgissent et viennent hanter ses pensées. Elle déroule le fil d'une existence marquée depuis la plus tendre enfance par un rapport au corps blessé et meurtri. Les épreuves se sont accumulées laissant chaque fois leurs empreintes. Pour les conjurer, Line avait trouvé une manière de se (re)construire.


En couvrant son corps de dessins, elle avait chaque fois la sensation de s’enraciner, d’écrire un nouveau morceau de son histoire. P. 180

Là, c'est différent. Tout est nouveau pour elle qui doit trouver le moyen de surmonter ce drame personnel pour espérer REvivre, SURvivre. Le roman prend toute sa dimension psychologique, un terrain de jeu qu'apprécie Caroline CAUGANT si j'en crois les souvenirs encore prégnants de son premier roman, "Les heures solaires" publié alors aux éditions Stock. 

Elle nous plonge dans une quête, celle d'une terre inconnue qu'elle magnifie avec des descriptions sublimes, envoutantes. C'est un lieu de fuite, c'est aussi un refuge, un lieu ressource.

Comme j'ai adhéré au principe d'un lien entre notre terre d'origine et nos existences, la nature agissant comme un déterminant. Dis moi d'où tu viens, je te dirai qui tu es. C'est absolument fascinant. 

Quant à imaginer que le titre du livre puisse faire référence, et à une portion de terre cernée par les eaux, et à une partie du cerveau de l'être humain, il n'y a qu'un pas, juste la révélation du pourquoi de la démonstration. C’est puissant.

Roman d’anticipation ? Caroline CAUGANT prend le parti de dater son roman au printemps 2024. A bien lire les médias, la terre tremble dans cette région du monde. Souhaitons que tout ce qui est écrit ne reste qu’une fiction. 

"Insula" est un roman émouvant et captivant.

Il y est question de sororité, de mémoire, de réparation au sens de Maylis DE KERANGAL dans "Réparer les vivants". C'est de la petite couture, il y est question d'humain.

Et pour sublimer le tout, l'écrivaine nous offre des parenthèses poétiques comme des respirations. Je ne résiste par à vous en partager une. C'est fin, c'est délicat, c'est plein d'espoir.


Pensée vaine
Dissoute
Annihilée

Ciel trouble
Nébuleux
Envahi par la brume

A l'horizon
Une lueur
Un phare

Publicité. Livre offert par la maison d'édition.

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2024-01-04T07:00:00+01:00

Une femme debout de Catherine BARDON

Publié par Tlivres
Une femme debout de Catherine BARDON

Et de 2... coups de ❤️ dans cette rentrée littéraire de janvier 2024. Aux côtés de la création de Cristina SAMPAIO, place au nouveau roman de Catherine BARDON, "Une femme debout", il est publié aux éditions Les Escales. Il sort aujourd'hui en librairie.

Tout commence à Marigot en Haïti. Nous sommes en 1950. Maria Carmen et André vivent dans la misère, chacun dans sa famille, alors même qu’ils ont un enfant ensemble, Petit Louis. Quand un homme étranger fait résonner sa voix dans un haut-parleur pour annoncer au village le recrutement d’hommes et de femmes pour la saison de la canne à sucre en République Dominicaine, Maria Carmen n’hésite pas longtemps. Il faut qu’ils saisissent leur chance d’une vie meilleure. Le baluchon est rapidement fait, un dernier baiser donné au bébé ensommeillé, il restera chez sa grand-mère maternelle le temps de la saison. Les contrôles passés, Maria Carmen et André montent à bord d’un camion bâché. Le couple, promis au paradis, découvrira avec horreur les baraquements destinés aux ouvriers agricoles. Leur nouvelle vie ne fait que commencer !

Catherine BARDON est une formidable conteuse. Je me souviens très bien de ce roman « Les déracinés », un livre qui m’avait transportée.

Là, nous sommes dans la même veine. L’écrivaine a ce talent de brosser des personnages de gens ordinaires. Elle leur donne vie. Le propos est émouvant et lumineux. Dans chacun d’entre eux, elle s’attache à raviver la flamme qui somnole pour en faire un grand feu. Elle met la focale sur ce qu’ils ont de plus fort et audacieux, ce qui leur permet d’affronter les événements, bref de RESISTER.

Ces parcours de vie, elle les façonne pour s’inscrire dans la grande Histoire, là celle de la République Dominicaine qu’elle connaît bien. Catherine BARDON sait allègrement mêler fiction et réalité. Elle relate ainsi les conditions dans lesquelles des haïtiens ont été leurrés par des propriétaires terriens qui les ont exploités par le travail dans les champs, un travail dur qui meurtrit les corps, puis asservis à vie en les endettant à la basse saison. Les familles se sont retrouvées emprisonnées dans un système économique reposant exclusivement sur la cannerie. C’est elle qui offre le lit et le couvert ! Nous sommes à la moitié du XXème siècle.

Vous pourriez vous dire que tout ça est terminé. Et bien non ! Cet esclavage des temps modernes n’a pas affecté une seule génération mais gangréné toutes les suivantes. Là, le propos devient militant. Catherine BARDON dénonce la situation des descendants des haïtiens rendus apatrides depuis 2013 par une décision de la cour constitutionnelle dominicaine touchant 250 000 dominicains.

Vous vous souvenez peut-être de Caroline LAURENT qui, avec « Rivage de la colère », avait révélé au monde entier le sort des habitants des îles Chagos, rendez-vous était alors donné devant la Cour de Justice Internationale de La Haye.

Avec ce roman, l’écrivaine s'inscrit dans le même objectif : mettre sa plume au service des plus faibles. Elle devient le porte voix d’une communauté dont les droits et la dignité sont bafoués. Qu'elle en soit remerciée.

Mais ce livre ne serait rien sans la biographie de Sonia PIERRE, une enfant née dans ce campement de misère, de Maria Carmen et André. Avec l’arrivée d’un missionnaire et l’apprentissage de l’espagnol, la fillette s’émancipe. Le Père Anselme l’aide à accéder au collège. A l’âge de 13 ans, elle lance une manifestation avec les ouvriers de la raffinerie.


L’injustice de leur existence, qui frôlait l’inhumanité, lui apparaissait, évidente. Elle ne voulait pas de ce monde-là. Cultivant son indignation, elle construisait brique par brique le mur de sa révolte. P. 76

A la suite des événements, elle passe une nuit en prison, mais rien ne l’arrêtera. Elle suivra des études universitaires à Cuba. Son mari la soutiendra dans sa volonté acharnée de changer le monde. On lui doit la création en 1983 du MUHDA, le mouvement des femmes dominicaines issues de l’immigration des haïtiens.


Journalistes, avocates, religieuses, elles composaient une vitrine du militantisme féminin à travers le monde. Elles étaient les multiples facettes d’un même combat, celui des opprimées, celui de celles dont la voix peinait à se faire entendre. Chacune à sa façon, dans son coin du monde, s’était dressée pour leur donner un écho. P. 238

Avec ce mouvement, Sonia PIERRE porta le cas d’enfants devant la cour interaméricaine des droits de l’homme. L’arrêt du 8 septembre 2005 rendit justice à l’acquisition de la nationalité. Mais pour combien de temps !

Catherine BARDON s’inscrit dans les pas de cette « Fanm vanyan » (en haïtien, ce terme qualifie une femme combattante, libre...), grande femme, noire, militante promise au Prix Nobel de la Paix. Décédée trop tôt, l’écrivaine lui offre aujourd'hui la voie de la postérité.

« Une femme debout » est un roman fabuleux pour un destin qui ne l’est pas moins.

Le jeu de l’écriture permet le croisement de deux époques, le passé et le présent, qui, dans les toutes dernières pages ne feront plus qu’un. C’est audacieux, c’est parfaitement orchestré.

C’est un coup de ❤️ !

Publicité. Livre offert par la maison d'édition.

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2024-01-03T07:00:00+01:00

Un monde à refaire de Claire DEYA

Publié par Tlivres
Un monde à refaire de Claire DEYA

Je vous avais prévenus, la création de Cristina SAMPAIO est déjà à l'honneur.

 

Nous sommes le 3 janvier, jour de sortie en librairie de ce premier roman de Claire DEYA, « Un monde à refaire » aux Éditions de L’Observatoire, c'est un coup de ❤️ de cette rentrée littéraire de janvier 2024.

 

C’est la fin de la seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1945 sur la Côte d’Azur. Sur les plages situées entre Hyères et Saint-Tropez, les hommes s’affairent au déminage. Certains sont militaires, des Français, d’autres sont des prisonniers, des Allemands. D’autres encore viennent du camp de Fréjus, des Italiens. A moins d’être volontaire comme Vincent au dessein, un brin mystérieux. C’est à cette période que les survivants de la Shoah sortent des camps de la mort, à l’image de Saskia qui revient seule. Toute sa famille a été exterminée. Quant à sa maison, une autre s’y est installée. Tous se côtoient. Entre eux, se créent des liens, pour le meilleur comme pour le pire.

 

Ce premier roman est absolument fascinant.

 

D’abord, il y a cette page de la grande Histoire, méconnue, cette phase de réappropriation du sol, millimètre par millimètre, au péril de la vie de ces hommes mandatés par l’Etat, le Ministère de la Reconstruction sous les ordres du Résistant, Raymond AUBRAC. Les Allemands, voulant empêcher les alliés de débarquer, avaient miné le bord de mer et la plage. Ils avaient alors rivalisé d’ingéniosité dans la création de ces bombes à retardement. Il y en avait des petites et des grandes, la plupart en métal, d’autres en bois, en béton, en verre, en céramique. Toutes avaient pour vocation de tuer. 

 

Et puis, il y a l’histoire de gens, ordinaires, et cette nécessité d’une reconstruction de l’intime quand on a connu l’indicible. Le personnage de Saskia est tout à fait sensationnel dans ce qu’il témoigne du chemin à parcourir pour retrouver la confiance en l'Homme. Il incarne aussi la spoliation des juifs de leurs biens et les démarches à réaliser pour justifier de leur propriété pour imaginer les voir un jour restitués. Ce n'est que le 22 juillet 2023 qu'une loi est promulguée en France pour faire sortir des collections publiques des oeuvres d'art injustement acquises, 82 ans, jour pour jour, après celle qui plaçait sous administration française tous les biens des personnes juives. A l'époque, le texte n'incluait pas la résidence principale. Ce sont des hommes sans foi ni loi qui s'en sont emparée. Claire DEYA va faire de ces faits un terrain de jeu pour porter au grand jour l'ignominie de la guerre.   

 

Mais rien ne serait aussi captivant sans les qualités de la plume de Claire DEYA, nourrie de descriptions, presque cinématographiques. Peut-être le métier de scénariste de Claire DEYA l’a-t-il naturellement incitée à nous livrer 409 pages d’une beauté exceptionnelle.

 

L'écrivaine joue avec les symboles. Elle les décrypte dans ce qu'ils ont de plus subtil :


Le fruit du désir, sensuel et merveilleux, qui ne se donne pas facilement, qui recèle ses trésors sous son écorce, qui gicle, rassasie, et étanche la soif, c’est la grenade. La couleur du péché n’a jamais été le blanc paille de la pomme, mais le rouge, le rouge vermillon, le rouge passionné presque bleu, rouge et violet comme le sang, le rouge qui jaillit. P. 84

Elle est profondément émouvante dans ce qui relève du sensible avec des personnages très attachants. J’ai adoré accompagner Fabien, le responsable des équipes de déminage sur le terrain, et Saskia. Tous deux mesurent à quel point la vie peut être fragile. C'est profondément sensoriel.


Tout lui revint. […] le parfum c’était autre chose.  Elle savait sa puissance. Son alliance secrète avec la mémoire. Sa force protectrice. P. 161/162 

Elle est aussi haletante. Ces hommes réussiront ils à déminer le terrain sans y laisser leur vie ? Certains ne jouent-ils pas de double jeu ? Avouez que faire travailler ensemble les ennemis d’hier relève de l’audacieux. A moins que le danger ne vienne d’ailleurs, encore. Qu'en est-il des histoires d'amour à l'épreuve de la guerre ? L’intrigue est parfaitement menée jusqu’à la fin. Les secrets se dévoilent les uns après les autres. Tout est si bien orchestré.

 

Cerise sur le gâteau, Claire DEYA ponctue son propos de références artistiques comme des sursauts de vie alors que tout est mortifère. Elle convoque la littérature, la musique, la sculpture, la photographie, le cinéma… pour faire de ce premier roman une lecture prodigieuse.

 

Ce coup de ❤️ est une nouvelle fois publié par les éditions de L'Observatoire, souvenez-vous de... 

 

"Humus" de Gaspard KOENIG

 

"L'Ultime testament" de Giulio CAVALLI

 

"Pour qui s'avance dans la nuit" de Claire CONRUYT

 

"Les Mangeurs de nuit" de Marie CHARREL

"Celle qui fut moi" de Frédérique DEGHELT

"Au café de la ville perdue" de Anaïs LLOBET

"Les nuits bleues" de Anne-Fleur BURTON

"Il est juste que les forts soient frappés" et "Les enfants véritables"  de Thibault BERARD

"Simone" de Léa CHAUVEL-LEVY

"Les danseurs de l'aube" de Marie CHARREL

"Le poids de la neige" de Christian GUAY-POLIQUIN

"Juste une orangeade" de Caroline PASCAL

"Les déraisons" d'Odile D'OULTREMONT

"L'âge de la lumière" de Whitney SHARER

"Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien SPITZER

Publicité, livre offert par la maison d’édition.

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