On poursuit #Noelenpoche avec un roman de Sébastien SPITZER, "La fièvre", chez Albin Michel, aujourd'hui disponible chez Le Livre de poche.
Nous sommes quelques jours avant le 4 juillet 1878 à Memphis aux Etats-Unis. Les préparatifs de la Fête de l’Indépendance battent leur plein. Le 4 juillet, c’est aussi la date anniversaire d’Emmy Evans. Son père est derrière les barreaux depuis quelques années. Pour ses 13 ans, quel formidable cadeau que de le voir descendre du navire, le Natchez. Malheureusement, en plein débarquement, un coup d’arrêt est donné. Les voyageurs sont contraints à réembarquer dans l’urgence. Un malade vient d’être repéré. Le bateau repart pour être mis en quarantaine. Emmy rentre chez elle, retrouver sa mère dans le cabanon qui fait office d’habitation. Sa mère travaille chez la famille Adams, des Blancs. Elles ne tarderont pas à découvrir que le père d’Emmy était bien arrivé en ville, mais la veille du débarquement. Il avait passé la nuit à la Mansion House, un bordel tenu par Anne Cook. Au petit matin, pris d’une fièvre insoutenable, il sort nu de l’établissement et meurt dans la rue principale de Memphis. Son corps est pris en charge. Les autorités essaient de faire l’omerta sur ce cas de fièvre jaune. Keathing, lui, un proche du Ku Klux Klan, Chef du Memphis Daily et témoin de la prolifération de la maladie, dévoile dans les pages de son journal l’état de la situation. Un exode massif de la population s’engage, là commence une nouvelle histoire !
L’écrivain concourt au devoir de mémoire de la grande Histoire des Etats-Unis avec une focale sur celle de la condition noire. Il rappelle, s’il en était nécessaire, à quel point le racisme peut gangrener une société, au péril de la vie des minorités.
C’est dans ce contexte historique et politique des plus tendus que la maladie fait son apparition, en quelque sorte, la double peine, celle qui va faire tomber 5 000 hommes, femmes et enfants de Memphis.
Dans une plume tendre et délicate, l’auteur décrypte avec minutie la psychologie de chacun des personnages et dresse des portraits d’une rare beauté. C’est un roman prodigieux.
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